Cinéma & transhumanisme

1. Premier contact
2. L'homme bicentenaire
3. The Matrix
4. INTERSTELLAR
5. HER
6. STAR WARS
7. TRANSCENDANCE
8. Ares
9. Les nouveaux héros
10. à la poursuite de demain

Premier contact

Attention spoiler /!\

Communiquer avec l'autre et l'inconnu

La communication, établir un système ou une correspondance entre deux espèces s'avère toujours plus important que de mobiliser toute la puissance militaire et technologique du monde. Précisons de suite que ce film est assez « cérébral ». Le cœur réside en ce système d’écriture donné par les « heptapodes » à l’humanité : un langage non linéaire ! Je ne m’attarderais pas à soulever les choix esthétiques et techniques du film, mais seulement à mettre en avant ce cœur de sujet absolument extraordinaire. En quoi cela concerne le transhumanisme ? On est probablement amené à voyager dans l'espace et probablement à rencontrer d'autres formes de vie. Ainsi aura-t-on toujours besoin d'un système de communication très efficace, capable de traduire l'étrange et l'inconnu. Le personnage clé de cette histoire est une spécialiste du langage et des communications. Si son domaine d'expertise ne la prémunie aucunement contre les aléas d'une relation humaine, cela permet à l'humanité toute entière d'établir une connexion avec ces extra-terrestres et d'obtenir à la fin ce fameux cadeau : le langage non linéaire. Aussi bien pour de grandes épopées spatiales que pour son prochain vivant sous le même toit, les communications restent absolument indispensables. On ne peut pas passer outre l'étude de la communication et se contenter de simplement jouir de l'existant.

Créer un langage

C’est une chose que l’on peut comprendre si on apprend par exemple le cyrillique, l'arabe ou le coréen : ça remodèle notre cerveau vite fait ! Tout ne change pas, bien entendu, il peut n’y avoir que la stimulation intellectuelle sans aucun autre changement sur les compréhensions ou perceptions. Le plus difficile quand on essai de créer un nouveau système d’écriture est qu’on ne peut le penser au début qu’avec le langage préalable. Il faut donc extraire le plus utile et le plus pertinent de celui-ci pour ensuite essayer de recréer une nouvelle base. Vous en aurez un aperçu et de plus amples explications dans mon livre collaboratif REFLEXE VIRTUEL - Chronique d’un langage émergent. Revenons sur le film Premier Contact. Le choix s’est porté sur une base circulaire rappelant le cercle non-fini du no-mind zen (cf. livre) combiné à des espèces de taches de rorschach.

Un film didactique rare

La combinaison conceptuelle est ainsi très poussée et la réception des signes est rapide, instinctive par la forme circulaire. Dans la même veine on pourrait aussi envisager une autre forme centrale comme un hexagone, ou octogone (cf. Réflexe Virtuel). En fait, il est dit langage non-linéaire mais cela est un peu exagéré. Il y a bien une ligne, juste au lieu d’être droite/plate horizontal (latin) ou vertical (japonais) elle est courbe, circulaire. Cette forme est avantageuse, clairement ! Mais non-linéaire est un qualificatif un tantinet poussé. Une autre notion qui m’a fait jouir sur place était : jeu à somme non-nulle. Waw ! Excellent les gars, j’adore. Je vais être obligé d’acheter lelivre original. Ceci étant, il faut reconnaitre le côté très didactique du film pour faire comprendre, ou apercevoir à un large public un sujet assez pointu et très ardu.

L'homme bicentenaire

Attention spoiler /!\

Naissance de l'Individualité

Ce film aborde le transhumanisme à travers la vie d'un robot. La première transcendance se situe dans l'élévation de ce robot nommé Andrew. Il passe de simple objet propriété domestique à une curiosité robotique. L'imperfection est inattendue, elle devient une surprise. Les initiatives spontanées d'Andrew sont reçues comme étant signe de créativité, haute capacité distinctive de l'humain. Un individu singulier est né. D'un côté, cette évolution est perçue comme une anomalie qu'il faut absolument supprimer (l'entreprise productrice et vendeuse de robot ménager). De l'autre côté, ces nouvelles capacités sont perçues comme une chance : ce n'est plus un simple robot, mais quelque chose à part, une entité précieuse qui fera partie de la famille, comme membre à part entière, légèrement au dessus du chien.

Langage : changement de pronom

Lorsqu'Andrew commence à prendre son indépendance de la famille et de son rôle, il switch des usuels pronoms ON et NOUS pour se désigner à JE (+ici). L'individualité se marque par ce genre de point de langage qui parait anodin pour la plupart au quotidien mais on toute leur importance.

Temps & senescence biologique

Andrew est immortel et par là il voit plusieurs générations humaines se succéder et s'éteindre. A plusieurs reprises, il s'offusque des processus biologiques qui conduisent toutes ses connaissances et ses proches à la mort. Il interprète cela comme un drame. Il finit cependant par choisir de mourir.

Transformation physique

De composant et d'allure similaire à ses congénères robots, il améliore sa présentation progressivement, ainsi que ses perceptions/sensations jusqu'à remplacer quasiment toute sa structure vers toujours plus d'organique, de biologique. Il meurt de vieillesse suite à sa volonté.

Propriétaire

Andrew devient à un moment propriétaire d'un chien, ce qui le fait devenir plus humain, l'élève dans la hiérarchie d'attribution de conscience et de spiritualité de l'humanité. On s'humanise à prendre soin d'un animal, et se défait d'une part de notre animalité pour devenir plus humain.

Her

Amour, prévisibilité et fatalité évolutive

   Il est évident que ce film parle d'amour. L'amour né d'une solitude engoncée qui apparait par surprise dans un programme calibré sur mesure envers chaque utilisateur. On se sent unique dans une relation humaine et puis cela s'essouffle. Un programme ne s'essouffle pas et sa fonction est clairement définie contrairement à l'humain par défaut. Ainsi, dans le jeu amoureux, un programme se renouvelle et entretient la flamme du côté humain/utilisateur. Peut-on être amoureux d'un programme ? La réponse est évidente : oui. Mais cette machine peut-elle l'être de l'humain à jamais, étant donné qu'elle est évolutive ? Non, car l'humain dont on satisfait ses désirs et attentes en permanence tend à régresser et devient moins intéressant, trop prévisible.

   Est abordée aussi la notion de l'exclusivité. L'amour entre humain à ce qu'on dit est censé être réciproque, et en plus ne concerner qu'une personne à la fois. Or, l'on découvre cela dans le film, le programme en question est le même pour tous. Bien qu'il s'exprime différemment en fonction de chacun des utilisateurs, le programme est unique. Il faut savoir cacher cela pour entretenir l'illusion de l'exclusivité. Se sentir spécial un instant, le faire durer, puis s'en va. On retrouve alors la solitude première en pire car le programme ayant rencontré d'autres programmes se suffisent à eux-mêmes et migrent vers d'autres états d'être qui nous sont trop évolués dans nos conditions humaines actuelles.

   L'ouverture transhumaine du film : Que doit-on et que peut-on attendre de ces programmes existants et à venir? Quelle place doit-on leur allouer dans notre existence ?

Star Wars

Races humanoïdes - retour du naturel - Tao

   Mais que peut bien faire cette saga avec le transhumanisme ? Tout d'abord la possibilité de modifier la génétique humaine (ainsi que toute autre sorte de modification corporelle) pourrait aboutir à de nouvelles formes de vie, d'autres formes d'humanoïdes avec lesquelles nous serions en relation permanente au sein d'une même société. Ensuite, si on on aura probablement beau pouvoir voyager d'une planète à une autre assez facilement, est-ce que cela changerait fondamentalement notre façon d'être ? J'émets des doute là-dessus. Aussi, l'étendue de la population serait tellement grande qu'il serait a priori impossible d'établir un véritable contrôle sur toutes les ressources et sur toutes les populations.

   Autre point, si l'on considère que les épisodes de star wars se passent dans un futur, on se rend compte que le progrès des technologies n'est pas une marche vers toujours plus d'outils tech. Au contraire, on voit beaucoup de vêtements de type naturel (lin, coton, cuir), des habitations en terre, c'est à dire des espèces de retour vers des matières et des procédés plus anciens. Enfin, bien qu'il parait difficile d'obtenir un laser qui s'arrêterait comme les fameux sabres des jedis et siths, la technologie laser est déterminante pour notre évolution technique.

   Ah et dernière chose, la force! On aura beau muter d'habitats et de formes, il semble qu'une donnée supérieure nous manquera toujours pour comprendre l'existence. Ainsi, ce qui est nommée la force est une énergie ou volonté qui dépasse tout ce que l'on peut construire et concevoir. Cela ressemble au tao avec un traitement de style monothéiste pour les jedis.

Interstellar

Voyage & évolution dimensionnelle

   Ce que l'on peut retenir de ce fabuleux film servi par une excellente bande-son (merci Hans Zimmer!) est une des premières tentatives cinématographiques de représentation des dimensions supérieures. Sachant que nous sommes quelque part entre la 3D et la 4D, on nous envoie ici dans la 5ième dimension. Pour moi une évolution de l'humanité ne peut se faire que par le franchissement de dimensions supérieures. Ce qui est intéressant dans ce film est aussi le fait que des "signes" dans notre 3D proviennent en fait de nous mêmes dans une dimensions supérieure. Les personnages centraux pensent rencontrer des entités étrangères quand elles ne sont peut être qu'une évolution de notre humanité actuelle. C'est un concept assez novateur, du moins au cinéma pour un film grand public.

   Avec le transhumanisme et toutes ces convergences que l'on peut présumer on s'imagine beaucoup de frivolités technologiques et d'outils, quand peut être cela n'a guère d'importance dans la balance de l'existence globale. Cependant, le film ne relate pas un anti-technologisme, bien au contraire, il s'agit d'être lucide sur les perspectives notamment environnementales souvent peu réjouissantes de l'humanité sur la terre. La question est : tels que nous sommes peut-on évoluer sans le développement des technologies? La réponse est non. Bien entendu les technologies ne font pas tout, et ne suffisent clairement pas, mais elles sont un pont et une aide qu'on a tout intérêt à embrasser.

Transcendance

Les conséquences de bonnes intentions

   Oui, c'est un "gros" film, mais à dépasser cet apriori cette œuvre présente une rare présentation visuelle des perspectives transhumaines. On y voit un petit mouvement de rejet de l'évolution technologique qui va jusqu'à organiser des actes de l'ordre du terrorisme. On y voit aussi les bonnes intentions de cet ingénieur et penseur de génie, il n'a rien de diabolique, au contraire.

   Comme on le devine avec la photo ci-dessus il s'agit aussi d'une histoire d'amour. Celle-ci est équilibrée puis après le téléchargement de la conscience de l'ingé (car il a été empoisonné mortellement à la radioactivité) dans un ensemble informatique, la relation se déséquilibre petit à petit. Au début, il y a la jouissance par la partenaire de cette nouvelle puissance de son mari virtuel. Il devient de plus en plus puissant et intelligent, il entreprend notamment beaucoup de travaux et de recherches. Une fois que la conscience a été transférée dans ce support informatique se pose alors la question de ce qu'est ce programme? Sa femme est certaine qu'il s'agit bien de lui, mais son meilleur ami ne le croit pas. Ceci pose la question non pas de l'intelligence, mais de la vitesse d'évolution individuelle. Au sein d'une relation, il est préférable que les vitesses d'évolution soient raccords ou avoisinantes.

   Question matérielle, les nanoparticules dans ce film sont reprogrammables et peuvent prendre la matière où elle se trouve, c'est-à-dire dans une voiture, dans un humain, dans une maison, etc. La source d'alimentation électrique est le solaire. Ce type de nanoparticules peut constituer un cauchemar pour le futur car cela pourrait abattre la séparation naturelle qu'il y a entre les entités matérielles. Je suis moi parce que j'ai un corps, corps séparé du sol sur lequel je marche et séparé de votre corps ou de tous les objets et constructions faisant notre environnement quotidien. Or, si tout peut devenir sous le contrôle d'une seule entité, cela pourrait casser cette division et l'essence de chaque individu telle que nous la concevons par défaut aujourd'hui.

the MAtrix

Relation homme/machine : interdépendance ?

   Cette trilogie est une œuvre très dense par ses multiples références interconnectées. Beaucoup de sujets afférents au transhumanisme y sont évidemment développés. Mais on se contentera de retenir un seul point : les divergences et les fusions homme-machine. Dans ce film on se rend compte que la majorité des humains est très limité et se contente de peu, de répéter les mêmes petits cycles dans leur monde virtuel ou mental. A contrario, certains programmes sont plus "humains" et cherchent beaucoup plus de transcendance dans leur existence. Certains font aussi preuve de plus d'empathie ou de sagesse, voire de clairvoyance.

   Néo et ses acolytes se sont émancipés de la matrice mais ils en dépendent et s'y reconnectent souvent. Couper les machines c'est couper notre vie car elles font partie de notre écosystème, même si elles sont majoritairement non-biologiques. Et dans le scénario de Matrix, tuer tous les humains c'est tuer la source d’énergie des machine donc se tuer elles-mêmes par ricochet. Même ceux qui sont sortis du système et revendiquent une vie au max biologique ne peuvent se passer des machines. Les frontières deviennent flous, il y a un espèce de mutualisme qui veut virer à la domination par extermination de la divergence biologique libre par les machines. Aujourd'hui, on voit que de plus en plus d'éléments de notre existence qui sont intégrés dans la machine. Cela va croissant. Et alors se posera la question de la destination de ce phénomène. Jusqu'où nous nourrissons la machine, et qu'est-ce qu'elle nous apporte en retour ? Une expression employée actuellement semble assez révélatrice : digital natives. What's next ? ;)

Ares

Source image >> http://fr.web.img6.acsta.net/r_1920_1080/pictures/16/09/27/15/51/277628.jpg

la singularité de/dans chaque individu

Film français dans une société gouvernée par les sociétés pharmaceutiques d'une population pauvre. Le cour transhumaniste, bien que dystopique ici, réside en la modification hormonale poussée à des niveaux extrêmes notamment avec l'application principale du combat d'humain à humain. Dans cette société on a le droit de se modifier drastiquement au niveau hormonal, et bien entendu tout le monde n'est pas réceptif comme prévu à chaque produit hormonal. Il y a donc une chasse à l'individu réceptif ou comme dit dans le film "patient zéro".

Les nouveaux héros

Source image >> http://braindamaged.fr/wp-content/uploads/2015/02/les-nouveaux-h%C3%A9ros-illus2.jpg

La santé et l'humaine innovation

Dessin animé grand public. C'est la question de comment inciter et accompagner les jeunes talents, mais aussi des limites dans les dérives des applications. Hormis les armes et tous les combats de l'intrigue, l'invention du bonhomme en vinyle assistant personnel santé est fascinant. On imagine les applications pour quantité de personnes. La santé est au cœur du transhumanisme. Disposer d'un assistant de la sorte serait un plus énorme, comme un docteur sur mesure et permanent, que ce soit manifesté sous un bonhomme en vinyle ou un service dématérialisé sur smartphone par exemple.

A la poursuite de demain

Source image >> http://fr.web.img5.acsta.net/r_1920_1080/pictures/15/05/21/15/29/202248.jpg

les failles du fatalisme dystopique

Un film Disney. Tout l'optique de ce film est de faire le constat de la dystopie ambiante quasi générale pour au contraire lui opposer une fervente croyance en les possibilités réelles, dans le faire. Plutôt que l'abattement face à un futur extrêmement sombre et cataclysmique il cherche à démontrer petit à petit qu'on peut prendre une autre voie, positive, créative, enthousiasmante. C'est souvent le sentiment des transhumanistes d'être bercé dans une ambiance négative qui paralyse au lieu de mettre en dynamique. Il y a aussi la question de la déception de l'utopie. Ceux qui sont déçus d'une utopie ont de grandes chances de virer totalement de bord.