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Représenter le futur ?

4/12/2017

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Intro - Précision

Qui dit transhumanisme dit anticipation. L’anticipation est un exercice périlleux, il y a une grande part d’irrationnel. Nous n’avons apriori pas un cerveau pour anticiper beaucoup, du moins pas à de grandes échelles, ni de façon massive. Les facteurs à prendre en compte changent en quasi permanence, et s’accroissent sans cesse, certains disparaissant même. Et nous ne sommes que notre propre référentiel du monde. Or, le monde ne tourne pas autour de nous, que ça nous plaise ou non. Donc, on ne peut pas exclure par avance des méthodes d’exploration et d’anticipation de l’existence.
 
Les représentations sont inhérentes à notre construction aussi bien individuelle, mentale, intellectuelle, émotionnelle, (tout ce que vous voulez), que collective. Cela peut passer par un objet, une œuvre picturale, graphique, sonore, culinaire, tactile, olfactive, etc. Que ce soit labellisé « art » ou « science » n’a aucune importance, l’esprit humain, sur une base commune globale, se contrefout de ces séparations arbitraires.

Dessin transhumanisme Quentin Sagot
Réalisation de Quentin Sagot >> https://quentinsagot.wordpress.com/

Représenter le transhumanisme ?


   Déjà, remarquons que nous avons des dominantes visuelles et auditives. Notre langage verbal est sonore et scriptural. Ici même nous sommes sur de l’écrit, donc du visuel avant tout. Et nous discutons de représentations visuelles avant tout : peintures, graphiques, dessins, BD, ciné, etc. Donc toute l’anticipation se fait par cet intermédiaire visuel. On le voit aujourd’hui avec la prédominance des écrans, des projections urbaines, cinématographiques, pédagogiques, réalité augmentée, et bientôt holographiques. Le son ? Et bien on ne va pas trouver de musique futuriste. Du moins, si, il y a toutes les musiques « électro » qui nous donnaient l’impression de vivre ou d’aller à grand pas dans le futur. Aujourd’hui, toute la musique passe par l’électronique, même les instruments classiques sont très souvent amplifiés par des outils électroniques. Mais le genre-spécifique électro d’origine est quasi qu’instrumental et très répétitif. Le synthé ! Alors on peut penser à Jean-Michel Jarre qui a poussé loin et avant tout le monde tout un univers sonore et… visuel. Des choses « abstraites ». Pas ou quasiment pas de verbal, ni de figuratif.
 
Retro futurisme dessin futur
Source Image >> https://one360.eu/blog/archives/24104
 
   Il apparait que nous n’avons aucune représentation purement transhumaniste. Il y a des thèmes futuristes, des thèmes dits  d’anticipation, mais rien d’unique et spécifiquement transhumaniste. Cela peut poser problème. Nous n’avons même pas de logo, à part le h+. Le h pour homme ou plutôt humain et le + pour l’augmentation, le supérieur. Avons-nous des codes couleurs ? Des formes spécifiques auxquelles nous identifier peu ou prou ? Le problème étant que dans le transhumanisme il y a une ambigüité. D’un côté nous sommes et devenons chaque jour toujours plus transhumain, parce que nous mutons, nos communications et productions mutent, notre environnement mute. Mais par transhumanisme nous entendons aussi un mouvement particulier qui revendique ces mutations, et les encourage, invite la majorité à s’y intéresser, à s’y investir. Ainsi les transhumains que nous sommes tous ne peuvent exclurent des pans entiers de représentations, au contraire on englobe toujours plus de diversité, allant du plus rudimentaire au plus sophistiqué, du plus ancestral au plus futuriste. Par contre, les transhumanistes sont impliqués dans un processus de revendication, ils peuvent (et doivent ?) se rassembler sous certains codes afin qu’ils puissent être identifiés, et s’identifier. Un logo, un drapeau, une mascotte, un avatar, bref, un ensemble de codes facilement identifiable. Cela peut paraitre basique, voire rétrograde, mais c’est le jeu des entités extra-individuelles. Et délibérément ne pas se positionner dans ces ensembles n’a rien d’original ni de pertinent. Il faut se positionner, en acceptant le jeu des codes.
 

Humour dessin caricature transhumanisme france AFT
Source Image >> https://www.sciencesetavenir.fr/sante/un-autre-transhumanisme-est-il-possible_19904
   Le transhumanisme donc. Quelles sont ses représentations ? Immédiatement nous vient en tête toutes ces SF (science-fiction). Nous baignons dans une culture fortement empreinte de SF. Cette SF est fortement dystopique à l’heure actuelle, comme cette caricature ci-dessus qui présente Terminator ! Il y a peut être eu un désenchantement envers la science en cours de route, car au début le futur suscitait beaucoup d’enthousiasme, on se dirigeait vers la perfection et le bonheur. Ainsi ses premiers dessins représentaient des centres-villes propres, colorés, bien organisés, très épurés tout en ayant des parties denses, tout le monde avec le sourire, individuellement et collectivement. Cela était les premiers jets et donc relativement niais, ou simplistes. Cependant, cela a fait rêver, fantasmer, suscité des vocations, de la création, etc. Certains disent que la science de la bombe atomique est responsable du désenchantement. Qu’importe. Il y eu ensuite un revirement assez drastique puisque la dystopie nous a fait coucou et on se la coltine encore massivement today. Alors oui, c’est jouissif parfois de tout casser, si ce n’est nous-mêmes en actes, au moins des personnages fictifs en images. Mais n’allons pas de suite sur le scénario. Restons sur la représentation, c'est-à-dire des instantanés figés à travers divers supports relativement durables.

Sémiotique logos

Logo AFT transhumanisme
Source image >> http://transhumanistes.com/
Sur le site de l’AFT on voit la couleur blanche dominante, signifiant la sérénité, l’abstraction, la pureté, l’infini, la paix. Et le logo contient du vert, signifiant la nature, la luxuriance, l’espoir, la santé. La forme d’ogive horizontale suggère un œil, symbolisant la « vision », donc avoir une vision d’avenir, voir ce qui est possible, aussi la position de l’observation, de l’attention. Autour il y a des volutes rappelant les formes de la nature sous sa forme végétale, symbole de prospérité, de luxuriance et de connaissance aussi, voire de sagesse dans certaines traditions. L’Art Nouveau par exemple.
Photo art nouveau escalier architecture intérieur
Source image >> http://blog.artsper.com/voir-plus-loin/lart-nouveau-lintroduction-du-sensible-lart/
 
Le logo de la Singularity University est également intéressant à décrypter. Au début il s’agissait d’un grand et relativement épais S dans une forme d’écusson. Le S rappelait un peu superman, en plus soft et moins romancé. Le S peut aussi symboliser le mouvement avec ses deux courbes. L’écusson reprenait les règles desarmoiries médiévales, faisant certainement écho aux armoiries des grandes et anciennes universités du pays. Montrer l’ancienneté peut toujours être utile tant que ça évoque la noblesse, et non l’obsolescence, la poussière. Pour contraster ces formes, le choix des couleurs était d’ailleurs pertinent : des couleurs pleines et vives.

Cependant, ce logo a évolué. Dorénavant il s’agit d’un logo plus abstrait. La lettre a été abandonnée, et on va vers plus de symétrie. L’idée de courbe, donc de mouvement est toujours là, même amplifié et multidirectionnel. Par contre, les couleurs sont plus soft. Du bleu marine et de l’orange principalement. Dans l’ensemble on pourrait dire qu’il s’agit d’une rosace géométrique constitué de points. Cela est intéressant, car on brise le cadre du blason, on dépasse l’écrit verbal en supprimant la lettre, on élargit le mouvement à toutes les directions, on devient plus abstrait et plus vaste, plus global. Ce n’est pas facile de changer de logo, car un logo constitue une identité, un repère pour les membres et pour tous. Seulement cette transition me semble réussie ici. Les points suggèrent qu’il y a des entités différentes s’articulant et fonctionnant ensemble pour former un grand mouvement, presque un vortex (singularity). Chaque entité est unique et singulière, mouvement respectant l’individualité donc, la spécificité de chaque chose.
Le maintenant traditionnel H+ ou h+ est parfois représenté dans un cercle, et parfois seul, parfois en majuscule et parfois en minuscule. Un blogueur anglophone transhumaniste a proposé un néo logo. Plutôt intéressant. On voit le H par pattern incomplet entre le + et un moins (-) mis à la vertical. Assez épuré donc. Avec l'idée de borne plus et moins, donc électricité, donc l'idée d'énergie, mais aussi le +&- des mathématiques, donc l'idée de rigueur positive, de science.

Fiction par le paysage

Revenons sur les représentations fictives. D’abord, nous passons souvent par le paysage. Et ce paysage est souvent urbain, très urbain. Donc, dans notre imaginaire, le futur sera forcément urbain. Or, ça peut ne pas être le cas. La concentration et densification de l'habitat sont des moyens primitifs de communication, l'architecture et l'urbanisme étant des technologies d'information aussi. Dans ces paysages urbains on distingue deux grandes tendances. D’un côté le paysage très technologique, très propre, très épuré, très organisé, plutôt lumineux. Et de l’autre, le paysage technologique sale, recomposé, réparé, inégal, sombre, peu coloré. De ce que je vois, globalement, il y a peu d’intermédiaire. Un clivage se dégage donc de cela. D’un côté une vision du contrôle structurel de l’espace public et des infrastructures. De l’autre, une vision du laisser-aller, du développement anarchique (connoté négativement) et inégal, dégénéré, parfois sur le modèle du bidonville (en plus "technique") vertical presque. Malgré ce clivage, il y a un point commun : la construction excessive dans la densité, des infrastructures lourdes et fixes.
Photo ville futur smart city
Source Image >> https://www.challenges.fr/economie/positive-economy-forum/la-ville-du-futur-au-c-ur-de-toutes-les-complexites_65265
Photo Film movie Irobot i robot
Source image >> Film I Robot
dessin BD ville futur sombre
Source Image >> http://poopss.centerblog.net/rub-villes-futuristes-.html


   Ce constat est basé sur la majorité et non la totalité des représentations. Bien entendu, il existe des représentations plus nuancées, où il y aurait des infrastructures humaines oui, mais très légères et/ou intégrées dans la « nature », faisant presque corps avec les arbres et les éléments. C’est le paysage écolo-futuriste. A contre-pied du tout-ville, vu précédemment, on a une base naturelle, essentiellement végétale, avec des touches de constructions humaine inorganique en dur. On a aussi l’intégration totale nature/construction avec des grandes tours serres. Dans les projections du futur on imagine donc d’abord son habitat, son environnement, et on y projette une extrapolation de ce qui (au présent) nous fascine, nous anime, nous dérange. Si la pub nous dérange, on va essayer de dénoncer cela en foutant des réclames extrêmement invasives partout dans la ville du futur. Si le trafic automobile nous dérange, on va le multiplier par 10k. Si la bureaucratie nous dérange, pareil. Donc, la représentation du futur passe souvent en priorité par l’environnement et notamment l’architecture, l’urbanisme. Ce n’est pas anodin. On veut savoir où on met les pieds avant d’envisager des actions. D’où l’environnement, dans lequel s’intégrer et agir.

Photo movie film Brazil bureaucratie
Source Image >> https://www.movieforums.com/reviews/1327084-brazil.html

Fiction par les objets

Ensuite on met en avant des objets et outils. Ils sont surtout technologiques. Des armes, comme les sabres laser, ou les fusils à « plasma ». Un skateboard volant. Une moto volante. Une voiture volante. Des téléphones. Donc tout un ensemble d’objets qui permettent de se déplacer dans cet environnement, d’interagir et communiquer dans cet environnement. L’outil : intermédiaire ou pont entre les individus et leur environnement. Parfois ces outils ont aussi une fonction symbolique, sociale, ou alors sentimentale, parfois alors même qu’ils sont obsolètes et directement inutiles. L’outil est une extension de nous, on ne peut donc pas attendre que tous les outils soient dénués d’humanité, qu’ils n’aient qu’une fonction bien précise et unique. Donc, les outils, dans l’anticipation et les représentations, constituent un moyen de symboliser l’action. Car sans outil il n’y aurait que des corps, et on ne peut alors que représenter des relations d’ordre sentimentales, l’amour de sujet à sujet. Dans l’imaginaire scientifique aussi d’ailleurs tout passe par des outils, des machines, sans cela on envisage peu ou pas de développement de connaissances. Mais ces outils ne sont pas toujours nécessaires et dans les fictions futuristes ils servent à symboliser le pouvoir technologique, et scientifique. Or, comme, plus avant, nous l’avons vu avec la ville, rien n’indique que les machines seront omniprésentes si toujours présentes dans le futur. Mais dans l’imaginaire, la machine c’est l’action, la puissance, la maitrise, le travail. Encore une fois, cette fameuse fonction symbolique dans les représentations.

Fiction par les habits

La mode ! Beh oui, nous dans nos idées on oubli qu’on met toujours des vêtements. Comment les artistes représentent le futur vestimentaire ? On pensera tous à l’exubérance du cinquième élément, par Jean Paul Gautier. Mais cette exubérance est récurrente. Surenchère de couches, de couleurs, de formes, de sophistications extrêmes. De l’autre côté, évidemment encore un clivage bien marqué, on a des uniformes bien lisses propres aux couleurs discrètes. Une partie est faite de tissus bien techniques et « futuristes », et une autre est au contraire un retour à des tissus simples, ancestraux, naturels (lin, cuir, corde…). A l’image du clivage urbain, dans une main on a la propreté impeccable et de l’autre la saleté, le seconde-main, la bricole, le rafistolage. Ce sujet est intriguant car jamais nous pensons que le transhumanisme puisse passer par le vêtement, reléguant cela de façon condescendante à du futile artistique, ou du tout juste « nécessaire ». Alors qu’il s’agit de seconde peau, comme les avatars sur le net sont un second visage, second discours. Tout ce qui est « extension » ou externalisation de fonctions du corps n’est pas « faux », ni forcément futile. L’habitation peut être vue comme une troisième peau d’ailleurs.

Photo film movie cinquième élément costume
Source Image >> https://i-d.vice.com/fr/article/43vn8q/10-films-science-fiction-mode
Photo sculpture cyberpunk costume habit futur
Source Image >> http://manchu-sf.blogspot.fr/

Les attributs comme symboles

Première étape d’observation, la représentation visuelle de notre futur humain se porte essentiellement sur les attributs (environnement, objets, vêtements). Tout ce qui est de l’ordre interne, intérieur n’est quasiment par représenté, ni (peut-être) représentable. A voir… Exemple, si un humain est radicalement changé dans son corps mais présente la même apparence extérieure, on ne peut guère savoir visuellement qu’il est « changé » ou « augmenté ». Les signes visuels sont insuffisants pour interpréter ou deviner quoi que ce soit de cet ordre. Voilà probablement pourquoi, on met souvent en scène des cyborgs avec des extensions forcément mécaniques très visibles. Voire des humains totalement mécanisés. On ne peut imaginer non plus un humain avec une forme radicalement différente de celle d’origine, actuelle.

La définition visuelle d’humain, pour qu’on puisse reconnaitre rapidement et sans trop de doute qu’il s’agit bien d’un humain, est cette forme et posture bipède debout. Dès maintenant, sans rien de technologique, ceux qui ne correspondent pas à ces critères font l’épreuve du traitement différent de la « norme », ce n’est pas intentionnel, c’est du pattern recognition comme on dit. On a besoin de se baser là-dessus pour créer des représentations. De ce fait, les représentations ne sont pas « idéales » (au sens surtout moral), ni forcément rigoureuses dans leur approche d’anticipation. Souvent nous ne faisons que reproduire ces biais et limites inhérentes à nos perceptions et mentalités. Et cette reproduction se fait souvent par exagération, car l’art est une forme de démonstration publique qui doit « parler » sans trop trop d’efforts, surtout quand il s’adresse à un grand nombre.

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Réalisation Quentin Sagot >> https://quentinsagot.wordpress.com/
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Source Image >> Source Image >> http://www.dccomics.com/comics/cyborg-2015/cyborg-1
Au delà de la "norme", donc, il y a aussi ceux qui n'ont pas choisi des "augmentations". Dans la fiction, par exemple, Stark est lourdement handicapé au niveau des organes internes (poumon, cœur) et il devient Iron Man avec ses augmentations techniques mi incorporées, mi externes. Mais dans la vraie vie, on a longtemps eu cette représentation des prothèses comme diminuant l'humain. Dorénavant on a un vision qui change radicalement, notamment avec des performances comme l'athlète Pistorius et ses lames. Alors, ce n'est plus une occasion de diminution dans les yeux de la majorité, mais ça devient une occasion de dépasser même la norme. Bien entendu, ce nouveau développement des représentations des handicaps n'est pas toujours réjouissant. C'est bien entendu parfois comme si on forçait les handicapés à devenir des super héros. En oubliant que leur but en tant qu'humain, comme n'importe qui d'autre n'est pas de jouer aux héros pour faire plaisir à un public, ou rassurer ou inspirer ses téléspectateurs. Il faut rappeler que ce n'est pas choisi, et pas souhaité, ni souhaitable. Voir cet article du blog Pousser des ailes. Alors on a aussi des représentations totalement assumées qui mettent carrément en avant un "handicap" dans une mise en scène reprenant des codes de science-fiction, comme la mannequin Viktoria Modesta.

politique à travers l'urbanisme

Revenons sur la représentation de l’espace public. Derrière ce qu’on pense simplement esthétisme se cache évidemment très souvent une vision politique, et/ou sociétale.

On voit ainsi des urbanismes totalitaires, très droits, rectilignes, froids, des bâtiments et routes de dimensions écrasantes. Dans ce délire on voit des mix de soviétisme, de temples et monuments antiques, dont égyptiens, et de style buildings phallus géants comme dans les centres « d’affaires » des grosses villes du monde. Des choses très géométriques, aux arrêtes tranchées, de grands alignements. Ceci est dans le but de montrer l’idée de puissance, de maitrise, de rigueur, de l’inflexibilité du pouvoir et des méthodes. Il y a ainsi souvent de grandes places très vastes, très ouvertes, dégagées, avec l’idée de propre, de clair et net, que le peuple passant se retrouve, malgré le nombre, minuscule dans cet espace, que les pouvoirs savent faire le vide quand il le faut. Dans l’aspect symbolique plus positif, ces grandes places sont aussi la liberté commune, le regroupement possible, l’organisation d’évènements de grande ampleur, des rencontres, des échanges, etc.

On voit aussi des urbanismes très très chargés, à la fois en vertical qu'en horizontal. Des complexes sous terre, ou alors des complexes agrégés en hauteur jusqu'à ne plus pouvoir apercevoir le sol. C'est le modèle d'agrégation spontané des villes qui se construisent en remixant l'ancien, le nouveau, différentes couches d'époques. La manière dont s'organise ce qu'on appelle les bidonvilles est éclairante à ce sujet. On considère dans cet optique que la ville du futur suivra ce même modèle d'agrégation, en plus structuré et technique certes. Derrière cette représentation peut se cacher l'idée de corruption ordinaire, voire systémique. La bidouille aussi. C'est la jungle urbaine garantissant un certain anonymat dans des échanges officieux, non ou très peu régulés. L'idée de surpopulation se glisse ici aussi. Une espèce d'anarchie propres aux marchands sauvages, tout fait d'arrangements, d'accords sous-terrains.

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Source Image >> https://www.cbr.com/district-9-sequel-neil-blomkamp/

Attention, des Aliens !

Quand on parle futur, il est rare qu'on n'arrive pas à un moment ou un autre à parler de communication avec l'espace, donc avec des aliens, des formes de vie extra-terrestre. Le problème souvent rencontré est la pauvreté de ces représentations. Dans plus de 90% des cas l'extra-terrestre sera bipède et humanoïde. Ah ah c'est très mauvais ! Mais comment représenter ces formes de vie ? Difficile parce que pour comprendre que c'est en vie, on est toujours dans un anthropocentrisme extrême. Récemment on voit que des gens se rendent compte que les vaches sont des êtres vivants, que les arbres aussi sont des êtres vivants. Mais si on est honnête, une forme de vie extra-terrestre n'a ni à avoir une forme humaine, ni animale, ni végétale, ni même visible. Une bactérie peut être extra-terrestre, rien de nouveau, mais comment représenter une bactérie alors que par définition on ne peut pas voir à l’œil nu ces formes de vie ? Pourtant, c'est ce qu'a essayé de faire le film Life-Origine-Inconnue.
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Sinon, on doit se taper des bipèdes petits avec des couleurs fluo, des poulpes gluantes sous scaphandres, et autres belles joyeuses absences d'originalité. Si on représente des "esprits", ou spectres, on tombe dans un genre différent qu'est l'horreur et le fantastique. Et même dans ces cas là, on a toujours un langage similaire oral/écrit qu'on doit juste traduire comme on traduit du mandarin en afrikaans. La représentation originale d'une communication nouvelle est le film Premier Contact. Bon, passons, vous savez ma passion pour le langage :). Ce sujet est intéressant dans notre thématique ici. Rencontrer l'autre, savoir déjà voir l'autre. D'une certaine façon, on s'est tellement coupé (par des murs) de l'environnement initial que voir des vaches IRL revient aujourd'hui à une rencontre du troisième type pour l'excédant d'urbains que nous sommes. Ah et dans ces représentations de rencontre avec l'alien on a souvent aussi une belle dichotomie gentil/méchant, coopération/prédation, etc. Hmm, quand on voit que certains de notre espèce ont encore du mal à comprendre unsexe différent, ou une teinte de peau différente, on peut imaginer qu'il ne faut pas en demander plus. Ok, déso pas déso pour le sarcasme gratuit ^^
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Michel-Ange revisité

Parfois on représente l’idée transhumaniste avec la fresque de Michel-Ange où Dieu approche son doigt (index), sauf que celle-ci est revisitée : d’un côté l’humain et de l’autre une machine humanoïde. De prime abord, la représentation figurative de Dieu sous forme humaine est déjà louche sur le principe, mais encore une fois c’est de l’ordre du symbolique visuel. De même qu’on anticipe avoir des grosses machines partout dans notre futur seulement pour figurer la puissance qu’on va développer, bien que réellement cela semble peu probable qu’il y aura plutôt miniaturisation, disparition ou plutôt effacement progressif. Cette fresque humain-humanoïde nous marque immédiatement, mais sur le fond cela véhicule un message plutôt ambigu. Est-ce que le but de ce que l’on entreprend aujourd’hui dans notre société est la rencontre humain-machine, comme ça l’était de la rencontre humain-dieu ? Cela est délicat, car c’est comme si l’on avait remplacé dieu par la machine, ou mis l’humain à la place de dieu et la machine à la place de dieu. Dans les deux cas, il y a l’idée de cette puissance, ou surpuissance, une hiérarchie existentielle. Alors les critiques envers le transhumanisme qui accusent de sentiment de toute puissance ou de projet de remplacement se voient d'une certaine façon légitimées par ce genre de représentation.
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Source Image >> https://applepoo.deviantart.com/art/Steampunk-Bonaparte-211113757

Steampunk

Le mouvement steampunk est très intéressant. Déjà il y a l’idée d’associer le punk au futur, alors que le punk balançait le slogan « no futur » à la face du monde. Véritable prouesse de métisser l’aspiration au futur et un mouvement qui s’en défiait très explicitement. Ensuite, l’idée de métissage est encore présent esthétiquement dans le steampunk, car il s’agit de mixer des éléments mécaniques éparses, souvent de récupération, et souvent aussi par pure fantaisie esthétique ou technique, à des éléments plus organiques, comme du cuir, des tissus végétaux, des plumes. Cela est très pertinent car illustre qu’une part de nos mécanismes est d’ordre purement esthétique et non seulement fonctionnel et utilitaire. Et d’autre part que nos anciennes « techniques » ne sont pas toujours obsolètes, loin de là. L’ancien et le futur se confondent, s’associent, se marient. Il y a aussi à travers ce steampunk un certain romantisme non glauque, un romantisme nouveau, plus positif, porté sur l’action ou l’enthousiasme dans l’avenir. Parce que le romantisme à la base est plutôt une vue négative sur la civilisation, sur le progrès, et une idéalisation de la « nature » (nature hors humain…). Alors, le fait de réconcilier toutes ces choses, de les convertir dans quelque chose de positif est assez admirable. Il y a en sous-jacent l’idée de maker aussi. Je fabrique mes propres outils, mes propres accessoires, mes propres vêtements et j’en suis fier. C’est aussi une chose qu’on peut voir dans le transhumanisme, l’optique où on va pouvoir assumer et personnaliser toujours plus nos propres vies à l’échelle individuelle. Se dégage encore l’idée de recyclage, car plutôt que dejeter et de se procurer tout le temps du neuf, on récupère ce qui existe déjà et était voué à… rien. Mais ce steampunk contient aussi un brin de rétrograde, une nostalgie par multi-références passées. Quelque part on peut reprocher ce manque d’imagination à cet esthétisme pseudo philosophie-de-vie. Bref, ça peut sentir la poussière.

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Source Image >> http://www.mobygames.com/game/jaguar-xj220

La machine, ce nouvel animal

Le symbolisme. Comme déjà dit, on utilise des outils/créations présentes en les extrapolant et en en faisant donc des symboles pour le futur. Avant on utilisait des animaux pour évoquer des qualités de puissance ou de sagesse, ou d’omniscience. Exemple celtique de l’ours puissant, et de l’omniscience divine du corbeau. Maintenant, il semble que l’on utilise des machines à la place des animaux symboliques/mystiques/sacrés. Cela n’est pas étonnant car dans l’utilisation de l’énergie la traction animale par exemple a été quasi totalement remplacée par des machines fonctionnant au pétrole et/ou à l’électricité. Rares ne sont pas les analogies non plus du soleil avec la puissance, et avec l’invention de l’électricité de voir une centrale électrique comme un soleil. La fusion et la fission nucléaire ont été vendu ici et là comme de telles promesses de puissances. Le Râ égyptien est une centrale nucléaire, ou une centrale solaire gigantesque. La horde de chevaux d’un seigneur est devenu 600 chevaux dans une seule voiture. La voiture est donc une démonstration symbolique de puissance avant d’être une utilité ou une fonction. C’est l’animal, la monture, une extension par attribut d’une personne. D’ailleurs nombres de marques reprennent carrément l’animal comme logo (dans le sport aussi). Le corbeau omniprésent signe des dieux dans l’Europe pré-chrétienne est remplacé par un système caméra centralisé, avec traçage GPS par des institutions de « sécurité », des entités qui sont partout et nulle part.

De réel à picto

Mais comme les outils technologiques se remplacent vite les uns après les autres, certaines formes devenues obsolètes sont dorénavant des symboles, des icônes. Exemple de la disquette qui n’est qu’une petite icône symbolisant la sauvegarde. Car oui la technologie tend à muter très très vite, et à s’effacer dans le volume spatial requis au début (miniaturisation). Du coup, la mutation rapide est aussi un signe de puissance, de dynamisme extrême qu’en tant qu’humain social on a vite fait de s’approprier. Il est possible que le smartphone, omniprésent dans nos sociétés aujourd’hui, devienne un simple emoji, comme la disquette. On voit la conversion de réel vers du picto. La silhouette d'une pomme croquée évoquera la marque éponyme. Le taureau fera penser à la bourse de Wall Street et à Lamborghini. Assez parlant d'ailleurs cet exemple, d'un côté on parle d'échange "virtuel" mondialisé ultra rapide et de l'autre de voitures ultra rapides aussi... On voit aussi avec les émoji que des fruits peuvent devenir des symboles de sexe. On ne va plus dire cul, mais afficher un émoji pêche. Voyez ces multiples confusions, conversions. C'est toujours des métaphores. Mais ce qu'on constate c'est la tendance à la virtualisation. A ce propos voir le livre Réflexe Virtuel qui retrace très bien ce phénomène. Qu'est-ce qui hoy est quelque chose de normale de notre quotidien et qui demain sera une simple icône ? ... à méditer.

Réflexe Virtuel
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Source image >> https://twitter.com/shintarokago/status/935594927710355456

Une publication partagée par Steffen Kraft Eco Designer (@iconeo) le 22 Nov. 2017 à 6h31 PST

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Illustration Uno Moralez
Artiste >> Uno Moralez

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