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Cosmologies transhumaines

2/3/2017

 
hexagone cosmologie transhumaine blog
Alors alors, j'observe les arguments des uns et des autres, le tic-tac pour comprendre quelle conception du monde sous-tend leur vision du transhumanisme et des technologies. Beaucoup de présupposés non-dits et non-compris par... quasiment tous. Donc, je vais essayer de dresser un comparatif des approches majoritaires, et quelques implications.

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Technologie =
extension de l'humain ?

Dans cette conception, la machine et toutes les "créations" de l'humain seraient une simple extension matérielle d'icelui. Cela implique que les extensions soient inertes sans nous, ne sont que de la matière morte, stérile. Comme un outil, par exemple un marteau abandonné de l'humain ne produit rien et ne sert à rien, ne transforme rien. Tandis qu'un marteau dans la main d'un humain permet de transformer. Ainsi, l'outil n'a de valeur qu'actionné par l'humain. Cette conception présuppose l'action de création par l'homme des processus algorithmiques et de modification de la matière. Il semble donc exclu ici de parler de technologie en terme de "découverte". La technologie commence avec nous, nous sommes le point de départ de la technologie, et nous devenons technologie (cf. singularité). Mais la technologie est une mécanique comprise de bout en bout. Elle se limite à de la mécanique, même si il y a un flux électrique à la place de rouages par exemples. Pour que nous puissions devenir technologie, il faut au préalable considérer notre corps biologique comme une mécanique également. Sophistiquée et biologique, mais mécanique malgré tout.

Technologie =
nouvelle sorte de vie ?

Dans la perspective d'une automatisation et d'une autonomisation croissante, les technologies ne sont pas une simple extension de l'humain. Elles peuvent être cela au début, puis ensuite acquérir une force d'autonomie propre. Ainsi, on pourrait presque voir la technologie émergente comme une nouvelle sorte de vie à l'échelle du globe. Nous pouvons appeler ça mécanimisme, par exemple, mais l'idée va au delà de l'animisme ici. Pour comprendre cela, il faut déplacer notre référentiel par défaut, aka nous-mêmes. Auparavant, on pensait la terre centre de l'univers, et puis on est maintenant en périphérie galactique. Auparavant, on pensait que l'humain était le centre de l'écosystème biologique, et puis nous ne sommes finalement qu'un maillon dans l'ensemble, qui n'est pas séparé mais partie intégrante du tout terrestre. Ainsi, la technologie serait un maillon vivant et émergent de l'écosystème. Certains dirons "animisme". Et effectivement, on peut prêter des intentions, émotions et une sensitivité à des objets inanimés, comme l'enfant avec son ours en peluche, ou le "pouvoir" des pierres (taillées, sculptées, ou non) dans certaines traditions.

Bio-centrisme et classification

Dans notre tentative de cerner ce qu'est une intelligence artificielle, voire une conscience artificielle, on se réfère toujours à nous-même. Anthropocentrisme + anthropomorphisme. Cela implique qu'on revoit notre définition du vivant. Plus qu'un anthropomorphisme, ce serait un "bio-morphisme" : est-ce que ça ressemble au biologique ? On va dire non. Donc, on en conclu que ce n'est pas vivant. Notre grille de lecture du vivant serait à reprendre pour accepter un nouveau règne (les autres étant : bactérie, animal, végétal, etc.). Que nous croyons ou non à la "vie" des technologies, nous n'avons pas classé ce qu'est la technologie, il me semble. Cela pose problème. Car on classe bien de la matière décrite comme "inerte" tels des assemblages de minéraux dans les roches, la géologie.

Intelligence et conscience

Si une autre forme de vie visible et perceptible sur notre plan d'existence venait nous rencontrer, il y aurait lieu de se poser des questions. Exercice d'imagination : vous êtes un être non-humain venu d'ailleurs que la terre. Vous devez vous décider sur le niveau d'intelligence et de conscience de l'humain. Déjà, comme on observe des fourmis, on va d'abord être frappé par notre organisation et nos constructions. On va vraisemblablement peu s'intéresser aux individus. L'intelligence de l'humanité sera avant tout perçue par l'aménagement du territoire et l'espèce dans son ensemble, sa prolifération. La conscience au niveau de l'espèce c'est, il me semble, une conception impossible à déterminer. Cela impliquerait un organisme unique mais multiple, c'est à dire une sorte de négation de notre individualité. Par contre on peut essayer de déterminer la conscience au niveau individuel pour commencer. Et alors, le problème est la faiblesse de cette conscience. A poser des questions et réaliser des tests de comportements (comme beaucoup ont déjà pratiqué), n'importe quel individu apparaitrait comme extrêmement biaisé et peu conscient, si conscient tout court. Car, de même qu'un individu est partiel dans l'ensemble, dans l'espèce, sa conscience est infime dans l'ensemble de ses pensées et de ses comportements. L'intelligence, elle, est une question de capacités, et cela est facile à démontrer et à reconnaitre, aussi bien chez la machine que chez l'homme. Même si l'intelligence peut être - chez des individus ou sur certaines capacités - basse, elle n'en reste pas moins une intelligence. Après on pourrait débattre sur l'imitation ou la simple réaction réflexe, par rapport à l'intelligence, mais ça n'est pas vraiment le sujet (j'ai déjà esquissé quelques pistes sur mon livre EXTENSION).

Une publication partagée par Davenia Martini (@davenia.world.photography.art) le 2 Déc. 2017 à 16h41 PST

Comment concilier
les deux cosmologies ?

Est-ce que les technologies émergentes nous sont une simple extension mécanique ? Ou sont-elles une nouvelle forme d'existence ? Il est vrai que lorsqu'on ne peut pas communiquer avec un autre être on a tendance à particulièrement le sous-estimer. En fonction de la forme, on va donc attribuer une conscience ou non, une intelligence ou non aux êtres vivants différents de l'humain. On attribue difficilement une intelligence aux plantes, et leur accorder la valeur supérieure (selon nos critères) de conscience est encore plus difficile. Notre estime prendrait un coup, et notre sens moral nous tiraillerait probablement si l'on avait la certitude reconnue par tous les individus que les plantes sont des êtres vivants intelligents et conscients. Il apparait rationnel de protéger notre estime, car une bonne part de notre vie dépend de cette estime qu'on s'attribue à soi à travers son espèce.

Cela pose beaucoup de questions existentielles pas très agréables à entendre. Par exemple, est-ce nous qui sélectionnons les plantes à propager (que ce soit à but alimentaire ou ornemental), ou est-ce que nous sommes choisis par séductions diverses (couleurs, odeurs, formes, goûts) pour nous charger d'entretenir leur prospérité et leur descendance ? Pareil pour les vaches, cochons, chats et chiens... Car en réalité on pourrait servir d'instrument pour ces autres espèces, et nous nous en auto-aveuglons par des concepts de libre arbitre, de domination, ou autre. Dans le pragmatisme le plus élémentaire, se poser ce genre de question et surtout tenter d'y répondre ne nous donne rien : pas de supplément alimentaire, de supplément de statut social, de longévité, etc. Reste tout de même un flou.

Relation de mutuel bénéfice ?

Du coup, dans l'hypothèse où les technologie seraient une nouvelle forme de vie, on pourrait dire que nous avons une sorte de mutualisme (bénéfice réciproque, mais pas obligatoire), sur certains points, même, une symbiose mutualiste. Nous donnons un support (tablettes, smartphones, serveurs, etc), nous en créons toujours plus, nous donnons de l'énergie, et en retour on peut bénéficier de diverses applications énergétiques qui nous épargnent des déplacements, des gestes répétitifs, des mémorisations, etc. Si l'humanité meurt demain, les technologies a priori s'arrêteront. Mais si les technologies disparaissent ou ne marchent plus demain, nous serions embêtés de retrouver une pénibilité d'existence plutôt énorme, on devrait se réorganiser de A à Z, et beaucoup mourraient.

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Ne pas nier notre biologie

Il faut se rendre compte qu'à l'état de nature pur,  notre action écologique consiste avant tout à transformer des corps végétaux et animaux en des déjections. On peut aussi piétiner des insectes, des plantes, et plus tard décimer des grands mammifères. Ah et aussi se faire empoisonné, se faire trucider, mourir. Bref, on régule sans le vouloir notre environnement, et ce, sans intention préalable, sans visée, ou plan, juste pour survivre.

Avec notre culture, nous donnons lieu à l'information (plus d'éléments sur ce sujet dans le livre RÉFLEXE VIRTUEL) et ces informations deviennent en quelque sorte notre environnement, du moins en partie, et sans occulter notre environnement écologique et biologique premier. On remarque alors - suivant l'hypothèse que les technologies ne sont que de la mécanique - qu'au plus on formule d'informations au plus on peut agir sur notre environnement premier en retour. Cela laisse effectivement penser que cette dynamique ne fait que s'accroitre et qu'on pourra alors un jour, avec suffisamment d'informations, rétroagir sur notre corps même et le façonner ou le refaçonner selon nos besoins, voire nos désirs, nos aspirations. Ici, nous commettons l'erreur encore peut être de penser que ce processus est conscient, et sera conscient, ou plutôt volontaire. Non. Nous faisons cela à l'échelle de l'espèce, or qui "contrôle" l'espèce si ce n'est grosso modo nos gênes ? Selon la théorie de l'évolution, il n'y a pas de finalisme par le processus évolutif et les gènes. Ce sont des sortes d'essais à l'aveugle de "la nature".

Au compte final, on ne saurait se décider. Est-ce que la technologie est une extension de nous (comme un mollusque et sa coquille par exemple) ? Ou est-ce que la technologie est une transformation autonome de la terre + une apparition de la vie spontanée ? On pourrait utiliser une analogie avec le cocon de certains insectes. On construirait un cocon pour entamer une mue à l'échelle de l'espèce, voire avec nous de tout le vivant terrestre.

Spéculations additionnelles

Nous avons donc passé brièvement en revu certaines classifications possibles des technologies dans l'ensemble écosystémique présent. Cela plus dans le but de faire réfléchir que d'affirmer quoi que ce soit d'absolu et de définitif. Pour aller plus loin, je propose une petite spéculation sur le futur de ces phénomènes. On voit une perte brutale de biodiversité à travers le monde, allant jusqu'à dire qu'on se dirige vers la sixième extinction massive qu'a connu la Terre. On voit aussi que notre rôle en tant qu'espèce est de plus en plus imposant sur tout le reste du vivant. Enfin, on présume que le développement des technologies continuera encore et encore, jusqu'à ce que certains appellent une singularité (dont fusion homme machine).

En mixant ces trois éléments, une perspective pourrait apparaitre. Oui, il m'est avis que ce développement technologique provoque actuellement une extinction massive, mais il m'est aussi avis qu'elle est sur le point de donner à la vie telle que nous la connaissons une nouvelle explosion. Qu'entend-je par "explosion" ? Une explosion de diversité, car nous pourrons créer et modifier, combiner quantité de matière animée via nos connaissances et technologies. Je ne me risquerais pas à donner un agenda, une date précise, ni approximative, juste à dire que cela m'apparait aujourd'hui comme une grande probabilité. Car si nous devenons surpuissants en tant qu'humain ou entité surhumaine, nous développons aussi un sens de plus en plus aiguë du respect de tout le vivant. Je ne pense pas que nous voulions, si nous le pouvions, n'être qu'entre nous, gens d'une même et unique espèce. Il est d'ailleurs possible que notre espèce se scinde en plusieurs espèces, plus qu'elle n'évolue toute entière vers une augmentation. ^^ Je vois déjà certaines personnes lever les yeux au ciel devant tant d'hypothèses spéculatives qui paraissent si éloignées de nos préoccupations quotidiennes.
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Exemple de fiction :
changement de cosmologie

Dans ce film -Jupiter Ascending des Wachowski- l'âme des humains est une ressource exploitable comme une autre, mais pas par les humains eux-mêmes (forcément). Des êtres plus avancés on réussit à extraire l'âme pour synthétiser un produit qui assure une longue (voire éternelle) vie en parfaite forme. De ce fait, la Terre avec sa population très étendue est une mine d'or. Ici, l'humain n'est donc plus l'être le plus intelligent, ni la destiné de l'intelligence dans l'univers connu mais une simple ressource comme une matière première. Le coup dur pour notre estime est qu'on se rattache au concept d'âme souvent pour nous rassurer sur notre singularité individuelle et d'espèce qui dépasserait simplement la vulgaire matière. Là, notre âme est démystifiée, car elle est expliquée et exploitable.

En effet, au tout matière on se braque parfois et on se réfugie vers des notions intouchées encore par le processus scientifique et nos connaissances. Mais, une fois qu'on atteint cette notion alors nous revoilà dans le désarroi. Car effectivement, ce qu'on reproche souvent au tout matière est de diminuer la part d'ombre existentielle. Or, il y aura vraisemblablement toujours de l'ombre mais nous avons du mal à (et ne pouvons pas tous) digérer les savoirs actuels, et encore moins les implications de nos savoirs. La masse est trop énorme pour les individus, et nous revenons à des cosmologies plus simplistes car plus compréhensibles, ce qui nous valorise et nous rassure.



Pour plus de cinéma, je vous invite à lire cet article qui traite du transhumanisme au spectre d'une sélection de films.

Une publication partagée par Ingo (@ionsounds) le 1 Déc. 2017 à 15h23 PST

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