C'est quoi un blason ?
Donnez-moi de la couleur ! Dragon ! Ours ! Lion ! D’or et de gueule ! Mais qu’est-ce que tu baves Valou ? Dans ce système de représentation qu’est l’art héraldique chaque couleur est désigné par un terme précis. Or = jaune. Gueule = rouge. Vous allez me dire : en quoi ça nous concerne ces trucs moyenâgeux ? D’abord, c’est stylé. Ensuite, c’est notre héritage direct car ce système est exclusivement européen et qu’on utilise bien de ses codes aujourd’hui, j’ai même envie de dire 2+en+. Le film d’animation La Reine des Neiges de Disney présente une belle collection d’héraldique et c’est bien ça qui fascine tant de gens (Dessin animé le plus populaire et rentable pour Disney). Normalement, chaque ville en France (mais aussi en Allemagne, Suisse, Ecosse, Angleterre, Pays-Bas, Espagne, etc.) a son propre blason. L'ancien blason de ma ville par exemple :
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Coupé : d'or au lion de sable, armé et lampassé de gueules au second d'argent au bar pâmé d'azur.
Drapeau, foot et vie profane
Le système international de DRAPEAU est également un héritage de l’héraldique : une forme de base (le rectangle), présentant un découpage (Noir, Jaune et Rouge pour la Belgique) ou non (Japon soleil rouge sur fond blanc). Je n’utilise pas les termes exacts de l’héraldique pour écrire ce post car le propos deviendrait plus obscur. Les clubs de foot dont celui de l’A.C. Milan, ont aussi gardé ce système à travers le temps (même si quelques modifications). L’auteur du livre, aka Michel Pastoureau, explique tout très correctement. Son écriture est tout à fait accessible et le sujet est amené de façon progressive, bien distinct. Il mentionne au début les réticences de la grande majorité des gens, y compris les historiens, à s’y intéresser. Cassons immédiatement les clichés et aprioris : avoir un blason n’est pas gage de noblesse, ni de détention de savoir mystique. Ça n’a rien de religieux, ni de royal. Au contraire ! Ce système est caractérisé par son côté païen, profane, et très populaire. Ce n’est que pas la suite que les nobles, les religieux sont entrés dans le jeu héraldique. Si vous pensez qu’arborer un aigle sur un blason fait de vous un être initié aux mystères de la vie ésotérique ultra symbolique de l’occultisme universel, beh vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu’aux pieds. Il s’agissait juste par des règles de représentation de pouvoir être reconnu et reconnaitre l’autre très rapidement, même de loin.
Exemple dans le foot italien
Exemples dans la série populaire Game of Thrones
Qui dit jeu, dit règles !
Cela servait notamment lors des divers jeux, dont la joute. Il faut imaginer que recouvert des pieds à la tête par un gros bardas métalliques, difficile de reconnaitre qui était qui sur le terrain. Une petite hermine par là, une feuille de tilleul par ci, et hop le tour est joué. Avec un peu de jugeote, on se rend compte que le lion des Flandres par exemple n’a rien à voir avec le lion véritable. Oui, il s’agit avant tout de rendre plat les animaux et végétaux, et de suggérer, évoquer et non de représenter fidèlement. De même, les couleurs sont de préférence pleines et non pastel. Il y a des règles précises, peu nombreuses mais précises. Exemple : juxtaposer rouge et noir (dit gueule et sable) est interdit. Ainsi la plupart des blasons sont rouge et blanc, rouge et jaune, mais pas de rouge et de noir (sauf petits détails pour quelques uns). Noir et blanc (dit sable et argent) du drapeau breton : fond blanc, hermine en noir, bandes horizontales noir.
Des blasons -> aux logos
Les blasons étaient des choses légères, presque frivoles au début, rien de bien solennel comme on tend à le croire aujourd’hui. L’énorme avantage de ce système est que cela égaye considérablement la ville et la vie avec autant de couleurs et de formes affichées partout. De nos jours, les couleurs proviennent souvent uniquement des enseignes tapantes des commerces et des encarts publicitaires. Ils sont souvent loin de suivre des règles esthétiques et de composition communes et donc cela abouti à un capharnaüm, chacun posant sauvagement son logo, sa typo, ses couleurs sans aucune attention à l’harmonie d’ensemble. On peut analyser les marques à travers l’héraldique. Apple par exemple propose une figure de pomme noir sur fond blanc. Vittel propose une écriture blanche sur fond rouge. Peugeot propose un lion stylisé comme au moyen âge (car première fabrique de voiture de cette marque en Franche-Comté qui avait pour emblème la figure du lion). Un article sur les marques est en préparation, je vous avertirais lorsqu’il sera publié.
Source Image >> https://elafra21.deviantart.com/art/Star-Wars-Logo-596359316
Et si on redorait notre blason ?
Toujours est-il, je verrais bien aujourd’hui un regain d’intérêt massif pour ce système de représentation admirable. Chacun pourrait avoir son blason, ce serait un jeu assez intéressant à grande échelle. Quelques mouvances, comme certaines branches de la franc-maçonnerie aujourd’hui, intègrent dans leur processus initiatiques la création de blasons individuels. Cela est donc réfléchi car le choix des couleurs et figures est censé être « porté » à vie et représenter sa personnalité, ses aspirations, etc. Dans cette optique, le blason devient une manière d’afficher le résultat d’une (bonne et longue) introspection. Le contraire d’un hermétisme donc, afficher son moi intérieur, profond à la vue de tous. Mais ce doit être un jeu souple et flexible de représentation pour identification plus qu'une obligation.
L'héraldique : simple et accessible
Il faut le reconnaitre, les codes héraldiques nous paraissent un peu obscurs au premier coup, mais ils sont en réalité très simples, très « instinctifs », c’est très lisible. On n’a pas besoin d’analyser, de décrypter le blason du voisin, il suffit de se laisser guider par l’impression d’ensemble du choix couleur/figure pour juste reconnaitre sa singularité par rapport à d’autres. Si le sujet vous intéresse, je vous renvoie vers le livre de Michel Pastoureau que vous pouvez trouver ici, en affiliation Amazon (un clic et achat via ce lien me permet d’avoir grâce à vous une petite rémunération réutilisable en achat de livres, ce qui me permet d’apprendre plus et donc de continuer à vous faire de super articles).
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Autrement, dans la thématique communication et langage, je vous invite à vous procurer mon livre collaboratif : REFLEXE VIRTUEL – Chronique d’un langage émergent. |
