Pourquoi lire ?
1- Apprendre énormément, rapidement et profondément.
2- Aide à la vivacité d'esprit, décision rapide
3- Profite d'une ressource de savoirs
et techniques énorme
4- Profiter de l'aspect exponentiel
de la lecture
5- Encourage les auteurs à continuer
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Critiques
Lire c’est reconnaitre des formes que l’on corrèle par multiples associations mentales à des sons-images qui renvoient à divers signifiants mentaux (des sons, des personnes, des idées, des sens, des actions…). Une lettre comme « A » ne représente rien en elle-même, elle est un agencement particulier de traits, un motif évocateur, qui nous évoque quelque chose… d’autres choses. La lecture consiste donc à deviner des sens, des significations derrières des assemblages et successions de traits.
En cela, nous exerçons notre capacité à simuler mentalement diverses images, sons, concepts, et en cela on dit que la lecture est « bonne » ou peut rendre « intelligent ». Seulement, cette simulation permanente est une simulation, quand bien même elle serait dans nos impressions fortement intégrée à nous.
Car la lecture - comme beaucoup de choses – ne doit pas être considérée en termes binaires de passif/actif. On entre dans une simulation délibérément et on marie nos propres « pattern recognition » avec ce qui est exposé. Il y a une complicité et un consentement. L’auteur offre ouvertement une partie de lui. Le lecteur choisi cette « partie » et lit/retient ce qu’il veut/peut. Ah, oui, petite précision, prétendre que l’auteur peut produire une œuvre qui n’a rien à voir avec lui-même, c’est louche. Il ne peut que donner la vague impression de ne plus être là, mais ça ne veut pas dire qu’il a pour autant effacer toutes ses spécificités. Et ces spécificités ne sont pas QUE lui, mais aussi le reflet d’une époque, d’un lieu, d’un ensemble de circonstances.
Donc, pour en revenir à la lecture, il y a un risque effectif de rester fasciné par la simulation. Il y a alors un décalage, sans que ce décalage soit « mauvais », car justement c’est ce passage de l’un à l’autre qui permet un vrai enrichissement. Plus que le contenu seul, le simple fait du média lecture induit un état mental différent. On se plonge dedans, et on voit à quel point on peut « partir loin » lorsqu’on arrête la lecture, arrive à la fin, ou est interrompu. Le risque aussi est de diminuer l’attention disponible à l’autre sous un autre média, en « IRL » on va dire.
La lecture est une fréquence spécifique qui ne correspond pas toujours à la fréquence en face à face. On est actif dans le réceptif-captif. Mais on n’interroge ni n’interromps l’autre, l’auteur, lorsqu’on lit (question de rythme-transe), alors qu’en face-à-face, c’est presque la règle conventionnelle de base. Si on passe beaucoup de temps à lire, il faut alors une gymnastique interne pour changer de fréquence. C’est d’ailleurs ce facteur aussi qui peut rendre ceux qui lisent plus « intelligents », non pas pour ce qu’ils apprennent ou le temps passé mais simplement par le fait d’être obligé de changer de « fréquence ». On a une attention limitée, et se plonger dans la lecture nécessite un surplus d’attention, surtout au début, et nous maintient dans une fréquence différente de l’échange IRL. Mais au plus nous lisons, au plus le surplus d’attention nécessaire tend à diminuer. Ce qui peut parfois nous rendre captif du média, parfois nous faire revenir à plus d’attention IRL.
Au final, donc, le média-lecture élargit les formes d’attention et les fréquences, ou états mentaux. Mais ceci n’est pas spécifique au média lecture. Car par exemple faire des mouvements dans des ensembles de règles appelés « sport », provoque aussi ces mêmes variations. Quelle est la spécificité de la lecture alors ? Qu’elle ne se fait pas dans le déplacement physique, ou très très peu. Mais le cinéma aussi se fait avec peu de déplacement physique ? C’est que le verbal a une extension culturelle qu’est séparément ou remixés l’image et le son. Et ce sont donc des retours aux sens, en extrapolant ces sens (modifications par moult techniques est filtres). Je vous invite à vous procurer le livre Réflexe Virtuel.
Pour résumer cette critique
- Donc, la lecture n’est pas une passivité mais simplement un autre état, un entre-deux, une simulation active.
- Le média-lecture seul donne la majorité des effets « bénéfiques » sur les individus, le contenu étant secondaire dans ces effets.
- La lecture peut créer un décalage de perception et d’échange avec ses paires.
La lecture : toujours pertinente ?
On va généralement être porté à lire ce qui nous plait, nous intéresse spontanément. Mais l'idée est que toute lecture ne nous enrichit pas forcément sur le fond, hormis l'acte lui-même de lecture, comme nous l'avons analysé juste avant. Il y a par exemple des rythmes et styles de lecture différents. On ne lit pas de la poésie comme on lit un article de blog, un journal, un roman. De même, en fonction des objectifs (conscients ou non) la lecture sera différente. Si le but est d'obtenir certaines infos spécifiques alors on pourra lire en "écrémant" : une lecture rapide et ciblée. L'écriture donc permet de transmettre des informations qui nous intéressent, mais on ne peut retenir beaucoup de choses avec précision après 600 pages. La longueur du format livre (essai, roman...) est justement utile pour ancrer certaines informations. Même si ces longueurs peuvent être pénibles parfois, car on cherche juste quelques idées essentielles et directives et à retenir, elles sont utiles. Dans un livre on répète souvent les mêmes éléments, en les présentant différemment, cela fait entièrement partie du processus d'écriture, de lecture, et plus globalement : d'échange. Bien sur, si on comprend rapidement une info, toutes les répétitions ultérieures peuvent être de trop, et alors pas la peine de se coltiner des centaines et centaines de page de développement.
On pense aussi qu'au plus on lit, au plus on sera "intelligent". Or, non, il faut reconnaitre que l'accumulation, à un certain niveau, tient de la collectionnite et non de l'utilité réelle. Lire quinze livres qui disent la même information, n'est pas forcément intéressant, sauf si on cherche spécifiquement des nuances, ou un style particulier. Je pense qu'une optique de recherche délibérée permet de rendre bénéfiques ces accumulations. Car je pense qu'il y a une analogie à faire avec l'alimentaire : on doit digérer certains savoirs. Parfois cela requiert du temps. Et ce n'est pas en mangeant plus de mots qu'on va forcément mieux digérer. Plus que l'accumulation, c'est comment ces informations se combinent et peuvent se combiner qui est top. Il vaut mieux raisonner ici en terme de schémas informationnels que d'objets informationnels. Est-ce que ces savoirs sont fonctionnels, utilisables, utiles, pertinents ? Ce sont ces questions qui sont primordiales et non le simple "combien", voire même le simple "quoi".