But initial versus utilisation actuelle Micro article pour clarifier ma position sur le fameux QI ou Quotient Intellectuel. Il s'agit d'un test qui visait avant tout à déterminer d'éventuels problèmes cognitifs majeurs. Le but était d'identifier donc des retards plus que l'idée de mesurer pleinement et directement la dite intelligence. Or, aujourd'hui on parle surtout du QI pour désigner l'intelligence directe et surtout les hauts QI. Personne ne va se vanter d'avoir un QI de 85. C'en est autrement pour un QI de 160. Sachant cela - son but initial et son utilisation actuelle - certains tranchent de manière radicale en disant que toute cette mesure n'a aucune valeur. Ce rejet brut est notamment amené avec l'idée que le QI serait raciste. Chose curieuse tout de même. Pour moi, aujourd'hui, quand on accuser quelque chose ou quelqu'un de raciste il s'agit d'une sorte d'attaque personnelle afin d'esquiver toute la question de fond. Il s'agit, autrement dit, d'un tour rhétorique et non d'un apport au débat. Potentiel Les personnes accusant le QI de n'être pas sérieux le disent en mettant sur la table une accusation distraction vraiment risible. Ironie. Ils ne s'en rendent peut-être pas compte. Ce qui ne démontre guère une brillance particulière. Je suis sceptique sur l'utilisation de la mesure du QI, car, en effet, beaucoup ont des QI importants et n'apportent rien de spécial au monde, ni à eux-mêmes. Mais ce n'est pas là la question du QI. Un potentiel peut être énorme mais ne jamais trouver de "débouchés", et ce pour quantité de raisons. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas ce potentiel derrière. Beaucoup ont des grands fémurs mais ne deviennent pas Usain Bolt. Beaucoup entreprennent et échouent. Beaucoup tombent amoureux mais finissent seuls...ce qui ne veut pas dire que ces gens ne sont pas amoureux, et que l'amour n'existe pas. problèmes inhérents Évidemment que mesurer l'intelligence parait présomptueux, sachant notamment qu'on est à peu près incapable de définir l'intelligence. Alors, le QI mesure quelque chose, c'est indéniable. Savoir quoi exactement me semble plus intéressant que de balayer d'un revers infantile toute cette mesure. On peut aussi se pencher sur les biais possibles de cette mesure, comme le fait de pouvoir améliorer son score en apprenant, en s'entrainant, et en fonction de l'état de chacun, ou certaines populations qui seraient culturellement avantagées pour telle et telle partie du test par exemple. Pour résumer Le QI est un outil qui dépasse son rôle initial, ce qui est courant dans les sciences et plus. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'a aucune valeur. Accuser un outil de racisme prouve la faiblesse des accusateurs, pas la faiblesse de l'outil. Le QI a certainement des biais, qu'il faut trouver, creuser et arranger autant que possible, c'est la démarche scientifique même. Cela ne veut pas dire qu'il n'a aucune valeur. Il faut trouver ce que mesure exactement ce QI.
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Z'en avez pas marre de voir débarquer des types lambda brandir les pancartes "sophisme" et autres noms d'oiseaux sans cesse ? Moi, si. Beaucoup. Des masses. Chapeau de pailleJe vais certainement commencer cet article par une incartade hérétique en faisant de la zététique un "homme de paille" de tout ce qui représente le "penser-bien". Je parle de la sainte et parfaite rhétorique endossée par de zélés zétés. Le "penser-bien", une nouvelle branche du bien-pensant. Ah, pendant que j'y pense, il y a un bidule que j'apprécie particulièrement, ça s'appelle la "maïeutique" ou l'art de faire accoucher (les esprits). Celui-là c'est mon chouchou. A la base, la zététique affiche des objectifs qu'on pourrait dire vertueux. Il s'agit de bien construire un débat, un discours, un argumentaire. Qui pour dire que ce sont de viles visées ? La zététique consisterait aussi en "l'art du doute". Sous-entendu, l'art c'est bien et le doute c'est bien, donc l'union des deux est forcément bien. Dès le départ, la zététique est imparable. Ce qui devrait illico nous mettre la puce à l'oreille. Beaucoup de vertu affichée. Ce n'est pas dire ici que la vertu "c'est pas bien", mais qu'afficher avant toute chose des vertus, que des vertus est un signal qui indique très souvent une hypocrisie. Discours/principes versus faits/réalité, ou belle pochette pour un livre inintéressant. Le billet des biaisSi une personne nous accuse de sophisme, il y a fort à parier qu'elle a zieuté moult fois les cahiers zétés. S'en suit probablement une suite d'accusations "appel à la nature", "appel à la tradition", etc. J'avoue ne pas avoir listé tous ces "biais". Donc, globalement, nous serions criblés de "biais" et d'arguments "invalides" ou "pas valables". L'existence de "biais" est inhérent à notre existence même, car nous sommes des individus, nous sommes qu'à un endroit à la fois, nous avons tout un déroulé de vie particulier, nous sommes biologiques, nous sommes uniques, etc. Il est évident que nous ne sommes pas "parfait". Et vouloir cette pseudo perfection serait détruire l'existence même. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne puisse pas s'améliorer ou du moins évoluer sur certains points. Mais le simple fait de viser un objectif de perfection tue tout particularisme, tout individu, toute localité. C'est l'abstraction totale là où nous sommes des êtres bien concrets. Revenez sur terre SVP. Et cette perfection n'est pas une perfection non plus, c'est arbitraire, une construction sous un même angle et un même objectif par les mêmes personnes. Autrement dit, cette zététique est un entre-soi qui se veut universel, elle est sujet à un biais énorme, un angle mort du dogme ? StérilisationCe côté faux consensus est pervers. Ces zétés seraient les gardiens du correct, du valable. Ils sauraient, eux, ce qui est bien, de ce qui est un sophisme (mot sympa pour dire "non" ou "TG", ou "divergence de la sainte et parfaite rhétorique"). Sous couvert de vertu suprême, de rationalité aussi pendant qu'on y est, ou d'humanisme, de courtoisie, la finalité de ce penser-bien est de tout aligner sur une même ligne. Ce qui ne correspond pas aux critères du consensus zété est balayé d'un revers. Cet alignement peut provoquer une stérilisation de tout échange et de tout discours. Ce qui est pratique, ou... lâche. Quelqu'un vous dit que vous faites un sophisme et alors tout ce qu'on a dit n'aurait soudainement plus aucune valeur. Excusez-moi mais votre argument n'est pas recevable. Il n'y a même plus besoin de faire d'effort, on se limite à l'analyse superficiel du discours. La zété apparait donc comme une espèce de totalitarisme du discours, suivant une conception étrangement unitariste et religieuse. La solution ? Penser directement et avant tout par soi-même, plutôt que de s'en remettre au codex zététikus. RéductionnismeDire comment l'autre doit s'exprimer. Fallait oser. Bien sûr, il s'agit de se faire comprendre, de comprendre, d'échanger, de mieux s'exprimer, c'est cool. Mais là on a dépassé cette excuse avec la zété. Aller, on va essayer d'identifier une cascade de réductions inhérent à ce dogme. On confond le verbal avec la réalité. On confond l'esthétique formelle et le message. On confond l'esthétique et l'individu, la personne qui s'exprime. Et on confond l'échange simple avec un débat/jeu.
Dès le début la posture zété infantilise. Ils sont les sachants, et l'information sur la validité du discours est descendante d'eux vers les autres. Il y a réduction d'un discours à sa validité formelle ou esthétique (alignée sur un entre-soi zété). Une réduction d'une personne à son discours, à sa capacité à suivre le consensus formelle. Les zétés s'institutionalisent comme les représentants du vrai, du discours pur. Il s'agit plus d'invocation que de rationalité. Ce n'est vraiment pas sérieux de sortir des cartes d'accusation là où il s'agit d'échanger simplement. On dirait des enfants fayots. Bref. J'espère que vous allez tempérer cette lubie zété. Olala attention j'ai vu passer une "dissonance cognitive". Ce terme... ne veut rien dire. Du jargon pseudo-psy-intello-culturé. La vie n'est pas calquée sur la formalité abstraite. Sous couvert d'aider les autres à mieux penser, il y a stérilisation, infantilisation, enfantillage, perdition dans des abstractions et invocations de carte pokemon du discours saint et parfait. - Preuve ! Prouve ! - Je m'appelle simplement Valentin. - C'est bien beau de faire des déclarations, mais donne-moi des liens qui prouvent ce que tu affirmes. - Je te dis juste que je m'appelle Valentin. - Sophisme ! Contexte de l'article J'ai pu observer à mon petit niveau dernièrement qu'on utilise des outils de rhétorique à tour de bras et dans tous les sens. On pioche dans ce que certains appellent la zététique pour tenter, peu ou prou, de disqualifier un propos qui nous dérange dans notre vision dogmatique, d'un sujet spécifique ou de "toute la vie". J'aimerais bien à mon tour démonter pièce par pièce ces affaires, mais ce serait long et probablement peu suivi. Alors, concentrons-nous sur une décomposition logique de ces deux mots magiques invoqués sans relâche dans "la science" : Corrélation et Causalité. Nicolas Cage Ce qu'on entend souvent ? Corrélation ne veut pas dire causalité. Hallelujah ! C'est bien beau, c'est... un bon début. Néanmoins, en amont, je pense qu'on part d'une conception non-définie de ce qu'est la corrélation et la causalité. Alors, réaffirmer qu'il y a une différence nette entre corrélation et causalité est génial oui, mais ça reste flou sur les présupposés et insuffisant pour aller plus avant dans la réflexion. Pour rigoler, certains font un tableau mettant en avant une corrélation entre le nombre de film de Nicolas Cage et le nombre de noyés dans les piscines. Exemple fun et poilant, un brin moqueur aussi, mais néanmoins pertinent. Corrélation Puisqu'il faut bien commencer quelque part, dirigeons-nous vers la corrélation. Précision, je vais utiliser juste des réflexions logiques et des définitions communes, du sens commun. Quand on cherche à prouver une corrélation, ou qu'on trouve une corrélation, il faut déjà réaliser qu'on est dans un contexte restrictif. On va réduire la complexité inhérente du réel, de la vie à deux éléments. Ces deux éléments sont aussi simplifiés. Ce qu'on appelle "la méthode". On a donc deux éléments ou phénomènes simplifiés dans une "relation" simplifiée, isolée du tout. Par conséquent on est déjà plus trop dans le réel, même si on tente par un détour méthodologique de décrire le réel. La co-relation est donc une relation entre au moins deux éléments. Il faut saisir le caractère totalement flou de ce terme. Tout est en relation, donc tout est d'une manière ou d'une autre en "corrélation". Ce n'est pas une exagération de dire ça, nous sommes dans un système quasiment fermé, la Terre reçoit de l'énergie solaire et c'est quasiment tout. Tout est donc en "corrélation" quasi permanente. Maintenant, ce qu'on entend par "corrélation" lorsqu'on utilise ce mot est probablement un lien spécifique, un degré de proximité jugé important (selon certaines conditions). Voilà, déjà parler de PROXIMITÉ semble plus juste, ou degré de proximité (pas nécessairement proximité géographique). Il y a les "lois du chaos" qui font que des éléments séparés sans apparente connexion sont en réalité connectés. Mais dans le cadre de la corrélation il s'agit plus d'une proximité, d'un lien bien identifiable et proche, évident ou qui parait évident. Cette notion de proximité est encore insuffisante. Il faut ajouter la nuance qu'est le degré de dépendance. C'est-à-dire est-ce qu'il y a une DÉPENDANCE entre deux éléments ? Mais même ces affinements du concept de corrélation peinent à identifier ce qu'est vraiment une corrélation. >>> Pour pouvoir dire qu'il y a corrélation, il faut donc au moins : 1. Isoler deux éléments 2. Établir un degré de proximité élevé 3. Établir un degré de dépendance élevé. Ce qui fait beaucoup de réductions et de conditions précises déjà. Maintenant, il y a différentes sortes de corrélation. Certaines sont dirons-nous positives, autrement dit deux phénomènes suivent un même mouvement. Exemple, ma consommation de viande de qualité présente la même dynamique d'évolution que mon bonheur. La plupart du temps on considère une corrélation positive quand on invoque la "corrélation". Mais il peut aussi y avoir une corrélation inverse, c'est à dire qu'un phénomène augmente en même temps que l'autre baisse. Exemple, quand ma fréquence de consultation du smartphone augmente, ma concentration diminue. Il y a encore un autre groupe de corrélation que j'appelle cumulative (pas vraiment top comme nom). Il s'agit d'une relation non géométrique entre deux phénomènes. On pourrait rapprocher cela de l'exponentiel, mais ça peut être plus fluctuant que cela, évidemment. A expliquer ce dernier type de corrélation avec des mots, on risque de se perdre, déjà là je sens que c'est délicat. Donc, nous allons passer. L'idée à retenir est qu'il y a des relations positives, négatives et... plus volatiles, fluctuantes. Pour tenter de préciser encore la "corrélation", on pourrait parler de lien DÉTERMINANT entre phénomènes. Plusieurs cas possibles. D'abord, il y a un lien déterminant lié à la présence de deux éléments majeurs. C'est à dire que la corrélation ne se situe ni dans l'un ni dans l'autre des éléments mais dans la conjonction des deux. Ensuite, il y a la corrélation où la présence d'un des éléments est déterminant ou NÉCESSAIRE pour l'autre. Enfin, il y a la corrélation où l'un des éléments est déterminant pour la conjonction des deux. Il y a des éléments, phénomènes où l'un est suffisant, même de façon minime, pour provoquer un changement "significatif". Mais à travers toutes ces pirouettes descriptives concernant un phénomène qu'on pense très simple, il se dégage une vérité importante. Chaque élément, évolution de cet élément peut provoquer un changement qui aboutit à ce que le domaine d'étude change rapport au début. On aboutit donc à des choses INCOMPARABLES, quand bien même on réussit sur le papier à maintenir une sorte de continuité sur et entre deux phénomènes. Avec d'autres mots, le contexte change et donc l'étude ne peut plus vraiment continuer, et encore moins des applications pratiques du résultat de ces études. Bon, résumons le topo sur la corrélation. On essai de déterminer une corrélation dans le cadre d'une étude. Il s'agit donc déjà d'un objectif spécifique et de conditions spécifiques qui réduisent la complexité réelle. La corrélation est un lien entre au moins deux éléments, il faut un degré de proximité élevé, un degré de dépendance élevé. Il existe plusieurs sortes de corrélation qu'il convient aussi de prendre en compte. Chaque élément et évolution (temps) change le contexte d'étude et on aboutit donc à des résultats instantanés contiguës qu'on essai de rendre continues mais qui correspondent en réalité à deux contextes différents, et sont donc dans l'écrasante majorité des cas incomparables. Ce qui rend toute l'entreprise de dégagement de corrélation extrêmement difficile, si ce n'est possible, au sens restrictif du terme "corrélation". Et même dans la possibilité où on réussirait à établir une vraie corrélation, est-ce que cela est pertinent ? Utile ? Source d'application concrète ? J'ai des doutes. Enfin, un point primordial à retenir, la corrélation n'implique pas nécessairement un sens unique (ce qui est le cas de la causalité a priori). Beaucoup de ces nuances abordées jusqu'ici se trouvent en grande partie dans un article sur l'hormèse. Causalité Causalité. Du fait que nous ayons commencé par dégager le chantier caché derrière le joli mot "corrélation", nous pouvons aborder plus facilement la causalité. Le causalité entre deux entités, phénomènes, éléments, se caractérise par un lien d'une proximité maximale, d'une dépendance certaine et monodirectionnelle. Voilà, c'est expédié, j'espère qu'après le laïus sur la corrélation, ça passe aisé. La causalité établie ne fait pas non plus le retour en application possible ni facile. Si on établit une causalité entre deux phénomènes à un moment donné cela peut bouger avec le contexte. La causalité est donc surtout approchable concernant des constantes sur lesquelles donc aucunes "variables" ne peut agir. On parle souvent de "variables" mais dans un contexte changeant en permanence (dynamique ou écologique) tout peut constituer une "variable". Donc, oui, pour en revenir au tout début de l'article, corrélation n'est pas causalité. On pourrait être tenté de définir la causalité comme un stade ultime de corrélation, ou un cas extrême très spécifique. Mais ce serait aller trop vite, encore une fois. D'une manière assez ironique, ce serait essayer de créer une causalité entre la causalité et la corrélation. Bref, on s'en sort pas ! Corrélation et causalité sont donc des phénomènes différents, chacun étant très difficile à établir, et si établit difficile à appliquer, si encore il fallait déterminer avant cela la pertinence d'une application. A l'aube de toutes ces nuances, il apparait que baser des recherches scientifiques sur ces concepts est clairement insuffisant, voire souvent même peu rigoureux en soi. On peut au mieux considérer ces concepts causalité et corrélation comme des illustrations dans un ensemble de données et de considérations bien plus grand. Heuristique pratique Après avoir broyé au moulin intellectuel ces concepts, revenons dans le commun. Dans le quotidien, on peut aisément faire un lien entre le fait de lâcher une tasse en porcelaine sur un sol de béton et le fait qu'elle se casse. On pense à cela en terme de causalité, mais c'est une causalité de type "heuristique" comme on dit, c'est à dire en fonction de notre échelle d'existence, et donc de perception, nous avons des mécanismes ou réflexes pour percevoir des liens pratiques dans la localité de notre existence. Dans les faits, lâcher une tasse et une tasse cassée peuvent n'avoir rien en commun directement, ça peut être une autre tasse, à l'autre bout du monde, et qui n'a pas été lâchée spécialement pour prouver la causalité lol. Même en très local, le lien peut ne pas être une causalité pure, claire et nette. Mais dans l'utilité réelle ou existentielle, penser en terme de causalité restrictive peut s'avérer une bonne option adaptative. A l'aube de ces derniers remue-méninges, les concepts de corrélation et de causalité au sens proche du sens scientifique correspondent à une extension de cette heuristique. Ce n'est donc pas un doublons de la réalité (des phénomènes) mais une carte heuristique qui a pour but d'être le plus près possible de la réalité, étape par étape (donc fonction du temps). Corrélation et causalité sont donc des outils conceptuels au sein d'une méta-heuristique extra-individuelle qu'on appelle la méthode scientifique. La causalité locale individuelle du quotidien, quand on veut mettre un lien strict - qu'on a tendance à universaliser et à rendre définitif facilement - entre deux phénomènes, est extrêmement précieuse, et elle ne peut pas être analysée en terme de vrai/faux, même quand les liens sont absurdes, c'est plutôt le pragmatisme du ça marche ou ça marche pas. Rappelons que le but de cette causalité ordinaire (réflexe) n'est pas de déterminer l'adéquation à un modèle, ni même "la vérité".
L'hormèse, ce concept sous les feux de notre actualité. Le domaine qui le mentionne le plus semble être la santé. Si le mot est nouveau, le concept, lui, est compris en ses fondamentaux depuis bien longtemps. De Paracelse, la formule "c'est la dose qui fait le poison" fut retenue. Néanmoins, l'hormèse ne peut se réduire à cette phrase. Au mieux, elle éclaire une face du phénomène. Définition ? Une définition simple et courte de l'hormèse n'est pas aisée, car elle est multiple et variante. Il s'agit d'une réponse à un stress. Une réponse qui non seulement pare au stress et à ses dégâts, mais amène aussi dans son sillage d'autres "bienfaits". Ces "bienfaits" peuvent être une "réparation" d'autres dégâts liés à d'autres stress, comme aussi une augmentation de la résistance au stress spécifique pour lequel nous avons été exposé. N.N. Taleb a proposé le nom d'anti-fragile pour désigner ce "surplus", une chose qui ne fait pas qu'être robuste en résistant à des chocs, mais qui peut même s'en retrouvé renforcée. Il s'agit non d'un état d'une chose mais d'une qualité. Il n'y a pas de chose qui soit absolument anti-fragile, mais elle peut l'être, par moment, un peu plus, notamment sur certains critères. Exemple de pratiques Exemples concrets de pratiques hormétiques. Extrêmes thermiques assez facile à comprendre quand on s'expose au froid qui est un stress pour le corps qui essai de maintenir en permanence sa température de croisière. Après cette exposition au froid, on ressent un sursaut d'énergie, et on peut même ne plus ressentir le froid aussi durement. L'autre extrême marche aussi : le chaud, très chaud, comme on trouve dans le sauna ou le hammam. Pour comprendre intuitivement cela, on peut en faire l'expérience directe. Quand on est habitué à vivre dans un environnement chauffé à 25°C en permanence (pas recommandé) alors sortir dans un extérieur à 8°C sera perçu comme froid, alors que si on vit beaucoup dehors la journée avec toutes les variations de température, on aura une bien meilleure résistance au sentiment de froid. Une autre pratique hormétique est le vaccin, qui consiste à administrer une dose de pathogène afin de stimuler une réaction supérieure et de donner au corps une mémoire pour affronter le pathogène entier plus tard. Une des meilleures trouvailles de toute l'histoire de la médecine. Encore une autre pratique "populaire", qui s'est basée au début sur ce principe, mais qui aujourd'hui n'a plus grand chose à voir avec l'hormèse est l'homéopathie. Comme on se réfère souvent au passé, oui il est possible qu'on ingérait auparavant régulièrement des "impuretés" avec nos aliments. De la cendre, des éclats de bois, des minéraux, des poils, et bien d'autres éléments dont des poisons. Mais est-ce que cela peut être en quelque sorte reproduit en insérant de la lave d'Islande dans une micro-capsule pour guérir un trouble précis ? Fort probable que non. Est-ce que les enfants qui mangent leur crotte de nez pratiquent une homéopathie ? Peut être que oui. Est-ce que cela a un effet positif ? La question même est ridicule. A vrai dire, l'homéopathie n'a pas besoin de ces produits exotiques en capsule car on la pratique involontairement tous les jours. Bref, l'homéopathie n'a plus rien à voire avec une pratique hormétique aujourd'hui. Méthodologie non-linéaire Le plus étonnant par le développement actuel d'une approche hormétique est qu'on prend conscience que tout le système de traitement pharmaceutique est basé sur un étrange consensus méthodologique tablant sur l'effet proportionnel à la dose, c'est à dire une relation linéaire entre dose et effet. Vous avez bien lu. Une relation linéaire. Hallucinant. Les plus simples expériences à la portée de tous viennent contredire ce principe. Reprenons l'exemple de l'exposition au froid intense. Quand on se baigne dans une eau à 5°C ou moins on ressent immédiatement le froid de façon très intense, mais il y a ensuite une accoutumance progressive et variable en fonction des individus et des circonstances. Autre exemple : l'alcool. Si on jauge l'effet via le comportement, on peut être joyeux à petite dose et dépressif à plus grosse dose assez rapidement. Mais cela varie en fonction des individus. Certains vont rester joyeux, certains devenir agressifs, d'autres seront amorphes, certains tomberont malades avant d'atteindre l'état d'ébriété, certains vont passer par des phases rebonds, etc. Mais, par exemple, votre prise de sang indique la présence d'un surplus (relatif à une norme dite "saine") de cholestérol, il vous sera prescrit une dose en relation à votre taux. Bon, dans cet exemple, on sait dorénavant que le cholestérol n'est que peu souvent un vrai problème de santé, et que les statines pour "soigner" peuvent causer de sérieux dommages. Passons. Le plus surprenant est que même si on admet la linéarité dose/effet pour l'effet ciblé, est-ce que les effets dits secondaires - qui ne sont pas "secondaires" mais plutôt connexes/annexes - sont aussi linéaires ? Encore une fois, un doute méthodologique assez fou. Encore pire. On considère un critère souvent en isolé d'autres critères qui probablement ne sont pas dans un indicateur de prise de sang. Encore pire. On prend le patient sur la séquence de sa demande/problème, c'est-à-dire qu'on impose un traitement linéaire sur un présupposé patient à condition linéaire. Le contexte passe le plus souvent à la trappe, aussi bien dans l'isolation d'un critère de l'ensemble des critères identifiables et non-identifiables, que dans l'isolation du trouble de ses conditions. Il n'y a plus un ensemble concomitant de conditions, mais un trouble (au milieu de nulle part, presque). Il n'y a plus un individu mais un trouble. Cette méthodologie de double isolation pourrait être acceptable en cas d'urgence réelle. Or, beaucoup de traitements très communs aujourd'hui sont des troubles chroniques. A la lueur de ces réflexions toutes simples, il apparait clairement une sur-médication systématique généralisée. Vous allez me dire que je suis hors-sujet par rapport à l'hormèse ? Au contraire, cet exemple très factuel illustre parfaitement ce phénomène. Vision mécaniste contre vision écologique, en quelque sorte. A la différence que la vision écologique incorpore partiellement une vision mécaniste, elle l'englobe. Le corps anticipe L'effet d'hormèse pourrait être abordé sous l'angle du phénomène d'accoutumance. Si on reprend l'exemple de l'alcool, quelqu'un qui boit beaucoup et/ou souvent aura vraisemblablement plus de chances d'augmenter sa tolérance aux éléments néfastes des boissons alcoolisées. Si on juge par rapport au critère de tolérance spécifique à ce produit, alors il y a une "augmentation", un espèce de renforcement du corps au stress de l'alcool. Est-ce que ce renforcement spécifique s'accompagne d'autres atouts sur d'autres domaines du corps, de la santé ? Pas certains. Boire de l'alcool habitue à... boire de l'alcool, pas à renforcer les cheveux et les ongles. De même, s'exposer régulièrement à du froid augmente les capacités de résistance au... froid. En réalité, l'hormèse se trouve davantage dans le fait que le corps, suite à un stress, communique à beaucoup de parties et éléments du corps cet état de stress, probablement car il anticipe une augmentation du stress, ou sa généralisation. Il s'agit donc d'une réponse non pas aléatoire mais lié probablement à une mémoire ancestrale du corps. Vision écologique, qui rejoint les discussions à propos de l'intelligence sur ce blog. Le corps a sa propre intelligence qui a/est le fruit de l'expérience de milliers d'années. Dur de faire le poids face à cela ! Stress partout ! Arrivé à ce point de l'article, on se rend compte que nous partons nous aussi au quotidien d'une conception étrange, celle où nous serions des isolats bombardés de facteurs stress. On lutterait contre des ennemis de toutes parts. Conception tellement fausse pourtant ! L'environnement n'est pas un stress, mais une communication, échange d'informations sur plusieurs niveaux de notre existence. Cette perspective dressée ici peut donc, je l'espère, nous amener à revoir nos conceptions et perceptions ordinaires. Par exemple, on prend souvent l'hormèse dans sa réaction "positive" à un élément "négatif". Mais un excès de ce qui est au début positif peut devenir clairement négatif. Le confort. Le confort à un certain point nous enlève plus que nous donne, car le confort c'est l'absence de communication pour le corps. Les stress extérieurs sont des stimulations, comme de bonnes questions ou réponses dans une conversation. Dose, mais aussi contexte Aujourd'hui on voit progressivement émerger la mode de pratiques dites hormétiques. Néanmoins, dans la plupart des cas l'hormèse est comprise très sommairement et... linéairement. Ainsi, on voit des personnes faire et inciter à pratiquer et le stress thermique très souvent et le stress du jeûne, et le stress du sport, et autres. Tout ça cumulé n'importe comment presque. En oubliant qu'il y a toujours un contexte et une dose. Si ce qui vous stimule et vous amuse particulièrement est le bain de glace alors peut être que cela suffit comme stress délibéré pour obtenir en plus de l'amusement et de la découverte un potentiel effet positif supplémentaire formulé par le corps. En reprenant l'analogie de la conversation, accabler votre interlocuteur de questions pièges coup sur coup n'est probablement pas une bonne voie pour passer un bon moment et vraiment apprendre l'un de l'autre. Le "biohacking" n'est pas tromper le corps, mais au contraire dialoguer avec lui et sa mémoire. Argument aussi en la faveur du contexte : chacun a probablement un type de stress vers lequel il sera orienté spontanément. Imposer brutalement le jeûne, même intermittent, à une personne qui est bien nourrie et n'a aucunement l'envie ni l'idée de jeûner est probablement une mauvaise idée, du moins sur le court terme. L'hormèse semble plutôt une réponse globale et non ultra-spécifique. Hormèse, oui mais avec dose Il n'y a pas non plus de nécessité impérieuse à des pratiques hormétiques. Encore une fois votre corps est intelligent, si vous le trompez ou le poussez à bout tout le temps, ou à des niveaux trop intenses, il peut réagir en annulant toute tolérance ou presque. Je pense à l'expérience de l'alimentation quasi 100% végétale qui aujourd'hui aboutie à ce que quantité de personnes ne supportent plus du tout ces végétaux. Il y a donc fort probablement des seuils où l'hormèse ne marche plus du tout. Il y a aussi ceux par exemple qui veulent tenter le "sans gluten" puis qui se retrouvent de plus en plus intolérants au gluten au fur et à mesure qu'ils diminuent leur consommation en volume et fréquence. Résumé ? Comment définir l'hormèse, à partir de ça ?
Hormèse : potentielle réponse globale du corps à une dose (sur une fourchette ou plusieurs) de stress qui lui peut être très spécifique ou local. Les origines
La nécessité d’approfondir cette question m'est venue lors du bouclage du livre Réflexe Virtuel. Ce livre, je le rappelle bref, a pour objectif d'explorer l'émergence d'un nouveau langage composite basé notamment sur le futur de la VR (virtual reality). Cette critique du verbal me vient aussi de ce que je m'interroge beaucoup sur le langage sous toutes ses formes. Il y aurait d'autres sources d'intérêt qui m'ont conduit et me conduisent vers la rédaction de ce propos, mais je considère cette intro/précision déjà trop protocolaire.
Précisions d'intro
Paradoxe il est de critiquer le verbal par le verbal. Mais passé outre ce prime apriori on se rend compte qu'il s'agit d'une autocritique, que le verbal est l'outil souvent le plus à même de révéler ses propres limites. Comme nous sommes souvent nous-mêmes nos plus bons fervents critiques (bande de sado!). L'article se nomme "critique", mais il ne s'agit pas de faire un procès au verbal, ni de dire qu'il est nul, ou mauvais, ni non plus d'encenser en contre-coup un autre média de communication humain, de faire un report, en sorte.
Tu comprends ma langue ?
On pourrait aborder la question sous bien des angles, mais je vais me concentrer sur quelques perspectives qui me semblent les plus probantes ici. Tout d'abord, langage est un mot utilisé pour désigner couramment le verbal. Déjà, on a une restriction, alors que le langage au sens plus large serait un ensemble relativement fermé d'éléments formant par l'habitude une reconnaissance facile. Un peu obscure comme présentation hein :) pourtant c'est simple, le langage oral verbal consiste à émettre (et recevoir) des sons qui se répètent et sont identifiables rapidement (=standardiser). Mais si on émet des sons non standards on ne sais plus les reconnaitre et alors il n'ont aucun sens direct. afuyrtajajjjfretupyb... voyez, ce que ça donne à l'écrit, et bien à l'oral c'est pareil. Si je parle russe à un français (il est peu probable de tomber sur un russophone au coin de la rue) ce que je dis aurait un sens, mais les sons que j'émets ne seraient par reconnus par mon poto fr. Voilà, déjà on est dans le vif du sujet. Quelqu'un qui parle une langue "étrangère" n'est pas incapable de comprendre quoi que ce soit, ni stupide, ni sans âme, ni barbare, ni inférieure, elle ne sait juste pas reconnaitre les standards de sons. Si un avocat parle de son domaine avec des termes propres à son domaine, je ne vais rien comprendre non plus, et pourtant on parle la même langue. Si un poète me décrit une fleur, il est possible que je vois la fleur différemment ensuite alors que pour nous c'est juste "une fleur", "quatre pétales rouge", "pollen". Le poète ne ment pas, et ce qu'il dit n'est pas faux, c'est ainsi qu'il traduit son expérience de la fleur, tout comme l'avocat va nous parler de trucs qui vont nous paraitre total abstraits et imaginaires alors que pour lui c'est très réaliste et sérieux. Juste, on n'a pas les reconnaissances des standards.
Toutes les autres langues !
Nous voyons donc, qu'en restant dans le langage verbal même il y a quantité de nuances qui fait que nous pouvons ne pas nous comprendre entre nous, et donc parfois rejeter l'autre, dévaluer sa personne, ce qu'il fait, ce qu'il partage. Et ce, sans raison valable au fond. Donc, je veux étendre ici ces principes à l'ensemble des langages que nous avons nous, humains. En fait, oui, voilà, on a tendance à focaliser sur le verbal, en corrélant intelligence et verbal par exemple. Maydee maydee je ne suis qu'un cerveau sur pâte selon les neuro-machin prêtres. Le paroxysme est à l'école où on est évalué et "noté" sur du verbal écrit. Posons-nous deux minutes, le langage est donc toute forme de communication entre individus, donc il n'y a pas que les mots qui "comptent", il y a aussi l'allure corporelle, le visage, les vêtements, les déplacements, les possessions, les productions, les créations, etc. Bien sur nous on se dit qu'on choisit les vêtements parce qu'ils nous plaisent, mais qu'on le veuille ou non ces mêmes vêtements sont porteurs de messages à soi et aux autres. Donc, ceux qui fabriquent et surtout ceux qui savent assembler/combiner les vêtements entre eux sont dans un langage avec des codes de formes, de contextes, de couleurs, etc. Vous voyez donc ce principe, n'est-ce pas ? Le langage n'est pas que verbal. Et alors voilà qu'on s'ouvre foule de perspectives, le travail non verbo-centré comme la danse par exemple est un langage avec toutes les significations propres à la danse.
Valeur en soi
Aller, on y est, la danse est une langue à part, et les créations n'ont pas systématiquement à être traduites en verbal pour avoir de la valeur. Le verbal peut parfois éventuellement être une porte d'entrée pour comprendre le langage de la danse en VO, mais il n'est pas indispensable, ni toujours absolument nécessaire. On tombe donc dans l'éternelle question de la traduction. La traduction est faire un pont, et rendre accessible plus facilement à des groupes entiers des productions/créations d'un groupe spécifique. Par exemple, les textes anciens de la Bhagavad Gita, ont été traduits moult fois, et parfois même traduits dans la langue même : les propos sont encore accompagnés d'explications donc on à quelque chose de fractal avec de la traduction dans la traduction. Et, une fois lues les traductions de traductions, il faut encore que cela soit interprété par nous, notre identité, que cela s'intègre dans l'ensemble de nos savoirs, expériences, et bref, tout ce qui nous constitue. Et puis, notre esprit nous ressort parfois des interprétations quand on n'y pense pas, et alors on réinterprète des éléments en rétroaction. Et puis quand on relit le même et exact texte on voit les choses encore une fois différemment. Alors il en est de même pour tous les langages non-verbaux.
Traduire... ou ne pas traduire ?
La traduction, la traduction. J'avais déjà un peu exploré ce point, en lieu de l'article Triméta. Comment traduire un geste en mot ? Mais comment traduire un mot en geste ? Oui, parce que ce n'est pas un phénomène à sens unique. On voit comment on "perd", ou plutôt passe à côté de la richesse d'origine en traduisant. Le plus évident à comprendre (via le verbal) est la poésie en rimes. D'une langue à une autre les rimes se perdent, on a encore quelques sens originaux mais on a quelque chose de tout autre encore. En traduisant on tronque, mais en même temps on ajoute. Si on pense en terme de pureté, alors on ne voudra jamais traduire quoi que ce soit. Mais cela est impossible. Même manger et respirer est traduire de bien des façons. Quand on y songe, passer d'une corrélation à une causalité est une tentative de traduction. Dans quelle mesure cette causalité est en quelque sorte surimposée aux phénomènes. A ce propos je pourrais critiquer la démarche scientifique qui se base parfois que trop sur le verbal, le traduisible. Les chiffres et les mathématiques étant en fait une sous-catégorie ou une branche très spécialisée formellement du verbal. Selon cette démarche une chose est "vraie" si elle est observable (selon ses propres critères). Or, l'observation est perception, or la perception est limitée, or nous sommes limités par nos conditions d'existence, or tout ceci traduit la traduction de chaque démarche. Peut être qu'il y a des éléments qui ne sont compréhensibles que suivant certains médias. Peut être donc, qu'en voulant traduire le "réel" on lui insuffle un surplus et le tronque en même temps.
Changer d'angle, oui :)
Certains traduisent par exemple ce qu'on appelle "amour" en un lot d'équations. Mais est-ce suffisant à expliquer le phénomène ? On peut le réduire en partie à ça oui, mais la réduction est... une réduction. Voyez qu'on essai de voir un phénomène que sous un angle, et qu'il n'y a qu'en passant par cet angle que tout devient explicable. Mais retournons le problème, est-ce que ce qu'on appelle amour n'est pas lui aussi une recherche, une équation non en lettres, en chiffres, en systèmes, mais une équation avec ses propres éléments dans son propre domaine/langage. Alors, selon l'angle de l'amour, on va essayer de tout interpréter selon cet angle unique. Ainsi les maths sont de l'amour, la cuisine c'est de l'amour, marcher c'est de l'amour. Bref, on peut changer d'angle et de média, mais ça ne veut pas dire que ce qui est non verbal est inférieur. Imaginons une science qui perçoit et s'exprime non sur une base essentiellement verbale, mais sous forme de gestes et de danses. Un des langages des abeilles par exemple consiste à faire ce qu'on appelle une danse pour informer ses pairs de ses recherches et de ses résultats. Bien sur, l'abeille ne parle pas le français, mais elle a certainement un langage sonore aussi, même avec des standards, touçatouça. Nous, selon nos codes sociaux actuels, on rigole ou prend pour du "divertissement" ou une vague "culture" artistique ceux qui veulent exprimer les choses en non verbal. Donc, on peut exprimer des choses très profondes et très complexes en dehors du verbal, et sans besoin de faire la traduction verbal en simultané. "Oui c'est jolie, mais qu'avez-vous voulu exprimer ?" NONNN! Ça me fait penser aux enfants qui posent des questions du type : "c'est quoi de l'eau ? Et pourquoi ? Et pourquoi ?" alors que toi tu as saisi parce que le langage se fait par métaphores successives et intriquées et que donc tu saisi le sens sans rester bloquer sur l'élément de média qui sert à désigner.
Vous avez dit "supérieur" ?
Ce que je voudrais pointer du doigt aussi est la hiérarchisation actuelle des médias/langages prioritaires. Le langage verbal est à coup sûr ancien, mais sous sa forme "raffinée", c'est assez récent probablement. Donc il est possible que pendant des millénaires on communiquait vraiment davantage par l’entièreté du corps, les postures, les déplacements, et seulement quelques fois par le verbal. Et puis, la situation a du s'inverser et le verbal a pris son essor pour devenir l'objet principal de notre attention (sans bouter/supprimer les autres canaux de communication hein). On a tendance à corréler le verbal avec l'intellect (et l'intellect avec l'intelligence), mais ce n'est pas si vrai que ça. Aujourd'hui on a jamais autant écrit de toute l'histoire de l'humanité, et tous nos écrits ne se révèlent pas des interrogations profondes, loin de là. Ou du moins, si, mais pas selon l'angle unique de l'intellect. Vous savez, ça me fait sourire quand je lis des gens considérer comme forcément supérieur ce qu'on appelle la littérature comparée à d'autres formes comme la peinture, ou le jardinage, ou le cinéma. Bien sur on peut exprimer (traduire/créer) des choses folles avec le verbal écrit, et sa puissance peut être sur nous-mêmes très forte, mais ce n'est pas l'unique média, ça ne le sera jamais, et ce média n'est pas supérieur. Il est supérieur sur certaines caractéristiques, oui, mais pas sur toutes les caractéristiques. De ce fait, pareil pour chacun des médias.
Identités hybrides
Prenons un exemple. Je suis Valentin et l'ensemble de ce que je fais communique quelque chose, mais je reste moi, en moi-même. Yep, je sais ça sonne très philousophie :p. Donc si je veux traduire mon expérience d'être moi, je peux tenter de faire des ponts via différents canaux. Ici, c'est le verbal, mais vous avez aussi des dessins, des photos. Est-ce suffisant à traduire mon expérience de vie ? Non. Donc on voit bien qu'il y a un rapport qui reste en soi, qu'on peut tenter de transmettre, de décrire, donc traduire, mais qui ne sera jamais exhaustif, ni parfois/souvent proche. Parce qu'en nos conditions ordinaires on ne peut pas être l'autre en même temps que soi. On peut considérer l'autre comme une extension de soi pour percevoir et recevoir et produire certaines choses, mais on ne peut pas être l'autre. Oui, c'est complexe car on s'hybride de plusieurs façons avec la proximité. Question identité, comme je l'abordais dans l'article sur le self-génératif, on s'hybride avec les outils et les technologies diverses, même si dans la matière à l'état solide telle qu'on la perçoit, on est séparé. La proximité dans un couple ou des amis, des collocs, peut aboutir aussi à des échanges verbaux, sensoriels certes, mais aussi d'un bel et vaste ensemble de ce qu'on appelle micro-organismes (cf. halobionte). Bref. On voit que le simple fait de vivre, d'exister nous fait entrer dans des cycles perpétuels d'échanges, que ce soit conscient ou non, intentionnel ou non, et que ces fameux échanges ne se produisent que de manière marginales dans le verbal, bien qu'on ait augmenté énormément son usage (sa proportion) dernièrement.
Facilités d'usage
Le verbal oral a ceci de puissant qu'il ne nécessite pas d'outil pour commencer à l'utiliser. On peut parler partout et de tout temps si on veut, je veux dire en direct, en visu, in situ. Mais pour affiner cet outil on a nécessairement besoin de support écrit. C'est à dire d'implanter ces vibrations d'organes vocaux et auditifs en de la matière solide et séparées physiquement de nous (ce qui ne doit pas être corrélé systématiquement avec une notion d'objectivité pour autant). Sans écrit on ne peut pas affiner notre langage verbal, pas l'enrichir, parce que des mots se perdraient à la mort de chaque individu, ou groupe, voire même tout simplement par l'oubli, le peu d'usage à un moment donné de certains mots. L'écrit permet la diffusion du langage verbal et d'augmenter les possibilités que cela donne ensuite en terme de perceptions et de communications, et donc évidemment de partage et accumulation d'informations et donc de rétro-actions sur notre environnement et nous-mêmes. C'est un propos que j'ai un peu développé dans le livre Réflexe Virtuel. Aujourd'hui je vais plus loin en disant que les pensées/idées ne sont pas que des productions propres à nous individus, mais qu'elles sont aussi en partie de l'ordre de la perception. Les mots agissants alors comme des outils étendant nos perceptions et nos usages, nos échanges. Dans une optique dirons-nous plus "spirituelle", je considère même les pensées comme étant des formes de vie à part entière. Si on considère tout comme étant uniquement une production de nous-mêmes c'est bien qu'on est encore dans cette perspective productiviste et mécaniste dans laquelle est née beaucoup de nos modèles d'études. Le "je pense, je suis" (Descartes représente!) traduit bien cela d'être producteur de pensée. Or, je pense qu'on est aussi producteur de pensées qu'on est producteur des plantes que l'on cultive, ou qui existent tout simplement (mutualisme, tout ça).
Le standard vous écoute
Mais le verbal, même "augmenté" par l'écrit, et aussi tout ce qu'on y insuffle (poésie, créations de mots, littérature, mots techniques, scientifiques, etc.) reste une certaine traduction de notre existence. Elle est donc partielle - ce qui est "normal". Les principes du type : "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement" participent de cette croyance absolue envers le verbal. Je les appelle les verbalo-centrés. Alors, non, non et non, on peut parfaitement bien concevoir une chose, mais être incapable ou très maladroit à l'exprimer en verbal. Par contre on peut en probable l'xprimer en danse, ou en peinture, musique, calligraphie, gestes, schémas, etc. La question est alors est-ce que l'autre sera dans la mesure de saisir une belle portion de ce que je souhaite exprimer via ces canaux ! Donc, on en revient au standard. Le standard permet une sorte d'économie pratique pour l'échange surtout sur le court terme de l'échange. Donc quand on décide que le verbal sera le standard, ce qui se fait à l'école et partout dans l'administratif, l'affectif, etc. Alors, bien évidemment, il y a quelque chose qui s'apparente à de la prophétie auto-réalisatrice, au plus on force massivement les gens à apprendre la langue sous une forme précise et "officielle", au plus on va effectivement avoir du mal à communiquer autrement. Ce standard pratique est donc effectivement "pratique" mais nous "handicape" aussi sur tous les autres domaines à trop centraliser autour d'un seul média. Mais ça pourrait être le même cas de figure avec un standard graphique et non verbal hein.
Ce n'est pas du divertissement !
On dit parfois "une image vaut mieux que mille mots". Hm, je serais prudent sur cette affirmation tonitruante. Oui, en certains contextes c'est vrai, mais d'abord ça ne concerne pas tous les contextes, et même dans les contextes où ça "marche" une fois, on ne peut pas être sur que ça puisse marcher tout le temps de la même et exacte façon. Oui, le "fais-moi un dessin" peut marcher, mais mais mais... Par contre quand on est verbalo-centré on peut se sentir offusqué quand on fait un dessin à la place d'expliquer par des mots. C'était la vindicative éruction "tu veux que je te fasse un dessin !?" sous entendu t'es trop bête pour comprendre avec des mots donc je reviens à du primitif dessin. Lol. Sans commentaire. J'espère que vous voyez comment cette logique est absurde et condescendante illégitime. Parce que l'écrit c'est du dessin standardisé et répétitif, et l'oral c'est du dessin sonore. Voyez, c'est une question de perspective, et c'est bien mon but dans cet article de pointer du doigt toutes les ouvertures possibles dans les différents médias, et qu'on n'a pas/plus à se faire un devoir de se concentrer sur le verbal. Ceux qui s'expriment dans des médias différents ont autant de valeur et peuvent pousser la "réflexion" aussi loin que dans le verbal. Juste, on a pas appris (ou désappris!) à reconnaitre leur valeur en dehors de contextes mondains ou snobs qu'on relègue à de l'inutile ou du "divertissement". Oh oui, tous les gens qu'on désigne sous le terme "artiste" ne sont que dans de l'errance de divertissement et un délire égotique toute leur vie, c'est bien connu. Ah ah de quoi s'arracher les cheufeux.
De la diversité du réel
Alors, dans ce paragraphe je vais aller à la charge furax contre les thérapeutes en tout genre. Encore à ce jour beaucoup de thérapies se font uniquement sur du verbal. Alors ça peut être "utile" ou "fonctionner" un temps, sur certaines personnes. Mais si on ne veut pas parler, si on n'est pas doué pour ça, toutes ces thérapies sont là simplement pour nous rendre encore plus dépendant du verbal érigé en totem ou veau d'or. C'est le : parce que tu vas réussir à bien exprimer tes émotions, tes pensées, tu vas vers la guérison. Mais ne pas savoir s'exprimer en verbal n'est pas une maladie. Et même avant ça ne pas vouloir "s'exprimer" tout le temps n'est pas une maladie non plus. Tout ceci rentre dans une logique démonstrative, plutôt fort symptomatique d'où et quand est né notamment le psychologisme. Et c'est pareil dans le milieu dit du "travail", avec les entretiens d'embauche qui se basent énormément sur du verbal (posture et vêtements aussi). Si quelqu'un "s'exprime" très bien selon les critères attendus des juges, il a peut être plus de chances d'être embauché alors que ça ne garanti en rien de façon certaine son aptitude au "travail" concret ensuite. Et avoir recours à des tests écrits standards ne change rien à cela, ça déplace à peine l'aptitude, pour au final se retrouver dans la même impasse. Donc toutes ces thérapies sont beaucoup de l'ordre de la prophétie auto-réalisatrice. Par leur simple existence elle nous mettent en tête l'idée qu'on puisse avoir un problème, donc si on est attentif à d'éventuels problèmes, on augmente les chances de focaliser dessus et d'ensuite donc d'aller vers ces thérapies qui souvent ne font que renforcer l'idée de problème là où il y a une particularité et une divergence de la "norme" (qui n'existe pas).
Parlons un peu, pour voir
On ressent un besoin fort de mettre des mots sur pleins de situations, choses, personnes, même dans l'évidence la plus totale on rajoute son mot. Et lorsqu'on se fait cette remarque on pourrait être frappé d'une impression qu'on ne peut pas parler, que parler est inutile, qu'on ferait mieux de se taire. Alors on se sentirait diminué car oui parler occupe l'espace, le temps, l'esprit, la langue, les oreilles, etc. Alors quoi faire de tout cet espace soudainement libéré ? Le vertige, tant de temps ! Cela me fait penser à la pratique du jeûne alimentaire que j'ai un peu essayé, ce qui est frappant n'est pas l'ampleur de la faim mais surtout le temps que cela dégage soudainement. Alors un jeûne verbal, c'est un peu la même chose. Au travail, entre amis on attend de se parler, alors se voir sans se parler nous parait difficile. Bien sûr on va penser que la relation physique sexuelle par exemple c'est ne pas parler verbalement et oui, mais à ce moment là toutes les autres formes de relations sont exclues de la communication, du lien. Sans vouloir contrarier Freud, tout n'est pas sexuel.
Souffler parfois
Bref. Donc le langage verbal est aujourd'hui important. Mais on a tendance à se reposer sur des formes de langage très basiques à être très conservateur avec les mots. On a aussi une sacralisation du verbal. On prend les mots beaucoup trop au sérieux parfois (prescripteurs moraux : politiques, philosophes, stars, religieux, psychologistes, sociologistes, économistes, patrons, etc.). Je veux dire, oui le verbal est primordial et super intéressant pour pleins de raisons, mais on a tendance à trop écouter ceux qui parlent, à prendre au mot chaque mot, même dans des circonstances dérisoires. C'est comme ça que l'on arrive à des quiproquos, des querelles stupides pour des broutilles. Bien entendu, n'allez pas comprendre que toute entreprise verbale est vaine par essence. La littérature, le parler, la poésie sont des piliers pour le verbal. Bien sûr, toute histoire racontée n'est pas de la littérature intéressante. Comme je l'expliquais dans un article sur la lecture, l'acte de lecture prime sur le contenu, de même l'acte de parler prime sur le contenu. Donc les "banalités" ne sont pas tant que ça des "banalités", parce que le langage permet aussi de souligner les évidences, qui ne sont pas de tout temps évidentes pour tous. Ce qui ne veut pas dire que le contenu n'a aucun intérêt, au contraire ! Ah ah ça fait beaucoup de nuances à prendre en compte :)
Troubles corrélations
Ce qui est marrant aussi est qu'on corrèle le verbal souvent à ce qu'on appelle intelligence et surtout un comportement d'intellect. Un mot d'un registre un peu plus élevé ou inhabituel dans un contexte différent nous fait vite passer pour "chelou", et "intello", "tu réfléchis trop", "snob", "littéraire"... Alors que non ce n'est pas le verbal qui nous rend intelligent, ni nous fait nous comporter comme des intellos parfois pour certains. C'est encore une fois le fait qu'on a voulu créer cette corrélation par le parcours scolaire tout ça. Parce que le verbal était perçu comme la maitrise de soi, de ses ardeurs : "bien cordialement". Et en effet, le verbal nous permet de mettre en distance aussi bien physique que mentale quantité de personnes et de choses. En distance et en même temps rapproche, crée une connexion au potentiel plus profond, plus intime, d'esprit à esprit. En fait, il y a une plus grande gamme d'interaction possible, une plus grande volatilité aussi pouvant améliorer grandement comme fort détériorer les relations. Quelque part, comme tout média ça nous rend "captif" et dépendant. Parfois on a une folle envie de parler ou d'écrire (mais aussi de dessiner, de composer, de jouer, etc.) et les mots parlent pour nous, on ne les retient pas ou plus. C'est quelque part le constat de la rétention que faisait Freud (désolé de le citer, mais il est une star du domaine de la réflexion sur le verbal), bien qu'il se soit restreint au média verbal lui aussi. Mais lui il faisait la causalité : dans une société on est obligé de se retenir, donc le langage verbal dans un contexte de "thérapie" permet de ne plus se retenir, ou moins, mais dans le média verbal seulement, et dans ce contexte seulement. Cela implique l'idée que nous serions des "sauvages" par nature et que malgré les apparats on reste des sauvages qui devons être domestiqués. Je ne crois pas au sauvage. Je ne crois pas qu'avant forcément, tous on cédait à toutes les pulsions les plus tabous. Par contre, je crois qu'il est possible que le langage verbal nous a rendu plus conscient de ces pulsions et donc cela crée un "stress".
Faites du bruiiit !
Ce qui est génial aussi est à quel point on peut croire ce qu'on se raconte, et ce qu'on raconte aux autres. Bon, la perspective est biaisée par la structure syntaxique, mais en fait on ne se parle pas vraiment à soi-même car les pensées ne sont pas nous, ou plutôt pas de notre production. Vous savez, en vérité on ne peut quasi pas ne pas se parler en permanence. Quand on lit un texte, on lit dans sa tête, donc on met sa propre voix sur le texte venant d'une autre personne. Et, qu'on en soit conscient ou non, on se juge et se parle très très souvent. Le verbal peut concentrer, focaliser notre attention de manière remarquable. Vous allez me dire oui, mais la télé aussi. C'est surtout vrai quand il s'agit de gens qui parlent. Autant on peut fermer les yeux, autant on ne peut pas fermer ses oreilles. En fait, le verbal peut être parfois si puissant qu'on tourne à vide. On passe d'une réflexion et d'un sujet à un autre, mais rien n'en ressort pour nous d'utile et de concret. C'est comme faire gronder le moteur d'une voiture alors qu'on fait du surplace, on écoute à fond les lobes, on à l'impression qu'il se passe quelque chose, on s'approprie le bruit à notre puissance mais au final rien. Ce qui est marrant donc est ces gens qui critiquent ce qui est appelé "technologie" ou "virtuel" alors que le verbal correspond totalement aux deux domaines, ce sont des extensions du langage.
Question de perspective, pardi !
Après ceux qui écoutent de la musique pour soit-disant échapper au verbal, ceux qui encensent la danse comme quelque chose de plus "concret" que les mots, il y a encore la philosophie de l'action, où l'on assène : "agir ou parler". Le ou version exclusif, soit on agit, soit on parle. Mais pas les deux en même temps. D'abord, parler est agir, donc d'emblée on nuance un peu ce principe rigide visant à dévaloriser sans concession tout un pan de communication, de compréhension et d'expression. Ensuite, oui, il est vrai que parfois on peut rester dans du verbal sur une chose qu'on voudrait faire dans un autre média. Exemple : je veux écrire une fiction très spirituelle, très marquante... mais je ne fais qu'en parler, aussi bien dans ma tête comme une rengaine permanente qu'aux autres dont on affiche ses ambitions. Parfois cela est nécessaire en préalable à la production, mais parfois non et on reste donc bloqué dans ce verbal mental et externe. On n'arrive pas à traduire ça dans le média qu'on voudrait. Donc oui, dans certaines circonstances on ne peut pas parler et agir en même temps, "agir" étant à comprendre comme parler dans un autre média que le verbal. Néanmoins, insistons sur le fait que l'action (le non-verbale) ne prime pas systématiquement sur le verbal. C'est juste une autre forme d'action, dans un autre média.
Mouvement rapide & effet lent
Maintenant je voudrais pointer du pied une espèce de décalage qui nous concerne. On a des perceptions qui peuvent s'avérer ultra performantes greffées sur une structure faible et une durabilité faible. Hum ya-ya ça sonne abstrait dit comme ça pas vrai ? Bon, c'est pourtant simple, on peut réfléchir très vite, imaginer mille choses en un rien de temps et ce sans bouger, même sans stimuli extérieur. On peut réfléchir sur le sens de la vie, sur les potentiels de tout et n'importe quoi, mais pourtant, dans cette dimension matérielle qu'est la notre, en nos conditions, ces capacités folles n'ont pas d'effet, ou de manière extrêmement marginale. S'en suit souvent différentes versions de déception, de fatalisme, de renoncement à la réflexion, à l'imagination, à la recherche. Parce que de façon binaire on voudrait une corrélation, voire une causalité entre ce qu'on imagine et ce qui se produit ensuite. C'est une thématique qui flirt avec la notion de progrès qui sera développée dans un futur proche. Donc, il y a aussi le fait que nous ayons un physique plutôt fragile rapport à nos capacités. Et d'ailleurs, c'est ce décalage qui crée le mouvement/dynamique, car on voudrait rapprocher ces fameuses capacités informationnelles de nos capacités réelles, c'est ce que font ce qu'on appelle vite fait les technologies (dont langage verbal). Si on veut apprendre sur un domaine mais meurt avant d'arriver à un niveau/étape voulu alors il faut passer du temps à transcrire ça pour que ce soit fort bien compréhensible pour les chercheurs suivants. Donc retour au standard en tant que nécessité pratique (lié à nos conditions bio).
Métaphysique intégrée
Un point qu'on occulte régulièrement est que le langage verbal reflète des conceptions métaphysiques étranges et pas toujours raccords à notre actualité. Par exemple le découpage SVO, pour Sujet Verbe Objet. Ce découpage de l'existence place au cœur l'action et donc le verbe (que ce soit imagé ou non). Mais aussi on découpe la réalité en d'un côté le sujet et de l'autre l'objet. "Je Suis Humain" : le je sujet, le verbe être et l'objet humain. Le sujet se sépare de l'objet, se distingue. Et donc il y a création d'un sens unidirectionnel. Le sujet est agissant et l'objet s'intègre, reçoit l'action du sujet. Bien sur, ensuite on peut moduler ce découpage, mais il y a l'absence de la simultanéité sujet/objet, où l'objet est tout autant agissant que le sujet, la réciprocité et l'interactivité en quelque sorte. Et peut être même que le verbe est agissant en lui-même. Toutes ces nuances réelles que le langage occulte en découpant quasiment toujours de la même manière, suivant le même schéma la réalité. Ceci pour des raisons pratiques certainement en partie. Mais ce ne me semble pas sans incidence sur notre façon de penser et de percevoir le monde. L'existence du sujet bien marqué est ce qui peut faire naitre notre sentiment d'individualité elle aussi bien marquée. A force de dire JE, je finis par croire en moi, en mon existence, en ma valeur, en ce que je fais, ce que je dis, ce que je vois, etc. A croire de façon verbale et un brin excessif parfois en soi. C'est de nouveau un peu la prophétie auto-réalisatrice de j'existe j'existe j'existe, comme je l'avais suggéré dans l'article sur ce que j'appelle la triple localité.
Progressif & disruptif
Un côté "disruptif" dans la lecture et les échanges, qui se fait un peu au hasard (selon nos perceptions). Combien de fois ça m'est arrivé de comprendre consciemment une idée des années après l'avoir lue, et de redécouvrir encore une autre facette de cette idée après et après. Le lecture et toute forme d'apprentissage contredisent la linéarité des effets. Dans les institutions scolaires on veut faire un parcours progressif avec des étapes standards et un à un, une chose après l'autre, alors que dans les faits c'est très différents. Ce qui ne revient pas à dire que rien n'est progressif, juste que ce n'est pas linéaire dans les effets. D'ailleurs, on le voit bien aussi dans l'écriture, on passe d'une lettre à une autre, et de mot en mot, de concept en concept. La présentation d'ensemble a beau se faire sous forme linéaire dans un seul sens, les yeux sautent et ne sont pas en contact permanent et linéaire avec le texte. Les effets suivent ce même processus, mais en plus amplifié. Les mots ne sont pas des choses figées mais fonctionnent comme des écrans, ou des toiles, en dynamique, en évolution.
Déterminismes physiques
Le verbal a une composante écrite qui a refaçonné et augmenté toute la structure langagière (auparavant surtout orale et posturale). Donc oui, la base de ce que nous appelons grossièrement langage est indexée avant tout sur le DÉPLACEMENT SPATIAL. Ce déplacement spatial, qui consiste surtout pour nous bipèdes à aller de l’avant, est lui aussi indexé sur notre MORPHOLOGIE. Nos jambes se tiennent et se plient d’une certaine façon. "Aller vers l’avant" est donc simplement obéir à cet ordonnancement formel. Le sens de la vue est lui aussi majoritairement dirigé vers un CHAMP RESTREINT. L’alliance de la locomotion-moteur et du sens de la vue renforce les deux et forme un ensemble donnant une impression unitaire : la DIRECTION. La mesure primordiale est le pas, l’enjambée. Le début en statique, et la fin lorsqu’on pose le pied vers l’avant. Il y a un début et une fin à ce processus. C’est le déplacement. Comme lorsqu’on pose la première lettre d’une phrase, pour terminer sur un point. De même, on utilise le langage pour dire qu’une chose est supérieure à une autre. Même si c’est une chose totalement abstraite, on base cette valeur-jugement de « supérieur » sur les sens. Si je suis grand, je vois que tu es plus petit, plus bas, tout comme les enfants sont plus petits. De là on en déduit des choses supérieures à d’autres. Pareil, dans le langage on a un sujet un verbe et un objet. Le sujet est agissant, il est par conséquent, par défaut, supérieur à l’action et à l’objet. De cette chaine d’éléments primordiaux (articulation-syntaxe) on voit qu’on se considère comme unique, comme une entité bien délimitée, comme supérieur et comme ayant une direction, ou destination existentielle. Le simple fait de terminer une phrase formellement, renforce l’idée qu’il y a une fin. De même que lorsqu’on ne parle pas, cela induit que nous n’existons pas encore, que nous n’avons pas commencé. Le langage est donc linéaire tout comme le pas que nous faisons. Mais cette linéarité est indexée sur notre morphologie moyenne et les lois sensibles/perceptibles de la physique terrestre à sa surface air-terre. Ah ah rien que ça ! Quel barbare je fais avec ces flopées descriptives... Par tous les vents !
Question topologie mentale
La notion de hiérarchie est très parlante. La hiérarchie est, dans la majorité des cas, comprise comme une stratification verticale, avec ce mouvement linéaire toujours. Le plus bas serait inférieur… selon le référentiel haut, et donc très visuel. On a donc ces expressions de « s’élever » qu’on retrouve dans la hiérarchie sociale, dans la hiérarchie religieuse aussi. L’expression « au-delà » est très terre-à-terre ironiquement à ce qu’elle sert à faire comprendre. Désigner le « ciel » pour exprimer l’idée d’une supériorité existentielle. Les tours « gratte-ciel » pour exprimer l’élévation humaine. La notion de « sous-terrain », ou de « bas-fonds », est aussi intrigante tant elle reflète que ce qu’on ne voit pas serait forcément « inférieur » en valeur, et donc vil, sale, etc.
De même, notre notion de « vie » ou de « biologique » de « vivant » est indexé sur notre vision de ce qui se meut. Le mouvement visuel, sensible, fait la qualité « vivant ». Car nous voyons que nous nous déplaçons dans l’air, ou plutôt dans les airs, un élément que nous prenons pour « léger » donc, donc nous nous déplaçons dans la légèreté. La terre est lourde, l’eau de la mer aussi. L’enfant est léger et il a tendance a beaucoup bouger, ainsi sont indexées les notions de mouvement = vie, et légèreté = élévation. Ce qui est léger est ce qu’on peut facilement appréhender, faire bouger, manipuler, changer, d’une manière physique. C’est une qualité « supérieure » car si on balance un objet en l’air, l’objet s’élève et on s’élève aussi par extension.
De même, la vitesse fait, selon nous, souvent la qualité « vivant ». Mais, bien entendu, il faut qu’on ait l’impression de vitesse, car si une chose va trop vite pour nos capacités on ne la percevra pas. Il faut qu’on fasse partie, qu’on soit intégré ou qu’on ait l’impression d’être les acteurs de ces éléments rapides. D’où nous rejoignons l’idée de sujet agissant. Le sujet agit physiquement donc le sujet existe, donc l’action existe, donc le sujet agit. Une tautologie, une autoréférence permanente.
Pour revenir à l’idée de hiérarchie, on est, notamment avec le langage, dans une idée toujours très linéaire. C’est donc la géométrie simple de la ligne qui dirige en grande partie comment nous percevons consciemment-culturellement nos pensées et nos actions. Nous écrivons en ligne aussi, nous lisons donc en ligne, nous nous alignons sur certaines personnes, certains éléments, comme les points lumineux du ciel nocturne (étoiles) deviennent des lignes dans nos esprits car nous les relions, comme les oiseaux qui volent/migrent parfois en lignes tels les cormorans et les canards. Des lignes. La ligne. Parler volume
Mais on ne pense que très peu en volume, en réseau, en cycle. Car le volume s’appréhende surtout par le tactile et le déplacement-effort physique et peu par le visuel (du moins que partiellement). La pensée est fortement corrélée avec le linéaire des lettres et des phrases-lignes. Quelle est la hiérarchie d’un nuage ? Il n’y a pas de supérieur et inférieur. Le linéaire reste du linéaire, mais nous distinguons le linéaire horizontal qui est l’égalité, la quantité, du linéaire vertical qui est l’asymétrie, la qualité. On reprend souvent cette linéarité verticale pour une idée de hiérarchie verticale, de supériorité. Ainsi s’élever en foi sous la religion dominante, et s’élever en « réussite » sous l’économisme. Mais ce sont des images, des calques de notre réalité physique vue avec et sous notre petit référentiel formel. De même qu’il y a discontinuité de la vue par les clignements permanents d’œil, il y a discontinuité par les pas lors de la locomotion pédestre. Il y a discontinuité entre les étoiles du ciel la nuit. Discontinuité entre les lettres et les mots et les paragraphes. Mais nous voyons un mouvement entre ces points et états différents. Et par mouvement nous y voyons une qualité de « vie » et donc une supériorité, et donc rapidement aussi une intentionnalité locale, et donc un sujet agissant.
Un moyen simple d’observer ces biais est d’inverser des images, ne serait-ce que lire en oblique, ou à l’envers, quelques mots, peut s’avérer compliqué, désagréable. Alors imaginez voir tout un film à l’envers. Avant on écrivait en boustrophédon, c'est-à-dire des deux sens gauche-droite et droite-gauche. Mais cette façon de faire a disparu. On est toujours fort obsédé par la lisibilité universelle, en corrélant mentalement le caractère de lisibilité avec l’uniformisation conventionnelle. Le concept de causalité est linéaire (en ultra-local). L'éthique dans tout ça ?
Qu’est-ce qu’un langage ? On part souvent du principe, dans nos sagesses populaires, que tout se résout par la communication. Affirmer cela sans nuance est plutôt dangereux. La guerre, frapper et tuer une personne est une forme de communication. Alors est-ce qu’il faut dans ces cas là privilégier la communication ? On peut légitimement avoir quelques réserves à ce sujet. Plutôt que de dire qu’il faut communiquer, mieux vaudrait dire qu’il faut savoir parfois ne pas vouloir communiquer et/ou alors changer de média. On peut alors se dire que changer de média est forcément la « solution » au problème de ces types de communications. Ce serait aller un peu vite. Est-ce qu’un mot ne fait pas aussi mal qu’une blessure physique parfois ? Certes il n’y a pas atteinte à l’intégrité physique, mais alors l’intégrité morale, émotionnelle et intellectuelle de la personne n’aurait aucune importance ? Cela parait étrange. Si on traduit un coup de poing en insulte, d’accord il n’y a pas de blessure physique, mais est-ce pour autant mieux que de recevoir un coup on va dire spirituel ? Les insultes c’est comme les coups physiques, si on est habitué ça peut passer un temps, mais si on est relativement protégé pendant une longue période, ça fait d’autant plus mal. Bien entendu il y a le cas particulier où l’insulte est une sorte d’amabilité. Certains s’appellent mutuellement "gros sac" ou "ma petite merde" par exemple et c’est une façon humoristique d’être familier et de communiquer. L’intention reste dans un jeu de langage où les deux sont complices et connaissent (souvent implicitement) les règles. Mais un même mot peut faire mal ou ne rien faire en fonction de qui le prononce, quand, dans quelles circonstances, avec quel ton, etc. L’intention n’est pas tout non plus car imaginons avoir l’intention d’être sympa lorsqu’on est face à une personne venant de perdre un proche et qu’en fait nous sommes maladroits et disons des choses qui font pires que mieux. Donc, brièvement nous avons vu que la communication n’est pas la solution à tout, ni l’intention.
communiquer en permanence ?
Mentionnons aussi la hiérarchie mentale par défaut que nous avons des différents médias et supports de communication. Nous mettons la com physique souvent en dessous de la com verbale, et la com orale en dessous de la com écrite (rapport à un jugement sur la profondeur ou l'intelligence ou la précision du propos émis). Au sein de l’écrit nous accordons aussi une hiérarchie. Un sms n’a pas autant de valeur qu’une phrase lue dans un livre. Une information écrite dans un journal national vaut plus que la même information dite par une personne lambda. Vous voyez ce dont il est question, n’est-ce pas ? Bien entendu ces échelles de valeurs ne sont pas forcément intentionnelles, nous les perpétuons par défaut sans y penser. Bien entendu, aussi, ces hiérarchies sont la règle générale et on peut toujours trouver des situations qui prouveraient l’inverse. Mais quelle est la proportion et la fréquence de cette échelle de valeur rigide ? Sans faire de calcul, on peut vite se rendre compte de nos biais à cet égard.
Dans la communication il faut donc se méfier de nos attributions de valeur par défaut. Car en accordant plus de valeur à une information en fonction de qui et quoi le dit, on peut rejeter injustement des informations pertinentes et avec une vraie valeur, aussi et surtout rejeter des individus sur des critères très arbitraires. Vouloir communiquer en rejetant un individu et un support avant même d’avoir commencé c’est plutôt ambigu. Si on veut vraiment communiquer avec l’autre il faut donc accepter de perturber ces échelles de valeurs par défaut qu’on a tous dans nos têtes et sur le bout de la langue. Si une personne ne sait communiquer avec l’autre que par le corps, peut-on refuser de communiquer avec cette personne ? Alors, oui si nous ne savons pas communiquer par ce biais et que donc on s’expose à des incompréhensions, de mauvaises interprétations de maladresses, mieux vaut être prudent ou rejeter la communication. On donnera alors l’impression de rejeter un individu en particulier alors qu’il s’agit au contraire d’un respect mutuel, de se préserver chacun d’un échange stérile et/ou conflictuel. Donc si on cherche la communication en tant que vertu d’échange et d’ouverture il faut avoir les moyens de cette prétention. Sait-on parler corps ? Sait-on parler art ? Sait-on parler jargon ? Sait-on parler émotion ? Sait-on parler concept ? Ce sont des questions préalables nécessaires à la vraie communication en tant que vertu d’échange et d’ouverture. Sinon, mieux vaut s’abstenir d’agiter de grandes vertus et idéaux si ensuite nous les contredisons dès la prochaine rencontre. Nous venons de voir donc que la communication n’est pas toujours souhaitable, qu’elle peut être même « mauvaise ». Nous avons vu que ni une intention, ni un idéal, ni une vertu ne sont des excuses valables au mal causé par une communication ayant échouée. Et enfin que nous avons des filtres mentaux qui nous conditionnent et peuvent facilement nous empêcher de communiquer librement, nous poussent à rejeter des individus sur des critères superficiels et injustes. (re)tour d'horizons
Nous y sommes ! Après tous ces entrelacs critiques à propos de ce cher verbal, nous avons vu donc que le verbal est un média parmi un vaste panel de médias, qu'il n'est pas central mais s'inscrit dans un écosystème de médias dont tous varient en permanence. Nous avons vu l'intérêt du standard de forme, mais aussi ses limites. Nous avons vu qu'il y a une certaine dépendance au domaine du média, et que donc tout n'est pas traduisible, ni que la traduction ait toujours une valeur ajoutée, et qu'on peut donc resté captif d'un média sans qu'il y ait valeur ajoutée. Nous avons vu encore que le verbal est fortement structuré sur la base de nos conditions physiques de perception, mais qu'il reflète aussi des conceptions métaphysiques dans ses plus fondamentales bases.
Redistribuer les cartes
Pour bien insister : faire des gestes ce n'est pas juste exprimer son corps, c'est aussi penser par le corps (muscles, tendons, os). Dessiner ce n'est pas juste s'exprimer, c'est penser par le geste, par les formes. Jouer/composer de la musique ce n'est pas juste s'exprimer, c'est penser dans le rythme, dans le geste. Tout ceci se suffit en soi, et on n'a pas à traduire ça en verbal pour donner de la valeur de profondeur, d'intelligence à ce qui est partagé. On peut donc parfaitement penser des choses très complexes sans le support verbal. Il y a même quantité de pensées qui expriment des choses plus complexes et profondes par des gestes, des sons, des déplacements, que le tout mot.
+ loin >>>
Arrivé jusqu'ici - bravo! et merci :) - on pourrait se questionner sur la pertinence de cette critique du verbal. Oui, en fait, on le voit déjà à l'œuvre, on produit de plus en plus de communication en geste par le sport, les arts, des néo-rituels, mais aussi en visuel par les clips, les "stories", les films, mais aussi en sonore par la démultiplication des productions et des styles, etc. Bref, voyez qu'on communique de plus en plus par d'autres médias que le verbal, ce qui va dans le sens du diagnostic de mon livre Réflexe Virtuel. Néanmoins, on les voit encore trop comme moins profonds, moins intelligents, moins précis que le verbal. Ce qui est injuste. Je veux dire, bien sûr qu'on valorise des stars de médias non-verbaux, mais on les valorise comme du beau divertissement et pas comme quelque chose ayant une valeur vraiment "concrète", absolument "utile" (hors distraction). Je vous encourage donc - si vous le voulez bien - à cultiver une attention à l'ensemble des médias, du moins à ne pas les classer systématiquement inférieures à votre média de prédilection. Même de temps en temps, cela suffirait à avoir un effet long terme et global m'est avis !
Le but de cet article est que vous croyiez en n'importe quoi, que vous deveniez adepte de la première secte venue, que vous vous convertissiez à des religions, non pardon à une seule à la fois, et puis tralala tralala, a bras cada bras.
Spiritualité
Hoy, le mot fait peur, ou fait sourire, au choix. Tel que je le vois on est dans le dogme du psychologisme >> voire un article qui tâte les différences et points communs entre psychologisme et spiritualité. On relègue rapidement la spiritualité à un domaine spécifique de l'existence, c'est à dire au lieu que ce soit un fait total, ça nous est peint à ce jour comme un résidu de vielles croyances obsolètes et folkloriques : tantôt mignon tantôt flippant.
Magie
La magie. Hum qu'est-ce qu'on invoque quand on parle de magie ? On a tout un imaginaire américanisé et lissé sur des sorcières, la magie noire, mélangé au voodoo, à la fantasy, aux jeux-vidéo, aux contes pour enfant, à l'enfer selon les monothéismes, etc. Bref, c'est tantôt un truc de gamins trop imaginatifs, tantôt une bien mauvaise blague.
Occultisme
Ah ah, alors celui-là est peut être, dans les trois termes de l'article, celui qui fera le plus hausser les sourcils. Ironie, l'occultisme qui serait le moins connu, le plus obscur à concevoir. Qu'est-ce qu'on entend par occultisme ? Un vaste ensemble de pratiques rituelles, ésotériques, magiques, spirituelles qui n'est pas "révélé", divulgué, partagé d'ordinaire au public mais reste généralement confiné à un groupe.
Partons des bases
Comment je vois la spiritualité aujourd'hui, dans le fonctionnement actuel de la société ? Alors, je ne suis pas forcément très fan du concept d'inconscient, et lui substituer le concept de subconscient ne me semble pas forcément mieux. Toujours est-il, je constate au quotidien que grosso modo on fait des choses et qu'ensuite on invente une histoire, et que cela prouve que notre conscience n'est pas si étendue qu'on pourrait le penser à premier coup. La conscience est d'ordre plutôt passive dans nos comportements propres mais peut être plus active dans la survenue de nos fameuses post-narrations. Le sujet ici n'est pas la conscience. Je pose ces éléments pour marquer le fait qu'on ne sait pas grand chose, si vraiment quelque chose sur l'existence. Savoir cuir un œuf ou construire une voiture ne nous renseigne pas forcément sur nous-mêmes, sur le monde. Ce sont des connaissances pratiques, presque automatiques et autonomes. Même par la démarche scientifique, on obtient/produit des informations sur un très large éventail de phénomènes "matériels".
Matérialisme
Ayé, le mot est lancé : matérialisme. Le matérialisme est un si ce n'est le fondement de la démarche scientifique. Je ne vais pas m'étendre sur le sujet isolément, je me contenterais de le citer au passage. Le matérialisme c'est donc poser le principe que tout ce qui existe est observable et donc mesurable, et donc connaissable (ce qui fait beaucoup de présupposés avant même de commencer, en plus en chaine : l'un dépendant de l'autre). Tous les phénomènes que l'on observe proviennent donc de ce qu'on appelle matière et qui est donc saisissable, tangible et existe "en dehors" de nous. La recherche d'éléments irréductibles comme l'atome par exemple est symbolique de ce procédé matérialiste. Quelque part le pendant hors science de ce matérialisme est de ne considérer comme ayant de la valeur que ce qui est fort "tangible", donc on arrive à la surconsommation de matériaux, d'objets, d'aliments, et on accorde moins ou plus beaucoup de valeur à l'imaginaire, aux perceptions. Il nous faut, selon la formule politique éculée, du "concret", jusqu'à écœurement rajouterais-je. Cependant, oui-oui, le matérialisme scientifique semble exclure (avec méthode) beaucoup d'hypothèses sur ce qu'est la matière. A vrai dire, c'est impensable d'appliquer tout de go par exemple les théories de physiques dimensionnelles à nos objets et notre langage par exemple. Et donc on cloisonne pour conserver un tant soit peu de clarté intellectuelle domaine par domaine. D'évidence, chaque nouvelle connaissance s'intègre dans un ensemble gigantesque de connaissances et donc change en partie tout cet ensemble. Chaque étude scientifique et artistique, existentielle est donc une révolution dans la connaissance. Bref, revenons à notre sujet.
Invocations ordinaires
Pour aller plus loin dans une critique sur les fondements de la démarche scientifique dont surtout le matérialisme je vous renvoie vers un article non encore publié à propos de la critique du verbal. En attendant, on peut constater que beaucoup de scientifiques affirment et revendiquent le fait de ne pas "croire" en ce qui est appelé dieu par exemple. On oppose science et religion. Et il est vrai que la religion peut encore aujourd'hui être un "frein" énorme à la science. Mais tel que je le vois, les deux ne s'opposent pas. Certains scientifiques poussent vraiment loin la guerre anti-religion, allant jusqu'à dire qu'il est impossible de croire en dieu et être scientifique en même temps. Par extension, aujourd'hui beaucoup d'athées se considèrent plus rationnels que des "croyants". Je vous renvoie vers mes articles sur l'athéisme et sur dieu. Cependant, malgré cette soit-disant rationalité on a toujours si ce n'est plus de rituels, d'incantations, d'invocations, de croyances. Vous ne voyez pas en quoi vous participez à tout ça ? Oui normal, on a des "filtres" pour ne pas voir les choses telles qu'elles sont, et qu'en plus on utilise un vocabulaire qui permet de faire croire qu'on fait des choses très différentes de la spiritualité. Par exemple, des millions de gens qui se rendent au stade pour voir un match de foot, ou un concert d'une star ce sont ni plus ni moins des rituels où l'on invoque collectivement quantité d'éléments. Il s'agit de communions aussi. Dans la religion économique on invoque le cours de la bourse pour dire si la société et "le monde" vont bien ou non. Je ne ferais pas l'inventaire, vous verrez par vous-mêmes l'étendue du phénomène.
Impossible non-spiritualité
Donc, derechef on n'est pas - ou si peu - conscient de ce qu'on fait au quotidien, on ne connait pas le futur, on ne peut pas non plus étendre la prédiction précise par une causalité pure et dure sur du long terme et quand bien même la science n'a pas vocation à la prédiction. Au quotidien on participe à des rituels qu'on n'appelle pas rituels mais "travail" ou "tradition", ou "loisir", ou "art", etc. On croit en l'économie, en la nation, en le basket-ball, en le Louvre, en la Culture, en Apple, etc. Donc, rationnellement on ne peut pas dire que nous sommes rationnels, carrément pas ! On est donc réduit, ou plutôt on ne peut pas ne pas être dans une posture spirituelle. Si je me sens bien quand je respecte le fait que tous les jours je joue à la même heure à tel jeu-vidéo, ou que je vais lire, ou que je vais prendre un café, ou me connecte à telle plateforme du net etc, c'est pas de l'ordre de la rationalité mais bien de l'invocation et de la spiritualité. En fait, on ne peut pas ne pas être spirituel. Car cela voudrait dire que l'on connait le déroulé et la destination de chacun et de chaque chose ce qui est humainement impossible. Ainsi on lance des idées, des paroles, des actes dans le monde et en soi sans savoir forcément si cela va prendre, se cela va avoir un impact, un effet ou non. Cela est l'équivalent de sorts, sortilèges et donc de la magie.
Les temples d'aujourd'hui
La magie donc n'est pas invoquer Satan, ou un Djinn mais invoquer le bien-être, la croissance économique, la tradition, le sacré, un sage, etc. On se moque gentiment des mythologies antiques parce que grosso modo tel qu'on le voit rétrospectivement du haut de notre présent, les individus personnifiaient le bien-être en un dieu, ou divinité et lui faisaient même des temples à leur effigie. Mais regardez les musées et les centres d'affaires sont aussi des temples relatifs à leur domaine respectif. On ne personnifie pas l'économie de manière aussi forte que dans l'antiquité - Ô Dionysos - mais le résultat est bien identique. Le sacré se manifeste non plus dans le rapport aux autorités monothéistes mais aussi au respect de la nation et de l'économie, à différentes formes de bien-pensances qui peuvent rétrospectivement être vus comme des dogmes, bien que dans la contemporanéité ce ne soit qu'un phénomène mouvant et pas bien unitaire selon nos perceptions limitées. Pendant que j'y pense, le concept de progrès serait à détailler, notamment parce qu'on le corrèle à la temporalité, au bien, dont bien commun acquis, etc. Mais donc, notre quotidien est entièrement tissé de sortilèges tous azimuts.
Langage = formules magiques
Bien sur, rien n'est comme dans "ha riz, pot de fleur" avec des formules magiques forcément en latin et avec des éclairs couleur fluo-néon qui sort de bout de bois. Même, le langage qu'on utilise pour penser, ressentir, réfléchir, percevoir, communiquer, s'exprimer est bel et bien d'essence métaphorique, on associe un élément à un autre et hop on peut désigner des choses qui ne sont pas là ou qu'on ne peut pas voir, ou toucher directement. Quand je note le mot "éléphant", diverses choses et diverses qualités sont associées automatiquement en nous, ça peut être le concept "animal", ou "gros", ou "sagesse", ou "défense", ou "Afrique", ou "zoo", ou "écologie", ou "savane" ou bref. Le mot éléphant est un sort qu'on lance et qui va actionner un peu à l'aveugle un ensemble d'associations mentales qui n'est pas de l'ordre du précis. Peut être qu'il va actionner le concept de gros chez un individu et chez un autre individu le concept de gris. Et peut être qu'à un autre moment de la journée, le même mot invoquera de tout autres concepts encore. Regardez, de façon très concrète, il suffit parfois d'un mot-clé (lol voyez qu'en vrai un mot n'est pas une clé) pour illuminer le visage d'une personne, ou la faire parler, ou la faire danser. Dans le livre de la Bible il est écrit "au commencement était le verbe", et cela prend parfaitement son sens quand on sait combien le langage est basé sur la métaphore. Le propos sera peut être un peu de trop dans cet article mais même le découpage basique comme sujet verbe objet tient de la métaphore, donc d'une certaine vision du monde et de l'existence, et donc aussi par un vaste ensemble d'associations filées aka alchimie, aka magie.
Pragmatisme élémentaire
Non seulement voir toute chose comme spirituelle est plus rationnel que la posture pseudo-rationnelle ordinaire, mais en plus c'est notre unique façon d'être possible. Voir toute chose comme étant de la magie n'est pas une narration alambiquée mais bien la réalité, celle qui nous est accessible. Parce que souvent contre la spiritualité ou contre la magie on invoque le causalisme bien grossier et aussi accessoirement stupide comme : hypothèse, je prend une tasse en porcelaine, je décide de prendre cette tasse et je décide de la laisser tomber sur le sol carrelé, alors la tasse se cassera : cause et effet. Ironiquement ce type de discours est déjà faire appelle au langage donc aux métaphores, donc aussi à l'imagination, donc à quelque chose qui tient plus de la magie que du contrôle réel. Ensuite, on invoque le concept de cause et effet simple, ce qui est peut être valable sur une très courte séquence mais jamais sur l'ensemble. Parce qu'on ne peut pas remonter les chaines de la causalité, ni en édifier de sures et certaines et absolues. On en est réduit au pragmatisme le plus élémentaire, c'est à dire tenter et essayer de récupérer puis transmettre ce qui nous va, nous fait plaisir, nous fait bénéficier d'un plus, d'un bénéfice même minime.
Lancers aléatoires
Néanmoins, il ne s'agit pas ici d'enchanter, ou de réenchanter le monde, notre existence. Ouhou on n'est pas chez Disney, c'est pas notre boulot, pas le mien en tout cas. Et même si je le faisais, ça me ferait suer de lâcher des scénarios creux qui pourrissent et hantent le mental des gens. Donc, la spiritualité ne s'oppose aucunement aux démarches les plus rigoureuses comme la science, au contraire. Par cet article je ne vous invite pas à vous déguiser en Merlin, à croire à tous les contes de fées qui viennent à vous, je ne vous invite pas à construire un temple, ni à vous "convertir" à la bible, à la torah, au satanisme, au voodoo, etc. Je ne veux pas vous imposer un filtre, mais simplement mettre en évidence nos conditions d'existence bien "concrètes". Par là on s'ouvre probablement une flopée de possibles car on est moins dépendant au domaine, biais et phénomène que j'explore dans la triméta. On sait la part que l'on doit aux concours de circonstances, quand bien même la quantité de monnaie, d'efforts et de volonté (croyance), de temps, parfois nos projets ne donnent rien, et ne donnerons jamais rien de ce qu'on avait prévu. Par contre, invoquons la sérendipité, on peut trouver en chemin, d'autres choses tout aussi voire plus utiles même que nos visées préalables. Rappelons que la monnaie est un ensemble de chiffres sur des papiers ou des pixels et que pourtant cela a des effets très réels sur nos existences. Cela est un sort qui tient à de la croyance organisée, captée. Les prêcheurs de notre sainte religion économique n'en savent pas plus que le commun des mortels, ils sont surtout plus doués pour produire un discours qui évidemment les enchantent d'une aura de légitimité et d'autorité.
Peser ce qu'on contrôle
Exemple de la méditation. Quand on médite on se rend vite compte que nous ne sommes pas nos pensées, qu'il y a des pensées qui viennent et reviennent sans arrêt comme nous hanter finalement si on change de vocabulaire pour décrire la même chose. Lors de séances de méditation donc, on est seul avec soi-même, mais en fait, pas tellement parce qu'une fois qu'on quitte le flot permanent des stimulis extérieurs (écrans, obligations, sport, déplacements, sociabilités, lectures, etc.) on pourrait penser qu'on serait vide, et bien non, tout tourne encore en nous, même des idées et des sensations dont on ne comprend pas comment ils nous parviennent. Même ceux qui méditent beaucoup, pendant des années, ne parviennent pas à un "vide", d'ailleurs ce n'est pas le "but" de cette pratique. Mais ce qui est intéressant à retenir c'est qu'on se fait le constat, qu'on ne peut absolument pas nier ou déguiser, que nos pensées ne nous définissent pas, ne nous appartiennent pas, ne sont pas souvent de notre ressort, de notre contrôle et pourtant à chaque instant on est bombardé d'idées, de sentiments, de projets, de rediffusions internes approximatives, etc. Alors attention cela ne signifie pas qu'on ne contrôle rien du tout et qu'on est donc déresponsabilisé (comme par magie) de tous nos actes, paroles et pensées. Au contraire on en est d'autant plus responsables. Pareil pour les démarches scientifiques, reconnaitre qu'on ne peut pas ne pas être spirituel permet de revenir à une démarche plus rationnelle et de bel et bien voir que la science comme l'art sont des entreprises exceptionnelles.
Séparations & sacré
Beaucoup de séparations mentales, protocolaires peuvent en effet nous apparaitre comme de bêtes caprices d'individu ou groupes d'individus. Mais ces séparations permettent aux individus de créer un environnement leur permettant d'exister, de s'exprimer. Cela tient du sacré. Aujourd'hui la propriété privée est sacrée, parfois jusqu'à l'absurde. Hier pénétrer dans un bâtiment précis était quelque chose de sacré, aujourd'hui des millions de touristes déambulent comme des zombies dans ces vestiges, ruines, comme en Égypte ou en Grèce. Si je ramène ce propos ici c'est pour mentionner que voir la vie comme étant indubitablement spirituelle permet aussi de ramener non pas du sacré mais du respect.
Chaque élément est unique et singulier. Par exemple un arbre, oui effectivement c'est pour nous de façon très "pratique" et "utilitaire" une matière première appelée bois pour construire, chauffer. Mais cet arbre est aussi un être vivant avec ses particularités, avec un ensemble de propriétés uniques. En voyant cela tel que cela est en réalité on ne peut plus ou moins raser des forêts sans penser à rien, juste parce que "c'est à faire" ou "c'est mon métier". Et ce qui est valable pour cet arbre hypothétique est donc valable pour d'autres domaines. Si quelqu'un a besoin de repos il faut le lui permettre, du moins ne pas le lui empêcher. La spiritualité est donc très responsabilisante et très lucide et très respectueuse quand on la fait/explore un peu plus consciemment, ou au moins sciemment. Car oui, des gens peuvent se dire non spirituels mais l'être quand même car, comme il a déjà été écrit, il est impossible de ne pas l'être. Même les protocoles scientifiques tiennent parfois plus du rituel esthétique que de la recherche véritable. Mais cette part de non productivité réelle finale n'est pas forcément à couper, éliminer non plus car non seulement c'est impossible de produire à chaque coup, et encore moins de produire parfaitement, mais pas souhaitable non plus humainement. Il n'y a pas de "perte", mais des combinaisons qui marchent en un temps et lieu donné et d'autres qui ne marchent pas. exorcismes
Aujourd'hui on pratique plein d'exorcismes sans en avoir conscience aussi. Pour éviter de penser à ça et ci, on va faire du sport (brûler des calories, "santé"), aller au cinéma (narration fictionnelle grand public), prendre un cachet, etc. Pour éviter de penser à la réalité pure et dure on va tout rapporter à une doctrine pseudo rationnelle qui en fait n'est que du pipeau. Par exemple le psychologisme va me dire que si j'écris c'est pour compenser ceci cela, le sociologisme va me dire que je lutte contre des idéologies, l'économisme que je suis mon revenu monétaire + patrimoine, et un producteur consommateur de "richesses". En vrai ces doctrines contemporaines ne savent rien, ils proposent juste des ensembles de discours et recettes qui parfois marchent et donc qu'on reproduit. Je ne crois en aucun des trois dogmes, à vrai dire je trouve que c'est une très mauvaise narration collective ce triptyque aujourd'hui si sacralisé. Je ne suis pas un flux monétaire, je ne suis pas une boule de pathologies, je ne suis pas un acteur de lutte sociale idéologique. Peut être qu'en partie oui, je suis sur ce détail telle caractéristique, mais aucun de ces dogmes ne peut me dire qui je suis, ce que je peux faire, ce que je dois faire, ce que je dois percevoir, ce que je dois croire. Je ne crois pas au "normal". Ils sont au pire une vague image, ou plutôt un très lointain reflet.
Confiance
Bref, tout ça pour dire aussi qu'en fin de compte on est toujours tout seul dans ses propres conditions d'existence, de perception et que donc on peut/doit accorder de la confiance en cette belle et réelle singularité et ne pas chaque fois se dissoudre dans ces ensembles flous et fous de dictats/sortilèges/imaginations collectives très contemporains. Ce n'est pas s'enfermer dans soi-même ou rejeter "le monde" que de ce faire un minimum confiance et ne pas dire amen à toutes les théories et magies du moment. Hum, ça nécessiterait que je pave quelques chemins sur ce qu'est ce qu'on appelle l'imagination. Dans un autre article :) Si vous saviez comme la "confiance" tient en fait des masses à la "croyance". Dans l'esthétique rationalisante, parler de spiritualité est tendu, car on doit décortiquer tellement de nœuds conceptuels... là je sens que je suis passé à côté de pas mal de points primordiaux et que j'ai peut être mal amené certains autres et que donc je pourrais être pris à défaut dans un éventuel duel de discours. Je vous fait confiance en vous confiant ces réflexions et méditations. Mais ah oui, la croyance n'est pas non plus à confondre avec la spiritualité. La croyance est une partie de la spiritualité mais n'est pas toujours indispensable, et quand nécessaire elle n'est pas forcément surpuissante hein !
Binaire & prière
La ? qu'on pourrait se poser est : comment fonctionne cette fameuse "magie". Alors déjà il semble fortuit de réfléchir sur le binaire. On fonctionne sur une base très binaire souvent, par habitude. Vrai ou faux. Avec le "ou" exclusif, c'est à dire soit l'un soit l'autre. Tu es pour ou contre moi. On associe cela au concept de "caractère" de "volonté", de "savoir ce que l'on veut", de "confiance en soi", de "loyauté". Mais c'est vraiment beaucoup plus nuancé en vrai. Toutes ces associations sont des procédés de manipulation, des nœuds magiques qui restent très puissants. Cependant, de manière très concrète, quand je me tiens debout je me tiens sur mes deux pieds en même temps, et mon existence n'est ni vraie ni fausse, elle est, tout simplement. Le binaire, bien que potentiellement puissant, ne s'applique pas partout de tout temps, et donc le causalisme brut (qui en dérive) non plus. Toutes les démarches ouvertement décrites et consciemment exécutées comme "spirituelles" ne suivent pas ce causalisme brut, ils ne suivent pas non plus l'idée de l'économisme qu'est le productivisme. Donc, pour illustrer prenons la pratique dite de prière. Qu'on labellise ou non la pratique on fait tous des prières au quotidien, car ce sont des souhaits. Même celui qui veut gagner plus de monnaie est dans une démarche de prière, même si après il fait pleins de gestes et de choses aka "travail", il commence et renouvelle des souhaits sur sa situation. Maintenant est-ce que la prière est comme une requête (ou quête, tout court) qu'on rentre sur l'interface du moteur de recherche Qwant par exemple ? Non. La prière ne fonctionne pas de manière précise, ni forcément toujours productive. Il me parait d'ailleurs étrange de prier pour soi et non pour un ensemble plus conceptuel, moins localisé en des individus. En fait, la "magie" de la prière ne fonctionne pas ou très peu sous forme locale, contrairement à ce qu'on voudrait en concentrant de force et de façon vaine les lieux comme le Vatican ou la Mecque. Les monothéismes étant aujourd'hui comme un capitalisme spirituel. Ah et la silly conne valley. Bref, le binaire est un sortilège magique comme un autre qui donc ne fonctionne pas toujours de manière universelle.
conditionnement ou sort ?
Pour rejoindre un peu les schémas dégagés dans l'article sur la Triméta, si cela peut vous "rassurer", il y a donc des mots qui changent mais qui au fond désigne la même chose. Beaucoup de personnes critiquent le marketing qui labellise des choses simples et par là donne l'impression que c'est quelque chose de totalement différent. Et bien c'est un phénomène qui n'est pas cantonné au domaine appelé "marketing". Par exemple, avec notre triptyque socio-psycho-économisme on parle de "conditionnement" alors qu'on pourrait décrire cela comme un "charme", ou un "sort", ou un "envoutement". Élément de langage, certains mots ne conservent qu'une connotation folklorique quand ils ont été "remplacés" par un autre mot plus à la mode ou contemporain. Rétrospectivement, on rejette donc des phénomènes en les prenant pour ce qu'ils ne sont pas, et on croit à travers notre nouvel armada lexicale que nous avons évolué drastiquement par rapport à ce passé. Dans la même veine, on considère que nous avons une approche plus "rationnelle" et avons "progressé" parce qu'on est dans un esthétisme verbale imitant ou singeant le détachement et le scientifique. Ce qui engendre un surcroit de tension à vouloir cout que cout conserver ces apparences, ces postures. Par exemple il y a une superstition du rationnel à vouloir évacuer à tout prix tout ce qui serait du domaine de la croyance, parce qu'ironiquement on pense que si on croit à un élément on va finir par croire à toutes les hypothèses et narrations farfelues que produit le monde.
Miroir, mon beau miroir
Imaginons les cartes du tarot, si vous êtes mal à l'aise ou sceptique vis-à-vis de ça, vous pouvez changer de perspective et voir en ces supports des miroirs ou des outils d'aide. Si vous considérez que le miroir dans lequel vous vous regardez le matin est "normal" mais que le miroir sous forme d'un ensemble de cartes peintes n'est pas normal, il y a incohérence dans cette croyance. Le miroir reflète, mais ne produit rien directement, il produit peut être une modulation et une variation légère en tant qu'interaction avec la lumière et les objets et sujets alentour. Il est "normal" pour un "jeune" d'aller danser dans une "boite de nuit" (voyez l'expression mystique lol), mais si vous dansez uniquement sous la pleine lune et seul là vous êtes bizarre et vous n'êtes pas "rationnel". Absurde, hein! Si vous avez besoin de faire des trucs bizarres, ces trucs ne sont plus bizarres. On fait beaucoup de choses spontanément et on réfrène beaucoup d'actions parce que socialement on est envouté pour aller dans telle ou telle direction, s'offrir à telle croyance, etc. Finalement, on pourrait voir en tous ces systèmes "techniques", sous notre fameux triptyque moderne, un abandon complet à la magie, une surexploitation même de la magie, jusqu'à perdre de son ancrage en nous. Vous savez c'est comme quand on s'engage dans un "combat" qu'on dirait maintenant de "société" mais qu'on pourrait aussi dire un combat contre des "forces", on va trouver un concept de vertu comme par exemple la liberté, et on va marteler liberté à toutes les sauces jusqu'à ce que le mot liberté n'ait plus aucun sens.
Un peu plus loin
Pour aller un peu plus loin dans cette optique, voyez la ferveur que peut susciter une star nationale ou internationale. Je n'aime pas citer des noms mais pour des raisons de compréhension ce sera mieux. Johnny Haliday et Madonna par exemple. Des gens, à travers le monde, sans aucune concertation se regroupent, admirent ces personnes avec une énergie débordante, allant jusqu'à pleurer à être en transe, à faire des tatouages sur eux à leur effigie, à réaliser et entretenir un autel dédié. Si ce n'est pas notre cas de figure on voit ces comportements comme étant drôles et faisant un peu pitié aussi parfois, on se dit bien hauts et confortables dans notre triptyque dont psychologisme qu'ils font un report d'attention, ou je ne sais quelle hypothèse narrative. En vérité ce sont des pratiques très répandues et ancestrales. Pas de vénérer Johnny qui n'existait pas au paléolithique lol, mais de vénérer des personnes ou entités. Par exemple cette star doit au quotidien être très chiante, mais elle est devenue un personnage par la force des fans et des médias.
Auparavant on pouvait avoir des vénérations et des autels chez soi pour des divinités comme pour la fertilité, la récolte, la chasse, les arts, la famille, etc. Certains aujourd'hui reprennent délibérément ces pratiques en appelant cela "chaos magic". Ils font des autels avec ce qui les inspirent, comme une figurine de Hulk ou Dark Vador, ou Yoda, ou la princesse des neiges, à côté d'une photo du Dalaï Lama et de Pontifex, par exemple. Que ce soit des gens existants ou des personnages de fiction, tout peut être source d'inspiration et donc aussi de dévotion. Même ce qu'on prend pour juste un "hobby" comme une collection de figurines, ou de livres, ou de vêtements tient de l'autel. Sans le savoir, sans le vouloir aussi forcément, on nourrit des entités extra-individuelles au quotidien. Certains le font avec des autels, des rituels tout ça, d'autres simplement en donnant de leur attention à un sujet, en donnant des émotions, etc. Il y a donc des "entités" qui ont un effet réel tant qu'on les nourrit. Quand cela prend de grandes proportions, et devient hors de contrôle on peut appeler ça égrégore. Certaines personnes voient en la "start-up" (licorne?) guerrière d'Hitler un égrégore nourrit à la peur, à la haine d'un peuple, aux symboles, etc. Précaution
Donc, à travers tout cet article, sans doute un peu fourni, j'espère que vous avez saisi ce qu'est la spiritualité, la magie. Les religions monothéistes sont une entreprise, usine spirituelle, elles exploitent quelques percées faites jadis par des individus isolés. Et quand on nomme une chose, une entité on prend le risque de nourrir une entité autre que celle d'origine. Cela me semble possible que prier "dieu" soit aujourd'hui ne pas donner directement du "pouvoir" à dieu mais à une entité autre. En nommant et en donnant un nom, on crée une sorte de doublon qui de suite s'éloigne de l'origine. C'est quelque chose d'évident avec cet exemple : je porte le prénom Valentin, mais ce prénom, sous cette forme actuelle dérive du mot valens qui signifie courage. Mais aujourd'hui avec ce prénom je ne suis pas le courage à moi tout seul, je suis autre chose que le nom. Et ben c'est pareil avec tout. Dieu d'yeux (voir la catégorie BAM) est autre chose que ce qu'on désigne par ce nom, d'où peut être les mauvaises interprétations. Je rappelle le taoïsme : ce qu'on désigne par le tao n'est pas le tao. C'est d'une sagesse dans la précaution indispensable et indépassable.
Donc en donnant beaucoup d'énergie, de temps, d'émotion à une entité on risque de nourrir une entité toute autre. Car on pense à tort que ces phénomènes sont précis, comme un code de confidentialité sur un portable, ou une équation simple. Tu sors ça, tu obtiens ça. Non, on ne peut pas vraiment savoir où va s'accumuler ces énergies. Quand on concentre trop d'énergie dans un lieu ou une chose spécifique on prend le risque que ça se retourne rapidement contre nous, car même la notion de propriété privée qu'on a tellement bien en tête de nos jours est un sort, mais ne s'applique pas comme ça en vrai, dans la réalité. On veut être propriétaire d'une personne dans un couple par exemple, ou de ses enfants, ou de ses animaux de compagnie, mais en fait non ils ont leur propre vie et même si on les nourrit pas seulement en alimentaire mais en émotion, en attention, en paroles, en affection, ils se peut parfaitement qu'ils partent et même nous repoussent, nous accusent, bref une énergie qui se retourne contre nous, malgré nos intentions (de surface, ou on pourrait dire "automatiques"). Car encore une fois on ne sait rien et on ne maitrise pas grand chose ! Prudence donc. Bien sur, les problèmes potentiels ne se manifesteront quasiment jamais de façon aussi grotesque que dans des scénarios de fantasy, ou de contes fantastiques. Histoire de cosmologie
Alors attention, j'emploie le mot cosmologie non pour sonner un rien mystique (mysticisme est en fait un pragmatisme en recherche et développement spirituel) mais parce que c'est un mot qui renvoi à la façon dont on interprète les choses nous à notre échelle humaine. Ces derniers temps on peut parler d'anthropocentrisme comme d'un "biais" ou une insulte rigolote presque. Espèce d'anthropocentrique ! Vlan. C'est donc la cosmologie qui veut tout interpréter selon ses uniques critères. C'est par exemple, les animaux sont à quatre pattes donc inférieures aux humaines. Ils ne parlent pas le français ou le néerlandais ? Ils sont inférieurs. C'est les arbres ne bougent pas, donc ils sont pas vivants. Le radis ne pleure pas quand on l'arrache ? D'accord c'est qu'il ne souffre pas. Voyez le topo. Dans les dérives religieuses on va jusqu'à pousser l'anthropocentrisme en pensant que la pomme a été faite spécialement pour nourrir l'humain, par exemple. Alors que non la pomme est en fait la maison et le garde manger des descendants du pommier et il n'a aucunement envie d'être mangé, donc encore moins a été fait pour être mangé. Un pommier n'est pas comme la conception et la fabrication d'une chaine, c'est un individu appartenant à ce qu'on appelle grossièrement une espèce, avec sa propre vie. Donc dans la spiritualité et la magie, on peut s'abstraire de ces anthropocentrismes stupides et superficiels. On sait que l'arbre est vivant et que ce n'est pas "du chêne", mais un arbre individu spécifique et unique qui a été catalogué par ressemblance à d'autres sur des critères contemporains en "chêne". On sait que des objets et des habitations peuvent être plus que du béton et des briques.
Imprégnés
Le fonctionnement d'une photographie est une résonance lumineuse, et on peut donc savoir que les murs sont aussi imprégnés des habitants, des évènements. Ce n'est pas quelque chose de fou à dire. Vous savez il y a des pièces où on se sent bien et d'autres qui nous foutent le frisson d'emblée. Certes on pourrait trouver des explications partielles concernant des paramètres observables et identifiables et mesurables, mais le phénomène peut tout aussi bien dépasser ces narrations qui visent uniquement à dire "c'est faux" (exorcisme), et à cataloguer, évacuer définitivement. Donc, spirituellement on ne peut pas exclure si rapidement la force et l'intérêt de chaque personne, élément, sujet, objet. Il y a des objets et même des savoirs imprégnés des auteurs, de leur contexte. Le langage par exemple apporte avec lui le sort de la séparation du genre, alors que donner un sexe humain à une chaise ou à un camion c'est plutôt inintéressant comme information. Vous savez ça n'a rien de sorcier, par exemple vous pouvez sentir quand une chose a été faite sans entrain, sans y croire, sans y mettre du sien. Si on vous apporte un café avec des manières de politesse usuelle mais aucune sincérité dans l'acte vous le sentez direct. Les produits industriels par exemple sont quelque part "vides", ils nous apportent plus un décor pour le caprice de consommateur fatigué mais pas de fond, pas d'âme. Ce qui ironiquement crée une boucle négative. Bref, j'espère que vous voyez le propos. Ce n'est pas facile d'expliquer cela sans tomber dans du complotisme ou du délire.
Hérétique ! hérétique !
C'est franchement amusant, une fois qu'on voit à quel point on est dans de la magie de partout. Par exemple, on moque des personnes qui récitent des psaumes ou versets de façon frénétique dans leur coin, ou ceux qui devant un symbole spécifique sont transcendés. Mais imaginons un peu que ce qu'on appelle les mathématiques n'est rien de plus que des suites de symboles sur du papier ou des pixels, et pourtant on accorde aux mathématiques une aura de rationnel et de "normal". Et effectivement ça peut être "puissant" dans les applications "réelles" comme pour la construction de satellite, de voiture, de portable, etc. Mais quand on n'est pas sous le charme de ce symbolisme, c'est la chose la plus stérile du monde. J'en ferais un long article/dossier prochainement, mais les nombres sont des symboles qualitatifs avant d'être restreint en superficie à leur qualité quantitative. Formule mathématique, formule magique. La spiritualité c'est donc simplement voir les choses comme non acquises, non "normales". Ce qui ne veut pas dire apposer une narration et du sens en chaque chose, mais respecter le pouvoir de certains à explorer leur propre spiritualité, que ce soit avec la poursuite d'équations, d'algorithmes, ou avec des lettres, des notes de musique, des pas de danses, des rituels, etc. La spiritualité ce n'est pas de la vague superstition. Ce qui peut être de la superstition est d'accorder beaucoup trop d'importance à une chose, un acte. Par exemple, ce n'est pas en écoutant de la musique jazz qu'on va appeler le démon sur la ville où on habite, ou ce n'est pas en ne fêtant pas Noël qu'on est sataniste et qu'on est contre la "société", ou ce n'est pas en ne croyant pas au Caca 40 qu'on va porter malheur à "l'économie" du pays. Etc.
Résumé
Suggestion de film au sujet connexe
Hallo mein vriend :) Ayé ! On ouvre les festivités. Voilà quelques temps que j'en parlais. Et tindinnn ma Triméta est ouverte, comme la boite de Pan d'or (sorry). Trop la classe. Maracasses. Bon, cet article sera complété au fur et à mesure et ne sera jamais vraiment fini. Le but ici est de repérer ce qu'on appellera des schémas dans l'existence. Des schémas fondamentaux, essentiels. Car je crois que, bien qu'il y ait une infinité de nuances, une infinité de manifestations et variations, cela ne nie aucunement l'existence de schémas primordiaux. C'est une entreprise qui ne se veut ni se prétend rationnelle (au sens conventionnel actuel). Aucun dogme non plus. Si je réduis à trois éléments toute cette complexité c'est pour donner une carte simple qui peut nous permettre par exemple de nous dégager du bruit, de changer nos perceptions et donc nos comportements. Rien n'est garantie, ni automatique. Je propose, je pose, je laisse. L'avantage possible de cette TRIMETA est de se défaire un peu de la dépendance au domaine, un biais qui est juste énorme. Ah, ce serait intéressant que vous participiez-plaisir, en donnant des exemples par écrit et/ou des illustrations concrètes et/ou abstraites. Il n'y a aucune propriété sur cette métaphysique si ce n'est collective, commune. Alors n'hésitez pas à apporter vos propositions, votre patte, votre griffe, votre sel. Peace Répétition La répétition est essentielle. On la trouve partout. Celui qui souhaite jouer parfaitement un instrument de zic est en répétition constante. L'excitation sexuelle est un ensemble de gestes que l'on répète. Tous les jours on se lève, on dors, on mange, on se déplace. Marcher par exemple simplement est une répétition de mouvements. On cligne des yeux sans arrêt. La reproduction est une répétition d'un code génétique. Les exemples ne manquent pas, ils viendront se compléter avec le temps et vos contributions. Bien entendu, répétition ne veut pas dire de façon systématique copier-coller à l'identique. La répétition se fait souvent dans la variation, même infime. Avec peu de variations, la répétition d'un phénomène permet de l'identifier facilement. Par exemple si votre voisin part courir tous les matins à 5h vous identifiez bien le phénomène. De cette identification on peut en faire une accroche dans le flot chaotique d'événements. Les rituels religieux ont bien compris cela en ayant standardisé des idées, des mots, des gestes. L'écriture, mais aussi la parole sont des ensembles composés de répétitions. Sans cela, la transmission serait difficile voire impossible. La répétition ouvre ainsi à la fois une possibilité de s'ancrer (rassurant) mais aussi de se dépasser (espoir) via la variation. Association L'association est essentielle. Ce sont deux éléments qui dans certaines conditions sont distincts et qui s'associent. L'association d'un crayon et d'une feuille de papier permet l'écriture. Deux personnes forment un couple, elles s'associent pour former une entité ensemble, même provisoire. Il s'agit d'une combinaison de deux éléments au moins. L'association de deux yeux permet d'avoir une plus grande profondeur dans la vision. L'association de tous les sens permet d'avoir une impression d'ensemble de l'environnement. Par exemple, manger un vieux fromage qui ne goûte rien serait étrange car il y a une association fromage = forte odeur, fort goût. Une bonne combinaison, de deux éléments ou plus, peut produire un dépassement et aussi faire un bon socle, un bon repère. Une association est plus que la somme des éléments la composant. Toute combinaison peut potentiellement aboutir à une néo-créativité décisive. Magique :) Traduction La traduction est essentielle. Le plus évident est la traduction d'une langue à une autre, mais cela se trouve partout. Le cerveau traduit des ondes en couleurs, en sons. De même, quand on échange n'importe quoi avec n'importe qui on traduit des éléments en et avec d'autres éléments. L'échange d'une botte de carottes contre une somme de monnaie. Quand on parle aussi, même avec un langage commun, on doit toujours interpréter ce que dit l'autre, et traduire nos pensées en mots et concepts compréhensibles. Il y a beaucoup d'éléments qui n'ont pas de pont pour notre compréhension. La traduction c'est aussi passer d'un état limité à une transcendance. On passe à travers les différences premières. Beaucoup de choses qui sont dites et faites sont mal interprétées. Par exemple, une personne peut exprimer une belle vérité mais avoir des mots que nous comprenons de travers parce que ça ne correspond pas à nos habitudes et nos attentes. Pour traduire, il faut dépasser son référentiel de base. Peut être que ce qu'exprime un religieux passéiste n'est pas opposé à la science mais ne correspond tout simplement pas au même code d'échange (pas les même outils ni mêmes définitions). Ainsi pleins de vérités ont déjà été mise à jour, mais dans des domaines spécifiques, qui n'ont pas été traduite dans les autres domaines. Peut être que le danseur untel a trouvé un geste montrant une vérité exceptionnelle mais ce qu'il fait est prédéterminé à être rangé dans l'art. Il ne se traduit donc pas dans des percées scientifiques ou sociales par exemple. D'où la nécessité de dépasser nos catégories mentales. On pense d'ailleurs que l'inspiration est magique mais c'est peut être tout simplement qu'une pomme tombée sur l'herbe exprime une vérité sur nous-mêmes ou une percée scientifique. On trouve cela magique mais il s'agit juste d'une traduction d'une manifestation à une autre. Du fait que nous compartimentons beaucoup ou tout, on oublie que deux personnes parlant deux langages différents peuvent arriver à se comprendre. Dire que la peinture ne peut rien apporter à la science et inversement c'est comme de dire que le Coréen ne pourra jamais comprendre une personne d'une autre langue. C'est absurde, mais c'est pourtant - d'une forte déception - ce que nous nous figurons d'ordinaire. Qu'en retenir ? Hmm.... tellement ! Aller, par exemple, le phénomène de star est le même phénomène que le totalitarisme, malgré qu'on sépare ces deux d'ordinaire. La masturbation peut ne pas qu’être sexuelle, elle peut être sociale comme lorsqu'on se fait voir et applaudir à la télé ou sur snapchat, quand on retrouve des situations valorisantes régulièrement, quand on réfléchit sur un même sujet, etc. Ce sont des répétitions, avec bcp ou peu de variations, qui peuvent ou non aboutir à un certain dépassement, à se traduire par un plaisir, un renouveau, un changement, une création, une récréation, etc. exclusions automatiques injustifiées Par exemple aussi, l'universitaire qui explique une chose avec beaucoup de mots compliqués pendant 800 pages peut finalement ne rien apporter de plus sur le fond que le poivrot du coin après 3 litres de jus de houblon. Mais ce que dit ce poivrot est dans un contexte que l'on ne valorise pas. Ainsi, même si il dit des choses vraies, profondes, rien ne sera pris au sérieux. Tandis que l'universitaire nous en a foutu plein la gueule avec des milliards de mots, dans un contexte valorisé socialement, institutionnel, que l'on prend pour sérieux systématiquement. Bien entendu, ce n'est pas dire que tous les poivrots sont des philosophes de génie (ouf!), mais qu'on exclu des percées et des personnes sur des critères plutôt superficiels. Peut être est-ce plutôt nous qui ne savons guère traduire et interpréter certaines manifestations. Parfois on utilise mal des outils de communication ou ne savons tout bêtement pas nous en servir, alors que nous avons cette idée, ce concept en tête, aucun moyen de le sortir facilement avec les conventions et les attentes de chacun. Nous pouvons être plus attentifs à chaque chose et non exclure systématiquement quantité de propos et gestes et créations et paroles et personnes. Bien sûr, tout ne nous intéresse pas à chaque instant. Si on me parle de modèles de camion, alors que je suis dans l'étude des fleurs, je risque de ne pas être attentif, ni sensible aux propos. Mais la passion qu'il y a derrière peut m'inspirer et se traduire par de nouvelles associations d'idées et de perceptions qui m'aideront dans mes études du moment, ou plus tard. Et d'abord, pourquoi les camions ne m’intéressent pas ? (ah ah) Inconscient = traduction transcatégories L'inconscient, ça parait abstrait, mais en fait une grande part de ce qu'on désigne à travers le mot-concept "inconscient" est simplement un ensemble de traductions qui échappe à et dépasse nos catégories mentales. On est souvent trop centré sur notre petite culture humaine à penser qu'une peinture n'est qu'esthétique et ne peut pas se traduire par une équation mathématique ou une technique sportive, ou une nouvelle préparation de cuisine. Mais le réel n'a rien à faire de nos séparations arbitraires. Des suites de chiffres ou des couches de pigments, on peut passer de l'un à l'autre. L'esprit, lui, sait qu'il n'y a pas de grande différence. Par là je rejoints un peu S.Freud qui voyait dans tous nos comportements des pulsions sexuelles. Quand on astique un évier on peut y voir une pulsion sexuelle, par allégorie, par métaphore. Et peut être est-ce vraiment le cas. Cependant, tout rapporter au sexe dans sa définition humaine corporelle est limité. Soit on élargit le sexe à tout et alors le sexe relationnel n'a plus rien de spécifique et d'unique. Soit on y voit quantité de choses profondes différentes des simples pulsions sexuelles. On peut nettoyer un évier juste parce qu'il est sale ou qu'on nous l'a demandé, ou que c'est le moment programmé, ou qu'on a rien d'autre à faire, ou qu'on va recevoir quelqu'un chez nous. Bref, il peut y avoir mille explications et pas uniquement tout centralisé au rapport sexuel purement humain. L'inconscient n'est pas que peuplé de désirs de Q. A ce moment là, le chercheur cherche à pénétrer la vérité, à accoucher d'un mémoire. Le commercial chercherait alors à nous foutre un objet, un meuble, chez nous alors qu'on n'en avait pas besoin, et qu'on a rien demandé. Bref, vous voyez, la métaphore est intéressante et reflète une part de vérité mais n'est pas suffisante, évidemment. Tout communique, par delà nos perceptions Comme je l'amorce dans certains articles ici, et également dans mon livre Réflexe Virtuel, tout est rapport au langage, c.a.d. comment on communique, mais globalement comment TOUT communique. Car on a longtemps pensé par exemple que les êtres rangés dans la catégorie "végétale" étaient quasiment pas vivants, donc encore moins capables d'échanger. Or, nous voyons aujourd'hui que ces êtres sont bel et bien vivants, en plus très sensibles et par dessus communiquent sans arrêt. Seulement voilà, nous ne sommes pas équipés avec nos sens et notre esprit pour saisir facilement l'existence de ces échanges et encore moins les comprendre et encore encore moins les ressentir. Ne pas savoir voir la répétition, l'association, et surtout la traduction c'est exclure et donc dans l'exclusion on entretien un déterminisme. Situation fausse donc, mais qui donne l'impression d'être au pouvoir à quelques uns. Bien entendu, il y a des limites, par exemple je n'exclue pas délibérément les personnes qui parlent néerlandais, mais je ne connais pas la langue, et je peux donc plus facilement traiter avec des gens dont je connais la langue, le français notamment. Mais peut être que je pourrais communiquer par le corps, par de l'art, par une danse, par de la musique. Ce qui ne serait pas dépasser les mots, mais plutôt décomposer l'unité langagière en ses divers composantes, une sorte de musculation composée de gestes travaillés en isolation un à un. Cependant si on veut des percées sociales, spirituelles, artistiques, scientifiques, etc, on ne peut pas contourner cette nécessité de traduire, de faire des ponts par des associations divers (analogie, métaphore) et des répétitions dans la variation. traduction et désacralisation Bien entendu, la traduction implique une désacralisation de l'état d'origine. Certains ne veulent et même interdisent la traduction. Le raisonnement qui tient ici : si une chose s'est manifestée dans tel état c'est que cela a une raison, un sens. Et qu'il faut donc respecter et conserver cet ensemble tel quel. Toute modification serait un sacrilège, une érosion, une atteinte à l'intégrité et à la richesse, la valeur de cet ensemble. Mais ce n'est pas en tenant à ce raisonnement qu'on aurait pu avoir une évolution, ni même tenir un échange en mot ici. Si on voit une peau de bête que l'on a tué comme ensemble intègre en ce lieu, alors on ne l'aurait jamais transformé en vêtement. Pareil pour les fibres de chanvres, pareil pour tous nos fruits et légumes. On a tout changé, c'est à dire traduit, par associations et répétitions des choses apparues spontanément en choses utilisables, valorisables et valorisées. Ce raisonnement est bancal, car il justifierait de rester malade parce que cela est spontané et doit donc avoir un sens. Si une personne est tombée sévèrement, ce serait que cela devait arriver et qu'il ne faut pas l'aider à se relever, ni tenter de la soigner. Pesons l'absurde de tel propos. Méthodologie scientifique Oui, on a vaguement évoqué la religion, à travers ma triméta. Mais n'oblitérons guère la science dans ce fatras. La science a besoin de répétition pour identifier et isoler un phénomène, sans cela rien ne peut être étudié sous la coupe de sa méthode. Ensuite, cela doit être analysé, qui dit analyse dit analogies, donc associations diverses. Ensuite, tout cela - ces observations - doit être traduit en un langage relativement clair, avec des schémas clairs, des process clairs. Pour que ce soit clair, il faut des standards, et sur quoi se fondent les standards ? La répétition. Un standard de forme permet d'identifier rapidement une signification, et donc de transmettre le nécessaire. Ainsi la science est un processus qui observe en boucle des répétitions, pour ensuite répéter des associations et les traduire pour qu'on puisse répéter tout le processus, ailleurs, ensuite. Au final, même chose Combien il y a des choses, comportements, évènements que l'on pense différents mais qui en réalité sont vraiment similaires. Par exemple, un objectif d'avoir un salaire à la fin du moi n'est pas différent de l'os du chien qu'on lance, qu'il court, ramasse et vient rapporter. L'échelle de temps est différent, mais c'est au fond la même chose. Pareil, on distingue être payé pour son corps d'être payé pour son cerveau, mais c'est la même chose. La prostitution physique ou cérébrale n'est pas différente l'une de l'autre, seulement dans nos têtes où l'on glorifie l'une et honnie l'autre, de façon totalement arbitraire et illogique. Pareil pour la xénophobie ou le sexisme qui ne sont que des manifestations d'une même chose, les limites de notre attention et de nos pattern recognition. Le rejet de l'autre est une manifestation de nos limites, pas d'une responsabilité uniquement individuelle. Quand tu rejettes quelqu'un parce qu'il s'habille "mal" c'est la même chose. Tu ne peux pas partager les mêmes codes alors tu rejettes, c'est pour faire des économies d'attention et de réflexion. Rien de forcément délibéré, et surtout rien à revendiquer (ça c'est l'histoire qu'on se raconte après coup). Ce sont juste des limites inhérentes à notre vieux fonctionnement ancestral. Et celui qui se targue de ne pas être xénophobe ne fait que reporter ces limites sur d'autres critères superficiels, par exemple. Ce n'est pas à l'encontre de, mais plutôt un réflexe de "préservation". Apprendre On va en des mêmes lieux régulièrement : école, lycée, université, bibliothèque, musée, etc. On y va souvent, on répète tous ces petits déplacements. Sur place, on écoute sur des unités de temps standards, on prend des notes qui se succèdent sur le papier ou l'écran. On traduit des paroles en écrits, des écrits en d'autres écrits, on fait des associations de lieux et d'études particulières, peut être des codes couleurs pour chaque fiche que l'on rédige dans la ré-vision. Tu rends une copie, et on traduit ta production en chiffre sur une échelle donnée. Ce chiffre est censé traduire ta capacité à apprendre et comprendre, d'adaptation aux règles de l'institution. Pour apprendre tu dois souvent répéter, lire plusieurs fois les mêmes passages, tu dois aussi utiliser des moyens de mémoriser ces savoirs probablement en utilisant le pouvoir des associations, un élément familier associé à l'élément voulu permet de traduire ton environnement mental courant en l'environnement mental voulu. Tu peux alors répéter ce qu'on te demande de répéter. Un jeu de cache cache qui équivaut au jeu coucoubeuh des enfants. Si je cache quelque chose saura tu le retrouver ? Religion La religion est un phénomène formidable pour illustrer cette triméta. Par exemple il y a souvent le rejet de croyances… pour en amener une autre. Le sacré n’est qu’un déplacement de l’objet de notre respect absolu. Si beaucoup de religions ont un problème avec le sexe c’est que ce qu’elles proposent est une sexualité spirituelle. La dévotion est une prostitution. Pour se faire accepter, cette dévotion doit changer de nom et rejeter fortement la prostitution. On se forme une identité dans le rejet souvent. De même, la croyance est là où on s’investit. Dès que je suis présent quelque part, je crois, c’est l’essence de croyance la plus fondamentale. D’ailleurs les religions ont beau mis l’abstraction reine, elles organisent des rendez-vous dans des lieux spécifiques avec des gestes spécifiques. Si les religions sont des usines spirituelles, je préfère le DIY. Bref, elles ne peuvent pas se passer d’orchestrer cet esclavagisme spirituel dans l’espace. La prière est une tentative de séduction d’une abstraction ; les rituels, des parades amoureuses, comme le paon fait la roue. La récitation est comme ce va et vient de toute stimulation sensuelle, sexuelle. Dieu a la même vénération que la prostituée qui peut donner autant de plaisir. La religion accuse d’idolâtrie les pratiques divergentes, tout en idolâtrant un livre et des personnes abstraites, mortes, éloignées, inconnues, et des lieux, et des objets/symboles divers. Remarquons le comique de cette hypocrisie. Mais c’est le cas de beaucoup de nos comportements. Ah certains ne veulent pas la traduction d’un texte, pour soi-disant garder la pureté de celui-ci. Mais ils ne veulent pas d’association libre non plus. Le contrôle des uns sur les autres par la répétition voilà tout ce qu’ils cherchent. Ils veulent bien te convertir (traduire) dans leur dogme, et te marier (associer) dans leur dogme. A sens unique. La pureté C’est un concept qu’on voit dans pas mal de contextes différents. Comme dit juste avant, les religieux prétendent à la pureté de leur dogme. Les scientifiques aussi de leur méthode. Les individus aussi de leur morale qui serait forcément supérieure et plus pure que celle des autres. Évidemment, le sexe aussi, avec la pureté de l’enfance, surtout féminine. De même, la peur de l’anal peut être chez des dits hommes hétéros qui reviendrait dans leur tête à briser leur pureté hétéro. Il y a des éléments qu’on ne peut guère faire passer d’un contexte à l’autre sans briser une unité de passage importante car c’est sur elle qu’on a construit notre identité. Ainsi, là par exemple j’écris des analogies sexuelles et par là peut être réduit le plaisir de certains qui pensaient que le sexe est justement ne pas penser, et échappe à la pensée. Chacun donc exclu certaines possibilités de traduction, parfois parce que c’est nécessaire pour conserver une pseudo intégrité, souvent par pure peur et superstition. Certains disent la musique par exemple ça se pense pas ça se sent. Mais c’est quoi la différence ah ah ? Ironiquement, c’est surpensé de dire ça. Il s’agit juste de perspectives différentes, chacune relative à sa propre subjectivité. On ne peut pas être partout, tout le temps, notre existence obéit à des règles sur plusieurs niveaux. C’est ces rigidités (cf. Réflexe Virtuel) qui font ce que nous sommes, qui peut être sont la source même de notre vie. Donc, dès que nous faisons quelque chose nous excluons temporairement le reste, ce n’est pas intentionnel, c’est systémique va-t-on dire. Pas la peine de juger cela en terme de bien ou mal, lol. La pureté donc est une intégrité temporaire. Peut être que cette fixation permet une base à partir de laquelle nouer des associations et entretenir des répétitions, jusqu’à l’inévitable traduction. Mort On s’explique la mort par une conversion dans un au-delà souvent. La science l’explique par un intra-ici. Notre corps organique serait traduit par un tas de poussière à la fin. Notre âme ou esprit serait traduit par un retour charnel ou une évolution/élévation sous d’autres formats d’existence. Donc, je ne saurais statuer sur ce que c’est exactement et définitivement là au moment où j’écris ces lignes. Ce n’est pas un exercice que je souhaite ici pour l’heure. Par contre, on peut vouloir éviter la mort, car la mort c’est la fin des interactions sous une forme à peu près stable. C’est donc l’intégrité comme il était question au dessus. C’est quelque chose de dit vital. Chacun a ses habitudes, ses préférences, et les retirer toutes, ou du moins les faire migrer trop brutalement sous d’autres formes d’expression peut signer une perdition temporaire ou quasi définitive. Si la musique, qui se pensait spéciale et « à part » parce que juste des successions de basses sans « message », peut demain être traduit en mots, ou en peinture, peut être que l’auteur de la musique et des fans de cette musique vont se sentir moins spéciaux car ils considéraient leur média comme leur prés-carré, bien distinct des autres. Traduire peut donc sonner la perte de la spécificité, aussi une hybridation qu’on ne maitrise pas/plus comme lorsque certains parents pensent leurs enfants en terme d’extension d’eux-mêmes et se trouvent déconfits devant leur impuissance tôt ou tard. De même, l’artiste qui fait son œuvre se traduit en partie pour ensuite s’en séparer. Plus tard, si il est reconnu comme « artiste », on l’associera avec ces œuvres alors qu’il n’est plus celui qui a produit ces œuvres, ni ces œuvres. Vous voyez qu’on peut tourner en rond, avec ces concepts, mais c’est justement cela qui permet de dire que c’est proche de la « réalité », que ce n’est pas linéaire, que beaucoup de choses s’auto-engendrent, s’hybrident en permanence. Accumulation Le capitalisme. Quand on invoque le capitalisme, illico on imagine seulement la monnaie et sa manifestation en finance excessive, en concentration, en monopole. Mais, une personne "érudite" est aussi en situation d'excès de concentration. Jamais elle ne pourra "dépenser" tous ces savoirs, car le but n'est pas la possession mais l'usage, les possibilités. Or avec la concentration vient la peur de perdre cette concentration. Il en est de même avec la pratique de la méditation que j'avais critiqué sur ce blog aussi. La méditation c'est concentrer son attention. Pareil pour les villes que je critique aussi allégrement, tant elles sont des concentrations épouvantables. Dans la nature aussi on trouve des formes de capitalisme, c'est à dire des accumulations localisées et donc mal réparties. Ce n'est pas dire un bête "c'est mal", mais qu'il y a des niveaux et échelles qui peuvent devenir très problématiques, en concentration. Légitimité de la triméta Je pars du constat, à force de chasser jusqu’à l’obsession les idées, que les productions idéelles sont trop complexifiées sur une base habituelle. Ce n’est pas dire que tout est simple, mais que selon une base commune humaine, on ne peut appréhender trop de complexité en même temps, et ce qu’on ne peut appréhender peut juste nous encombrer, sans rien nous amener, au contraire nous emporter. Pour faire des ponts entre humains et domaines on doit nécessairement réduire ou plutôt revenir sur du simple. Alors trois éléments, concepts, schémas c’est super facile. Le but est de pointer du doigt que beaucoup de choses sont au fond très simples, mais que naturellement nous complexifions, parfois avec raison, par pratique, mais souvent que par convention vaine, par souci d’exclure, de rendre opaque, de garder son autorité dans telle ou telle domaine. On a apriori besoin d’élaborer des narrations, des complexes. Mais il est un degré où cela est juste du vent, des clôtures invisibles permettant de mettre l’autre à distance et de rester entre-soi. Au plus on pose des concepts compliqués au plus on va passer de temps à essayer de les assembler sans que ce soit nécessairement possible ni souhaitable, et qu’en souhaitant communiquer ou vaniteusement « vulgariser » on ne fait au final que dénuder ces vêtements pleins de fantaisies, et détricoter les boules de complexes qu’on a passé du temps à créer. Au final, on fait des pâtés de sables super moches en faisant beaucoup de gestes invocatoires en ayant l’impression d’avoir tout compris de la construction. Toi tu lances des volumes de sables que tu travailles et déposes de telle et telle façon que tu imagines raffinée, avec l’impression d’avoir vraiment apporté quelque chose au monde. Mais ça ressemble en fait juste à une petite dune difforme. Donc lorsqu’il y a un problème de communication entre deux domaines, deux approches, deux individus, il peut être intéressant de revenir à la base commune des 3 schémas fondamentaux de la Triméta : Répétition, Association, Traduction. La Triméta a donc pour potentiel de détruire beaucoup d’autorité sociale injustifiée, illégitime, de permettre toujours plus de communication entre divergences et narrations et méthodologies différentes. Parce que derrière les vêtements conceptuels le fond reste la nudité existentielle de chaque et de tous absolument tous les individus. Autres articles
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