Intro - Précision
Les représentations sont inhérentes à notre construction aussi bien individuelle, mentale, intellectuelle, émotionnelle, (tout ce que vous voulez), que collective. Cela peut passer par un objet, une œuvre picturale, graphique, sonore, culinaire, tactile, olfactive, etc. Que ce soit labellisé « art » ou « science » n’a aucune importance, l’esprit humain, sur une base commune globale, se contrefout de ces séparations arbitraires.
Représenter le transhumanisme ?
Déjà, remarquons que nous avons des dominantes visuelles et auditives. Notre langage verbal est sonore et scriptural. Ici même nous sommes sur de l’écrit, donc du visuel avant tout. Et nous discutons de représentations visuelles avant tout : peintures, graphiques, dessins, BD, ciné, etc. Donc toute l’anticipation se fait par cet intermédiaire visuel. On le voit aujourd’hui avec la prédominance des écrans, des projections urbaines, cinématographiques, pédagogiques, réalité augmentée, et bientôt holographiques. Le son ? Et bien on ne va pas trouver de musique futuriste. Du moins, si, il y a toutes les musiques « électro » qui nous donnaient l’impression de vivre ou d’aller à grand pas dans le futur. Aujourd’hui, toute la musique passe par l’électronique, même les instruments classiques sont très souvent amplifiés par des outils électroniques. Mais le genre-spécifique électro d’origine est quasi qu’instrumental et très répétitif. Le synthé ! Alors on peut penser à Jean-Michel Jarre qui a poussé loin et avant tout le monde tout un univers sonore et… visuel. Des choses « abstraites ». Pas ou quasiment pas de verbal, ni de figuratif.
Il apparait que nous n’avons aucune représentation purement transhumaniste. Il y a des thèmes futuristes, des thèmes dits d’anticipation, mais rien d’unique et spécifiquement transhumaniste. Cela peut poser problème. Nous n’avons même pas de logo, à part le h+. Le h pour homme ou plutôt humain et le + pour l’augmentation, le supérieur. Avons-nous des codes couleurs ? Des formes spécifiques auxquelles nous identifier peu ou prou ? Le problème étant que dans le transhumanisme il y a une ambigüité. D’un côté nous sommes et devenons chaque jour toujours plus transhumain, parce que nous mutons, nos communications et productions mutent, notre environnement mute. Mais par transhumanisme nous entendons aussi un mouvement particulier qui revendique ces mutations, et les encourage, invite la majorité à s’y intéresser, à s’y investir. Ainsi les transhumains que nous sommes tous ne peuvent exclurent des pans entiers de représentations, au contraire on englobe toujours plus de diversité, allant du plus rudimentaire au plus sophistiqué, du plus ancestral au plus futuriste. Par contre, les transhumanistes sont impliqués dans un processus de revendication, ils peuvent (et doivent ?) se rassembler sous certains codes afin qu’ils puissent être identifiés, et s’identifier. Un logo, un drapeau, une mascotte, un avatar, bref, un ensemble de codes facilement identifiable. Cela peut paraitre basique, voire rétrograde, mais c’est le jeu des entités extra-individuelles. Et délibérément ne pas se positionner dans ces ensembles n’a rien d’original ni de pertinent. Il faut se positionner, en acceptant le jeu des codes.
Sémiotique logos
Le logo de la Singularity University est également intéressant à décrypter. Au début il s’agissait d’un grand et relativement épais S dans une forme d’écusson. Le S rappelait un peu superman, en plus soft et moins romancé. Le S peut aussi symboliser le mouvement avec ses deux courbes. L’écusson reprenait les règles desarmoiries médiévales, faisant certainement écho aux armoiries des grandes et anciennes universités du pays. Montrer l’ancienneté peut toujours être utile tant que ça évoque la noblesse, et non l’obsolescence, la poussière. Pour contraster ces formes, le choix des couleurs était d’ailleurs pertinent : des couleurs pleines et vives.
Cependant, ce logo a évolué. Dorénavant il s’agit d’un logo plus abstrait. La lettre a été abandonnée, et on va vers plus de symétrie. L’idée de courbe, donc de mouvement est toujours là, même amplifié et multidirectionnel. Par contre, les couleurs sont plus soft. Du bleu marine et de l’orange principalement. Dans l’ensemble on pourrait dire qu’il s’agit d’une rosace géométrique constitué de points. Cela est intéressant, car on brise le cadre du blason, on dépasse l’écrit verbal en supprimant la lettre, on élargit le mouvement à toutes les directions, on devient plus abstrait et plus vaste, plus global. Ce n’est pas facile de changer de logo, car un logo constitue une identité, un repère pour les membres et pour tous. Seulement cette transition me semble réussie ici. Les points suggèrent qu’il y a des entités différentes s’articulant et fonctionnant ensemble pour former un grand mouvement, presque un vortex (singularity). Chaque entité est unique et singulière, mouvement respectant l’individualité donc, la spécificité de chaque chose.
Fiction par le paysage
Ce constat est basé sur la majorité et non la totalité des représentations. Bien entendu, il existe des représentations plus nuancées, où il y aurait des infrastructures humaines oui, mais très légères et/ou intégrées dans la « nature », faisant presque corps avec les arbres et les éléments. C’est le paysage écolo-futuriste. A contre-pied du tout-ville, vu précédemment, on a une base naturelle, essentiellement végétale, avec des touches de constructions humaine inorganique en dur. On a aussi l’intégration totale nature/construction avec des grandes tours serres. Dans les projections du futur on imagine donc d’abord son habitat, son environnement, et on y projette une extrapolation de ce qui (au présent) nous fascine, nous anime, nous dérange. Si la pub nous dérange, on va essayer de dénoncer cela en foutant des réclames extrêmement invasives partout dans la ville du futur. Si le trafic automobile nous dérange, on va le multiplier par 10k. Si la bureaucratie nous dérange, pareil. Donc, la représentation du futur passe souvent en priorité par l’environnement et notamment l’architecture, l’urbanisme. Ce n’est pas anodin. On veut savoir où on met les pieds avant d’envisager des actions. D’où l’environnement, dans lequel s’intégrer et agir.
Fiction par les objets
Fiction par les habits
Les attributs comme symboles
La définition visuelle d’humain, pour qu’on puisse reconnaitre rapidement et sans trop de doute qu’il s’agit bien d’un humain, est cette forme et posture bipède debout. Dès maintenant, sans rien de technologique, ceux qui ne correspondent pas à ces critères font l’épreuve du traitement différent de la « norme », ce n’est pas intentionnel, c’est du pattern recognition comme on dit. On a besoin de se baser là-dessus pour créer des représentations. De ce fait, les représentations ne sont pas « idéales » (au sens surtout moral), ni forcément rigoureuses dans leur approche d’anticipation. Souvent nous ne faisons que reproduire ces biais et limites inhérentes à nos perceptions et mentalités. Et cette reproduction se fait souvent par exagération, car l’art est une forme de démonstration publique qui doit « parler » sans trop trop d’efforts, surtout quand il s’adresse à un grand nombre.
politique à travers l'urbanisme
On voit ainsi des urbanismes totalitaires, très droits, rectilignes, froids, des bâtiments et routes de dimensions écrasantes. Dans ce délire on voit des mix de soviétisme, de temples et monuments antiques, dont égyptiens, et de style buildings phallus géants comme dans les centres « d’affaires » des grosses villes du monde. Des choses très géométriques, aux arrêtes tranchées, de grands alignements. Ceci est dans le but de montrer l’idée de puissance, de maitrise, de rigueur, de l’inflexibilité du pouvoir et des méthodes. Il y a ainsi souvent de grandes places très vastes, très ouvertes, dégagées, avec l’idée de propre, de clair et net, que le peuple passant se retrouve, malgré le nombre, minuscule dans cet espace, que les pouvoirs savent faire le vide quand il le faut. Dans l’aspect symbolique plus positif, ces grandes places sont aussi la liberté commune, le regroupement possible, l’organisation d’évènements de grande ampleur, des rencontres, des échanges, etc.
On voit aussi des urbanismes très très chargés, à la fois en vertical qu'en horizontal. Des complexes sous terre, ou alors des complexes agrégés en hauteur jusqu'à ne plus pouvoir apercevoir le sol. C'est le modèle d'agrégation spontané des villes qui se construisent en remixant l'ancien, le nouveau, différentes couches d'époques. La manière dont s'organise ce qu'on appelle les bidonvilles est éclairante à ce sujet. On considère dans cet optique que la ville du futur suivra ce même modèle d'agrégation, en plus structuré et technique certes. Derrière cette représentation peut se cacher l'idée de corruption ordinaire, voire systémique. La bidouille aussi. C'est la jungle urbaine garantissant un certain anonymat dans des échanges officieux, non ou très peu régulés. L'idée de surpopulation se glisse ici aussi. Une espèce d'anarchie propres aux marchands sauvages, tout fait d'arrangements, d'accords sous-terrains.
Attention, des Aliens !
Michel-Ange revisité
Steampunk
La machine, ce nouvel animal
De réel à picto
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