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L'ascétisme aujourd'hui

25/7/2019

 

Trop c'est trop !

SURABONDANCE. Oui, nous sommes bel et bien en situation de surabondance ; le fait qu'il y ait des aléas dans la "distribution" ou répartition des ressources "produites" ne change pas cette situation de surabondance. Peut-être que cette surabondance n'est pas une bonne chose, et peut-être qu'elle n'est pas du tout acquise, ou tout au mieux un climax qui annonce une chute. Là n'est pas le sujet de l'article. Il convient donc, pour commencer, de bien définir la situation, c'est-à-dire le contexte dans lequel nous sommes. Pas besoin de faire un topo sur comment trop c'est trop. Obésité. Pollutions. Gâchis. Saturations diverses, etc. Bien évidemment, quand on a peu ou pas assez, parler de faire moins est plus difficile que lorsqu'on est dans l'abondance. Le contexte global reste néanmoins à une abondance rapport à des époques passées. Et dans ce contexte, saute à nous, tôt ou tard, le besoin de trier, de cibler, d'établir des priorités. A vrai dire, on est obligé de trier, de sélectionner, ce n'est plus une option ou un principe, c'est une nécessité de plus en plus prégnante. L'histoire est souvent reprise à propos de bouddha. Il n'était pas un mendiant, un pauvre, mais quelqu'un de la haute comme on dit, et il se sentait probablement mourir dans cet excès qu'il n'avait pas choisi, qu'il ne comprenait pas donc, et qui lui sonnait probablement faux, à côté. Il a été à l'opposé, à se couper des richesses matérielles, de nourriture et du monde... pour finir par revenir vers un endroit intermédiaire entre ces deux extrêmes. Je ne répéterais pas l'expression "le milieu", ou "le juste milieu" car ce principe de modération en tout ne me semble pas précis, adéquat. Nous y reviendrons.
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Moins c'est mieux ?

Trop c'est trop. Et... Moins c'est mieux ? Moins comment ? Mieux en quoi ? Aujourd'hui, on semble redécouvrir un ensemble de pratiques ascétiques ancestrales. Quand trouver de la nourriture était difficile, il apparait peu probable que nous nous soumîmes à une restriction alimentaire. De même que par hiver et temps froid ne pas couper de bois pour se chauffer parait improbable. Aujourd'hui, il faudrait presque une dérogation spéciale pour couper un arbre, et on ne peut pas tuer un animal pour le manger soi-même en dehors de certaines règles strictes. Par contre, on peut acheter autant de bois qu'on veut et autant de viande qu'on veut. Et quelque part, ne rien faire soi-même, être même privé (interdit!) de cette autonomie élémentaire encourage une situation de surconsommation. Est-ce qu'on aurait besoin d'aller "à la salle" pour entretenir sa musculation après avoir abattu quelques arbres, tué et décarcassé un animal ? Est-ce qu'on souhaiterait consommer toujours plus après avoir fait tant de travail, et vu les conséquences directes de nos actes dans notre chair et dans l'environnement où ces ressources pour nous sont prélevées ? Ici je soulève la cohérence, ou, pourrait-on dire, l'alignement local. Alors cet exemple de couper du bois et tuer soi-même sa nourriture est une illustration poussée, fantasmant un retour à la nature, ou quelque chose de plus direct, brut. Ne nous arrêtons pas à une illustration, comprenons ce qui s'en dégage. De façon systémique on est forcé de ne rien faire directement. On doit donc trouver un ensemble de procédés de compensation pour retrouver une unité plus importante. Est-ce suffisant ? A priori non. Car nous consommons davantage que nécessaire, en moyenne. Et pas en majorité des choses vraiment nourrissantes, épanouissantes. Si on va dans le domaine du sexe, manger du porno sera peut-être gratifiant pour quelques personnes de façon instantanée, mais rien ne vaut une relation durable avec une naissance (au moins) à la clé. Ce n'est pas dire qu'absolument tout le monde est ainsi, ou devrait être ainsi, c'est néanmoins notre ligne directrice et indéfectible.
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abstinence, privation, ascèse...

Dans notre contexte de surabondance, il n'est pas étonnant de voir émerger différents mouvements promouvant l'ascétisme. Bien entendu, la plupart ne vont pas reconnaitre ces pratiques ou principes comme ascétiques car le terme est connoté religieux. Et le religieux semble être vu comme quelque chose du passé, que donc il faut du nouveau, d'où le recours au marketing (conscient ou non) pour coller à la narration de "progrès" où tout doit être nouveau, ou du moins avoir l'apparence de nouveau. L'écologisme s'inscrit parfaitement dans ces néo-ascétismes, avec le pendant décroissant, notamment, ou la croissance "verte/durable". On trouve aussi le minimalisme, une quête de l'épure matérielle, qui n'a rien de nouveau mais qui se glisse ici et là, en tant que principe. Le jeûne semble faire son grand retour aussi. Et bien sûr, c'est "la science" qui dit que c'est bon, car tout autre justification ne serait pas rationnelle, pas recevable. Différents niveaux de jeûne existent. On pourrait élargir cela à l'abstinence en général, allant de l'abstinence totale à l'abstinence ponctuelle. Pas de drogue, pas d'alcool, pas de tabac, pas de sucre peuvent être des formes d'abstinence. Le mot abstinence induit l'idée qu'on se sépare ou se retreint d'une chose. Mais parfois nous sommes abstinents spontanément. Peut-être qu'une personne n'aime pas le tabac, et alors elle ne se prive pas. L'abstinence c'est tout simplement écarter certaines choses de soi, de son quotidien, que ce soit pour des raisons pratiques, ou des principes. Est-ce vraiment de la privation quand on n'en a pas de besoin ? Est-ce vraiment de la privation que de se passer des conséquences néfastes long terme d'une chose plutôt positive (sur un plan) en court terme ? Est-ce vraiment de la privation que de se passer d'une chose qui va nous rendre dépendant, nous posséder ? Bref.
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Forcé/délibéré

Ces ascétismes nous poussent vers le moins. Mais est-ce forcément une bonne chose ? Par exemple, si je suis forcé à manger moins je risque d'être sous-nourrit, et ce contre mon grès en plus. Là où nous voyons que ces pratiques ascétiques doivent de préférence venir de soi et non être imposées de force. On vient à l'ascétisme, car l'ascétisme forcée c'est simplement de la maltraitance délibérée. Dans une pratique qu'on voudrait hormétique, on peut se maltraiter un peu, à une certaine dose, de façon volontaire et mesurée. Mais la mortification n'est plus vraiment de l'ascèse. Et la maltraitance d'autrui n'est pas de l'ascèse non plus. Bien sûr, il y a parfois un ensemble de conditions réunies qui nous mettent dans une situation forcée d'ascèse, de stress involontaire circonstanciel. Quand, en plein hiver, le chauffage ne marche plus, on est forcé d'accuser le coup du froid, ou de trouver des subterfuges. Dans ce cas là, nous ne pouvons pas accuser la météo de maltraitance, ni le chauffage d'être barbare. La situation est ainsi, rien de plus. Quasi inévitable. Ce qui me semble important à souligner est la caractéristique volontaire, délibérée. On peut proposer un cadre propice à l'ascèse, ou carrément un cadre ascétique, mais pas l'imposer contre la volonté, car l'on sort dès lors de l'ascèse. L'ascèse n'est pas qu'individuelle, à vrai dire elle est souvent portée par le collectif. D'où les monastères, les communautés spécifiques, etc.

Tellement moins que plus rien

Au sein de cette ascèse portée par le collectif, on peut trouver différentes dynamiques sociales, dont beaucoup deviennent des démonstrations. Par exemple il peut se mettre en place une sorte de compétition de celui qui sera le plus ascétique, ce qui peut être drôle éventuellement, mais qui peut aussi être pervers. Retrancher toujours plus jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien. Regarde, je ne pèse plus que 35Kg, et toi 40Kg, du coup je suis plus ascétique que toi. Et oui, ça vous fait penser à l'anorexie. Quelque part, oui, certaines pratiques ascétiques sont maladives. Et cette dynamique de vouloir toujours moins se retrouve dans des pratiques excessive aussi, c'est le même schéma. L'avarice, être radin, c'est être ascétique sur ce qu'on donne, mais pas sur qu'on garde pour soi. Voyez les chemins détournés que cela peut prendre. Essayons d'appliquer ces raisonnements aux ascétismes contemporains : écologisme, jeûne, minimalisme, retraites, etc. Eh oui, les "retraites spirituelles", par exemple, peuvent être un chemin de perdition, on se retrouve accro à une abondance, ou permanente surabondance de discours pseudo spirituels, de techniques corporelles et mentales venues de coins exotiques, etc. Là où nous voyons que le toujours moins ne correspond pas vraiment à de l'ascèse, que ça peut même être le contraire, qu'il y a simple déplacement du problème de la surabondance.

Le plus, le moins et le ni-plus-ni-moins

On serait tenté aussi, systématiquement, de faire de l'ascèse une vertu. Dès qu'une personne ferait ascèse de ceci-cela elle serait d'emblée vertueuse. A l'inverse, si on ne partage pas certains excès, on est vite à se voir traiter comme inférieur, même si c'est un choix. Comme déjà présenté avant, si je ne fume pas de tabac, ce n'est pas par privation, si je ne bois pas à chaque fois une boisson alcoolisée je ne suis pas systématiquement en privation. Ne pas avoir de désir pour ou ne pas pouvoir faire certains excès semble assez souvent perçu comme quelque chose de négatif (et du coup pathologisée). Et il est vrai que nous avons besoin de certains "excès", qui peuvent relativement donc au contexte, ne plus être vraiment des excès mais la simple normalité. Dans le jeûne, il y a les mots anglais qui sont intéressants fast pour jeûner, et feast pour faire bonne chère. Fast/feast. En français, on a surtout l'homonymie entre le jeûne, ne pas manger, ou manger moins, et l'adjectif jeune, de jeunesse, qui est parlante. On peut donc dégager de l'anglais cette idée qu'il est nécessaire de faire des excès ponctuels tout en se privant par ailleurs. Et on peut dégager du français que les pratiques ascétiques peuvent conserver, voir nous rendre plus neuf, nous renouveler, nous rafraichir. Mais n'oublions pas que le concept d'excès se révèle souvent être un jugement sur autrui et/ou sur soi. La relativité où un "excès" pour l'un serait la norme pour un autre, sans que ce soi "mal". Si je suis très bon pour dessiner, je ne suis pas en excès, et dessiner tous les jours n'est pas un excès. Importance du contexte. Et ce n'est pas dire que tout jugement est mal non plus, car le jugement peut s'avérer bon guide, positif au final, même si perçu négativement sur le coup.
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Définition de l'ascèse

Le toujours moins peut être la même chose que le toujours plus. L'écologisme privatif peut n'avoir rien d'ascétique, mais tout de tyrannique, pervers, et d'excessif. Les objets (dont idées) que nous possédons finissent par nous posséder, ce n'est pas une métaphore. Mais ces objets, cette matérialité est aussi le lieu de l'échange. Pour autant, on serait tenté ici de se conformer à une généralité du "juste milieu", qui peut elle aussi s'avérer excessive, forçant le monde à la médiocrité en tout point, à la tiédeur, au compromis mou, à l'absence de toute particularité, à une négation de soi et d'autrui, du genre "tout est illusion". Toutes ces génuflexions que je vous propose ici comme cheminement via cet article sont comme pour éviter qu'on se mente, qu'on adopte une posture ou imposture du tout excès, ou tout ascèse, l'un pouvant être l'autre, en réalité. Est-ce que l'ascèse est une vertu ? Peut-être parfois. Le concept d'excès ou surplus peut venir de nos capacités d'attention et de compréhension, mais plus globalement de limite inhérente à toute chose. L'humain ne peut pas courir à plus de 45km/h, il ne peut pas manger 12 steaks de bœuf tous les jours toute sa vie. Bref, il y a des limites inhérentes qui font que la "croissance" ne peut plus continuer en tout point, tout le temps, partout. Et qu'il y a en plus des conséquences à ces performances, le choc :)

On va donc tenter de poser pour finir cet article une définition de l'ascèse.



Ascèse : pratique essentiellement volontaire consistant à diminuer voire supprimer de façon surtout ponctuelle un élément (objet, substance, pratique, etc) qui semble chroniquement en situation de surabondance et de ce fait potentiellement problématique, dans le but d'échapper aux ou de diminuer les conséquences néfastes de cette situation.


Bien ?
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Espèce-isme

14/7/2019

 

LE mot

​Le terme utilisé aujourd'hui est "spécisme", issu du mot specie, anglais pour "espèce". Beaucoup de gens utilisent ce mot, somme toute très récent, sans calculer son origine anglophone, ni sa signification initiale donc. On y ajoute le suffixe -isme pour signifier qu'il s'agit d'une idéologie, d'un dogme, une croyance, truc du genre.
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Sélections et biais

​Que signifie l'espèce-isme ? Qu'il y a une distinction entre des individus sur le seul critère de l'espèce. Ce concept est donc basé sur le concept de racisme. Il y a des races différentes : des affinités et rejets sur ce critère. Le problème est qu'effectivement il n'y a pas différentes races humaines, il n'y en a qu'une, et le terme plus approprié est espèce, non "race". Évolution du langage oblige, on a retenu le mot racisme pour désigner... à peu près tout, quand bien même il n'aurait aucun sens. Par exemple, récemment j'ai appris que boire du lait serait raciste, et rouler en vélo aussi. Donc, que pourrait dès lors signifier l'espèce-isme ? Qu'il y a une sélection, un traitement différent en fonction de l'appartenance ou non à un espèce.

Comme l'idée de racisme ou de sexisme est toujours compris de manière monodirectionnelle, l'espèce-isme s'y conforme aussi. On utilise donc l'espèce-isme non pas pour désigner le phénomène de sélection de manière globale, mais seulement pour désigner le fait que les humains sélectionnent. Que le lion préfère manger une gazelle à un zèbre et ne s'attaque jamais à une colonie de criquets ou une famille de troglodyte mignon, ne serait pas de l'espèce-isme, alors que si. Mais l'idée derrière ce concept importé est d'accorder d'office un biais à l'espèce humaine seulement, pas d'étudier vraiment un phénomène.

​Comme, si vous êtes une personne à la couleur de peau blanche, vous êtes par défaut raciste, mais jamais les personnes à la couleur de peau non-blanche ne pourront être racistes. Totalement stupide et d'une malhonnêteté de niveau astronomique. On n'est pas à ça près. C'est le même schéma qui se répète du néo-marxisme et qu'on réitère comme des machines d'un critère à un autre. La même narration qu'on déplace et applique sur le sexe, la couleur de peau, l'économie, etc. L'espèce-isme tend donc à désigner uniquement les sélections qu'opère l'espèce humaine sur les animaux. Par exemple, manger un bœuf de race blanc-bleu et bichonner un chien de race Spitz est un espèce-isme. Pourquoi l'un est protégé jusqu'au bout et l'autre est (protégé puis) mangé ? Sur le simple critère d'appartenir à des espèces différentes, le traitement sera différent. Il y a des raisons à cela, ce n'est pas totalement arbitraire.
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correction au bulldozer

​Arrivé ici, on l'a déjà vu, il y a pas mal de problèmes importants avec ce concept. Ce n'est pas finit. Est-ce que préférer une race bovine à une autre est un espèce-isme ? Pareil pour les chiens ? Pour le coup on pourrait davantage parler de racisme. C'est à dire que l'espèce-isme est sensé être une sélection entre les espèces, mais il y a aussi une sélection de traitement en fonction de variétés, de différents critères physiques et autres, en fonction d'individus, de populations, etc. Cette sélection ne se limite pas à l'espèce mais varie énormément en fonction d'une masse de critères. Ah oui, n'oublions pas que l'espèce-isme est sensé être un "biais", sous entendu quelque chose à corriger et qui est comme inconscient. Les anti-espèce-istes se positionneraient donc comme des éveilleurs de conscience, ils dévoileraient le biais que cruellement personne ne saurait voir. L'occasion donc sous ce jargon de traiter tout le monde de con et de biaisé et de tortionnaire, barbare, tout ce que vous voulez. Sous des simili grands airs d'intellectuels (verbalisme), de lanceurs d'alerte (néo-héroïsme) et de défenseurs des opprimés (appel à la vertu à coup de bulldozer). Si un homme européen aime une femme européenne il serait espèce-iste car en "choisissant" un trait similaire il exclurait les personnes ayant des traits différents. Cette préférence spontanée serait un biais. Voilà où en en est avec ce concept. Je vous laisse jauger l'absurde. On pourrait traiter tout le vivant d'espèce-iste car chaque espèce, chaque individu, chaque population développe des sélections sur d'autres espèces du vivant.

Métazoaïsme ?

​L'espèce-isme focalise sur les animaux domestiqués que l'on mange en priorité (bœuf, porc, poule, etc.). Mais il y a encore un problème important. En quoi sélectionner des végétaux, des bactéries, des mycètes sur des critères spécifiques ne serait pas un espèce-isme ? Décidément le choix du mot "espèce" est très mauvais. Si on regarde la classification phylogénétique du vivant l'espèce-isme serait mieux désigné par le mot  opisthochontisme ou plus précisément metazoaïsme.  Je n'invente rien, allez voir les classements en question par vous-mêmes. Mais même le terme metazoaïsme ne suffirait pas, car les anti-espèce-istes focalisent sur les espèces les plus visibles, les plus proches de nous : physique et physiologique. J'attends de voir des auto-proclamés anti-espèce-istes me dire comment écraser un moustique, répandre des insecticides, détruire un nid de guêpes, et autres choses de cet acabit, ne participe pas à un espèce-isme. De façon ironique, sélectionner les espèces selon une priorité de "défense" (contre l'espèce humaine) constitue un espèce-isme. Ce n'est plus un espèce-isme sur des critères d'utilité ou de plaisir, comme on a chez les cultures (cultures = ensembles de sélections) de végétaux la différence entre l'ornement et le productif, mais un espèce-isme sur un critère de "défense", un critère soit-disant morale. Comme d'habitude dans ces narrations néo-marxistes, on fait comme si la réalité n'existait pas et que seul la morale isolée compte. Ensuite, comment soutenir que la sélection très stricte entre le règne animal et végétal qu'opèrent les anti-espèce-istes ne constitue pas non plus un méta-espècisme ? Enfin, en quoi accuser de manière systématique l'espèce humaine de tous les maux n'est pas un espèce-isme ? Merci. Au revoir.
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Le vivant refondé

​Il me semble intéressant de préciser le plan sur lequel on se place quand on parle d'espèce-isme. Si on parle du plan biologique, alors l'humain est une espèce parmi d'autres, fait entièrement partie du vivant, de la nature. Un animal parmi d'autres animaux, obéissant aux réseaux trophiques, et aux règles de TOUT LE VIVANT. L'anti-espèce-isme est biologiquement impossible. Il faudrait réinventer tout le vivant, et probablement donc détruire le vivant pour qu'il puisse correspondre à peu près aux principes du dogme en question. On habite un environnement écologique, c'est à dire complexe, inter-relié, se nourrissant principalement de lui-même, sur lui-même, dans lui-même, un système auto-trophique presque. Si vous n'êtes pas d'accord avec l'écologie, la biologie, c'est possible mentalement, dans le verbal, mais concrètement non.

Les oiseaux parlent

​Maintenant, si on se situe sur un autre plan que le plan biologique, disons le plan culturel ou alors spirituel (si le mot ne vous fait pas peur), les choses sont un peu différentes. Ce plan n'annule pas le plan biologique, car il est contenu et permis par le biologique, si on se base sur une optique purement "matérialiste" du monde. Qu'est-ce qui peut faire la spécificité de l'espèce humaine ? Sempiternelle question. On va dire que le langage verbal n'est pas étranger à cette spécificité. Ce qui pose un problème d'ailleurs, car les anti-espèce-istes veulent parler pour ceux qui n'ont pas de voix. C'est-à-dire qu'ils veulent faire parler les animaux, ce qui est un espèce-isme en soi, hallucinant. Le vivant serait politique à la manière humaine. On veut faire rentrer le vivant dans la culture humaine. Dans le principe, cette "ouverture" semble bonne. Elle est néanmoins non-seulement impossible mais en totale contradiction avec les prétentions initiales. Ouvrir la culture à différentes espèces c'est humaniser (de force) les animaux (et toutes les autres branches et formes du vivant), mais c'est aussi animaliser l'humain, le rendre sauvage. Différence de traitement énorme. Il faudrait donc détruire l'humain, ou au moins le diminuer. La seule façon d'être humain serait de ne plus être humain. Pour qu'un être vivant ne mange pas d'autres êtres, ne provoque ni ne ressent de souffrance, il faudrait qu'il ne soit pas né. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais on navigue dans des abstractions absurdes extrêmement perchées là.

PAs de sens unique

​Quel peut-être le reproche, au fond ? La domestication. On a un vocabulaire différent pour le végétal et l'animal souvent, mais les plantes sont bien domestiquées, d'ailleurs plus que les animaux. Le chien est le seul animal à avoir atteint un tel degré de domestication. Et à part pour la diversité obtenue et l'obéissance à l'humain, il n'y a pas vraiment eu de gain pour l'espèce canine en elle-même, à part de s'octroyer les faveurs des humains. Les chiens sont parfois mieux traités que des humains, hôtels pour chien, psy (est-ce bien ?), etc. Est-ce que la domestication est de l'exploitation ? Oui, probablement. A sens unique ? Probablement non. Si simplement exister est exploiter, alors oui, nous exploitons tous tout. Quand on exploite ses capacités on s'exploite soi-même et ce serait mal ? La réalité est beaucoup plus nuancée et à multiples sens que la narration monodirectionnelle et binaire de type marxiste moraliste inquisiteur. Prenons, par exemple, les plantes. Il y a une séparation aujourd'hui entre le productif (ce que l'on mange) et l'ornemental (ce que l'on mange des yeux et du nez). En quoi le jasmin qui développe des parfums (langage végétal) n'exploiterait pas l'humain ? Beaucoup d'espèces ont un intérêt à attirer les humains qui prennent en charge une part importante de leur reproduction, de leur espèce, etc. De même, la plupart des espèces "productives" n'existeraient pas à l'état de nature, et ne peuvent quasiment pas de reproduire par elles-mêmes. En quoi ce qui est valable pour les plantes ne serait pas valable pour les animaux ? Si je tue un poulet, je l'exploite. Mais si je me sers des excréments des chevaux (qui se vendent en jardinerie à bon prix) j'exploite aussi les animaux, même si je ne les tue pas (que la nature hors-humain les tue).
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L'image est exploitation

​Enfin, l'espèce-isme est une duplication du schéma fumé du racisme et du sexisme. Si on part sur ce terrain, alors il faut reconnaitre que même utiliser une image des animaux est un espèce-isme. Par exemple l'utilisation d'images de chien magnifié pour le dit "parti animaliste" est un espèce-isme, car il utilise une image d'une espèce différente, une image magnifiée faisant appel à un imaginaire idyllique. Tous les dessins animés, contes, histoires et même jouets utilisant une image déformée d'espèces animales non-humaines est donc bel et bien un espèce-isme. Les pseudo-féministes revisitent Disney en disant que tout est sexiste. Mais Disney est aussi espèce-iste alors car des oiseaux peuvent chanter en langage verbal humain, des phacochères ont des yeux et des expressions et des mentalités humaines, etc. Dans le langage, on trouve plein d'expressions, tel "rusé comme un renard", qui déforment ou plutôt accentuent symboliquement la réalité d'un trait d'une espèce. J'essaie de suivre la "logique" du dogme, mais vous vous rendez compte de l'absurdité. Les "animalistes" agissent comme des représentants d'animaux, en utilisant seulement l'image magnifiée d'une espèce pour parler de tous les animaux qui en fait ne sont pas tous les animaux mais seulement ceux les plus proches et les plus domestiqués. Trois niveaux d'espèce-isme pour... combattre l'espèce-isme. Pourquoi ne pas avoir pris l'image d'une fourmi ou d'une mouche pour défendre les "animaux" ? Mais même ça ce serait une sélection. Exploitation par l'image. Toutes les espèces devraient être au même niveau ? Stupide.
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Des oiseaux bleus couturiers
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Voter pour un chien ?
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jouet populaire à l'image de l'animalisme
Alors, bien sur, je m'interroge aussi sur mes préférences, qu'elles soient spontanées ou induites par des expériences, des publicités, des influences diverses. Par exemple, j'ai en ce moment une admiration et une tendresse forte pour toutes les abeilles, bourdons et globalement toutes les espèces de butineurs/pollinisateurs. Bon, je n'ai jamais été piqué. Mais la question reste : pourquoi ces sortes de préférences ? Avant, comme beaucoup, dès que je voyais un insecte volant je le balayais, le frappais, de peur d'être piqué, comme un réflexe. Maintenant que je sais identifier quelques espèces, je sais que la plupart sont inoffensives. Les araignées ne me font pas super flipper, mais il n'est pas rare qu'elles me surprennent, me saisissent. J'adore manger du saumon, et je n'ai jamais mangé de rat. Si j'ai le choix, je vais manger du concombre et pas des blettes. En tant que jardinier, j'adore les pavots, mais j'ai aussi été séduit par les rudbeckias. Et il y a aussi des plantes que je dédaigne comme les glaïeuls. Je préfère certaines races de chiens à d'autres. Alors qu'importe que ce soit pour manger (bœuf), pour "décorer" (pavot), pour "exploitation émotionnelle" (chien), on a un ensemble de choix spontanés qui ont leur raison. Casser ces préférences c'est simplement les déplacer (en cassant au passage la cohérence qui nous faisait adhérer à ces préférences). 

Récap'

  • Le concept même d'espèce-isme est espèce-iste.
  • Inadéquat à ce qu'il désigne.
  • Sensé décrire un phénomène entier mais on l'utilise de manière très partielle uniquement dans le but de mettre en place une narration binaire accusatrice.
  • Il y a déni de réalité, verbalisme, moralisme, déni de biologie, déni d'écologie, déni du vivant, déni de spécificité de chaque espèce, population, individu.
  • Misanthropie profonde, l'humain est comme tous les animaux, mais il doit être moins que les animaux en même temps, l'humain de Schrödinger. 
Magnifique clip illustrant comment les animalistes voient le monde en justiciers ubuesques.
Eugénisme
Végémania
Zététique
Carnivore
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journal de foi + lecture Bible

6/7/2019

 
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6/7/2019 parcours général

Par où commencer ? J'ai longtemps nourri une petite défiance envers la religion. Spécialement fin collège, lycée puis regain d'anti-théisme épidermique à l'université. Il y a, en partie, bel et bien une sorte de rébellion, puis on se sent intelligent à taper sur une autorité, on se sent subitement libre, et identifier un méchant pour en faire un responsable de tous les maux de la société est pratique. Un peu de contexte. J'ai été dans une école catholique, ai été baptisé avant ça, ai fait mes deux communions. Mais je n'ai jamais été à la messe en famille, hormis pour les mariages et enterrements. Des cours de catéchisme à l'école, je n'ai jamais trouvé ça vraiment désagréable. Mais les cahiers tout ça ne résonnaient pas des masses en moi. Les communions m'ont assez plu, pour le côté recueillement, calme, moins pour les chants et les tribulations entre camarades (marrant de transgresser le surplus de rigueur, évidemment). Par moi même, ensuite, je n'avais aucune obligation à suivre des messes dominicales,  jamais, ni même à noël, et autres célébrations. Donc, je n'ai jamais été forcé.

Néanmoins, j'ai toujours été attiré par la spiritualité, au sens large. Lors de mes moments anti-théistes, j'ai forcément été attiré par le bouddhisme parce que tel que ça nous est dépeint souvent, le bouddhisme est sans dieu, il est donc "rationnel" (sic). J'ai suivi les pratiques à ma façon de la méditation et du yoga. J'ai lu la Bhagavad-Gîtâ, le Livre des Morts tibétain, divers textes sur la méditation, le bouddhisme, etc. Ah, le taoïsme est probablement ce qui m'a le plus marqué. Aujourd'hui encore je trouve que les textes taoïstes sont précieux et de grande valeur.

Par la suite, j'ai été tenté plusieurs fois plus ou moins de devenir moine. Parce que je trouve leur mode de vie très pertinent en général, même si il y a probablement trop d'abstinence de culture contemporaine et de sexualité à mon goût. Mais ça n'a jamais été une déchirure que de ne pas céder à ces "appels", c'était ponctuel et pondéré. Cela fait plusieurs années que je lis des textes davantage monothéistes. Ceux qui m'ont marqué proviennent du soufisme, une branche dite mystique de l'Islam. Il y a aussi eu un livre orthodoxe assez puissant qui m'a fait effet bœuf : La Quête de l'Esprit de Eugraph Kovalevski. Mais, somme toute, jusqu'à lors, je n'avais jamais lu la Bible en entier, ni été à la messe, ni fait de retraite spirituelle en des lieux chrétiens. Même dans mes moments athéistes ou anti-théistes (on a tendance à confondre les deux...), je n'ai jamais vraiment cru au fond à la posture d'envoyer bouler toute idée de divin. Vous savez, à certaines périodes où dans la question "crois-tu en Dieu ?" on entend la question "te soumets-tu à l'autorité ?", et alors on dit "nan!" plus par défiance et pour faire son intelligent de manière enfantine. ça passe.

6/7/2019 Lecture Bible

Récemment, j'ai eu une simple envie de lire la Bible. Je ne l'avais jamais fait entièrement encore. Ce livre si ancien, si lu, si étudié, si dense. Bien sûr, je connaissais la Genèse et l'Apocalypse de Jean (le plus symbolique, fantastique et épique peut-être). Quelques bribes des quatre évangiles pourraient refaire surface rapidement aussi. J'ai donc commencé par le Lévitique. Je vais en faire des commentaires simples, je ne cherche pas à en dégager ici des interprétations religieuses/spirituelles, davantage  à énoncer des impressions générales, naïves, brutes.

Ce qui me frappe en premier est cette liste de rituels précis, composé de recommandations très spécifiques, dont les raisons paraissent pour le moins peu intuitives : offrir un agneau de telle façon, bruler la graisse, le sang et autre à part, hors du temple, pour laver une offense... Sinon, le lecteur séculier que je suis est un peu perdu entre voir ces textes comme de la littérature ou un manuel, un mode d'emploi. Mon esprit, comme je pense beaucoup d'autres, a besoin de se brancher sur une fréquence, un genre d'écrit pour dérouler le contenu. Et il reconnait, ici dans la Bible, des éléments de différents genres, d'où léger bug. Je veux dire, quand on achète un essai, on sait à quoi s'attendre en gros, et on se branche sur ces attentes. C'est peut-être aussi dans le fait que la Bible échappe à nos cases, nos catégories faciles que réside une part de son intérêt et de sa puissance littérale.

Ce lévitique, dans le contenu, me semble dégager une vision très orientée magie, ésotérique, comme un ensemble de sorts et contre-sorts. Ce qui m'étonne sur le coup. S'en dégage aussi une discipline intransigeante, très droite, extrêmement rigoureuse, et surtout un tribalisme plein et entier. Ce tribalisme m'interloque. Pas pour le tribalisme en soi, qui est difficilement dépassable, et pas forcément mauvais en soi. Mais, parce qu'en tant que catholique, j'ai été amené à voir d'abord le côté universel. Et qu'en tant qu'individu, je pars d'abord de la foi en Dieu et le reste satellite autour, est secondaire.

Du Lévitique se dégage aussi une certaine idée de progrès, mais pas un progrès par accumulation comme on est amené à le concevoir de nos jours, par défaut. Non, un progrès par évitement, par non-dégradation. Une via negativa comme le rappelle Nassim Nicholas Taleb d'ailleurs, et qui n'est pas étranger à ce regain d'intérêt pour le fait religieux chez moi. Éviter la dégénérescence individuelle et collective est ce progrès. Un progrès par prévention, usant de tribalisme exacerbé, d'incitation à exercer une pression et des punitions sociales, mais protecteur et visant la durabilité la plus grande, l'éternité.

Parmi ces règles de vie, on trouve des règles sur la sexualité évidemment. Pas d'homosexualité, pas d'adultère, même penser à l'adultère est le commettre selon ces textes, ce qui va au delà des revendications sociologistes d'aujourd'hui, donc. La prostitution est une disgrâce, pour le dire de façon modérée, pour les deux personnes. Et la prostitution accepte aussi une définition plus large. Au delà de la sexualité, se prostituer pour des idées, du travail, des richesses, équivaut presque la prostitution sexuelle. Concernant le corps, il y a un ensemble de règles de pudeur sociale élémentaire, y compris à l'intérieur de la famille, un enfant ne doit pas voir nu ses parents ni les parents s'exposer nus à leurs enfants, ni à la famille élargie. Une grande importance à l'hygiène physique quotidienne est préconisée ardemment. Pas de tatouage, pas de scarification, pas se raser les cheveux, pas les couper de façon excentrique pour plaire et attirer l'attention. Et les défauts corporels ne sont pas sains, condamnant les individus concernés et même en partie leur entourage à des repentances ou sanctions ritualisées, et les exclus des sacralités. Concernant l'alimentation, je ne suis pas sans surprise. Je connaissais déjà un peu les règles du cacherout comme ne pas manger de crevette, de porc, etc. Mais il y a des choses plus étonnantes comme l'interdiction de manger du lièvre, des rats, des corbeaux, du sang d'animal, et d'autres choses que mon cerveau a mis de côté au moment où je rédige ces lignes. J'avais lu un essai d'un type qui avait voulu vivre selon les règles exactes de l'ancien testament à New York. Pittoresque.

Règles sociales maintenant. On peut, et même doit faire des choses, faire fructifier ce qui nous a été donné, prêté, mais curieusement la notion de travaille semble comme exclue. Travailler c'est "se rendre servile", et c'est comme de la prostitution, c'est vile. Et il y a des jours où l'on ne doit absolument pas travailler, ni faire travailler autrui. Concernant l'agriculture, il y a des nécessités de mise en jachère à intervalle régulier. Jachère et/ou non-moisson, pour le repos de la terre et aussi comme forme de charité pour les pauvres et les étrangers. C'est débile, mais ça surprend de voir des raisonnements écologiques aussi vieux dans le contexte de la Bible, tellement on est amené à penser aujourd'hui que l'écologie est une chose contemporaine, qu'on a tout inventé récemment. Ah n'oublions pas le fameux "œil pour œil, dent pour dent", ou la règle miroir, qui nous parait brutale et curieusement pas chrétienne, car on a cette vision aujourd'hui qu'être chrétien devrait être se laisser se marcher sur les pieds par tous au nom de la tolérance ou du Christ. Mais il y a aussi le fait que toutes ces règles soient applicables de la même façon pour tous : "la même loi pour l'étranger comme pour l'indigène".

Toute idole est proscrite, et pas de représentation figurative non plus. Chose qui parait en contraste avec l'abondance chrétienne des églises, des livres, des lieux dédiés et sacrés. Mais rappelons que nous sommes dans l'ancien testament.

Dans l'ensemble, je retiens qu'il y a une idée claire de contrat entre humains et Dieu. Un contrat où Dieu donne et où l'humain doit suivre ses directives, sans quoi il y aurait annulation de contrat, et de tous les privilèges que Dieu accorde aux humains. A titre personnel, j'ai une vision de Dieu plus large, beaucoup beaucoup plus large sur plusieurs niveaux. Et ça me fait tiquer cette relation de privilégié entre un peuple "choisi" et le reste. Bon, peut-être que justement la conception de Dieu développée ici est comme la mienne, très très large mais qu'il y a la possibilité d'accentuer une relation spéciale entre un groupe, un peuple spécifique rapport aux autres. C'est à dire, tel que je le vois, Dieu est là pour tous d'évidence, mais il peut donner plus à certains sous des conditions. Une relation privilégiée certes, mais pas "gratuite".

7/72019 commentaires sur la foi

J'ai été plusieurs fois à la messe. Le dimanche, parce que c'est le jour du seigneur, et plus facile à y aller donc. Le dimanche c'est aussi l'occasion d'être plus calme, comme tout le monde est plus calme. Par messe, j'entends messe catholique donc. Parlons local, j'ai été dans la petite chapelle de Notre-Dame des Dunes. Ce lieu et ce bâtiment a mon affection car même si le bâtiment n'est plus d'origine, il a été reconstruit moult fois. C'est supposé être l'église des dunes, d'où Dunkerque, dune kirk, église des dunes. Ce qui a carrément donné le nom de la ville, donc. Sans bercer dans le romantisme, je trouve honnêtement que ça a du sens. C'est une chapelle, donc c'est petit, intime pourrait-on dire. Ce qui correspond aussi plus à mon idée de la foi, que de se retrouver dans une église gigantesque. Bien que j'adore les monuments sacrés de démesure. Mais peut-être pas en adéquation avec la pratique régulière. D'autant plus que les fidèles, comme on dit, ne sont pas nombreux au point de remplir un stade pour assister à une messe.

Mes premières impressions en allant à la messe est de ressentir ce décalage. C'est pour ainsi dire la première fois que j'assiste à une messe n'étant poussé par aucune obligation sociale. Je me sentais étranger, pas vraiment en phase avec les gens présents et tout le rituel de la messe. Mais cela s'est vite dissipé, en y retournant. Pleins de sentiments contradictoires naissent en moi autour du fait d'être et d'aller à la messe. Au début, je trouvais ça triste et lancinant, mais bien sur, on n'est pas là comme on est devant un Marvel. Des chants. De bout en bout. Je ne suis pas très musique en général, donc me retrouver à chanter, comme au milieu d'une chorale, ne m'enchante pas des masses. Mais on s'y fait. Et je commence même à y trouver un certains intérêt, non pas pour chanter, mais pour l'idée que le chant puisse s'avérer un média intelligent et pertinent somme toute pour l'expression de la foi, dont foi collective. Je me rappelle les CDs de chants grégoriens et templiers qui m'ont toujours émus et transportés (le mot est peut être fort). Ah et j'ai toujours adoré l'orgue par contre, donc bingo. La première fois, le prêtre faisait des petites blagues, mais sur le coup, tel que j'étais conditionné, je percevais cela comme la preuve que même le prêtre n'y croit pas, ou à moitié, et se permet d'en rire. Ce qui n'est pas le cas, au contraire. Mais j'avais ce réflexe de voir la messe et la foi comme quelque chose de solennel à 100%, et tout humour dans ce contexte comme irrespect ou déviation, alors que non. Cela soutient mon idée qu'on se fait beaucoup d'idées sur l'église, la foi, la messe.

Il y a plein de chants et quelques prières que je ne connais pas et que les trois quart entonnent pleinement sans hésitation. Je m'en retrouve bêta. Mais osef, je suis là déjà, j'apporte du sang neuf (pour filer la métaphore cannibale spirituelle). Ah, je ne mange pas l’hostie, parce que, si vous ne le saviez pas, je ne peux manger quasiment que des viandes et des laitages, quelques légumes. Donc, je ne participe pas au fait d'ingérer un disque comestible de je ne sais pas quoi. Ça m'embête parce que la symbolique me parle, mais bon, on fait comme on peut. Un chips de bœuf me conviendrait bien. Je digresse. Donc, la messe.

J'ai pris cette habitude de bien m'habiller aussi, je trouve que ça s'aligne sur ma volonté et ma foi que je veux manifester d'une certaine façon. Même quand il faisait chaud l'autre jour, j'ai été en pantalon, parce que les shorts ça fait touriste et je trouve que ça ne correspond pas à l'évènement. Bien sûr on peut prier en chaussette claquette et speedo rouge si on veut, mais à part pour démontrer qu'on a le droit de faire ça, je trouve ça sans intérêt et inapproprié. Je ne sais pas, on ne va pas en réunion, au restaurant, ou autres, en chemisette à fleur flashy. Question de cohérence minimum. Bien sûr ça ne reste que du vêtement, et la foi est plus importante. malgré tout, on ressent ce besoin de cohérence en fonction des circonstances. Donc, je tente de mettre un beau pantalon et une chemise pas flashy pour aller à la messe, et ça me plait ainsi.

Une chose aussi m'a interloquée. Il y a un chant final consacré à Notre Dame de Dunes. On lui demande de nous protéger. Ce qui me fait revenir dans mes considérations sur le côté occulte ou magie, ésotérisme, où l'on peut s'adresser et prier des entités comme intermédiaires de Dieu, des entités locales, spécifiquement locales. Honnêtement, je trouve ça bien, mais c'est en même temps surprenant. Joindre l'universalité de Dieu avec la localité très locale. Spontanément je penserais que les deux sont exclusifs, mais non, on peut conjuguer les deux. Tant mieux. En fait, j'avais une vision beaucoup plus monothéiste, un monothéisme strict. Peut être que ça a été influencé par mes lectures du soufisme. Le christianisme est un monothéisme qui incorpore sans problème (aujourd'hui du moins) une forme de polythéisme, et cette inclusivité, cette complexité fractale me ravie, intellectuellement pour sûr, mais probablement plus aussi.

15/07/2019 commentaires sur la foi

Excusez-moi encore, je suis délibérément naïf ici, je découvre des choses qui ont été déjà dites des millions de fois par ailleurs. Je n'avais jamais vraiment vu la chose sous cet angle, mais il y a une part dans le christianisme qui est une sorte de défiance envers le judaïsme. Par un reniement, plutôt un accord de fond, tout en ouvrant vers d'autres perspectives. L'ancien testament présente une rudesse forte, une inflexibilité là où le christianisme dit que peut être cela peut varier en fonction de circonstances, qu'on peut s'adapter aux conditions et écouter son cœur plutôt que d'être intransigeant comme une machine oui/non. Ce que j'en comprends est "la loi, c'est bien. Son application dans la réalité du cœur est autre chose". Le christianisme se positionne donc non pas en contradiction du judaïsme mais l'incorpore pour proposer un terrain plus grand, plus vaste. Comme je l'écrivais avant, l'islam est probablement plus strict dans le monothéisme, probablement le plus monothéiste des monothéismes. Mon idée ici n'est pas de déterminer si cela est bien ou mal, évidemment, juste de dresser des généralités d'ordre intellectuel dirons-nous. L'islam me semble plus restrictif, comme une réduction du christianisme, alors que le christianisme ouvrait grand justement. Il est vrai que le christianisme a tellement ouvert qu'il a pu se perdre dans certaines spéculations, allant jusqu'à la confusion. Le christianisme me parait moins tribal que le judaïsme et que l'islamise. Je dis ça à partir des textes que j'ai pu lire et non à la lueur des événements enregistrés de l'Histoire. 

21/07/2019 Commentaires lecture Bible

Toujours dans le livre NOMBRES. Un grand passage qui invite à des démarches administratives, un recensement démographique immense, comme pour des statistiques. Étrange au premier abord de trouver ce genre de démarche ici. Renforçant cette idée de rigueur qui parcoure tout le livre Nombre jusqu'à présent. Autre point intéressant est cette sorte de signalétique sonore par les trompettes, qui rappelle l'usage des cloches. Bref, des moyens d'organiser de grands flux de personnes, comme on en a l'habitude aujourd'hui. Beaucoup de règles (rituels/lois) concernant l'adultère. Visiblement un sujet clés qu'on ne peut pas balayer ou minimiser. Un peu plus loin on apprend que le peuple réclame de la viande, quelque chose de nourrissant quoi. Cela met en colère l’Éternel, et il souhaite leur en donner en surabondance jusqu'à ce que le peuple en soi écœuré. Toujours ce rapport de logistique offre/demande, où le manque semble plus souhaitable que la surabondance qui est elle même une sorte de punition. Cela donne écho à notre situation actuelle où nous avons tout en surabondance.

Une chose qui me choque (au premier abord) est ces incitations assez régulières de prendre par la force des terres, une ville. On y trouve un ensemble d'invectives guerrières, comprenant destruction et tueries de masse. Cette violence est choquante aujourd'hui où tout est lissé dans nos sociétés actuelles. Mais à y songer, ce n'est pas dénué de sens non plus. Être chrétien n'est pas forcément être un béat qui attend d'être un martyr et de souffrir. C'est aussi savoir et même devoir prendre sa place dans le monde, avec méthode, et viser la durée, la durabilité de ces entreprises.

L’Éternel punit régulièrement, se met en colère tout autant. Encore un élément qui contraste avec une vision de Dieu amour. On peut noter des punitions sur plusieurs générations même, ce qui parait sévère au delà du raisonnable et étrange car nous ne pensons quasiment plus en terme de générations en continuité aujourd'hui. Mais si on le prend par exemple dans un autre sens, alors cela nous incite à la vigilance permanente, car nous pouvons payer des erreurs et faire payer des erreurs en effet sur des générations et des générations sans que ça en soit volontaire. On voudrait diminuer la peine, la sanction, parce qu'on se figure que L’Éternel est comme une personne, et que donc elle doit être clémente en tout point, mais la réalité n'est pas ainsi. Je veux dire c'est par le procédé comme de personnification qu'on s'imagine être en pouvoir d'amadouer les conséquences de nos actes. Il est vrai que cela est prétention.

Les textes de la Bible sont remplis d'apparents paradoxes ou contradictions. Par exemple, suite à ces incitations de guerre, où le peuple peut/doit piller, tuer par milliers, tout brûler puis revenir tranquillement à des rituels, on trouve l'idée que porter la peine d'autrui est bon. Cette idée est réjouissante au premier instant, et se rapproche bien plus de l'idée du Dieu amour du christianisme, notamment du christianisme catholique.

Parfois je tombe sur des phrases intrigantes : "Il se plaça entre les morts et les vivants, et la plaie fut arrêtée.". Des phrases qui me parlent sans que j'en comprenne nécessairement le sens. J'ai retenu une autre phrase, qui, elle, me parle davantage : "vous humilierez vos âmes, vous ne ferez aucun ouvrage". Une thématique que j'interprète autour du travail, notion qu'on a vu être une prostitution auparavant dans la lecture. Il y a un aspect donc où on travaillerait juste pour se mettre en avant, et on se met en avant pour travailler. Une forme de narcissisme à double entrée, qui s'entretient lui-même. Ne pas travailler ce serait humilier notre âme. Parler d'âme rappelle toujours Marguerite Porete, Le miroir des âmes simples et anéanties.

21/07/2019 Commentaire sur la foi, la pratique

Une part de moi veut échapper à ce symbolisme tout puissant tel que je le vois à travers la pratique catholique de mon niveau, en local. Prend souvent le relais l'esprit analytique. Par le passé j'ai pu avoir honte de cet intellect, l'opposant au réel, au sensible, bêtement donc. Maintenant je suis fier de pouvoir laisser cette part de moi s'exprimer à l'occasion, le tout étant de ne pas se faire bouffer par cet état d'esprit, et de devenir débile donc. Donc, face à un ensemble de discours et rituels que je trouvais pas coulant de source à mes yeux, je cherchais à expliquer ça à ma façon. Oui, qui suis-je pour réinventer une pratique multi-millénaire, cette prétention qui nait au sein de l'intellect analytique déconstructeur. Et si il s'agissait simplement de vivre la symbolique ? Notamment l’Église est le peuple, pas les lieux. Ce qui au passage ne veut pas dire que le lieu n'a aucune importance, mais que le lieu seul ne vaut rien, c'est d'abord le peuple, et quand il n'y a plus de lieu, le peuple reste. Voilà. Ce qu'on peut appliquer à à peu près toute la symbolique, gestuelle, figuratives, abstraites, textuelles, etc. Quand on regarde vers une croix, ce n'est pas la croix réelle, ce n'est pas le Christ réellement, peut être au mieux une branche dans une conception fractale de l'existence et de la foi. Ces symboles ne sont pas des mensonges, de l'artifice. On n'est pas dupe, évidemment. Bien que peut-être certaines personnes s'y conforment. Du haut de notre sécularisme, on jugerait facilement que la foi s'orne de beaucoup de faste, on voudrait lui imposer un minimalisme alors que dans notre sécularisme on s'autorise la grandiloquence et le maximalisme à des niveaux jamais atteints probablement. Dirigés vers quoi ? Rien, puisque c'est le sécularisme pro-athéiste.

Dans les lectures de la Bible, mais aussi dans la pratique parfois, je suis souvent interloqué d'une conception si tribale, si possessive de Dieu. Aussi que l'Eternel juge les autres dieux (de l'Egypte), ce qui implique de reconnaitre leur existence, ce qui pour moi ramène donc Dieu à un statut non pas de Toute puissance, de totalité, mais de simple divinité un peu spécial tout au mieux. Ma conception de Dieu est bien plus vaste et exclue d'autres divinités, bien que prier Marie, Jésus, et divers saints équivaut à une sorte de simili-polythéisme comme je l'ai déjà noté plus avant dans ce journal. C'est un aspect que je devrais méditer.

Maintenant, oui, je retourne ou plutôt je vais vers une pratique de la foi. Je suis chrétien catholique selon les rituels observés. Mais évidemment je me questionne sur l'affiliation. Est-ce que d'autres formes de pratiques ne me conviendraient pas mieux ? Oui, fort probablement. J'ai songé au protestantisme, mais j'ai comme une aversion pour cette branche, rien que le nom me semble stupide. L'orthodoxie m'intrigue beaucoup, car, d'après ce que j'ai pu lire, ces gens peuvent être très sérieux, très rigoureux, et chercher. Étant plutôt intellectuel, j'ai besoin de faire marcher mon cerveau et critiquer, analyser, méditer par la pensée active. Le catholicisme ne me parait pas mauvais en soi bien évidemment, il est assez lumineux, mais peut-être que la pratique me paraît trop superficielle parfois, voire même cul-cul sur certains points, sans parler de la méthode couet. Je cherche donc quelque chose de plus ancré, plus cherchant. A l'avenir, je lirais certainement des livres orthodoxes. Il faudrait aussi que je rencontre des prêtres catholiques déjà, comme c'est la dominante locale.

Pour revenir sur l'idée de symbole, traité vaguement plus avant, j'ai réalisé qu'en fait toute la religion chrétienne offrait comme un squelette du réel, une structure apparente et non cachée, une ossature sortie presque de la chair du réel, à l'image de ces églises et cathédrales d'ailleurs. Ce qui est choquant, perturbant. Avant je pouvais prendre ça comme un dogme, mais c'est mal comprendre ce dont on parle, ce qu'on vit en foi par là. Pour faire une analogie, ce serait comme si on faisait jaillir une fontaine dans une fontaine, le corps du réel est donné à l'esprit plutôt qu'il ne vogue et le rencontre que ci et là, tout est sortie, le moteur est à l'extérieur. Bref, j'espère ne pas compliquer la chose avec ces métaphores surajoutées. Un réel viscéral, si on veut. Toujours quelque chose de fractal qui me fascine et m'enthousiasme. Ce qui donne l'impression que le réel est plein, ou empli, et pas une zone vide à arpenter comme un animal errant, un zombi.

Ah oui, encore un truc. On pense souvent qu'être chrétien c'est tendre l'autre joue. Oui d'accord, on peut le faire, mais ça ne veut pas dire qu'on doive le faire systématiquement en toute circonstance, ni qu'on doive se laisser marcher sur les pieds par le premier tyran venu ! On confond parfois ce "tend l'autre joue" avec la passivité, avec la complaisance dans la souffrance. Ainsi, une personne en colère ou qui attaque en mot ou en geste une autre personne ne serait pas chrétienne sur cela ? Non, il y a des règles, des règles qu'on peut briser de manière opportune et intelligente (comme chasser les marchands du temple) mais des règles quand même. C'est là aussi où certains catholiques empruntent une naïveté existentielle, tout en se permettant pour certains bien des détours pour se sentir la conscience tranquille (un gros billet à la messe, trois je-vous-salut-Marie et c'est bon). Ce n'est pas propre au christianisme, ni au catholicisme ces travers, évidemment. Et on nous invite à pardonner nos péchés. Seul Dieu est juge, en dernier recours. Ce qui ne nous empêche pas de vouloir survivre, vivre et même prospérer, ce qui ne peut se faire en se laissant taper dessus tous les jours, d'une manière physique, ou verbal,e ou mentale, etc. De ce que j'ai lu jusqu'à présent dans l'Ancien Testament, on est parfaitement dans ce sens, de chercher à être souverain, chercher un pays, faire chemin vers ce pays, avec ce pays (famille, groupe, peuple). Cela rejoint, ce que j'ai du écrire auparavant, les enseignements du nouveaux testaments s'appuient sur le contexte de l'ancien, ils ont un sens à partir de l'Ancien Testament, pas au milieu de nulle part.

24/07/2019 Lecture Bible Deutéronome

Un point que je n'ai pas explicité encore ici est le côté juridique de l'ancien testament. Il y a des règles, des lois, des principes, des applications diverses selon des cas différents, des intransigeances et des acceptations plus nuancées par endroit. J'avoue n'avoir aucune éducation juridique alors ça ne me saute pas à l'esprit. Néanmoins, je comprends cette structure, sa nécessité, donc son importance dans un texte comme la Bible. Aujourd'hui je ne peux élaborer davantage ce point, si ce n'est répéter que la foi est décrite souvent comme un contrat entre Dieu et un peuple.

"Je ne puis, à moi seul, vous porter" Dieu donne. Mais il faut aussi donner, plus que donner par l'observation des rituels et de ses commandements, j'interprète cela comme oui on peut s'abandonner à Dieu, Dieu peut nous porter, mais il faut aussi être responsable et se porter soi-même. Quelque part, il répond à cette allusion plus loin : "prenez dans vos tribus des hommes sages, intelligents et connus et je les mettrais à votre tête.". On marquera le "connus", c'est à dire qu'Il ne compte pas prendre simplement des gens sages, ou intelligents, mais des gens et sages, et intelligents et connus. Si tu n'es pas connu c'est peut-être que tu n'as pas une reconnaissance suffisante auprès de ton groupe, tribu, peuple. Il faut comme un ancrage social, semble-t-il. Trois critères réunis, ou rien.

"vous n'aurez point égard à l'appartenance des personnes dans votre jugement ; vous écouterez le petit comme le grand" Ici cela contraste un peu avec l'intolérance pour la moindre difformité physique, ou des tribus/peuples qui peuvent être exterminés sans discussion, sans chercher à comprendre leurs mœurs. On est donc face ici à ce qu'on appellerait une ouverture d'esprit au delà de l'apparence, une non-discrimination en tant que norme/base sociale.

"vous ne craindrez aucun homme, car c'est Dieu qui rend la justice." Tel que je le comprends, si on craint un homme en particulier d'une certaine façon on le révère, on peut même l'idolâtrer, c'est à dire remplacer Dieu par un homme. Ne craindre que Dieu c'est donc ne craindre aucun homme, ne pas se faire l'esclave de croyances séculaires, et tout ce qui en découle.

Encore un apparent "paradoxe" avec le "je ne puis, à moi seul, vous porter" : "L’Éternel, votre Dieu, qui marche devant vous, combattra lui-même pour vous". Il y a bien l'idée que Dieu est précurseur de tout, qu'il planifie tout pour son peuple, qu'il combat pour son peuple. Il y a aussi le fait que Dieu combat, empoigne la situation de guerre, pas vraiment à la place de l'homme, mais à travers lui et à travers les ennemis, à travers toute la situation d'opposition.

24/07/2019 commentaires foi

Ce côté tribal m'interpelle toujours. Par exemple, c'est peut-être moi qui fabule, mais je perçois comme un côté tribal dans la joie avide de la possibilité de recruter une nouvelle tête, du sang neuf. Ça n'a rien de personnel, c'est une constatation, et ça ne s'applique certainement pas qu'à la religion, mais est un trait universel je dirais. Quand on fait partie d'un groupe comprenant peu de personnes et qu'une nouvelle personne se pointe cela fait plaisir de pouvoir peut-être partager sa passion avec elle. Néanmoins, dans le contexte religion, cela me fait malgré tout bizarre. Simple ressenti, je n'ai pas analysé le truc outre mesure.

Le catholicisme est sensé être le plus universel possible. Sur le principe cela parait clair et bon. Dans la pratique, il y a ce côté "sois universel" sous entendu comme moi, ou de telle façon. Cet universalisme parait toujours bonne idée, oui, on fait partie d'un même ensemble, d'un même tout, oui, nous avons des conditions d'existence similaires, ainsi de suite. Mais nous sommes aussi tous singuliers, dans des régions singulières, dans des conditions comprenant des singularités. L'universel est souvent synonyme d'écrasement et d'uniformisation. Et donc d'empire, d'impérialisme, de verticalité du pouvoir humain. ça se traduit par le système catholique très vertical, dominé/chapeauté par une personne-symbole : le pape. Je ne dis pas, il peut y avoir une bel esprit dans le catholicisme, quelque chose de lumineux et grandiose, mais il y a aussi cette verticalité extrême qui à mon avis est plus décadence qu'élévation. Surtout, ça n'est plus à l'échelle humaine. Je préfère des cellules locales relativement autonomes et indépendantes.

Dans l'ancien testament on lit plusieurs fois l'interdiction de toute idolâtrie, dont représentation. Cela me parait étrange tant le christianisme aujourd'hui est connu justement pour son abondance esthétique, aussi bien dans l'architecture, que dans la peinture, que dans la sculpture, l'architecture, la musique, etc. Cette abondance n'est pas toujours pour le mieux, mais elle enchante, rayonne et diffuse le message. Pour moi l'idolâtrie est plus dans le fait de s'arrêter, de faire une obsession sur une image, plutôt que l'image elle-même. Bien qu'en effet je dois reconnaitre que chaque objet puisse être porteur de charges pas toujours propices à la clarté spirituelle. Cela rejoint un article de blog sur une prospective de l'art. Pareil, il est fait souvent une différence entre figuratif et abstrait. Alors oui, l'abstrait et le figuratif sont différents, mais ils sont tous deux des représentations, des ornements, de l'esthétique sur lequel on peut se fixer (en bon ou mauvais sens).

04/08/2019 journal foi

Rencontre en face à face du prêtre qui officie à la messe de la petite chapelle Notre Dame des Dunes. Rencontre assez fructueuse que j'espère renouveler. Il avait l'air un tantinet surpris du pourquoi je souhaitais le rencontrer. Je ne lui ai pas posé la question, peut-être que peu de gens demandent à être reçu dans l'ordinaire en local. Toujours est-il ses paroles, mais probablement plus son attitude, ou sa façon d'être, m'ont inspiré. Je faisais gaffe à ne pas prononcer des mots trop crus, moi venant d'une culture non pratiquante, presque athée et avec mon esprit naïf qui cherche à découvrir. Peut-être ai-je été dur en voulant exprimer le fait que je trouvais le christianisme catholique un peu trop léger à certains égards, du genre méthode couet. Ça n'a pas été dit de cette façon mais l'idée était là. Nouvelle messe ce matin. J'ai donc essayé de mieux chanter avec plus de volume car j'ai appris que le prêtre faisait exprès de placer beaucoup de chant ; par conviction que réside en chant la plus belle forme de prière, mais aussi parce qu'il a une formation musicale. Un jour, je chanterais comme ceux des chants grégoriens. Bref. Sinon, il y a comme un effet d'ivresse que je ressens de plus en plus relativement à la question divine. Cette sensations est vraiment profonde, je ne saurais pas mesurer la profondeur d'ailleurs, pas besoin d'avoir pied si on sait nager/flotter à la surface. Je réfléchissais aussi au fait de nommer Dieu Dieu. La nomination est quelque part très étrange, et de cela découle beaucoup d'incompréhension et de rejet, certainement. Entre différents croyants mais aussi des athées, et anti-théistes envers la religion. Nommer c'est réduire, on ne peut pas nommer l'innommable. Néanmoins le mot Dieu est un moyen de designer pratique et beau. Comment parler de Dieu sans le nom Dieu ? Multiplier les termes ? Oui, il y a l'Eternel, le Plus-haut, le Très-Haut, Yahvé, etc. Dieu, d'yeux, cieux...

Sinon, dans la lecture de l'ancien testament, toujours surpris du niveau de violence. Difficile de faire abstraction de la violence des textes, mais justement, il y a ce côté intéressant où la Bible est à la fois métaphysique et "réelle", un mélange, une alternance qui nécessite une vigilance et en fait plus qu'un livre, plus qu'un simple livre parmi les autres qu'on classerait dans telle catégorie, tel genre, etc. Cette violence met en valeur le nouveau testament qui lui s'axe sur le pardon, l'ouverture, l'abandon. On y voit le chemin, la différence. Mais cela n'est pas nier la violence, le monde de violence, qui est nécessaire sur un plan ou un autre de toute façon. Je comprends l'idée de décharger l'inutile, d'accepter de prendre sur soi la charge d'autrui, afin de laisser place à la vérité, à l'amour, etc. Mais se désarmer totalement peut conduire à manquer de respect, à la destruction. Ne pas participer à l'escalade des armes mais ne pas non plus être totalement à la merci des autres qui sont redevenus sauvages presque à invoquer moult dieux par exemple. En tout cas je ne me vois pas me mettre à la disposition de la connerie, même si j’essaierais de plus en plus de "tendre l'autre joue".

06/08/2019 journal foi

J'avoue avoir un peu de mal avec cette profusion de "figures" dans le christianisme catholique. Je ne sais pas si c'est spécifique au catholicisme. Marie, Notre Dame, Jésus, Le Christ, Joseph, Saint ceci, Saint cela. Cette profusion est signe de générosité, aussi de rayonnement, des caractéristiques inspirantes, mouvantes et autres. Néanmoins, on s'y perd dans la complexité, complexité au moins apparente, et on serait comme déjà dit comme dans une espèce de polythéisme dans le monothéisme. En tant que "débutant" je ne sais pas pourquoi je devrais prier Marie, ou parler de Jésus à toutes les sauces. Peut-être dois-je relire le nouveau testament et alors cela s'éclaircira. De là je comprends l'Islam qui s'est recentré sur Dieu uniquement, bien qu'ils idolâtrent le prophète Mahomet plus fortement même que toutes les figures chrétiennes. Pas le droit de le représenter par la peinture, ni par le dessin, mais en parole aucun problème. Je trouve ça bancal. Dans le monothéisme, j'aime cette idée de recentrer les choses, d'aller au plus haut, au plus complexe et simple en même temps. Comme dit plus haut, donner un nom à Dieu peut s'avérer aussi comme une forme d'idolâtrie en décalage avec Dieu lui-même. Force de praticité, nous sommes obligés d'avoir recours à des représentations d'une façon ou d'une autre. L'Islam a certainement voulu tempérer l'enthousiasme autour de Jésus en le mettant prophète, prophète singulier mais prophète parmi les autres quand même. Or, dans l'Islam, Mahomet est intouchable. Je trouve ça pas toujours très cohérent avec la dynamique initiale, enfin celle que je perçois aujourd'hui du moins. Le christianisme pourrait parfaitement phagocyter/intégrer l'Islam. Par exemple, dans les textes, avoir une "Bible" donc intégrant l'ancien testament (issu du Judaïsme), le nouveau testament (purement chrétien donc), et le Coran. Le monothéisme dans son entièreté. Le plus volubile étant le christianisme, c'est lui qui pourrait intégrer l'ensemble. Ah ah cette imagination m'emporte, poussée par un esprit de conquête propre peut-être à chaque chapelle des monothéismes. Donc j'attends de voir si ma façon d'appréhender les figures chrétiennes évolue, notamment après la lecture du NT.

Sinon, "symbolique", je suis assez porté par le "sacré-cœur", ce cœur d'où sort flamme (et/ou croix), parfois le cœur blessé de barbelées. Je préfère sans les barbelées. Je ne sais pas pourquoi ce symbole et l'idée, ou la chose, qu'il représente me porte. Le sacré-cœur serait assez récent dans l'histoire. Genre, très récent. Peut être est-ce venu de ce que le mot esprit, d'où Saint Esprit, ait aujourd'hui une connotation intellectuel et en même temps parfois trop spiritualiste. Le Cœur était un mot pour désigner l'esprit auparavant, pas le cœur physique, et  aujourd'hui parler de cœur c'est parler d'une chose qui n'est pas intellectuelle, ou pas que intellectuelle, mais issu d'une couche plus profonde de chaque personne et donc du Christ aussi. A méditer.

J'ai repéré que parfois, une partie de moi se sent supérieur du fait de "croire". Supérieur pas par rapport aux autres, enfin, pour être honnête pas forcément, surtout supérieur tout court, supérieur par rapport à mon moi qui se voulait "libre" de divinité. Cette supériorité est une dignité humaine, existentielle qui manquait cruellement, et qui manque cruellement à beaucoup, sans qu'ils ne s'en rende compte. Je me méfie du sentiment de supériorité lié à un élément identitaire superficiel, ces choses là sont des mensonges, il faut couper court à ces mécaniques. On peut bien entendu s'identifier à une communauté, se sentir dans un groupe spécial, mais pas en faire un drapeau de vanité. Pour autant, il faut savoir accepter cette supériorité, car c'est bien le but, d'être en mouvement, de s'améliorer. Utiliser cela pour une dynamique qui motive et pas une dynamique qui rabaisse autrui. Autrui peut choisir des voies différentes, ces différences ne sont pas des infériorités, se sont des différences. On peut mettre à distance ces différences, respecter l'intégrité de chaque voie. Ce n'est pas toujours facile, car on se laisse emporter par des vanités. Comme je le disais au prêtre que j'ai rencontré : m'affirmer chrétien, lire la Bible, aller à la messe locale le dimanche, toute cette dimension spirituelle me donne une consistance que je ne trouve pas ailleurs, et qui n'est aucunement comparable à quoi que ce soit.

L'expression "croire" m'embête. Pour moi, je ne crois pas en Dieu, ou alors je crois dans le sens de croitre et pas croire. Car Dieu n'est pas dépendant de ma croyance en Lui. Dieu est Dieu, inconcevable pour nous, en nos conditions. Oui, si je vois la chose que d'un point de vu intellectuel alors je pourrais dire que "je crois" en Dieu. Mais d'un point de vu total, je ne crois pas, je ne pourrais même pas dire que "je sais". Dieu est hors croyance. On ne peut que être à l'entrée de l'entrée de l'entrée (etc.) de Dieu. Sa "croyance", ou savoir, ou laisser ce feu en soi qu'est la foi, peut aider à se maintenir sur le bord du bord du bord, mais qu'est-ce pour Dieu lui-même ? On peut espérer qu'on lui rende hommage, hommage non, qu'on lui obéisse, lui laisse place en nous, l'allège et l'appuie en même temps. Je ne sais pas, ces conceptions sont trop hautes pour que je puisse en vrai les manier avec mes mots présentement. Humilité suprême.

07/08/2019 journal foi

Cette histoire du christianisme qui phagocyterait l'Islam me reste en tête. Le Coran parle plusieurs fois de Jésus, et à ce titre le christianisme gagnerait à étudier ce livre. Le christianisme est né dans et du judaïsme. Il n'en a rien incorporé, il en est constitué. Et une symbolique forte du christianisme est d'ingérer, d'incorporer : ceci est mon corps, ceci est mon sang. Le mot sonne peut être un peu fort, mais la symbolique est un cannibalisme spirituel. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé à travers les époques et les cultures locales. Le côté fractal de chacun-son-saint qui a alors renommé certainement des personnes et des figures anciennement ancrées dans chaque région à la façon chrétienne. L'Islam se voit parfois comme une nouveauté, c'est-à-dire quelque chose de l'ordre du progrès, dans le sens aujourd'hui où nouveau = bien = mieux = il faut effacer l'ancien. Mais la dynamique chrétienne est forte, et unique. Il m'apparait donc tout à fait possible que le christianisme phagocyte l'Islam. De tous les monothéismes, le christianisme est de loin le plus inclusif, celui qui fait l'ouverture. On le dépeint comme en chute aujourd'hui mais à mon avis c'est se leurrer que de considérer un point bas d'une tendance plus grande. Je dis ça certainement porté par un peu de conviction de chapelle, mais pas que. J'essaie d'être juste, car il y a des choses formidables dans toutes les formes de monothéisme. Et chaque monothéisme a sa propre dynamique fondamentale. Celui qui a ouvert est le christianisme et celui qui est le plus varié, et le plus fractal, et le plus englobant. Je ne dis pas du tout que les autres formes vont disparaitre ou devraient disparaitre, pas du tout le propos. Je dis que le christianisme peut phagocyter et intégrer quasiment tout. La plus créative aussi. Ces caractéristiques ne sont pas anodines. Je ne décris ici aucune stratégie, visée. Il s'agit uniquement de spéculer. D'ailleurs, il est à noter qu'une branche du christianisme s'intéresse de près au transhumanisme, pour dire à quel point cette forme de monothéisme est capable de faire de grands écarts sans périr, au contraire.

Je réalise que j'aurais une petite tendance à être radical dans ma vision des choses via la foi. Tout vouloir rendre sacré presque. En fait, non, le monothéisme consiste surtout à réduire le sacré, en faisant la distinction en le sacré absolu et le sacré ordinaire (dit profane). Bien sûr, on cherche à organiser et vivre sa vie à l'image de sa foi, sinon ce serait de l'hypocrisie, du décor, du factice pire que l'insulte. "Être à l'image de" tient du fractal. Une fractale où Dieu serait le mouvement de base, l'essentiel d'où tout découle, se décompose, se fragmente, devient éventail, se multiplie, se ramifie, s'entrecroise, s'entremêle, etc. Donc, tout ne peut être aussi sacré, aussi haut, mais tout peut tendre vers cette hauteur, profondeur, direction. L'inclusion chrétienne ne signifie pas accueillir toute la violence, toute la merde du monde. Il faut savoir faire des distinction, ne pas être naïf, et séparer le bon grain de l'ivraie. Comme je le ressens, c'est être digne en toute (ou dans un max de) circonstance, et être "propre" au fond de soi, se sentir propre, léger, libre et moteur en simultané. Nous ne sommes pas non plus immaculés, nous ne sommes pas que des esprits désincarnés, au contraire. Ne tombons pas dans un spiritualisme bêta, restons sur terre comme on dit. Si nous cherchons à tout parfaitement aligner sur une même ligne, on risque de tout perdre en chemin et en fin. Or, le but n'est pas de détruire, de tout annihiler, ce n'est pas un pari mais la réalité, il nous faut donc une séparation entre le sacré et le profane. Sachant que le profane n'a pas non plus à être exempt de toute visée sacrée. Il y a une séparation d'ordre pratique, mais le moteur et l'objectif est le sacré. Le pire étant que le dit "sacré" ne devienne qu'un profane bis, un appareil politique qui prend excuse de Dieu pour faire n'importe quoi. Le profane est un sauve-conduit du sacré, un moyen de conserver le sacré. Sans profane pas de sacré.

La tension entre le local et l'absolu. Je suis aujourd'hui à fond localiste. A partir de là on pourrait trouver étrange de soutenir en même temps une religion globale. Déjà, se revendiquer chrétien aujourd'hui en Europe devient un devoir de défense contre cet athéisme ambiant et d'autres religions. Le monothéisme est parti d'Egypte a priori. Et aujourd'hui, le christianisme est une identité profonde de l'Europe, quand bien même on cherche à le détruire. Réduire la religion à une identité est stupide, mais la religion est bien en partie une identité. Si on veut être localiste faisons avec ce que nous avons, pas en important un fantasme d'une religion non monothéiste plus ancienne. A vrai dire, être localiste c'est faire avec ce qu'on a en priorité. C'est donc ici tout à fait cohérent. Ensuite, il y a une différence entre l'absolu sacré, et le particulier profane. Le localisme n'empêche aucunement des vérités supérieures, elle en est même une des conditions nécessaires les plus solides. Dieu pourrait être, selon nos mots et nos petits esprits ridicules, le plus non-local qui soit, et en même temps le plus local. On peut retomber sur ce problème de l'universalisme pervers, le "tu seras universel... comme moi". Le local c'est toutes les distinctions qui font de nous ce que nous sommes. L'ensemble des localités forment plus que leur somme. Tout cela peut être touché par Dieu. On peut être différent mais uni vers une même direction, issu d'une même origine. Une maison n'est pas en concurrence avec le quartier, le quartier n'est pas en concurrence avec la ville, la ville avec la région, la région avec le pays, etc. Il peut y avoir des tensions, mais chaque chose est sur un plan différent, et dans un même ensemble, dans un même tout qui les dépasse, et ce qui dépasse tout : Dieu.

Pourquoi avoir une église là où notre corps qu'importe où il se trouve peut aller vers Dieu ? Pourquoi un symbole ici et là, alors que notre esprit peut pourvoir à tout ? C'est que ces ancrages locales, matériels, sont des entrées, et soulignent la nécessité de réaliser que nous sommes incarnés, faits de chairs et pas que des esprits, nous habitons quelque part, nous avons un corps, un esprit, et une âme spécifique (local), et le but n'est pas le nihilisme spiritualiste. Par la foi, nous pouvons nous passer de ces entrées, ces portes que nous posons nous-mêmes. Mais cela ne veut pas dire que nous ne devons rien construire, rien faire. Au contraire, il s'agit de comment bien s'incarner, et la preuve est que beaucoup d'églises et cathédrales sont d'une beauté qui nous touche profondément. Tout est vanité, mais tout n'est pas vain, la beauté n'est pas vaine, notre existence n'a pas à être vaine. D'où l'incarnation locale.

Conception de Dieu. Comment concevoir Dieu ? Est-ce la totalité la plus totale, ou est-ce une entité supérieur sans être tout, en tout, partout ? Je pense à ça, parce que dans les conceptions actuelles, où certains parlent d'espèce-isme, Dieu ne serait pas que le Dieu des humains mais de toutes les espèces. Il n'a a priori pas "élu" les haricots verts ou les musaraignes, mais bien les humains. Dieu n'exclut probablement pas toutes les autres formes de vie, mais d'une certaine façon, notre forme humaine est supérieure, nous amène ou nous encourage à une élévation. Même dans d'autres traditions, hindouisme et bouddhisme, il est question que l'homme soit la forme la plus aboutie et que tout le reste soit inférieur sur le plan divin, sur l'échelle spirituelle. Les réincarnations sont une sorte de punition. Dans une conception monothéiste, on ne peut a priori pas se réincarner en animal, en végétal, etc. Mais dans une conception non monothéiste cela semble parfois possible. D'un point de vu intellectuel donc, je me demande si par Dieu la plupart des gens comprennent une entité spécifique au delà de nos conditions humaines ou alors la totalité la plus totale, la profondeur la plus profonde, l'ultime, le suprême, le plus haut, etc. Pour moi, ce n'est pas exclusif, ces deux conceptions ne sont pas exclusives. Car si l'on part sur la conception la plus large, globale, alors la conception d'entité spécifique supérieure est une part, une entrée de l'entrée de l'entrée, et n'est pas en dehors de Dieu. Il n'y a que si on limite Dieu à une entité spécifique qu'alors on exclue. A titre personnel, à ce jour, je considère Dieu étant plus proche d'une totalité la plus totale que d'une simple entité aussi supérieure soit-elle. Mais tout cela est d'ordre intellectuel, ne confondons pas la carte et le territoire, en gros, comme il est dit. Sachant toujours qu'aussi loin nous avons l'impression d'aller par l'intellect nous sommes loin loin loin. Peut-être un peu moins loin par le cœur. 

08/08/2019 journal foi

Il y a un passage dans l'AT qui stipule clairement de ne faire aucune "magie", aucune divination, aucun tour, etc. Cela me reste en tête. Depuis cela, je me suis rendu compte que j'avais l'habitude de charger, mais que beaucoup de monde semble faire de même au quotidien. C'est à vrai dire devenu la norme, et est en même temps peut-être un conditionnement profond/ancien de l'humain. Ne pas, ou moins charger chacun de nos actes fait une place énorme, nous rend peut-être plus disponible pour le plus important. Je veux dire, même de façon inconsciente on tend à utiliser des moyens magiques tous les jours. C'est le chaos magic. Et le faire avec de l'intention et conscience s'avère souvent pire, une charge additionnelle. Est-ce que pour autant l'ensemble des rituels, figures, saints, et tout cela ne constitue pas une sorte de recours magique ? Tel que je le conçois aujourd'hui, si. Il y a néanmoins la différence qu'est de donner une direction, une perspective à tout cela, en plus de diminuer donc l'usage tout azimut. Quelque part c'est une magie contenue, qui s'annule, car elle est reconvertie dans un ensemble plus grand, et a une dynamique unique. Cela a rapport au local aussi. Là où je suis, il y aura bientôt une procession pour bénir la mer. Il y a un côté poétique dans tous les sens du terme. Poétique car cela est vraiment beau et émouvant de penser et de vouloir protéger la mer et ceux qui y vivent/travaillent/passent. Mais poétique aussi car sur un autre plan on ne comprend pas si cela a un effet concret, et cela est indémontrable par les procédés actuels. L'indécidable, le mystère. Cet acte nous sert aussi à bien intégrer l'importance de la mer, de ces éléments qui nous entourent, de les respecter. Bref, il y a toujours plusieurs plans en simultanés, dans la Bible comme dans la liturgie. Je me méfie tout de même d'un excès de magie, même si au sein d'une grande institution multi millénaire, même si cadrée et peu nombreuse.

Craindre Dieu. Si par principe je trouve cette posture étrange à première vue, je ne peux que en reconnaitre la profondeur. Craindre Dieu. Oui, Il est toute puissance suprême, au delà de toute ce que nous pouvons concevoir, percevoir et imaginer. Oui nous sommes de la poussière insignifiante. Mais je préfère accueillir ou me rendre disponible pour Dieu au sein de Dieu que d'être dans la peur. Craindre Dieu permet néanmoins de ne craindre rien d'autre, ou de façon marginale rapport à cette crainte ultime. Pas de maitre, pas de servitude, car Dieu est le seul seigneur. Mot qui me fait penser à saigneur. Celui qui fait saigner, le maitre du sang. Sang, force de vie par excellence. Rappel des sacrifices d'animaux, mais aussi de toute la filiation jusqu'à nous et nous jusqu'au prochain, ainsi d'infini, d'un seul mouvement. Encore une fois, cette violence revient, mais elle est la nature même que nous devons mourir pour vivre. Il n'y a que l’Éternel qui est éternel. Nous sommes dans la transmission et vivre est un sacrifice en soi. Il ne s'agit pas de se sacrifier pour un maitre, mais seulement pour Dieu. On ne se sacrifie pas pour un principe, ni un pour un prince. On se sacrifie pour Dieu et en Dieu. Ce qui ne veut pas dire négligence, ou auto-destruction. Il faut comprendre la filiation.

09/08/2019 Journal foi

On essai toujours de classifier la Bible et les dires, les rituels. Non seulement on cherche à les classifier, mais à les classifier selon nos catégories très contemporaines. Déjà, on a du mal à trouver l'unité, on voit chaque rituel ou chaque phrase en séparé, en sortant tout du contexte donc. Ensuite, à partir de cette décomposition, on essai encore de décomposer, de faire rentrer chaque chose dans une case. Mais, par définition, toutes nos catégories actuelles sont inférieures à la perspective d'un seul tenant qu'est la religion. Ça me fait penser aux athées revendiqués qui sont en fait anti-théistes tout bête, ils ne comprennent pas grand chose à la religion, toutes leurs critiques traduisent une mécompréhension très copieuse, ils passent totalement à côté, en pensant viser dans le mille. J'ai donné ici des raisons plus critiques envers la religion qu'eux. Mais comme ils me classerons comme "évangéliste", ils n'iront pas s'aventurer à lire l'ensemble des points soulevés dans cet article-journal. Donc, oui, on navigue dans plein de genres "littéraires" à travers la Bible, et nous avons du droit, de la sagesse, de la spiritualité, du social, du psychologique, des recommandations diverses sur moult domaines de la vie. Je songeais hier aux dieux de l'antiquité et avant. Chacun pouvait probablement aller de son dieu, ils invoquaient ainsi à la fois un esprit commun, qu'on retrouve dans la dynamique de groupe en sociologie par exemple, mais aussi les aléas, quelque chose qui dépasse cela. Il y a une conjonction entre le groupe, la tribu et une direction qui dépasse la volonté seule du groupe et du ou des chefs. D'où l'idée que ces conceptions de dieux étaient pas forcément des croyances stupides et vaniteuses comme on aurait tendance à juger du haut de notre contemporanéité. Ces dieux étaient déjà un moyen de désigner quelque chose de bien plus grand et nuancé que toutes nos disciplines éparses d'aujourd'hui. Alors combien plus pertinent est l'union de chaque dieux en un Dieu unique. On croit être précis dans nos "sciences" "humaines" mais nous n'arrivons pas à la cheville de la complexité abordée par l'unité du fait religieux.

Dans un article récent de ce site, je parlais d'ascèse. L'idée n'est pas forcément d'aller vers le toujours moins, mais d'aller vers ce qui est le plus solide, voir anti-fragile. Choisir ses dépendances, les cibler au mieux, comme des paris, mais plus que ça. Établir un ordre de priorité aussi. On peut se sentir bien sur le moment à boire du vin, mais moins bien après, et nous sommes alors dépendant de cette substance à recommencer donc. Nous pouvons être dépendant d'une personne, de son affection, et alors si elle nous rejette ou meurt, nous sommes descendus brutalement. Dieu est par contre à jamais là, même si il ne nous parle pas directement avec des mots, ni des signes divers. Dieu, "il est le rocher !". Ce qui ne veut pas dire que nous pouvons, ni devons forcément tout abandonner, car nous avons des attaches diverses qui sont bien réelles et qu'il ne faudrait pas négliger. Là n'est pas l'idée. L'idée est que partout nous pouvons aller ver Dieu, être en Dieu. Il n'y a aucune variation. C'est, pour le côté intellectuel, ce qui est de plus durable, par définition éternel, de plus stable. Certains dirons que c'est la possibilité de l'obsession, la mono-obsession même, ce qui est en partie vraie, mais une obsession qui ne va pas à sens unique pour soi seul, c'est-à-dire une obsession bel et bien transcendée et qui transcende. Cela est une dynamique pour nous que d'aller vers Dieu, on n'y est jamais arrivé, on ne s'arrête pas à un élément, ça continu même sans nous. C'est l’Éternel, mais rien de définitif pour nous.

Le concept de péché est souvent galvaudé. Moi-même avant de me réinvestir dans la foi, ou que la foi me réinvestisse, je voyais la notion de péché comme quelque chose de culpabilisant, une espèce de torture vicieuse cherchant à faire de nous des viles créatures par défaut, voire par nature. Dans l'histoire, il y a certainement eu cette notion sous cette acceptation stupide. Mais la vraie notion de péché est de réaliser qu'il y a des effets d'entrainement. Être gourmand c'est simplement se faire plaisir, manger ce qui nous est donné. Mais il y a cet effet où on peut se laisser entrainer par la gourmandise et alors on perd de vu tout le reste souvent, au profit unique de la gourmandise. Vice, péché. Le concept de péché prévient plus de l'effet d'entrainement que de culpabiliser du moindre plaisir. Prendre le péché pour taper sur des gens est stupide et passe à côté du principe même d'avertir, ou prévenir, prémunir contre les effets d'entrainement. Il est évident qu'en plus de l'effet d'entrainement d'une personne en elle-même, il y a l'effet d'entrainement par le groupe. Ainsi si je suis totalement et ouvertement dans tel vice, que je suis possédé par ce vice, alors je peux contaminer d'autres autour de moi, et zapper toute une société à terme. Encore une fois ce n'est pas le péché pour le péché mais le péché pour l'effet pervers d'entrainement.

10/08/2019 journal foi

Je me pose toujours beaucoup de questions sur la "méthode" de la foi. La foi, je l'ai, si on peut dire une telle chose de cette façon. Mais je doute encore sur la forme, on va dire. Le catholicisme est ma racine depuis le baptême, et je dois dire que, comme déjà posé plus haut, j'apprécie la beauté de cette branche. Néanmoins, il y a des choses qui me chagrinent. Je sais que je ne peux pas tout avoir, comme on dit. Mais quand même. Par exemple, cette extrême verticalité me gène profondément humainement. Dernièrement, le pape François a sorti une saillie contre la souveraineté des peuples. Je suis à l'exact opposé de cette vision. Je suis évidemment d'accord qu'on puisse s'unir par delà des cultures et la géographie, ce qui est différent de ruiner et taper sur toutes les différences, sur toutes les spécificités. S'unir n'est pas non plus s'uniformiser. Franchement, être représentant ultime de Dieu pour des millions de personnes, faut le faire, faut se sentir investi, et peut être un peu beaucoup capable de politique et manipulations, plus ou moins honnêtes. Si on me proposais ce "poste", je refuserais, en partie par principe d'honnêteté. Représenter Dieu, rien que ça. Vous allez me dire qu'un prêtre c'est déjà ça aussi. Oui, mais l'échelle est tout de même différente, c'est plus humain. Finalement, moine est plus honnête, il s'agit d'aller à la poursuite de Dieu sans prétention autre que cela, et de s'organiser pour se débarrasser des tâches ordinaires du quotidien et des mondanités. Le papisme, cet autre mondialisme.

On parle d’œcuménisme. Finalement, oui, ça se tient, on peut être "chrétien" sans le savoir, et sans le vouloir, pas besoin d'appartenir à une chapelle, à une religion. Besoin d'aucune attache. Sur le fond, c'est vrai. Mais dans la réalité, il faut bien un ancrage. Est-ce que l’œcuménisme chrétien c'est dire que les juifs et les musulmans, et les athées et les bouddhistes sont tous chrétiens ? Tend l'autre joue, jusqu'au bout de la logique ? L'ouverture totale ? On baptise des morts et on baptise sans "consentement" (filiale) toute l'humanité ? En effet, on pourrait voir toute l'entreprise religieuse comme une vanité suprême, et même une prétention ultime, celle d'être aussi important que ça pour Dieu. On a peut-être un contrat avec lui en tant qu'espèce. C'est ce qu'attestent les textes bibliques anciens. Une alliance qui a aussi été brisée moult fois. Que Dieu souhaite ne protéger d'une espèce en priorité sur toutes les autres, sur même toutes les planètes de l'univers connu, parait fou. Pas impossible, mais fou. De là, on pourrait se dire : la chance ! Bénédiction ! Ce sont des questions extrêmement complexes, comme toujours avec la foi et le christianisme. C'est d'ailleurs en partie cela qui m'active tant. Et c'est cela qui peut donner à des populations entières l'accès même extrêmement partiel à une créativité et appréhension de la complexité plus grande. L'écologie a une complexité très grande aussi, pas l'écologisme, mais l'écologie même, pas les études, mais l'écologie même. N'oublions pas que tout ce journal est un ensemble pêle-mêle de ressentis et d'intellectualisation spontanée (je n'ai pas de plan, je déroule comme ça me vient). Dans les faits, les traditions continuent.

Je voudrais revenir aussi sur l'aspect "magie". Il est clair dans notre contexte culturel actuel qu'égorger un agneau ne sera a priori pas un beau geste pour Dieu, ou pour nous purifier en tant que tribu ou autre. Plus personne ne porte de vêtement à franges, ou presque. Ni ne suit l'ensemble des recommandations bibliques à la lettre. D'où la question de qu'est-ce qu'on garde et qu'est-ce qu'on enlève ? Quels critères orientent ces choix ? Tuer autant d'animaux que les rituels de l'AT recommandent est pour le moins totalement inadmissible aujourd'hui. Ça parait évident. Mais j'ai déjà entendu des chrétiens revendiquer un régime végétal là où je n'ai jamais vu une telle chose dans la Bible. D'où ça sort ? J'ai déjà entendu le fait de remplacer les perfusions de sang par de l'eau salé en cas de problème à l'hopital. A part pour l'importance du sang, tout à fait sacré et divin même presque, je ne vois pas où une telle chose est inscrite ou légitime. Il y a un ensemble de superstitions qui sont au seins des religions qui ne sont pas simplement une prévention qu'on ne pourrait pas intellectualiser sous nos filtres séculiers, mais des superstitions qui prennent excuse de la religion pour se perpétrer.

Je reviens sur l'histoire de l’œcuménisme. D'une certaine façon, on n'a quasiment jamais été chrétien dans les faits. On en a été proche peut-être à des époques spécifiques, dans des endroits spécifiques très restreints, mais jamais à grande échelle durablement. Alors on devrait peut-être enfin essayer de l'être. Ou on nous forcera à l'être. Par le mondialisme et le technologisme. La croisée du plan religieux et du développement de la technologie. Transhumanisme chrétien. Comme on a déjà vu des figures chrétiennes encourager la souffrance d'une certaine façon. Peut-être que certains voient dans la souffrance une purification de l'espèce. Je ne sais quelle vision tous peuvent avoir. Un athée peut s’avérer dans les faits plus chrétien qu'un chrétien pratiquant. Cela est indéniable. Est-ce une raison pour supprimer toute religion, ou toute organisation religieuse ? Être chrétien jusqu'à ne plus être chrétien ? Être chrétien implique de ne plus être chrétien ? Drôle de façon de voir, mais je pense que certains puissent voir cela ainsi. Perso, je suis curieux de discuter et d'échanger avec d'autres religions que "la mienne". Cette défiance tribale qui reste marqué dans chaque religion, dont le christianisme est pénible. Mais il y a une différence entre vouloir échanger sur un terrain commun, la foi en Dieu, et supprimer toutes les méthodes différentes, les considérer comme interchangeables ou sans importance. S'unir ponctuellement n'est pas s'écraser de bout en bout. Bien évidemment, on peut imaginer une religion unique pour toute la planète, c'est en partie le rêve du christianisme et de l'islam probablement. On peut considérer le monothéisme comme une religion commune déjà. Et annexer l'athéisme même, et plus. Bref.

12/08/2019 journal foi

J'ai remarqué qu'après m'être rendu à l'église, pour la messe le dimanche matin, mais aussi parfois en semaine un peu pour lire et méditer, j'ai tendance à être dans un état différent, un peu comme ivre, mais bien sur pas une ivresse similaire à l'alcool, une ivresse qui ne casse pas la dynamique, au contraire, une ivresse qui stimule. Cet état est proche de l'état amoureux. Et d'ailleurs, cet état amoureux quasi universel tend à vouloir se fixer sur quelque chose, et en priorité une personne bien physique. J'ai remarqué que cet état amoureux vient avant et ensuite essaye de se fixer. L'amour de tout, est un sentiment d'une force incomparable. Bien sûr je ne suis pas en béatitude, je ne vais pas embrasser la première personne que je croise, c'est un sentiment qui peut être d'une façon restreinte à soi, dans une certaine isolation. Est-ce l'amour le message - medium is the message - de toutes ces traditions monothéistes ? Et spécialement la branche dite chrétienne ? Mais qu'est-ce dire cela ? Qu'importe, j'aime aimer et l'amour m'aime, ça va dans tous les sens jusqu'à une seule direction. Évidemment, ce sentiment varie un peu dans la semaine et même au sein de la journée. Ce qui est le plus admirable est que je n'ai pas besoin de m'y attacher, d'y penser, de chercher à m'y conditionner, je n'y pense pas sur le moment, c'est juste là dans le fond, au delà de la séparation conscient inconscient. D'un point de vu intellectuel, et peut-être viscéral un peu aussi, je suis réfractaire à certains aspects de la religion, dont surtout du catholicisme. Mais, ici, cela va au-delà de ces plans. Je n'ai pas besoin de démontrer ou d'extérioriser quand cet amour vogue et vague en moi. Je ne suis pas sûr qu'on puisse voir mon état de l'extérieur, et moi-même je n'analyse pas sur le moment. Je suis porté, je ne suis plus et je suis là en même temps. Oui, cela tient presque d'une ubiquité. Cet amour infini, dont je ne ressens qu'une infime fraction, est infini, tellement immense qu'il peut être de trop presque. On ne peut contenir, et peut-être que le but est justement de ne pas contenir. Mais rapport à cet infini, on se laisse guider vers des personnes réelles, physiques, sur le même plan que nous, car cet amour peut porter des fruits et agrandir encore cet infini. Fonder une famille, donner la vie, c'est le but de notre existence sous ces dimensions. Que cet amour infini intenable trouve une voie de tempérance en une personne vers une personne, pour former un couple. Les contingences de la vie en ces dimensions tempéreront comme il faut cet amour. Contenir la passion dans le temps, ou canaliser la passion. Canal, chemin, faire le chemin.

J'en viens aux symboles. On a l'impression que la croix a toujours été un signe chrétien. Non. Pareil, faire le signe de croix est tardif somme toute. A priori, le signe Ichtus du poisson a été le premier grand symbole utilisé comme ralliement. Un poisson. Signe de l'ère du poisson comme certains disent. Ère qui aujourd'hui et/ou prochainement est révolue au profit de l'ère du verseau. Honnêtement, je ne sais pas ce que cela veut dire aujourd'hui, peut être plus tard, je ne sais pas. Toujours est-il que de nos jours il parait inconcevable d'être chrétien sans faire le signe de croix et sans se référer à la croix. Il parait aussi inconcevable d'être chrétien sans se référer à la Bible, qui pourtant pendant des siècles n'avait pas été écrite. Imaginons donc un chrétien qui n'utilise pas le terme chrétien, qui n'utilise pas la croix ni la Bible. Que reste-t-il ? On devrait être capable de se défaire de tout cet apparat, cette galaxie d'objets symboliques. Défaire, non pas forcément en les supprimant, mais en les remettant à leur place dirons-nous. En parlant symbole, ont point les "narrations symboliques", notamment rapport à la croix. Cela me donne envie de poursuivre ces narrations symboliques, ou d'expérimenter des "computations symboliques" même. Un truc bien perché qui m'amuse rien que de m'y projeter. Pour revenir au minimalisme, se rappelle à moi des écrits sur le bouddhisme où certains moines zen regrettaient presque la vie sans monastère, où ils méditaient nuit et jour sous un arbre, qu'il pleuve, vente ou fasse grand Râ. Puis-je dire "Râ" pour désigner le soleil sans le diviniser ? Oui. Ce retour minimaliste au sein du monothéisme, à partir du christianisme a été bien mis en pratique systémique par l'Islam. Comme souvent, j'ai l'impression que tout l'Islam est une entreprise de correction du christianisme. Ils ont voulu corriger le christianisme, et en ont formé une religion voulue distincte. Rien que de vouloir corriger, en général, implique une prétention que je méprise. Le christianisme a voulu corriger, mais plus que ça, ouvrir. L'Islam est une correction et une fermeture dans l'ensemble, rapport au christianisme. Autant je suis d'accord avec pas mal de leurs corrections, qui ont tous leur sens, et leur pertinence, autant je trouve vraiment dommage cette restriction, cette fermeture de l'expansion chrétienne. Bref, je ne veux pas tomber dans une querelle stérile, peut-être veux-je simplement marquer une différence et donc conserver une spécificité. L'idée est de revenir au christianisme primitif, surtout là où c'est le plus pertinent. Cela implique de mettre en périphérie ou carrément de côté tel et tel élément. Se recentrer. Viser l'honnêteté la plus entière.

La magie est proscrite selon la Bible. Cela comprend la divination, la sorcellerie, l'invocation des morts, des esprits, etc. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de négation de ces choses, mais proscription seulement. Le but, comme déjà dit au dessus, est certainement de permettre de se recentrer. L'ensemble des forces de chaos sont conservées pour aller dans une seule direction. Pourtant, je pense qu'il y a des traditions anciennes qu'il serait intéressant d'étudier un peu, étudier n'est pas forcément adhérer 100%, ni participer. Ça peut l'être, comme ici j'étudie le christianisme et le monothéisme en l'étudiant. La "force" qu'on utilise ici n'est pas la force qui sera utilisable là. On ne peut pas servir deux maitres en même temps. Mais étudier ce qui nous est opposé, ou notre ennemi même, n'est pas y succomber, ni changer de maitre. D'une certaine façon, on se ferme aux esprits, au chaos, pour s'ouvrir autrement, sur d'autres dimensions/plans. Mais on ne peut pas prétendre que rien n'existe. Une ouverture qui ne soit pas un nihilisme. Cela me rappelle les visions bouddhistes où tout est un reflet et n'existe pas. Derrière cela il y a une vérité, celle de la fractalité de l'existence. Ce fractal n'est pour moi pas un moyen de nier le tout et chaque chose, mais simplement observer l'existence d'une vérité supérieure, d'un principe supérieur. Magie. D'un autre côté, Jésus est comme un guérisseur, il utilisait une sorte de magie donc lui aussi. Mais, oui, il y a une différence, comme les prophètes ne sont pas des devins, ils sont des médiums non pas d'eux-mêmes, mais de Dieu. Peut-être la différence réside là, que tout ce que nous faisons est sous le référentiel divin, et pas seulement notre référentiel personnel, très local (uniquement local). Dieu est le plus extrême, le plus total. Si on se fie de la même façon à Dieu qu'à un esprit ou dieu inférieur, nous sommes sous le joug de l'esprit ou du dieu inférieur en priorité. Même si Dieu est l'ultime, les intermédiaires peuvent brouiller ici et là.

A l'instant, en relisant ce que je viens de poser par écrit, je songeais à ce qui pourrait faire plier la foi en Dieu. Parce que certains tendent à voir cela comme une simple hypothèse parmi les hypothèses, ou un "pari", ou encore une excuse rassurante. Certains imaginent peut-être que si une espèce extra-terrestre super-évoluée venait sur terre nous expliquer la vie selon leur niveau supérieur de compréhension, alors Dieu serait "mort", comme on invalide une hypothèse scientifique concernant le comportement social des cloportes. Ce n'est pas comparable. Certains pensent donc que Dieu est fragile. C'est qu'ils imaginent Dieu pour ce qu'il n'est pas. Dieu est le plus extrême, le plus haut, l'ultime, le suprême. Tout ce qui est intermédiaire entre nous et Dieu ne constitue aucunement une réfutation, ou l'ombre d'un doute concernant Dieu. Si une personne exprime un génie particulier, ou si un être supérieur, extraterrestre ou non, se manifeste, cela ne réfute aucunement Dieu. Cela peut éventuellement partiellement seulement réfuter Dieu en tant que simple pari mou, icône mentale inférieure. Dire qu'il n'y a aucune dimension supérieure à la notre est même, de façon scientifique, absurde. D'ailleurs, d'une certaine manière l'athéisme peut s'avérer anti-scientifique dans l'idée de réductionnisme : tout est ici dans ces dimensions qui sont les nôtres, et rien de plus. On en revient à l'idée que le dit athéisme n'est pas un athéisme. Il est souvent un anti-théisme dans le discours et un omni-théisme ou polythéisme éclaté dans les actes et même les pensées. Bref. Donc Dieu n'est pas un pari, et n'est pas fragile. La croyance humaine en Dieu n'est pas aussi fragile qu'on se le figure non plus. Et penser que "la science", qu'on invoque désormais comme un dieu, est une entreprise contre Dieu est totalement absurde et infantile.

16/08/2019 journal foi

Pratique. J'ai été à la cérémonie de bénédiction de la mer et des marins ce jeudi 15 aout. J'étais accompagné de 2 non-pratiquants on va dire et malgré que ça les gonflait assez rapidement, bien qu'impressionnés au début par le nombre de personnes présentes, j'ai malgré tout été pris par l'élan de cette bénédiction. Vous savez ce n'est pas toujours facile de ne pas se fondre dans l'état d'esprit d'un groupe de proches. Mais bon, c'était intéressant justement de tester cela, en quelque sorte, moi étant dorénavant plutôt pratiquant et donc en terrain plutôt familier en ces faits religieux, et aux en tant que non-pratiquants, je ne pense pas non-croyants pour autant, et encore moins anti-croyants (sic). Face au solennel ils ont évacué cela par des rires assez compulsifs a priori. Moi-même, la première fois où j'ai assisté à une messe vraiment de mon plein gré j'ai été saisi aussi d'envie de rire ou de trouver tout dérisoire. Oui, sous un angle je peux toujours trouver cela dérisoire, et le prêtre s'amuse aussi parfois de manière très ponctuée. Par dérisoire, entendre vanité. Ce point est intéressant d'ailleurs. Toute l'entreprise religieuse peut s'avérer une vanité filée, si un religieux refuse cela je ne vois pas comment il peut rester cohérent avec sa propre "méthode" spirituelle. La différence réside justement dans l'investissement qu'on accorde, un investissement où l'on s'anéantit en même temps.

18/08/2019 journal foi

Il n'a probablement jamais été aussi facile d'être chrétien, du moins ici en France. La chrétienté est dénigrée, rabaissée, accusée, mais il n'y a pas de persécutions et nous ne sommes pas forcés d'y adhérer non plus. C'est dire qu'aujourd'hui il s'agit presque comme d'une nouvelle base de la chrétienté basée sur une foi plus personnelle, plus choisie, et non guidée par la force de la société, ou alors forcée dans des proportions quasi insignifiantes. D'un côté donc, on n'a jamais été aussi libre dans notre foi (si on considère que ne pas être dans un monothéisme est ne croire en rien...). Et de l'autre, aller contre le courant presque constitue en ce domaine une sorte de résistance active pour laquelle on peut être fier. Quand l'abandon est la norme, adopter l'abandonné est judicieux. Parce qu'on a cette idée d'obsolescence qu'on plaque sur tout. Alors oui, cela est peut-être simplet mais je suis fier d'aller contre le courant en ce domaine. Ça ne met pas ma foi à contribution à hauteur de ceux qui sont forcés de se convertir à d'autres religions, à abjurer, à être persécutés, torturés et autres, mais dans un monde qui s'endort et qui devient blasé au fond, être dans un sursaut de passion, de foi me semble une bonne et belle voie.

L'autre jour, je songeais au fait que Dieu puisse être Dieu aussi pour les animaux, les végétaux et globalement toute la vie terrestre non-humaine. Bien entendu, il semble y avoir un pacte spécial entre l'humain et Dieu (selon notre propre référentiel). Je suis tombé sur un rappel cosmique aussi ce matin. Cosmique au sens littéral si je puis dire. Il s'agissait d'une courte vidéo montrant la différence de taille hallucinante entre la terre, les autres planètes du système solaire, puis le soleil, puis d'autres soleils. Les proportions donnent le tournis. Et de façon naïve, je me disais "quelle immensité", nous ne sommes rien. Oui, nous ne sommes rien si nous comparons à la taille. La différence : est-ce que tout se résume à la taille ? La taille n'est pas sans incidence, évidemment, et les grandeurs d'échelle sont indéniables ici. Alors, d'abord, je me disais quelle beauté que Dieu choisisse une espèce dans cette immensité, quelle infinie subtilité et finesse. Je me disais aussi ensuite qu'effectivement tout ne s'explique peut-être pas à la taille physique. Résumer tout à l'immensité physique constitue peut-être pire qu'une simple erreur, cela pourrait être carrément un physico-centrisme, c'est à dire se placer uniquement sous un référentiel qui est le notre, le plus sensible et "matériel" (pour ce que ça veut dire). Et si cette "réalité" physique n'était qu'une périphérie d'une réalité "supérieure", ou d'une réalité englobant bien des dimensions/aspects différents. Quelque part, résumer tout au plus "matériel" est une auto-référence doublée d'une auto-justification qui ne me parait pas très rigoureuse en somme. Malgré le choix de l'hypothèse la plus simple comme étant la plus plausible. "La plus simple" pouvant être simplement la plus simple pour nous, dans un contexte culturel spécifique. Mais, d'évidence, Dieu n'est qu'une hypothèse selon le référentiel scientifisant. Voire même pas une hypothèse. Ce qui d'ailleurs est louche et incohérent envers la méthode même. La foi n'est pas un pari. Peut-être qu'il y a une partie du phénomène complexe qu'est la foi qui s'avère quelque chose d'assimilable à un pari. Moi-même j'ai des doutes parfois sur ce qu'on entend par Dieu, et sur certaines "méthodes", ou composantes liturgiques. Pas sur Dieu lui-même. Car j'essaie de ne pas en faire une icône mentale, ou du moins de ne pas figer, de ne pas m'arrêter sur cette icône, ne faire que la traverser.

22/08/2019 journal foi

A nouveau je songeais à ce qui unit toutes les "cosmologies", ou théologies. Il y a une filiation évidente et incontestable au sein des monothéismes. Le judaïsme, puis le christianisme, puis l'islamisme. Au passage, pourquoi on dit christianisme et islam et pas christianisme et islamisme ? Cela est comme si on entendait que l'islam pouvait ne pas être un -isme. Étrange traitement langagier. Bref. Pour revenir à cet universel, oui, en dehors de cette filiation monothéiste, peut-on établir un commun entre les monothéismes et le bouddhisme et même l'athéisme et les chamanismes ? Cela est peut-être sévère mais le monothéisme est ce qui englobe le plus tout le reste. Je raisonne ici en terme d'ensembles et sous-ensembles. Dieu est l'ultime, il n'y a donc pas d'autres alternatives réelles. On peut juste faire comme si Dieu n'existait pas, l'ignorer, rester dans un plan intermédiaire comme j'en ai déjà parlé auparavant. C'est un peu comme prétendre qu'on n'est pas humain, c'est possible virtuellement, dans nos têtes, peut-être. Pas dans la réalité. Je veux dire, si on en croit l'ancien testament, Dieu a fait une alliance avec un peuple spécifique et dans une région spécifique. Cela semble s'être ouvert avec le nouveau testament et le coran. Et Dieu n'est a priori donc plus le dieu d'un seul peuple, mais de tous les peuples. En fait, Il est Dieu de tous les peuples, mais selon l'ancien testament il a d'abord privilégier un peuple parmi tous les peuples. Depuis le christianisme, depuis Jésus, on se demande si il y a toujours un peuple "élu", parce que selon les témoignages il est Dieu de tous, même quand on se pense en dehors de tout théisme. La dévotion permet éventuellement de créer un lien spécifique, pas forcément de soi à Dieu, mais de Dieu à la communauté et à l'humanité. La recherche de dite "utilité" et de justifications est probablement à côté de la plaque ici. Confondre une méthode avec Dieu lui-même est un problème aussi bien pour ceux qui suivent la méthode en question que pour ceux qui veulent s'opposer à Dieu en s'opposant à une méthode.

Trouver un universalisme peut s'avérer un problème néanmoins, car cela pourrait aboutir à écraser les différences locales. Le "sois universel comme moi". Se diluer dans une méthode monde, ou plutôt être annexé dans un bain monde. C'est une dynamique qui semble incontournable, mais dans quelles mesures, quelles proportions, et à quelle vitesse ? L'ironie de ces réflexions est qu'elles sont probablement fort chrétiennes ! Pour ce que "chrétiennes" veut dire. Mais il est clair que de différentes méthodes peuvent naitre des conflits basés sur ces méthodes. Une méthode qui assimile les autres ? Délicat. Le plus délicat est d'augmenter les problèmes liés à l'échelle concernant les pouvoirs politiques qui se servent des méthodes. C'est d'ailleurs un point sur lequel je voudrais insister un peu ici, l'honnêteté envers Dieu. Ne pas prendre Dieu pour excuse, car c'est pire que de ne pas croire, tel que je le conçois. Voilà un côté délicat du divin encore. Le divin c'est reconnaitre une globalité dans laquelle nous sommes, ainsi ne pas se focaliser uniquement sur sa petite personne et rester spontané du cœur au moins. Une question difficile est alors quand j'agis est-ce moi et moi seul ou quelque chose de plus grand ? La sociologie va dire que c'est le groupe, mais c'est un peu bête, et réducteur. Imagine un peu l'égo du représentant religieux pour lequel Dieu ne parle pas, il va se sentir abandonné, humilié, peut-être pas par Dieu lui-même mais par ses pairs et alors ses privilèges peuvent se retrouver sur la sellette. Alors il peut parler à la place de Dieu pour lui, et pas parler de Dieu pour conduire vers Dieu. Un gros problème des représentants de chaque "méthode" religieuse d'ailleurs.

Ne pas charger. Spirituellement, ne pas charger trop un endroit. Rester léger donc. Il y a des lieux de pèlerinage, des reliques, etc. On peut je pense en accepter un peu, mais pas les multiplier outre mesure, ou alors seulement dans l'optique d'en faire des "portes" vers Dieu, à l'instar de chaque église qui n'est pas une dilution mais au contraire un ancrage local pour l'universel. C'est aussi par cela que je pose la question de l'universel. L'universel n'est pas opposé au local, même en spiritualité. Si on charge trop, on risque en retour beaucoup. Cela est proche de la "résilience" écologique. Si on prend de l'humus de forêt pour faire des cultures on concentre des éléments, mais on risque d’appauvrir de grandes surfaces. De là, on ne peut pas forcer le monde à entrer rapidement, du jour au lendemain en une identité spirituelle monde. L'évangélisation a déjà été une stratégie forte dans l'histoire, qui n'a pas toujours été une bonne chose d'ailleurs. Si on concentre trop, on charge trop à un endroit, on risque de s'attirer des voleurs, des envies, de la jalousie et bref un ensemble de processus visant certainement à rétablir cette trop grande concentration ponctuelle. Encore un point où il est difficile de déterminer la dose. Croire, se vouer, en local tout en restant léger et ouvert à l'universel, et l'univers. On retrouve un côté fractal. Ne pas charger ses actes, ses paroles et ses pensées est finalement une voie tellement pertinente, que j'en suis baba. Trop concentrer pourrait briser la fractalité, peut-être. Ce n'est pas le no-mind, c'est reconnaitre que nous sommes traversés et composés d'éléments divers de manière naturelle et nous pouvons surtout ne pas nous focaliser dessus plutôt que de vouloir tout supprimer. Cela éclaire aussi la notion de péché. Se considérer pécheur par défaut permet de reconnaitre qu'il est difficile de ne jamais péché. On a quasiment forcément au cours des dizaines d'années d'existence des pensées pas catholiques comme on dit. On peut éviter d'encourager leur survenue fréquente, pas vraiment les empêcher de bout en bout de se manifester en nous. Une sorte de prévention embarquée. Pas pour culpabiliser, mais pour la vigilance globale.

Le passage de "œil pour œil, dent pour dent" à "tendre l'autre joue". On parle facilement de cette mutation, transition ou évolution. On dépeint le truc comme un progrès. Progrès morale certainement et spirituel plus globalement. Cette présentation, cette façon dont on pense cela me dérange. Déjà d'opposer les deux. Puis de les opposer si strictement. Et ensuite, encore, en déterminer une dynamique. Puis, encore par dessus cela, une dynamique de progression qui juge cela est supérieur à cela. Voyez que cela fait beaucoup de couches axiomatiques dirons-nous. Déjà, est-ce que le œil pour œil s'applique partout pour tout dans tous les sens ? Probablement que non. Et on peut se poser la même question pour tendre l'autre joue. Doit-on tendre l'autre joue systématiquement ? Je ne pense pas que ce soit le propos de ce message. Pareil, le tendre l'autre joue peut s'avérer une arme en fait, contrairement à ce qu'on pense de manière unilatérale souvent. Le don peut servir d'arme, alors le tendre l'autre joue aussi. Bien entendu, le tendre l'autre joue, au final vise à désarmer justement. Face à un loup qui nous bouffe une jambe, doit-on tendre l'autre jambe ? Cela serait peut-être un acte serein beau et profond, dans l'abnégation de soi dans le tout. Doit-on être sans défense ? Ne pas entrer dans la course à l'armement est différent que d'être absolument sans défense. Il existe des niveaux intermédiaires à priori. Tendre l'autre joue peut se faire un contexte d'armement justement, comme dit au dessus. Bien sur, si on est honnête du cœur, on applique ce principe, mieux on l'incarne sans calculer à un profit, petit profit personnel et ponctuel. La spiritualité est penser pour le bien, le profit le plus large possible. Comment conjuguer alors le tendre l'autre joue avec "je ne suis pas venu apporter la paix mais l'épée" ? L'objectif serait de diviser des groupes ? Diviser la famille, diviser les tribus spontanées pour rediriger ces dynamiques et forces vers une autre direction. Dieu en priorité, évidemment. Mais aussi rendre le tout plus flexible, ouvrir.

25/08/2019 journal foi

Se cacher dans la contingence matérialiste. Qu'est-ce que j'entends par cette expression ? Le fait qu'on croit que tout est limité, circoncit à des domaines bien précis. Si je fais ça dans mon coin, voire juste dans ma tête, je peux faire les pires crasses du monde, mais comme je suis dans mon coin je pense que ça n'atteindra personne. Il y a cette idée où parler derrière le dos de quelqu'un peut facilement se retourner contre soi. Déjà, à part pour partager avec autrui la complicité d'une critique sur le moment, cela n'est pas honnête ni constructif. On se sent lourd, même si sur le moment on a l'impression de se soulager. J'en ai déjà parlé plusieurs fois ici : la légèreté du cœur (qui n'implique pas d'être mollasson). Donc, imagine si chaque pensée est repassée au jugement, imagine la honte que tu aurais à te revoir embrasser des comportements stupides. Une honte inimaginable. Ce qui me fait penser qu'on se considère comme des dieux presque aujourd'hui. Mais des dieux dans l'impression seulement, pas dans les faits, ni dans le cœur.  Dans les religions, on est souvent amené à craindre le jugement de Dieu et des saints, des anges. Mais son seul auto-jugement est effrayant, ne serait-ce qu'à imaginer. Alors à vivre... Si on ajoute à cela le jugement des anges, des saints et de Dieu, on imagine le niveau de honte qui pourrait s'abattre sur nous, même et surtout pour l'ensemble des petits méfaits mis bout à bout. C'est là où, si l'on devait rationaliser et donc réduire cet ensemble complexe, on pourrait voir la chose comme une astuce "psychologique", comme on dit aujourd'hui. Une sorte de prévention de la honte et donc un objectif santé long terme, qui ne s'arrête pas à la mort. On ne peut pas se cacher du tout, comme on peut se cacher des autres humains grâce à l'architecture. Adieu la croyance en la contingence matérielle.

L'idée de l'introspection de nos "péchés" n'est donc toujours pas un bête moralisme qui s'arrêterait à lui-même, mais une mise au jour de tous nos petits larcins, même dans nos pensées, pas seulement nos paroles et nos actes, dans le but d'être soi le plus léger possible. Bien évidemment, sur ce chemin on risque de se sentir lourd car avec l'attention on réalise à quel point nos méfaits peuvent remonter loin et envahir qu'on le veuille ou non notre quotidien, notre cœur. La confession à autrui permet de renforcer cette lente prise de conscience, mais cela ne se fait plus vraiment aujourd'hui. Et si on a une introspection profonde, peut-être que cela suffit, et que la "confession" ne regarde personne à part soi-même (et Dieu). Voilà, si il fallait traduire en partie l'idée de péché ça pourrait être en partie péché = introspection. Et évidemment, pas une introspection qui nous enferme sur nous-mêmes, un narcissisme, mais qui ouvre vers Dieu. Je parle de cœur léger, et m'est venu plus tard l'image de la pesée des âmes dans l'iconographie égyptienne antique. Plus léger qu'une plume ! Aller, c'est décidé je prendrais les plumes que j'ai ramassées sur la plage et en ville comme porte au rappel de la légèreté du cœur.

On entend beaucoup parler de la "complexité" aujourd'hui, ou de "transdisciplinarité". Tant mieux ! Je suis le premier à trouver ça excellent, ou plutôt le fait de ne plus être totalement cloisonné. Mais attention à ne pas croire que cela est une nouveauté. C'est juste qu'on a quitté ce modèle récemment et qu'on se rend compte que cela ne mène nulle part a priori. Ce qui me fait sourire est que si on conjugue différents domaines on risque justement de retrouver une façon de nous exprimer qu'on appellerait aujourd'hui mystique. Bien entendu, ce ne serait pas "un retour en arrière", ou le retour du moyen-âge (devenu une insulte a priori...). Mais si on réfléchit juste deux secondes on se rendrait vite compte que passer d'un domaine à un autre dans une même phrase peut sonner selon nos perceptions actuelles comme quelque chose d'allumé, de fou. Il faut que ça ait l'allure rassurante (selon nos petites perceptions très strictes du moment). On ne peut pas avoir du transdisciplinaire sans nous exprimer d'une façon qui sonnerait mystique, ou abstraite. Or, il ne me semble pas qu'on soit prêt à entendre cela. Certains sont prêts à suivre des gourous, des idéologies stupides comme la végémania ou l'écologisme, à croire en la cartomancie et les néo-druides, mais attention pas du mystique, qui, pourtant, par définition, est complexe et transdisciplinaire.

Souvent surpris de ces moments où je me souviens que je ne pensais plus à Dieu jusqu'à... y penser. Je me dis : mais comment je peux ne plus y penser ? Et comment je peux ne plus y penser d'y penser x). Non, ça me fait sourire là, mais je me pose vraiment la question, et je suis authentiquement surpris sur le moment. Et alors j'ai l'impression d'être passé à côté de ma vie, que j'étais en mode automatique, zombie. Par "penser à Dieu", il y a bien sûr y penser dans sa tête, de façon mentale, via le nom qu'on lui donne aujourd'hui dans ma langue : Dieu. Mais il y a surtout penser à Dieu d'une façon profonde, dans l'âme, être disponible le plus possible à Dieu, en soi, dans ses propres profondeurs, s'aligner sur Dieu. Le mental est alors souvent comme l'écume d'une vague partie elle-même d'un mouvement plus originel et lointain. Retenir l'écume ou être l'océan en soi (et en plus retenir l'écume). Tout aligner sur Dieu, vers Dieu. Et ne pas penser être Dieu, ou agir pour Dieu ce qui serait vanité suprême !

A la messe, ce matin, j'étais surpris de constater tout à trac à quel point tout le monde s'orientait tranquillement et sans heurt. Une vraie anarchie ponctuelle où chacun respecte la place de l'autre, tout en étant en communion. Un idéal factuel. Vouloir que toute la vie soit ainsi est une tentation courante dans toutes les religions. Mais nous avons la séparation du sacré et du profane justement, sans quoi il n'y aurait plus de distinction et donc plus la force des rituels. Bref, du coup je pensais à la notion de synarchie. Une hiérarchie basé sur le sacré (l'ironie est que hiero signifie déjà sacré). Pas un sacré ordinaire, un sacré symbiotique pour utiliser une analogie biologisante. Syn pour synthèse, synchrone, ou aussi "saint" qui sonne pareil que syn. Cette idée de hiérarchie est intéressante. Qu'y a-t-il de sacré à obéir à une structure et une personne humaine ? Rien. Seul Dieu est maître. Pour revenir vitef sur la réflexion a propos du "ni dieu ni maitre", où "croire" en Dieu équivaudrait justement à n'avoir aucun maître terrestre. Syn comme s'aligner. S'aligner donc sur ce qui en local a du sens, est porteur de beauté, de consistance, de bonté, de légèreté. Et garder en soi que le local s'aligne lui aussi sur de plus grands ensembles, jusqu'à arriver à l'ultime : Dieu.

Le joueur de casino attend d'une certaine façon le sort, bien que ce sort soit réduit à des jeux et de la monnaie, il a une attente du sort. Sera-t-il en sa faveur aujourd'hui ? Et si oui, sur combien de temps ? Et demain ? Et jusqu'où ? Ainsi de suite. Bref, il est dans une sorte de cosmologie miniature qu'il prend comme reflet d'un sort plus grand. Bien que ce soit de peu d'intérêt pour lui profondément, ni pour la communauté humaine en générale. Mais j'utilise ce fait pour illustrer qu'on cherche tous à s'aligner sur un ensemble qui nous dépasse, même si on reste bloqué à des niveaux très bas comme prendre trop au sérieux le jeu.

26/08/2019 journal foi

Souvent l'on sait au fond de nous avoir tort, mais l'effet entrainant nous capte et nous ne savons pas écouter cela. Certains psys ont essayé de décrire cela sous l'esthétique scientifisante : la méta cognition. Bien entendu, la méta-cognition ne traduit pas tout le phénomène en lui-même, il peut au plus en expliquer à la façon psy une partie. Expliquer le tout par une partie, typique. Bref, je pense qu'il est possible que cette "voix", qui nous indique que nous sommes dans l'erreur ou que nous faisons fausse route, soit plus que la "méta-cognition", et qu'une partie soit une interaction où Dieu ou des anges, des êtres supérieurs nous guident. Cela me fait penser à la théorie de Julian Jaynes, où il serait question que l'humain entendait vraiment des voix auparavant et que cela s'est en grande partie écroulé depuis. Encore une psychologisation du réel. Cette théorie reste séduisante, et vaut le coup de s'y attarder à mon avis, surtout pour les questions qu'elles posent. Cette théorie n'essaye pas vraiment d'expliquer l'origine des voix. Passons. En stimulant cette analyse, j'arrive à penser au film Interstellar qui présente non pas des voix mais des "messages" par une boucle temporelle. C'est à dire que ces messages seraient nous-mêmes dans un autre temps. Une explication partielle qui prête l'apparence de rationalité encore. Pourquoi pas, en partie, cela me paraît possible, mais toujours insuffisant. Est-ce que Dieu nous parle ? Oui, probablement, en permanence, mais pas de façon verbale directement. Je parlais hier d'introspection concernant le péché, et il est vrai qu'en étant attentif à nos états intérieurs on n'est pas souvent si purs de cœur qu'on voudrait le croire. Pas de raison d'avoir peur des pensées qui peuvent nous traverser, conscientes et inconscientes. Mais effectivement, si on s'accroche à une pensée, elle peut devenir parole, puis la parole acte, chaque niveau étant un renforcement de la dynamique.

29/08/2019 journal foi

Bien sûr, nous devons être attentifs aux péchés que nous pouvons consciemment ou non encourager. Et pour contraster cela nous pouvons avoir confiance en Dieu, une foi totale, s'en remettre à Dieu. D'une certaine façon, je pense qu'en étant "parano", comme on dit, il y a moyen qu'on attire à soi des problèmes, comme le fait d'avoir peur dans la rue risque d'attirer des agresseurs. On peut se perdre dans le tout péché, voir des péchés partout, et effectivement, tout est vanité au final. Mais à travers cela on peut aussi garder confiance. Être parano peut permettre la survie certes, mais ça peut aussi amener ou concentrer le péché en voulant absolument y échapper, ou le risque là où on cherche à l'éviter. Être parano envers la paranoïa, conduit à se préparer et à être vigilant au sein de la confiance. Voilà pourquoi aussi on peut rendre des règles obligatoires.

J'ai regardé la série documentaire "The Family" et cela me chagrine un peu. Je ne sais vraiment quoi en penser. Qu'il y ait une organisation "invisible" qui prend Jésus pour modèle absolu, en se défaisant de la structure rigide de la religion organisée. Quelque part ça reprend l'idée que j'avais évoquée plus haut à propos de l'anarchie, ou synarchie. D'un côté cette organisation ouvre ses portes les plus larges possibles vers le "haut", en visant donc ceux qui sont au pouvoir, qui peuvent être au pouvoir ou qui en sont proche, qu'importe la confession d'ailleurs, car Jésus est sensé être selon cette cosmologie ce qui unit l'ensemble. Même les dictateurs, ceux qui ont massacré et qui massacrent des milliers de gens chez eux peuvent être invités, approchés par cette organisation.

08/09/2019 Journal foi

Être chrétien, ce n'est pas facile. Pas facile du tout. J'ai été tenté de critiquer le catholicisme à moult reprises ici dans ma (re)découverte de la foi, toujours en fond avec une petite voix qui me dit que non ce n'est pas tout à fait ça. La critique, oui, il en faut. Si la critique est impossible alors la foi est faible. J'ai assisté à une messe faite dans une autre église par d'autres prêtres et ça n'a pas été aussi profond suivant mon vécu que dans la petite chapelle Notre Dame des Dunes avec le père affilié à cet endroit sacré. Une plus belle harmonie règne là. Mais peut-être devrais-je retenter dans cette autre église, je suis peut-être mal tombé. A vrai dire, oui, il y avait un des prêtres habituels qui était absent. Ce prêtre m'a d'ailleurs invité à une rencontre, un repas informel avec d'autres personnes. Allons voir. Donc, oui, j'ai été et je reste critique envers le catholicisme, ou du moins certaines parties ou aspects du catholicisme. Mais j'ai aussi dernièrement compris certaines choses. Il ne s'agit pas de ne pas chercher, de ne pas creuser, mais de rester sur un plan léger. Léger n'est pas tout à fait le mot encore, car être chrétien ne se résume pas à réciter des Notre Père et se sentir absout. La foi (dont version catholique) nécessite presque comme une rupture d'avec le mode usuel d'être. On ne s'imagine pas quand on est enfermé dans la rationalité pure et dure, le matérialisme finit 100%, à quel point on loupe tout un monde, tout un pan énorme de l'existence. Honnêtement, être chrétien implique une vigilance et une réfléxivité énorme. Pour cela il est soulageant à moitié dirons-nous d'être dans une messe de suivi et non tout le temps dans une analyse mentale. Avant je prenais cela comme une fuite, du superficiel. Je pense que ça peut être le cas pour certaines personnes et certains pouvoirs de cette branche. Mais ce n'est pas le principe ou l'idée fondamentale du catholicisme. Toujours selon moi qu'il faille entretenir la légèreté. Et être chrétien est presque comme endosser un fardeau malgré les élans dont on puisse être frappé de temps à autre. Ce fardeau n'est pas un fardeau de conditions matérielles, mais de condition spirituelle, c'est le cœur qui est travaillé, sans cesse, sans relâche. La découverte de la foi, c'est la question qui amène d'autres questions, une découverte de l'ignorance, de l'étendue insoupçonnée de l'ignorance. Être chrétien est un fardeau, mais c'est le plus beau des fardeau qui puisse exister, le plus nourrissant, celui qui nous apprend le plus, celui qui ne nous quitte jamais et vaut la peine d'être vécu, qui valorise la vie, lui (re)donne une entièreté perdue ?

13/09/2019 Journal foi

J'ai été, comme cela m'arrive de temps en temps en semaine, à la petite chapelle. Le fait d'y aller est déjà beaucoup, dans la façon dont je le vis. Ensuite, y entrer m'a donné l'impression de rentrer chez moi, un chez moi autre que là où je peux dormir et manger, etc. L'effet ressenti cet aprem a vraiment été de rentrer chez moi comme après une errance où la notion du temps se perd, ou les repères se perdent. Cela m'évoque aussi rentrer dans un bain, un bassin, une mer, un océan, oui comme un bassin sacré. Mais, si cette sensation est intriguante, arrivé à l'intérieur, je découvre encore des couches et des couches à pénétrer/soulever. Toujours cet aspect fractal. Et c'est assez effrayant de réaliser à quel point on peut rester en superficie tout le temps, et à quel point on pourrait aller profondément, encore et encore. En lisant ces mots, ça donnera peut-être l'impression que c'est une expérience esthétisante, mais non, je suis profondément "connecté" à cela, je suis en description ici, pas en sublimation poétique. Et attention, je ne suis pas en train d'halluciner, ou d'être un illuminé dans le sens péjoratif. A vrai dire, je suis surpris à quel point, moi plutôt sceptique et analytique, je vais à la chapelle, lis la Bible, prie même, à ma façon, avec un naturel... des plus naturels ! Je ne me force absolument pas à aller en ces lieux, à échanger sur ces "sujets", à lire la Bible, etc. Par là, je ne dis évidemment pas que je suis d'accord avec tout ce que la religion peut faire et inviter à faire, je dis seulement le naturel de la voie sur laquelle je me trouve. Je ne sais pas exactement comment c'est venu, ni comment ça se poursuit, mais je suis là à chercher, à peaufiner mon cœur à mon rythme. Il est vrai que plus que le symbole de la croix, c'est le symbole du cœur, mais le cœur lui-même qui me porte le plus. Inspecter son cœur, peser l'honnêteté dans les couches les plus reculées. On peut y revenir toujours et voir cette flamme danser, comment elle danse aujourd'hui, en ce moment, etc. La beauté la plus sublime, la plus entière.

21/09/2019 journal foi

Il y a une certaine dynamique où j'aime m'éloigner la semaine pour retrouver le weekend la foi et l'église. Être tout le temps dans la foi de manière consciente est tentant, mais cela est difficilement envisageable aujourd'hui dans les conditions dans lesquelles je suis engagées. Et je ne sais si cette voie serait bonne. Passons. L'idée est cette dynamique de retour, s'éloigner la semaine pour vouloir presque par manque retrouver la voie. Tiens, en hésitant sur le terme, ayant choisit "voie" ici, je réalise que "il faut trouver la voie" est proche de "il faut trouver la foi". Des parallèles zens et chrétiens. Voie, voix, vois, foi. Sinon, oui, vous savez, il s'agit de provoquer la soif en se privant suffisamment longtemps. Faisant écho à la pratique du jeûne aussi, abondamment citée dans la Bible. Évidemment, cela ne veut pas dire que je ne suis jamais vers Dieu la semaine, non, mais je me concentre, m'y dédie le plus le weekend afin de rayonner cela la semaine et plus, car ça va au delà d'une notion temporelle.

Cette semaine, plus fatigante que l'accoutumée m'a fortement éloignée et alors je me suis rendu compte de cet éloignement le soir avant d'aller me coucher. Ces moments où on réalise comme l'éclair qu'on n'a été nulle part même en s'étant activé sans cesse. Cela aussi rejoint la disponibilité de l'esprit qu'on voit à travers la pratique de la méditation de type bouddhiste notamment. Je pense au tao aussi où l'on cherche le flux, c'est proche d'une notion chrétienne sans la dénomination Dieu et les concepts, notions, la figuration qui constelle le ciel chrétien. Le monothéisme va plus loin et englobe cela évidemment, jusqu'à parfois oublier cet état de flux et se perdre dans des abstractions trop intellectualisantes. La tao n'est pas le tao, comme on pourrait dire que Dieu n'est pas le nom par lequel on le désigne, mais il faut bien par le langage et autre se fixer quelque part, même si on sait que cette petite porte technique pourrait-on dire n'est pas Dieu en lui-même. De même qu'on pourrait trouver l’Église en chacun, dans le peuple, et pas dans un lieu spécifique, mais nous fixons par défaut, presque par logistique, et parce que cela reflète notre état parcellaire, locale sur plusieurs plans. Je me rappelle de ces écrits qui relataient un moine zen qui du haut de son temple regrettait presque avant le temple, où il était exposé aux éléments sans cesse, et s'abritait sous un simple pin, à méditer toute la nuit sans relâche notamment. Tout cela pour revenir au fait que j'ai ressenti dans cet éloignement hebdomadaire le profond décalage, et j'ai semble-t-il compris pourquoi on craint tant Dieu dans les textes et dans les rituels et les cœurs. Avant, je voyais la crainte comme limitante, mais maintenant je pense comprendre que cette crainte est vraiment justifiée. Je me suis senti si misérable dans la foi, un être presque méprisable tant ma condition d'existence est basse, vile. Attention, ce n'est pas un dénigrement personnel, je ne fais pas une dépression ni n'entretient une misanthropie subite. C'est du ressenti dans la foi, pas dans mes conditions matérielles séculières. Je ne sais pas si vous vous figurez ce dont je veux parler ici. Oui, peut-être que c'est cette notion temporelle qui m'empêche d'être plus précis ici. J'ai d'ailleurs un peu plus compris à quel point ces enseignements de la Bible et des rituels échappent en partie à une temporalité ordinaire justement. Attention, ce n'est évidemment pas dire que "le temps n'existe pas". Comprenez ou passez. Bref, ce moment de réalisation est assez intense, je me suis senti humilié à une profondeur jamais atteinte, mon cœur pleurait de repentir et de réaliser en simultané la chance énorme d'être là, ce qu'on appelle la miséricorde parfois. C'est comme en route, on oublie qu'on a oublié et alors on se rappelle la destination, joie.

Dernier petit commentaire. Tout à l'heure je comprenais à nouveau que la Bible et tous les rituels, les traditions affiliées échappent au mode de pensée séculier qui se veut "cohérent" et "rationnel". Il y a plein de propos qui ne sont pas "compatibles" entre eux en isolé, mais qui ont tout leur sens si on dépasse cette isolation justement. Est-ce que œil pour œil dent pour dent est compatible avec tend l'autre joue ? Si on les considère de manière isolée du reste, oui, peut-être, mais pas si on voit au delà de cette isolation d’interprétation. Je prend cet exemple parce que c'est le plus connu et flagrant, mais il y en a partout des apparentes contradictions. Savoir voir au-delà. La métaphore, la parabole, etc.

Journal foi 02/10/2019

L’œcuménisme. J'ai exprimé un peu mes interrogations quant à ce qu'on appelle l’œcuménisme au prêtre de la petite chapelle lors d'une entrevue personnelle. La façon dont il a répondu m'a plus "convaincu" que son contenu (que j'avais anticipé). Est-ce que ce n'est pas le nouveau nom d'une nouvelle forme de catholicisme tout simplement ? A méditer encore. Toujours est-il, ces entrevus individuelles avec le prêtre sont un régal, parler de choses aussi profondes simplement. Dans un contexte de groupe, il est difficile de se concentrer et d'avoir un échange privilégié. Comme je lui disais, j'aime ne pas être anonyme, pas pour donner de l'importance vaine et stupide à ma petite personne, plutôt dans l'idée de s'ancrer et d'être un peu investi concrètement. Car aller à la messe sans dire bonjour ni au-revoir, sans connaitre, hors en tant que spectateur presque ceux qui sont investis localement au point d'avoir pris la voie de l'engagement dans l’Église, me paraît presque malhonnête (pour moi hein, pas à généraliser). Il disait que l’Église était timide aujourd'hui. De là, j'ai compris pourquoi je me retrouve dans cette branche : il n'y a pas de pression interne à la démonstration. Ce qui parait froid à premier abord, par exemple dans la messe catholique, est simplement la liberté. Comment je "pratique" le catholicisme est loin de ce que j'imaginais auparavant, coincé dans l'image de "assis-debout-amen", comme beaucoup de gens a priori. Après, je mets ma réserve car c'est ma propre expérience, très locale. Je ne peux pas savoir ce qui se passe ailleurs. En tout cas, cette liberté, personne ne va me taper si je ne viens plus à la messe, si je ne lis plus la Bible pendant une semaine, il n'y a aucune pression, et c'est ainsi que je peux explorer et exprimer ma foi. Ma tendance autodidacte peut-être n'y est pas étrangère. J'ai commencé à lire quand je n'avais plus de lecture obligatoire, et j'en suis arriver à écrire plusieurs livres. Ce qui est presque choquant, c'est que le catholicisme ne cherche pas vraiment la conversion, ni même forcément à maintenir. C'est aussi cela que je trouve appréciable, il n'y a que l'honnêteté individuelle, ce qui s'avère plus solide à terme que des conversions superficielles, des conquêtes politiques identitaires puériles.

Un effet que j'observe avec la foi : j'ai tendance à bénéficier d'un recul sur mon époque et mes conditions encore plus fort. Vous savez, cela peut se traduire par l'usage du mot "séculier". Une Église qui existe depuis plus d'un millénaire c'est quand même plus solide qu'une nation seule ou la croyance en un système économique, culturel et autre. Ce n'est pas pour se séparer totalement de mon époque et vivre dans une fantaisie mentale, au contraire, il s'agit d'avoir une perspective beaucoup plus large, et cibler ce qui importe de ce qui déporte.

La foi. Mettre la foi à l'épreuve. Est-ce qu'au plus on souffre au plus on a la foi ? Je me pose cette question parce qu'on présente l'image des martyrs. Moi, je suis dans le confort, je n'ai aujourd'hui aucune menace, surtout dans ma foi. Personne ne me menace de me tuer parce que je suis "chrétien", ou parce que je "crois" en Dieu. Je veux dire, effectivement, il faut avoir une persévérance pour ne pas céder devant la menace de mort ou autres formes de menace d'ailleurs. Mais je me demande si il n'y a pas un risque de comprendre cela comme une nécessité de la souffrance, une nécessité d'être un martyr, même un petit martyr on va dire. Est-ce que souffrir c'est souffrir pour que d'autres ne souffrent plus, ou moins ? Cette question n'est pas encore très claire pour moi à ce jour. Toujours est-il, réaliser la vanité et l'insignifiance de notre vie rapport à Dieu est suffisamment écrasant en mon cœur, d'une gravité sans nul pareil. J'ai essayé de sonder cet infini et j'ai senti à quel point cela n'était pas léger, qu'on ne pouvait pas en faire une habitude superficielle, qu'il fallait aller chercher l'honnêteté de l'honnêteté, le cœur du cœur du cœur. Avoir sondé en périphérie m'a terrassé de frayeur, je ne suis pas prêt, j'ai alors rejoins une légèreté dans la pratique affirmant ma confiance, ancrant ma foi dans le solide sans chercher à percer pour percer, car je ne suis pas digne, je ne suis pas assez propre, pas assez droit, je ne peux qu'offrir le chemin, le cheminement, tendre vers. L'honnêteté la plus complète est effrayante comme rien d'autre, je n'arrive pas à l'exprimer à la mesure de l'effroi.

Journal foi 7/10/2019

Une fois de plus j'ai essayé de... je ne sais comment dire vraiment. Bon, je dirais aujourd'hui "m'abstraire en Dieu". Et ça a été difficile. Je sens que je ne peux pas m'ouvrir, car en le faisant, je n'ai devant moi que ma vanité, mon insignifiance, ma bêtise. Je ne dis pas ça pour me flageller, mais alors pas du tout, simple constatation la plus basique. Se prosterner, joindre ses mains en prière, ouvrir les bras au ciel ne suffisent pas à témoigner de l'insignifiance de mon être. Même les larmes qui me viennent en cette tentative d'ouverture ne sont que poussière devant la faiblesse d'âme que je porte. J'insiste ce n'est pas du dolorisme comme on dit, au contraire. Je décris cela ici comme je dirais devant un ciel bleu que le ciel est bleu, ce n'est pas pour faire de l'effet d'ampoule, pour me valoriser par une dévalorisation systémique. Il s'agit juste de tendre vers l'honnêteté du cœur la plus totale, à mon échelle. Cette insignifiance est en même temps une joie profonde jamais ressentie. Je sens l'abandon sans y parvenir. J'ai même peur de l'abandon. Et je ne sais combien de niveaux d'abandon on peut passer. Est-ce infini ? J'ai toujours l'impression qu'en laissant une couche, une autre et encore une autre surgissent. On ne sait pas.

Je me défini comme chrétien, et chrétien catholique. Mais évidemment, j'ai ma propre pratique. Je vais à la messe catholique car c'est l'Eglise qui m'a baptisé, celle qui m'est la plus proche de manière culturelle. Je reste sur un monothéisme strict, presque comme l'islam le dessine un peu, bien que je ne connaisse l'islam que surtout via les écrits soufis. Je reconnais certains propos du protestantisme, mais je reste suspicieux à l'encontre de cette branche. Je suis curieux de l'orthodoxie mais je n'ai aucun ancrage local sauf scriptural à cette branche. Oui, le catholicisme peut conférer à première vue à des pratiques idolâtres parfois. Mais vider toute manifestation sous prétexte d'éviter toute idolâtrie est stupide, est mal comprendre ce qu'est l'idolâtrie, et même paradoxalement créer une idolâtrie de l'anti-idolâtrie. Chaque élément est une potentielle voie, entrée vers Dieu. Comme dit auparavant, il y eu des chrétiens sans Bible, sans signe/symbole de croix, sans pape, sans organisation, sans rien presque. Est-ce pour autant que chaque chose est idolâtrie ? Absurde. C'est mal comprendre ce qu'est l'idolâtrie. L'idolâtrie réside non pas dans la chose mais dans la charge ou la finitude qu'on y accorde. Le minimalisme peut être plus idolâtre que la surabondance. L'idée même de Dieu, via le nom "Dieu" peut aussi s'avérer une idolâtrie, car mettre un mot/nom sur quelque chose nous donne l'impression de le comprendre, de le restreindre. Non. Le nom Dieu est une entrée. Quelque part des athéistes et des bouddhistes peuvent aussi tendre vers Dieu en refusant simplement l'idée de Dieu sans refuser Dieu. A vrai dire est-il seulement possible d'être en dehors de Dieu ? On peut seulement s'en éloigner, peut-être. Je pourrais me définir autrement que chrétien, mais j'aime la liturgie chrétienne en général mais surtout l'esprit chrétien, les valeurs chrétiennes, le cœur chrétien. Il n'y a pas mieux, malgré les dérives religieuses toujours possibles et les faiblesses individuelles. Il n'y a pas d'idolâtrie quand on sait en permanence que tous les intermédiaires entre Dieu et nous existent pour eux et peuvent être Dieu, amener vers Dieu. Tout vider, tout casser ne rapprochera pas de Dieu. Le plus important est de rester honnête, d'écouter et faire battre son cœur chaud.

Aussi, suis-je amoureux. Amoureux en tant qu'état. J'aime et je crains en même temps cet état. L'étonnant est que je suis en partie amoureux de Dieu, des écritures, d'un ensemble de foi, et aussi j'aspire à être amoureux d'une personne de chair. On m'a dit plusieurs fois que je ressemblais à quelqu'un d'amoureux. N'est-ce pas le meilleur des compliments ? Peut-être, je ne saurais dire. Suis-je amoureux ? Je tremble en bien et en mal à cette idée. En tant que chrétien et humain j'aspire à être un à deux, et à être un à plus que deux ensuite via l'essence même de l'existence biologique qu'est la reproduction/transmission. Je ne sais pas si cela sera possible pour moi, cela reste un profond souhait. Et cela a un sens énorme en tant que chrétien, bien que je puisse aussi être tenté parfois par la réclusion volontaire afin d'explorer intensément en moi la foi. Mais aimer l'autre c'est aimer Dieu aussi. Certains diront qu'il n'y a que l'amour. Donnons le nom que nous voulons, si ça vous chante. Et même le mot amour peut servir d'idolâtrie, de mot valise pour tout et n'importe quoi. Voyez que la foi et l'honnêteté, ce n'est pas une voie aisée. Est-ce qu'au nom de l'amour on devrait supprimer toutes les personnes pour lesquelles on serait susceptible de tomber amoureux ? Cela n'a aucun sens, évidemment.

Journal foi 11/10/2019

Superstition. Cela me surprend toujours que certaines personnes rangent dans la catégorie 'superstition' Dieu. Genre Dieu est dans le même panier qu'avoir peur de croiser un chat noir. Qu'est-ce qui s'est passé dans leur tête pour songer à cet absurde ? Cette posture traduit comme d'habitude une ignorance plutôt qu'un savoir quelconque. Je reste avec cette idée que des soit-disant athées sont des ignorants. Certains sont vraiment ignorants et peuvent même être plus ou moins chrétiens sans le vouloir/savoir. Mais d'autres sont des promoteurs fiers de leur ignorance. Certains peuvent se dire athéistes mais en même temps vénérer des "stars", aller dans des néo-sorcelleries, des vénérations étranges, etc. Aujourd'hui certains pensent être "rationnels" en n'étant pas monothéiste, mais être polythéistes ne dérange pas vraiment par contre. Traduisant encore leur ignorance profonde. Se penser intelligent ou plus malin en croyant en tout sauf à Dieu est d'une conception qui échappe à toute cohérence. Certains peuvent croire seulement en "eux-mêmes", sans s'en rendre compte", cela revient à dire : je suis un dieu et je me vénère moi-même. D'un coup l'humilité du savoir via la méthode scientifique s'est volatilisée. Bref, pour moi, les athées sont des ignorants (ce qui est ok, on peut ignorer et agir dans le bon sens) ou des idiots. L'athéisme est une substitution de croyance, pas une absence de croyance.

Je songeais à nouveau au localisme rapport à la religion. Eugraph Kovalesvski voulait que la France revienne dans une espèce d'orthodoxie, une orthodoxie catholique ou catholisante, c'est à dire une religion localiste, régionaliste ou à échelle plus petite encore sans forcément reconnaitre une échelle plus grande, mais où l'autonomie est surtout locale. Dans le contexte actuel, où un islam bizzaroïde gangrène le pays, et où il y a beaucoup de dits "non-croyants", je ne vois que cette voie qui puisse faire revenir la sanité ici. Est-ce que ça pourra advenir ? Comment ? Quand ?

Sinon, dans une démarche de description de ce que cela me fait d'être dans la foi, j’essayai de trouver une description imagée. Cela donne quelque chose comme de suit : au sein d'une apparente froideur de la matière, je suis dans une pluie chaude permanente, tout en étant inondé de soleil par le cœur projeté face à soi.


J'ai remarqué qu'on peut se laisser entrainer dans une forme de duplicité par la foi. Comment ? Il y a quelques billets de cela, peut-être un ou deux au dessus de celui-ci, je parlais du fait que la foi donnait une perspective unique, oserais-je dire supérieure. Et de cela nous obtenons un recul sur certains faits du monde incarné, séculier, temporel. Ce recul peut effectivement être une chance inouïe si l'on raisonne de manière très basique. Mais il peut aussi nous entrainer dans la négation de la dite "matière" (il n'y a pas d'autre mot pour signifier ce que je voudrais, alors par défaut...). D'une certaine façon, si l'on tombe dans ce biais, nous tombons plus dans un biais simplement psychologique et nous sortons du spirituel en pensant y entrer. Se rappeler de la petite porte. Le détachement comme l'on dit n'est pas être vraiment détaché, il peut juste s'agir de négligence déguisée en vertu. Encore une fois, si nous tombons en ces travers, c'est que nous faisons de l'idolâtrie en remplaçant Dieu par un concept isolé. Si l'on prend un message, contenu dans les saintes écritures, de manière isolée, on ne pourra que se planter. Dieu est l'Unification Suprême, l'Un, le Suprême, l'Unique. Toujours se rapporter à Dieu, à l'Unité. Si le suprême est un concept isolé du tout, alors nous sommes dans l'idolâtrie, dans des sortes d'effets psychologiques et plus guère dans le spirituel. Dans la foi, on peut parfois se sentir supérieur car nous avons compris quelque chose que beaucoup semblent ignorer manifestement. Alors nous manquons d'humilité. Nous pouvons être meilleur sur un point à autrui, cela on peut l'admettre, jamais en tout. Vanité. Vous voyez que chaque élément est mesuré et tempéré par un autre, et nous voilà dans l'unité qui englobe.

Journal foi 12/10/2019

Essayer de savoir ce qu'est la Bible. Au début, en lisant - je le rappelle, l’ancien testament - j'ai été surpris que ce livre n'était pas du tout catégorisable. Avant, je le rangeais dans ma tête au sein des livres religieux. Hop, facile. Mais en le lisant vraiment, ça ne tient plus. Aujourd'hui, je n'ai pas trouvé de catégorie, évidemment, mais je dirais que ce qui s'en rapproche est une suite d'étude d'un phénomène qui, la plupart du temps, nous échappe. On se figure facilement que Dieu est en "communication" permanente avec l'homme. Or, ce n'est pas ce qu'on voit, notamment dans l'ancien testament, où de grandes périodes apparaissent vides de toute manifestation divine d'envergure. Certains pourrait dire que la sélection des moments les plus forts est une sélection arbitraire qui cherche à enjoliver un phénomène marginal. Mais je le vois plutôt comme étant simplement une sélection rigoureuse de l'essentiel pour l'étude justement. J'y vois une démarche d'étude rigoureuse, quasi scientifique et entourée, constellée de lois, du juridique et de sentences de sagesse, de réflexions et de faits/contes. C'est ce qu'on appellerait hybride aujourd'hui, mais cela impliquerait qu'il y ait eu séparation et forte spécialisation. Encore une fois, on est face à quelque chose d'unitaire. La Bible n'est pas qui est Dieu mais le résultat d'une ancienne recherche, une synthèse de synthèse des relations de Dieu et de l'homme. D'ailleurs, cela me fait penser que parfois quand nous disons Dieu, nous parlons en fait de la relation avec Dieu et non pas de Dieu lui-même. Le mot Dieu étant déjà un raccourci pratique.

On pourrait penser que si l'on est croyant, et, à plus forte raison presque, pratiquant, nous sommes exempte de fautes envers le contrat divin. Le problème est qu'avoir signé le contrat n'est qu'un début, il faut l'honorer chaque jour, à chaque instant, toute sa vie. Dans la foi, on serait tenté d'accorder une confiance entière envers quelqu'un de foi, et surtout de sa propre branche. Mais, nous devons être suspicieux envers nos propres errances, y compris et surtout dans la foi, car l'excuse de la foi peut servir d'amplificateur du meilleur comme du pire. On n'a pas à juger l'autre, car seul Dieu est juge dit-on, mais cela ne nous octroie pas le droit d'être ostensiblement indifférent, d'être complaisant à la connerie, au vice. Ce n'est pas juger l'autre, c'est simplement dire ce qui est, comme on dit que le ciel est bleu en description, nous disons "tu agis comme un enfant", "tu te comportes comme un animal".

J'en profite pour parler un peu des relations entre différentes confessions. On lit parfois sur les réseaux des gens qui se convertissent d'une branche à une autre et se voient félicités par des centaines voire des milliers de gens. Le côté identitaire et tribal peut être flatté ou dérangé par cela en fonction de sa branche, mais cela est identitaire et tribal. Accueillir correctement le nouveau est une chose, le transformer en victoire et doigt d'honneur à l'autre confession est stupide et malsain. J'ai lu aussi des gens se réjouir du massacre de chrétiens, mais aussi de l'emprisonnement de millions de musulmans en Chine par exemple. Cela m'attriste profondément. Je dois tout de même reconnaitre que l'islamisme tel que pratiqué aujourd'hui pose un sérieux problème car cette branche est devenue une conquête aveugle du pouvoir par des voies détournées perverses. Je regrette vraiment ce tournant car cette voie porte des éléments essentiels en ses fondements qui sont devenus très superficiels. Où est le vrai islam ? On peut probablement en avoir un aperçu dans les écrits soufis. Le reste semble s'être perdu dans l'objectif militaire de conquête séculière. Le christianisme est remplie d'hypocrisies. Il faut toujours revenir au cœur, à l'honnêteté. Comment se comporter face au tribalisme ?

L'athéisme est vraiment comique et désespérant parfois. Par exemple, beaucoup d'anti-théistes sont partis du postulat ou plutôt hypothèse que la foi était synonyme de croire que tout a un sens, ou plutôt que tout a une signification. Ils sont donc partis sur l'hypothèse totalement inverse : rien n'a de sens, et tout est hasard, aléatoire. Le pire est qu'ils ont même oublié l'aspect hypothétique de ce propos et en font un fondement scientifique, rationnel. Juste pour faire exactement l'inverse de ce qu'ils imaginaient être la posture de la foi, alors que non. C'est assez pathétique parce que, selon ce que je vois, la foi n'est pas bêta-croire que tout a nécessairement une signification. Que tout ait un sens, ça oui, c'est à dire que tout va vers Dieu tôt ou tard. Mais qu'il faille interpréter une mauvaise cuissons de courgette, ou une douleur dans la phalange de petit doigt au vu de Dieu ça non, encore heureux. Je le répète, la foi est plus rationnelle que l'anti-foi primaire, pour ce que rationnelle veut dire.

Il y a quelques billets de cela, je parlais de vertu et de vice. A priori, quand on écoute ce qui se faisait, le catholicisme était surtout du bourrage de mou culpabilisant. Sans nier de bout en bout cet aspect, cela me semble exagéré de réduire toute l'histoire de cette tradition à du dolorisme dirons-nous. Donc, pour revenir au centre du sujet, le vice est pour moi un indicateur fort qui permet d'éviter des effets d'entrainement en chaine. Vous savez, le phénomène de retournement, ou de spin, où tout peut à partir d'un point se voir se retourner. Ces effets de vice sont très concrets, observables et même testables encore et encore. Évidemment, on peut vite faire une obsession du vice et croire que tout est vice, et alors on tombe dans l'idolâtrie, idolâtrie qui n'est pas un vice mais carrément remplacer Dieu par autre chose. J'en parle souvent, car pour moi l'idolâtrie est un concept important, c'est la limite où l'on croit en Dieu ou une statuette, une célébrité, une abstraction, une méthode, etc. Le vice. Toute la foi nécessite une rigueur de l'âme, cette rigueur peut s'avérer fragile. A trop se retenir pour éviter le vice, il est possible qu'il y ait dégringolade à la suite. Une question de mesure, mais toujours avec une exigence qui par essence sera ridicule face à l'étendue du Très Haut.

Journal foi 13/10/2019

Ne pas avoir deux maitres. J'en ai déjà parlé plusieurs fois ici. J'en reparle car j'ai compris aujourd'hui à quel point nous sommes enclins à trouver un maitre, à nous mettre sous tel maitre pour tant de choses, tant de domaines. Et le pire est notre inconsistance, à passer d'un maitre à un autre pourvu que ça nous donne un avantage ou qu'on se laisse emporter par une émotion agréable ou autre. Ce n'est pas facile à capter, et pas une chose aisée à reconnaitre, que sa propre inconsistance. C'est humiliant de voir cette habitude si ancrée chez nous, et donc, au quotidien il semble que nous ayons le comportement d'évitement, on nie cela, par confort. Or, cela est répété moult fois dans la Bible et ailleurs, on ne peut pas servir Dieu et un autre dieu en même temps. L'idolâtrie participe d'une vénération d'un autre dieu qui peut s'avérer un concept d'ailleurs, pas forcément une figure, un symbole. Même mettre l'obéissance à Dieu au dessus de Dieu peut participer de la création d'un autre maitre, et donc ne plus servir Dieu mais servir l'idée de servir Dieu.

Journal foi 16/10/2019

Il faut savoir parfois si jamais on ne confondrait pas une aspiration "poétique" avec la foi. En utilisant cette expression, je dévoie un tantinet probablement la poésie, mais je parle du poésisme presque, quand on se laisser bercer par des belles images sans que ça ait de la consistance en soi. La beauté, oui. Mais sur tous les plans. Ne pas tomber dans l'effet spécial de la foi, ne pas confondre poésie et foi libre. Il faut bien parfois se laisser porter, et aussi ne pas être dans une analyse trop rigoriste. J'aurais presque envie de dire une mesure ou un fin mélange entre la poésie et la rationalité, entre la portée et l'arrêt analytique, entre le macro et le micro. Vous savez, parfois en écoutant des gens parler de spiritualité on peut froncer les sourcils tant ça part dans de l'emphase. Le problème est qu'il est difficile d'exprimer la spiritualité avec une esthétique verbale rationaliste, et ça n'aurait aucun intérêt qui plus est. Le mot mystique est assez représentatif du sujet. Pour moi mystique veut dire quelqu'un qui s'écharpe à fond dans la foi, dans la recherche, de manière libre, honnête de bout en bout. Mais le mot mystique est utilisé surtout pour dire mystification, c'est à dire faire du genre, cacher un vide justement au lieu de chercher. Ce qui me fait penser qu'on a peur du solennel. Une messe catholique peut avoir des moments très solennels, et même les lieux sont toujours très solennels. La plupart du temps on respecte, même en étant athée, ces lieux, mais beaucoup peuvent rire de ce qui se dit/chante et du phrasé solennel rituel. Là aussi on peut tomber dans un effet trop sérieux qui oublie l'aspect transitoire/porte de chaque chose de la liturgie et autre.

J'ai eu du mal à l'accepter, mais oui, dire je suis chrétien par exemple peut vouloir dire par la négatif. C'est à dire je ne suis pas juif, ni musulman, je n'ai aucune interdiction alimentaire, je ne suis pas homosexualiste, je ne suis pas athée, je ne suis pas existentiellement stupide, etc.

Dans la matérialisme, on part souvent de ce qui est le plus solide. Le problème étant que, justement, ce qui est le plus solide est Dieu et pas une définition transitoire de "la matière". Entre croire la vérité suprême que lâcher une tasse sur du béton va la casser et Dieu, il n'y a pas photo, ce qui est de plus solide est Dieu. Le matérialisme ne s'oppose donc aucunement à la spiritualité, contrairement à ce qu'on est amené à "penser" par répétition souvent. D'ailleurs, je pense au bouddhisme qui séduit souvent des "rationalistes" parce qu'il n'y a pas Dieu, c'est à dire, selon leur point de vu, une hypothèse d'un supérieur (sauf de soi-même et de la "nature"). On retrouve une notion de chaîne, de karma dans le christianisme, c'est indéniable, mais celle-ci a été justement tordue, au moins en partie,  par le Christ. Dieu n'est pas une hypothèse. Quand on parle de Dieu, comme je le disais au billet au dessus, on parle de l'étude des relations entre Dieu et les hommes, pas de Dieu lui-même ce qui est hypocrisie (coucou les zinzins de la religion). Le bouddhisme donc, je pense au concept de permanente impermanence. La matière est évanescente. On meurt, nos proches meurent, nos maisons se délabrent, nos savoirs tombent dans l'oubli, etc. La foi est solide, Dieu est éternel, infini, ultime. Est-ce une direction que de croire au délabrement ?

journal foi 18/10/2019

Quand on est sur le chemin de la foi, on se rend compte de nos faiblesses. La foi nécessite une introspection de notre cœur, quasi permanente. Ce n'est pas quelque chose de facile, tout le contraire. Moi, c'est comme ça que je comprends la notion de péché, car même si de façon superficielle on considère qu'on n'a pas "fauté", on a toujours le cœur plus ou moins lourd et entaché de pensées, paroles et actes que l'on reconnait être mauvais, mauvais parfois par paresse, par pas assez bons. Par exemple, si l'on a un haut potentiel et que l'on n'utilise qu'une part très minime, en deçà du nécessaire, alors on peut voir cela comme une faute envers soi-même, envers tous, et Dieu. Ce n'est pas de l'auto-dénigrement. Je le répète encore et toujours, il s'agit d'être honnête, le plus honnête possible. Et cette introspection permanente est comme payer un prix, sa part, de manière volontaire et dans une perspective élargie. On peut ignorer un temps ses mauvaises tenues, mais ça nous reste en fond, on peut que trouver des subterfuges pour oublier ou faire semblant d'oublier ce fait, une distraction. Et la religion, forcément politique, peut elle aussi pourvoir à la distraction sous couvert de vertu.

Ce qui m'amène à parler de la nécessité de l'introspection en interne à chaque religion, à chaque branche, à chaque église. D'abord soi, évidement, mais ne pas oublier le groupe qui peut toujours et rapidement dévier. Sans se faire juge, évidemment. La frontière est mince mais elle existe entre juger et remarquer. Si on est moche, accuser le miroir ne changera rien. Dans la religion, comme dans toute organisation, groupe, il y a toujours des moments où l'ennui nous force à aller dans des jeux de pouvoir transformant alors le but initial en conquête de pouvoir. Aujourd'hui on peut voir cela facilement, l'ennui conduit au pouvoir, y compris de façon perverse dans la religion. Toute organisation est forcément politique, d'une façon ou d'une autre, mais il y a des niveaux où tout devient à visée politique. Retournant à l'idolâtrie, insultant tous les honnêtes et Dieu. Prendre excuse Dieu pour faire n'importe quoi est être anti-théiste, et malgré la vitrine où l'on dit qu'on parle pour Dieu, on ne fait qu'affirmer son mépris pour le divin, et l'humain.

Une chose qui semble difficile à comprendre pour les athéistes est que la foi nous procure une dimension supplémentaire, autre. On ne peut pas réduire cela à un effet psychologique ou sociologique, comme on serait tenté de le faire sous notre filtre séculier ambiant. Cette "dimension" peut être en partie cette introspection et ce recul de ce fait qu'on a sur le séculier. C'est une pente dangereuse. Voilà pourquoi il faut toujours se recentrer, retrouver l'honnêteté la plus entière pour s'ancrer et pas pour s'échapper. Cette dimension peut ne pas être comprise par celui qui emprunte un chemin de foi, et alors il peut en résulter une forme de duplicité. Cette duplicité sont des calculs politiques nous éloignant tous de l'honnêteté pour servir un principe et pas Dieu.

Journal foi 21/10/2019

On pourrait être tenté d'imaginer que la foi serait de vivre isolé de toute contrariété et de toute mise en doute. Est-ce que la foi est quelque chose à protéger à tout prix ? Bien entendu, on peut s'isoler, et bien entendu, on peut aussi simplement être dans la foi. Mais, pour autant, si l'on fait ainsi tout le temps, ce n'est plus vraiment la foi mais l'entretien d'un mensonge. Or, selon comment je le conçois, la foi est justement l'honnêteté la plus totale. Certains chrétiens (mais d'autres monothéistes aussi), se présentent presque comme à fleur de peau sur la foi. La peur du doute vissée à chaque centimètre de peau. Vivre dans la peur du doute c'est n'avoir pas ou si peu de foi. Je pense qu'au contraire on devrait s'exposer volontairement et régulièrement à la critique, voire la critique la plus radicale et virulente. La foi n'est pas un instrument pour se mentir à soi-même et s'empêcher de réfléchir, de ressentir, etc. Ce serait totalement dévoyer la foi que d'agir ainsi. Une question un peu choc me vient à l'esprit : vaut-il mieux avoir peur de Dieu ou du doute ? Il faudrait se mettre à l'épreuve. Ou du moins ne pas chercher à éviter le doute, la contradiction. Bien entendu, chacun fait comme il peut, selon son propre développement et selon ses propres moyens. Moi, par exemple, ça ne me dérange pas de creuser, de réfléchir, ni qu'on m'oppose des arguments sur la foi. Je suis même demandeur de contradicteurs. Pas des contradicteurs stupides.

J'ai du mal à croire tout ce qu'on dit sur Jésus. Comme j'ai aussi du mal à me sentir impliqué dans toute la nébuleuse des saints. Je ne peux pas balayer cela, mais simplement relever que je ne me sens pas impliqué dans cet aspect du christianisme. Pareil donc, et cela pourrait paraitre choquant, je ne crois pas en tout ce qu'on dit sur Jésus. Je crois que c'était une personne décisive, et je crois qu'il y a eu un changement profond via sa personne. Je crois au côté christique, en tant que nous avons tous en nous une part christique, nous faisons partie du même corps, comme nous disons parfois. Je ne peux pas rejeter Jésus, et encore moins Jésus Christ. Mais je suis prudent, dans mon état d'avancement spirituel. Je garde Dieu pour ultime. Jésus a amené, par lui-même mais aussi par tout ce qui l'a suivi, un changement déterminant. Jésus c'est plus que la personne biologique, et l'histoire autour de lui. Encore une fois, j'insiste sur le fait que je ne rejette pas les saints et tout ce qu'on dit sur Jésus. Je suis prudent, je pense qu'il est tout a fait possible que tous les saints et les anges puissent exister sur un autre plan. Mais je ne me sens pas impliqué à ce jour. Dieu est l'ultime. Étrangement je crois fortement au sacré-cœur. Je n'ai, à vrai dire, aucun doute là-dessus, parce que ça correspond à mon "ressenti". La pesée des âmes, le cœur. Maintenant que j'y pense, je serais peut-être tenté de me rapprocher, de chercher les saints et les anges, ne serait-ce que pour éviter d'être dans un monothéisme trop strict, pour ne pas tomber dans l'idée potentiellement destructrice où "c'est Dieu et moi" sous entendu, tout le reste est négligeable. Je vais au moins me renseigner dans mon possible à cet égard.

Sinon, je suis toujours atterré par les critiques anti-théistes anti-religion. Tout à l'heure j'écoutais un ancien "fondamentaliste" chrétien américain critiquer la religion chrétienne. Il le faisait avec moins de stupidité que les anti-théistes classiques, mais ça restait plutôt atterrant. Après, je suis d'accord que  certains chrétiens et branches de la chrétienté sont un peu superficiels, j'ai mis "un peu" par respect, mais ça me démange. Certes, on n'a pas besoin de présenter un minimum d'intellect pour être dans la foi, mais bordel, ça ne veut pas dire qu'on doit agrandir sa stupidité et tomber dans le spectacle. Certains anti-théistes partent du principe qu'avoir la foi c'est manquer d'intellect ou d'esprit critique, et ils peuvent facilement avoir confirmation de cela. Ils font en réalité un jugement de valeur à placer sur une échelle de la "raison" ou plutôt du "raisonnable" (selon une vision particulière) des individus. Vous allez me dire que je fais un jugement esthétique sur la façon d'être chrétien. Oui, peut-être, j'ai simplement beaucoup de mal avec l'hystérie démonstrative. J'assume.

Journal foi 22/10/2019

Définir Dieu. Je sais que cela est impossible, mais j'essaie toujours de m'en approcher, c'est ma façon, ou au moins une de mes façons de tendre vers Dieu. Ce qui me choque souvent en lisant l'ancien testament est de constater le côté très instable du caractère de Dieu. Ce n'est pas pour juger, mais c'est un fait indéniable. Cela contraste énormément avec le nouveau testament. Dieu s'est fait Jésus Christ. J'en conclu que Dieu s'adapte en quelque sorte et prend des manifestations différentes. Dans le règne du tribal, il prend une figure ferme et qu'on dirait presque capricant par moment. Avec le tribal diminué, sa figure change, et il prend même une figure humaine incarnée. Avant, il fallait s'arroger les préférences de Dieu, et avec Jésus on est dans une toute autre situation, Dieu n'est plus seulement celui de quelques uns mais de tous, de manière on ne peut plus humaine. Ouverture impensable. Mais Dieu est toujours celui de tous, il se manifeste seulement selon son propre plan dirons-nous. On peut évidemment comme passer un contrat à l'échelle individuelle et de groupe, voire très grand groupe. Mais il reste le Dieu de tous. Parce que Dieu est l'ultime, ce n'est pas une figure divine, c'est Dieu. Dieu peut prendre des figures divines, et peut prendre des émissaires, et c'est cela que les anti-théistes ne comprennent pas, et peut-être certains théistes aussi, mais leur situation est différente car on peut comprendre par le cœur sans forcément comprendre par l'esprit.

Je pense aussi à ce qu'on cré des "stars" et des "icônes" et des totems en tout genre aujourd'hui, cela ne s'oppose pas à Dieu, mais peut le masquer en quelque sorte. Certains voudraient créer un paganisme, mais cela est voué à l'échec car l'idée de Dieu est une réalité qu'on ne peut oublier une fois là. Il n'y a pas de retour possible, il y a juste des abandons temporaires de certaines méthodes, ou des changements de méthodes. Tout ça pour dire que, oui, Dieu est vraiment ce qu'il y a de plus ultime, au delà de tout pensable, mais tellement au delà ! Des gens qui pensent acquérir une liberté en refusant la réalité se libèrent en fait eux-mêmes d'eux-mêmes mais pas de Dieu, ça n'a aucun sens de penser ça. Cela a encore moins de sens que de dire que je m'extrais de la planète Terre, ou de la biologie, pour être libre. C'est impossible.

Journal foi 23/10/2019

Une religion peut dévier, à tout moment, surtout avec le nombre. L’Église catholique a un passé comportant des périodes affreuses. Aujourd'hui la situation est très différente, et devrait-on supprimer tout le catholicisme à cause ce passé ? Je pense que ce ne serait pas pertinent, et probablement stupide même. Mais moi, en tant que chrétien dit catholique, comment je me sens vis-à-vis de ce passé et ce passé dit que cela pourrait se reproduire. Si demain j'étais dans une situation similaire aux mus*lmans, que mon Église devenait fasciste et terroriste, que ferais-je ? Il faudrait que je fasse une scission entre moi, ma foi, et la déviance religieuse, ainsi que  de dénoncer ces impostures. Pour moi ce serait une insulte. Ce que l'on voit est que la religion, même si elle prêche Dieu, peut prêcher un dieu ou un esprit même, une représentation de Dieu, c'est-à-dire pas Dieu lui-même. La religion n'a de réelle pertinence que si elle est dans l'étude et l'exploration de la foi. Il est indéniable qu'il y aura de la politique. Il faut reconnaitre aussi que nous découvrons des choses qui ont déjà été découvertes longtemps avant nous. Chaque individu et groupe découvre et redécouvre la vie, la foi, à chaque moment. Alors il y a forcément de la répétition. Et on ne peut pas tous arriver au même niveau chacun, ni même explorer que d'un point de vu intellectuel à de hauts niveaux tous. C'est là que nous voyons que la vigilance est importante, à toutes les échelles. Dès qu'on se relâche, tout le plus mauvais peut apparaitre rapidement et s'engouffrer dans la moindre petite faille, nous submerger. On priait Dieu et d'un coup on se retrouve à prier un esprit malin. Je suis le premier à être fier d'avoir la foi, et d'être chrétien, mais je pense qu'il faudrait beaucoup plus de prudence avec la religion. Pas supprimer la religion, ce qui est un vieux fantasme profondément débile, et n'arrangerait rien du tout. Plutôt s'armer de vigilance, car un courant porteur peut nous déporter subitement à notre péril.

Journal foi 28/10/2019

"Ne pas juger". Le problème n'est pas tant de décrire ce qu'on voit ou observe que de poser un mauvais jugement. On a "le droit" à l'erreur certes, ce qui ne signifie pas que nous devons encourager l'erreur, ou qu'il soit obligatoire de faire des erreurs. On ne connait pas le contexte, le chemin, la situation de la personne, et on ne juge que sur ce que l'on voit, c'est à dire si peu. On peut donc porter une remarque fortement à côté de la plaque. On s'égare et on blesse. Une critique peut toujours être constructive, en potentiel. Elle peut aussi blesser et nous obséder de façon malsaine, vaine. Dans la majorité des cas, mieux vaut s'abstenir même de penser à une critique. Sans perdre son esprit critique. Il est évident que critiquer peut porter préjudice, mais être d'accord avec tout ce qui se passe n'est pas forcément exempt de préjudice non plus. Je lis l'ancien testament et je remarque la quantité de malversations et vices et abominations qui ont jonché le parcours des plus grandes figures de l'histoire des relations divines avec les hommes. Nous nous voudrions juger que sur les actes, mais peut-être que les actes ne sont pas toujours une bonne indication du cœur. Cette façon de voir appelle à la tolérance, à ne pas se crisper sur les apparences. Mais peut-on s'apitoyer sur le cœur d'un violeur, d'un tueur ou autres ? Le pardon n'est pas toujours une option quand les gens sont possédés. Ou du moins, on peut pardonner, mais sans laisser la possibilité à la répétition de l'erreur, de l'abomination.

Il y a une vision linéaire, presque progressiste du monothéisme souvent. Non, il n'y a que la chrétienté qui s'est vraiment émancipée et a proposé quelque chose de nouveau et de plus grand. La "soumission" a été une critique de la chrétienté, comme le protestantisme l'a été du catholicisme. Au final, ces deux critiques majeures avaient raison sur des points importants, mais ça ne méritait aucunement de créer quelque chose à part, ça a été une erreur. Et d'ailleurs, je pense qu'il n'y a qu'une voie possible, c'est que ces critiques soient réincorporées dans la chrétienté catholique et orthodoxe. Certains pensent que la "soumission" aurait comme plus de portée car elle est plus récente. Raisonnement typique du progressisme, qui est pourtant une erreur. Il n'y a que la chrétienté qui ait un sens à l'échelle locale comme globale. Certains pourraient dire que la chrétienté est une critique du judaïsme, et quelque part oui, c'est vrai. Il y a quand même une différence de taille, celle que l'ancien testament parle d'un peuple élu, d'un pays élu, d'une ville élue. Le christianisme a posé des bases contre le tribalisme des textes initiaux, et a relevé que l'élection est pour tous en potentiel et pas seulement de manière extrêmement restrictive comme on le décrit dans l'AT. La chrétienté peut apporter des réponses aux problèmes d'ailleurs. Elle a bâti une tradition très solide, des œuvres splendides, et les plus florissantes réflexions. Donc, pour revenir au propos initial, cette conception pétée du progressisme verrait l'athéisme ou l'anti-théisme et le soumissionisme comme des choses plus modernes que la chrétienté qui elle serait un truc ancien. Curieusement, on ne va pas dire que le judaïsme est poussiéreux parce que ce serait "anti-sémite". Mais sur la chrétienté, on peut y aller. Non, cette façon de voir ne marche pas. Pour moi, il y a beaucoup de gens qui sont des chrétiens qui n'ont pas réussit à comprendre des choses importantes, et se disent par là autre chose que chrétiens.

On peut en revenir à : qu'est-ce qu'être chrétien ? Est-ce appartenir à une chapelle ? Non. Être chrétien est simplement l'humain qui tend vers le divin, fait parti d'un corps divin. Certains parlent de chrétiens dits primitifs. Primitif pas dans le sens d'inférieur, évidemment, il faut le préciser, mais dans le sens d'originel. J'en ai déjà parlé ici, il y a eu des siècles de chrétiens sans croix, sans Bible, sans toute la liturgie, sans... en fait avec pas grand chose, pour ne pas dire rien. Bref, on y reviendra.

Sur la conception de Dieu, on m'a opposé récemment que le Dieu vieux barbu il n'y croyait pas. Moi j'y crois en tant que possible manifestation de Dieu, pas en tant que Dieu lui-même bien évidemment ! Ce genre de réflexion me fait plaisir, parce qu'elle soulève le fait que le nom même "Dieu" est un raccourci pour dire "études des relations entre Dieu et les hommes" (grosso modo). Voilà pourquoi c'est une erreur que de trop politiser une religion. La foi qui s'organise devient une religion, une religion qui prend de l'ampleur devient de facto politique. L'essentiel est de ne pas se confondre avec Dieu. La séparation du pouvoir politique du religieux-spirituel est absolument nécessaire. La séparation ne peut être totale, évidemment, et supprimer toute religion sous prétexte qu'elle peut être politique est stupide. Comme il y a une séparation du sacré du profane, il y a une séparation du politique du religieux. Sans cela, tout est sacré donc rien ne l'est. C'est la séparation qui permet au sacré d'être. Voilà une erreur fondamentale de la dernière branche en date du monothéisme notamment, foncièrement incapable de faire une distinction toujours aujourd'hui. Quand on est dans la conquête, on sort de la foi. Proposer quelque chose, ou du moins parler de quelque chose est différent que de l'imposer, de forcer. Si on dit parler pour Dieu, on est un menteur, on se prend pour Dieu ou prophète. On peut parler d'étude de la foi.

Une autre remarque m'a été faite, et semble être récurrente. Pourquoi Dieu n'empêche pas la souffrance, les calamités, etc. Cette remarque m'apparait un peu étrange. En quoi Dieu serait responsable déjà ? Et en quoi, même si il était responsable, cela serait une preuve qu'il n'existe pas, ou alors qu'il serait pervers ? Pour arriver à de telles suppositions, il faut ne pas comprendre de quoi on parle quand on dit Dieu. On en revient à cette incompréhension initiale. Peut-être que ma notion de Dieu est hérétique pour certains dans la chrétienté, je ne sais pas, mais pour moi Dieu va bien au delà d'une figure, d'un grand esprit. C'est l'ultime. Confondre Dieu avec un grand vieux barbu est la même chose que de penser qu'être chrétien est appartenir à une religion parmi d'autres. Appartenir à une forme organisée du christianisme peut faire partie de la chrétienté, mais on peut aussi ne pas s'affilier à tel christianisme spécifique tout en étant chrétien. Un catholicisme hybridé avec l'orthodoxie, c'est à dire une religion locale, ou localiste peut s'avérer une bonne, si ce n'est la seule belle voie possible pour la chrétienté. Comme en parlait Eugraph Kovalevsky par exemple.

Journal foi 11/11/2019

Pourquoi on ne peut pas adorer la nature ? L'alternative est toujours Dieu ou le chaos. On sait que la religion chrétienne a du "gérer" beaucoup de cultes locaux de la nature. Cela pouvait être la vénération d'un animal comme l'ours, ou le corbeau, ou des arbres comme les ifs et les chênes. Ainsi que plein de variations. Être attentif à ou respecter ceci cela n'est pas la même chose que de tomber dans la vénération. Illustration de notre problématique actuelle, se distinguer de la nature n'est pas supprimer la nature. Par exemple, il y a le fameux "œil pour œil, dent pour dent" qui semble une loi fondamentale de la nature. La vie se nourrit d'elle-même, et cela nous parait injuste et violent, mais c'est pourtant la base. Sans nier totalement cette loi du talion naturel, on peut aspirer à autre chose. Il y a une aspiration. Une aspiration qui est similaire d'ailleurs à la relation de la loi d'argent à la loi d'or. Nous se sommes pas en dehors de la nature, mais nous n'avons pas à suivre toutes ses lois. Aujourd'hui certains essaient de créer une religion de Gaïa, et ça part dans tous les sens, avec du terrorisme, du moralisme, de la sorcellerie, et autres. Être converti ou diverti, voire inverti. Chaque état est très différent. Ce qui est curieux est qu'on est capable d'accuser Dieu de famines, de tremblements de terre, mais pas "la nature" qui semble elle que belle à en juger par l'ambiant. Il faut être diverti a priori pour penser ainsi.

Avoir la foi conduit aussi tôt ou tard à adhérer à une certaine esthétique. Esthétique dans le sens de totalité mais aussi esthétique dans le sens de cohérence du beau ou du beau cohérent. Rentrer dans une église magnifique, peu sont insensibles à cette beauté. Une cohérence chromatique, figurative, etc. Faire la beauté, la transmettre.

En lisant Joseph Ratzinger, une remarque m'a interpellé. J'avais déjà parlé du fait que le nom même de Dieu pouvait être trompeur parfois, ou du moins qu'on pouvait l'interpréter de manière un brin trompeuse. Ratzinger souligne que Dieu est justement devenu comme personnel, et ce par opposition au local. Si avant on pouvait vénérer un dieu en un endroit précis, maintenant on sait que Dieu n'a pas de lieu spécifique, il est dans le peuple, dans chacun. C'est une sortie de la nature pour nous, humains. Pas une sortie totale, évidemment, faut-il le préciser. Pour autant on n'a pas annuler le local, et chaque localité a son église, et il peut y avoir des pèlerinages balisés, fixes. Mais Dieu est surtout dans le peuple. De la même façon, on a des centaines voire des milliers de figures de saints, ce qui n'oblitère aucunement Dieu. Dieu personnel au lieu d'un dieu local. Le fait que Dieu ait un nom et pas une abstraction abstraite est extrêmement important. Ce qui a été encore plus renforcé par Jésus, le rendant non seulement encore plus personnel, mais aussi de chair et d'os.

17/11/2019 journal de foi

Dès le début de cet article-journal, j'ai insisté sur la notion de consistance. Curieusement, la lecture de la Bible m'apporte plus de consistance que n'importe quel autre livre. J'ai précisé qu'il n'y a pas de genre littéraire spécifique et que ce livre est inclassable. D'où notre déroute parfois, ou notre incompréhension. A vrai dire, la Bible n'est pas classable, mais n'est pas vraiment juste un livre. C'est quelque chose qui se ressent, qui se palpe à la lecture. Par exemple, il y a plein de passages, surtout dans l'ancien testament, avec des platitudes qui prises isolément, n'ont aucun intérêt. Néanmoins, il s'en dégage quelque chose de plus qui dépasse l'entendement ordinaire. On ne peut pas vraiment lire la Bible en venant chercher des informations comme on dit aujourd'hui. Ce n'est pas un mode d'emploi, ni un manuel d'introduction comme une notice i*kéa. Que la Bible soit plus qu'un livre est très perceptible.

La foi semble être souvent vue comme se prendre pour supérieur. Pas avec la foi chrétienne authentique. Elle me permet de développer une entièreté de mon être que je n'avais pas, et notamment de continuer le développement de ma pensée sans tomber dans l'idolâtrie et les travers orgueilleux habituels de la raison seule. Évidemment, la foi est jonchée d'errances, et même invoquer l'humilité ou la vanité peut nous permettre de justifier tout et n'importe quoi. Oui, parce que si je ne suis rien, alors je n'ai rien à perdre et je peux me dédouaner de tous mes torts. Si tout est vain alors tout ce qui se fait et se dit n'a aucune importance et je peux accepter toutes les bêtises et abominations du monde, voire même les perpétrer moi-même. C'est aussi la philosophie du pardon qui peut aboutir si on la rend extrême de pardonner toutes les atrocités et les non sens du monde, encore et encore. Voyez qu'il y a toujours un équilibre à trouver. On ne peut pas se contenter d'appliquer un "conseil"  en dehors des autres. Il y a tout un contexte. Et la chrétienté présente le plus beau et le plus complet des contextes. Tel que je le vois aujourd'hui, on ne peut pas réduire la chrétienté à une religion, comme on ne peut pas réduire la Bible à un livre. C'est bien plus que cela. Est-ce que la foi est se prendre pour supérieur ? Non. Mais on peut reconnaitre que la chrétienté est le summum de toutes les "croyances". Le message de la chrétienté est suprême. Même si on peut toujours critiquer les institutions et les individus et les groupes s'en réclamant, la chrétienté va bien au delà. Mon esprit en la matière est néophyte de chez néophyte, mais mon cœur ne ment pas.

J'ai discuté de mon "coming out" chrétien avec des gens qui se disent par défaut "athées". Il y a toujours les mêmes éléments qui reviennent. Ils admirent d'une certaine façon les gens qui ont la foi (oui, pour le coup ce n'est pas des anti-théistes). Ils sont aussi très sceptiques sur l'historicité et la véracité. Tout est vu comme une construction et donc qui dit construction dit entourloupe. Ainsi, c'est comme si on disait : je n'ai pas la foi, je voudrais bien avoir la foi, mais je ne veux pas suivre quoi que ce soit. Ce qui s'entend, la liberté. Mais aussi la peur de l'engagement peut-être, car on présuppose, on surestime voire fantasme totalement ce que signifie que d'être chrétien aujourd'hui. Il n'y a personne qui va vous obliger à vous engager dans les ordres religieux ! Et personne ne va vous réprimander si vous n'allez pas à la messe. Moi j'apprécie énormément la messe. Aussi bizarre que ça puisse paraitre à dire de la sorte. Et je vais même vous dire que j'apprécie que la religion organisée chrétienne (catholique dans ma région) soit si minoritaire dans la liturgie du quotidien. Cela donne de l'espace, plus d'authenticité, et plus de possibilité d'action et de renouveau. Je parle beaucoup de la foi, et j'adore en parler, mais je verrais presque comme un échec que mes paroles convainque quiconque de se "convertir". Évidemment, je ne serais pas mécontent que plus de gens s'intéresse à la chrétienté, c'est la destinée. Mais pas par des conversions. Il faut que ce soit authentique, il faut pour cela que la foi frappe, pas que l'individu fasse son marketing pour recruter et forcer à suivre. Et la foi est un mystère. Il y a un an de cela, j'aurais été dubitatif voire moqueur qu'on m'annonce que j'allais aller à la messe toutes les semaines.

Ah, parmi les critiques, on m'a à chaque fois sorti les prêtres pédophiles, le scandale que Dieu puisse permettre les massacres, les tempêtes et autres atrocités terrestres. La pédophilie des prêtres est vraiment immonde, ça me désole tellement. Pour les enfants, en premier, et aussi pour les prêtres en question qui ont été indignes et que je n'ai pas de mal à juger moralement à mon niveau. Pour Dieu qui "permettrait" toutes les atrocités comme preuve soit qu'il n'existe pas, soit de sa perversion, ce n'est pas facile à répondre, à part que rendre responsable Dieu de tout et se dédouaner de tout me paraît quand même étrange. Du reste, je ne peux pas parler des plans de Dieu, je ne peux pas parler à sa place, faut-il le préciser !

Une dernière remarque du jour. Le solennel de la liturgie, ponctué quand même de traits d'humour de la part du prêtre souvent, n'est pas pour impressionner les gens, ou les rendre soumis. Pour moi, le solennel représente l'amour dans la reconnaissance de la vanité. L'élan et l'enthousiasme de l'amour, quand on est porté par la foi, mesuré par et rapporté à la reconnaissance que nous sommes vanité. Cela n'a donc rien de triste non plus. Sauter au plafond à la messe traduit plus une hystérie qu'un amour, et si on veut du spectacle qui en mettre plein les yeux autant aller voir un film de super-héro, ou un concert qui pètent les tympans. Le solennel c'est le partage contenu, le respect de l'autre, la politesse, la mesure et la profondeur, la consistance. Ponctué d'un peu d'humour si on veut, si ça nous fait peur. Donc, le solennel est l'amour dans la reconnaissance de la vanité.

25/11/2019 journal foi

Bon, petit moment que je n'ai pas écris et j'ai noté pas mal de remarque sur mon carnet. Par où commencer...

Aller, on remet une couche sur l'athéisme. Quand des gens disent "je ne crois pas", en fait cela signifie "je crois que je ne crois pas", et je crois que je suis plus malin, je crois que je ne suis pas dupe, pas naïf. Le mot même croire signifie aujourd'hui l'à peu près, le probablement faux, une posture inverse du scepticisme, du doute, et donc presque, rapidement, de toute intelligence. Quand on entend "je crois", on entend aujourd'hui "j'ai abandonné la réflexion, la recherche" et presque mon cerveau même. Cela donne l'impression de dilution et d'abandon. Alors que ce n'est pas le cas. Du moins, ça peut l'être pour certains, chacun est unique et libre. Mais ce n'est pas un abandon de ses capacités. Il peut y avoir plusieurs abandons nécessaires avant de dire "je crois". On parle de renoncements, mais ce ne sont pas des renoncements à l'esprit critique, ce sont des renoncements à se dévouer, ou à vénérer des abstractions inférieures, ou plutôt de ne pas remplacer Dieu par d'autres dieux, ce qu'on appelle l’idolâtrie. Je remarque donc que beaucoup de gens mettent une distance avec la foi partagée par peur d'être pris pour naïf, ce qui est justement naïf comme peur. Être méfiant peut toujours être justifié d'une certaine façon. Mais on surestime aujourd'hui l'effet d'embrigadement dans la foi, surtout dans la foi chrétienne.

Au sein même des "croyants", on retrouve une méfiance rationaliste. Hier encore j'entendais des croyants souligner que le fait que les écrits du nouveau testament aient été écrit après, et par différentes personnes à différentes époques fait que cela ne serait pas crédible. Pour moi, cet argument peut au contraire souligner la pertinence et le réalisme de ces écrits. Puisqu'on avançait l'excuse de l'esprit scientifique, j'ai répondu que la science était justement un processus et pas un truc qui tombe dans les mains tel quel, et qu'ainsi les écrits correspondent plus à la science qu'à une révélation toute cuite. Totalement contradictoire, on voudrait pour que ce soit "scientifique" que ça ne le soit pas du tout. Mais c'est assez courant avec le scientisme. Ce qui est fascinant aussi avec cette histoire de doute rapport aux écrits, est qu'on a l'impression que personne, pendant des siècles n'aurait eu l'idée de vérifier l'authenticité et la pertinence de ces textes. Lors de cette soirée, le père a justement pointé du doigt, à un moment, que c'était très fort probablement les textes les plus disséqués de l'histoire.

Cela illustre qu'on s'imagine souvent les croyants, et notamment les représentants religieux, comme un peu benêts à n'avoir jamais rien remis en question, à n'avoir jamais douté de quoi que ce soit. Il est vrai qu'on a des associations mentales aujourd'hui qui nous disent que si quelqu'un est gentil, parle avec le cœur léger, avec des mots doux, il est forcément un peu bête. Pareil avec le côté récitation. Si tu récites ou copies tel chant et tel geste c'est que tu es un peu niais. On pense ces choses là, sans s'imaginer que ça puisse être l'inverse. La messe par exemple n'est pas un lieu pour vraiment étudier comme on étudie un texte à l'école, chez soi. On "étudie" par la communion, par le partage d'un moment, de quelques mots, gestes, etc. Ce qui n'empêche absolument pas de lire et de réfléchir. La messe n'est pas un lieu d'étude littéraire ou philosophique. On peut aborder certains points, évidemment, on peut échanger un peu aussi parfois, mais ce n'est pas le but. Et la foi ne se résume pas à la messe. On a cette idée qu'aller à la messe serait le seul moyen de manifester sa foi, de l'approfondir, d'être chrétien, alors que non. Moi, je trouve ça important aujourd'hui, d'y aller régulièrement. Mais ce n'est pas ce qui fait que je me dise chrétien.

Sinon, j'imaginais qu'être chrétien aujourd'hui serait aussi faire attention à son corps. Pas idolâtrer son corps, évidemment. Mais tout de même le rendre plus en santé, plus vigoureux. Je vois beaucoup de gens plutôt sveltes chez les chrétiens, et cela est bon, mais on voit peu de gens costauds, musclés, qui en imposent physiquement autant qu'intellectuellement. Aucun doute que beaucoup de chrétiens puissent être très performants dans l'intellect. Mais parfois tellement, qu'on devient chétif. On gagnerait à se muscler physiquement. Afin d'être plus complet, d'une certaine façon. D'ailleurs, je songeais à ce que pourrait nous dire Jésus à notre époque, nous inciterait-il pas, en voyant nos états physiques, à faire plus d'exercice ? Que dirait-il des technologies aussi ? Mais cela est un autre sujet, pour plus tard.


Toute religion peut porter une engeance totalitaire. Mais il faut reconnaitre que le monothéisme donne des suppléments à cela. Le judaïsme se définit comme une tribu, et donc même si par là on considère tout le reste comme inférieur, ce qui peut facilement être perçu comme une provocation, cette limite tribale permet de ne pas tomber dans le totalitarisme, a priori. Le christianisme a ouvert cette tribalité et donc aussi la porte à l'universalisme qui vire facilement vers le totalitarisme. L'islamisme combine le retour à la tribalité avec l'universalisme le plus total. Sinon, le simple fait d'avoir la foi peut être perçu comme une supériorité sur autrui, peut importe la confession sur ce point. Et moi-même en tant que chrétien, je me dois d'être honnête, et je me considère d'une certaine façon supérieur à d'autres. Mais attention, je ne me considère pas supérieur parce que je suis chrétien, mais parce que je suis sur la voie de la compréhension du message christique, et que je sais que beaucoup de gens peuvent l'être honnêtement. J'en ai vraiment rien à faire de la conversion. Moi, je vais vous dire, j'apprécie que les églises là où je vais ne soient pas bondées. J'apprécie que la religion chrétienne ne soit pas une obligation, je trouverais cela même stupide et antinomique. Ce que j'aime est de voir, sentir et partager la foi, et les valeurs inhérentes à la chrétienté. Ainsi, je ne me considère pas supérieur, mais je sais que je suis supérieur parce que, sur ce point, j'assume ma foi. Je ne suis pas supérieur en mathématiques, en art, et autres. Mais avoir la foi est un plus dans l'existence, et ce plus est à la portée de beaucoup. Supérieur donc dans le sens d'aller vers le mieux, pas dans le sens d'acquisition de statut absolu. Si vous saisissez cette nuance importante.

Ce qui m'amène dans ce chapitre est donc de surveiller, d'être vigilant quant à cette tendance au totalitarisme inhérent à la religion. D'ailleurs, j'y pense, je n'aimerais pas aller à la messe avec ma famille par exemple. Pour moi, c'est un moyen d'être une personne à part de ma famille, car c'est une affaire personnelle avant tout la foi. J'aime partager des valeurs communes avec ma famille, mais je n'aimerais pas retrouver ma famille à l'église régulièrement en même temps que moi. Ce serait une distraction. J'ai de la chance, ils n'y vont jamais. Je comprends que des gens qui ont été forcé d'aller à la messe tous les dimanches en famille peuvent arriver à en être saturés. Par exemple, on m'a en quelque sorte forcé au baptême parce que j'étais bébé. Mais je n'ai absolument aucun regret de cela, je le referais aujourd'hui sans hésiter. On ne m'a par contre jamais forcé à aller à la messe, même lors des fêtes importantes, Noël et autres. Au contraire, on m'a toujours induit une distance. J'ai souvenir que la communion était une belle chose que j'ai beaucoup apprécié sur le moment, mais j'ai vite retrouvé le rythme et les préoccupations d'un enfant puis d'un adolescent, jusqu'à me croire supérieur à justement ne pas croire, à rejeter en bloc. Voyez que finalement, se sentir supérieur par la foi peut être aussi un argument inverse, le "je me sens supérieur parce que je ne crois pas". Cette longue errance en dehors de la foi me permet d'être plus tolérant, parce que j'imagine que si mon moi d'aujourd'hui parlait avec mon moi d'il y a 2 ans, ou d'il y a 12 ans, je serais en désaccord profond. Ce qui me fait revenir sur l'idée que le cheminement est ce qu'il y a parmi les plus importants dans la chrétienté.

Revenons à cette idée de totalitarisme. Quand on y pense, d'une multitude de dieux, on s'est retrouvé avec un seul et unique Dieu. D'une multitude de livre on s'est retrouvé avec surtout un seul livre. Cette dynamique me parait absolument génial, mais on peut y voir un aspect totalitaire. Devant la masse grandissante de savoirs, dont savoirs écrits, qu'elle n'est pas si idiote l'idée de vouloir condenser, proposer une synthèse multiforme au delà de tous les genres et usages. Attention, je ne réduis pas la Bible à une entreprise de la sorte. Je propose une façon de voir un peu bébête mais qui me semble peut éclairer le propos. Pourquoi ne puis-je pas prier le dieu de l'océan si je vais en bateau quelque part ? Avec le christianisme catholique on peut prier Dieu directement et/ou via un saint ou une sainte. Ces saints et saintes sont des représentants divins pourrait-on dire. Désolé je caricature pour suivre l'idée. Il n'y a plus vraiment de restriction. Le catholicisme peut paraitre encore plus totalitaire car il propose une verticalité humaine représentative du divin sur terre, avec le pape au sommet. Je ne sais exactement ce qu'il en a été dans le passé, mais aujourd'hui je ne vois pas de problème majeur à cette organisation, au contraire.

Journal foi 01/12/2019

Deux ou trois semaines que j'allais deux fois à la messe. Et cette semaine je suis revenu au seul dimanche. Cela m'a manqué en semaine. La messe en semaine dure moins longtemps, et il y a quasiment personne. Je dois avouer ma petite préférence à la messe de semaine. Attention, j'aime quand il y a du monde aussi, la communion est plus ample, mais j'affectionne l'intimité presque dans laquelle on peut développer sa participation, son partage. Oui, on est chacun sur sa chaise, on dit bonjour au prêtre et à une bénévole engagée, mais on ne se dit que rarement bonjour entre pratiquants. Au début, j'avais trouvé cela un peu froid et choquant. Il faut dire on a en tête l'exubérance culturelle, et pour la messe le gospel ou l'évangélisme un brin hystérique (à mon goût). Pourquoi je trouvais le froid choquant ? Parce que dans mes clichés mentaux, véhiculés par la société en général, être chrétien c'était être gentil de manière démonstrative. Ce qui n'est pas le cas. Laisser libre chacun est important. Nous sommes là pour communier et pas pour démontrer comment nous pouvons être les plus polis en surface. Sinon, le fait de n'aller qu'une fois cette semaine à la petite chapelle m'a fait redevenir étranger très vite à la liturgie. Au début de la messe, j'étais en décalage, je ne voyais plus vraiment l'intérêt. Mais je me suis rappelé et la liturgie m'a rappelé elle aussi. Cela me permet de peser l'importance de la régularité, même quand on n'est pas dans l'humeur comme on dit. Pas pour s'accrocher à une illusion mais bien pour continuer d'étudier avec acuité. La foi est une question de vigilance du cœur. Certains ne vont pas à la messe, mais moi, étant donné que je m'y rends, c'est important pour moi. Ce n'est pas absolument indispensable, et c'est pour cette raison que cette liturgie forgée sur des siècles est importante. Cette liturgie peut et va évoluer encore.

Hier je discutais un peu des pensées de Krishnamurti. A l'époque où j'ai commencé à lire ses livres et écouté ses entretiens, j'avais été assez sidéré de ses propos. Il est extrêmement radical. D'un côté je suis d'accord avec lui dans sa recherche de l'honnêteté, de se défaire de ses illusions, tout ça. Mais il a une approche très bouddhiste zen en réalité. Zéro mental, no mental. Aucun rituel, aucune attache, etc. Le détachement. Aujourd'hui je trouve cette posture assez vaine. Rejeter toute construction de rituel est se condamner à en recréer de nouvelles spontanément, tôt ou tard, ce qui constitue une perte de temps justement. Krishnamurti peut dire par exemple que prier Dieu est aussi vain et virtuel que de prendre une drogue, ou d'acheter en bon consommateur. Évidemment, certains vont probablement à la messe, ou se disent chrétiens et s'en servent comme d'une fuite de la réalité comme il dit. Si on veut jouer à ces jeux, alors qu'est-ce que la réalité ? Qu'est-ce qu'une fuite ? A bientôt. Il transparait de cette posture un moralisme plus fort que ce qu'il cherche à dénoncer. En quoi la déconstruction ne serait pas une construction elle aussi ? Quel intérêt alors ? Se mettre en valeur, imaginer qu'on est plus libre en suivant cette idée de devenir libre ? Cela fait longtemps que je n'ai pas relu cet auteur, mais ces postures m’insupportent. Il est probablement plus nuancé sur certains points, mais comme il relègue ma foi à la louche à un divertissement je lui renvoi la finesse de sa sagesse en broyant ses présupposés. Faire la démonstration qu'on peut ne plus penser, ou être libre au point où on n'a plus d'attache me semble absurde au possible. Oui, le mental peut poser problème parfois. Et alors ? Oui, on a des attaches à notre famille, nos amis, notre ville, nos paysages, nos cultures, etc. Et alors ? Pour moi cette réflexion de la pertinence de chaque chose est effectivement importante, mais rester sur ce plancher est vraiment plan plan et infantile. Mon dos pose problème parfois, alors je ne vais plus l'utiliser. Aussi absurde que ça.

C'est pareil avec le détachement du verbal. Bien sûr je peux comprendre qu'on veuille se détacher du verbal, et alors tu deviens tout sens, ou aucun sens en même temps. Pour moi c'est une forme d'esthétisme aussi, pas supérieure, ou pas plus dans le vrai que la chrétienté qui embrasse le verbal. On a la vie monastique qui peut dans certaines branches explorer ces idées de dénuement matériel et verbal et sexuel, et tout ce qu'on veut sauf Dieu. Dire que Dieu est une fuite du réel est quand même pousser l'insulte et l'absurde un peu loin. Voire les propos sur l'athéisme ou l'anti-théisme.

Comment j'en suis venu à la foi ? En fait je répondrais que je sens la foi quand je lis la Bible, c'est vraiment surprenant. Et je suis toujours que dans la lecture de l'ancien testament. J'attends avec impatience d'arriver au nouveau testament. Mais déjà à l'ancien, même devant des passages qui ne présentent aucun vrai intérêt en soi, je ressens quelque chose de supérieur. J'ai beau m'éloigner et revenir des textes, à chaque fois c'est les mêmes effets. La liturgie et les églises ont un effet similaire, bien que moins fort, sauf devant la beauté parfois. Et bien sûr je peux toujours interroger mon cœur vis à vis de Dieu et alors je suis à chaque fois terrassé. Ce pour quoi j'évite de le faire trop souvent, ou alors seulement en entrouvrant la porte et sentant la température (pour l'analogie). Dans la radicalité je pourrais dire que je n'ai besoin que de ma conscience. Ce qui n'est pas faux, d'une certaine manière. Et même ce que j'appelle ma conscience pourrait s'avérer une illusion. Ce qui n'est pas faux d'une certaine manière. Mais est-ce que reconnaître cela signifie qu'il faut tout envoyer bouler ? Tout supprimer ? Ridicule. Absurde. Je peux admirer certaines personnes qui sont radicales dans leurs voies, leurs méthodes, mais jamais quand il y a systématisation, et bien évidemment quand ça porte préjudice à autrui faut-il le préciser.

Pour la plaisanterie. Je pensais à ce que si j'étais seul, pas d'obligation sociale du tout, je ne me raserais pas la barbe, même si la mienne est moche, et je ne me couperais pas les cheveux. Je serais alors comme le prescrit l'ancien testament. Bon, pour les invectives vestimentaires de l'AT, je repasserais. Je songeais alors à ce que ne pas se raser les dessous de bras pour les femmes serait aussi probablement biblique. Ce qui m'amuse un peu au passage parce que le féminisme se construit parfois en opposition à la chrétienté qu'il jugerait misogyne de fond en comble. Et le féminisme dit parfois qu'être féministe c'est ne pas se raser les dessous de bras. Alors que c'est "biblique" de ne pas se couper le cheveux et de ne pas se raser. Le choc. Je me sens obligé de préciser que je ne réduis pas le féminisme au fait de se raser ou non les bras, évidemment, merci de m'éviter cet écueil d'interprétation, c'est juste une réflexion de passage qui m'amuse vaguement, rien de plus.

Journal foi 6/12/2019

En quoi suis-je légitime pour parler de la foi ? Cette question revient fréquemment en moi. Je ne saurais dire. Déjà, je parle pour moi, de mon expérience. Je fais des généralités mais qui n'ont pas de prétention autre qu'être ce que je pense sur le moment où je les écris. Je ne suis pas à parler de foi pour tout le monde, à la place d'autres personnes. Ensuite, oui, je suis nouveau dans la foi, et dans la foi chrétienne. Alors, est-ce que je ne m'emporte pas ? Oui, je m'emporte parce que cela me réjouit et m'apporte énormément. Devrais-je cacher ma joie, ne pas réfléchir, ne rien partager pour être légitime ? Cela ne me semble pas porteur. En fait, je me rend compte que ma récente foi ne nie rien de ce que j'ai pu penser et ressentir et faire par le passé. Au contraire, cela s'aligne. Il y a plein de valeurs que je partage mais qui n'avaient pas d'envergure, étaient isolées, et se retrouvent mises en perspective dorénavant. Je trouve ça extra-ordinaire. Alors oui, je m'emporte parfois, et alors ? Peut-être que certains points vont me faire déchanter en partie dans le futur, peut-être pas. Nous sommes ici sur un journal, je partage au fur et à mesure, ce n'est pas un exposé, ni rien de grandiloquent. Le syndrome de l'imposteur est surnagé par la joie profonde d'avoir la foi. Et les textes me rappellent que Jésus aime les cœurs chauds.

Comme je l'ai déjà noté quelques fois, l'inspection de son cœur est probablement ce qui est le plus puissant dans la foi. Mesurer l'honnêteté. Alors, parfois cela me prend d'observer mon cœur, d'être heureux dans les tréfonds de mon âme, jusqu'à vouloir  crier et alors ne même pas crier en dehors ni crier en son cœur, mais laisser le cœur en chaleur irradier progressivement, éternellement. Cela paraît de la poésie, mais c'est ainsi que je le vis, et je ne vois pas d'autre façon plus directe de le dire. En fait, je réalise pleinement, par la foi, à quel point il y a plein de plans différents et pas un seul monobloc.

Journal foi 10/01/2020

On peut passer un temps fou à critiquer l'athéisme. D'un côté, c'est mérité. De l'autre, c'est juste chronophage et n'apporte pas grande chose. Si je critique l'athéisme, je me critique moi aussi par là. Car je l'étais encore il n'y a pas si longtemps de cela. Si mon moi d'aujourd'hui devait confronter mon moi d'il y a trois ans, ce dernier serait agacé par le premier. Donner le temps au temps comme on dit. Et le mystère de la foi, toujours. L'athéisme est une zone tampon. Polythéisme éclaté et/ou protestantisme. Je suis critique envers ces deux caractères. Je me demande si le fait que les athéistes n'ont pas conscience d'être polythéistes ne serait pas un facteur aggravant. Peut-être l'inconscience, même finalement l'inconscience dans la conscience (quand on ne mesure pas la portée de ses postures), est un facteur amoindrissant. Il ne s'agit pas de juger, mais de voir et d'expliquer les conséquences et ce que ça implique en amont. Le pardon arrive. Comme on ne va pas dire à un enfant qu'il est stupide, on ne va pas le juger moralement, on va l'avertir que courir dans les escaliers est dangereux. C'est un "paternalisme" (mais aussi un "maternalisme"), certes, et ça peut s'avérer énervant, mais les faits sont là. Il y a des dangers, il faut avertir. Faire des erreurs est indispensable pour apprendre, mais faire l'erreur de courir sur la route sans regarder les voitures ne nous apprendra pas grand chose. Et il existe d'autres dangers de ce même acabit dans d'autres domaines que la sécurité routière. Mais, sinon, l'athéisme est intéressant justement parce qu'il permet une réflexion profonde sur la foi. Ainsi, quand on critique l'athéisme on ne s'occupe pas tellement de l'athéisme en soi, mais bien de notre foi.

On peut toujours se demander si tout ce que l'on fait dans la foi n'est pas une vanité. Pourquoi le signe de croix, pourquoi une église, pourquoi des livres, pourquoi des rituels, pourquoi des gestes, pourquoi des symboles, pourquoi des interprétations, etc. Si Jésus ou un prophète ou un signe puissant et indéniable venait aujourd'hui, on se sentirait peut-être encombré de nos traditions. Est-ce que le vide est mieux ? Peut-on vraiment n'avoir aucun rituel, aucun lieu, aucune croyance ? Non. Certes, la foi implique d'être capable de tout laisser en plan au cas. Cela ne veut pas dire que tout ce que nous faisons et construisons par foi n'a aucune valeur, ne devrait pas être. Il y a même probablement une plus grande vanité à prétendre échapper à toute vanité. Le nihilisme n'est pas nihiliste sur lui-même a priori. Bref, on s'emmêle facilement les pinceaux sur ces jugements et contre-jugements. On confond plusieurs plans en un seul. La question délicate maintenant est d'être conscient du caractère superfétatoire presque de toutes nos traditions tout en sachant pourtant s'investir dedans. On comprend souvent la prise de conscience comme un abandon total et définitif. Mais ne pas faire le signe de croix ne signifie rien. Faire dans le réductionnisme et dire que Jésus était un fin politicien légèrement anarchiste est absurde tout autant. Pourquoi quelque chose alors qu'il pourrait rien n'y avoir ? Pourquoi X alors qu'on pourrait réduire X à une de ses composantes ? Il y a ce schéma qui se répète. Oui, il faut dire non à un certains nombres de choses pour la foi. Cela ne veut pas dire qu'il faille dire non à tout, foi comprise. Dire non est une partie du processus. Il faut tôt ou tard affirmer quelque chose. On peut spéculer sur quel type de maison il faudrait, si on se limite à cela, ça ne nous donnera pas de maison. Contrairement à ce qu'on se figure souvent quand on est en posture de critique, les constructions de la foi sont ce qu'il y a de plus "rationnel". Même si on peut toujours trouver du n'importe quoi dans ces constructions. Mais cela est un autre sujet.

J'écoutais une chanson qui parlait d'amour. Beaucoup de chanson parlent d'amour. De l'amour tout le temps. Ce qui me rappelle l'eurovision. Je repense alors aussi au romantisme. Tout cela peut aussi être une forme d'idolâtrie à un certain point. Jésus-Christ est amour. Mais l'amour de tout est l'amour de rien. La foi en Dieu permet de ne pas tomber dans des excès d'amourisme qui peuvent être délétères. D'ailleurs, le message de Jésus va en ce sens. Cela est un peu bête peut-être, mais je pense que je vais me rappeler que seul Jésus compte au final pour éviter de me laisser emporter par mes émotions.

Ah, j'y pense. J'hésitais juste avant entre utiliser le nom Dieu et le nom Jésus. Ou alors utiliser les deux. Je me rends compte qu'on peut parler bien souvent de Jésus seul, car Jésus est Dieu incarné, de la même façon qu'on utilise le nom "Dieu" au lieu d'un enchainement de périphrases pour désigner l'ultime, le plus grand, le très haut, etc. Dieu est déjà une personnification. Jésus est la continuité. Ainsi peut-on parler de Jésus seul, car en disant Jésus on dit Dieu.

Autre sujet. Je songeais au reproche fait souvent au catholicisme : le célibat et vœux de chasteté des prêtres, et sœurs. Cette critique revient vraiment très souvent. Surtout en rapport aux affaires ô combien honteuses au delà de l'imaginable et criminelles de pédophilie dans le clergé. Certes l'abstinence est par définition se mettre en situation de frustration sexuelle. C'est bien le but de provoquer une frustration pour replacer les "énergies" dans la foi, dans la transmission de la foi. Ce n'est pas un critère choisi de manière arbitraire, ou fantaisiste, pour torturer les individus engagés dans la voie spirituelle catholique. On peut tous le remarquer au quotidien, quand on est plongé dans un état précis, il est difficile de passer à un autre état de suite, il y a un effet d'entrainement. Si on fait du sport et qu'on y prend plaisir, même plaisir dans la douleur, alors il y a de fortes chances qu'on soit pris dans un besoin de sport. Et pendant qu'on fait du sport, on ne peut pas lire (on va me dire si en posant un livre et en courant sur un tapis roulant : ok). La sexualité amène la sexualité, et avec cela un ensemble de phénomènes liés. Dans un couple, il faut faire attention à l'autre sans cesse, à tous les projets, à toutes les possessions communes, etc. Autant de temps et d'énergie, et d'attention qui ne va pas vers la foi et les fonctions au sein des ordres. Certains se demanderaient alors pourquoi ne pas se stériliser et se castrer. C'est à moitié ce qui est proposé dans le judaïsme et le croissantisme. Excision féminine et masculine. On va se rendre compte que cette voie catholique est finalement plus éthique que les autres à l'avenir. Ce qui n'excuse guère ces affaires, j'insiste. On retrouve aujourd'hui des excisions volontaires dans le mouvement dit trans par exemple. La pénectomie étant pour les hommes le stade le plus radical de la circoncision. L'église catholique refuse les mutilations, volontaires ou non. Castrer radicalement tous ses membres investis dans le corps de l'église ne ferait que déplacer le problème de la sexualité en tant que phénomène de distraction du spirituelle. On peut trouver plein d'autres zones érogènes, et même de l'érotisme sans toucher, etc. Si on raisonne comme un protestant radical on aboutirait à la conclusion qu'il faudrait éliminer tout le corps et l'esprit pour les reconfigurer sans distraction. Je rappelle que vœux de chasteté et de célibat sont obligatoires dans les ordres mais qu'il n'est pas obligatoire de rentrer dans les ordres en premier lieu. Ah et ces affaires d'eunuque ne concernent pas que le monothéisme, on trouve a priori selon ce que j'ai lu vite fait à l'instant des considérations similaires en Asie dans l'histoire. Sujet à creuser au niveau mondial tient.

31/01/2020 Journal foi

De plus en plus, je crois imprégner que la messe n'est pas le lieu de l'étude. Au début, j'étais encore dans l'inertie des critiques mi-athées de ce rituel, comme de quoi la messe était passive, un lieu d'obéissance, où l'on n'apprends rien. Il est vrai que pour apprendre, il n'y a pas tellement d'occasion pour le premier venu. Déjà que les informations des messes et des lieux ne sont pas toujours évidentes à trouver. On peut surtout étudier seul, la Bible en priorité, puis méditer, observer, etc. Mais les institutions religieuses ne proposent pas facilement, du moins dans une ville moyenne, des études, à moins de vouloir s'engager dans un cursus ou carrément dans les ordres, évidemment. Quelque part, cette situation est intéressante car on est chacun face à sa foi et face à Jésus. Mais l'aspect social et intellectuel manque peut-être. Du moins, je ne le vois pas beaucoup par chez moi. Pourtant je participe à des groupes cathos de jeunes de ma tranche d'âge.

Sinon, je comprends de plus en plus ce qu'est le catholicisme. Avant, comme on peut le lire au début de ce journal, j'avais tendance à le dénigrer, comme auparavant je dénigrais aussi la chrétienté dans son ensemble. Je pensais que l'orthodoxie était forcément mieux, certainement influencé que j'étais par quelques personnes et par l'anti-catholicisme basique ambiant. Dorénavant, sur plusieurs niveaux, je considère qu'il s'agit de la meilleure voix aujourd'hui. Je suis juste très sceptique sur la tendance au protestantisme parfois. Retrancher jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien. Si catholique veut dire universel, alors oui, nous pouvons voir des débuts de foi dans toutes les autres traditions religieuses du monde, même à travers des adorations primitives de la nature. Le pape actuel dénigre quasi systématiquement les catholiques traditionnels, ou les catholiques "déjà acquis". Cela peut être en rapport avec un des messages du Christ, certes. Mais je ne comprends pas pourquoi il insiste tant là-dessus. Et la vénération de l'invasion africaine orchestrée est un point sur lequel je suis en total désaccord. On le traite d'hérétique sur bien des points. Bon, j'avoue que le voir entouré d'une troupe de cirque et lancer un anneau produit une drôle d'impression. Bref.

Visionnage de plusieurs fictions en rapport à la papauté. New Pope et Les deux papes par exemple. C'est bête mais ces fictions m'ont fait beaucoup réfléchir. La papauté n'est pas une prétention d'être plus près de Dieu, mais une charge énorme. On focalise sur les privilèges d'un tel "poste", sans mesurer l'ampleur de la "tâche", le poids immense de participer à guider plus d'un milliard de personnes, voire, avec le catholicisme II, les 7 milliards. Toutes les traditions sont des étapes vers l'universel de la foi catholique. Cet élan catholique est magnifique, et me ravi de bien des façons. Il y a une poétique, c'est certain, tant d'art aussi, sans se réduire à cela. Bien que l'art m'ait en belle partie amené à la foi. Être catholique, c'est beau, tout simplement. Une beauté qui n'est pas qu'une esthétique, mais est un élan, un dynamisme porteur qui nous amène bien au delà de nos près carrés. On peut certes, comme dans toute chose, s'enfermer dans des cases étroites et stupides. Je ressens plutôt cela comme une légèreté ou allègement. Allègement, pas dans le sens de retranchement, mais dans le sens de suppression de beaucoup de lourdeurs. Bon, sinon, pour en revenir aux fictions, je suis bien conscient que ça reste des fictions, que c'est d'évidence romancé. Cela n'empêche guère d'être porteur de certaines vérités, d'être un support pour l'esprit et pas juste une distraction vaine.

Pour revenir sur l'orthodoxie. Ce qui est un peu pénible parfois dans le comportement de certains orthodoxes sur le net est de jouer les gros durs presque, genre nous on est les vrais et traiter d'hérétique facilement les autres. Cela dénote une vision plus tribale, pas autant que le croissant et l'étoile de David, mais quand même. Cela rejoint l'idée de via negativa qu'on pourrait voir en la papauté. L'existence d'un "chef" ultime permet d'éviter ou de diminuer les guéguerres à d'autres échelles. Ce n'est pas magique, ni systématique, mais quand même. Cela vaut le coup de s'y attarder deux minutes. J'ai envie de revenir sur la notion de support. Le minimalisme c'est soit-disant le calme par l'épure. Allez dans une pièce blanche vide. Tous les jours. Je ne suis pas sûr que cela soit particulièrement reposant. Une pièce décorée, très décorée, mais avec une unité, une cohérence, le beau inhérent, propose une sublimation esthétique qui ensuite "annule" l'attachement au sensoriel sans l'anéantir. On donne un support à l’œil pour que l'esprit puisse voir au-delà, le dépasser. On donne un support à l'oreille pour aller au delà. Certes, on peut rester séduit par l'esthétique seule, comme bloqué à un niveau, au seuil. On se dépasse pour produire des œuvres magnifiques qui ensuite nous servent à dépasser nos sens. Le magnifique fractal. 

02/02/2020 Journal foi

On est forcément tenté d'être prosélyte, d'être tribal aujourd'hui comme hier, c'est humain, si je puis dire. Mais je comprends que bercer dans ces voies est aussi ennuyeux. Guerre de chapelle, convaincre comme on enrôle à la guerre ou en politique, ou comme on veut vendre un produit ou un service. Ce n'est plus ainsi que se définit la spiritualité aujourd'hui. Ça l'était. Ça ne l'est plus. Il est clair que la foi se fait d'abord par le NON, on refuse et rejette ceci et cela, afin de pouvoir dire OUI à ce qui compte. Ce NON est indispensable au OUI. Mais il est possible que nous fassions par là trop de non. Ce n'est pas une recette, il n'est pas toujours évident de savoir ce qui doit être non, rejeté ou éloigné. Avant, on pouvait appliquer plus facilement (par la force) ces éthiques pratiques. Et c'est ce que fait le croissant aujourd'hui, et c'est ce qui fait la superficialité de tout ce mouvement aussi aujourd'hui. C'est séduisant au premier abord, et creux ensuite. Le catholicisme (Vatican II) se place au dessus de ces anachronisme. D'une certaine façon, je trouve cela honnête et vraiment porteur. D'une autre, il est possible que ce nouveau apparaisse comme une dilution. Peu de repères, juste l'accueil. Le Vatican va même jusqu'à accueillir des peuples adorant des divinités de la nature, et installer des statues de migrants, et des spectacles de cirque. Plutôt étrange. Il est vrai qu'ainsi on a du mal à vénérer le Pape en sa personne, tellement il multiplie les signes de rejet, de distance rapport à la tradition. Perso, comme je le disais au début de ce journal, je verrais bien la chrétienté incorporer même le coran dans Bible, de la même façon qu'elle a incorporé l'ancien testament. Cela peut fournir un contexte supplémentaire à la foi chrétienne. Incorporer une apparente opposition, ou divergence majeur. De la même façon que Vatican II veut voir dans les rites primitifs d'adoration de la nature un début ou une intuition sur le chemin vers Jésus Christ, il peut y avoir une ouverture au judaïsme et à l'islamisme, et autres.

Il est vrai que face à cette ouverture générale, mondiale, toutes les traditions trop strictes paraissent devenir vraiment ringardes, et c'est ce qu'elles sont. Bien entendu, il faudrait se méfier de la dilution totale, et accepter une grande variété de voies en son sein. Par exemple, ne pas empêcher des chrétiens voulant suivre une voie plus stricte, de le faire. Ceux qui veulent des règles, pas forcément des règles pour des règles mais aussi qui ont un sens adapté au réel d'aujourd'hui encore, peuvent le faire et se dire chrétien aussi sans par là dire que ceux qui ne suivent pas ces voies sont inférieurs ou "le diable". Le jeu des excommunications est fatiguant rien qu'à y penser. Cette nouvelle définition du catholicisme n'est pas évidente à cerner pour beaucoup de chrétiens à mon avis. Car le dogme a des frontières fluctuantes désormais. Est-ce encore un dogme ? Si cela ne l'est plus vraiment, alors qu'est-ce ? Est-ce plus proche de la vérité ? Plus proche du message du Christ ? Est-ce qu'il ne s'agit pas d'un pari fou, un peu excessif ? Est-ce que ce n'est pas une anticipation trop prématurée ? Est-ce que ce n'est pas une vision issue d'une élite qui est peut être dans le vrai mais en même temps en décalage avec les gens et son temps ? A méditer. A titre personnel, si j'apprécie grandement l'élan, je suis dubitatif sur beaucoup de points. On verra.

Journal foi 15/02/2020

Mon chemin continue. Je vais toujours deux fois à la messe par semaine, sauf imprévu. J'accompagne avec d'autres une personne qui veut se faire baptiser. J'y apprends beaucoup, et le fait de partager sa foi ainsi, à travers des questions bêtes souvent, me nourrit grandement. L'occasion d'être plus attentif à l'autre. Le baptême est d'une beauté qui me touche, alors accompagner une personne dans ce processus me réjouit. Sinon, j'ai rediscuté avec le prêtre de la petite chapelle. Comme ces rencontres se multiplient, ça en devient une sorte d'accompagnement spirituel. Pour le moment, ce qui m'intéresse surtout est la dimension connaissance, savoir, et il y a a la dimension émotionnelle, ou spirituelle, ou plus personnelle qui devrait suivre. J'appréhende en même temps que suis demandeur. J'aime être bousculé sur les idées, et comme je suis fort sur les idées, c'est un peu mon intimité aussi. Émotionnellement je ne sais pas ce que j'ai d'intéressant à raconter, j'ai plutôt l'impression d'être un enfant sur les émotions si je ne suis pas dans le recul et l'attitude posée. Bref, on verra ce que ça donnera. En discutant avec le prêtre des saints, j'étais assez soulagé de voir de lui ne s'y sentait pas beaucoup attaché non plus. Il prie a priori la vierge Marie, et forcément Jésus et Dieu. Mais les saints ne le portent pas tant que ça a priori. Pourtant j'aimerais connaître quelques vies de saints, pas pour les prier, mais pour enrichir ma foi. D'un autre côté, je ne peux que comprendre que passer par des figures "intermédiaires" entre Dieu et nous soit pertinent. Toujours en gardant l'idée que c'est tel saint VERS Dieu, et pas à la place de Dieu. On pourrait en effet se demander quelle prétention il y a à prier directement Dieu, comme si nous pouvions tous, des milliards, avoir une connexion directe avec Dieu. Certes, nous sommes tous de Dieu et en Dieu, mais nous ne sommes pas Dieu.

Je remarque que je change beaucoup ces derniers temps. Et que ça me plait, et que je pense que c'est vers le bien et pas seulement la futilité narcissique. Tendre vers plus de dignité intérieure.

Ah, fait comique, le prêtre ayant remarqué que je ne prenais pas l'hostie pensait que peut-être c'était un geste de contrition ou d'humilité de ma part. J'ai quasi explosé de rire en lui avouant que ce n'était que parce que j'ai des stupides intolérances alimentaires. Ce qui l'a fait rire aussi tant on est porté parfois à aller chercher des interprétations trop alambiquées.

Toujours surpris de la posture d'humilité des gens d'église, des deux prêtres que je fréquente. Surtout de celui avec qui je discute le plus. Ils ne se placent plus du tout en autorité. Je leur ai déjà posé la question d'ailleurs, comment ils font avec leur autorité par défaut. Cela semble les encombrer ou les gêner la plupart du temps. Ils veulent se concentrer sur autre chose, sur d'autres modes d'échange et de foi que cela. Évidemment qu'ils sont écoutés et observés. Mais ils s'en défont à moitié. Ce qui est admirable et juste.

J'espère trouver l'amour via l'église pour affirmer mes valeurs et croyances chrétiennes. Je n'aspire qu'à cette simplicité, avec force. Je suis confiant mais pourtant je traverse le désert presque. Ou j'exagère ici mais c'est mon ressenti.

Journal foi 16/02/2020

Messe, ce matin. J'ai pu communier donc, grâce au prêtre qui a la délicatesse de se plier à mes conditions de santé, ah ah. Et bien, ce fut bon. J'essaie d'être attentif pendant toute la célébration, ce qui n'est pas évident tous les jours. J'essaie aussi de ne pas être seulement dans la récitation mais d'appuyer les mots en mon cœur. Car je détesterais devenir un pratiquant zombie, même si cette expression est un peu dure. Parfois je me demande si je suis honnête dans ma pratique, si ce n'est pas un refuge, un vêtement, de l'apparat. Je sens qu'on peut facilement tomber là-dedans, mais en même temps ce n'est pas du tout ce que je peux voir là où je me rends, ou alors je suis aveugle, ou aveuglé par l'enthousiasme, ce qui est possible. J'écoute ceux qui critiquent la foi ou la religion. Je ne sais pas où ça va. Nous rendons-nous compte que sans religion on en recréerait d'autres ? Que sans chef, ou représentant, on retournerait à en créer de nouveau. Certains savent être indépendants, mais beaucoup non. Et même ceux qui savent être indépendants ont besoin d'un cadre parfois. La différence est certainement entre l'obligation et l'option. Ce n'est pas le centre. Moi-même j'aime me rendre à la messe, j'aime lire la Bible, mais j'essaie aussi de voir la chrétienté ailleurs que là, et la chrétienté pas en tant qu'appartenance mais surtout en tant que message, dynamique. Cela demande beaucoup, et heureusement que l'on est porté, sinon on pourrait vite se retrouver écrasé par ces messages. Que signifie aller à la messe pour moi ? C'est un moyen de témoigner sur plusieurs niveaux de mon être que je crois et que surtout je veux actualiser le message, l'incorporer le plus possible. C'est une étude, et un témoignage et un acte. Très complet et/ou complexe. Comme la Bible, d'ailleurs, impossible à restreindre à un niveau, une dimension. Enfin, certains le font, et de ce fait ils passent à côté. Pour faire un parallèle, c'est comme considérer une personne que pour un plaisir sexuel, et pas son entièreté, surtout quand on veut vivre avec la personne. Ce qu'on veut tôt ou tard rejeter, on le réduit.

J'admire les prêtres et tous ceux qui s'engagent dans les ordres. Ils doivent se sentir seuls tellement souvent malgré la communauté et les célébrations. Évidemment, on pourrait leur reprocher de rigidifier la foi, et c'est en effet ce qu'ils font. Certains peuvent parfois se confondre avec l'autorité divine. Et alors il y a perdition. En tout cas, jusqu'à présent je n'ai rien vu de tel autour de moi. 

Journal foi 18/02/2020

En revenant de la messe à vélo, sentant la transpiration, las d'avoir raté ceci et cela, a pointé en moi l'idée qu'il pouvait être fatiguant d'être soi. Quand je raisonne beaucoup, trop longtemps, sur un mode trop rationalo-mental, je tends à un moment vers une rupture car cette façon de vivre basse me galvanise l'esprit parfois jusqu'à me comporter presque comme un bourgeois de l'intellect qui exhibe ses raisonnements. Etre coincé dans la rationalité seule peut s'avérer exaspérant. Cette prétention de connaitre parce qu'on a réussi à trouver une narration logique ou à peu près logique. Une esthétique. J'aime réfléchir, méditer, c'est souvent simple et nécessaire, mais parfois ça dérape pourrait-on dire. Bref, ne plus être seulement soi, ne plus s'accrocher à une image de soi, de son isolation individuelle, intellectuelle, etc. L’idolâtrie est aussi l'ensemble des images mentales qui ne sont plus des paliers mais des stops, des petites cages. Je pourrais dans cette optique de réflexionisme dire que Dieu n'existe pas, ou trouver un tas de procédés partiels qui réduiraient Dieu à un mouchoir jetable. Tout cela dans du mental superficiel. Une sorte de démonstration que je peux moi aussi faire des pirouettes et parader comme un enfant qui donne une petite voiture en attendant qu'on lui dise merci et répétant trois fois de suite le même procédé. Je donne, je reprends, mais à chaque fois que je redonne ce que j'ai déjà donné il faudra que tu dises merci. Ah ah je suis mauvais sur cette entrée du journal.

​Sinon, oui, c'est le retour à une conception de soi qui transcende sans nier. Il n'y plus de soi, il n'y a qu'un reflet. Faire parti d'un même corps. Le mental, même dans ses prouesses acrobatiques, revient à s'accrocher, à ne pas faire confiance, à douter. Le doute peut s'avérer utile, il ne faut pas être naïf, mais il s'agit d'un jeu, et ce jeu comme chaque péché peut nous entraîner loin du simple écart initial. On se dit qu'on va se baigner, et on se retrouve dans les courants. Il ne s'agit pas de crainte à avoir, ni de paranoïa, il s'agit juste de relever les processus, les risques potentiels. Nous passons comme des contrats sans le vouloir/savoir tout au long de notre vie. C'est une image, mais une image utile dirons-nous. Comme on doit se méfier du levain de certains, de ces forces motrices qui nous donnes l'impression d'être plus, d'être puissant, de posséder quelque chose, alors que non, rien du tout. Au sentiment (image) d'être fatigué d'être soi, on se rappelle à Dieu, et alors la vanité nous saute au yeux et cela nous sauve à Dieu. Pendant que je suis là à parler de réflexionisme, ce qui me choque aussi est la brutalité dont peut faire preuve ce mode de fonctionnement. Je vois un bourgeon de fleur et je me sens débile de m'emporter dans le faux solennel d'une réflexion. Heureux les ignorants, comme on dit. Je pense surtout à la légèreté, une beauté légère et éternelle. Je suis aussi capable d'être très porté sur l'art, l'imagination et cette voie aussi peut nous perdre. D'une autre façon que le faux intellect, mais quand même. De là, on pourrait aussi être tenté d'être radical et de faire du minimalisme. Pas d'art, pas de réflexion. Puis on peut encore trouver d'autres choses à retrancher. Jusqu'à où ? Pourquoi ? Pour servir quelle idée, principe, image ?

Journal foi 19/02/2020

Hier, je parlais ici de doute. J'aime qu'on mette au défi de temps en temps ma foi. C'est dans l'écrasante majorité des cas très pathétique. De quoi peut-on douter ? Douter de Dieu est plus puéril et inconséquent que de douter de sa propre existence. De quoi peut-on douter raisonnablement ? De qui et quoi et comment est Dieu. Comme déjà dit au début de ce dorénavant long journal, Dieu est un nom. Pourquoi donner un nom à ce qui nous dépasse ? Pourquoi il aurait en plus une sorte de personnalité et ne serait pas seulement un grand principe éloigné ? Pourquoi s'intéresserait-il aux humains ? Est-ce que ce qu'en disent les humains est faux ? Ce sont déjà des questions plus pertinentes que de dire "Dieu est une hypothèse" ou "Dieu est un bonhomme imaginaire". Ce qui est surprenant malgré tout dans ces questions plus pertinentes est de considérer qu'elles n'ont jamais été posées auparavant. Évidemment, nous avons besoin de faire le chemin nous-même souvent. Dans tous les domaines, on ne peut pas se contenter toujours à 100% de suivre ce qu'on dit sans essayer de comprendre. Le chemin est important au niveau individuel aussi, et pas qu'à l'échelle historique. Il faut se poser des questions, encore heureux. Mais imaginez quand même que par là vous dites en gros que tous nos ancêtres étaient stupides. C'est pratique de se placer en haut du panier, d'avec des gens décédés, en plus. Insulter les morts. Je comprends qu'on puisse vouloir vivre mentalement sans Dieu. Je comprends qu'on puisse vouloir vivre virtuellement sans religion. On peut dire "Dieu n'existe pas" et croire à cela en tant que vérité.

Une autre façon de faire est de considérer que Jésus est un produit marketing par exemple, et que la religion est un jeu de rôle. Il y en a d'autres comme cela, dont des anachronismes, toujours partiels en plus, qui donnent immédiatement l'impression d'être plus brillant. Avec toujours cet implicite d'un état initial, ou état normal ou moyen, à retrouver. C'est toujours très ironique, tant les détracteurs tombent dans ce qu'ils dénoncent sans jamais égratigner ce qu'ils cherchaient à dénoncer. Une rationalité primordiale, qu'on aurait perdue à cause de la croyance en Dieu, et Jésus, etc. En quoi ce ne serait pas un bête pari que de dire que peut-être, mais l'on dit il faut, ça l'est, il n'y aurait rien. Je propose de croire au néant. L'embêtant est qu'il y a un nom et que cette religion est armée (Descartes à jouer). Un nom pour un rien, c'est embêtant. Mais comme c'est sûr et certains, ce n'est pas une croyance, et je me refuse d'identifier cela ni un quelconque pan de ce monolithe rationnel à une vulgaire croyance, car je me suis défait du bas, du mal qu'est la croyance. Voyez comme c'est pathétique. La voiture a besoin de carburant et donc l'homme aussi a un carburant. On en est là. Vraiment. Pomme ou foie de morue, qu'importe c'est un carburant. Tada. Magie. Implacable. Logique.

Je lisais tout à l'heure aussi quelqu'un qui s'étonnait que ceux qui veulent recréer des religions (paganisme cela est-il appelé a priori) tombent dans des rituels de sacrifice. Mais en quoi on peut penser faire autrement ? Les gens veulent réinventer la religion. D'un côté en instaurant une religion de la non-religion, ou alors une religion bêta qui empruntera tous les travers des prémices, sans les portées bénéfiques acquise sur le terme. On a un esprit religieux. Vouloir qu'il en soit autrement revient à vouloir un humain qui n'aurait pas de nez. A vrai dire, l'humain ne devrait pas avoir de nez, son état initial et normal est sans nez. Pourquoi voulez-vous qu'il ait un nez ? Vous croyez au nez, c'est bête. J'ai la vérité nue qui est que l'humain n'a pas de nez, et que le nez est la source de tous les problèmes. En voulant un retour à un état supposé plus simple, plus honnête, plus direct (l'absence de croyance) ils tombent ainsi dans une scission entre ce qui est naturel (la non croyance) et ce qui n'est pas naturel (la croyance). Jeu de chassé croisé qui se contredit, et idolâtrie de la somme nulle.

Journal foi 28/02/2020

Lecture de la Bible en groupe, avec des jeunes de la même tranche d'âge que la mienne. Plutôt intéressant de lire en groupe et de partager ses réactions, d'échanger différents points de vu. Toutes les réactions sont éclairantes, même quand elles sont maladroites. J'aime constater la diversité d'interprétation. J'aime voir aussi l'esprit critique, et l'affirmation de la liberté de chacun. Hier on discutait un peu du carême. Moi ça sera mon premier carême. Enfin, honnêtement, je ne suis pas investi cette fois-ci. Je suis encore dans une autre démarche au préalable. Mais donc, le carême, aucune des personnes présentes, dont des chrétiens depuis la petite enfance, n'a dit qu'il fallait jeûner, faire ceci, faire cela, édicter des règles strictes. C'était unanime sur le fait qu'il faillait changer quelques éléments du cours habituel, et qu'il s'agissait d'un choix personnel, aucunement une obligation, et encore moins une obligation précise. Nous sommes maitre du sabbat. Toujours est-il, j'ai hâte de renouveler ces soirées. Comme j'ai du déjà l'écrire ici, ce qui me choque dans le catholicisme aujourd'hui tel que je le vois "sur le terrain" ou "en pratique" est le désintérêt pour des règles strictes punitives si pas réalisées. On aurait même envie de leur dire, mais allez-y faites des règles, au moins un peu. Mais les catholiques que je vois semblent dire pourquoi s'embêter avec ça. Bien sûr il y a des valeurs, des rituels, mais il y a tellement aucune pression que ça en est déstabilisant parfois. En réalité, j'adore que cette absence de pression puisse autant exister aujourd'hui. Pas comme "refuge" mais bien comme dénuement, ou simplicité, honnêteté de la foi. Il semble être dit que l'église catholique reconnait ne pas avoir "la vérité". Quelle preuve de magnificence et d'humilité que d'en être là pour une institution qui a près de deux millénaires.

En lisant le nouveau testament, j'ai eu l'impression de lire parfois des récits un peu hystériques comme on dit. Cela passerait aujourd'hui pour de la folie. C'est aussi bien complexe, beaucoup plus complexe qu'on ne le pense. Il y a une image lissée qu'on présente parfois dans les rituels, alors que les textes sont beaucoup plus profonds et perturbants. De ce fait, au plus mon exploration continue, au plus je réalise que tout ce message écrit s'adresse à une élite intellectuelle, bien que le message, le contenu si l'on puis dire, concerne tout le monde. C'est complètement fou que tant de gens puissent suivre cela. La foi ne passe pas que par l'intellect, certes, mais de là à ne pas se questionner parfois, c'est surprenant. En fait, il faut l'humilité de ne pas juger les gens qui sont sur un cheminement. Dire qu'ils sont X ne dit pas qu'ils sont X, mais qu'ils sont sur le chemin de X. Et chacun est comme il est. Ah ah. Difficile d'accepter ce fait essentiel. Bref, ce qui m'intéresse est que cette complexité puisse être un test d'intelligence, puisse servir d'aide à l'esprit critique, à l'action, et bien sur au bon, au bien. Si les écrits sont une "occasion de chute", s'en défaire, ou alors plutôt se défaire de notre mono-interprétation.

Journal foi 06/04/2020

Grosse privation. Voilà plusieurs semaines que je suis privé de partage et de messe. On m'a bien convoqué/invité à une discussion vidéo de groupe en ligne, je n'aime déjà pas beaucoup le téléphone, alors la vidéo. L'intérêt d'aller à la messe et d'aller dans des petits rassemblements de lecture/discussion/partage, est justement d'y aller pleinement, dont physiquement. La symbolique à distance est toujours bonne à prendre, mais ça reste un substitut bien bas. Alors évidemment, je trouve la symbolique, si on doit réduire le phénomène à ça, du Vatican assez exceptionnelle, surtout lors de cette crise actuelle. Mais je sais que cette symbolique est lointaine. Je pourrais m'y rendre, mais jamais tout le temps, contrairement à l'église locale. Ce rapport au local, au physique, est intéressant, surtout dans la foi. On pourrait, selon cet angle de vu, armé d'un matérialisme le plus primitif possible, penser que la prière et l'ensemble des sentiments seraient des projections à défaut d'être de vrais éléments physiques. Physique dans le sens de matériellement bien solide, perceptible comme étant solide. Bref. Mais oui, cette matérialité perceptiblement solide, participe de la symbolique. La perspective réelle si je puis dire est presque inverse. Les gestes permettent de parler à d'autres dimensions. D'autres dimensions de soi et d'autres, dont autres "choses".

Sinon, cette coupure forcée me permet de mesurer ou tâter les effets de mon "immersion" dans la foi catholique depuis des mois, voire un an maintenant. Car, depuis le confinement je n'ai quasiment pas lu la Bible non plus alors que je la lisais tous les jours ou presque. Grosse coupure donc, du  moins à l'extérieur, pourrait-on dire. Au début, je me suis senti comme plus libre, mais ça a vite décampé comme sentiment superficiel. Je suis retombé, à lire aussi des livres qui n'ont aucun rapport direct avec la foi, dans ce sentiment d'inconsistance. Évidemment, il y a des choses fascinantes et extrêmement intéressantes en dehors de la foi, mais c'est tellement creux rapport à la complexité synthétisée qu'est la Bible et la liturgie. La tentation de réduire tout cela à une simple narration est toujours présente, ce doit être un réflexe, un mécanisme réflexe. Sain d'ailleurs, car cela entraine le doute, la réflexion, la méditation. Mais je suis incapable de croire à cette réduction. Bien évidemment que c'est en partie une narration, qu'est-ce qui ne l'est pas ? Toujours est-il je suis à la fois heureux de tester cette coupure dans la foi et amer de celle-ci. Cela ne nie aucunement ma foi, au contraire même sur certains points. J'ai cependant observé que mon esprit, ou mon âme, je ne sais pas exactement, semble moins stable sur certains critères. La liturgie et la discipline de la lecture (oui ce n'est pas une lecture de roman) me restreignent peut-être à quelques endroits, mais globalement j'en ressors grandit et plus solide. Je reste dans les impressions les plus brutes quitte à ce que ce soit un peu grossier.

Ce qui est vrai pour tout livre me semble l'être encore plus pour la Bible. Au plus on la lit au plus elle nous échappe tout en apprenant quand même des choses au passage. On pourrait y voir alors un effet de style à cela, dans le sens que ce serait un procédé littéraire, psycho-littéraire dirait-on peut-être aujourd'hui. Auparavant on aurait probablement juste dit spirituel. Le terme "spirituel" a probablement pris une teinte très éthérée depuis. Sinon, je me sens obligé de préciser que si je met en avant comment je vis la lecture de la Bible, je ne vénère pas le livre et les textes en soi. Pour trouver une équivalence, ce serait simplement de dire que je trouve que le truc le plus brillant pour les yeux que je connaisse, en temps normal, est le soleil. En fait, je sais simplement que je peux toujours revenir vers ce livre et trouver des éléments profonds, nourrissants. Une nourriture qui n'est pas spécialisée dirons-nous. Une nourriture qui nourrit le plus entièrement possible et pas seulement une partie, ou en complément. On pourrait dire que le côté pervers est qu'une fois que nous y avons gouté tout peut paraitre un peu inconsistant parfois en terme de lecture. Mais bon.

Journal foi 12/04/2020

Pâques. Première année où Pâques est vécue dans la foi et pas par vague suivisme, une traine. Néanmoins, par les circonstances, j'aurai aimé partager cela avec les "pratiquants" de l'église aussi, en chair et en os. Rappel que je suis toujours en découverte de la foi. C'est assez fou quand même, qu'on continue à fêter Pâques sans que personne n'aille à la messe, n'y ne croit ou n'a même réfléchit à Jésus, Dieu, la foi. Je pense être le seul de ma famille à désormais être "pratiquant", terme barbare. Qu'est-ce qui fait que certaines fêtes perdurent encore alors qu'on saborde toute la chrétienté à longueur d'année ? Certains diront folklore, ou nostalgie. Peut-être qu'on peut y trouver en partie de ça, mais c'est clairement insuffisant. Le surprenant est à quel point c'est relayé partout sans que ça soit pensé deux minutes. Évidemment, dans la foi, et donc aussi dans la "pratique" on apprend le geste de foi dirons-nous, c'est à dire à se lancer, à arrêter d'être dans le refus de tout, et dire "je crois". Ce qui n'est pas l'absence de réflexion, ou le refus absolu du doute, mais la dynamique justement. Donc, aujourd'hui, nous fêtons ni plus ni moins que la résurrection de Jésus. A l'idée et/ou au sentiment, ça me parait tellement fou, au delà de l'imaginable. C'est presque aussi fort que de songer à Dieu. On se sent tellement petit, ridicule face à cela et en même temps acculé à la responsabilité. Comment peut-on s'approcher de cette grandeur impensable ? Le fait qu'on puisse ne serait-ce qu'évoquer ces "choses" est fou et alors les fêter ! Et tant mieux. Je veux dire, on prend souvent la chrétienté comme quelque chose d'un peu poussiéreux et rétrograde même parfois, alors qu'il n'y a pas plus éloigné de la réalité. Je crois que c'est même indépassable. La folie totale, et tant mieux ! Tant de beauté, tant de nourriture. On va m'accuser de christo-centrisme, mais qu'on me présente quelque chose de plus aboutit que cela... Bien sûr qu'il peut y avoir des intermédiaires proches intéressants. On ne parle pas en terme de vérité ici. Le Vatican, l’Église reconnait officiellement ne pas détenir la vérité. D'ailleurs, que je rebondisse là-dessus, On prend l'ensemble biblique comme un outil, une métaphore. Ce qui ne veut pas dire que la Bible n'est qu'un outil et qu'une métaphore, hein. Ce que je veux dire est que Jésus peut n'être vu que comme une image. A vrai dire, on ne peut pas vérifier directement par soi-même qui est Jésus, a priori. D'où l'acte de foi. Que Jésus fut exactement comme il a été décrit est presque secondaire à mon sens, car il existe bel et bien, ne serait-ce à l'état d'image collective, de mouvement collectif. Sans réduire Jésus à une image, évidemment. Bon, sinon, pour revenir sur le début de cette entrée de journal, j'éprouve parfois comme une amertume dans la foi. Ce n'est pas une amertume mauvaise, même gustativement de toute façon j'adore l'amertume. Cette amertume vient du degré d'impuissance face à Jésus, Dieu, et même, dans une moindre mesure, mais quand même, face aux saints déclarés ou non par l’Église, de cette tradition chrétienne ou d'une autre. L'occasion de revenir sur l'excellence de  l'ouverture du catholicisme auquel on assiste aujourd'hui. J'étais sceptique au début, euphémisme pour dire plutôt opposé, mais je m’aperçois de l'extrême pertinence de ce mouvement. Longue vie que voilà ! Belle Pâques à tous.

Journal foi 02/05/2020

Toujours pas repris la lecture de la Bible depuis le confinement. Je prends cela comme une digestion, finalement. Une discussion récente avec ma grand-mère soulignait un point intéressant, je pense. Elle est du genre "oh tu sais, chacun ses trucs, moi j'ai rien à redire", un doux je-m'en-foutisme digne de l'âge avancé. Elle a pourtant des avis bien tranchés parfois, et ses manies, des obsessions parfois aussi, mais conserve globalement une distance, comme un flottement qui permet à l'autre d'être comme il est, ou presque. Rien d'idéal dans cette description. Cela vaut le coup simplement de s'y attarder un chouia. Donc, malgré cette posture, elle m'avouait quand même qu'elle a été témoin d'une personne très pratiquante dans sa famille, et qui pourtant lui a dispensé à elle, ma grand-mère, et à d'autres, des crasses régulières et long terme, voire jusqu'à la fin de sa vie et au-delà parce qu'elle a transmis des idées qui ont perdurées après elle dans sa famille. Oui, donc cet exemple bien concret a refroidi ma grand-mère sur la religion. Elle a pourtant été une vaillante défenseuse des traditions étant plus jeune. Je ne suis pas sur qu'il ai été question de foi, dans le sens de foi "choisie" et approfondie (tel qu'on peut plus le voir aujourd'hui dans la religion chrétienne), c'était un "programme" de société si il faut employer une telle façon (horrible mais pratique pour l'image) de décrire les choses. Elle a précisé sa pensée en disant qu'aller à la messe ne rendait pas meilleur, ne rendait pas les gens supérieurs. Chose sur laquelle je suis entièrement d'accord. Malgré tout, elle dit cela dans le sens où, pour elle, aller à la messe ça veut forcément dire qu'on serait supérieur, et que si on ne l'est pas, autant ne pas aller à la messe. Une idée qui semble malencontreusement assez répandue. Si les gens voyaient directement comment l’Église d'aujourd'hui ne correspond pas à ce qu'ils s'imaginent - mais qui a pu en partie être vrai il y a quelques dizaines d'années, et est probablement encore vrai à certains endroits. Toujours surpris aussi d'apprendre que des jeunes couples, jeunes parents, veulent quand même baptiser leurs enfants. sans qu'eux-mêmes ne soient religieux, ou pratiquants, voire qui ne se posent pas tant de questions. "Cela ne coûte rien, on ne sait jamais", en mode pari à la Pascal. On est loin du Rimbaud qui se torturait d'avoir été baptisé, le con. La jeunesse quoi.

Sinon, on voudrait tout aligner parfois sur la foi. Que tout ait un sens conscient et délibéré. Pourquoi pas. Mais ça peut aussi virer à l'obsession et nous éloigner de la foi justement. Si, par exemple, on avait repéré que le chiffre 40 revenait souvent dans la Bible et que l'on décidait d'en faire un nombre fétiche. Oui, bon, pourquoi pas. Mais attention à l'idolâtrie. Moi, j'aime bien le 3, entre autres. Au moins changer de nombre de temps en temps ah ah. Surtout portez des vêtements à franges. Blague à part, je pense qu'il y a bien l'idée d'union finale, en partie au moins, derrière l'idée de Dieu. Un alignement général. Donc, oui, on s'ajuste à Dieu, progressivement, presque passivement parfois à certains égards. Je pense notamment à l'exercice physique, que je pratique pas mal ces temps-ci, pour moins ressembler à une crevette, et pour le plaisir aussi, et la santé, bref. On fait parfois des gestes ridicules, répétitifs, et qui n'ont aucun sens. Et je me dis que si l'on dirige ses gestes vers une dynamique plus grande que le geste seul, ou l'esthétique finale visée (gros biceps), on pourrait donner une autre dimension à ces éléments. Ce n'est pas les sacraliser, attention, juste ne plus les isoler dans un carcan superficiel. Cela pourrait être applicable partout. Je pense aux gens qui se revendiquent féministes tout ça. Elles se sentent réduites à, selon leur propre expression, "un utérus sur pattes". Évidemment, dans une société où l'on a évacué une très grande part de tout divin, on navigue à vue, rien n'a de sens, vraiment. Je pense qu'on peut trouver une mesure entre l’Église toute puissante qui régit tout de notre vie ou presque, et les veaux d'or de la société stérilisée contemporaine. à creuser.

Journal foi 07/05/2020

Tous les soirs avant de me coucher, je me rappelle à Dieu, signe de croix, in nomine patris, et filii, et spiritus sancti, amen. Parfois, ça se limite à cette gestuelle. Parfois, je tombe en adoration. Adoration, le mot sonne fort. Je ne saurais le dire autrement, un mélange d'introspection, d'extrospection la plus radicale, de prière, de gestuel, et autres. Cet aspect a déjà été abordé dans ce journal, mais oui, c'est toujours... je n'ai pas les mots. Quand je me tourne vers Dieu, en ces moments nocturnes, je suis d'abord souvent au bord des larmes devant cette immensité divine, la beauté si impensable de son oeuvre. S'en suit rapidement un appel à la droiture, car il s'agirait de ne pas tomber dans un sentimentalisme, des émotions qui ne démontreraient rien du tout, qui seraient une vague esthétique auto-satisfactrice. Face à Dieu, se cacher dans des faux-semblants est pathétique, autant ne rien faire, à mon avis, encore que ce ne soit pas vraiment "faire" que de laisser une ouverture de quelques minutes par jour. Cette honnêteté, donc, me conduit à écourter cette prière, car les sentiments sont forts, et que si je les faisais se prolonger, ils deviendraient une parodie, une répétition machinique délabrant toute ma prime honnêteté, et me piégeant dans une bulle incantatoire flirtant dangereusement avec la stérilité. Dieu. Qu'est-ce que Dieu ? Le temps passe depuis mon retour à la foi, et cette question m'anime toujours. C'est bien cela la foi aussi. On sait ce qu'on ne sait pas, ou presque. Jésus offre l'accessibilité par l'incarnation. C'est à la fois plus proche de nous tout en étant encore plus impensable que Dieu seul, Dieu avant Jésus. 

Une idée s'est posée il y a peu. Je me rappelle mes premières messes, où j'étais un étranger en ces contrées spirituelles. Un élément me paraissait assez choquant, celle de célébrer la mort de Jésus. Baigné dans une culture où l'on évacue la mort dans ses moindre recoins, je trouvais un peu malvenu voire malsain de porter la mort ainsi, en plus à voix haute. Célébrer la mort est digne de rituels sataniques, occultes. Mais, ce n'était pas la mort en tant que telle vraiment, mais la mort précise de Jésus. Je ne le comprenais pas au début, et j'ai le reste de ma vie pour décanter cela. Mais, quand bien même, à travers la mort de Jésus, on se rappelle aussi à notre propre mort, à notre condition de mortel, que l'on oublie si facilement dans notre confort matériel actuel. Dire Jésus, c'est dire Dieu, mais aussi dire "memento mori". Evidemment, en tant que chrétien catholique romain, je crois à une conception de la vie plus "élargie" que la seule vie qu'on dira biologique. Souvent, les anti-théistes font cette remarque un peu puérile, mais toute remarque peut comporter une part de vérité, que ce genre de croyance méta-biologique serait une fuite en avant, un confort illusoire. Avec Jésus, on se souvient de notre mort, on se souvient de la mort de tous. Jésus incarne Dieu, et à travers cela sa figure nous rappelle aussi le memento mori. Qu'on croit ou non en Jésus, nous ne pouvons que reconnaître le sublime raffinement de la figure de Jésus. Quand je songe à cela, j'en reviens presque à ce que je partageais au début de cette entrée, à savoir l'anéantissement face au Plus-Haut. Tiens, le terme "Plus-Haut" me rappelle les superlatifs harder better faster stronger dans la chanson éponyme. Bon, je ne pense pas que c'était destiné a divin, mais on peut le voir ainsi. Ce sera mieux que de s'auto-célébrer, se porter soi-même comme un dieu. A la limite, aspirant dieu pourrait être acceptable, non ? 

Journal foi 16/05/2020

Discussion intéressante. Tentant d'expliquer de façon terre à terre l'existence de Dieu, ou au moins d'entités supérieures, de phénomènes qui nous dépassent, je parlais des dimensions physiques. Un être de dimension une imagine peut-être en partie, sous forme d'intuition, ce qu'est la deuxième dimension. Et ainsi de suite. Cette escalade des dimensions est difficile à penser, du moins, il est difficile de saisir l'ampleur des conséquences de cela. Cette description sous forme de dimensions reste selon moi assez intuitive malgré tout. Penser que le temps puisse prendre une dimension aussi physique pour nous que de poser un pied devant l'autre sur terre. Si on suit cette réflexion, on aboutit tôt ou tard à l'existence d'une unité suprême. Source pouvant être à la fois source et destination, si on doit la décrire en ces termes. Alors nous disons Dieu. Un raccourci peut-être. Ailleurs, on parle de grand boom et de grand crac. Bon. Ce qui me fascine toujours est à quel point les gens considère que Dieu consiste à affirmer quelque chose, alors que pour moi, c'est affirmer que je ne sais rien, c'est comme rappeler l'ensemble inimaginable de mon ignorance. Il y a l'ignorance de ce qu'on n'a pas appris dans la culture humaine, mais aussi l'ignorance intrinsèque à notre existence. Avouer cela, en disant "je crois" est on ne peut plus humble tout en étant positif et on peut le dire aussi, poétique. Au plus j'avance dans la foi, si tant est que j'avance, au moins j'ai envie de la défendre. Ici, dans ce journal, j'en parle beaucoup, enfin, je parle plutôt de quelques remarques connexes. Mais vous ne me verrez pas faire un plaidoyer pour la foi. Je la célèbre, et je dis volontiers que ce n'est pas mal, mais je ne la vends pas. Je ne suis pas un vendeur, ni de tapis, ni de chameau, ni de chandelle, ni d'abstraction. Ou j'essaie de l'être le moins possible. Si je me met à vendre la foi, je déplace le centre de ma foi, et au final, je la tue. C'est ce qu'on voit quand des gens confondent foi et conquête. L'attrait de l'idée de conquête peut faire survenir des énergies folles. Et elles se confondent avec la foi, prennent le dessus. On est alors pris dans l'esprit de la conquête et plus dans la foi. Cette transition se faisant en douceur, il est difficile d'en avoir conscience. Difficile de réaliser quand on se fait avoir quand, dans le cours terme, les promesses semblent toujours bien là, voire même qu'il y ait des avantages déjà entamés.

Un point qui me revient en tête souvent est la portée de chaque chose. En temps ordinaire, dans la croyance en la contingence, appuyée notamment par le matérialisme, jusqu'à l'athéisme, on croit que tout est plat, mono-bloc. Les termes ne sont pas très justes, mais j'espère transmettre l'idée derrière cela. Si l'on dépasse cette croyance, dite méthodologique, nos associations ordinaires concernant l'ordre de choses pourrait s'avérer plus étrange qu'on ne le penserait au premier abord. Peut-être que nos malheurs n'ont aucune portée pour l'après, ou pour d'autres dimensions. Peut-être qu'un geste vraiment anodin nous procure un avantage significatif par ailleurs. Bref, on perd soudain la visibilité. Beaucoup moins intuitif. Et donc je dirais assez probable justement. Encore une fois, on tombe ici dans un aveu d'ignorance plus que dans l'affirmation. Certes, d'un point de vu très basique, on peut limiter notre heuristique au plus urgent en nos conditions de l'ici et maintenant. Mais ça ne me parait pas très pertinent pour la recherche et pour les aspirations à la vérité. Un des problèmes de cette ordre des choses est que certaines règles nous échappent irrémédiablement. Des gens que l'on jugerait nous pervers, peuvent peut-être se révéler bénis, et inversement, des gens que nous jugeons d'une sagesse admirable sont maudis par ailleurs. J'aimerais évoquer les effets non-linéaires. Si vous voyez ce que je veux dire.

journal foi 18/05/2020

Une chose m'intrigue toujours. Aujourd'hui, il faut absolument être laïque, pour ce que ça veut dire, parce que la définition est flottante et semble admettre bien des significations différentes. Les anti-théistes, qui s'appellent athéistes parfois, tapent sans sommation sur le christianisme, c'est la tête à abattre. Et en même temps, ils semblent très permissifs avec le croissantisme. Pareil pour tous les sociologisés. Même si bien des sociologismes sont opposés à beaucoup de préceptes du croissantisme sur le fond, il y a une sorte d'entente, voire d'encouragement même. La superficialité les rejoint certes. Mais je me demande ce qui sous-tend cette alliance tacite. On peut voir dans le rejet du christianisme un rejet de l'art aussi, je veux dire du véritable art, dans tous les arts possibles. Le rejet de la figure du Christ, qui est aussi le rejet de l'incarnation, et le rejet du divin aussi, car il y a cette conception où Dieu serait forcément séparé de ce monde, alors que Jésus nous a fait voir autre chose. On parle de changer d'identité et de sexe même pour certains. Cela devient des choses flous dont on ne doit pas parler à moins d'être pour ou d'être concerné. Une sacralité binaire et totalitaire. Alors on veut incarner des choses, des nouveautés, mais ça n'a plus de profondeur, forcément, et ça tombe dans une sorte de ce que certains appellent la biophobie. On ne se considère plus vraiment comme des êtres de chair, tout en devenant plus animal. D'ailleurs, on doit faire front avec le règne animal à terme, il faut donc qu'on converge vers eux. Le croissantisme et le sociologisme m'obligent à les analyser alors que je veux surtout vivre et explorer, incarner la chrétienté. Ils agissent sur ma foi comme des parasites permanents qui se renforcent l'un l'autre. Tous deux œuvrent pour la déconstruction.

Donc, l’Église Catholique a fait le pari d'une remise en question assez radicale de son existence. Jusqu'à aujourd'hui déclarer qu'elle ne détient pas La vérité. Je suis content de l'intimité de la foi chrétienne actuelle, et en même temps je regrette cette désertion et ce désamour. Le plus gros problème n'étant pas ce désamour mais bien l'absence de direction... qui peut être récupérée. Pas pour le meilleur. En fait, je ne sais pas qu'est-ce que le catholicisme aujourd'hui, ce n'est plus vraiment une religion au sens où on l'entend aujourd'hui. Il s'agit d'une mutation d'une entité très ancienne, avec beaucoup d'histoire, dont on ne mesure pas les implications. Ceux qui se battent contre cette Église ne réalisent pas ce à quoi ils ont affaire. Ils tapent à côté, avec peut-être des siècles de retard. Moi aussi, je sais profondément que j'appartiens à cette Église, sans comprendre vraiment ce que c'est. Et pourtant, je ne suis pas avare de réflexions. L’Église semble être devenue un mystère, en partie à l'image du divin. Cela ne me fait que de me réjouir dans mes combles. Évidemment, je ne suis pas en train de diviniser l’Église, loin de là. J'observe juste les mutations qui sont là.  Il s'agit bien d'une institution humaine. Sa direction semble juste admirable et d'une poétique rare, assez folle.

Journal foi 22/05/2020

Marie. Je n'y avais jamais vraiment songé, regardant d'un œil interrogateur, un brin suspicieux pour ne pas dire accusateur, ceux qui s'y réfèrent sans cesse. Rappelons que dans mon cheminement spirituel, ayant eu probablement pour accroche des textes soufis, donc une vision très mono-mono du divin, je suis venu à comprendre petit à petit Jésus, puis la Trinité, avec le Saint Esprit. Cela sonne comme des grandiloquences parfois, sans l'être. Je pense en avoir déjà parlé plus avant. Mais jusqu'à lors je voyais encore Marie comme une icône de plus, enfin j'exagère pour donner l'idée. Et là, sans lire la Bible, ni aller à la messe toujours interdite, un éclair a pointé en moi. Marie. Il s'agit ici d'un journal de découverte, il est donc forcé que mes réactions soient naïves parfois. Marie, donc. A vrai dire, c'est en réfléchissant sur le langage, oui, encore, que cet éclair m'est venu. Marie, quelle figure magnifique de notre condition humaine, au moins en partie, en grande partie. Nous ne créons rien, nous n'engendrons rien, tout nous vient ainsi d'ailleurs. Nous ne sommes pas cause de nous-mêmes, nous sommes causes de l'accompagnement et du respect du divin à travers l'humain. Marie n'avait rien demandé, n'avait rien fait. Et Jésus lui est arrivé. On m'a expliqué une fois que le prénom Marie voulait dire amer. Selon la Bible, Marie n'avait rien de spécial, du moins rien de spécial selon les codes humains. On peut imaginer qu'une femme quelconque, pauvre, qui est enceinte sans avoir été "touchée" par un homme, puisse ne pas être forcément toujours bien reçue. Il pourrait presque s'agir là d'un fardeau. Surtout quand elle sait que c'est Dieu incarné qu'elle va mettre au monde. Elle semble agir avec confiance et détermination, sereinement. Imaginons donc que ce que nous produisons peut engendrer Dieu. Pas de manière aussi radicale que Marie, évidemment, mais à notre petite échelle, tout ce que l'on produit, exprime peut être le fruit du divin, le divin lui-même, au moins de manière partielle. Car c'est bien là la destinée : Dieu. Unis vers Dieu. Je comprends maintenant pourquoi, sans le savoir, je me rends à la Petite Chapelle Notre Dame de Dunes, qui est dédiée à la dévotion mariale. Quand le prêtre officiant m'a appris cela, j'ai été surpris. Je me disais que ça me correspondait pas. Que c'était presque une fantaisie de croyants, comme les innombrables saints. Erreur. Vraiment heureux de pouvoir être sur ce chemin, de le découvrir pas à pas après un long et stupide/capricieux rejet, chaque idée reçue de l'anti-christianisme primaire de la société actuelle se dissolvant lentement mais surement dans l'immensité de la foi chrétienne, dont catholique. Sans forcer, jamais. Je réfléchis, oui, je médite, mais je ne force pas, ça vient spontanément, en son temps. C'est d'ailleurs une réponse répétée des prêtres, qu'il faut être patient, que ça décante, tout ça. A l'heure où l'on pète un câble si une page internet met plus de 20 secondes à s'afficher, ça peut être agaçant à se l'entendre dire. La foi, tout de suite, pack complet. Ce qu'on voit parfois, malheureusement. Pensée magique ordinaire de la contemporanéité.

Sinon, je me demande ce qu'est vraiment la spiritualité, comment peut-on la définir. Est-ce obéir à des règles ? Est-ce dire Dieu, Jésus, Marie, Bouddha, Gaïa ? Est-ce une étude, une recherche ? Est-ce un ensemble de présupposés cosmologiques ou paradigmatiques, comme ce qui dépasse la croyance en le matérialisme ? Parce que certaines personnes se disent spirituelles à toutes les sauces. Très variable.

Journal foi 29/05/2020

Si on doit chercher l'honnêteté, je sais que je dois beaucoup de mes positions actuelles concernant la foi à plusieurs auteurs/livres. Je pense d'abord à Marguerite Porete qui a fortement ancré en moi ce qu'était la légèreté de la foi, cette légèreté qu'on peut retrouver parfois dans le catholicisme et que je ne perçois pas ailleurs. Elle m'a transmis aussi l'idée que la raison, la rationalité est très limitée, en fait peut même s'avérer profondément stupide. Ce qui est parfois sa force, mais qui est par définition insuffisante et un peu perchée. Le livre de l'orthodoxe La Quête de l'Esprit m'a stupéfait sur la profondeur de la foi. Avant, dans cet athéisme ambiant, je voyais la foi comme du folklore pas très sérieux, évidemment. En réalité, même les choses très simples aujourd'hui dans leur forme dans les liturgies sont issues de long long processus par l'expérience mais aussi par la réflexion, la méditation. Chaque élément peut être appuyé par un vaste ensemble de raisonnements. Ce livre m'a aussi aidé à comprendre la Trinité. La Foi Chrétienne de Joseph Ratzinger m'a éclairci des points fondamentaux, notamment, c'est ce qui me vient à l'esprit là, le fait que dire oui à Dieu, c'est aussi avant tout dire non à ensemble de choses au préalable. Et puis, il m'a aussi donné une confiance en l’Église. Le livre anthologie du soufisme m'a donné l'amour de Dieu, la radicalité de la relation à Dieu. Bien sûr cela ne correspond pas à ma foi, car amputant la Trinité. Et je me méfie de l'ivresse de Dieu. J'aime être bien ancré. Évidemment, la Bible même m'imprègne énormément, et la liturgie, ainsi que les discussions de proches, de prêtres et autres. L'observation de la nature aussi, bref qu'est-ce qui n'influence pas ? Même, ces livres ne sont pas le point de départ, tout au mieux ils appuient ce qui était déjà là. Il s'agit plus de ça, en fait, d'appuyer plutôt que de forcer. Marguerite Porete m'a beaucoup inspiré en fait. Je ne sais pas si je relirai son livre, je l'ai déjà lu deux fois, mais ça m'a marqué. Il s'agit d'une âme indépendante, mystique, mais qui ne me semble pas opposée à L’Église pour autant. C'est d'ailleurs ce que j'admire tant dans le catholicisme, une telle diversité, profusion générosité sur quasiment tous les points, tout en ayant une légèreté. Ce qui peut être repoussant d'ailleurs, tantôt cette légèreté est prise pour superficielle, tantôt cette prolificité peut être étourdissante, écrasante même. Sinon, peut-être que si Porete m'a tant marqué c'est que je reconnais sa critique ou simplement observation comme juste mais surtout appliquée à mon cas, moi qui suit facilement très analytique. La foi m'aide peut-être à continuer l'analytique tout en lui instillant une direction, un sens, et une légèreté qui n'est pas forcément très présent chez moi. La poétique peut me porter énormément aussi, mais je coupe facilement, parce que cela peut nous emporter loin... et nulle part en même temps donc. L'ivresse divine est trop forte dans les écrits soufis que j'ai étudié. Je préfère tendre vers une ivresse plus subtile, moins radicale. C'est comme si on parlait de mondes différentes en fait entre deux fois. D'ailleurs c'est palpable aux alentours d'un lieu de culte. L'autre jour je passais pas loin d'un lieu de culte majométant, qu'on ne voit pas, et j'avais vraiment l'impression d'être sur une terre étrangère alors que c'est bien ma ville et celle de mes ancêtres aussi. Sensation très désagréable. Même entre une église protestante et catholique, il y a une grande différence dans ce ressenti. Dans l'église catholique on peut trouver une belle légèreté que je ne vois nulle part ailleurs. Évidemment, on peut aussi ressentir le poids de la responsabilité de faire partie de la plus vielle institution humaine de cette envergure.

Ma partie analytique revient. Peut-être que se fier à l'ancienneté d'une institution ainsi qu'un ressenti est superficiel. Difficile de renier l'ancienneté rationnellement quand même. Bon, on peut toujours dire que c'est un sophisme. L'idée n'est pas que l'ancienneté soit une valeur en soi, mais bien qu'elle ait survécu aussi longtemps, et que donc il est probable que cette institution, même si elle a fait des erreurs de parcours, si on peut en juger, ai une certaine valeur pour l'humanité, et une sagesse par l'expérience inestimable. Pour contrebalancer ça, nous pouvons toujours rappeler qu'il ne s'agit que d'hommes. Concernant le ressenti, cette légèreté que je perçois, certes un ressenti peut toujours s'avérer douteux. Mais il s'agit d'un élément brut, et profond. On pourrait essayer de valider cela par un ensemble de discours, ce que quelque part je tente de faire ici. Dans le fond, il y a toujours un élément simple, un guide simple, peut-être est-ce le Saint-Esprit même. Ce ressenti n'est peut-être pas universel, mais il est mien aujourd'hui. Rappelons qu'il s'agit d'un journal sur mon parcours de foi, pas d'un traité absolu.

Journal foi 02/06/2020

Les stoïques ont généralement bonne presse ces derniers temps, enfin sur le papier en tout cas, ou "en principe". Ils définissent beaucoup d'excès sur le compte d'un manque de contrôle de nos passions. Le christianisme, qui est un patchwork dans bien des aspects, est notamment influencé par le stoïcisme. On retrouve cette notion de contrôle, de responsabilisation du contrôle aussi bien personnel que collective, dans la notion de péché. J'accentue cette filiation pour faire montre d'à quel degré, derrière la notion de péché, il y a une réflexion, une rationalité et pas comme on est tenté de le penser aujourd'hui un caprice sorti de nulle part. Le terme péché porte une forte empreinte de culpabilisation, et l'on veut évacuer toute culpabilité, de même que nous voulons expressément ne pas penser aux tenants et aboutissants de chaque acte. On n'a pas que ça à faire, et il faut jouir de la liberté à fond les ballons. D'ailleurs l'irresponsabilité semble être vue comme liberté ultime. Incontinence. Est-ce que le contrôle de ses passions revient-il forcément à tout analyser, à tout ruminer ? Non. Il y a notamment l'effet de groupe et du dogme sur lequel on peut logiquement se reposer. On doit toujours conserver vigilance, certes. Mais on peut aussi laisser de la place à la confiance générale.

Autre sujet. Tout ce qu'on peut reprocher à l’Église Catholique. La liste est longue. Aujourd'hui on nous rabâche surtout la pédophilie. Mais il y a aussi d'autres évènements fâcheux historiques, dont je devrais me renseigner d'ailleurs. Il faut que je m'expose à toutes les horreurs qui ont été commises au nom de l’Église. Parce que si je donne l'impression de voir l’Église comme quelque chose de fantastique, cela ne me fait pas l'idéaliser pour autant. Pas de naïveté. Évidemment, je sais qu'elle est souillée, corrompue. J'espère moins aujourd'hui qu'hier, et moins encore pour demain. Mais il s'agit de pouvoir malgré tout. Est-ce suffisant pour balayer toute la tradition véhiculée jusqu'à nous ? Non. L'eau courante du robinet provient en partie de l'eau des toilettes. Imaginons partir du principe que la monnaie que l'on utilise serve aussi à commettre des meurtres, à acheter des la drogue, la prostitution et autre. Pourtant c'est la même monnaie que celle qu'on utilise pour acheter des carottes et une entrecôte. On pourrait attendre une pureté absolue plus qu'ailleurs dans l’Église, mais même elle est pécheresse. En fait, ce serait étrange qu'elle soit parfaite, ce serait faux. Donc, j'ai envie de connaitre le plus possible ses méfaits pour savoir avec quoi je m'affilie indirectement. Tout ceci n'enlevant rien de sa valeur actuelle, surtout actuelle j'ai envie de dire.

Journal foi 06/06/2020

Reprise des soirées encadrées par un jeune prêtre local. Plaisir que je ne boude pas. En plus, on va réfléchir sur la foi à partir d’œuvres d'art locales. C'est en partie grâce à une porte ouverte/exposition dans une église du coin que je suis revenu à la foi... en pratique. Sinon, en discutant, j'ai appris que ce prêtre avait déjà refusé la confession à une personne parce qu'elle lui avait dit appartenir à la franc-maçonnerie. Assez surprenant, parce que je pensais que le catholicisme s'était mis en compromis d'accepter par défaut ce culte. Mais ce prêtre en tout cas, ne semble pas le voir d'un bon œil, ou du moins il y voit un soit l'un soit l'autre. Ce que je peux comprendre. J'ai été tenté par la FM pendant plusieurs années, mais je n'avais pas les finances pour suivre, en plus d'être peut-être un peu jeune. Aujourd'hui ça ne me botte plus tant que cela. Et les seules qui m'intéresseraient encore serait des loges chrétiennes. Des gens m'en ont parlé de manière assez amoureuse, mais d'un point de vu intellectuel, c'est pas toujours très folichon. Il faut voir le tout. Bref. Anecdote de passage.

Je voudrais essayer de dégager ce que je peux voir de plus négatif dans les "philosophies" fondant la chrétienté. Alors, je vais raisonner en analytique déconstructeur là. J'insiste que c'est via une réduction intellectuelle. Dieu peut être vu comme une idée de dépassement, l'ultime dépassement, et l'inconnu, ce qu'on ne connait pas. Cela enjoint à une distanciation avec nos attachements séculiers, ne pas trop nous engouffrer dans des croyances basses, des mauvaises hypothèses. C'est le raisonnement distancié, la tempérance. Jésus vient presque contredire cela, car il incarne cela. Une idée n'est donc plus une hypothèse seulement inaccessible mais une idée qu'on peut incarner. Au final cette incarnation est à nouveau refroidie par l'idée que le salut n'est pas de ce monde et que l'incarnation la plus haute finit même ici par trépasser. On peut donc voir dans Jésus, et donc dans le christianisme, cette idée d'athéisme déjà, en tout cas, tous les prémices sont là. Mais ce n'est pas un vrai athéisme dans le sens d'abolir Dieu en tant qu'idée. Il s'agit surtout à mon sens d'avoir conscience du côté éphémère. Presque comme un avertissement de ne pas faire de Dieu une idole avec le pratique de l'éloignement. Il s'agit ici d'un point qui me semble peu soulevé. Jésus invite à incarner ses idées pleinement, mais aussi de prendre du recul vis-à-vis de cela. Car cette incarnation ne se fait pas si on attend les fruits ici au moment de l'incarnation. Cela a pu être vu comme une inversion de Dieu. Dieu était loin, et Jésus est proche. On attendait de Dieu qu'il fasse notre puissance ici, Jésus nous dit que ce n'est pas ici. On voit donc une radicalité qui contredit et en même temps réaffirme. Choquant et déroutant pour d'autres formes de croyance, dont d'autres monothéismes. Je comprends un peu mieux le rejet qu'a pu provoquer la chrétienté aux débuts.

Ce que je veux dire est que la christianisme contient déjà dans ses lignes fondatrices tout ce qu'on peut voir se dérouler au long de l'histoire. Déconstruire les idées de Dieu, Jésus. C'est une forme de cirque de la raison, mais pourquoi se l'interdire ? Il y a bien l'effet de péché, ou effet de tendance, où l'on commence avec une simple question et l'on finit par dix mille questions, mais pourquoi se sentir menacé dans sa foi par cela ? Sa foi est-elle si fragile qu'elle ne supporte aucune question ? D'une certaines façon, même s'engouffre dans ce processus de questionnement pourrait être vu comme une fragilité, car on chercherait à renforcer sa foi en la grattant, l'égratignant. Personnellement, il y a bien des aspects de la foi qui s'en retrouvent renforcés. Dois-je me juger sur cette voie ? Je veux dire on peut toujours se juger pour tout et rien. Ici j'ai l'impression d'écrire un roman de foi finalement, même si ce n'est pas mon intention, à travers l'écriture et la continuité se profile une cohérence narrative qui peut faire roman. Mais bon, ce jugement serait un peu stérile, je pense, en plus de prendre mon jugement pour supérieur au jugement divin par la même occasion. Je voulais critiquer la foi, mais finalement, je me rends compte qu'il s'agit plus d'un problème d'angle, de perspective que de choses en soi. L'autre jour, je lisais sur une plateforme du net un orthodoxe citer un orthodoxe a propos d'une critique du papisme. Les arguments avancés pouvaient paraitre pertinents à première vue, l'effet de conviction, mais ces arguments pourraient aussi servir à contredire tout le christianisme et au delà. Il en résulte au final quelque chose d'assez pathétique qui ne fait que légitimer ce qu'on cherchait pourtant à égratigner.

journal foi 17/07/2020

Je continue à aller à la messe. Une fois en semaine, une fois le dimanche. Toujours sans totalement comprendre pourquoi je le fais, bien que je me rende compte que ça m'apporte quelque chose. Nouvelle rencontre individuelle avec le prêtre. Il m'a expliqué la symbolique de chaque geste et du déroulé de la messe. On va entamer un accompagnement spirituel donc. Cette proximité me plait, car elle permet d'approfondir plus facilement que dans un grand groupe. Peut-être qu'avec une ou deux personnes en plus, ce serait encore plus profond avec l'apport de chacun. J'ai été à un concert de chants et d'orgue. Cela met en avant la beauté par l'art, par le rythme. Avec ma voix un peu bancale rapport à ces envolées et cette maitrise d'un Ave Maria notamment, je sens la marge de progression. Sinon, après une phase découverte, j'entre probablement dans une autre phase. Ne plus lire aussi souvent la Bible ne me va pas. J'étais subjugué par les rituels et cet effet commence à s'estomper. Il ne s'agit aucunement de les déprécier, mais plus d'être dans l'appréciation et moins dans l'effet premier. La répétition. Mais pas la répétition pour la répétition, bien qu'il y ait un effet de transe. Il s'agit plutôt d'être dans l'incarnation, d'être toujours plus attentif et ajusté et pas seulement dans la jouissance de la découverte. Peut-être suis-je un insatisfait, je sens que ma pratique actuelle de la foi n'est pas suffisante. Je ne suis pas tenté par la surenchère de la rigueur du mode de vie. Bien que ça aurait plus de sens parfois. C'est peut-être le sens d'une communauté qui me manque, fonder une famille est une désir grandissant en effet, le tout avec/par des valeurs qu'on dira chrétiennes.

Est-ce qu'aller à la messe suffit à nous donner une morale ? Non. Même se dire chrétien, chrétien pratiquant s'il faut préciser, n'est pas suffisant. Il s'agit peut-être d'une erreur récurrente concernant les religions en général. On lit un livre, on fait un rituel et hop. C'est parfois nécessaire, mais jamais suffisant. Qu'est-ce qui permet de sceller une éthique supérieure dans la foi ? Peut-être la crainte de Dieu. Je n'ai pas de crainte de Dieu, je lui fais confiance, je crains seulement de potentiels mauvais agissements de ma part, même des agissements qui me paraissent sur le coup bien mais qui ne correspondraient pas aux attentes/standards du divin. Mais cette crainte me semble la chape nécessaire à l'entreprise de la foi organisée. Se sentir écrasé par la toute puissance de Dieu, qui se trouve aussi dans notre insignifiance. La pression sociale comme on l'appelle aujourd'hui peut aussi jouer dans l'éthique religieuse, mais elle peut se croire Dieu à la place de Dieu aussi. A titre personnel, c'est que Dieu soit si grand, si impensable, qui me terrasse. Tout ce que je pourrais faire ne sera jamais à la hauteur de ce que Dieu a fait pour moi. Je lui suis redevable au delà du pensable. Et encore, la notion de redevable est inadéquate. C'est au delà de cela encore. Mais nous devons bien nous arrêter sur des mots au passage.

Autre point, j'ai certainement déjà fait des parallèles entre le tao et la foi chrétienne. Le non-agir correspond à mon sens à se retirer dans son désir d'intervenir. Il ne s'agit évidemment pas de ne rien faire, de ne jamais rien faire. Car à travers l'idée de Dieu, on peut voir la destinée, ce vers quoi on converge, tout converge. Nous voulons parfois des choses qui ne font qu'interférer avec "le plan". Le délicat est que selon "le plan" il faut aussi vouloir se dresser contre ci et ça, des injustices, des bêtises et autres. Il n'y a pas vraiment de recette.

Dernier point pour aujourd'hui. L'esprit rationnel est une modalité particulière de l'esprit humain mais n'est pas rationnel en soi. On en a besoin, mais il est clairement insuffisant. Surtout, il a une tendance à être total, ou plutôt à s'imaginer total. "je suis rationnel". Ou son pendant "je suis pragmatique". Cette modalité peut agir comme une sorte d'exorcisme d'ailleurs, utilisée pour contrer ou évacuer la peur, créer un effet de contingence virtuelle. Car oui, on se coupe de quantité de choses en adoptant cette posture, et forcément on ne s'en rend pas compte. La foi organisée est d'ailleurs souvent le fruit d'une rationalité poussée jusqu'au bout. La réflexion accepte son dépassement par endroit, c'est on ne peut plus honnête.

Journal foi 26/07/2020

On a pris l'habitude de raisonner en terme de donnant donnant. Et ce jusqu'avec les dieux (polythéisme). Un Dieu nous donnait la bonne fortune, on le révérait de manière ostentatoire souvent. Mais dès que la fortune tournait, nous tournions aussi les talons. Puis, certains dieux se sont fixés dans certaines sociétés de manière pérenne. Puis, plutôt que de focaliser sur des dieux, il y a Dieu, l'unique, l'ultime. Cette présentation est très grossière, mais le but est d'illustrer. Mon propos est qu'une part de notre esprit fonctionne ainsi, demande des retours à nos actes. Si on prie Dieu, si on va à la messe, si on fait une bonne action, on s'imagine peut-être s'accorder des faveurs de Dieu, ou devenir supérieur par rapport à avant. Cette façon de penser et de se comporter est assez lamentable, mais elle est toujours là prête à surgir. Ce ne me semble donc pas une modalité à encourager, au contraire. Le message de Jésus est tout entier à cela. Tout ce qu'on pourrait faire ne sera toujours rien comparé à ce que Dieu nous à donné. On peut faire des efforts pour tendre le plus possible vers Dieu, mais il faut aussi reconnaître que nous ne pourront jamais rembourser Dieu en quelque sorte. Jamais jamais. De là, nous avons deux voies. Soit tendre vers Dieu, soit faire semblant qu'il n'existe pas, créer des esprits, se croire dieu soi-même, ou des concepts, etc.

J'écris sur ce point pour deux choses. D'abord cette vague mode, surtout féminine de "retour" à du spiritisme primitif. Et ensuite mon propre parcours, car j'ai eu une messe où je ne me sentais pas vraiment là. Je ne me sens pas avancer d'une certaine façon. Il faut dire que je ne me suis toujours pas remis à lire régulièrement la Bible. Et puis on n'a plus eu l'occasion d'échanger sur la compréhension de la Bible avec un groupe. C'est peut-être pour satisfaire ma soif de connaissance, la machine intellectuelle, mais peut-être que ce n'est pas que ça. Peut-être que ce sont mes préoccupations personnelles/matérielles qui viennent interférer. Toujours est-il, je peux comprendre que le chaos, le polythéisme, faire joujou avec des forces de la nature soit tentant parfois. Je peux comprendre que certaines personnes aient besoin de refaire l'histoire à leur échelle personnelle. Mais il s'agit malgré tout d'une pente. Et pas des moindres. On peut rationaliser cela sur le coup afin de lisser le danger, les conséquences, mais sur le fond, c'est le chaos. Comment peut-on servir Dieu et le chaos en même temps ? C'est impossible. Dans l'ancien testament il est plusieurs fois mentionné des grandes réticences à toute magie, sorcellerie, voire jusqu'à traiter cela d'abomination. Je suis plutôt pour suivre ces anciens conseils. Non par moralisme, mais par prudence, par obéissance aussi à Dieu.

Cela pose une question intéressante, car j'estime que la foi est finalement la chose la plus rationnelle que je fais de toute ma vie. Je veux dire, oui, point par point, il est rationnel de manger rapport à la faim et la santé, tout ça, mais rapport à toute son existence, la foi est ce qui est le plus rationnel. Tellement rationnel qu'on en arriverait à vouloir se divertir, ce que font certains avec des puérilités magiques et chaotique. Mais tout ce que nous faisons n'est pas aligné sur la foi. Cela peut l'être dans notre cœur, au fond, mais quand on cherche à avoir de la monnaie, ou que l'on reconnaisse une de nos qualités, on est dans des actes magiques, pris dans des narrations étranges. Où nous devons ici nous rappeler qu'il y a une séparation entre le sacré et le profane. Séparation qui peut s'estomper quand on va vers le chaos. La distinction est l'ordre sont du côté divin. Le flou, la soupe sont du côté chaotique. Peut-être qu'il y a un intérêt de retrouver le chaos pour se dynamiser comme certains le disent, fausse impression d'être en pouvoir, mais c'est tout de même partir de la prétention qu'on soit sorti du chaos. Imaginez quand même qu'il s'agit de dire que lassé d'être si divin, on se laisse aller à un peu de chaos pour changer. Cette question a pourtant déjà été répondue par la reconnaissance que nous sommes tous des pécheurs, et que nous péchons tous. Dans ces conditions, pourquoi forcer le péché ? ça n'a aucun sens. 

Journal foi 23/08/2020

Désacraliser. Depuis que le père m'a expliqué le déroulé de la messe, je suis à la fa fois plus dans le rite et moins. D'une certaine façon, mon mental a désacralisé ces rituels pour que le cœur ou plutôt quelque chose en moi de plus entier y prenne place. Vous savez, je pense que l'on a facilement tendance à surévaluer de manière inadaptée ces choses de la foi. Je suis toujours suspicieux envers toute imagination trop fertile comme on pourrait dire. Je suis pourtant un poète quand je le veux, une fleur bleue aussi. Mais pour moi, la foi est synonyme d’honnêteté. Dès lors, impossible de faire semblant. Les témoignages de foi hystériques me mettent mal à l'aise. La foi peut passer par la poésie, mais elle n'est pas de la poésie. Donc, j'observais mon évolution, si tant est que l'on puisse parler en ces termes, et je constatais une désacralisation partielle. Et j'en suis heureux, car cela signifie un éloignement de tout effet de fascination d'ordre superficiel, ou esthétique. Ce qui n'est pas un accomplissement, plutôt l'absence d'accomplissement justement. Oui, l'attrait de l'épure comme l'on dit, est présent en partie, mais la messe est quelque évènement qui dépasse ces catégories. Je ne vois plus la routine, bien qu'il y ait des moments ou je me demande pourquoi je suis là et pourquoi je continue à venir. Au final, surnageant de ces pérégrinations mentales, se dresse la bilan que la messe me nourrit bel et bien. Sinon, je ne serais jamais revenu encore et encore. En repensant au confinement et à cette période de privation de messe, je me demande comment j'ai fais. Je ne ressens pas une obligation d'y aller,mais je trouve qu'il n'y a pas de sens à ne pas y aller. Surtout quand on peut. Si facilement aujourd'hui. Donc, cette sacralisation superficielle, liée à l'incompréhension, à l'impression de mystère, s'en va. Je commence à devenir plus familier avec le déroulé de la messe.

Journal de foi 30/08/2020

Lu ce matin un commentaire qui parlait de la disparition progressive de Dieu, dont la Bible serait un témoignage. Étrange hypothèse quand même quand on pense que l'incarnation divine serait une disparition de Dieu... Mais soit, poursuivons sur cette voie. Peut-être que Dieu s'éloigne en effet de sa création, ou, comme nous le faisons parfois avec des conceptions écologiques, nous laissons faire les processus. Le lien entre l'intervention des humains sur la terre pour l'agriculture et l'intervention divine sur l'humanité est indéniable. Et nous sortons du néolithique actuellement. Peut-être que Dieu est encore plus présent, sur des actions localisées, qu'auparavant, mais en fait moins montre. Peut-être que nous sommes davantage maitres de nous-mêmes en potentiel, mais que par ce ressenti d'abandon nous nous sentons perdus et nous nous perdons dans des directions folles, chaotiques. Comme déjà écrit ici, que Dieu existe n'est pas de l'ordre du questionnable. Ce qui est à mettre en question est comment est Dieu ? Comment le percevons-nous ? Il s'est révélé, mais a-t-il vraiment été caché avant ? Cette révélation filée est-elle fidèle à Lui, ou s'est-elle distordue avec le temps, devenant une image, dont image faussée, ou tronquée ? Est-ce que toutes les révélations sont Lui, ou des esprits diaboliques se sont glissés dans l'imitation de Dieu ? Des questions que j'ai déjà du noter ici sous d'autres formes. Si Dieu s'éloigne, alors s'éloigne-t-il vraiment définitivement, ou est-ce une tendance ponctuelle ? On peut s'attendre à un retour fracassant. Mais Jésus fut une manifestation singulière et ultime, annonçant un règne ailleurs et non pas ici. Ce qui ne signifie aucunement que l'ici ne vaut rien, n'a aucune conséquence !

Les rituels, les symboles, les paroles, les lieux. Bien sûr, tout cela est faux d'une certaine façon si l'on s'attache au matérialisme pur et dur. Mais si l'on comprend la métaphore, alors le faux peut se muer en vrai. Sortir du faux, retour à l'honnêteté. Sortir du faux que sont les apparences, ces apparences qui peuvent être une part du dit matériel. Savoir faire la distinction, le bon grain de l'ivraie, le bien du mal, etc. Il est saint et rationnel de considérer avant tout ce qu'il y a ici et maintenant de perceptible pour la majorité de notre vie quotidienne. Mais pas pour la vérité. Cela est perceptible, quand on se rend dans une église fréquentée, où l'on prie et communie. Il y a quelque chose de plus que les murs et la décoration. De même que "croire en Dieu" dépasse la diction du credo et aller à la messe.

Journal foi 20/09/2020

Ce sentiment d'être plus athée en étant chrétien qu'athée en étant athée (polythéiste). D'une certaine façon, j’exécute les rituels, qui a force sont des mécanismes, et je me débarrasse de cette nature religieuse par ailleurs, ou spiritiste ou polythéiste. C'est effectivement, proche de devoir se laver tous les jours. Ce n'est pas forcément nécessaire, mais c'est un rituel, c'est agréable, c'est la constance, c'est la légèreté, etc. Ce n'est donc pas juste pour me débarrasser, car cela donnerait l'idée qu'il s'agirait d'une action à jeter. Non, j'apprécie vraiment le faire. Et je trouve qu'il y a des intérêts, de façon intellectuelle, à ces rituels, comme je l'ai déjà écrit ici. Finalement, j'apprécie me sentir plus athée. Non pas que ce soit une qualité en soit, mais pour accepter l'état des choses, la percée de la conscience. Je repense à comment je pensais en étant athée, et je voyais la foi comme une croyance magique, alors que c'est tout l'inverse. On reconnait les aspects magiques de la vie afin de les réduire à la portion adaptée de rituels et moins fonctionner sur le mode magique par ailleurs. Une sorte de compromis, on cède une part. Mais en même temps une mission supérieure nous échoit. Voilà les dynamiques à l’œuvre. Des échanges, des structures de vie. Le concept même de spiritualité peut être revalorisé en le ramenant à du basique, du très terre-à-terre. Ce que j'adore dans la foi est cette nébuleuse de dynamiques en apparence contradictoires. Un régal.

Alors, ce matin, je n'étais pas concentré en arrivant à la messe, et j'avais trop d'énergie pour rester calme, mais au final, avec le déroulé de la messe, le rythme spécial de la messe, et les contenus qui m'ont interpellés, je m'y suis baigné et j'ai eu quelques moments d'éclaircie délicieux, notamment un rayon m'inondant le visage au moment parfait. Ce sont des petites choses et des hasards, mais quand on est disposé à les recevoir, ils sont tout. De même qu'aller à la messe devient parfois aussi la possibilité de l'amour, la possibilité aussi de discussions avec le prêtre de la petite chapelle, etc.

Je suis revenu à la foi notamment par la lecture de textes soufis. Cette branche du monothéisme est un bon début pour comprendre Dieu unique. Les protestantismes et l'orthodoxie sont l'étape suivante pour comprendre la trinité, et l'étape ultime est le catholicisme. Toutes les traditions spirituelles du monde devraient s'affilier au catholicisme qui est l'aboutissement nécessaire et ultime. Ainsi, ces traditions pourraient prendre plus de sens. Car le catholicisme n'est pas en concurrence avec les religions, elle est nécessairement au dessus. Le catholicisme n'est pas une religion parmi d'autres, c'est LA religion sous sa forme la plus aboutie, la plus totale. Tout le reste sont des étapes intermédiaires. Et je dis cela de manière tout a fait posée. Ce n'est pas du prosélytisme, c'est logique, rationnel, irrationnel en même temps, bref c'est l'aboutissement, nécessairement. Je ne comprends pas comment j'ai pu ne pas voir cela de suite, c'est pourtant d'une évidence. Vous savez, le catholicisme est la forme la plus fractale qui soit. Elle a déjà l'histoire des tous les saints à travers les régions. Elle pourrait parfaitement intégrer les religions à sa stature.

journal de foi 26/09/2020

L'état de chrétienté, que l'on dira christianisme, est l'évolution la plus radicale du monothéisme. Tellement radicale qu'il n'y a plus d'évolution possible. D'où les accusations d'athéisme des premiers chrétiens notamment. Et que l'athéisme se soit développé particulièrement dans les sociétés chrétiennes. Je trouve qu'on ne parle pas assez de ce fait : que le christianisme est indépassable. C'est tout à l'image du Christ lui-même. Evidemment, on se sert du christianisme pour les pires atrocités à travers l'histoire. Quand on lit l'ancien testament, dont les parties judaïques, ce n'est pas mieux.

Je le répète, le catholicisme est la forme la plus aboutie aussi. Cela a un intérêt spirituel secondaire rapport au choc du christianisme, mais indispensable aussi, car il s'agit de la forme humaine d'organisation. On peut difficilement faire sans organisation n'importe quoi. Alors comment transmettre ce choc chrétien sans organisation ? On vise le témoignage, la continuité, le partage, la réflexion. Autant de choses qui nécessitent un support, un cadre. Et nous fonctionnons sur le mode du chef qu'on le veuille ou non. Bien sur, ce n'est pas tout, et ce n'est pas suffisant, loin de là. Il ne s'agit pas de sacraliser, car rien de ce qui est ici est sacré, on peut seulement tenter d'imiter le sacré en des lieux spécifiques, comme les églises, la famille, etc. Sans circonscrire cette tentative de vie chrétienne à ces lieux. De manière basique, il faut bien commencer quelque part, et on ne peut pas être partout, on doit agir à la mesure de nos capacités limitées, même si on cherche à se dépasser. "Dieu existe, j'existe. Je ne suis pas rien, même si je suis insignifiant par rapport à Dieu.". Cela suffit à résumer le pourquoi des structures. Ce qu'il y a d'absolument décontenançant aujourd'hui est le catholicisme. La structure est toujours aussi bien... structurée. Tout en permettant une liberté excessive. Cette liberté qui égare certains d'ailleurs car nous avons besoin de règles parfois, même si elles sont bêtes. Mais je suis heureux de ne pas appartenir à une forme de monothéisme qui se focalise et systématise ces bêtises.

Aussi, le catholicisme qui reconnait ne pas détenir La vérité constitue aussi une évolution de l'organisation inouïe. De ce fait, le catholicisme se place en avant de toutes les autres religions, et de toutes les autres formes de christianisme. On va sur un engagement plus subtil et plus profond, moins systémique, moins basé sur "c'est la tradition" (version suivisme ou fatalisme), ou l'obligation de groupe, de famille, etc. Je pense aussi que le catholicisme peut développer une culture intellectuelle très généreuse. Sans renier l'émotion de la foi.

D'ailleurs, en parlant d'émotion, je réfléchis parfois à cette description qu'on avait fait de toute croyance en Dieu. Selon certains, donc, croire en Dieu serait une émotion. Toujours ces tentatives de définir. Il n'empêche, oui, je me reconnecte à cette émotion divine en regardant la croix que j'ai suspendu dans ma voiture en allant au travail le matin. Ce sont différents conditionnements qui animent et perpétuent une émotion. Mais cette explication psychologisante est aussi un peu désespérante de naïveté. Dans la foi, je peux aussi bien me sentir rassuré que terrassé, aussi bien enthousiasmé que ridiculisé, etc. Oui, il y a aussi quelque chose que l'on dira poétique dans la foi, dont celle de tradition catholique. Mais cela aussi est insuffisant a expliqué ce que c'est. Vous savez, je m'interdis de confondre élan poétique et foi, car on a vite fait de tomber dans de l'effet poétique, dénaturant ou faisant basculer toute la foi dans une mascarade, ou une entreprise de démonstration. L'art m'a amené à la foi, entre autre. Sans m'y être attaché plus que ça. La beauté m'a amené à la foi. Mais aussi la souffrance, la solitude, l'intellect et aussi mon désir de ne pas être intellectuel, etc. Il y a plein de choses contradictoires dans la foi. Et pourtant je suis là.

Le catholicisme n'est donc plus en "compétition" avec les autres religions, l'Eglise est bien devant, elle est la forme ultime aussi bien par la croyance chrétienne que dans son organisation. Elle pourrait accueillir d'autres religions en elle, comme elle a accueilli différents saints pour satisfaire les croyances locales notamment. C'est la religion au dessus des religions, la religion des religions. Et je dis ça de façon posée. Regardez les choses comme elles sont. Le concept de religion change, tout comme celui de spiritualité. Je pense que la catholicisme a une mission d'accueil des autres religions, y compris des polythéismes. Car tout a une certaine valeur, mais l'union au supérieur donnerait une perspective au tout, surtout aux formes de croyances inférieures. Le mot inférieur peut sonner brutal, mais c'est juste. Evidement, il y a toujours la crainte quelque part de déviance de toute institution. Trop de pouvoir. De même que la crainte de prendre trop au sérieux des règles inhérentes à des organisations. Maitre du sabbat... On pourrait voir en l'idée d'universalité, catholicisme, une prétention, comme je l'ai déjà exposé ici. On pourrait aussi voir la reconnaissance de ne pas avoir La vérité comme une prétention aussi, un faux-semblant. Chacun est juge de l'honnêteté de cela. Je terminerai cette entrée du journal en insistant sur le fait que je développer ces observations dans un fil rationnel dirons-nous. Limite, je ne considère pas la foi, car on parle d'organisation, pour la société, le monde. C'est la rationalité nécessaire pour la foi, les conditions.

Journal De foi 29/09/2020

Continuant la lecture de l'ancien testament, j'en suis au livre de Jérémie, je suis à nouveau surpris de la cruauté divine qui s'y exprime. Enfin, ce qu'on prend pour de la cruauté à notre niveau n'est peut-être pas de la cruauté. Mais là n'est pas la question de mon intervention ici. A la source de cette cruauté est l'exclusivité. Se détourner de Dieu, le trahir sont des péchés les plus graves. Il fallait peut-être en ces temps marquer l'exclusivité. Ce qu'on retrouve dans la religion qui adore le prophète qu'on ne doit pas dessiner. Exclusivité, violence. Cela dans l'unique but de ne pas devenir polythéiste, ou prostitué, ce qui revient à la même chose. Dans le livre de Jérémie, notamment au chapitre 23 verset 30 "J'en veux aux prophètes qui se dérobent mes paroles l'un à l'autre. Voici, Dit l’Éternel,  j'en veux aux prophètes qui prennent leur parole et la donne pour ma parole.". Ce qui est déstabilisant est qu'aujourd'hui il n'y a plus de prophètes, ou nous sommes tous sensés être prophètes. Alors, il y a des moments où l'on parle pour nous et d'autres où Dieu agit peut-être, sans savoir quoi, qui, quand, comment. Mais je pense que ce n'était pas si évident à distinguer à l'époque de ces écrits non plus. Je repense à ce que j'écrivais dans l'entrée au dessus de celle-ci. Le catholicisme comme ouverture, inclusivité au sein de l'unicité. On n'est peut-être plus au temps où il faut impérativement déterminer une approche seule et unique. Ou du moins pas par exclusion stricte. Certes, le but est de se séparer du polythéisme en nos cœurs, actes et paroles. Mais il semble se développer une acceptation plus large pour entrer dans le catholicisme. Ce qui ne veut pas dire qu'une conception très stricte puisse se faire dans le catholicisme, au contraire. Simplement qu'elle est une variation dans l'unité. Comme tous les gens engagés dans l’Église ne sont pas moines, ils suivent différentes approches sans que ça en constitue une quelconque contradiction. Pour revenir sur le sujet, prier une icône seule est du polythéisme, mais une icône incluse dans la dynamique unitaire du divin, une sainte, un saint, est une autre chose, cela reste du monothéisme. Voilà une forme d'inclusivité toute chrétienne, ce grand chambardement du Christ dans la rigueur des dogmes qui peuvent enfermer, égarer. Au plus je lis l'ancien testament, au plus je me dis qu'il faut que je lise le nouveau testament. Pour avoir cette perspective plus entière.

journal foi 2/10/2020

Il y a plusieurs façons d'aborder Dieu. Il y a ce Dieu principe absolu et ce Dieu principe absolu qui est aussi personnel, puis encore aussi incarné. Dieu nous conduit à sa propre mesure. Et Dieu c'est cet inconnu, pourtant un peu connu, ou plutôt qui se laisse connaître par moment. Finalement, Dieu en tant que seulement principe absolu abstrait est a priori plus confortable pour notre esprit moyen que Dieu personnel et encore plus que Dieu incarné (et mort). Voyez cette gradation. Dieu principe absolu abstrait est cette mesure dont nous avons besoin pour vivre et être bons et rationnels. Oui, car être sa propre mesure c'est l'égoïsme, que son groupe soit le centre du monde aussi. Déclarer un principe naturel, physique et matériel comme centre de l'existence est aussi voué à l'échec, sauf peut-être dans des marginalités dépendantes au domaine (chaque science et étude dans leur domaine et leur domaine uniquement). Il faut pour être rationnel, un principe supranaturel, et inconnu. Quitte à aller sur ce chemin, il faut que ce soit le plus abstrait possible. Mais curieusement, cette abstraction est plus confortable pour l'esprit que le personnel. Le personnel est aussi une accessibilité mentale pour nous. Dieu c'est pour moi aussi la direction, ce vers quoi on va/retourne tout en étant dedans. Les progressistes et futurologues n'en gardent qu'un aspect totalement tronqué et très séculier, très égoïste. Il y a aussi les passéistes, les nostalgiques, qui sont aussi perdus dans des demi mesures de Dieu sans le savoir. Voyez que ce principe absolu abstrait s'envisage assez facilement, tout compte fait. Là où ça se corse est la personnification si je puis dire, le fait que Dieu se révèle pas si abstrait et insensible mais personnel. Dès lors, comment savoir ce qui est Dieu de ce qui ne l'est pas ?

Nous avons choisi, si nous pouvons dire cela de cette façon, Dieu comme référentiel qui nous décentre de nous-mêmes, de notre localité individuelle et collective, et même matérielle et immatérielle. Mais si Dieu est personnel, comment faire la distinction ? Nous n'avons alors plus vraiment le choix que de nous référer à ce qui a été transmis jusqu'à nous, en espérant que ces propos relatent bien Dieu et pas des délires égoïstes de certains. La durée de transmission, plusieurs milliers d'années, est un gage de sécurité, mais pas suffisant malheureusement. Le fait que des milliards d'individus suivent et ont suivi par le passé et vont suivre ces on-dit sur Dieu personnel est aussi un gage de sécurité, mais pas suffisant non plus. Finalement on peut se dire que la situation de suivisme correspond justement à Dieu, à sa volonté d'une certaine façon. Mais ce n'est pas sûr non plus, surtout quand on lit les évangiles. L'intéressant de cette situation d'incertitude est justement cet inconfort, à l'image de Dieu. Un référentiel qu'on ne sait pas circonscrire comme l'étude de la lumière en physique par exemple. Ce qu'on appelle la science aujourd'hui est peut-être née de ce besoin de se recentrer sur du connu, un référentiel plus accessible. Croire en Dieu aujourd'hui implique de faire confiance à la chaine de transmission humaine à cet égard, et c'est Dieu comme destinée de l'humanité qui s'y révèle. Le Dieu personnel implique un effort de croyance là où le Dieu abstrait n'en avait pas besoin. Alors le Dieu incarné, Jésus Christ, requiert encore plus un acte de foi. Le personnel et l'incarnation sont deux facteurs confondants pour nous, car ils se rapprochent de nous dans la forme tout en étant abstrait, inconnaissable, insondable. On pourrait dire que le personnel et l'incarnation sont deux étapes d'illustration du principe abstrait, que des gens ont voulu démocratiser cet abstrait par ce procédé, et qu'on ait ensuite oublié qu'il s'agissait d'un procédé. Ce rapprochement de Dieu de notre condition peut susciter des adhésions de manières différentes par rapport au Dieu principe absolu. Cela ne passe plus seulement par l'intellect seul, mais par quelque chose de plus entier, plus humain aussi. L'intellect finalement est un garde fou aussi, car cette entièreté de l'adhésion peut ne pas être si entière que ça, et n'être qu'émotionnel par exemple, d'où les hystéries à travers l'histoire et encore l'actualité des religions. L'intellect est souvent désespérant de nullité, mais il est un garde fou, ou du moins peut l'être. Si Jacques a dit "Dieu a dit de sauter du pont", alors pas besoin de réfléchir pour savoir que Jacques est fou et ne parle pas de Dieu. Il ne suffit pas d'invoquer Dieu ou de se réclamer de Dieu pour que ça en soit le cas. Ce serait trop facile. Niveau maternel pour comprendre ça. Et pourtant, on tend à l'oublier facilement. Et puis, on doit faire confiance, c'est un peu ça aussi Dieu, la confiance en la vie, en toute la vie, pas que la sienne. 

Journal foi 05/10/2020

Hier se déroulait une réunion paroissiale. Spontanément, je n'y aurais pas mis les pieds, mais on m'y a invité gentiment. Rencontre de gens pas inintéressants. Bien sûr, j'étais le plus jeune, en dehors des enfants qui était dans une salle à part. Le but de cette réunion annuelle est d'améliorer la vie de la paroisse de manière concrète. Passons sur le fait que je n'en pouvais plus de rester assis pendant plus de trois heures d'affilées. J'ai pu voir de plus près ce que sont les chrétiens catholiques engagés dans la vie religieuse locale. Il est vrai que d'habitude, on fréquente peu les pratiquants. On a pu discuter, se confier parfois même en petit groupe. De façon quasi unanime on a relevé le manque de communication et de lien social autour de la foi. Il est difficile d'obtenir des informations claires quand on cherche sur internet, et parfois même les affiches ne sont pas claires, quand elles existent. J'ai aussi pris la température comme on dirait. Certains vivent comme un drame la baisse de fréquentation par exemple, ou le fait de devenir minoritaire ou alors le fait de se faire voler la vedette par des "évangéliques" par exemple. Je parle surtout des pratiquants, pas des prêtres. Ce sont des ressentis que je peine à comprendre. Ou du moins, je comprends mais je trouve que c'est passer à côté de choses importantes. Par exemple, oui, le catholicisme en général présente peu de communautarisme structurel, on peut s'y sentir seul facilement, mais on a aussi la liberté. Les mouvements chrétiens populaires en ce moment dans le monde sont basés sur du prosélytisme, du communautarisme. A titre personnel, on chercherait à me vendre sans arrêt la foi, je la refuserais probablement. On m'obligerait à venir régulièrement, je chercherais à fuir. Et puis, ces mouvements me semblent hystériques, sortis de nulle part, trop rapides, donc fragiles sur le terme, probablement. Rien n'a la classe, la structure du catholicisme, c'est indépassable. Mais oui, il y a des choses à faire évoluer certainement. Perso, je suis avide de lecture collective de la Bible par exemple, et ça me plairait de partager un peu de temps avec des pratiquants autour d'un café, d'un verre, d'un repas. On va essayer de créer une dynamique qui crée du lien, plus de lien qu'actuellement. Suite au prochaine épisode. Ah oui, anecdote, une vielle dame a pris la parole après d'autres personnes, et elle a suggéré de supprimer une fête locale, très locale, autour de Saint Martin, on fait une balade dans les dunes avec les enfants avec des torches notamment et on mange des folarts (sorte de brioche formée de manière particulière) que l'on dit être les crottes de l'âne du saint en question. L'histoire serait que le saint aurait perdu son âne et on va le retrouver tous ensemble. Donc cette dame voulait supprimer cette fête parce que trop traditionnelle, trop locale, trop populaire aussi, par une fête autour d'une sainte africaine et des danses africaines avec "des jeunes". Grande folle cette vielle, tout ce que je déteste. Par caprice de changement. C'était aussi la personne la plus moralisatrice de l'assemblée curieusement. jdcjdr. Ah, un point amusant aussi est que plusieurs fois des gens ont élevé l'idée de faire des évènements avec des jeunes. Des jeunes. Petite obsession j'ai l'impression. Il est vrai que la moyenne d'âge est très élevée. Mais faire des évènements cul-cul pour des jeunes, je doute que ça investisse les masses. 

Journal foi 4/11/2020

Il semble que j'ai compris certaines choses importantes de la chrétienté. Je lis la Bible, et ce livre m'apprend énormément, mais la chrétienté ne se définit pas autour de la Bible seule. Le fait qu'il y ait quatre livres du nouveau testament en dit long. Il s'agit de témoignages, pas toujours raccords, focalisant sur des angles différents, mais pas d'une révélation en tant que telle. La révélation, je suis sceptique sur l'utilisation de ce terme/concept, se situe dans le christ lui-même. Ce fait tempère, du moins en principe, notre réflexe de diviniser tout ce qu'on a sous la main, y compris un livre, aussi exceptionnel et précieux soit-il. Ne pas faire d'un livre un dieu à la place de Dieu. On revient à l'idolâtrie dont je parlais plus avant dans ce journal. L'idolâtrie dans une statue c'était évident avant, mais depuis on se rend compte que l'idolâtrie peut se trouver dans l'abstraction. Ne rien mettre à la place de Dieu. Le livre peut s'avérer un objet que l'on peut connaître par cœur et alors avoir l'impression de connaître Dieu, ce qui est un leurre, faux. Ne pas faire de Dieu une poupée vaudou, même mentale, même si on ne peut pas faire autrement que de projeter mentalement sur Dieu une part de notre expérience. Les chrétiens peuvent donc se targuer, en comparaison des autres monothéismes de ne pas avoir de révélation sous forme d'objet (livre, lieu, temple), ce qui nous éloigne de la localité de la foi. Il y a un témoignage, sous forme écrite, certes, que l'on étudie et respecte, mais qui contient déjà une décomposition en quatre d'une même chose, d'un même évènement. Cette forme, ou cette structure en quatre angles parle en elle-même, invite à la critique, une forme de critique. Jurer sur la bible me parait un peu étrange, mais pourquoi pas. Si l'existence du Christ est la révélation selon les chrétiens, on peut alors se demander si nous ne sommes pas dans l'idolâtrie d'une personne. Ce que certains des croyants dans les autres monothéismes pensent peut-être/certainement. Ils peuvent dire que Jésus n'était qu'humain, un prophète, peut-être particulier, mais seulement un prophète, pas Dieu. Le point de bascule est ici, sur la nature de Jésus. Mais, question : peut-on être chrétien sans dire que Jésus est Dieu ? Oui, probablement, même si les institutions et la traditions nous enjoignent au contraire.  Vous savez, se dit chrétien des gens sans église, sans aucune symbolique, sans rituels dédiés. Pour moi, l'église est importante, je pourrais me dire chrétien sans, si demain la situation me l'obligeait, mais j'estime pour plein de raisons que l'église est pertinente. Comme déjà dit ici aussi, si l'on enlève toute la "construction" de la tradition, on n'échappera pas forcément aux biais auxquels on prétend remédier par là. A vrai dire l'incarnation est plus difficile à concevoir que la transmission verbale. Mais c'est justement cette difficulté qui témoigne probablement d'une proximité divine. Surtout que cette proximité est morte. Jésus est mort. Donc on ne peut plus matériellement s'en approcher, se l'approprier. L'incarnation divine s'est terminée, et nous avons en héritage des témoignages humains de cet évènement incompréhensible. Ici, je déconstruis, ou tente de déconstruire pour comprendre, cet ensemble auquel j'adhère sans que mon intellect, ni même mon âme ne comprennent encore tout à fait pourquoi, ni ce que c'est, ni ce que je fais ici. Evidemment, ça m'enthousiasme pour que j'en parle ici, mais parfois ça me mine aussi dans mon égoïsme à me trouver moi seul vain. Deux apparents extrêmes au niveau superficiel des émotions et des jugements. Mais pour en revenir au sujet principal, je peux comprendre que les juifs et les musulmans puissent voir parfois en la chrétienté une tradition qui se serait laissé emporter par un enthousiasme extrême autour d'une personne, d'un prophète. Quelle idée de diviniser une personne, en plus de cette façon. Ce pourrait même être un sacrilège. Et certains pourraient aussi se dire que Jésus lui-même rejetterait cette tradition, comme, excusez de la trivialité, Marx disait qu'il n'était pas marxiste. De fait, Jésus était juif. Et j'ai déjà lu des gens dire qu'il était en fait musulman. Ergoter... Je ne sais pas si cela veut dire grand chose ces tentatives d'identitarisme sur Jésus. Ni si ça ferait une quelconque différence sur le fond. Toujours est-il cette expérience de pensée où un chrétien ne croirait pas en Jésus me semble intéressante. Il y a bien des gens engagés dans les ordres religieux qui ne croient pas en Dieu (le Père). Ah, un point que j'oubliais presque. Le christianisme se définit aussi par le partage d'un repas-mémoire autrement appelé l'eucharistie qui se perpétue depuis avant les évangiles. C'est un point dont je passais totalement à côté jusqu'à il y a peu. Vous savez, ça me paraissait un peu folklorique, superficiellement symbolique, quasi magique, mais en réalité c'est ce qu'on a de plus tangible. Plus tangible encore que les témoignages écrits. 

Journal foi 7/11/2020

Pour une fois, je vais me baser sur une lecture et un passage de la Bible et pas seulement faire un commentaire général/générique.

Matthieu 23:2-4 "Les scribes et les pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse. Faites donc et observez tout ce qu'ils vous disent ; mais n'agissez pas selon leurs œuvres. Car ils disent et ne font pas. Ils lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt."

Dans cet extrait, on peut voir que les préceptes que disent les pharisiens doivent être suivis, ou au moins être pris pour guides. Ce qui n'invalide donc pas tout ce qui vient des pharisiens. Il ne s'agit donc pas d'envoyer valser ce qui vient par la tradition, la transmission d'homme à homme. Il s'agit plus de séparer ce fond honnête de tout ce qui y a été attaché en plus, que de tout supprimer d'un seul bloc. Jésus relève l'incohérence autrement appelée la malhonnêteté. Un autre point que je trouve marquant ici est "ils lient des fardeaux pesants". Je l'entends ici comme cette action de magie par laquelle nous sommes tentée souvent, faire des actes magiques, c'est à dire charger nos actes. Dans la Bible, de l'ancien au nouveau testament, il semble y avoir une constance à rejeter cette posture ou imposture magique. Depuis que la foi m'a touché, j'ai l'impression d'être beaucoup moins dans l'acte et la pensée magique. C'est peut-être quelque chose de bien, cette évolution, mais je n'en fais pas une fierté car c'est juste normal, et pas assez.

Autre passage, un peu plus loin. Matthieu 23:13 "Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ; vous n'y entrez pas vous-mêmes, et vous n'y laissez pas entrer ceux qui veulent entrer."

En écho au passage précédent, j'y lis un avertissement à ce que les gens de la tradition, on pourrait y comprendre les prêtres et les sages réclamés, n'ont aucun privilège divin, et qu'en plus ils peuvent empêcher tous les autres de la bonne voie, malgré leurs savoirs et leur rigueur.

Pour finir, pour aujourd'hui, je continue sur l'extrait suivant. Matthieu 23:15 "Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous courrez la mer et la terre pour faire un prosélyte ; et quand il l'est devenu, vous en faites un fils de la géhenne deux fois plus que vous."

Ici, on avertit sévèrement sur le prosélytisme. Ce que se défend particulièrement de faire L’Église aujourd'hui. Convaincre c'est vendre, les marchands du temple. C'est se tromper soi, tromper les autres et les faire être possédés. On y voit le chemin du fanatisme. Et ça c'est quelque chose que je saisis bien. Ici, je fais un journal, je partage, donc oui, je suis dans une forme d'échange, enfin je donne surtout, à prendre ou à laisser. J'espère que vous ne vous sentez pas obligé de lire, ou d'adhérer à tout ce que je dépose ici. Je sens que parfois il peut y avoir une tentation de vendre la foi, quand le sujet est abordé dans une conversation. On peut alors rationaliser et se dire que nous le faisons pour que autrui ressente les mêmes choses que moi, comme on recommande un film qu'on a adoré et où l'enthousiasme nous conduit à forcer presque autrui, ou séduire autrui vers la finalité qu'est qu'il regarde ce film, que je lui impose finalement. En fait, il n'y a pas de foi forcée, il y a une foi ou un simulacre, une coquille vide. Une simili-foi n'a aucune base, aucun fondement, à part le mal, la tromperie, la duperie, la politique spirituelle, le commerce spirituel. On transforme donc autrui en démon en lui forçant la fausse foi.

Il y a encore une remarque. "Je vous le dis en vérité, tout cela retombera sur cette génération." 23:36. Cette histoire où un péché retombe sur telle et telle génération est vue à de multiples reprises aussi bien dans l'ancien que le nouveau testament. On y voit un comportement de Dieu qu'on voudrait juger comme un humain, alors qu'il s'agit, à mon avis, de quelque chose de très basique, comme j'en avais déjà parlé à propos du péché. Des problèmes noués chez un individu peuvent n'avoir aucune conséquences chez cet individu durant sa vie, mais se manifester et s'ancrer dans les générations qui suivent ou simplement ailleurs dans l'humanité. Dieu n'est pas responsable de l'écho de nos actes mauvais. Il peut nous pardonner, éventuellement. Le péché comme la prière ne se situent pas sur une échelle uniquement individuelle, ils concernent aussi toute la filiation, du petit groupe jusqu'à l'humanité entière. Ce sont des lois. Pas modifiables comme une loi humaine. Ce ne sont pas comme des lois naturelles non plus. Peut-être que ce sont un mélange, ou un entre-deux, ou une loi au dessus de ces deux types de lois, ou tout ça en même temps. Je n'aime pas dire "surnaturel" car ça pourrait impliquer que ces lois ne s'exprimeraient en rien dans la nature, ce qui me semble erroné. Mais je pense qu'on est proche par ce mot, s'il faut tenter de préciser ici. Toujours dans le fait qu'il s'agit de mécanismes, ou causalités très basiques, juste à des échelles et selon des modalités auxquelles nous ne sommes pas forcément habitués.
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