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Spiritualité, magie & Occultisme

10/3/2018

 
Le but de cet article est que vous croyiez en n'importe quoi, que vous deveniez adepte de la première secte venue, que vous vous convertissiez à des religions, non pardon à une seule à la fois, et puis tralala tralala, a bras cada bras.
Photo valentin kyndt eau goutte pot reflet

Spiritualité

Hoy, le mot fait peur, ou fait sourire, au choix. Tel que je le vois on est dans le dogme du psychologisme >> voire un article qui tâte les différences et points communs entre psychologisme et spiritualité. On relègue rapidement la spiritualité à un domaine spécifique de l'existence, c'est à dire au lieu que ce soit un fait total, ça nous est peint à ce jour comme un résidu de vielles croyances obsolètes et folkloriques : tantôt mignon tantôt flippant.

Magie

La magie. Hum qu'est-ce qu'on invoque quand on parle de magie ? On a tout un imaginaire américanisé et lissé sur des sorcières, la magie noire, mélangé au voodoo, à la fantasy, aux jeux-vidéo, aux contes pour enfant, à l'enfer selon les monothéismes, etc. Bref, c'est tantôt un truc de gamins trop imaginatifs, tantôt une bien mauvaise blague.

Occultisme

Ah ah, alors celui-là est peut être, dans les trois termes de l'article, celui qui fera le plus hausser les sourcils. Ironie, l'occultisme qui serait le moins connu, le plus obscur à concevoir. Qu'est-ce qu'on entend par occultisme ? Un vaste ensemble de pratiques rituelles, ésotériques, magiques, spirituelles qui n'est pas "révélé", divulgué, partagé d'ordinaire au public mais reste généralement confiné à un groupe.

Photo plume ombre flamme valentin blog
Photo tronc arbre abstrait rouge
Photo tronc arbre noir et blanc abstrait

Partons des bases

Comment je vois la spiritualité aujourd'hui, dans le fonctionnement actuel de la société ? Alors, je ne suis pas forcément très fan du concept d'inconscient, et lui substituer le concept de subconscient ne me semble pas forcément mieux. Toujours est-il, je constate au quotidien que grosso modo on fait des choses et qu'ensuite on invente une histoire, et que cela prouve que notre conscience n'est pas si étendue qu'on pourrait le penser à premier coup. La conscience est d'ordre plutôt passive dans nos comportements propres mais peut être plus active dans la survenue de nos fameuses post-narrations. Le sujet ici n'est pas la conscience. Je pose ces éléments pour marquer le fait qu'on ne sait pas grand chose, si vraiment quelque chose sur l'existence. Savoir cuir un œuf ou construire une voiture ne nous renseigne pas forcément sur nous-mêmes, sur le monde. Ce sont des connaissances pratiques, presque automatiques et autonomes. Même par la démarche scientifique, on obtient/produit des informations sur un très large éventail de phénomènes "matériels".

Matérialisme

Ayé, le mot est lancé : matérialisme. Le matérialisme est un si ce n'est le fondement de la démarche scientifique. Je ne vais pas m'étendre sur le sujet isolément, je me contenterais de le citer au passage. Le matérialisme c'est donc poser le principe que tout ce qui existe est observable et donc mesurable, et donc connaissable (ce qui fait beaucoup de présupposés avant même de commencer, en plus en chaine : l'un dépendant de l'autre). Tous les phénomènes que l'on observe proviennent donc de ce qu'on appelle matière et qui est donc saisissable, tangible et existe "en dehors" de nous. La recherche d'éléments irréductibles comme l'atome par exemple est symbolique de ce procédé matérialiste. Quelque part le pendant hors science de ce matérialisme est de ne considérer comme ayant de la valeur que ce qui est fort "tangible", donc on arrive à la surconsommation de matériaux, d'objets, d'aliments, et on accorde moins ou plus beaucoup de valeur à l'imaginaire, aux perceptions. Il nous faut, selon la formule politique éculée, du "concret", jusqu'à écœurement rajouterais-je. Cependant, oui-oui, le matérialisme scientifique semble exclure (avec méthode) beaucoup d'hypothèses sur ce qu'est la matière. A vrai dire, c'est impensable d'appliquer tout de go par exemple les théories de physiques dimensionnelles à nos objets et notre langage par exemple.  Et donc on cloisonne pour conserver un tant soit peu de clarté intellectuelle domaine par domaine. D'évidence, chaque nouvelle connaissance s'intègre dans un ensemble gigantesque de connaissances et donc change en partie tout cet ensemble. Chaque étude scientifique et artistique, existentielle est donc une révolution dans la connaissance. Bref, revenons à notre sujet.

Invocations ordinaires

Pour aller plus loin dans une critique sur les fondements de la démarche scientifique dont surtout le matérialisme je vous renvoie vers un article non encore publié à propos de la critique du verbal. En attendant, on peut constater que beaucoup de scientifiques affirment et revendiquent le fait de ne pas "croire" en ce qui est appelé dieu par exemple. On oppose science et religion. Et il est vrai que la religion peut encore aujourd'hui être un "frein" énorme à la science. Mais tel que je le vois, les deux ne s'opposent pas. Certains scientifiques poussent vraiment loin la guerre anti-religion, allant jusqu'à dire qu'il est impossible de croire en dieu et être scientifique en même temps. Par extension, aujourd'hui beaucoup d'athées se considèrent plus rationnels que des "croyants". Je vous renvoie vers mes articles sur l'athéisme et sur dieu. Cependant, malgré cette soit-disant rationalité on a toujours si ce n'est plus de rituels, d'incantations, d'invocations, de croyances. Vous ne voyez pas en quoi vous participez à tout ça ? Oui normal, on a des "filtres" pour ne pas voir les choses telles qu'elles sont, et qu'en plus on utilise un vocabulaire qui permet de faire croire qu'on fait des choses très différentes de la spiritualité. Par exemple, des millions de gens qui se rendent au stade pour voir un match de foot, ou un concert d'une star ce sont ni plus ni moins des rituels où l'on invoque collectivement quantité d'éléments. Il s'agit de communions aussi. Dans la religion économique on invoque le cours de la bourse pour dire si la société et "le monde" vont bien ou non. Je ne ferais pas l'inventaire, vous verrez par vous-mêmes l'étendue du phénomène.

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Impossible non-spiritualité

Donc, derechef on n'est pas - ou si peu - conscient de ce qu'on fait au quotidien, on ne connait pas le futur, on ne peut pas non plus étendre la prédiction précise par une causalité pure et dure sur du long terme et quand bien même la science n'a pas vocation à la prédiction. Au quotidien on participe à des rituels qu'on n'appelle pas rituels mais "travail" ou "tradition", ou "loisir", ou "art", etc. On croit en l'économie, en la nation, en le basket-ball, en le Louvre, en la Culture, en Apple, etc. Donc, rationnellement on ne peut pas dire que nous sommes rationnels, carrément pas ! On est donc réduit, ou plutôt on ne peut pas ne pas être dans une posture spirituelle. Si je me sens bien quand je respecte le fait que tous les jours je joue à la même heure à tel jeu-vidéo, ou que je vais lire, ou que je vais prendre un café, ou me connecte à telle plateforme du net etc, c'est pas de l'ordre de la rationalité mais bien de l'invocation et de la spiritualité. En fait, on ne peut pas ne pas être spirituel. Car cela voudrait dire que l'on connait le déroulé et la destination de chacun et de chaque chose ce qui est humainement impossible. Ainsi on lance des idées, des paroles, des actes dans le monde et en soi sans savoir forcément si cela va prendre, se cela va avoir un impact, un effet ou non. Cela est l'équivalent de sorts, sortilèges et donc de la magie.

Les temples d'aujourd'hui

La magie donc n'est pas invoquer Satan, ou un Djinn mais invoquer le bien-être, la croissance économique, la tradition, le sacré, un sage, etc. On se moque gentiment des mythologies antiques parce que grosso modo tel qu'on le voit rétrospectivement du haut de notre présent, les individus personnifiaient le bien-être en un dieu, ou divinité et lui faisaient même des temples à leur effigie. Mais regardez les musées et les centres d'affaires sont aussi des temples relatifs à leur domaine respectif. On ne personnifie pas l'économie de manière aussi forte que dans l'antiquité - Ô Dionysos - mais le résultat est bien identique. Le sacré se manifeste non plus dans le rapport aux autorités monothéistes mais aussi au respect de la nation et de l'économie, à différentes formes de bien-pensances qui peuvent rétrospectivement être vus comme des dogmes, bien que dans la contemporanéité ce ne soit qu'un phénomène mouvant et pas bien unitaire selon nos perceptions limitées. Pendant que j'y pense, le concept de progrès serait à détailler, notamment parce qu'on le corrèle à la temporalité, au bien, dont bien commun acquis, etc. Mais donc, notre quotidien est entièrement tissé de sortilèges tous azimuts.

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Langage = formules magiques

Bien sur, rien n'est comme dans "ha riz, pot de fleur" avec des formules magiques forcément en latin et avec des éclairs couleur fluo-néon qui sort de bout de bois. Même, le langage qu'on utilise pour penser, ressentir, réfléchir, percevoir, communiquer, s'exprimer est bel et bien d'essence métaphorique, on associe un élément à un autre et hop on peut désigner des choses qui ne sont pas là ou qu'on ne peut pas voir, ou toucher directement. Quand je note le mot "éléphant", diverses choses et diverses qualités sont associées automatiquement en nous, ça peut être le concept "animal", ou "gros", ou "sagesse", ou "défense", ou "Afrique", ou "zoo", ou "écologie", ou "savane" ou bref. Le mot éléphant est un sort qu'on lance et qui va actionner un peu à l'aveugle un ensemble d'associations mentales qui n'est pas de l'ordre du précis. Peut être qu'il va actionner le concept de gros chez un individu et chez un autre individu le concept de gris. Et peut être qu'à un autre moment de la journée, le même mot invoquera de tout autres concepts encore. Regardez, de façon très concrète, il suffit parfois d'un mot-clé (lol voyez qu'en vrai un mot n'est pas une clé) pour illuminer le visage d'une personne, ou la faire parler, ou la faire danser. Dans le livre de la Bible il est écrit "au commencement était le verbe", et cela prend parfaitement son sens quand on sait combien le langage est basé sur la métaphore. Le propos sera peut être un peu de trop dans cet article mais même le découpage basique comme sujet verbe objet tient de la métaphore, donc d'une certaine vision du monde et de l'existence, et donc aussi par un vaste ensemble d'associations filées aka alchimie, aka magie.

Pragmatisme élémentaire

Non seulement voir toute chose comme spirituelle est plus rationnel que la posture pseudo-rationnelle ordinaire, mais en plus c'est notre unique façon d'être possible. Voir toute chose comme étant de la magie n'est pas une narration alambiquée mais bien la réalité, celle qui nous est accessible. Parce que souvent contre la spiritualité ou contre la magie on invoque le causalisme bien grossier et aussi accessoirement stupide comme : hypothèse, je prend une tasse en porcelaine, je décide de prendre cette tasse et je décide de la laisser tomber sur le sol carrelé, alors la tasse se cassera : cause et effet. Ironiquement ce type de discours est déjà faire appelle au langage donc aux métaphores, donc aussi à l'imagination, donc à quelque chose qui tient plus de la magie que du contrôle réel. Ensuite, on invoque le concept de cause et effet simple, ce qui est peut être valable sur une très courte séquence mais jamais sur l'ensemble. Parce qu'on ne peut pas remonter les chaines de la causalité, ni en édifier de sures et certaines et absolues. On en est réduit au pragmatisme le plus élémentaire, c'est à dire tenter et essayer de récupérer puis transmettre ce qui nous va, nous fait plaisir, nous fait bénéficier d'un plus, d'un bénéfice même minime.

Lancers aléatoires

Néanmoins, il ne s'agit pas ici d'enchanter, ou de réenchanter le monde, notre existence. Ouhou on n'est pas chez Disney, c'est pas notre boulot, pas le mien en tout cas. Et même si je le faisais, ça me ferait suer de lâcher des scénarios creux qui pourrissent et hantent le mental des gens. Donc, la spiritualité ne s'oppose aucunement aux démarches les plus rigoureuses comme la science, au contraire. Par cet article je ne vous invite pas à vous déguiser en Merlin, à croire à tous les contes de fées qui viennent à vous, je ne vous invite pas à construire un temple, ni à vous "convertir" à la bible, à la torah, au satanisme, au voodoo, etc. Je ne veux pas vous imposer un filtre, mais simplement mettre en évidence nos conditions d'existence bien "concrètes". Par là on s'ouvre probablement une flopée de possibles car on est moins dépendant au domaine, biais et phénomène que j'explore dans la triméta. On sait la part que l'on doit aux concours de circonstances, quand bien même la quantité de monnaie, d'efforts et de volonté (croyance), de temps, parfois nos projets ne donnent rien, et ne donnerons jamais rien de ce qu'on avait prévu. Par contre, invoquons la sérendipité, on peut trouver en chemin, d'autres choses tout aussi voire plus utiles même que nos visées préalables. Rappelons que la monnaie est un ensemble de chiffres sur des papiers ou des pixels et que pourtant cela a des effets très réels sur nos existences. Cela est un sort qui tient à de la croyance organisée, captée. Les prêcheurs de notre sainte religion économique n'en savent pas plus que le commun des mortels, ils sont surtout plus doués pour produire un discours qui évidemment les enchantent d'une aura de légitimité et d'autorité.

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Source image >> http://www.lacellule.net/2015/02/podcast-adn-n12-une-breve-histoire-du.html

Peser ce qu'on contrôle

Exemple de la méditation. Quand on médite on se rend vite compte que nous ne sommes pas nos pensées, qu'il y a des pensées qui viennent et reviennent sans arrêt comme nous hanter finalement si on change de vocabulaire pour décrire la même chose. Lors de séances de méditation donc, on est seul avec soi-même, mais en fait, pas tellement parce qu'une fois qu'on quitte le flot permanent des stimulis extérieurs (écrans, obligations, sport, déplacements, sociabilités, lectures, etc.) on pourrait penser qu'on serait vide, et bien non, tout tourne encore en nous, même des idées et des sensations dont on ne comprend pas comment ils nous parviennent. Même ceux qui méditent beaucoup, pendant des années, ne parviennent pas à un "vide", d'ailleurs ce n'est pas le "but" de cette pratique. Mais ce qui est intéressant à retenir c'est qu'on se fait le constat, qu'on ne peut absolument pas nier ou déguiser, que nos pensées ne nous définissent pas, ne nous appartiennent pas, ne sont pas souvent de notre ressort, de notre contrôle et pourtant à chaque instant on est bombardé d'idées, de sentiments, de projets, de rediffusions internes approximatives, etc. Alors attention cela ne signifie pas qu'on ne contrôle rien du tout et qu'on est donc déresponsabilisé (comme par magie) de tous nos actes, paroles et pensées. Au contraire on en est d'autant plus responsables. Pareil pour les démarches scientifiques, reconnaitre qu'on ne peut pas ne pas être spirituel permet de revenir à une démarche plus rationnelle et de bel et bien voir que la science comme l'art sont des entreprises exceptionnelles.

Photo docteur strange marvel magie
Source image >> https://i.annihil.us/u/prod/marvel/movies/strange/epk_updated/images/gallery/7.jpg

Séparations & sacré

Beaucoup de séparations mentales, protocolaires peuvent en effet nous apparaitre comme de bêtes caprices d'individu ou groupes d'individus. Mais ces séparations permettent aux individus de créer un environnement leur permettant d'exister, de s'exprimer. Cela tient du sacré. Aujourd'hui la propriété privée est sacrée, parfois jusqu'à l'absurde. Hier pénétrer dans un bâtiment précis était quelque chose de sacré, aujourd'hui des millions de touristes déambulent comme des zombies dans ces vestiges, ruines, comme en Égypte ou en Grèce. Si je ramène ce propos ici c'est pour mentionner que voir la vie comme étant indubitablement spirituelle permet aussi de ramener non pas du sacré mais du respect.

Chaque élément est unique et singulier. Par exemple un arbre, oui effectivement c'est pour nous de façon très "pratique" et "utilitaire" une matière première appelée bois pour construire, chauffer. Mais cet arbre est aussi un être vivant avec ses particularités, avec un ensemble de propriétés uniques. En voyant cela tel que cela est en réalité on ne peut plus ou moins raser des forêts sans penser à rien, juste parce que "c'est à faire" ou "c'est mon métier". Et ce qui est valable pour cet arbre hypothétique est donc valable pour d'autres domaines. Si quelqu'un a besoin de repos il faut le lui permettre, du moins ne pas le lui empêcher.

La spiritualité est donc très responsabilisante et très lucide et très respectueuse quand on la fait/explore un peu plus consciemment, ou au moins sciemment. Car oui, des gens peuvent se dire non spirituels mais l'être quand même car, comme il a déjà été écrit, il est impossible de ne pas l'être. Même les protocoles scientifiques tiennent parfois plus du rituel esthétique que de la recherche véritable. Mais cette part de non productivité réelle finale n'est pas forcément à couper, éliminer non plus car non seulement c'est impossible de produire à chaque coup, et encore moins de produire parfaitement, mais pas souhaitable non plus humainement. Il n'y a pas de "perte", mais des combinaisons qui marchent en un temps et lieu donné et d'autres qui ne marchent pas.

exorcismes

Aujourd'hui on pratique plein d'exorcismes sans en avoir conscience aussi. Pour éviter de penser à ça et ci, on va faire du sport (brûler des calories, "santé"), aller au cinéma (narration fictionnelle grand public), prendre un cachet, etc. Pour éviter de penser à la réalité pure et dure on va tout rapporter à une doctrine pseudo rationnelle qui en fait n'est que du pipeau. Par exemple le psychologisme va me dire que si j'écris c'est pour compenser ceci cela, le sociologisme va me dire que je lutte contre des idéologies, l'économisme que je suis mon revenu monétaire + patrimoine, et un producteur consommateur de "richesses". En vrai ces doctrines contemporaines ne savent rien, ils proposent juste des ensembles de discours et recettes qui parfois marchent et donc qu'on reproduit. Je ne crois en aucun des trois dogmes, à vrai dire je trouve que c'est une très mauvaise narration collective ce triptyque aujourd'hui si sacralisé. Je ne suis pas un flux monétaire, je ne suis pas une boule de pathologies, je ne suis pas un acteur de lutte sociale idéologique. Peut être qu'en partie oui, je suis sur ce détail telle caractéristique, mais aucun de ces dogmes ne peut me dire qui je suis, ce que je peux faire, ce que je dois faire, ce que je dois percevoir, ce que je dois croire. Je ne crois pas au "normal". Ils sont au pire une vague image, ou plutôt un très lointain reflet.

Confiance

Bref, tout ça pour dire aussi qu'en fin de compte on est toujours tout seul dans ses propres conditions d'existence, de perception et que donc on peut/doit accorder de la confiance en cette belle et réelle singularité et ne pas chaque fois se dissoudre dans ces ensembles flous et fous de dictats/sortilèges/imaginations collectives très contemporains. Ce n'est pas s'enfermer dans soi-même ou rejeter "le monde" que de ce faire un minimum confiance et ne pas dire amen à toutes les théories et magies du moment. Hum, ça nécessiterait que je pave quelques chemins sur ce qu'est ce qu'on appelle l'imagination. Dans un autre article :) Si vous saviez comme la "confiance" tient en fait des masses à la "croyance". Dans l'esthétique rationalisante, parler de spiritualité est tendu, car on doit décortiquer tellement de nœuds conceptuels... là je sens que je suis passé à côté de pas mal de points primordiaux et que j'ai peut être mal amené certains autres et que donc je pourrais être pris à défaut dans un éventuel duel de discours. Je vous fait confiance en vous confiant ces réflexions et méditations. Mais ah oui, la croyance n'est pas non plus à confondre avec la spiritualité. La croyance est une partie de la spiritualité mais n'est pas toujours indispensable, et quand nécessaire elle n'est pas forcément surpuissante hein !

Binaire & prière

La ? qu'on pourrait se poser est : comment fonctionne cette fameuse "magie". Alors déjà il semble fortuit de réfléchir sur le binaire. On fonctionne sur une base très binaire souvent, par habitude. Vrai ou faux. Avec le "ou" exclusif, c'est à dire soit l'un soit l'autre. Tu es pour ou contre moi. On associe cela au concept de "caractère" de "volonté", de "savoir ce que l'on veut", de "confiance en soi", de "loyauté". Mais c'est vraiment beaucoup plus nuancé en vrai. Toutes ces associations sont des procédés de manipulation, des nœuds magiques qui restent très puissants. Cependant, de manière très concrète, quand je me tiens debout je me tiens sur mes deux pieds en même temps, et mon existence n'est ni vraie ni fausse, elle est, tout simplement. Le binaire, bien que potentiellement puissant, ne s'applique pas partout de tout temps, et donc le causalisme brut (qui en dérive) non plus. Toutes les démarches ouvertement décrites et consciemment exécutées comme "spirituelles" ne suivent pas ce causalisme brut, ils ne suivent pas non plus l'idée de l'économisme qu'est le productivisme. Donc, pour illustrer prenons la pratique dite de prière. Qu'on labellise ou non la pratique on fait tous des prières au quotidien, car ce sont des souhaits. Même celui qui veut gagner plus de monnaie est dans une démarche de prière, même si après il fait pleins de gestes et de choses aka "travail", il commence et renouvelle des souhaits sur sa situation. Maintenant est-ce que la prière est comme une requête (ou quête, tout court) qu'on rentre sur l'interface du moteur de recherche Qwant par exemple ? Non. La prière ne fonctionne pas de manière précise, ni forcément toujours productive. Il me parait d'ailleurs étrange de prier pour soi et non pour un ensemble plus conceptuel, moins localisé en des individus. En fait, la "magie" de la prière ne fonctionne pas ou très peu sous forme locale, contrairement à ce qu'on voudrait en concentrant de force et de façon vaine les lieux comme le Vatican ou la Mecque. Les monothéismes étant aujourd'hui comme un capitalisme spirituel. Ah et la silly conne valley. Bref, le binaire est un sortilège magique comme un autre qui donc ne fonctionne pas toujours de manière universelle.

conditionnement ou sort ?

Pour rejoindre un peu les schémas dégagés dans l'article sur la Triméta, si cela peut vous "rassurer", il y a donc des mots qui changent mais qui au fond désigne la même chose. Beaucoup de personnes critiquent le marketing qui labellise des choses simples et par là donne l'impression que c'est quelque chose de totalement différent. Et bien c'est un phénomène qui n'est pas cantonné au domaine appelé "marketing". Par exemple, avec notre triptyque socio-psycho-économisme on parle de "conditionnement" alors qu'on pourrait décrire cela comme un "charme", ou un "sort", ou un "envoutement". Élément de langage, certains mots ne conservent qu'une connotation folklorique quand ils ont été "remplacés" par un autre mot plus à la mode ou contemporain. Rétrospectivement, on rejette donc des phénomènes en les prenant pour ce qu'ils ne sont pas, et on croit à travers notre nouvel armada lexicale que nous avons évolué drastiquement par rapport à ce passé. Dans la même veine, on considère que nous avons une approche plus "rationnelle" et avons "progressé" parce qu'on est dans un esthétisme verbale imitant ou singeant le détachement et le scientifique. Ce qui engendre un surcroit de tension à vouloir cout que cout conserver ces apparences, ces postures. Par exemple il y a une superstition du rationnel à vouloir évacuer à tout prix tout ce qui serait du domaine de la croyance, parce qu'ironiquement on pense que si on croit à un élément on va finir par croire à toutes les hypothèses et narrations farfelues que produit le monde.

Miroir, mon beau miroir

Imaginons les cartes du tarot, si vous êtes mal à l'aise ou sceptique vis-à-vis de ça, vous pouvez changer de perspective et voir en ces supports des miroirs ou des outils d'aide. Si vous considérez que le miroir dans lequel vous vous regardez le matin est "normal" mais que le miroir sous forme d'un ensemble de cartes peintes n'est pas normal, il y a incohérence dans cette croyance. Le miroir reflète, mais ne produit rien directement, il produit peut être une modulation et une variation légère en tant qu'interaction avec la lumière et les objets et sujets alentour. Il est "normal" pour un "jeune" d'aller danser dans une "boite de nuit" (voyez l'expression mystique lol),  mais si vous dansez uniquement sous la pleine lune et seul là vous êtes bizarre et vous n'êtes pas "rationnel". Absurde, hein! Si vous avez besoin de faire des trucs bizarres, ces trucs ne sont plus bizarres. On fait beaucoup de choses spontanément et on réfrène beaucoup d'actions parce que socialement on est envouté pour aller dans telle ou telle direction, s'offrir à telle croyance, etc. Finalement, on pourrait voir en tous ces systèmes "techniques", sous notre fameux triptyque moderne, un abandon complet à la magie, une surexploitation même de la magie, jusqu'à perdre de son ancrage en nous. Vous savez c'est comme quand on s'engage dans un "combat" qu'on dirait maintenant de "société" mais qu'on pourrait aussi dire un combat contre des "forces", on va trouver un concept de vertu comme par exemple la liberté, et on va marteler liberté à toutes les sauces jusqu'à ce que le mot liberté n'ait plus aucun sens.

Un peu plus loin

Pour aller un peu plus loin dans cette optique, voyez la ferveur que peut susciter une star nationale ou internationale. Je n'aime pas citer des noms mais pour des raisons de compréhension ce sera mieux. Johnny Haliday et Madonna par exemple. Des gens, à travers le monde, sans aucune concertation se regroupent, admirent ces personnes avec une énergie débordante, allant jusqu'à pleurer à être en transe, à faire des tatouages sur eux à leur effigie, à réaliser et entretenir un autel dédié. Si ce n'est pas notre cas de figure on voit ces comportements comme étant drôles et faisant un peu pitié aussi parfois, on se dit bien hauts et confortables dans notre triptyque dont psychologisme qu'ils font un report d'attention, ou je ne sais quelle hypothèse narrative. En vérité ce sont des pratiques très répandues et ancestrales. Pas de vénérer Johnny qui n'existait pas au paléolithique lol, mais de vénérer des personnes ou entités. Par exemple cette star doit au quotidien être très chiante, mais elle est devenue un personnage par la force des fans et des médias.

Auparavant on pouvait avoir des vénérations et des autels chez soi pour des divinités comme pour la fertilité, la récolte, la chasse, les arts, la famille, etc. Certains aujourd'hui reprennent délibérément ces pratiques en appelant cela "chaos magic". Ils font des autels avec ce qui les inspirent, comme une figurine de Hulk ou Dark Vador, ou Yoda, ou la princesse des neiges, à côté d'une photo du Dalaï Lama et de Pontifex, par exemple. Que ce soit des gens existants ou des personnages de fiction, tout peut être source d'inspiration et donc aussi de dévotion. Même ce qu'on prend pour juste un "hobby" comme une collection de figurines, ou de livres, ou de vêtements tient de l'autel. Sans le savoir, sans le vouloir aussi forcément, on nourrit des entités extra-individuelles au quotidien. Certains le font avec des autels, des rituels tout ça, d'autres simplement en donnant de leur attention à un sujet, en donnant des émotions, etc. Il y a donc des "entités" qui ont un effet réel tant qu'on les nourrit. Quand cela prend de grandes proportions, et devient hors de contrôle on peut appeler ça égrégore. Certaines personnes voient en la "start-up" (licorne?) guerrière d'Hitler un égrégore nourrit à la peur, à la haine d'un peuple, aux symboles, etc.

Précaution

Donc, à travers tout cet article, sans doute un peu fourni, j'espère que vous avez saisi ce qu'est la spiritualité, la magie. Les religions monothéistes sont une entreprise, usine spirituelle, elles exploitent quelques percées faites jadis par des individus isolés. Et quand on nomme une chose, une entité on prend le risque de nourrir une entité autre que celle d'origine. Cela me semble possible que prier "dieu" soit aujourd'hui ne pas donner directement du "pouvoir" à dieu mais à une entité autre. En nommant et en donnant un nom, on crée une sorte de doublon qui de suite s'éloigne de l'origine. C'est quelque chose d'évident avec cet exemple : je porte le prénom Valentin, mais ce prénom, sous cette forme actuelle dérive du mot valens qui signifie courage. Mais aujourd'hui avec ce prénom je ne suis pas le courage à moi tout seul, je suis autre chose que le nom. Et ben c'est pareil avec tout. Dieu d'yeux (voir la catégorie BAM) est autre chose que ce qu'on désigne par ce nom, d'où peut être les mauvaises interprétations. Je rappelle le taoïsme : ce qu'on désigne par le tao n'est pas le tao. C'est d'une sagesse dans la précaution indispensable et indépassable.

Donc en donnant beaucoup d'énergie, de temps, d'émotion à une entité on risque de nourrir une entité toute autre. Car on pense à tort que ces phénomènes sont précis, comme un code de confidentialité sur un portable, ou une équation simple. Tu sors ça, tu obtiens ça. Non, on ne peut pas vraiment savoir où va s'accumuler ces énergies. Quand on concentre trop d'énergie dans un lieu ou une chose spécifique on prend le risque que ça se retourne rapidement contre nous, car même la notion de propriété privée qu'on a tellement bien en tête de nos jours est un sort, mais ne s'applique pas comme ça en vrai, dans la réalité. On veut être propriétaire d'une personne dans un couple par exemple, ou de ses enfants, ou de ses animaux de compagnie, mais en fait non ils ont leur propre vie et même si on les nourrit  pas seulement en alimentaire mais en émotion, en attention, en paroles, en affection, ils se peut parfaitement qu'ils partent et même nous repoussent, nous accusent, bref une énergie qui se retourne contre nous, malgré nos intentions (de surface,  ou on pourrait dire "automatiques"). Car encore une fois on ne sait rien et on ne maitrise pas grand chose ! Prudence donc. Bien sur, les problèmes potentiels ne se manifesteront quasiment jamais de façon aussi grotesque que dans des scénarios de fantasy, ou de contes fantastiques.

Histoire de cosmologie

Alors attention, j'emploie le mot cosmologie non pour sonner un rien mystique (mysticisme est en fait un pragmatisme en recherche et développement spirituel) mais parce que c'est un mot qui renvoi à la façon dont on interprète les choses nous à notre échelle humaine. Ces derniers temps on peut parler d'anthropocentrisme comme d'un "biais" ou une insulte rigolote presque. Espèce d'anthropocentrique ! Vlan. C'est donc la cosmologie qui veut tout interpréter selon ses uniques critères. C'est par exemple, les animaux sont à quatre pattes donc inférieures aux humaines. Ils ne parlent pas le français ou le néerlandais ? Ils sont inférieurs. C'est les arbres ne bougent pas, donc ils sont pas vivants. Le radis ne pleure pas quand on l'arrache ? D'accord c'est qu'il ne souffre pas. Voyez le topo. Dans les dérives religieuses on va jusqu'à pousser l'anthropocentrisme en pensant que la pomme a été faite spécialement pour nourrir l'humain, par exemple. Alors que non la pomme est en fait la maison et le garde manger des descendants du pommier et il n'a aucunement envie d'être mangé, donc encore moins a été fait pour être mangé. Un pommier n'est pas comme la conception et la fabrication d'une chaine, c'est un individu appartenant à ce qu'on appelle grossièrement une espèce, avec sa propre vie. Donc dans la spiritualité et la magie, on peut s'abstraire de ces anthropocentrismes stupides et superficiels. On sait que l'arbre est vivant et que ce n'est pas "du chêne", mais un arbre individu spécifique et unique qui a été catalogué par ressemblance à d'autres sur des critères contemporains en "chêne". On sait que des objets et des habitations peuvent être plus que du béton et des briques.

Imprégnés

Le fonctionnement d'une photographie est une résonance lumineuse, et on peut donc savoir que les murs sont aussi imprégnés des habitants, des évènements. Ce n'est pas quelque chose de fou à dire. Vous savez il y a des pièces où on se sent bien et d'autres qui nous foutent le frisson d'emblée. Certes on pourrait trouver des explications partielles concernant des paramètres observables et identifiables et mesurables, mais le phénomène peut tout aussi bien dépasser ces narrations qui visent uniquement à dire "c'est faux" (exorcisme), et à cataloguer, évacuer définitivement. Donc, spirituellement on ne peut pas exclure si rapidement la force et l'intérêt de chaque personne, élément, sujet, objet. Il y a des objets et même des savoirs imprégnés des auteurs, de leur contexte. Le langage par exemple apporte avec lui le sort de la séparation du genre, alors que donner un sexe humain à une chaise ou à un camion c'est plutôt inintéressant comme information. Vous savez ça n'a rien de sorcier, par exemple vous pouvez sentir quand une chose a été faite sans entrain, sans y croire, sans y mettre du sien. Si on vous apporte un café avec des manières de politesse usuelle mais aucune sincérité dans l'acte vous le sentez direct. Les produits industriels par exemple sont quelque part "vides", ils nous apportent plus un décor pour le caprice de consommateur fatigué mais pas de fond, pas d'âme. Ce qui ironiquement crée une boucle négative. Bref, j'espère que vous voyez le propos. Ce n'est pas facile d'expliquer cela sans tomber dans du complotisme ou du délire.

Hérétique ! hérétique !

C'est franchement amusant, une fois qu'on voit à quel point on est dans de la magie de partout. Par exemple, on moque des personnes qui récitent des psaumes ou versets de façon frénétique dans leur coin, ou ceux qui devant un symbole spécifique sont transcendés. Mais imaginons un peu que ce qu'on appelle les mathématiques n'est rien de plus que des suites de symboles sur du papier ou des pixels, et pourtant on accorde aux mathématiques une aura de rationnel et de "normal". Et effectivement ça peut être "puissant" dans les applications "réelles" comme pour la construction de satellite, de voiture, de portable, etc. Mais quand on n'est pas sous le charme de ce symbolisme, c'est la chose la plus stérile du monde. J'en ferais un long article/dossier prochainement, mais les nombres sont des symboles qualitatifs avant d'être restreint en superficie à leur qualité quantitative. Formule mathématique, formule magique. La spiritualité c'est donc simplement voir les choses comme non acquises, non "normales". Ce qui ne veut pas dire apposer une narration et du sens en chaque chose, mais respecter le pouvoir de certains à explorer leur propre spiritualité, que ce soit avec la poursuite d'équations, d'algorithmes, ou avec des lettres, des notes de musique, des pas de danses, des rituels, etc. La spiritualité ce n'est pas de la vague superstition. Ce qui peut être de la superstition est d'accorder beaucoup trop d'importance à une chose, un acte. Par exemple, ce n'est pas en écoutant de la musique jazz qu'on va appeler le démon sur la ville où on habite, ou ce n'est pas en ne fêtant pas Noël qu'on est sataniste et qu'on est contre la "société", ou ce n'est pas en ne croyant pas au Caca 40 qu'on va porter malheur à "l'économie" du pays. Etc.
Photo
Création de l'artiste Quentin Sagot >> https://quentinsagot.wordpress.com/
psy vs spi
triméta
Swastika
économie
Étoile
dieu
Pyramide
Athée

Résumé

  • Que ce soit conscient ou non, voulu/intentionnel ou non, on est tous dans une existence spirituelle.

  • Cette spiritualité n'est pas un package de fantaisies fictives, mais quelque chose de bien concret.

  • On ne doit pas confondre spiritualité et religion, car parfois voire souvent c'est même tout l'inverse, car nous sommes avant tout spirituel en nous-mêmes avec nos propres conditions et limites. La spiritualité ne s'oppose aucunement à la démarche de la science, au contraire.

  • Au quotidien on effectue pleins de rituels et on actualise plein de croyances sans y penser, sans se narrer la chose de la sorte.

  • Tout ce qu'on fait, parce que par définition on ne sait pas si tout va se passer comme prévu, ou comme avant, ou comme on l'espère, tient plus de l'acte magique que de quelque chose de technique et de rationnelle.

  • Ce qu'on nomme "confiance" aujourd'hui tient dans la plupart des cas d'un acte de foi, donc de croyance.

  • On ne peut attendre un causalisme brut dans tous les actes magiques.

  • Le binaire est un sort puissant mais n'est pas automatique ni toujours universel.
Don

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Defixion amatoriae

7/3/2018

 
Octogone Defixion Amatoriae Valentin Kyndt Calligraphie Rugyp Fiction
Bienvenue

Ici commence la publication progressive de mon ouvrage intitulé Defixion Amatoriae - Space Maé. Ce livre sera présenté sous forme de parcours web, fait de de liens chapitre après chapitre, mais aussi d'illustrations, de calligraphies, de musique et à terme aussi de lecture à voix haute enregistrée. Nom de l'auteur : Valentin.


(Cet ouvrage sera décliné en version papier, création artisanale perso de beaux livres. Je compte aussi créer si possible un "écosystème" de création autour de cette fiction, en proposant à des artistes volontaires ou que j'aurais démarché d'apporter des illustrations (graphiques, sonores, etc) de leur cru contre une rémunération. Au préalable, si vous souhaitez vous ou des connaissances participer à ce projet, je vous invite ici à participer sous forme monétaire via une cagnotte sur la plateforme paypal. Tout ce qui sera perçu sur cette cagnotte servira à payer les créations.)


Pour commencer la lecture :
>> Clic sur l'octogone ci-dessus
ou le sommaire ci-dessous
Chapitre 1 - Epicène
Chapitre 2 - Eln
Chapitre 3 - Ab hoc ab hac
Chapitre 4 - Eln
Chapitre 5 - Fast Fable
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self-génératif

1/3/2018

 

C'est quoi un "self-génératif" ?

C’est l’idée que nous sommes plus que les limites de notre corps. Le simple constat que notre mémoire, constituante majeure de ce qu’on appelle « moi », « soi », ou « identité », n’est plus réduit à la boite crânienne. Le tout cerveau ? D’accord, mais la mémoire du smartphone avec nos photos et les fichiers, conversations stockés est tout autant notre mémoire. Et notre mémoire est donc en partie collective, car tout passe par la « connexion ». Je défends ici l’idée que tout peut plus facilement et honnêtement être définit en terme d’interactions. De même nous ne sommes pas que nous, mais aussi nos relations sociales. Une part de nous est dans nos relations qu’on le veuille ou non, et inversement. L’individu n’est pas un isolat, une entité posée à partir de rien, et évoluant dans rien. Toutes les composantes de nos environnements nous constituent et nous modèlent, en permanence. Ne serait-ce qu’en microbiologie, nous voyons que nous sommes constitués d’un microbiome et plus encore nous serions un halobionte car il y a un complexe microbien intérieur et aussi extérieur. Dans le « nous » ou le « moi » il y a donc beaucoup d’entités supposées extérieures qui font en réalité entièrement partie de nous, autant biologiques que technologiques.

Le soi technologique

La part technologique est en pleine expansion dans nos identités, et ce n’est pas prêt de s’arrêter apriori. Dans le livre Réflexe Virtuel, on a mis en avant le fait que nous allons plonger vers de plus en plus d’environnement virtuel, l’environnement devenant part entière de la communication. Car jusqu’à lors on restreignait le langage aux mots, au verbe, mais nous revenons là-dessus en l’élargissant au langage corporel, situationnel par exemple. Étant donné nos divers comptes sur applis nous élargissons sans cesse nos identités. Tout ceci aboutit à ce que notre « identité » s’auto-génère. D’où l’expression self-génératif. Car il y a des effets d’emballements quasi-autonomes en ces supports virtuels. On se sent vite obligé de consulter régulièrement ceci et cela, d’ajouter tel contenu, de commenter, d’interagir. Les algorithmes nous modulent aussi tout en se modelant aussi eux-mêmes en retour et en parallèle.

inconscient

Pour le parallèle, l’inconscient est aussi devenu ces datas qui nous échappent, ces processus automatiques des algorithmes codés par autrui. La frontière qu’on s’imagine nette et précise d’un individu vole en éclat aussi bien biologiquement que technologiquement. Le problème central de ces conceptions ordinaires erronées est que nous pensons en terme d’élément ou produit finit. Nous sommes, dans un mouvement, voire un mouv tout court. D'ailleurs explorons un peu l'inconscient rapport à ce concept de self-génératif. Vous pouvez trouver quelques éléments de réflexion à ce sujet déjà dans un paragraphe de l'article Triméta. Il n'y a donc pas UN inconscient, tout est ramifié et aucunement unitaire. Ensuite, on se figure de façon territoriale qu'il y a un territoire inconscient. Non, les inconscients ne sont pas des territoires, ni à explorer, ni à conquérir. On a certainement en tête l'image de l'iceberg. Cette image est pratique dans un premier temps pour faire comprendre que la conscience est minime ni seule. Mais cette image devient vite embarrassante ensuite, car elle donne l'idée de proportion et donc de mesure de l'inconscience, ce qui est stupide. Sonder l'inconscient est une idée stupide. L'inconscient c'est - pour une analogie mécaniste - un processus automatique. Quelque part c'est un travail dont on n'a pas à s'occuper consciemment, ce qui est donc davantage réjouissant qu'angoissant. Bref, revenons au self-génératif.

Ah, encore un truc, on se figure, du fait que nous avons deux mots distincts que ce qui est appelé conscience et inconscient sont deux états très distincts. En réalité, il y a une continuité, c'est pas comme si la glace se transformait soudainement entièrement en nuage, pour reprendre l'analogie de l'iceberg. Il n'y a pas une frontière nette et précise. Et ce n'est pas parce que je fais des choses en étant éveillé que je fais ces choses vraiment en conscience. On peut tout à fait être inconscient debout, en plein jour, et en faisant mille choses à toute berzingue.

Schema bulle conscience et inconscient attention blog identité
Schéma sommaire pour illustrer. La grande bulle de l'inconscient à gauche. La surface de l'attention au centre. La bulle de la conscience à droite. Les boucles et fils intérieurs passent d'une bulle à l'autre et s’entremêlent, mettant en avant la continuité du phénomène. En vrai il s'agirait plus d'une grosse bulle avec l'attention qui sépare partiellement et offre alors une possibilité de transformation. Le schéma est figé mais en réalité les bulles varient de taille et de volume en permanence. Cependant il me semble intéressant de poser brièvement cette représentation ici.

Sentir l'identité par privation

La définition du soi apparait beaucoup plus souple et éparse qu'on se le figure sur une base habituelle. Par exemple, moi qui suis jardinier, je suis très attaché au bout de terre dont je m'occupe. Je ne suis pas que mon corps, je suis chaque plante, chaque parcelle de terre de ce jardin, et détruire ce jardin ne détruirait pas mon corps et mon intégrité certes, mais je serais vraiment comme amputé sévèrement. Vous savez c'est aussi les proches qui sont frappés par la mort, on peut se sentir vidé. Ou alors c'est si vous aviez construit quelque chose pendant longtemps avec énormément d'efforts et que tout est subitement détruit. Je pense notamment à ces écrits qui par une mauvaise manip ou un bug se sont volatilisés. Mais ça peut être une collection de photos, un vêtement, une maison, un travail, etc. J'ai déjà fait des jeûnes alimentaires (légers hein) et on se sent coupé au début, bordel c'est bon de manger. Et j'ai ressentis des émotions similaires en étant coupé des outils technologiques, à la connexion, aux informations s'y diffusant. Se faire voler son portable n'est pas qu'une question de perdre autant de monnaie, mais aussi un pan entier de son identité passé et de la possibilité de continuer à créer de cette forme d'identité. Quand on expulse une personne de chez elle, ce n'est pas qu'une personne définie par un corps et un vague concept de personne physique/morale, c'est tout un pan qu'on arrache, parfois définitivement.

Modulable ?

Si on continue l'analogie de l'iceberg, les processus fabriquant et stockant l'identité en sa composante numérique est un nouvel état de glace, peut être une glace émergée qu'on immerge délibérément, ou alors on agrandit la base immergée pour agrandir la partie émergée (Olala voyez qu'une analogie est pertinente sur une courte séquence et dès qu'on veut continuer plus loin sur cette analogie on rend la chose plus confuse qu'auparavant). Il en résulte que ces processus dont on s'occupe consciemment mais qu'on va de plus en plus déléguer aux fameux "algorithmes" peuvent nous donner des possibilités monstres. Tantôt on pourra rétrécir sa conscience en actionnant plus de processus automatiques qui s'auto-génèrent, mais aussi tantôt augmenter sa conscience à d'autres endroits, se redéfinir sur une tache précise, sur un pan de l'exploration spirituelle/existentielle. Il y a donc le péril de ne pas contrôler une part toujours plus importante de ses inconscients, donc plus loin de son conscient, d'être à la merci de malhonnêtetés, d'exploitations sournoises et politiques. Mais il y aussi la chance inouïe de pouvoir se concentrer sur des choses plus proches de nous, de nos réels intérêts existentiels. On peut donc à la fois s'en inquiéter et s'en réjouir, si on souhaite réfléchir aux conséquences de ce phénomène.

Vers une pré-méta-cognition

Si on peut choisir ses humeurs, ses capacités, ses souvenirs, ses connaissances, alors notre soi, notre acte d’existence se situe dans la gestion de ces choix. Ainsi, nous ne sommes plus dans l’action puis cognition rétrospective de cette action. Nous serons davantage dans la précognition, ce qui se traduit dans la prédiction, ou alors l’anticipation, ou la prospective. Mais, cet état est tributaire du mode action => récompense. Et la récompense peut être trop prenante, comme une souffrance d’ailleurs, et l’oubli survient. Ce qui retarde la revenue de la précognition suivante. A ce stade, le plus gros de notre travail consiste à se défaire des effets de la récompense. On confond usuellement notre identité, notre individualité avec ces effets de récompense en chaine. Dans cet état, il nous devient difficile d’appréhender une autre conception de l’identité et de l’individualité. La métacognition est grossièrement savoir ce qui est vrai et faux, bon ou mauvais même en faisant en acte autrement. Il y a dissociation, ou non association (totale ou partielle) entre l’acte et la métacognition, sur une base habituelle. Au plus on continu l’exercice de la précognition, sous un max de formes différentes, des plus rationnelles aux plus farfelues, puis au plus nous précisons nos moyens de choix de soi (humeurs, capacités, etc.) au plus nous nous dirigeons vers l’apparition d’une pré-métacognition où l’acte et la métacognition de cet acte correspondent (du moins, un peu plus). Que sont ces moyens de choix de soi ? Des raisonnements, des expositions aux émotions variées et prenantes (jusqu’à ruptures fréquentes), des améliorations physiques, des altérations par produits (supplémentation), par exemple. Cette pré-métacognition peut, de notre point de vu actuel ordinaire, passer paradoxalement pour une dissociation car à implication spontanée fortement diminuée par rapport à la norme. Bref.

L'état d'information

Pour moi, aujourd'hui, l'information n'est pas seulement une qualité qu'on met en avant, mais aussi une qualité qu'on expose donc agite, donc transforme. C'est donc un ajout. Le mot "information" peut d'ailleurs éclairer à ce sujet : in-formation. Qui peut vouloir dire en formation, ou dans la formation, ou en train de se former. Cela peut donc parfaitement désigner un processus actif (et en cours) de trans-formation. Notre identité se faisait beaucoup auparavant par l'environnement, donc les arbres, les minéraux, les animaux, les phénomènes météorologiques, etc. Puis on a eu un vaste ensemble d'objets et de constructions qui sont devenus nous en retour, par rétro-action. On a eu aussi des identités plus abstraites (rapport à la matière) : mythologies, chamanismes, etc. Et maintenant on a des identités qui sont de plus en plus à l'état informationnel. Alors les termes de "dématérialisation" sont souvent excessifs pour ne pas dire du grand n'importe quoi, mais il y a des mutations importantes en cours, du jamais vu. L'information n'est pas qu'une simple et bête simulation de l'esprit sur le réel matériel. C'est - attention retour à l'analogie - un nouveau territoire qui occupe du vide mais aussi chevauche le réel, le traverse et le modifie partiellement. On est donc nous même en train de muter partiellement dans un état d'information. Il est donc logique que nos identités mutent en ce sens elles aussi.

Quels impacts, concrètement ?

Concrètement, les interactions physiques directes vont changer radicalement et on le voit déjà aujourd'hui ce phénomène. La sociabilité, qui est une forme de communication établie récemment essentiellement sous forme verbale orale, va donc a priori en pâtir dans un premier temps, et possiblement à jamais. Je ne dirais pas qu'on ne sera plus du tout "social", juste que les modes de sociabilité seront tout a fait différents, sous d'autres formes que les conventions actuelles. Donc, comme toute mutation, on va focaliser sur ce qu'on pense perdre alors qu'on gagne énormément. On va pouvoir se réinventer fortement aussi, tant individuellement que collectivement. On le voit avec les identités sexuelles et de genre actuellement, mais aussi dans les "reconversions" professionnelles qui se multiplient jusqu'à dissoudre la convention de spécialisation au travail, et plus loin aussi la hiérarchie verticale stricte. Il est possible aussi que de plus en plus de gens passent le plus clair de leur temps à dialoguer avec leurs propres identités, comme je le fais avec mon blog par exemple, en proposant des liens entre articles, mais aussi en les modifiant/actualisant du mieux que je peux. Avec ce self-génératif, on va avoir de l'information "sur-mesure" (ce qui ne veut pas dire forcément tout comme on se l'imagine ou le voudrait), et donc on aura son propre univers, ses propres mythologies devenues plus interactives et rétroactives que l'inconscient à l'état de processus matériel biologique. On va naviguer dans son soi. Ce n'est pas à prendre pour un repli ou un déclin, je dirais même le contraire, sans non plus être béa et niais, car mon but n'est pas de vendre quoi que ce soit, mais simplement comme le dit le nom de ce blog : explorer et anticiper.

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