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écologie, en schématique

4/5/2020

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Parler d'écologie, à force on est lassé rien qu'à lire le mot. Mon propos ici n'est pas de pondre une réflexion politique, idéologique ou intellectuelle, choisissez les dénominatifs. Mon but est plutôt de dégager disons des axes. Et bien sûr, d'ordre pratique. Cela est issu d'un mélange d'observation, d'expérimentation et de lecture/écoute.
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Couvert

Un des plus grands principes est le couvert. Il faut offrir un couvert, et ce à plusieurs niveaux. Quand on regarde dans la nature, à grande échelle par exemple, on voit que le relief, la montagne, agit sur le climat local et peut créer ainsi des conditions favorables à certaines espèces. La vallée, une enclave, une barrière naturelle. Le couvert est une protection. Et on peut le retrouver à plusieurs niveaux. Par exemple, en ville, on sait que la présence d'arbre régulière abaisse significativement la température locale. L'arbre fournit un couvert, tout simplement. En été, cela devient indispensable ces dernières années. On le voit depuis longtemps dans des zones plus chaudes, en Méditerranée notamment, où l'on fait des abris extérieurs où une vigne courre dessus, ou des glycines aussi. Cela se trouve aussi en ville, dans des rues piétonnes prévoyantes qui ont planté des arbres ou lianes qui offrent un couvert à la belle saison. Ce même principe, en beaucoup plus radical, donne la serre, la petite serre jusqu'à la géante pouvant abriter des arbres. Évidemment, on a en tête cette expérience où des arbres trop protégés dans une serre bien isolée on finit par dépérir, par manque de stress justement. De quoi nous rappeler, qu'un couvert est une protection partielle, pas totale.

Donc, le relief est un atout majeur. ou du moins peut l'être. Il y a le relief "naturel" ou spontané, et celui que l'on peut fabriquer. L'ancienne pratique de la haie, voire aussi d'une rangée d'arbre, permet de casser le vent, mais aussi de faire une petite barrière contre l'évaporation trop rapide. Un simple mur agit aussi comme couvert partiel, ce qu'on voit avec les jardins de particulier, mais qui était aussi utilisé pour la culture, dont de fruitiers. Tout couvert agit comme protection et donc comme rétention au moins partiel. Il s'agit de conserver une richesse en ultra local. En fonction des installations, et des gestions, cela peut augmenter l'humidité, augmenter la chaleur, baisser la chaleur, protéger contre l'humidité, etc. On remarque facilement que spontanément la "nature" crée des anfractuosités, à grande mais aussi à petite échelle. Et c'est cela qui agit comme couvert parfois. Par exemple, l'herbe de prairie a tendance notamment par le stress important provoqué par les animaux qui l'arrachent, à former des touffes qui gondolent à terme le terrain qu'on avait plat au début. Il faut se rappeler que la terre n'était pas si plate avant notre intervention pour tout aplanir partout.

Rappelons les pratiques, en plus des haies et des futaies, des ravins et des talus. Ils 'agit encore de créer des couverts, par le relief, de manière artificielle. Autant d'astuces qui cré aussi ce qu'on appelle des écotones, c'est à dire des zones de changement ou d'échange entre des milieux différents, et qui en générale favorise ce qu'on appelle à la louche la biodiversité. Enfin, le dernier couvert concerne le sol même. Les herbes offrent un couvert, qui limite voire inverse le lessivage des sols, mais il y a aussi les paillis. De façon spontanée en forêt il y a une litière composée des feuilles. De manière artificielle, on peut aussi utiliser de la paille, et généralement du paillis (paillette de lin, écorce de bois, plaquettes de bois, sciure, etc.). Rétention humidité, et stabilisation de la température du sol, et donc des "nutriments" et des qualités structurelles et chimiques. Pour revenir sur le couvert de type vertical, on a tous déjà constaté qu'un piquet tend à accumuler plus d'humidité et de plantes, voire d'insectes et d'oiseaux que là où il n'y en a pas. Palissades, murs, clôtures. Ce principe générale de couvert cherche à limiter les trop grosses variations, les trop gros flux. C'est par exemple valable aussi en mer, ou dans des milieux aquatiques plus généralement. Un exemple spécifique est la mangrove, des zones boisées aquatiques qui absorbent les ondes des vagues pour le rivage, du moins en partie. Le couvert fait office de tampon partiel. Des grandes zones d'algues peuvent aussi limiter l'érosion par les vagues. Il existe aussi des astuces artificielles pour cela.
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Structure

Maintenant, un autre principe important est la densité, ou structure. On a tous déjà vu des sols tassés. Cela pousse vers les extrêmes. Sécheresse et inondation. Un sol qui n'a plus de structure, qui est écrasé ne permettra pas de plantes de faire des racines, et encore moins des racines solides et profondes. Quand il pleut l'eau stagne en surface. Quand il fait sécheresse, elle se transforme en béton et en poussière. En gros, le sol devient stérile, ou presque. Mais ce principe peut aussi se retrouver dans une forêt devenue trop dense par exemple, où l'accès est impossible et qui favorise les incendies au final. On a longtemps pratiqué le labour systématique, et ça se pratique encore beaucoup. Bien que le piétinement des bovins pour la charrue n'ait pas la même action que le roulement des tracteurs. Mais ce labour, si il est clair que cela ameubli la terre, et que par là on peut mélanger avec des apports divers, dont du fumier, conduit aussi au lessivage des sols à terme. Aujourd'hui, cette pratique tend à s'estomper. On a aussi, à petite échelle, des astuces pour ameublir la terre sans la retourner totalement, on parle de grelinette ou "bio-fourches". Dans l'entretient de la pelouse, dans les stades, mais aussi chez les particuliers et sur les parcours de golfe, on voit pas mal d'astuces pour éviter que le sol se compacte. la scarification qui est ponctuelle, l'aération par clous, l'association d'herbe biologique à de l'herbe synthétique notamment pour aider les racines à un meilleur ancrage et mieux résister aux chocs.
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couleurs

Parlons de couleurs. Il y a La lumière comprend tout le spectre lumineux, mais les plantes semblent n'en absorber qu'une partie en majorité. Ainsi, à lire notamment ceux qui font pousser à l'intérieur des plantes, dont les fameuses plantes de canna, l'utilisation de lumière bleu et rouge notamment, en des proportions maitrisées, peut aider la pousse et le développement des végétaux que l'on cultive. Ils utilisent aussi parfois des surfaces réfléchissantes, allant du simple miroir domestique aux matériaux de l'aérospatial. Vous pouvez facilement faire des recherches sur ces deux points lumineux et trouver des éléments pertinents rapidement. Évidemment, si on le relie au premier point de cet article, c'est-à-dire le couvert, on se rend compte que le couvert peut aussi limiter la lumière. Une rangée d'arbre fournit une protection partielle contre le vent, mais aussi pas mal d'ombre. D'où le recours plus souvent aux haies, et le recours aussi parfois à... aucune haie, pour disposer du maximum d'ensoleillement. On peut donc imaginer des installations, même extérieures jouant sur ces propriétés. Des surfaces réfléchissantes, des surfaces peintes en bleu et rouge, etc.
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Biomasse

Cette partie rejoint un peu l'idée que j'avais développé dans un article précédent : la célérité. Il existe des plantes qui poussent vite et produisent beaucoup. Certaines sont encore fort utilisées dans l'élevage, avec la luzerne, ou différents types de trèfles, par exemple. On utilise aussi le miscanthus, sorte de grand roseau de Chine qui produit beaucoup de biomasse. Le lierre peut produire aussi beaucoup de biomasse, mais il est toxique pour l'élevage et on ne sait pas l'utiliser autrement qu'en ornement. On peut trouver d'autres espèces, dont des espèces d'arbres, qui produisent beaucoup de biomasse. Cette biomasse a, vivante, un intérêt certain, mais aussi cueillie. Alimentaire parfois, mais aussi industriel. Dans la culture, on peut utiliser cette biomasse pour nourrir des animaux, faire un paillis contre l'évaporation et les adventices, protéger les sols, la vie du sol, nourrir le sol.
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Voilà les quatre grands principes que j'ai dégagé ici. Bien sûr, on pourrait parler du pH, très important par ailleurs, faut-il le préciser. Mais je souhaitais ici rester très basique, pour qu'on puisse appliquer assez facilement des idées dérivées de ces principes. Par exemple, habitant la côte, je vois l'érosion arriver très vite - si je la vois c'est que c'est très rapide - et ça m'inquiète vachement. Il est évident que le problème se situe en amont dans les fleuves, et l'utilisation pour le béton notamment. Il existe probablement des moyens de freiner efficacement ce phénomène. On a développé des astuces de couvert aérien via des ganivelles, des plantations d'oyats, des sapins de Noël entassés, pour la rétention du sable. On a aussi tenté des couloirs de troncs d'arbres entre la mer et le bord de mer sableux, des brises-lames qui comme leur nom l'indique devaient briser les vagues. Mais je songeais aux cultures d'huitres et de moules, d'algue aussi parfois. Autant d'éléments sous-marins qui cassent une partie des vagues de fond. Surtout quand ce n'est pas juste une rangée parallèle à la côte mais plusieurs dizaines de rangées. Avec des gabions remplis de pierres sur des troncs d'arbres enfoncés dans le sable, par exemple.

Bien évidemment, toute installation, dont extérieure, peut être l'objet de vol et dégradations. Tiens, pendant que j'y pense, des toiles paravent rouge pour certaines cultures, par exemple. Bref, avec ces quatre principes, il y a beaucoup de combinaisons ou d'expériences possibles à réaliser.
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Toile et gabions (des types de couvert vertical)
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Gazon semi-synthétique (mélange donc de matériel et de culture)
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Rizière en étages
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Pelouse

14/2/2020

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La pelouse. Ce petit tapis de poils verts qui courent. On le pense éternel, et pourtant il apparait très récent. Depuis l'agriculture, chaque terrain servait avant tout au productif, au comestible. Mais l'ornemental a fait sa part belle aujourd'hui. Jusqu'à l'association totale jardin = pelouse. Même les parcs publics se doivent de mettre à disposition des grands espaces enherbés. C'est obligatoire. On n'a pas idée de faire autrement. La pelouse est probablement apparue via le pâturage, où les animaux mangaient l'herbe à ras, la rendant relativement homogène en hauteur. Au début, il s'agissait donc probablement de plusieurs types de plantes et pas seulement une espèce de graminée. Néanmoins, il fallait que ce soit ornemental et donc pas de caca, pas d'animaux. Il fallait donc le travail d'hommes, à la faucille. Puis on a inventé des mécaniques permettant d'augmenter le rendement du travail et diminuer la quantité d'humain nécessaire à l'entretien de ces espaces. Puis on a motorisé ces mécaniques, et là, encore une fois, diminution de la quantité de travail. La mécanique et ensuite la motorisation ont donc remplacé les animaux. Les animaux qui fertilisaient les sols ont été remplacés par des engrais aussi. Et aujourd'hui, on veut remplacer les pelouses vivantes par des pelouses en plastique. Parce que la pelouse demande trop de travail a priori. Et l'artificiel est plus homogène à l’œil. On est donc passé d'une imitation de pâture à une imitation de l'imitation de pâture.

A l'heure de la propagande écologique délurée, on promeut par la pelouse la monoculture. Quand on pense aussi que tous ces propriétaires de jardins utilisent des engrais pour utiliser des machines pour jeter les tontes en prenant la voiture pour racheter de l'engrais. Donc, on trouve l'idée de mettre du plastique, comme les sapins en plastique aussi à Noël.  Frappés par le génie nous sommes. Infuser du plastique pendant des années. Plastique qui sera jeté et certainement pas recyclé. A l'heure de l'artificialisation grandissante des sols, saluons cet éclair. Interroger la source est impensable. Une pelouse est devenue une moquette d'intérieur. Puis la moquette d'intérieur a disparu pour devenir une moquette extérieure.

Cet exemple est assez significatif, ou représentatif, de tellement de phénomènes et tendances. Mais nous pouvons souligner que nous allons vers de plus en plus d'artificiel. Sur les côtes du Pays-Bas tous les jours des bateaux ré-ensablent le rivage depuis des années. Et chez moi, tous les jours des camions déplacent des tas de sables. Des processus naturels sont remplacés par des processus mécaniques. On crée des îles artificiels, des côtes artificiels, des jardins artificiels. Le monde se mécanise, la nature se mécanise. En attendant, interdisons les pelouses synthétiques, qui deviennent une vraie mode a priori, et aussi une vraie aberration.
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La terre, Gaïa gaga

9/8/2019

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Manger le territoire

 Oui, si il y avait moins d'humains, il est possible que nous ayons alors plus de place pour chacun. Cette situation est hypothétique, imaginaire. Qui pour décider qui devrait mourir ou se stériliser afin d'obéir à cette hypothèse fantastique ? En mode grand méchant diabolique qui veut conquérir/anéantir le monde. Ce qu'il faut comprendre est que nous ne sommes pas limités à notre corps, nous avons besoin d'habitation, habitations qui prennent du sol et des ressources pour faire et entretenir, nous avons besoin de nous déplacer ce qui nécessite des ressources aussi, nous avons besoin de manger ce qui équivaut à manger du territoire. On dit saveurs du terroir, mais ce n'est pas que "du" terroir, c'est le terroir lui-même. Et la base du terroir est le sol. Le sol, c'est-à-dire différents traits physico-chimiques spécifiques ainsi que la vie microbienne. Car la vie est statistiquement et historiquement microbienne (cf Lynn Margulis). Ce que je veux faire passer par cet article est l'idée de DYNAMIQUE, et qu'il faut dépasser cette vision extrêmement réductionniste de type mécanique comptable de l'environnement. On a vu une poussée fiévreuse de prise de conscience que l'animal puisse être un être vivant à part entière. Mais c'est le cas de tout le vivant, les plantes aussi donc, celles que l'on cultive pour l'esthétique (jardin, jardinières, fleuristes), mais celles aussi que l'on mange (agriculture, potager). Cela est encore la partie la plus visible pour nous, mais tout le vivant, chaque forme du vivant a sa propre raison d'être, sa propre volonté, sa propre spécificité. On parle d'éthique animale, mais c'est de "l'éthique" du vivant globalement dont on devrait parler. Je sais bien que c'est plus facile de faire attention et même de comprendre ce qui nous ressemble le plus, en priorité, mais ce n'est pas honnête.

Le zapping de l'urgence

Aujourd'hui, on est dans une fétichisation de Gaïa, mantra "sauver la planète" sans s'avouer qu'on veut se sauver surtout soi souvent, tout en étant en simultané totalement misanthrope (manger, se déplacer et transmettre la vie sont presque des crimes). On ne peut absolument rien dire contre cet écolog-ISME. Car comme on ne peut pas dire être pour la souffrance animale, on ne peut pas dire être pour la pollution, pour la destruction d'écosystèmes. Ce qui nous met dans une posture figée, idéale pour les non-sens et la propagande. On invoque la planète, la biodiversité, l'écologie, les ours polaires, les cochons, les coquelicots, etc. On confond un peu tout, aisément, qu'importe. Sentiment d'urgence. Sentiment, que dis-je, réflexe d'urgence, on n'est pas dans le sentiment, on est dans la panique. L'urgence qui zappe tout fondement. Par exemple, est-ce que la biodiversité est à encourager quand elle nous est grande menace, comme un virus mortel, ou un parasite violent. Oui, le sida c'est la biodiversité, la peste porcine aussi, ainsi que le mildiou. Nous avons un besoin urgent de nous poser, même si il y a urgence, il faut poser plutôt que de choisir des "options" qui empireraient l'état en voulant l'améliorer. Ici, évidemment je n'apporte aucune "solution", je ne peux que proposer un mélange de mes observations personnelles via la nature et les expériences directes au jardin, ainsi que mes lectures et mes réflexions. J'estime que l'écologie est aussi l'écologie mentale, ou culturelle, et que donc j'ai par là aussi ma participation à affirmer, bien qu'insignifiante dans l'ensemble.

clés du sol

On semble de plus en plus d'accord, un peu partout, que le sol est le plus important (en gros) de notre monde. C'est sur lui que repose toute agriculture. Et sans agriculture, l'humain a pu vivre des millénaires, mais il ne le peut plus dorénavant. L'agriculture semble avoir été un point pivot, surtout un point de non-retour. C'est d'ailleurs pour éviter de reformer un nouveau point de non-retour qu'il convient d'être suspicieux envers les entreprises qui fabriquent et vendent des phytosanitaires et des OGMs. Pas pour dire qu'en eux-mêmes ces choses sont mauvaises, ça c'est une autre question, presque secondaire (enfin, pas tant que ça). Mais pour dire que l'utilisation généralisée, uniforme, systématique de ces nouvelles méthodes/produits change tout le système. Ce n'est plus de l'agriculture, ça devient autre chose, de plus technique, à une autre échelle. La souveraineté en prend un coup. Ce qui en soi est un changement d'environnement de type social, économique, politique, culturel, et même spirituel si on veut. Il est intéressant de prendre en compte un nombre très large de critères/niveaux/plans et pas seulement axer sur un critère principal. Car on paye d'une façon ou d'une autre. Exemple des plateformes qui proposent des services gratuits en monnaie mais qui nous font payer cela autrement, notamment en souveraineté. C'est la même dynamique qui peut venir via ces entreprises mondiales et mondialisantes de dits "phytosanitaires" et du dit "génie génétique". Je comprends bien que des agriculteurs défendent un produit désherbant devenu très médiatique, car c'est la pratique qui parle, et peut-être qu'en effet il n'y a pas de dommage réel à imputer à ce produit, mais c'est là une question secondaire presque, encore une fois. On accepte tous différents niveaux d'asservissement au quotidien, pas la peine d'en rajouter forcément. Faire attention aux effets pervers qui changent le système entier tout en donnant l'impression de donner un simple avantage local.

Immense variété, nuance

Donc, le sol. C'est bien de tomber à peu près d'accord sur la toute prééminence du sol. Encore faut-il savoir ce que c'est. En tant que jardinier amateur, je constate que le sol peut être très différent d'un mètre à un autre. Et encore plus de mon jardin à celui du voisin seulement séparé d'un muret de parpaing. C'est à dire qu'il y a une simple séparation de 15 cm de large qui abouti à un sol très différent, et même à un micro-climat différent. Et il y a des sortes de séparations "invisibles" qui font qu'ici tout est florissant et là les végétaux poussent peu, difficilement. Alors imaginez un peu la vaste variété de sol/situation que ça peut représenter à l'échelle d'une région, puis d'un pays, puis d'un continent et du monde. Ce simple constat devrait aussi nous inciter à diversifier les espèces (animales, végétales, fongiques, etc.), et nous inciter donc à essayer de garder et conquérir toujours plus de souveraineté. Non pas pour l'autarcie évidemment, mais pour une cohérence locale, et éviter de tout miser sur une seule espèce qui peut (et va finir par) s'effondrer. L'idée de local et de souveraineté ne sont aucunement des principes woowoo de bobo, c'est de l'analyse de risque basique de chez basique. Donc, le sol, qu'est-ce que c'est ? On voit que ce n'est pas juste un support, c'est une entité vivante, très complexe, très variable, et en même temps fragile. Le sol c'est aussi la latitude, l'hygrométrie, une histoire accumulée emmêlée de tous les êtres qui sont passés là, ont vécus, on mangé, sont morts, et même des conditions de géologie de milliards d'années. Chaque facteur s'ajoute et se mêle aux autres, façonnant chaque cm3 de ce qu'on appelle très grossièrement le "sol" . Ce n'est pas de la romance, c'est de la pure réalité. La plante ne fait pas que de se poser et pomper des éléments du sol, elle façonne le sol elle aussi. Songeons à la diversité des racines, chacune pouvant amener, favoriser ou repousser tels micro-organismes (mycètes, bactérie, etc.). Chaque insecte et petit animal du sol façonne le sol aussi. Pour nous, le sol reste un truc uniforme, c'est de la terre quoi. Mais il y a quantité de cohérences et frontières visibles et invisibles dans chaque parcelle.

l'Écotone dans tous ses états

Écotone. Voilà un concept intéressant. Il s'agit de zone de rupture, ou de changement de topologie. L'écotone le plus basique pour nous urbains est la bordure de gazon où généralement beaucoup de choses peuvent circuler et pousser rapidement. On peut généraliser ce concept. On voit que plutôt que d'avoir un terrain uniforme sur des hectares, des fragmentations par des haies, des arbres, des fossés peuvent grandement "améliorer" la biodiversité locale. Il en est pareil à tous les niveaux. Dans le sol, les racines peuvent former des frontières, comme le peuvent des rochers, des microbes, etc. A la surface, il y a différent niveau de hauteur des végétaux et différents animaux agissants tous différemment sur le sol. La surface peut comprendre du relief, ce qui augmente l'écotone. Surface, hauteur, profondeur, diversité. Vous voyez déjà le niveau de complexité ici, alors imaginez que tout cela n'est pas statique, mais dynamique ! Les frontières bougent, bien que des niveaux de "cohérences" puissent se conserver dans le temps. Notion importante que si la vie et l'environnement ne sont pas à conserver, mais à maintenir, encourager, ou au moins ne pas nuire, ou nuire le moins possible, il existe bel et bien l'existence d'une espèce d'entité d'ensemble que j'appelle "cohérence". Un sol de jardin développe avec le temps une dynamique propre qui en fait une entité spécifique, même si elle n'est pas aussi identifiable qu'une entité comme un chêne ou un buffle (qui eux en tant qu'individus sont bien délimités en apparence). Cela est un constat, n'en faisons pas une sacralisation pour autant. Mais il nous faut reconnaitre que chaque parcelle peut être comme une entité à part entière et pas juste un support malléable. Il y a une "intégrité", si on veut un mot différent de "cohérence". De là, oui, on aurait tendance à vouloir ne plus toucher du tout à quoi que ce soit. Ce serait une erreur.

Ouvrir le milieu

L'importance du stress et des effets de rupture. Un exemple simple est la différence entre une herbe coupée avec une tondeuse et une herbe arrachée par des coups de dents de ruminants. Une herbe coupée repoussera plus lentement, et fera probablement pas autant de racines et surtout pas aussi profond qu'une herbe arrachée. Une herbe coupée a un stress partiel du surface surtout, de sa partie aérienne, tandis qu'une herbe arrachée sera stressée jusque dans ses racines car c'est comme si elle allait être déracinée chaque fois, elle réagit donc en conséquence en allant s'enraciner profondément. Cet exemple est très représentatif/symbolique. On a déjà vu cette histoire où des gens avaient mis en place un éco-système sous serre, isolé du reste. Des arbres ont fini par mourir sans raison apparente. Isolation et coupure des conditions adaptatives, il n'y a quasiment plus aucun stimuli conséquent à portée, ni, pour anthropomorphiser, de raisons de vivre. Le vent fournit des "informations" pourrait-on dire, et pousse les arbres à s'adapter, aller plus profond ici, renforcer son flanc droit, ne pas pousser trop haut là, etc. Dans la même veine, si on laisse une forêt prendre, il y a un risque de fermeture du milieu. Trop de densité. Trop d'ombre. Donc plus de place et de conditions pour d'autres espèces végétales entre autres. Une intervention humaine pertinente (cf. Allan Savory) est d'éviter qu'un milieu ne se ferme (trop), et donc ouvrir le milieu, autrement dit, on en revient à l'écotone, zone de séparation qui favorise la circulation des espèces différentes. Bien entendu, si on ouvre totalement le milieu, à labourer de façon uniforme sur 40cm de profondeur par exemple, à raser toute une forêt. L'ouverture totale n'est plus pertinente du tout. L'ensemble du vivant semble avoir besoin de certaines formes de stress pour vivre. Rejoignant l'idée d'hormèse. Quelle dose ?

vie = Accumulation locale

Maintenant, un autre angle, qu'on a déjà un peu abordé au-dessus. Prenons un terrain précis, un jardin entre quatre murs pour bien délimiter. Ce jardin est d'une certaine façon un système fermé. Mais il n'est fermé qu'à la surface, pas en hauteur, ni en profondeur. En fait, aucune frontière ("artificielle") ne circonscrit vraiment aucun terrain. Il n'y a pas d'éco-système vraiment fermé. Il ne peut qu'être fermé partiellement, ici et là. Vous allez me dire, ok, mais ça rime à quoi de dire ça ? Et bien, cela peut amener l'idée de "coopération" à travers des frontières, ou au moins une non-inhibition d'une coopération ponctuelle, mais surtout l'idée qu'il n'y a pas d'équilibre dans la nature. Disons que sur tel et tel critère il peut y avoir un semblant de maintient, de cohérence locale, comme un système immunitaire, un état spécifique forgé sur la longue, par tous les éléments qui vont, viennent, transitent, naissent et meurent sur place, et bien évidemment, le temps. Chaque élément est un potentiel pour convertir des éléments en d'autres (herbes pour les vaches, minéraux des roches pour les légumes) et ainsi concentrer des éléments "réutilisables" encore. On pourrait presque dire que la vie est un phénomène d'accumulation locale. Quand on concentre l'ensemble des épluchures et des feuilles mortes des arbres on obtient une sorte de sol accéléré et concentré. De manière naturelle, la répartition de ces éléments "déchets/rejets" se fait de manière beaucoup plus éparse en général. D'ailleurs, certains disent que composter c'est polluer, ce qui est vrai d'une certaine façon, car ces fermentations produisent de la chaleur et des gaz (à effet de serre), justement par concentration. Mais l'idée ici est qu'on a besoin de concentrer un certains nombres d'éléments "utilisables" en local. Le sol est souvent une vielle entité. Cela rappel l'idée de célérité que j'avais développé dans un autre article ici. Les "mauvaises" herbes fournissent de la matière pouvant former le sol, le transformer, l'améliorer, le constituer. Une accumulation spontanée qui si gênante de manière ponctuelle peut s'avérer bénéfique globalement sur la longue.

L'arbre, le stock et les biotopes

De plus en plus de gens parlent de planter des arbres... pour "sauver la planète" évidemment. Planter des arbres partout. Le plus grand nombre possible. Évidemment, on ne peut pas vraiment dire que planter des arbres c'est mal. Mais toute cette idée-obsession part du principe que la forêt est le summum de la vie terrestre, alors qu'il y a différents types de forêt, différentes densités, et surtout qu'il existe des biotopes très différents toute ayant une "valeur", ou un intérêt pour la biodiversité, ou de manière plus générale, la diversité au sens large. La forêt comporte des problèmes inhérent aussi, le risque que le milieu se ferme, d'incendie, et autres. On parle de "stocker" du carbone. Ce qui est déjà mal partir. Réduire la planète au CO2... Puis réduire cela à un procédé comptable de stock. Pour l'image, ok, c'est facile à comprendre de la sorte, mais attention au piège de la métaphore. Donc, oui, on va dire que les arbres stockent du C02. Si un arbre qui pousse stocke du CO2, le CO2 est aussi stocké de manière assez pérenne avec du plancher, des structures de bâtiments en bois, des meubles, etc. On en vient à la dynamique où pour avoir plus de forêts il faut utiliser plus de bois au quotidien. Pas en le brulant, évidemment. Cela nous fait revenir sur la notion d'éthique appliquée au végétal (au grand végétal). Couper, donc tuer des arbres, permet d'en planter plus sur le long terme si on utilise cette ressource, en souhaitant la renouveler. Par exemple, l'Amazonie, dont on parle tant, est coupée à toute allure. Pourquoi ? On a la ressource du bois, plus un sol exploitable autrement par l'agriculture qui nécessite pour un temps peut-être moins d'intrant extérieur vu la vie accumulée localement depuis longtemps. C'est presque un double bénéfice direct. Les forêts donc, peuvent stocker du CO2, mais cette accumulation est-elle solide ? Si toute une forêt qui a mis 70 ou 100 ans a pousser part en deux jours en fumée, ce stock n'est plus stock.

Des sapins et des prairies

Le sol de prairie pâturée est un biotope en général plus riche en biodiversité, avec un sol plus profond, et stocke lui aussi beaucoup de C02. Bien sur, il y a le biais que cette profondeur de sol n'est pas visible directement, comme n'est pas visible directement la biodiversité des petits animaux, insectes. Voir des macro-organismes comme des arbres et des sangliers donnera une idée de biodiversité bien visible, mais qui peut s'avérer en réalité moindre en général. La profondeur du sol est importante, comme on l'a vu avec l'idée d'écotone.

D'ailleurs, j'aurais des idées toutes bêtes pour stocker du bois de manière qui a priori me semble pertinente. Enfoncer des troncs dans le sol et les utiliser dans les milieux sableux et maritime aussi (ça s'est fait pour stabiliser le sol d'Amsterdam par exemple). On pense au bois "flotté" qui a certainement ses intérêts écologiques, comme on le vois avec les barrages de castors qui peuvent filtrer l'eau en partie, sans compter le rôle des mycètes avec le bois. Bref, des idées comme ça, déclinables et adaptables. Je sais qu'on utilise des sapins de noël pour diminuer l'érosion côtière à certains endroits. On peut développer cette veine à mon avis. Pour revenir au sol, le sol de prairie est peu sujet à la fragilité aérienne des arbres. D'ailleurs sans compter les diverses menaces biologiques pouvant frapper la forêt. Un sol stockant notamment du carbone est en comparaison peu sujet aux incendies et aux ravageurs, a priori. De là à dire qu'il faudrait mettre des prairies partout, non. Mais on a beaucoup de marges pour ce biotope, car d'ailleurs il y a eu beaucoup de déprise des pâturages ces dernières décennies.

Un élément simple aussi est que la verticalité a tendance à accumuler de l'humidité. On peut observer au pied des poteaux souvent plus de mousse, lichen et autres. Cela indique probablement que la hauteur récolte naturellement de l'eau aérienne, et même concentre l'eau de pluie par ruissellement. On peut imaginer des poteaux de bois dans des cultures. D'ailleurs les hautes herbes restant à l'automne et parfois même l'hiver font office de concentration de l'eau.

Topo :

Les idées que je voudrais faire imprimer dans les têtes ici sont :
  • le sol est extrêmement important,
  • il est dynamique
  • comporte des frontières qui nous sont invisibles
  • chaque parcelle et biotope est une comme une entité en soi, avec comme un système immunitaire propre à chacun.
  • il faut ouvrir le milieu, et créer des stress ponctuels ciblés



Augmenter les écotones (reliefs, profondeurs, hauteurs, qualité, etc.) semble une voie très prometteuse, ce qui implique une intervention ponctuée/intelligente/mesurée de l'humain justement, et pas un "laisser-faire" total (ou "ré-ensauvagement").
Célérité
éthique du vivant
Localisme
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Espèce-isme

14/7/2019

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LE mot

​Le terme utilisé aujourd'hui est "spécisme", issu du mot specie, anglais pour "espèce". Beaucoup de gens utilisent ce mot, somme toute très récent, sans calculer son origine anglophone, ni sa signification initiale donc. On y ajoute le suffixe -isme pour signifier qu'il s'agit d'une idéologie, d'un dogme, une croyance, truc du genre.
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Sélections et biais

​Que signifie l'espèce-isme ? Qu'il y a une distinction entre des individus sur le seul critère de l'espèce. Ce concept est donc basé sur le concept de racisme. Il y a des races différentes : des affinités et rejets sur ce critère. Le problème est qu'effectivement il n'y a pas différentes races humaines, il n'y en a qu'une, et le terme plus approprié est espèce, non "race". Évolution du langage oblige, on a retenu le mot racisme pour désigner... à peu près tout, quand bien même il n'aurait aucun sens. Par exemple, récemment j'ai appris que boire du lait serait raciste, et rouler en vélo aussi. Donc, que pourrait dès lors signifier l'espèce-isme ? Qu'il y a une sélection, un traitement différent en fonction de l'appartenance ou non à un espèce.

Comme l'idée de racisme ou de sexisme est toujours compris de manière monodirectionnelle, l'espèce-isme s'y conforme aussi. On utilise donc l'espèce-isme non pas pour désigner le phénomène de sélection de manière globale, mais seulement pour désigner le fait que les humains sélectionnent. Que le lion préfère manger une gazelle à un zèbre et ne s'attaque jamais à une colonie de criquets ou une famille de troglodyte mignon, ne serait pas de l'espèce-isme, alors que si. Mais l'idée derrière ce concept importé est d'accorder d'office un biais à l'espèce humaine seulement, pas d'étudier vraiment un phénomène.

​Comme, si vous êtes une personne à la couleur de peau blanche, vous êtes par défaut raciste, mais jamais les personnes à la couleur de peau non-blanche ne pourront être racistes. Totalement stupide et d'une malhonnêteté de niveau astronomique. On n'est pas à ça près. C'est le même schéma qui se répète du néo-marxisme et qu'on réitère comme des machines d'un critère à un autre. La même narration qu'on déplace et applique sur le sexe, la couleur de peau, l'économie, etc. L'espèce-isme tend donc à désigner uniquement les sélections qu'opère l'espèce humaine sur les animaux. Par exemple, manger un bœuf de race blanc-bleu et bichonner un chien de race Spitz est un espèce-isme. Pourquoi l'un est protégé jusqu'au bout et l'autre est (protégé puis) mangé ? Sur le simple critère d'appartenir à des espèces différentes, le traitement sera différent. Il y a des raisons à cela, ce n'est pas totalement arbitraire.
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correction au bulldozer

​Arrivé ici, on l'a déjà vu, il y a pas mal de problèmes importants avec ce concept. Ce n'est pas finit. Est-ce que préférer une race bovine à une autre est un espèce-isme ? Pareil pour les chiens ? Pour le coup on pourrait davantage parler de racisme. C'est à dire que l'espèce-isme est sensé être une sélection entre les espèces, mais il y a aussi une sélection de traitement en fonction de variétés, de différents critères physiques et autres, en fonction d'individus, de populations, etc. Cette sélection ne se limite pas à l'espèce mais varie énormément en fonction d'une masse de critères. Ah oui, n'oublions pas que l'espèce-isme est sensé être un "biais", sous entendu quelque chose à corriger et qui est comme inconscient. Les anti-espèce-istes se positionneraient donc comme des éveilleurs de conscience, ils dévoileraient le biais que cruellement personne ne saurait voir. L'occasion donc sous ce jargon de traiter tout le monde de con et de biaisé et de tortionnaire, barbare, tout ce que vous voulez. Sous des simili grands airs d'intellectuels (verbalisme), de lanceurs d'alerte (néo-héroïsme) et de défenseurs des opprimés (appel à la vertu à coup de bulldozer). Si un homme européen aime une femme européenne il serait espèce-iste car en "choisissant" un trait similaire il exclurait les personnes ayant des traits différents. Cette préférence spontanée serait un biais. Voilà où en en est avec ce concept. Je vous laisse jauger l'absurde. On pourrait traiter tout le vivant d'espèce-iste car chaque espèce, chaque individu, chaque population développe des sélections sur d'autres espèces du vivant.

Métazoaïsme ?

​L'espèce-isme focalise sur les animaux domestiqués que l'on mange en priorité (bœuf, porc, poule, etc.). Mais il y a encore un problème important. En quoi sélectionner des végétaux, des bactéries, des mycètes sur des critères spécifiques ne serait pas un espèce-isme ? Décidément le choix du mot "espèce" est très mauvais. Si on regarde la classification phylogénétique du vivant l'espèce-isme serait mieux désigné par le mot  opisthochontisme ou plus précisément metazoaïsme.  Je n'invente rien, allez voir les classements en question par vous-mêmes. Mais même le terme metazoaïsme ne suffirait pas, car les anti-espèce-istes focalisent sur les espèces les plus visibles, les plus proches de nous : physique et physiologique. J'attends de voir des auto-proclamés anti-espèce-istes me dire comment écraser un moustique, répandre des insecticides, détruire un nid de guêpes, et autres choses de cet acabit, ne participe pas à un espèce-isme. De façon ironique, sélectionner les espèces selon une priorité de "défense" (contre l'espèce humaine) constitue un espèce-isme. Ce n'est plus un espèce-isme sur des critères d'utilité ou de plaisir, comme on a chez les cultures (cultures = ensembles de sélections) de végétaux la différence entre l'ornement et le productif, mais un espèce-isme sur un critère de "défense", un critère soit-disant morale. Comme d'habitude dans ces narrations néo-marxistes, on fait comme si la réalité n'existait pas et que seul la morale isolée compte. Ensuite, comment soutenir que la sélection très stricte entre le règne animal et végétal qu'opèrent les anti-espèce-istes ne constitue pas non plus un méta-espècisme ? Enfin, en quoi accuser de manière systématique l'espèce humaine de tous les maux n'est pas un espèce-isme ? Merci. Au revoir.
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Le vivant refondé

​Il me semble intéressant de préciser le plan sur lequel on se place quand on parle d'espèce-isme. Si on parle du plan biologique, alors l'humain est une espèce parmi d'autres, fait entièrement partie du vivant, de la nature. Un animal parmi d'autres animaux, obéissant aux réseaux trophiques, et aux règles de TOUT LE VIVANT. L'anti-espèce-isme est biologiquement impossible. Il faudrait réinventer tout le vivant, et probablement donc détruire le vivant pour qu'il puisse correspondre à peu près aux principes du dogme en question. On habite un environnement écologique, c'est à dire complexe, inter-relié, se nourrissant principalement de lui-même, sur lui-même, dans lui-même, un système auto-trophique presque. Si vous n'êtes pas d'accord avec l'écologie, la biologie, c'est possible mentalement, dans le verbal, mais concrètement non.

Les oiseaux parlent

​Maintenant, si on se situe sur un autre plan que le plan biologique, disons le plan culturel ou alors spirituel (si le mot ne vous fait pas peur), les choses sont un peu différentes. Ce plan n'annule pas le plan biologique, car il est contenu et permis par le biologique, si on se base sur une optique purement "matérialiste" du monde. Qu'est-ce qui peut faire la spécificité de l'espèce humaine ? Sempiternelle question. On va dire que le langage verbal n'est pas étranger à cette spécificité. Ce qui pose un problème d'ailleurs, car les anti-espèce-istes veulent parler pour ceux qui n'ont pas de voix. C'est-à-dire qu'ils veulent faire parler les animaux, ce qui est un espèce-isme en soi, hallucinant. Le vivant serait politique à la manière humaine. On veut faire rentrer le vivant dans la culture humaine. Dans le principe, cette "ouverture" semble bonne. Elle est néanmoins non-seulement impossible mais en totale contradiction avec les prétentions initiales. Ouvrir la culture à différentes espèces c'est humaniser (de force) les animaux (et toutes les autres branches et formes du vivant), mais c'est aussi animaliser l'humain, le rendre sauvage. Différence de traitement énorme. Il faudrait donc détruire l'humain, ou au moins le diminuer. La seule façon d'être humain serait de ne plus être humain. Pour qu'un être vivant ne mange pas d'autres êtres, ne provoque ni ne ressent de souffrance, il faudrait qu'il ne soit pas né. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais on navigue dans des abstractions absurdes extrêmement perchées là.

PAs de sens unique

​Quel peut-être le reproche, au fond ? La domestication. On a un vocabulaire différent pour le végétal et l'animal souvent, mais les plantes sont bien domestiquées, d'ailleurs plus que les animaux. Le chien est le seul animal à avoir atteint un tel degré de domestication. Et à part pour la diversité obtenue et l'obéissance à l'humain, il n'y a pas vraiment eu de gain pour l'espèce canine en elle-même, à part de s'octroyer les faveurs des humains. Les chiens sont parfois mieux traités que des humains, hôtels pour chien, psy (est-ce bien ?), etc. Est-ce que la domestication est de l'exploitation ? Oui, probablement. A sens unique ? Probablement non. Si simplement exister est exploiter, alors oui, nous exploitons tous tout. Quand on exploite ses capacités on s'exploite soi-même et ce serait mal ? La réalité est beaucoup plus nuancée et à multiples sens que la narration monodirectionnelle et binaire de type marxiste moraliste inquisiteur. Prenons, par exemple, les plantes. Il y a une séparation aujourd'hui entre le productif (ce que l'on mange) et l'ornemental (ce que l'on mange des yeux et du nez). En quoi le jasmin qui développe des parfums (langage végétal) n'exploiterait pas l'humain ? Beaucoup d'espèces ont un intérêt à attirer les humains qui prennent en charge une part importante de leur reproduction, de leur espèce, etc. De même, la plupart des espèces "productives" n'existeraient pas à l'état de nature, et ne peuvent quasiment pas de reproduire par elles-mêmes. En quoi ce qui est valable pour les plantes ne serait pas valable pour les animaux ? Si je tue un poulet, je l'exploite. Mais si je me sers des excréments des chevaux (qui se vendent en jardinerie à bon prix) j'exploite aussi les animaux, même si je ne les tue pas (que la nature hors-humain les tue).
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L'image est exploitation

​Enfin, l'espèce-isme est une duplication du schéma fumé du racisme et du sexisme. Si on part sur ce terrain, alors il faut reconnaitre que même utiliser une image des animaux est un espèce-isme. Par exemple l'utilisation d'images de chien magnifié pour le dit "parti animaliste" est un espèce-isme, car il utilise une image d'une espèce différente, une image magnifiée faisant appel à un imaginaire idyllique. Tous les dessins animés, contes, histoires et même jouets utilisant une image déformée d'espèces animales non-humaines est donc bel et bien un espèce-isme. Les pseudo-féministes revisitent Disney en disant que tout est sexiste. Mais Disney est aussi espèce-iste alors car des oiseaux peuvent chanter en langage verbal humain, des phacochères ont des yeux et des expressions et des mentalités humaines, etc. Dans le langage, on trouve plein d'expressions, tel "rusé comme un renard", qui déforment ou plutôt accentuent symboliquement la réalité d'un trait d'une espèce. J'essaie de suivre la "logique" du dogme, mais vous vous rendez compte de l'absurdité. Les "animalistes" agissent comme des représentants d'animaux, en utilisant seulement l'image magnifiée d'une espèce pour parler de tous les animaux qui en fait ne sont pas tous les animaux mais seulement ceux les plus proches et les plus domestiqués. Trois niveaux d'espèce-isme pour... combattre l'espèce-isme. Pourquoi ne pas avoir pris l'image d'une fourmi ou d'une mouche pour défendre les "animaux" ? Mais même ça ce serait une sélection. Exploitation par l'image. Toutes les espèces devraient être au même niveau ? Stupide.
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Des oiseaux bleus couturiers
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Voter pour un chien ?
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jouet populaire à l'image de l'animalisme
Alors, bien sur, je m'interroge aussi sur mes préférences, qu'elles soient spontanées ou induites par des expériences, des publicités, des influences diverses. Par exemple, j'ai en ce moment une admiration et une tendresse forte pour toutes les abeilles, bourdons et globalement toutes les espèces de butineurs/pollinisateurs. Bon, je n'ai jamais été piqué. Mais la question reste : pourquoi ces sortes de préférences ? Avant, comme beaucoup, dès que je voyais un insecte volant je le balayais, le frappais, de peur d'être piqué, comme un réflexe. Maintenant que je sais identifier quelques espèces, je sais que la plupart sont inoffensives. Les araignées ne me font pas super flipper, mais il n'est pas rare qu'elles me surprennent, me saisissent. J'adore manger du saumon, et je n'ai jamais mangé de rat. Si j'ai le choix, je vais manger du concombre et pas des blettes. En tant que jardinier, j'adore les pavots, mais j'ai aussi été séduit par les rudbeckias. Et il y a aussi des plantes que je dédaigne comme les glaïeuls. Je préfère certaines races de chiens à d'autres. Alors qu'importe que ce soit pour manger (bœuf), pour "décorer" (pavot), pour "exploitation émotionnelle" (chien), on a un ensemble de choix spontanés qui ont leur raison. Casser ces préférences c'est simplement les déplacer (en cassant au passage la cohérence qui nous faisait adhérer à ces préférences). 

Récap'

  • Le concept même d'espèce-isme est espèce-iste.
  • Inadéquat à ce qu'il désigne.
  • Sensé décrire un phénomène entier mais on l'utilise de manière très partielle uniquement dans le but de mettre en place une narration binaire accusatrice.
  • Il y a déni de réalité, verbalisme, moralisme, déni de biologie, déni d'écologie, déni du vivant, déni de spécificité de chaque espèce, population, individu.
  • Misanthropie profonde, l'humain est comme tous les animaux, mais il doit être moins que les animaux en même temps, l'humain de Schrödinger. 
Magnifique clip illustrant comment les animalistes voient le monde en justiciers ubuesques.
Eugénisme
Végémania
Zététique
Carnivore
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Célérité en écologie

3/6/2019

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Trois concepts ici : CÉLÉRITÉ, ÉCHELLE et DÉCYCLER
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Célérité

La célérité me semble un trait important. Qu'entend-je pas là ? Telle que je la définis, ici, dans ce contexte écologique/agricole, la célérité est le fait qu'une espèce (exemple de la luzerne) se disperse, se reproduit et produit beaucoup, assez rapidement.

D'un point de vu productif/agricole, la célérité peut être un trait béni, car cela demande moins de travail pour plus de production, en gros. Quand l'espèce est une espèce "désirée", la célérité est vraiment une bénédiction. Mais il y  plus de chance qu'on comprenne la célérité lorsqu'une espèce est "indésirée" ou "invasive". Le lierre présente une belle célérité et peut rapidement couvrir un mur, voire une maison entière en quelques années seulement. Néanmoins, il est toxique pour les humains, et a priori aussi pour les ruminants et animaux de ferme. Dans une autre mesure, il y a pleins de fleurs dites messicoles (coquelicots, centaurées, etc.) qui poussent facilement et se ressèment spontanément sur les champs, mais qui ne sont pas comestibles (les pétales de certaines peut-être mais pas nourrissant) et qui en plus peuvent gêner la montée et la pousse des espèces semées "désirées". Si on sème du blé et qu'il y a un quart de coquelicots, l'esthète en isolé appréciera, moins le producteur et le consommateur de blé.

Il est possible que les espèces que l'on produit et consomme aujourd'hui eurent jadis, au début, une belle célérité. Mais avec la proximité de l'humain et le travail humain, cette célérité a disparue progressivement. Il y a perte d'autonomie de l'espèce pour préparer le terrain, et perte d'autonomie pour se reproduire. La domestication ne se traduit pas toujours par une perte de célérité. Certaines variétés d'herbes sont devenues très résistantes par exemple, se resemant seules aisément.

Néanmoins, les variétés de plantes que nous consommons semblent nécessiter des conditions spécifiques, comme un sol riche et l'externalisation de ses défenses par l'usage de "phytosanitaires" (car beaucoup d'espèces végétales se défendent chimiquement). Nous consommons des variétés riches qui ont besoin de sols riches, et qui donc nécessitent beaucoup de travail. Le travail de préparation des sols, de semis, etc. Mais aussi le travail d'éliminer les prédateurs et les concurrents. D'où l'usage de phytosanitaires qui remplacent le travail manuel harassant. De là à dire que les produits techniques permettent d'économiser du pétrole et du travail direct, certains franchissent le pas sans sourciller. Comme si produire ces phytosanitaires ne constituait pas aussi du travail par ailleurs et la nécessité de l'acheminer, de l'emballer, de les tester, etc. Mais bon, oui, si on focalise uniquement sur le travail de l'agriculteur, moins de travail directement manuel est requis. Néanmoins, ça pourrait être vrai si la surface était de taille équivalente, ce qui n'est pas le cas, car pour rembourser ces surcoûts externalisés il a besoin de plus de production et aussi pour que ce soit intéressant il a besoin de plus grosses parcelles. On voit donc que les situations ne sont pas comparables, car il y a des changements systémiques.


Il apparaît donc une DOSE où le processus agricole :

1. S'empare d'une espèce et la rend progressivement totalement dépendante.

2 Accentue la célérité d'une espèce sans la rendre totalement dépendante.

Semer des espèces à haute célérité comme la luzerne ou le trèfle permet d'obtenir un gain total plus important (rapport coûts /gains) que le tout semence à faible célérité. La faible célérité peut aussi s'expliquer par le "choix" de cultiver des espèces pas ou très peu adaptées aux climats locaux. Exemple de cultiver des tomates en Bretagne ou dans le Nord, et en hiver. La question importante sur laquelle nous arrivons donc maintenant est pourquoi nous avons les mêmes goûts partout ? Car c'est de cette fabrique du goût que vient la nécessité de produire des tomates. L'échelle agroalimentaire portée par les industries et la grande distribution ont progressivement standardisé les goûts et les attentes culinaires de part en part. Avant on consommait plus facilement des espèces qu'on cultivait et surtout reproduisait en local. Qui dit reproduction locale dit probablement bien meilleur adaptation au climat local. Dans le sens qu'une espèce locale n'aura pas ou moins besoin de "s'adapter" qu'une espèce importée. Petite suggestion donc.

Doit-on continuer la surenchère technique aussi massive et standardisée pour des espèces inadaptées ou alors œuvrer pour une échelle plus petite avec des espèces à plus haute célérité locale ?

Je pense par exemple à l'arroche rouge, au topinambour ou au pissenlit, ou à des arbustes fruitiers aux fruits saisonniers locaux plus acides/amers mais donnant probablement plus de certains nutriments. Une cuisine plus spécifique à chaque localité peut se faire sur la culture et les préparations d'espèces adaptées, qui peut comporter des "légumes anciens".
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échelle

La notion d'échelle ! Pensons-y pardi. On entend/lit régulièrement des gens évoquer l'idée de ré-ensauvager, de "laisser faire" la "nature". Curieusement on peut être partisan du laisser-faire dans la nature mais pas dans "l'économie", en même temps. On n'a pas idée de l'échelle écologique que ça prendrait de ré-ensauvager. Pour qu'une forêt prenne une vraie "maturité" il faudrait plusieurs générations, et entre temps il est possible que le milieu se ferme totalement, qu'il brûle, qu'il s'inonde, etc. On est quasiment obligé de créer des "interruptions" humaines de ces milieux. Il est fou de penser que ces interruptions n'interviennent pas sans l'humain. D'ailleurs, il est fort possible que ces interventions humaines de gestion de la forêt soient moins brutales que l'interruption "naturelle". La notion d'échelle va avec la notion de local. La grande distribution amène l'expansion de la grande industrie alimentaire.
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Décycler

Le mantra du recyclage. Oui, avec le progrès nous allons tout recycler disons-nous. Le problème est peut-être d'éviter en amont de trop "décycler". Ce que j'appelle décycler est le fait de sortir du cycle spontané local. Comme je l'avais déjà esquissé dans un article sur les ruines, la nature est composée d'élément qui chaque fois étaient une sorte de nouveau matériaux qui pouvait "polluer" dans un premier temps jusqu'à être remis en cycle. Exemple du bois tombé, ou arraché qui ne se décompose pas très rapidement. Quand on produit un ordinateur ou un portable et qu'il ne marche plus on le jette et il n'est que peu recyclé. Une grande partie de ces produits sont donc décyclés. Peut-être qu'à très grande échelle de temps le plastique et les composants électroniques seront naturellement recyclés. Mais dans l'échelle de temps qu'est le notre, notre existence limitée, cela ne fait que nous polluer durablement.
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Le sol, le travail des plantes et les orientations

Quelques précisions. En écologie, le SOL est primordial. Les sols riches et adaptés aux espèces riches que nous cultivons (pour les manger) ne sont pas majoritaires. Et parmi ces sols, beaucoup peuvent rapidement se dégrader, alors qu'il est possible que leur qualité ait mis des centaines d'années ou plus à s'améliorer progressivement.

On considère souvent que chaque espèce végétale puisent des ressources du sol et basta. Non, il y a une communication entre le sol et l'air, le soleil, les mycètes, les insectes et animaux, etc. Chaque plante travail le sol à sa façon. Il n'y a qu'à voir la diversité des racines, certaines sont fines et restent en surface presque tandis que d'autres peuvent être épaisses et aller très profond. Les insectes nourrissent le sol par leurs déjections, et aussi par leur mort. Les animaux aussi (d'où le fumier de cheval par exemple, véritable or pour le sol).

Le "choix" des plantes que nous consommons aujourd'hui est une combinaison de facteurs, mais il y a des facteurs décisifs qui font basculer les orientations globales. On a put choisir de cultiver massivement la tomate parce qu'elle a une esthétique qui plait beaucoup, ou parce qu'elle présente un avantage en cuisine, ou peut-être de façon spontanée (certains dirons "inconsciente") un certain intérêt nutritionnel. Mais il y a des raisons parfois purement économique, ou politique, et aussi des raisons purement esthétique, quelqu'un qui fait un caprice pour tel aliment, ou alors un cultivateur qui se passionne pour une variété et inonde une localité de sa production. Le fait qu'il y ait une standardisation globale traduit davantage un façonnement stratégique. Rien d'immuable !
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En résumé

Une espèce riche a besoin de sol riche.

Qui dit riche dit ressources pour d'autres espèces
(insectes, animaux, champignons, bactéries, etc.)

Ce qui amène donc une compétition entre notre consommation et la consommation d'autres.

Ce qui amène plus de travail humain (sous forme humaine, ou sous forme de pétrole) comprenant travail manuel, travail de traitement, travail de conception d'outils, de phytosanitaires, de protections, etc.

Les plantes à forte célérité semblent surtout utilisées dans les pâturages, dans l'élevage, mais pas ou alors très peu pour la consommation végétale humaine.

D'où l'intérêt de revoir peut-être le choix de nos consommations (via la cuisine, l'art culinaire) pour faire mouvoir les productions, aussi bien pour l'échelle, que pour la souveraineté, que pour l'écologie et la santé.

Choisir de manger des espèces à basse célérité est choisir d'augmenter le travail global (donc des ressources globales aussi par ailleurs), dans une course à la surenchère technique.

La surenchère technique amène des effets ciblés peut-être efficaces sur un point mais aussi amène des effets connexes (voire l'article sur l'hormèse) sur plusieurs domaines (écologie, santé, souveraineté, etc.).
Localisme
Ruines
hormèse
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Hormese

9/2/2019

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L'hormèse, ce concept sous les feux de notre actualité. Le domaine qui le mentionne le plus semble être la santé. Si le mot est nouveau, le concept, lui, est compris en ses fondamentaux depuis bien longtemps. De Paracelse, la formule "c'est la dose qui fait le poison" fut retenue. Néanmoins, l'hormèse ne peut se réduire à cette phrase. Au mieux, elle éclaire une face du phénomène.

Définition ?

Une définition simple et courte de l'hormèse n'est pas aisée, car elle est multiple et variante. Il s'agit d'une réponse à un stress. Une réponse qui non seulement pare au stress et à ses dégâts, mais amène aussi dans son sillage d'autres "bienfaits". Ces "bienfaits" peuvent être une "réparation" d'autres dégâts liés à d'autres stress, comme aussi une augmentation de la résistance au stress spécifique pour lequel nous avons été exposé. N.N. Taleb a proposé le nom d'anti-fragile pour désigner ce "surplus", une chose qui ne fait pas qu'être robuste en résistant à des chocs, mais qui peut même s'en retrouvé renforcée. Il s'agit non d'un état d'une chose mais d'une qualité. Il n'y a pas de chose qui soit absolument anti-fragile, mais elle peut l'être, par moment, un peu plus, notamment sur certains critères.

Exemple de pratiques

Exemples concrets de pratiques hormétiques. Extrêmes thermiques assez facile à comprendre quand on s'expose au froid qui est un stress pour le corps qui essai de maintenir en permanence sa température de croisière. Après cette exposition au froid, on ressent un sursaut d'énergie, et on peut même ne plus ressentir le froid aussi durement. L'autre extrême marche aussi : le chaud, très chaud, comme on trouve dans le sauna ou le hammam. Pour comprendre intuitivement cela, on peut en faire l'expérience directe. Quand on est habitué à vivre dans un environnement chauffé à 25°C en permanence (pas recommandé) alors sortir dans un extérieur à 8°C sera perçu comme froid, alors que si on vit beaucoup dehors la journée avec toutes les variations de température, on aura une bien meilleure résistance au sentiment de froid.

Une autre pratique hormétique est le vaccin, qui consiste à administrer une dose de pathogène afin de stimuler une réaction supérieure et de donner au corps une mémoire pour affronter le pathogène entier plus tard. Une des meilleures trouvailles de toute l'histoire de la médecine.

Encore une autre pratique "populaire", qui s'est basée au début sur ce principe, mais qui aujourd'hui n'a plus grand chose à voir avec l'hormèse est l'homéopathie. Comme on se réfère souvent au passé, oui il est possible qu'on ingérait auparavant régulièrement des "impuretés" avec nos aliments. De la cendre, des éclats de bois, des minéraux, des poils, et bien d'autres éléments dont des poisons. Mais est-ce que cela peut être en quelque sorte reproduit en insérant de la lave d'Islande dans une micro-capsule pour guérir un trouble précis ? Fort probable que non. Est-ce que les enfants qui mangent leur crotte de nez pratiquent une homéopathie ? Peut être que oui. Est-ce que cela a un effet positif ? La question même est ridicule. A vrai dire, l'homéopathie n'a pas besoin de ces produits exotiques en capsule car on la pratique involontairement tous les jours. Bref, l'homéopathie n'a plus rien à voire avec une pratique hormétique aujourd'hui.

Méthodologie non-linéaire

Le plus étonnant par le développement actuel d'une approche hormétique est qu'on prend conscience que tout le système de traitement pharmaceutique est basé sur un étrange consensus méthodologique tablant sur l'effet proportionnel à la dose, c'est à dire une relation linéaire entre dose et effet. Vous avez bien lu. Une relation linéaire. Hallucinant. Les plus simples expériences à la portée de tous viennent contredire ce principe. Reprenons l'exemple de l'exposition au froid intense. Quand on se baigne dans une eau à 5°C ou moins on ressent immédiatement le froid de façon très intense, mais il y a ensuite une accoutumance progressive et variable en fonction des individus et des circonstances. Autre exemple : l'alcool. Si on jauge l'effet via le comportement, on peut être joyeux à petite dose et dépressif à plus grosse dose assez rapidement. Mais cela varie en fonction des individus. Certains vont rester joyeux, certains devenir agressifs, d'autres seront amorphes, certains tomberont malades avant d'atteindre l'état d'ébriété, certains vont passer par des phases rebonds, etc.

Mais, par exemple, votre prise de sang indique la présence d'un surplus (relatif à une norme dite "saine") de cholestérol, il vous sera prescrit une dose en relation à votre taux. Bon, dans cet exemple, on sait dorénavant que le cholestérol n'est que peu souvent un vrai problème de santé, et que les statines pour "soigner" peuvent causer de sérieux dommages. Passons. Le plus surprenant est que même si on admet la linéarité dose/effet pour l'effet ciblé, est-ce que les effets dits secondaires - qui ne sont pas "secondaires" mais plutôt connexes/annexes - sont aussi linéaires ? Encore une fois, un doute méthodologique assez fou. Encore pire. On considère un critère souvent en isolé d'autres critères qui probablement ne sont pas dans un indicateur de prise de sang. Encore pire. On prend le patient sur la séquence de sa demande/problème, c'est-à-dire qu'on impose un traitement linéaire sur un présupposé patient à condition linéaire. Le contexte passe le plus souvent à la trappe, aussi bien dans l'isolation d'un critère de l'ensemble des critères identifiables et non-identifiables, que dans l'isolation du trouble de ses conditions. Il n'y a plus un ensemble concomitant de conditions, mais un trouble (au milieu de nulle part, presque). Il n'y a plus un individu mais un trouble. Cette méthodologie de double isolation pourrait être acceptable en cas d'urgence réelle. Or, beaucoup de traitements très communs aujourd'hui sont des troubles chroniques. A la lueur de ces réflexions toutes simples, il apparait clairement une sur-médication systématique généralisée. Vous allez me dire que je suis hors-sujet par rapport à l'hormèse ? Au contraire, cet exemple très factuel illustre parfaitement ce phénomène.



Vision mécaniste contre vision écologique, en quelque sorte. A la différence que la vision écologique incorpore partiellement une vision mécaniste, elle l'englobe.


Le corps anticipe

L'effet d'hormèse pourrait être abordé sous l'angle du phénomène d'accoutumance. Si on reprend l'exemple de l'alcool, quelqu'un qui boit beaucoup et/ou souvent aura vraisemblablement plus de chances d'augmenter sa tolérance aux éléments néfastes des boissons alcoolisées. Si on juge par rapport au critère de tolérance spécifique à ce produit, alors il y a une "augmentation", un espèce de renforcement du corps au stress de l'alcool. Est-ce que ce renforcement spécifique s'accompagne d'autres atouts sur d'autres domaines du corps, de la santé ? Pas certains. Boire de l'alcool habitue à... boire de l'alcool, pas à renforcer les cheveux et les ongles. De même, s'exposer régulièrement à du froid augmente les capacités de résistance au... froid. En réalité, l'hormèse se trouve davantage dans le fait que le corps, suite à un stress, communique à beaucoup de parties et éléments du corps cet état de stress, probablement car il anticipe une augmentation du stress, ou sa généralisation. Il s'agit donc d'une réponse non pas aléatoire mais lié probablement à une mémoire ancestrale du corps. Vision écologique, qui rejoint les discussions à propos de l'intelligence sur ce blog. Le corps a sa propre intelligence qui a/est le fruit de l'expérience de milliers d'années. Dur de faire le poids face à cela !

Stress partout !

Arrivé à ce point de l'article, on se rend compte que nous partons nous aussi au quotidien d'une conception étrange, celle où nous serions des isolats bombardés de facteurs stress. On lutterait contre des ennemis de toutes parts. Conception tellement fausse pourtant ! L'environnement n'est pas un stress, mais une communication, échange d'informations sur plusieurs niveaux de notre existence. Cette perspective dressée ici peut donc, je l'espère, nous amener à revoir nos conceptions et perceptions ordinaires. Par exemple, on prend souvent l'hormèse dans sa réaction "positive" à un élément "négatif". Mais un excès de ce qui est au début positif peut devenir clairement négatif. Le confort. Le confort à un certain point nous enlève plus que nous donne, car le confort c'est l'absence de communication pour le corps. Les stress extérieurs sont des stimulations, comme de bonnes questions ou réponses dans une conversation.

Dose, mais aussi contexte

Aujourd'hui on voit progressivement émerger la mode de pratiques dites hormétiques. Néanmoins, dans la plupart des cas l'hormèse est comprise très sommairement et... linéairement. Ainsi, on voit des personnes faire et inciter à pratiquer et le stress thermique très souvent et le stress du jeûne, et le stress du sport, et autres. Tout ça cumulé n'importe comment presque. En oubliant qu'il y a toujours un contexte et une dose. Si ce qui vous stimule et vous amuse particulièrement est le bain de glace alors peut être que cela suffit comme stress délibéré pour obtenir en plus de l'amusement et de la découverte un potentiel effet positif supplémentaire formulé par le corps. En reprenant l'analogie de la conversation, accabler votre interlocuteur de questions pièges coup sur coup n'est probablement pas une bonne voie pour passer un bon moment et vraiment apprendre l'un de l'autre. Le "biohacking" n'est pas tromper le corps, mais au contraire dialoguer avec lui et sa mémoire. Argument aussi en la faveur du contexte : chacun a probablement un type de stress vers lequel il sera orienté spontanément. Imposer brutalement le jeûne, même intermittent, à une personne qui est bien nourrie et n'a aucunement l'envie ni l'idée de jeûner est probablement une mauvaise idée, du moins sur le court terme. L'hormèse semble plutôt une réponse globale et non ultra-spécifique.

Hormèse, oui mais avec dose

Il n'y a pas non plus de nécessité impérieuse à des pratiques hormétiques. Encore une fois votre corps est intelligent, si vous le trompez ou le poussez à bout tout le temps, ou à des niveaux trop intenses, il peut réagir en annulant toute tolérance ou presque. Je pense à l'expérience de l'alimentation quasi 100% végétale qui aujourd'hui aboutie à ce que quantité de personnes ne supportent plus du tout ces végétaux. Il y a donc fort probablement des seuils où l'hormèse ne marche plus du tout. Il y a aussi ceux par exemple qui veulent tenter le "sans gluten" puis qui se retrouvent de plus en plus intolérants au gluten au fur et à mesure qu'ils diminuent leur consommation en volume et fréquence.

Résumé ?

Comment définir l'hormèse, à partir de ça ?
Hormèse : potentielle réponse globale du corps à une dose (sur une fourchette ou plusieurs) de stress qui lui peut être très spécifique ou local.
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Décroissance, Quesako ?

17/8/2017

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Décroissance, qu'est-ce que cela peut vouloir dire ? Déjà, avant de vous répondre plus en détail, précisons que dorénavant les partisans préfèrent l'expression "objecteur de croissance".

Critique du développement

La décroissance est un concept qui postule la nécessité de ne plus chercher la croissance économique au niveau individuel, régional, national, mondial. Ce concept est avant tout une critique d'ordre politico-intellectuel avant d'être une proposition de modèle alternatif. Oui, la décroissance n'est pas un modèle mais une réflexion. Cela je l'ai entendu d'auto-labellisés décroissants. Qu'on ne s'y méprenne pas alors : il est question de réflexion et de critique d'un modèle existant. Ils ne sont pas dans une force de proposition mais dans une confrontation d'idées. Si on cherche à critiquer les critiqueurs de croissance, on ne peut pas leur reprocher ce qu'ils ne proposent pas : un modèle alternatif.

C'est quoi la croissance au juste ?

On parle de croissance sans même définir clairement ce que nous entendons par ce mot. Si on utilise une analogie : un enfant est en croissance physique lorsqu'il grandit avec son corps et on dit qu'il est en développement psychologique aussi en parallèle et ensuite toute sa vie. Mais ici nous ne parlons pas de physiologie, ni de biologie, mais bien d'économie. Par croissance économique on se rapporte aux comptes de l'indicateur universel PIB (Produit Intérieur Brut). Ce sont donc les résultats temporaires de calculs comptables techniques, à l'échelle d'un pays par exemple. L'indicateur PIB ne s'actualise pas à chaque instant, mais on saisit à intervalle régulier des relevés afin d'avoir une idée sur la direction de l'économie. Si on fait encore une analogie, on effectue dans un laboratoire une prise de sang assez régulièrement afin de nous indiquer notre état de santé. Avoir des indications permanentes ne nous servirait pas forcément plus que de façon ponctuelle. Le PIB est donc un peu comme un instantané de la croissance économique.
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décroissance De tout et de rien

La croissance, sous son indicateur principal le PIB, se fait sur une unité de base qui est l'unité monétaire en vigueur. En France et en Union Européenne c'est donc l'euro €. Du coup, comme l'indique l'expression, les décroissants sont avant tout des "objecteurs" de croissance, mot un peu vague pour dire "critiqueurs". L'orientation de leur propos est par conséquent avant tout une opposition. La croissance selon eux serait une chose mauvaise sur quasiment tous les domaines de l'existence. Il y aurait, avant les questions purement matérielles, un imaginaire global de la croissance qu'il faudrait "décoloniser". On voit donc que la dite décroissance se balade allègrement d'un plan à un autre, passant d'une considération économique à une réflexion philosophique, à une théorie psychanalytique, à une lutte politique, etc.

Mouvement anti-capitaliste, etc.

On sa balade d'un domaine à un autre, mais le fil conducteur est l'anti-capitalisme basique. Le rejet de la monnaie comme valeur d'échange universelle. On frôle l'anarchisme parfois, mais que quand ça arrange. La décroissance n'est clairement pas un projet, mais une absence de projet. Ce n'est pas une construction mais un repli. Anti-mondialiste aussi. Anti-technologique. En gros, c'est avant tout beaucoup de rejet et de critique. Et on propose ensuite de "discuter", de se "concerter" sur quoi et comment produire. On est donc, à demi-mot, sur le papier, dans une planification à grande échelle (ex: pays) de la production. Or, nous savons que la planification à grande échelle est souvent très inefficace, ce qui est par magie justement recherché par les décroissants. Le but est de ne plus être efficace, ou moins efficace. Régression à tous les niveaux. Je ne comprends pas comment on peut prendre au sérieux et acheter des livres et conférences tellement rétrogrades et inconsistantes.

L’œuf ou la poule ?

Il est question parfois de corréler exploitation énergétique et développement économique. Certains disent que l'un cause l'autre et certains que l'autre cause l'un. Débat un peu stérile. Cependant, il est intéressant de noter la corrélation. Sans hausse des ressources énergétiques on ne pourrait probablement pas nous développer autant, aussi bien en terme de démographie que de confort matériel et culturel. En fait, ce sont deux tendances qui s'auto-entretiennent. Le résultat est qu'on déplace les ressources de leur répartition spontanée vers nous, nos corps, nos maisons, nos routes, nos technologies, nos champs, nos bibliothèques, etc. Depuis les premiers outils en fer par exemple, on déplace le fer éparse pour le concentrer en un endroit et le modeler pour qu'il nous soit utile, utilisable, bénéfique. Le processus de fabrication de cet outil par exemple nécessite certes d'autres ressources comme du bois pour chauffer les chaudrons de métallurgie. Cependant les ressources biologiques peuvent se renouveler, et plus rapidement qu'on ne le pense souvent. Surtout on peut mieux les combiner pour tirer plus de profit d'un même élément de base.
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LEs absurdités économiques

Parmi tous les sujets soulevés par les décroissants, il y a des choses plutôt pertinentes, mais qui ne sont pas de leur invention. Par exemple, le fait qu'une casse de matériel ou une maladie soit comptabilisée comme positive économiquement alors que cela se traduit par des désagréments importants pour les individus concernés directement. On peut donc dire assez cruellement que se casser le poignée ou le fémur est bon pour l'économie, que faire un accident de voiture est bon pour l'économie. Mais ce raisonnement est faux, du moins il est vrai sur la séquence mais pas dans l'ensemble. Car un désagrément du type maladie ou accident est certes mauvais pour l'individu concerné mais cela affecte aussi sa propre production. Si il a un poignet cassé il ne pourra peut être plus conduire, et donc plus se rendre à son bureau, ou alors pour une efficacité bien moindre, ce qui est une perte pour lui et pour ce qu'il apporte et donc pour toute la société.

De l'autre côté ces accidents actionnent d'autres mécanismes qui peuvent aller du renforcement de la prévention, de structures de soins, de prise en charge par l'assurance, améliorer les dispositif de recherche médicale, de sécurité routière, etc. Augmenter aussi la prudence dans les comportements généraux. Autant de choses qui ne peuvent pas être vu comme des points totalement négatifs. Attention cela ne veut en aucun cas dire qu'il faut encourager les accidents et les maladies! Jamais, car on le voit il y a aussi des pertes autres que celles purement individuelles. Et si tout le monde était malade ou avait des accidents on ne pourrait plus rien produire, et ne plus rien échanger, voire même ne plus se soigner les uns les autres. C'est ridicule. Par contre, ce qu'on peut souligner c'est qu'on réussit à dégager un surplus de positif sur un évènement clairement négatif, et cela est très encourageant.

Si on revient à une analogie biologique, si un individu meurt dans une forêt son corps sera mis à profit par les animaux, les insectes, les bactéries, les arbres, etc. Mais l'écosystème perdra ce qu'apportait l'individu. Le surplus qu'on dégage nous humains profite économiquement certes, mais surtout sur le très long terme profite à la connaissance mondiale. Ici il s'agit d'un raisonnement délicat car il peut vite être mal interprété. Aucun accident n'est souhaitable et ne devrait en principe se produire. Mais ce n'est pas une raison de ne pas essayer d'en dégager quelque chose de positif qui pourrait profiter à tous au futur. On ne peut pas dire que c'est l'économie qui produit tous les accidents et toutes les maladies. On peut reconnaitre que sans voiture il n'y aurait pas d'accident de voiture, mais c'est un raisonnement qui tire à l'absurde, non ?

La référence médiévale

Au cours de la conférence à laquelle j'ai assisté, le Moyen-Age a été cité en exemple à suivre. Les gens de cette époque très vaste produisaient beaucoup d'alimentation avec des semaines de 4h nous dit-on. Alors, ayant lu quelques livrets sur les agrosystèmes je peux vous dire que le moyen age est une époque où on ponctionnait les richesses accumulées et spontanées de la forêt sans se soucier de les renouveler (il y avait aussi régulièrement de graves famines mortelles).  Du coup, tout le surplus du moyen age correspond à des pratiques productives totalement écocides. Ce n'est pas non plus une époque qui a permis de grandes accumulations de savoirs pratiques transmissibles. Sans dire que cette époque était "mauvaise", on ne peut pas non plus la prendre pour modèle. C'est un peu léger de piquer une donnée et de la sortir du contexte pour en faire un argument tapageur : "on travaillait 4h par semaine, c'est génial !". Ce genre de références historiques marque bien le fait que ce mouvement décroissant est dans une idéalisation du passé, un passéisme, une idéologie généreusement rétrograde. Et ce repli mental est compréhensible et dépasse largement la tentative d'unifier des dits décroissants (car oui, ils semblent décroissants dans le crédits qu'ils s'accordent mutuellement entre experts étant donné que leur ressource est une niche)
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le monde est finit ?

Par "le monde" il faut entendre les ressources naturelles. Et par ressources naturelles il faut entendre celles que l'on utilise et sait utiliser aujourd'hui. Alors certes il y a une quantité de matière finie, à moins de se voir bombarder d’astéroïdes et/ou d'aller chercher de la matière sur d'autres planètes. Mais nous n'avons pas tout exploité de ce que nous avons, ni tout optimisé, ni tout trouvé sur notre planète finie. Par exploiter il ne faut pas entendre détruire. Oui il y a des destructions, mais il y a surtout des mises à profit pour l'humanité. Et on ne peut pas réduire l'exploitation à la destruction. Quand on exploite une mine de calcaire, on détruit la concentration unitaire du lieu pour la répartir ailleurs dans pleins d'autres endroits avec plein d'autres utilisations. A quoi sers du calcaire inexploité ? A rien. Tandis qu'on peut en faire cent usages si on l'exploite. Est-ce mal ? Est-ce destructeur ? Non. Alors vous allez me dire que le calcaire est inerte. Oui, c'est vrai. Mais concernant la biologie, le vivant, rien de différent ! Aujourd'hui on déboise beaucoup certes, mais on reboise aussi énormément. On sait recréer des cycles biologiques locaux. On sait mieux gérer la ressource forestière qu'auparavant, et surtout beaucoup mieux qu'au moyen age. Rappelons que la révolution française a été le plus lourd déboisement de notre histoire nationale car tout le monde avait le droit de ponctionner les ressources qu'il voulait sans se soucier de la régénération ni de l'optimisation par l'usage de ces ressources (le droit instantané sans la responsabilité long terme)

Oui, le pétrole est une ressource finie, et c'est actuellement la ressource qui nous donne un sacré coup de boost mondial niveau productivité et progrès. Mais nous avons d'autres ressources qui elles se renouvellent. Nous avons aussi une optimisation toujours plus grande de toutes nos ressources confondues. Optimisation c'est pouvoir faire plus avec la même quantité ou faire autant avec moins de quantité. Pareil on peut reconnaitre que la croissance sera probablement toujours plus faible. Ce qui est évident car au plus on augmente la richesse au plus il est difficile d'augmenter le pourcentage de croissance. On peut plus facilement connaitre une grande croissance de richesse avec 10€ qu'avec 10k€ à la base. Et au plus on croit, au plus ce pourcentage de croissance est difficile à maintenir.

Ralentir et se recentrer

Si la décroissance est un concept fourre-tout un peu bancal sur bien des points, on peut reconnaitre quelques apports intéressants.

1. D'abord oui, tout s'accélère et ce n'est pas mauvais en soi, par contre nous ne sommes pas obligé d'accélérer sur tout en même temps. A vrai dire, nous avons même pleins d'opportunités de ralentir sur bien des points de l'existence. Il nous faut les saisir, en être conscient, les savourer. Mais ne nous y trompons pas, ces moments de ralentissement ne sont pas des moyens de "résister" mais simplement de profiter d'une autre façon. Oui, la vitesse n'est pas garante d'efficacité, ni même le volume horaire. Parfois, et moi le premier, nous sommes plus efficaces à ne "rien" faire qu'à s'agiter et stresser pour produire cout que cout. Là par exemple, je viens de faire une pause dans l'écriture de cet article à jouer un peu de tamtam et à prendre un thé pu erh au beurre avec une demi-pomme. Et c'est au sein de ces deux activités que j'ai eu d'autres idées pour continuer cette exploration de la décroissance. Vous voyez que consommer une demi-pomme et 45cl de thé c'est pas vraiment de la consommation caprice excessive et nuisible pour la planète ou l'humanité, ou les cochons d'inde ou je ne sais quelle invocation. Minimalisme donc.

2. Nous voilà au deuxième apport intéressant de la décroissance : le choix. Oui, nous pouvons en principe choisir nos consommations pour que ça aille dans un sens qui nous arrange. Si mon souhait c'est de développer l'économie agricole près de là où j'habite alors je ferais des recherches pour trouver des pommes produites dans les environs et alors je serais content de les trouver et de donner de la monnaie à ces producteurs. Mais si mon souhait c'est de trouver la meilleur pomme en gout car je souhaite me faire plaisir aux papilles, alors je devrais chercher autrement, peut être passer plus de temps, faire plus d'essais, mais peut être qu'à la fin quand je trouverais la pomme qui me ravis gustativement alors j'aurais besoin de moins de pomme en quantité et je serais décroissant sur ce point, après avoir fait des recherches et pleins d'essais. Le tout local parait bien sur le principe mais j'émets de sérieux doutes sur l'efficacité et justement la pertinence décroissante même de ce genre de projet. En fait nous ne pouvons être décroissant que sur certains critères mais jamais sur la totalité. Mais on ne peut pas souhaiter la décroissance globale car cela contredirait les principes mêmes de la décroissance, dont utiliser moins de matières par exemple.

3. Se recentrer. Oui nous pouvons et même devons nous recentrer. On peut se divertir dans tous les sens et on devient même rapidement las de toutes ces opportunités. On les prend (comme beaucoup d'autres éléments d'ailleurs) comme étant acquises et "normales". De ce fait on ne sait plus en profiter vraiment. On ne saisit pas la valeur de chaque production matérielle et culturelle. Si acheter un mug parce qu'il est drôle alors qu'on en a déjà 10 dans l'armoire alors oui on peut dire que c'est un caprice un peu inutile qui nous disperse et ne nous apporte qu'une satisfaction fugace, en plus d'une dépense vaine qui nous prive d'une meilleur allocation de nos ressources financières. Certains disent par exemple qu'il vaut mieux acheter des expériences (comme un voyage) qu'un objet. Mais c'est un peu radical d'étendre ce raisonnement à l'ensemble de la population. Certains n'aiment pas voyager et ont un plaisir énorme et durable à collectionner  des figurines ou des tasses par exemple. Peut-on interdire ou blâmer ces personnes qui préfèrent un objet au voyage ? Non, ce serait une atteinte à la liberté/singularité individuelle et une privation forcée. Ces personnes ne consomment pas plus mal que celles qui voyagent. Ce serait une hiérarchie arbitraire contradictoire avec la plupart des grands principes humanistes et des principes décroissants eux-mêmes.
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Pour résumer :

  • La décroissance est possible sur certains critères spécifiques mais jamais dans l'ensemble des critères, et encore moins tous les critères en simultané.

  • Le monde n'est pas finit en interactions, en combinaisons, en affinements, en optimisations, en connaissances, etc.

  • On peut parfaitement ralentir sur pleins de domaines pour se recentrer sur ce qui nous importe vraiment. Le plus dur étant peut être de trouver ce qui nous importe vraiment. Et le temps de trouver est autant d'énergie et de monnaie qu'une croissance (ou une catastrophe) seule rend possible.

  • La monnaie est plus importante pour l'humanité qu'on ne le pense au premier abord de façon individuelle. Car elle permet de soulever des investissements déterminants pour toute l'humanité.

  • Beaucoup de concepts rattachés tant bien que mal à la décroissance sont incompatibles entre eux et s'avèrent fortement rétrogrades.

  • La décroissance joue son rôle utile de critique publique, mais ne peut en aucun cas proposer un modèle par définition.
En dernier recours, il y a la critique de la notion de progrès qui est souvent décrit comme étant un mythe. Mais cela n'est pas le sujet central de cet article. Si cela vous intéresse, je traiterais la notion de progrès ultérieurement.

En fait, le progrès n'est pas que de l'ajout, c'est aussi et avant tout laisser tomber des techniques et objets inutiles, encombrants, obsolètes. Donc le progrès est d'une certaine façon décroissant, car il permet de faire plus ou équivalent avec moins. Bien entendu, le processus de recherche essais-erreurs nécessite des ressources avant d'arriver à une technique et technologie qui donne un avantage certain, massif et déterminant. Mais :) bref, ce sera un autre article :)

Ah, encore un petit mot, je veux bien reconnaitre qu'on va nécessairement décroitre sur certains domaines qui nous paraissent primordiales aujourd'hui. C'est possible que la place de la monnaie décroisse dans une société d'abondance. C'est possible que le concept de pays disparaisse ou se fragmente en plus petites entités. C'est possible que la majorité des grosses industries disparaissent rapidement au profit de petites et moyennes productions, dont l'artisanat-qualité est un exemple admirable.



Que pensez-vous de la décroissance ?
Comment en avez-vous entendu parlé ?
Sur quel point vous considérez-vous comme décroissant ?

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