Explore & Anticipe - blog Valentin
  • Livre
  • Article
  • Grafique
  • Valentin

Imagination

1/8/2019

0 Commentaires

 

Tu t'es vu quand t'as vu ?

Émile et Image. Je vous parlais du rôle étrange des références culturelles (ici). Illustration parfaite avec ce nom de groupe un tantinet ridicule, qui ne sert à rien, mais qui m'est venu en réfléchissant à une introduction à ce poste. Passons.

Imagination. Image. Image renvoyant à quelque chose de visuel. Importance de la vue, de la vision. On dit par exemple avoir une vision de pour désigner le fait d'avoir un fil conducteur, une stratégie d'ensemble, et aussi de percevoir ou recevoir des idées/images comme un prophète ou comme quand on hallucine. "Je vois ce que tu veux dire" : derrière l'idée de voir, il y a l'idée de comprendre aussi. Voir, ou comprendre, comprendre au delà. Voir loin. Il semble y avoir toujours cette corrélation entre une anticipation, une stratégie long terme, et la vue, donc l'image. Mais l'image semble avoir un statut particulier. C'est une vision, mais une vision pas de l’œil seulement, une vision de l'esprit. Par exemple, en rêvant nous ne voyons rien (d'extérieur) avec nos yeux, mais nous voyons pourtant pleins de formes, couleurs, etc. Pensons également aux hallucinations qui peuvent être induites par des produits spécifiques (champignon, ayahuasca, etc.). Quand nous regardons des photos, vidéos et autres sur écran, nous sommes face à des reconstitutions, c'est à dire que nous ne percevons pas les choses directement, mais l'image (un reflet ?) des choses. Ces images ne sont pas fausses, elles ne sont pas des illusions, elles sont des reconstitutions et plus loin des choses elles-mêmes. Vous vous dites peut-être que ces distinctions prennent la tête pour rien. Attendez la suite, c'est un point important.

La caramba des combos

L'imagination. Dans une conception courante, on se figure souvent que l'imagination concerne le fait de créer des choses qui n'existent pas. Les contes, les mythes, le fantastique, la science-fiction, par exemple, ou des projections de soi étant riche ou populaire ou vivant dans un endroit de ses rêves, etc. On tend donc à l'associer à ce qui n'existe pas, à l'irréel, mais aussi à la folie, à l'enfance et au mensonge. J'imagine que je vole, mais ça ne se passe que dans ma tête, mentalement, pas directement dans le manifesté. J'imagine que je suis président de la Terre, ou j'hallucine des étoiles sur mon corps et alors je suis fou.  J'imagine des scénarios, des histoires avec des jouets et alors je suis un enfant dans son terrain de jeu. J'imagine que je suis le plus beau, le plus intelligent et alors je me mens à moi-même. A priori donc, un ensemble divers d'associations ne semblent pas faire faveur à l'imagination.

Plusieurs points à relever. On se figure que l'imagination n'est pas réelle, ou en dehors du réel. Ce qui impliquerait une étrange conception où l'imagination serait avoir accès à un autre monde, un autre univers. Non, l'imagination, ce qu'on "invente" n'est pas en dehors du réel. Un rêve fait entièrement partie du réel, il est peut-être éloigné du réel manifeste, dans le sens le plus matériel possible. Mais tout ce qui se passe dans la tête n'est pas en dehors du réel, il en fait partie, entièrement. Il est possible néanmoins que l'imagination soit une perception au même titre que l'oreille reçoit des vibrations et traduit cela en sons audibles et "traitables". L'imagination consiste souvent à déplacer des éléments, créer de "nouvelles" (ou simplement différentes) combinaisons. Exemple, on prend un éléphant, on le place sur un toit de maison, on lui met des chaussures à paillettes aux pattes et on obtient quelque chose qu'on dirait imaginatif. Oui, on utilise aussi souvent le mot imagination pour dire - au moins de façon implicite - qu'on a affaire à quelque chose d'original, de jamais vu. Cet éléphant à chaussure sur un toit n'existe pas dans le réel, mais on peut parfaitement avoir l'image dans notre tête. Cette image n'est pas en dehors du réel, elle est dans notre tête, grâce à un procédé de transmission verbale entre autre. Et notre tête n'est pas en dehors du réel a priori. J'insiste sur ce point, car il faut mettre les choses dans l'ordre. On associe aussi l'imagination à la création, ou créativité. Je risque de tempérer un peu la magie mais je répète que la créativité ne consiste souvent qu'à déplacer des éléments, proposer des combos différents, parfois spécifiques. Bien sûr il ne suffit pas de déplacer n'importe comment ces éléments, pour faire... n'importe quoi. Non, il y a toujours des nouvelles étincelles à chaque nouveau combo, et parfois un combo magique qui émeut, transcende, démontre, etc.

coup de projo

Le concept d'imagination est mal interprété à cause de plusieurs distinctions ou absence de distinctions. Il faut (un peu) distinguer le réel manifeste du réel mental ou technologique. Mais il ne faut pas distinguer strictement corps et esprit, ni conscient et inconscient. Car corps et esprit sont des couches d'une même entité. Pareil pour le conscient et l'inconscient. De la même façon que l'imagination n'est pas en dehors du réel, l'esprit n'est pas en dehors du corps, et l'inconscient n'est pas en dehors du conscient. Il faut comprendre cet ordre des choses. C'est complexe, complexe dans le sens de "tissé ensemble". Comme on peut le voir avec notre biologie, composée en même temps de cellules, de gènes, d'organes, de fluides, de solides, d'hormones, d'électricité, d'atomes, etc. Décrire l'imagination comme une sorte de perception permet dès lors d'échapper un tant soit peu à ces travers. Cette imagination a pu être une caractéristique qui a évolué dans les perceptions culturelles/ sociales. Peut-être qu'une certaine forme d'imagination est une perception rare et alors on appelle une personne spéciale de prophète, ou de visionnaire. Encore une fois on essai de faire des distinctions, comme si être créatif serait faire preuve d'imagination mais que cultiver un terrain ou vendre des vêtements, des produits bancaires seraient des activités en dehors de toute projection, toute imagination. Ce sont des activités différentes certes, mais dire qu'une activité nécessite zéro imagination est faux. Il n'y a pas que dans le domaine de l'art, de la production artistique qu'on requiert l'imagination, mais dans tous les domaines de l'existence. Évidemment il y a des degrés qui divergent. Inventer Harry Potter (tient une autre référence culturelle dont je ne sais que faire) nécessite plus l'imagination que de planter un chou. Bien qu'il faille se projeter de diverses façons avant et pendant et après avoir planté le chou. Des activités très matérielles nécessitent toujours différentes projections entre-mêlées. La différence réside peut-être dans la proximité entre la projection/imagination et le réel manifeste.

La menace de L'ourson magique

Maintenant, oui, l'imagination, on peut s'y perdre. Rester dans des projections mentales, dans des mensonges, dans une sorte de réalité parallèle mentale. On retrouve souvent des mises en garde dans d'anciens textes fondamentaux, dont la Bible, et dans une "sagesse populaire" du rejet viscéral ponctuel de certaines formes et degrés d'imagination. Vous savez quand une personne est face à une œuvre d'art qu'elle trouve bizarre, elle va sourire en disant en elle-même "c'est chelou, l'artiste doit être un peu fou". Avoir peur de l'imagination me paraît stupide, mais je suis d'accord qu'il puisse y avoir un effet d'entrainement qui peut annoncer une perdition. Ne plus avoir les pieds sur terre comme on dit. Rester coincé dans une distorsion mentale qui nous est destructeur pour nous-mêmes et autrui. Et, en effet, nous avons tellement affaire à plein d'imagination de toute part aujourd'hui qu'il est très facile de se perdre, de s'accrocher à une narration mentale ou identitaire, d'imaginer une gloire passée ou à venir de soi ou d'une nation ou d'un peuple. Raison de plus d'être vigilant, toujours plus vigilant aujourd'hui. Oui, les avertissements contre l'imagination sont dans le vrai. Car nous sommes, par le verbal, mais aussi par les technologies, dans une surabondance de références culturelles, dont chacune peut nous emmener, nous emporter, parfois en surface ça nous plait et nous fait rire, mais dans les profondeurs elles impriment en nous des schémas, des narrations, des images qui nous nuisent. Il faut qu'on ait un niveau de vigilance à l'égard du culturel imaginatif égal ou supérieur à la vigilance qu'avaient nos ancêtres pour chasser ou s'échapper d'une menace bien physique, un ours disons ou un troupeau de buffle.

L'échelle du possible

L'imagination vient manifester, sous forme d'art, de projections commerciales, nationales, idéologiques divers des éléments qui ne sont pas encore manifestes. Il s'agit comme d'un programme d'implémentation dans le réel manifeste d'un ensemble d'idées ou images mentales. L'imagination peut exercer une pression sur le réel pour faire advenir des éléments et les mêler au déjà manifesté. L'imagination peut donc agir comme une boucle perceptive. On voit de nos yeux pour agir et naviguer dans le monde. Mais des êtres non-humains utilisent d'autres médias/organes que l’œil, la vision et s'en sortent très bien. L'imagination peut donc, en ce sens, être une perception particulière qui permet des boucles d'action et rétro-actions dans et entre le réel manifesté et le réel non manifesté ou mental. Et l'ensemble des deux entremêlés est forcément hybride, ce qui peut augmenter la confusion souvent. Par exemple, ce qu'on appelle "la culture" est composée de chose réelle, mais figurant des choses non-manifestes. A être trop dans le culturel, dont le culturel séculier, on peut se croire vivre dans un monde qui n'existe pas réellement, en dehors de nos têtes et nos supports technologiques (papiers, écrans, enceintes, discours, etc.). Mettons-nous d'accord que le réel manifesté est premier au mental. Le mental peut changer, les images dans nos têtes peuvent changer, mais le réel manifesté difficilement. Je peux m'imaginer voler dans les airs, mais le réel manifesté ne me le permet pas, cela n'existe que dans mon mental. Ah et l'imagination ça peut être en acte aussi d'une certaine façon. Pensons à une chorégraphie, à des rituels, mais aussi à toute activité manuelle, physique, bref tout ce qui peut solliciter quelque chose d'essentielle.





IMAGINATION : une forme de perception du possible, mais aussi de l'impossible (ou possible seulement de manière mentale et/ou par projection technologique). Cette perception peut aider à faire naitre dans le réel manifesté ce qui n'était alors qu'un possible. Il peut y avoir des boucles de retro-action, comme on se guide par boucles de retro-action visuelle, auditive, motrice, etc.

On peut imaginer des choses impossibles comme un humain volant (sans avion, juste avec son corps) et que cela ne se réalise jamais, mais cette image reste et provoque des conséquences et effets connexes/annexes. C'est-à-dire qu'en imaginant volant, on ne va pas voler, mais cela va peut-être nous donner des émotions qui vont nous conduire ailleurs, ou activer d'autres circuits d'imagination et nous faire créer autre chose dans un autre domaine, ou nous rendre prisonnier mental. On peut se méfier de l'écart entre l'imagination du possible et de l'impossible, ou faire attention au degré de possible. Aborder donc l'imagination comme une spéculation mentale. Une heuristique aussi. Soyons réalistes.
0 Commentaires

Spiritualité : Mort & Dieu

13/4/2019

0 Commentaires

 

Invocation + woowoo + néo-péché

Est-ce que ce qu’on appelle la « spiritualité » serait un fourre-tout ? Assurément, parfois, certains utilisent ou plutôt invoquent la spiritualité comme une excuse à leur paresse intellectuelle, ou même à leur paresse existentielle. En disant cela, je ne veux pas casser des hypothèses et des méthodes. Il s’agit simplement faire la différence entre effectivement explorer des voies dénigrées, inconnues ou autres, et… utiliser une esthétique woowoo pour éviter de rechercher, penser, expérimenter.

Comme beaucoup de notre quotidien, dans tous les domaines, nous sommes dans l’invocation. On invoque la liberté, le CAC40, la démocratie, la santé, Johnny, l’apocalypse, l’IA, l’amour, etc. Tout est bon à invoquer. A vrai dire, je ne sais pas si dans l’histoire de l’humanité on a autant invoqué qu’aujourd’hui. Et les hauts techniciens, les experts, les scientifiques, les « rationalistes » et consœurs en sont tout autant. Et donc, une partie de la population utilise le terme spiritualité comme un moyen d’invoquer le n’importe quoi, ou plutôt la non-rigueur.

Comme souvent, il y a une bataille sur la connotation de mot. Et celui-ci semble avoir été pris en otage par le woowoo. On invoque la « spiritualité » et alors tout est permis, en gros, les protestations (et même la raison) doivent se taire. En réaction à cela, les représentants de la rigueur semblent invoquer la spiritualité entièrement woowoo avec pour finalité de disqualifier d’avance à peu près tout ce qu’ils veulent. « Oh regarde, il croit ça, uhuh » comme néo-invocation du péché, de la honte. Ce qui est encore plus stupide que le woowoo, car ces personnes sont sensées avoir un bagage intellectuel et une capacité de réflexion importante, qu’ils évitent justement d’utiliser en sombrant dans la paresse, celle de dénigrer a priori. Bon, je suis d’accord qu’on ne peut pas avoir la patience infinie, ni même la volonté de développer une réflexion à tous les coups devant des gugus bornés. S’éviter cela permet une économie énorme et donc se concentrer sur ce qui nous concerne nous directement, plutôt que de se disperser. Tiens, revenons - nous aussi - au cœur de notre article.

Glissement sémantico-cosmique

La spiritualité est donc utilisée par certains comme un fourre-tout, ce qui est malhonnête envers eux-mêmes et les autres (avant même de tomber dans l’alternative jugement du vrai/faux). Et la spiritualité est invoquée par d’autres pour disqualifier a priori ce qui arrange sur le moment.
 
 
Il est clair que la spiritualité est vaste. Comme je l’écrivais dans un article sur l’intelligence, il y a un glissement sémantique. Spirituel pouvait signifier simplement « de l’esprit », et pouvait aussi avoir la signification d’intelligence. Et aujourd’hui on a encore un glissement avec la conscience et la sentience, ou encore la sensibilité. Dans un autre article, j’ai aussi tenté de distinguer les notions de spirituel et de psychologique. Ici, je vais aborder la spiritualité principalement sous deux angles principaux : Dieu et la mort. Donc oui, ce sera une définition de la spiritualité flirtant ardemment avec ce qu’on appelle cosmologie ou cosmogonie, aka une « vision » d’ensemble du monde, de l’existant. L’optique est surtout de questionner les présupposées sur lesquelles nous basons nos conceptions (ordinaires), c’est-à-dire non pas de traiter un sujet, mais de nous pencher sur ce qui fonde la façon dont nous traitons un sujet, aka les fondements, la base, le sous-jacent.

MORT

La mort. Vous pouvez trouver un article sur ce blog à ce sujet. Mais, ici, dans cet article, ce que je vous propose est de l’aborder sous un autre angle, bien évidemment. La mort, qui penserait à la mort aujourd’hui ? Ne serait-ce qu’invoquer la mort vous ferait passer pour suicidaire, glauque, déprimé, bref, à fuir. J’ai beaucoup médité sur ce sujet, de manière intellectuelle surtout. Récemment, j’ai pu lire L’histoire de la mort en occident par Philippe Ariès. Et comme souvent, avec une perspective historique, on se rappelle la volatilité des perceptions, de notre culture, contre, par défaut, notre présupposé de fixité, le « tout a toujours été ainsi ». Je ne vais pas vous expliquer ici ces évolutions historiques.

Quand on parle de la vie, du vivant, on a tendance à ne focaliser que sur le contemporain et l’immédiat, le directement visible. Compréhensible, car relatif à notre échelle individuelle d’existence. Néanmoins, la vie est aussi tout ce qui est « passé », ce qui est mort. Quand on y songe, la vie se caractérise plus par la quantité de mort que par la quantité « d’individus » en vie. L’autre jour, me rendant au cimetière sur la tombe familiale, j’eus l’impression, notamment en revenant chez moi, de m’être rendu sur ma propre tombe. Ce n’est pas pour créer un effet littéraire ici, c’était vraiment ma sensation profonde. Depuis, des réflexions s’y sont satellitées. Oui, ça a du sens, ces personnes sont les conditions nécessaires à ma vie, même si actuellement je n’ai plus de relation « vivante » avec elles évidemment. Ce que je veux souligner est que la vie pourrait être vue comme un arbre gigantesque, ou un édifice planétaire grandiose. L’accumulation des morts est l’accumulation des potentiels de la vie, et donc généralement de la vie.

La mort est vécue comme un drame à lisser ou éviter aujourd’hui. C’est presque une honte de s’approcher de la mort, comme un échec. Bien entendu, la mort n’est pas souhaitable, là n’est pas la question. Il s’agit de réaliser la continuité de la vie, au-delà des individus et même des espèces. Avant qu’on m’accuse de bercer dans l’abstrait, j’invoque la réalité bien concrète du sol. Un sol de potager basique est l’accumulation de morts et de vivants entremêlés. Alors, comment considérer la mort ? Est-elle justement un non-évènement ? En effet, pour chaque individu sa mort est sa fin, donc ce n’est pas un évènement au même titre que tomber en amour, ou réussir une entreprise. La mort d’autrui, par contre, peut être un évènement. Est-ce que chaque mort est différente ou alors la mort est monolithique ?

Cela me fait songer qu’autrui peut être soi, d’une certaine façon, et que nous abordons ce « sujet » uniquement sous l’angle du vivant, on pourrait dire vivant-centré. Question de logique, le fait d’être toujours sous le même angle d’analyse nous ampute d’une analyse véridique et plus complète. Ainsi, nous pourrions « voir » la mort non pas comme une fin, ou un non-évènement, mais comme un passage, ou une frontière à sens unique. Vous allez me dire que ces idées n’ont rien de neuf. Certes, je ne prétends pas percer un mystère ici, juste proposer un fleuve de mots relatif à ce que je vis/pense/ressent. Donc, je vous propose d’essayer d’envisager un agrandissement des perspectives, d’essayer de creuser vers une perspective non uniquement vivant-centrée. Faites un raisonnement intellectuel si ça vous chante, ou laissez-vous imprégner par cette idée et laissez-là maturer en vous. Je me permets de réitérer l’idée que nous sommes, quant à ce qu’on appelle la mort, biaisé par l’impossibilité de sortir de notre seule et unique angle de perception possible : le vivant-centré.

On pourrait alors dire qu’il est possible que nous ne soyons pas juste mort, il faudrait préciser mort à quoi. Rapport à nos conditions thermodynamiques d’existence, nous mourrons tous les jours à tel évènement et tel autre phénomène, car le temps est monodirectionnel en ces conditions. On pourrait appliquer les changements d’état de l’eau, de solide à gazeux par exemple, à ce sujet. Ainsi la mort pourrait être un changement d’état. Cette analogie amène l’idée de cycle et donc on atterrie sur l’idée qu’il y ait un retour en nos conditions. Idée qu’on retrouve notamment dans les notions de karma. Mais il s’agit d’un autre débat. Je voudrais rester sur ce changement d’état, ce passage de frontière.

Pendant longtemps, j’ai vu la mort comme quelque chose à fuir, un drame. Et avoir fréquenté un peu les idées longévistes semble avoir d’abord augmenté cette attitude. Néanmoins, je suis depuis beaucoup plus à l’aise avec la mort. L’idée de ma propre mort, mais aussi de la mort de toute chose. Bien entendu, je ne souhaite pas mourir, de la même façon que je ne souhaite pas la mort de quiconque et de quoi que ce soit, en principe abstrait. Il nous faut reconnaitre cependant qu’exister c’est faire mourir, qu’exister c’est une façon de mourir. Ne serait-ce que nos cellules, ou des micro-organismes en respirant et en marchant. Manger, lire, discuter, bref, toutes nos activités nous font mourir nous et d’autres (formes de vie). Notre existence même consiste à mourir. Survivre c’est mourir plus longtemps. Cette perspective peut apparaitre malvenue, néanmoins elle me semble la plus honnête. Revenons sur la mort en tant que frontière. Mort à quoi ? Mort à un plan d’existence qui ne se limite peut-être pas à ce qu’on connait en étant vivant. Cette idée de la possibilité d’une existence en d’autres « plans » ou « dimensions », « conditions » n’est pas là pour nous rassurer. Au contraire, il est possible que considérer la mort comme étant une fin de tout pourrait être l’idée faite pour nous rassurer, car l’inconnu peut s’avérer plus effrayant que le néant.
 

Bref, pour résumer de manière plus carrée, sous une esthétique formelle moins « fleuve » :

  • Le biais indépassable d’être vivant-centré pour parler de la mort.
 
  • Le changement de perspective où la mort n’est pas l’inverse la vie mais sa condition même.
 
  • La possibilité que la mort soit une frontière, un changement d’état.

DIEU

Maintenant, parlons de Dieu. Comme dit plus haut, ce « sujet » a été abordé dans des articles précédents. Ce qui m’intrigue toujours : constater la quantité de gens qui dans l’histoire et aujourd’hui suivent cette idée de Dieu. Ne vous méprenez pas, en écrivant cela je ne réduis pas Dieu à une idée, bien au contraire. Ce que je mets en lumière ici est, qu’en raisonnant de manière intellectuelle, l’hypothèse de Dieu est d’une complexité infinie. Il apparait donc comme un décalage entre la complexité infinie de ce qu’est Dieu et la capacité limitée de quantité d’humains dits fidèles ou croyants. Même au sein des croyants et des représentants, je doute que la capacité intellectuelle et mentale d’aborder la question de Dieu soit très répandue. Vous vous demandez peut-être ce que je veux dire par là ? A partir de l’immédiat, de l’ordinaire, on ne trouve a priori rien qui amène spécifiquement à penser à l’existence de Dieu. Cette hypothèse est folle en soi, si on reste sur ce plan unique. Mais passons un peu. Plus loin, une myriade de questions se posent. Est-ce que Dieu est partout ? Est-il séparé de sa création ? Est-il omnipotent ? A-t-il vraiment des « plans », etc. Ces questions ne sont pas directement nécessaires à la dévotion envers Dieu. Néanmoins, on pourrait se demander combien de personnes sont capables de se poser ces questions et surtout d’y répondre véritablement (si tant est qu’il soit possible d’y répondre).

Ce qui me fascine également : le fait de nommer Dieu constitue aussi une folie. Nommer c’est restreindre. Pas que ce soit un affront envers Dieu, mais plutôt derrière cela l’idée que peut-être on adore une idée de Dieu et pas Dieu lui-même, c'est-à-dire une représentation verbale. Qui nous dit qu’en nommant Dieu nous ne créons pas un autre « esprit » ou sous-dieu ? Déjà par le simple fait de lui donner autant de noms différents en fonction de domaines différents. Exemple de Yahvé, Allah, ou dans un domaine moins religieux : l’Univers, ou autres. Comme je le soulignais au sujet de la mort, nous sommes restreint par notre angle de perception voire d’existence, et ici chacun restreint sa notion du « Tout » à son propre domaine. De manière fractale, une star peut être dieu pour un athée fan de cette star, ou pour une autre personne atteindre un objectif suprême dans la vie peut aussi s’apparenter à parler de/avec Dieu.

Il s’agit d’ailleurs ici d’un point que peu de gens capte, que tous ces sous-dieux ne sont pas en compétition avec Dieu, car Dieu est selon nos concepts actuels le point le plus abstrait et le plus élevé qu’il soit possible d’atteindre. Si Dieu est tout, alors il est aussi l’individu disant ne pas y « croire ». Question de classement logique. Dieu contient toutes ses appellations, et n’est a priori pas dépendant d’une seule appellation et d’une tradition, ou domaine d’étude spécifique. Pour essayer de traiter de ce sujet encore, j’aimerais invoquer le très concret corps humain.

Techniquement nous sommes d’abord des cellules, mais on a différents niveaux d’organisations, des échelles d’existences interpénétrées et inter-reliées. Un organe comme le foie est composé de cellules, il a sa propre existence mais il est en même temps dépendant de toute la structure, d’autres organes, de chaque cellule, des sources d’énergie externe, etc. Est-ce que la cellule a conscience, ou pour utiliser un mot plus doux aux yeux de certains, est capable de percevoir ou « sentir » qu’elle fait partie d’un organisme entier « supérieur » ? Voilà, j’utilise cet exemple très concret pour pouvoir l’appliquer à la question de Dieu. En quoi serait-ce impossible que notre existence soit dépendante d’êtres qui nous sont invisibles, imperceptibles à notre échelle ? En quoi ces êtres pourraient eux aussi faire partie d’un plus grand ensemble qu’on nommerait, par facilité intellectuelle, Dieu ? Cela commence à se reconnaitre de plus en plus, malgré la frontière stricte de nos corps, nous sommes traversés et constitués de micro-organismes en permanence, nous mangeons et excrétons d’autres êtres.

Parfois, des croyants peuvent reprocher les « plans » de Dieu, et des athéistes, ou plutôt anti-théistes, dire que si Dieu existait il serait un sacré pervers. Ce à quoi j’invoque le jardinage. Je suis jardinier amateur depuis plusieurs années et j’essaie d’être le plus respectueux de chaque plante (et petits animaux, et mycètes), néanmoins je suis obligé de « réguler », sinon telle plante prendrait toute la place, sinon les limaces mangeraient tous mes semis, etc. Quand je fais le jardin, j’ai en tête - en main surtout - l’ensemble et pas seulement une espèce, même si je suis fan de tel et tel être (disons un plant de pavot suprême) en particulier. Si j’arrache un pissenlit ou une giroflée ce n’est pas contre eux mais pour l’ensemble. Il est possible que ce soit proche ou similaire concernant Dieu et le vivant, à supposer que Dieu observe et agisse sur notre monde en permanence et n’ai pas « autre chose à faire ». Et même si il était la source de  « souffrance » et de destruction du monde dans lequel nous vivons, qui nous dit que cette souffrance n’est pas en soi une manière de communiquer ? Par extension, qui nous dit que toute notre existence n’est pas en soi une communication ? L’entité nommée Dieu compose peut-être avec un nombre inimaginable de critères, il fait au mieux à partir de tout cela.

Spirituel ou Psychologique
Intelligence
Mort
0 Commentaires

Spiritualité, magie & Occultisme

10/3/2018

0 Commentaires

 
Le but de cet article est que vous croyiez en n'importe quoi, que vous deveniez adepte de la première secte venue, que vous vous convertissiez à des religions, non pardon à une seule à la fois, et puis tralala tralala, a bras cada bras.
Photo valentin kyndt eau goutte pot reflet

Spiritualité

Hoy, le mot fait peur, ou fait sourire, au choix. Tel que je le vois on est dans le dogme du psychologisme >> voire un article qui tâte les différences et points communs entre psychologisme et spiritualité. On relègue rapidement la spiritualité à un domaine spécifique de l'existence, c'est à dire au lieu que ce soit un fait total, ça nous est peint à ce jour comme un résidu de vielles croyances obsolètes et folkloriques : tantôt mignon tantôt flippant.

Magie

La magie. Hum qu'est-ce qu'on invoque quand on parle de magie ? On a tout un imaginaire américanisé et lissé sur des sorcières, la magie noire, mélangé au voodoo, à la fantasy, aux jeux-vidéo, aux contes pour enfant, à l'enfer selon les monothéismes, etc. Bref, c'est tantôt un truc de gamins trop imaginatifs, tantôt une bien mauvaise blague.

Occultisme

Ah ah, alors celui-là est peut être, dans les trois termes de l'article, celui qui fera le plus hausser les sourcils. Ironie, l'occultisme qui serait le moins connu, le plus obscur à concevoir. Qu'est-ce qu'on entend par occultisme ? Un vaste ensemble de pratiques rituelles, ésotériques, magiques, spirituelles qui n'est pas "révélé", divulgué, partagé d'ordinaire au public mais reste généralement confiné à un groupe.

Photo plume ombre flamme valentin blog
Photo tronc arbre abstrait rouge
Photo tronc arbre noir et blanc abstrait

Partons des bases

Comment je vois la spiritualité aujourd'hui, dans le fonctionnement actuel de la société ? Alors, je ne suis pas forcément très fan du concept d'inconscient, et lui substituer le concept de subconscient ne me semble pas forcément mieux. Toujours est-il, je constate au quotidien que grosso modo on fait des choses et qu'ensuite on invente une histoire, et que cela prouve que notre conscience n'est pas si étendue qu'on pourrait le penser à premier coup. La conscience est d'ordre plutôt passive dans nos comportements propres mais peut être plus active dans la survenue de nos fameuses post-narrations. Le sujet ici n'est pas la conscience. Je pose ces éléments pour marquer le fait qu'on ne sait pas grand chose, si vraiment quelque chose sur l'existence. Savoir cuir un œuf ou construire une voiture ne nous renseigne pas forcément sur nous-mêmes, sur le monde. Ce sont des connaissances pratiques, presque automatiques et autonomes. Même par la démarche scientifique, on obtient/produit des informations sur un très large éventail de phénomènes "matériels".

Matérialisme

Ayé, le mot est lancé : matérialisme. Le matérialisme est un si ce n'est le fondement de la démarche scientifique. Je ne vais pas m'étendre sur le sujet isolément, je me contenterais de le citer au passage. Le matérialisme c'est donc poser le principe que tout ce qui existe est observable et donc mesurable, et donc connaissable (ce qui fait beaucoup de présupposés avant même de commencer, en plus en chaine : l'un dépendant de l'autre). Tous les phénomènes que l'on observe proviennent donc de ce qu'on appelle matière et qui est donc saisissable, tangible et existe "en dehors" de nous. La recherche d'éléments irréductibles comme l'atome par exemple est symbolique de ce procédé matérialiste. Quelque part le pendant hors science de ce matérialisme est de ne considérer comme ayant de la valeur que ce qui est fort "tangible", donc on arrive à la surconsommation de matériaux, d'objets, d'aliments, et on accorde moins ou plus beaucoup de valeur à l'imaginaire, aux perceptions. Il nous faut, selon la formule politique éculée, du "concret", jusqu'à écœurement rajouterais-je. Cependant, oui-oui, le matérialisme scientifique semble exclure (avec méthode) beaucoup d'hypothèses sur ce qu'est la matière. A vrai dire, c'est impensable d'appliquer tout de go par exemple les théories de physiques dimensionnelles à nos objets et notre langage par exemple.  Et donc on cloisonne pour conserver un tant soit peu de clarté intellectuelle domaine par domaine. D'évidence, chaque nouvelle connaissance s'intègre dans un ensemble gigantesque de connaissances et donc change en partie tout cet ensemble. Chaque étude scientifique et artistique, existentielle est donc une révolution dans la connaissance. Bref, revenons à notre sujet.

Invocations ordinaires

Pour aller plus loin dans une critique sur les fondements de la démarche scientifique dont surtout le matérialisme je vous renvoie vers un article non encore publié à propos de la critique du verbal. En attendant, on peut constater que beaucoup de scientifiques affirment et revendiquent le fait de ne pas "croire" en ce qui est appelé dieu par exemple. On oppose science et religion. Et il est vrai que la religion peut encore aujourd'hui être un "frein" énorme à la science. Mais tel que je le vois, les deux ne s'opposent pas. Certains scientifiques poussent vraiment loin la guerre anti-religion, allant jusqu'à dire qu'il est impossible de croire en dieu et être scientifique en même temps. Par extension, aujourd'hui beaucoup d'athées se considèrent plus rationnels que des "croyants". Je vous renvoie vers mes articles sur l'athéisme et sur dieu. Cependant, malgré cette soit-disant rationalité on a toujours si ce n'est plus de rituels, d'incantations, d'invocations, de croyances. Vous ne voyez pas en quoi vous participez à tout ça ? Oui normal, on a des "filtres" pour ne pas voir les choses telles qu'elles sont, et qu'en plus on utilise un vocabulaire qui permet de faire croire qu'on fait des choses très différentes de la spiritualité. Par exemple, des millions de gens qui se rendent au stade pour voir un match de foot, ou un concert d'une star ce sont ni plus ni moins des rituels où l'on invoque collectivement quantité d'éléments. Il s'agit de communions aussi. Dans la religion économique on invoque le cours de la bourse pour dire si la société et "le monde" vont bien ou non. Je ne ferais pas l'inventaire, vous verrez par vous-mêmes l'étendue du phénomène.

Photo

Impossible non-spiritualité

Donc, derechef on n'est pas - ou si peu - conscient de ce qu'on fait au quotidien, on ne connait pas le futur, on ne peut pas non plus étendre la prédiction précise par une causalité pure et dure sur du long terme et quand bien même la science n'a pas vocation à la prédiction. Au quotidien on participe à des rituels qu'on n'appelle pas rituels mais "travail" ou "tradition", ou "loisir", ou "art", etc. On croit en l'économie, en la nation, en le basket-ball, en le Louvre, en la Culture, en Apple, etc. Donc, rationnellement on ne peut pas dire que nous sommes rationnels, carrément pas ! On est donc réduit, ou plutôt on ne peut pas ne pas être dans une posture spirituelle. Si je me sens bien quand je respecte le fait que tous les jours je joue à la même heure à tel jeu-vidéo, ou que je vais lire, ou que je vais prendre un café, ou me connecte à telle plateforme du net etc, c'est pas de l'ordre de la rationalité mais bien de l'invocation et de la spiritualité. En fait, on ne peut pas ne pas être spirituel. Car cela voudrait dire que l'on connait le déroulé et la destination de chacun et de chaque chose ce qui est humainement impossible. Ainsi on lance des idées, des paroles, des actes dans le monde et en soi sans savoir forcément si cela va prendre, se cela va avoir un impact, un effet ou non. Cela est l'équivalent de sorts, sortilèges et donc de la magie.

Les temples d'aujourd'hui

La magie donc n'est pas invoquer Satan, ou un Djinn mais invoquer le bien-être, la croissance économique, la tradition, le sacré, un sage, etc. On se moque gentiment des mythologies antiques parce que grosso modo tel qu'on le voit rétrospectivement du haut de notre présent, les individus personnifiaient le bien-être en un dieu, ou divinité et lui faisaient même des temples à leur effigie. Mais regardez les musées et les centres d'affaires sont aussi des temples relatifs à leur domaine respectif. On ne personnifie pas l'économie de manière aussi forte que dans l'antiquité - Ô Dionysos - mais le résultat est bien identique. Le sacré se manifeste non plus dans le rapport aux autorités monothéistes mais aussi au respect de la nation et de l'économie, à différentes formes de bien-pensances qui peuvent rétrospectivement être vus comme des dogmes, bien que dans la contemporanéité ce ne soit qu'un phénomène mouvant et pas bien unitaire selon nos perceptions limitées. Pendant que j'y pense, le concept de progrès serait à détailler, notamment parce qu'on le corrèle à la temporalité, au bien, dont bien commun acquis, etc. Mais donc, notre quotidien est entièrement tissé de sortilèges tous azimuts.

Photo

Langage = formules magiques

Bien sur, rien n'est comme dans "ha riz, pot de fleur" avec des formules magiques forcément en latin et avec des éclairs couleur fluo-néon qui sort de bout de bois. Même, le langage qu'on utilise pour penser, ressentir, réfléchir, percevoir, communiquer, s'exprimer est bel et bien d'essence métaphorique, on associe un élément à un autre et hop on peut désigner des choses qui ne sont pas là ou qu'on ne peut pas voir, ou toucher directement. Quand je note le mot "éléphant", diverses choses et diverses qualités sont associées automatiquement en nous, ça peut être le concept "animal", ou "gros", ou "sagesse", ou "défense", ou "Afrique", ou "zoo", ou "écologie", ou "savane" ou bref. Le mot éléphant est un sort qu'on lance et qui va actionner un peu à l'aveugle un ensemble d'associations mentales qui n'est pas de l'ordre du précis. Peut être qu'il va actionner le concept de gros chez un individu et chez un autre individu le concept de gris. Et peut être qu'à un autre moment de la journée, le même mot invoquera de tout autres concepts encore. Regardez, de façon très concrète, il suffit parfois d'un mot-clé (lol voyez qu'en vrai un mot n'est pas une clé) pour illuminer le visage d'une personne, ou la faire parler, ou la faire danser. Dans le livre de la Bible il est écrit "au commencement était le verbe", et cela prend parfaitement son sens quand on sait combien le langage est basé sur la métaphore. Le propos sera peut être un peu de trop dans cet article mais même le découpage basique comme sujet verbe objet tient de la métaphore, donc d'une certaine vision du monde et de l'existence, et donc aussi par un vaste ensemble d'associations filées aka alchimie, aka magie.

Pragmatisme élémentaire

Non seulement voir toute chose comme spirituelle est plus rationnel que la posture pseudo-rationnelle ordinaire, mais en plus c'est notre unique façon d'être possible. Voir toute chose comme étant de la magie n'est pas une narration alambiquée mais bien la réalité, celle qui nous est accessible. Parce que souvent contre la spiritualité ou contre la magie on invoque le causalisme bien grossier et aussi accessoirement stupide comme : hypothèse, je prend une tasse en porcelaine, je décide de prendre cette tasse et je décide de la laisser tomber sur le sol carrelé, alors la tasse se cassera : cause et effet. Ironiquement ce type de discours est déjà faire appelle au langage donc aux métaphores, donc aussi à l'imagination, donc à quelque chose qui tient plus de la magie que du contrôle réel. Ensuite, on invoque le concept de cause et effet simple, ce qui est peut être valable sur une très courte séquence mais jamais sur l'ensemble. Parce qu'on ne peut pas remonter les chaines de la causalité, ni en édifier de sures et certaines et absolues. On en est réduit au pragmatisme le plus élémentaire, c'est à dire tenter et essayer de récupérer puis transmettre ce qui nous va, nous fait plaisir, nous fait bénéficier d'un plus, d'un bénéfice même minime.

Lancers aléatoires

Néanmoins, il ne s'agit pas ici d'enchanter, ou de réenchanter le monde, notre existence. Ouhou on n'est pas chez Disney, c'est pas notre boulot, pas le mien en tout cas. Et même si je le faisais, ça me ferait suer de lâcher des scénarios creux qui pourrissent et hantent le mental des gens. Donc, la spiritualité ne s'oppose aucunement aux démarches les plus rigoureuses comme la science, au contraire. Par cet article je ne vous invite pas à vous déguiser en Merlin, à croire à tous les contes de fées qui viennent à vous, je ne vous invite pas à construire un temple, ni à vous "convertir" à la bible, à la torah, au satanisme, au voodoo, etc. Je ne veux pas vous imposer un filtre, mais simplement mettre en évidence nos conditions d'existence bien "concrètes". Par là on s'ouvre probablement une flopée de possibles car on est moins dépendant au domaine, biais et phénomène que j'explore dans la triméta. On sait la part que l'on doit aux concours de circonstances, quand bien même la quantité de monnaie, d'efforts et de volonté (croyance), de temps, parfois nos projets ne donnent rien, et ne donnerons jamais rien de ce qu'on avait prévu. Par contre, invoquons la sérendipité, on peut trouver en chemin, d'autres choses tout aussi voire plus utiles même que nos visées préalables. Rappelons que la monnaie est un ensemble de chiffres sur des papiers ou des pixels et que pourtant cela a des effets très réels sur nos existences. Cela est un sort qui tient à de la croyance organisée, captée. Les prêcheurs de notre sainte religion économique n'en savent pas plus que le commun des mortels, ils sont surtout plus doués pour produire un discours qui évidemment les enchantent d'une aura de légitimité et d'autorité.

Photo
Source image >> http://www.lacellule.net/2015/02/podcast-adn-n12-une-breve-histoire-du.html

Peser ce qu'on contrôle

Exemple de la méditation. Quand on médite on se rend vite compte que nous ne sommes pas nos pensées, qu'il y a des pensées qui viennent et reviennent sans arrêt comme nous hanter finalement si on change de vocabulaire pour décrire la même chose. Lors de séances de méditation donc, on est seul avec soi-même, mais en fait, pas tellement parce qu'une fois qu'on quitte le flot permanent des stimulis extérieurs (écrans, obligations, sport, déplacements, sociabilités, lectures, etc.) on pourrait penser qu'on serait vide, et bien non, tout tourne encore en nous, même des idées et des sensations dont on ne comprend pas comment ils nous parviennent. Même ceux qui méditent beaucoup, pendant des années, ne parviennent pas à un "vide", d'ailleurs ce n'est pas le "but" de cette pratique. Mais ce qui est intéressant à retenir c'est qu'on se fait le constat, qu'on ne peut absolument pas nier ou déguiser, que nos pensées ne nous définissent pas, ne nous appartiennent pas, ne sont pas souvent de notre ressort, de notre contrôle et pourtant à chaque instant on est bombardé d'idées, de sentiments, de projets, de rediffusions internes approximatives, etc. Alors attention cela ne signifie pas qu'on ne contrôle rien du tout et qu'on est donc déresponsabilisé (comme par magie) de tous nos actes, paroles et pensées. Au contraire on en est d'autant plus responsables. Pareil pour les démarches scientifiques, reconnaitre qu'on ne peut pas ne pas être spirituel permet de revenir à une démarche plus rationnelle et de bel et bien voir que la science comme l'art sont des entreprises exceptionnelles.

Photo docteur strange marvel magie
Source image >> https://i.annihil.us/u/prod/marvel/movies/strange/epk_updated/images/gallery/7.jpg

Séparations & sacré

Beaucoup de séparations mentales, protocolaires peuvent en effet nous apparaitre comme de bêtes caprices d'individu ou groupes d'individus. Mais ces séparations permettent aux individus de créer un environnement leur permettant d'exister, de s'exprimer. Cela tient du sacré. Aujourd'hui la propriété privée est sacrée, parfois jusqu'à l'absurde. Hier pénétrer dans un bâtiment précis était quelque chose de sacré, aujourd'hui des millions de touristes déambulent comme des zombies dans ces vestiges, ruines, comme en Égypte ou en Grèce. Si je ramène ce propos ici c'est pour mentionner que voir la vie comme étant indubitablement spirituelle permet aussi de ramener non pas du sacré mais du respect.

Chaque élément est unique et singulier. Par exemple un arbre, oui effectivement c'est pour nous de façon très "pratique" et "utilitaire" une matière première appelée bois pour construire, chauffer. Mais cet arbre est aussi un être vivant avec ses particularités, avec un ensemble de propriétés uniques. En voyant cela tel que cela est en réalité on ne peut plus ou moins raser des forêts sans penser à rien, juste parce que "c'est à faire" ou "c'est mon métier". Et ce qui est valable pour cet arbre hypothétique est donc valable pour d'autres domaines. Si quelqu'un a besoin de repos il faut le lui permettre, du moins ne pas le lui empêcher.

La spiritualité est donc très responsabilisante et très lucide et très respectueuse quand on la fait/explore un peu plus consciemment, ou au moins sciemment. Car oui, des gens peuvent se dire non spirituels mais l'être quand même car, comme il a déjà été écrit, il est impossible de ne pas l'être. Même les protocoles scientifiques tiennent parfois plus du rituel esthétique que de la recherche véritable. Mais cette part de non productivité réelle finale n'est pas forcément à couper, éliminer non plus car non seulement c'est impossible de produire à chaque coup, et encore moins de produire parfaitement, mais pas souhaitable non plus humainement. Il n'y a pas de "perte", mais des combinaisons qui marchent en un temps et lieu donné et d'autres qui ne marchent pas.

exorcismes

Aujourd'hui on pratique plein d'exorcismes sans en avoir conscience aussi. Pour éviter de penser à ça et ci, on va faire du sport (brûler des calories, "santé"), aller au cinéma (narration fictionnelle grand public), prendre un cachet, etc. Pour éviter de penser à la réalité pure et dure on va tout rapporter à une doctrine pseudo rationnelle qui en fait n'est que du pipeau. Par exemple le psychologisme va me dire que si j'écris c'est pour compenser ceci cela, le sociologisme va me dire que je lutte contre des idéologies, l'économisme que je suis mon revenu monétaire + patrimoine, et un producteur consommateur de "richesses". En vrai ces doctrines contemporaines ne savent rien, ils proposent juste des ensembles de discours et recettes qui parfois marchent et donc qu'on reproduit. Je ne crois en aucun des trois dogmes, à vrai dire je trouve que c'est une très mauvaise narration collective ce triptyque aujourd'hui si sacralisé. Je ne suis pas un flux monétaire, je ne suis pas une boule de pathologies, je ne suis pas un acteur de lutte sociale idéologique. Peut être qu'en partie oui, je suis sur ce détail telle caractéristique, mais aucun de ces dogmes ne peut me dire qui je suis, ce que je peux faire, ce que je dois faire, ce que je dois percevoir, ce que je dois croire. Je ne crois pas au "normal". Ils sont au pire une vague image, ou plutôt un très lointain reflet.

Confiance

Bref, tout ça pour dire aussi qu'en fin de compte on est toujours tout seul dans ses propres conditions d'existence, de perception et que donc on peut/doit accorder de la confiance en cette belle et réelle singularité et ne pas chaque fois se dissoudre dans ces ensembles flous et fous de dictats/sortilèges/imaginations collectives très contemporains. Ce n'est pas s'enfermer dans soi-même ou rejeter "le monde" que de ce faire un minimum confiance et ne pas dire amen à toutes les théories et magies du moment. Hum, ça nécessiterait que je pave quelques chemins sur ce qu'est ce qu'on appelle l'imagination. Dans un autre article :) Si vous saviez comme la "confiance" tient en fait des masses à la "croyance". Dans l'esthétique rationalisante, parler de spiritualité est tendu, car on doit décortiquer tellement de nœuds conceptuels... là je sens que je suis passé à côté de pas mal de points primordiaux et que j'ai peut être mal amené certains autres et que donc je pourrais être pris à défaut dans un éventuel duel de discours. Je vous fait confiance en vous confiant ces réflexions et méditations. Mais ah oui, la croyance n'est pas non plus à confondre avec la spiritualité. La croyance est une partie de la spiritualité mais n'est pas toujours indispensable, et quand nécessaire elle n'est pas forcément surpuissante hein !

Binaire & prière

La ? qu'on pourrait se poser est : comment fonctionne cette fameuse "magie". Alors déjà il semble fortuit de réfléchir sur le binaire. On fonctionne sur une base très binaire souvent, par habitude. Vrai ou faux. Avec le "ou" exclusif, c'est à dire soit l'un soit l'autre. Tu es pour ou contre moi. On associe cela au concept de "caractère" de "volonté", de "savoir ce que l'on veut", de "confiance en soi", de "loyauté". Mais c'est vraiment beaucoup plus nuancé en vrai. Toutes ces associations sont des procédés de manipulation, des nœuds magiques qui restent très puissants. Cependant, de manière très concrète, quand je me tiens debout je me tiens sur mes deux pieds en même temps, et mon existence n'est ni vraie ni fausse, elle est, tout simplement. Le binaire, bien que potentiellement puissant, ne s'applique pas partout de tout temps, et donc le causalisme brut (qui en dérive) non plus. Toutes les démarches ouvertement décrites et consciemment exécutées comme "spirituelles" ne suivent pas ce causalisme brut, ils ne suivent pas non plus l'idée de l'économisme qu'est le productivisme. Donc, pour illustrer prenons la pratique dite de prière. Qu'on labellise ou non la pratique on fait tous des prières au quotidien, car ce sont des souhaits. Même celui qui veut gagner plus de monnaie est dans une démarche de prière, même si après il fait pleins de gestes et de choses aka "travail", il commence et renouvelle des souhaits sur sa situation. Maintenant est-ce que la prière est comme une requête (ou quête, tout court) qu'on rentre sur l'interface du moteur de recherche Qwant par exemple ? Non. La prière ne fonctionne pas de manière précise, ni forcément toujours productive. Il me parait d'ailleurs étrange de prier pour soi et non pour un ensemble plus conceptuel, moins localisé en des individus. En fait, la "magie" de la prière ne fonctionne pas ou très peu sous forme locale, contrairement à ce qu'on voudrait en concentrant de force et de façon vaine les lieux comme le Vatican ou la Mecque. Les monothéismes étant aujourd'hui comme un capitalisme spirituel. Ah et la silly conne valley. Bref, le binaire est un sortilège magique comme un autre qui donc ne fonctionne pas toujours de manière universelle.

conditionnement ou sort ?

Pour rejoindre un peu les schémas dégagés dans l'article sur la Triméta, si cela peut vous "rassurer", il y a donc des mots qui changent mais qui au fond désigne la même chose. Beaucoup de personnes critiquent le marketing qui labellise des choses simples et par là donne l'impression que c'est quelque chose de totalement différent. Et bien c'est un phénomène qui n'est pas cantonné au domaine appelé "marketing". Par exemple, avec notre triptyque socio-psycho-économisme on parle de "conditionnement" alors qu'on pourrait décrire cela comme un "charme", ou un "sort", ou un "envoutement". Élément de langage, certains mots ne conservent qu'une connotation folklorique quand ils ont été "remplacés" par un autre mot plus à la mode ou contemporain. Rétrospectivement, on rejette donc des phénomènes en les prenant pour ce qu'ils ne sont pas, et on croit à travers notre nouvel armada lexicale que nous avons évolué drastiquement par rapport à ce passé. Dans la même veine, on considère que nous avons une approche plus "rationnelle" et avons "progressé" parce qu'on est dans un esthétisme verbale imitant ou singeant le détachement et le scientifique. Ce qui engendre un surcroit de tension à vouloir cout que cout conserver ces apparences, ces postures. Par exemple il y a une superstition du rationnel à vouloir évacuer à tout prix tout ce qui serait du domaine de la croyance, parce qu'ironiquement on pense que si on croit à un élément on va finir par croire à toutes les hypothèses et narrations farfelues que produit le monde.

Miroir, mon beau miroir

Imaginons les cartes du tarot, si vous êtes mal à l'aise ou sceptique vis-à-vis de ça, vous pouvez changer de perspective et voir en ces supports des miroirs ou des outils d'aide. Si vous considérez que le miroir dans lequel vous vous regardez le matin est "normal" mais que le miroir sous forme d'un ensemble de cartes peintes n'est pas normal, il y a incohérence dans cette croyance. Le miroir reflète, mais ne produit rien directement, il produit peut être une modulation et une variation légère en tant qu'interaction avec la lumière et les objets et sujets alentour. Il est "normal" pour un "jeune" d'aller danser dans une "boite de nuit" (voyez l'expression mystique lol),  mais si vous dansez uniquement sous la pleine lune et seul là vous êtes bizarre et vous n'êtes pas "rationnel". Absurde, hein! Si vous avez besoin de faire des trucs bizarres, ces trucs ne sont plus bizarres. On fait beaucoup de choses spontanément et on réfrène beaucoup d'actions parce que socialement on est envouté pour aller dans telle ou telle direction, s'offrir à telle croyance, etc. Finalement, on pourrait voir en tous ces systèmes "techniques", sous notre fameux triptyque moderne, un abandon complet à la magie, une surexploitation même de la magie, jusqu'à perdre de son ancrage en nous. Vous savez c'est comme quand on s'engage dans un "combat" qu'on dirait maintenant de "société" mais qu'on pourrait aussi dire un combat contre des "forces", on va trouver un concept de vertu comme par exemple la liberté, et on va marteler liberté à toutes les sauces jusqu'à ce que le mot liberté n'ait plus aucun sens.

Un peu plus loin

Pour aller un peu plus loin dans cette optique, voyez la ferveur que peut susciter une star nationale ou internationale. Je n'aime pas citer des noms mais pour des raisons de compréhension ce sera mieux. Johnny Haliday et Madonna par exemple. Des gens, à travers le monde, sans aucune concertation se regroupent, admirent ces personnes avec une énergie débordante, allant jusqu'à pleurer à être en transe, à faire des tatouages sur eux à leur effigie, à réaliser et entretenir un autel dédié. Si ce n'est pas notre cas de figure on voit ces comportements comme étant drôles et faisant un peu pitié aussi parfois, on se dit bien hauts et confortables dans notre triptyque dont psychologisme qu'ils font un report d'attention, ou je ne sais quelle hypothèse narrative. En vérité ce sont des pratiques très répandues et ancestrales. Pas de vénérer Johnny qui n'existait pas au paléolithique lol, mais de vénérer des personnes ou entités. Par exemple cette star doit au quotidien être très chiante, mais elle est devenue un personnage par la force des fans et des médias.

Auparavant on pouvait avoir des vénérations et des autels chez soi pour des divinités comme pour la fertilité, la récolte, la chasse, les arts, la famille, etc. Certains aujourd'hui reprennent délibérément ces pratiques en appelant cela "chaos magic". Ils font des autels avec ce qui les inspirent, comme une figurine de Hulk ou Dark Vador, ou Yoda, ou la princesse des neiges, à côté d'une photo du Dalaï Lama et de Pontifex, par exemple. Que ce soit des gens existants ou des personnages de fiction, tout peut être source d'inspiration et donc aussi de dévotion. Même ce qu'on prend pour juste un "hobby" comme une collection de figurines, ou de livres, ou de vêtements tient de l'autel. Sans le savoir, sans le vouloir aussi forcément, on nourrit des entités extra-individuelles au quotidien. Certains le font avec des autels, des rituels tout ça, d'autres simplement en donnant de leur attention à un sujet, en donnant des émotions, etc. Il y a donc des "entités" qui ont un effet réel tant qu'on les nourrit. Quand cela prend de grandes proportions, et devient hors de contrôle on peut appeler ça égrégore. Certaines personnes voient en la "start-up" (licorne?) guerrière d'Hitler un égrégore nourrit à la peur, à la haine d'un peuple, aux symboles, etc.

Précaution

Donc, à travers tout cet article, sans doute un peu fourni, j'espère que vous avez saisi ce qu'est la spiritualité, la magie. Les religions monothéistes sont une entreprise, usine spirituelle, elles exploitent quelques percées faites jadis par des individus isolés. Et quand on nomme une chose, une entité on prend le risque de nourrir une entité autre que celle d'origine. Cela me semble possible que prier "dieu" soit aujourd'hui ne pas donner directement du "pouvoir" à dieu mais à une entité autre. En nommant et en donnant un nom, on crée une sorte de doublon qui de suite s'éloigne de l'origine. C'est quelque chose d'évident avec cet exemple : je porte le prénom Valentin, mais ce prénom, sous cette forme actuelle dérive du mot valens qui signifie courage. Mais aujourd'hui avec ce prénom je ne suis pas le courage à moi tout seul, je suis autre chose que le nom. Et ben c'est pareil avec tout. Dieu d'yeux (voir la catégorie BAM) est autre chose que ce qu'on désigne par ce nom, d'où peut être les mauvaises interprétations. Je rappelle le taoïsme : ce qu'on désigne par le tao n'est pas le tao. C'est d'une sagesse dans la précaution indispensable et indépassable.

Donc en donnant beaucoup d'énergie, de temps, d'émotion à une entité on risque de nourrir une entité toute autre. Car on pense à tort que ces phénomènes sont précis, comme un code de confidentialité sur un portable, ou une équation simple. Tu sors ça, tu obtiens ça. Non, on ne peut pas vraiment savoir où va s'accumuler ces énergies. Quand on concentre trop d'énergie dans un lieu ou une chose spécifique on prend le risque que ça se retourne rapidement contre nous, car même la notion de propriété privée qu'on a tellement bien en tête de nos jours est un sort, mais ne s'applique pas comme ça en vrai, dans la réalité. On veut être propriétaire d'une personne dans un couple par exemple, ou de ses enfants, ou de ses animaux de compagnie, mais en fait non ils ont leur propre vie et même si on les nourrit  pas seulement en alimentaire mais en émotion, en attention, en paroles, en affection, ils se peut parfaitement qu'ils partent et même nous repoussent, nous accusent, bref une énergie qui se retourne contre nous, malgré nos intentions (de surface,  ou on pourrait dire "automatiques"). Car encore une fois on ne sait rien et on ne maitrise pas grand chose ! Prudence donc. Bien sur, les problèmes potentiels ne se manifesteront quasiment jamais de façon aussi grotesque que dans des scénarios de fantasy, ou de contes fantastiques.

Histoire de cosmologie

Alors attention, j'emploie le mot cosmologie non pour sonner un rien mystique (mysticisme est en fait un pragmatisme en recherche et développement spirituel) mais parce que c'est un mot qui renvoi à la façon dont on interprète les choses nous à notre échelle humaine. Ces derniers temps on peut parler d'anthropocentrisme comme d'un "biais" ou une insulte rigolote presque. Espèce d'anthropocentrique ! Vlan. C'est donc la cosmologie qui veut tout interpréter selon ses uniques critères. C'est par exemple, les animaux sont à quatre pattes donc inférieures aux humaines. Ils ne parlent pas le français ou le néerlandais ? Ils sont inférieurs. C'est les arbres ne bougent pas, donc ils sont pas vivants. Le radis ne pleure pas quand on l'arrache ? D'accord c'est qu'il ne souffre pas. Voyez le topo. Dans les dérives religieuses on va jusqu'à pousser l'anthropocentrisme en pensant que la pomme a été faite spécialement pour nourrir l'humain, par exemple. Alors que non la pomme est en fait la maison et le garde manger des descendants du pommier et il n'a aucunement envie d'être mangé, donc encore moins a été fait pour être mangé. Un pommier n'est pas comme la conception et la fabrication d'une chaine, c'est un individu appartenant à ce qu'on appelle grossièrement une espèce, avec sa propre vie. Donc dans la spiritualité et la magie, on peut s'abstraire de ces anthropocentrismes stupides et superficiels. On sait que l'arbre est vivant et que ce n'est pas "du chêne", mais un arbre individu spécifique et unique qui a été catalogué par ressemblance à d'autres sur des critères contemporains en "chêne". On sait que des objets et des habitations peuvent être plus que du béton et des briques.

Imprégnés

Le fonctionnement d'une photographie est une résonance lumineuse, et on peut donc savoir que les murs sont aussi imprégnés des habitants, des évènements. Ce n'est pas quelque chose de fou à dire. Vous savez il y a des pièces où on se sent bien et d'autres qui nous foutent le frisson d'emblée. Certes on pourrait trouver des explications partielles concernant des paramètres observables et identifiables et mesurables, mais le phénomène peut tout aussi bien dépasser ces narrations qui visent uniquement à dire "c'est faux" (exorcisme), et à cataloguer, évacuer définitivement. Donc, spirituellement on ne peut pas exclure si rapidement la force et l'intérêt de chaque personne, élément, sujet, objet. Il y a des objets et même des savoirs imprégnés des auteurs, de leur contexte. Le langage par exemple apporte avec lui le sort de la séparation du genre, alors que donner un sexe humain à une chaise ou à un camion c'est plutôt inintéressant comme information. Vous savez ça n'a rien de sorcier, par exemple vous pouvez sentir quand une chose a été faite sans entrain, sans y croire, sans y mettre du sien. Si on vous apporte un café avec des manières de politesse usuelle mais aucune sincérité dans l'acte vous le sentez direct. Les produits industriels par exemple sont quelque part "vides", ils nous apportent plus un décor pour le caprice de consommateur fatigué mais pas de fond, pas d'âme. Ce qui ironiquement crée une boucle négative. Bref, j'espère que vous voyez le propos. Ce n'est pas facile d'expliquer cela sans tomber dans du complotisme ou du délire.

Hérétique ! hérétique !

C'est franchement amusant, une fois qu'on voit à quel point on est dans de la magie de partout. Par exemple, on moque des personnes qui récitent des psaumes ou versets de façon frénétique dans leur coin, ou ceux qui devant un symbole spécifique sont transcendés. Mais imaginons un peu que ce qu'on appelle les mathématiques n'est rien de plus que des suites de symboles sur du papier ou des pixels, et pourtant on accorde aux mathématiques une aura de rationnel et de "normal". Et effectivement ça peut être "puissant" dans les applications "réelles" comme pour la construction de satellite, de voiture, de portable, etc. Mais quand on n'est pas sous le charme de ce symbolisme, c'est la chose la plus stérile du monde. J'en ferais un long article/dossier prochainement, mais les nombres sont des symboles qualitatifs avant d'être restreint en superficie à leur qualité quantitative. Formule mathématique, formule magique. La spiritualité c'est donc simplement voir les choses comme non acquises, non "normales". Ce qui ne veut pas dire apposer une narration et du sens en chaque chose, mais respecter le pouvoir de certains à explorer leur propre spiritualité, que ce soit avec la poursuite d'équations, d'algorithmes, ou avec des lettres, des notes de musique, des pas de danses, des rituels, etc. La spiritualité ce n'est pas de la vague superstition. Ce qui peut être de la superstition est d'accorder beaucoup trop d'importance à une chose, un acte. Par exemple, ce n'est pas en écoutant de la musique jazz qu'on va appeler le démon sur la ville où on habite, ou ce n'est pas en ne fêtant pas Noël qu'on est sataniste et qu'on est contre la "société", ou ce n'est pas en ne croyant pas au Caca 40 qu'on va porter malheur à "l'économie" du pays. Etc.
Photo
Création de l'artiste Quentin Sagot >> https://quentinsagot.wordpress.com/
psy vs spi
triméta
Swastika
économie
Étoile
dieu
Pyramide
Athée

Résumé

  • Que ce soit conscient ou non, voulu/intentionnel ou non, on est tous dans une existence spirituelle.

  • Cette spiritualité n'est pas un package de fantaisies fictives, mais quelque chose de bien concret.

  • On ne doit pas confondre spiritualité et religion, car parfois voire souvent c'est même tout l'inverse, car nous sommes avant tout spirituel en nous-mêmes avec nos propres conditions et limites. La spiritualité ne s'oppose aucunement à la démarche de la science, au contraire.

  • Au quotidien on effectue pleins de rituels et on actualise plein de croyances sans y penser, sans se narrer la chose de la sorte.

  • Tout ce qu'on fait, parce que par définition on ne sait pas si tout va se passer comme prévu, ou comme avant, ou comme on l'espère, tient plus de l'acte magique que de quelque chose de technique et de rationnelle.

  • Ce qu'on nomme "confiance" aujourd'hui tient dans la plupart des cas d'un acte de foi, donc de croyance.

  • On ne peut attendre un causalisme brut dans tous les actes magiques.

  • Le binaire est un sort puissant mais n'est pas automatique ni toujours universel.
Don

Suggestion de film au sujet connexe

0 Commentaires

self-génératif

1/3/2018

0 Commentaires

 

C'est quoi un "self-génératif" ?

C’est l’idée que nous sommes plus que les limites de notre corps. Le simple constat que notre mémoire, constituante majeure de ce qu’on appelle « moi », « soi », ou « identité », n’est plus réduit à la boite crânienne. Le tout cerveau ? D’accord, mais la mémoire du smartphone avec nos photos et les fichiers, conversations stockés est tout autant notre mémoire. Et notre mémoire est donc en partie collective, car tout passe par la « connexion ». Je défends ici l’idée que tout peut plus facilement et honnêtement être définit en terme d’interactions. De même nous ne sommes pas que nous, mais aussi nos relations sociales. Une part de nous est dans nos relations qu’on le veuille ou non, et inversement. L’individu n’est pas un isolat, une entité posée à partir de rien, et évoluant dans rien. Toutes les composantes de nos environnements nous constituent et nous modèlent, en permanence. Ne serait-ce qu’en microbiologie, nous voyons que nous sommes constitués d’un microbiome et plus encore nous serions un halobionte car il y a un complexe microbien intérieur et aussi extérieur. Dans le « nous » ou le « moi » il y a donc beaucoup d’entités supposées extérieures qui font en réalité entièrement partie de nous, autant biologiques que technologiques.

Le soi technologique

La part technologique est en pleine expansion dans nos identités, et ce n’est pas prêt de s’arrêter apriori. Dans le livre Réflexe Virtuel, on a mis en avant le fait que nous allons plonger vers de plus en plus d’environnement virtuel, l’environnement devenant part entière de la communication. Car jusqu’à lors on restreignait le langage aux mots, au verbe, mais nous revenons là-dessus en l’élargissant au langage corporel, situationnel par exemple. Étant donné nos divers comptes sur applis nous élargissons sans cesse nos identités. Tout ceci aboutit à ce que notre « identité » s’auto-génère. D’où l’expression self-génératif. Car il y a des effets d’emballements quasi-autonomes en ces supports virtuels. On se sent vite obligé de consulter régulièrement ceci et cela, d’ajouter tel contenu, de commenter, d’interagir. Les algorithmes nous modulent aussi tout en se modelant aussi eux-mêmes en retour et en parallèle.

inconscient

Pour le parallèle, l’inconscient est aussi devenu ces datas qui nous échappent, ces processus automatiques des algorithmes codés par autrui. La frontière qu’on s’imagine nette et précise d’un individu vole en éclat aussi bien biologiquement que technologiquement. Le problème central de ces conceptions ordinaires erronées est que nous pensons en terme d’élément ou produit finit. Nous sommes, dans un mouvement, voire un mouv tout court. D'ailleurs explorons un peu l'inconscient rapport à ce concept de self-génératif. Vous pouvez trouver quelques éléments de réflexion à ce sujet déjà dans un paragraphe de l'article Triméta. Il n'y a donc pas UN inconscient, tout est ramifié et aucunement unitaire. Ensuite, on se figure de façon territoriale qu'il y a un territoire inconscient. Non, les inconscients ne sont pas des territoires, ni à explorer, ni à conquérir. On a certainement en tête l'image de l'iceberg. Cette image est pratique dans un premier temps pour faire comprendre que la conscience est minime ni seule. Mais cette image devient vite embarrassante ensuite, car elle donne l'idée de proportion et donc de mesure de l'inconscience, ce qui est stupide. Sonder l'inconscient est une idée stupide. L'inconscient c'est - pour une analogie mécaniste - un processus automatique. Quelque part c'est un travail dont on n'a pas à s'occuper consciemment, ce qui est donc davantage réjouissant qu'angoissant. Bref, revenons au self-génératif.

Ah, encore un truc, on se figure, du fait que nous avons deux mots distincts que ce qui est appelé conscience et inconscient sont deux états très distincts. En réalité, il y a une continuité, c'est pas comme si la glace se transformait soudainement entièrement en nuage, pour reprendre l'analogie de l'iceberg. Il n'y a pas une frontière nette et précise. Et ce n'est pas parce que je fais des choses en étant éveillé que je fais ces choses vraiment en conscience. On peut tout à fait être inconscient debout, en plein jour, et en faisant mille choses à toute berzingue.

Schema bulle conscience et inconscient attention blog identité
Schéma sommaire pour illustrer. La grande bulle de l'inconscient à gauche. La surface de l'attention au centre. La bulle de la conscience à droite. Les boucles et fils intérieurs passent d'une bulle à l'autre et s’entremêlent, mettant en avant la continuité du phénomène. En vrai il s'agirait plus d'une grosse bulle avec l'attention qui sépare partiellement et offre alors une possibilité de transformation. Le schéma est figé mais en réalité les bulles varient de taille et de volume en permanence. Cependant il me semble intéressant de poser brièvement cette représentation ici.

Sentir l'identité par privation

La définition du soi apparait beaucoup plus souple et éparse qu'on se le figure sur une base habituelle. Par exemple, moi qui suis jardinier, je suis très attaché au bout de terre dont je m'occupe. Je ne suis pas que mon corps, je suis chaque plante, chaque parcelle de terre de ce jardin, et détruire ce jardin ne détruirait pas mon corps et mon intégrité certes, mais je serais vraiment comme amputé sévèrement. Vous savez c'est aussi les proches qui sont frappés par la mort, on peut se sentir vidé. Ou alors c'est si vous aviez construit quelque chose pendant longtemps avec énormément d'efforts et que tout est subitement détruit. Je pense notamment à ces écrits qui par une mauvaise manip ou un bug se sont volatilisés. Mais ça peut être une collection de photos, un vêtement, une maison, un travail, etc. J'ai déjà fait des jeûnes alimentaires (légers hein) et on se sent coupé au début, bordel c'est bon de manger. Et j'ai ressentis des émotions similaires en étant coupé des outils technologiques, à la connexion, aux informations s'y diffusant. Se faire voler son portable n'est pas qu'une question de perdre autant de monnaie, mais aussi un pan entier de son identité passé et de la possibilité de continuer à créer de cette forme d'identité. Quand on expulse une personne de chez elle, ce n'est pas qu'une personne définie par un corps et un vague concept de personne physique/morale, c'est tout un pan qu'on arrache, parfois définitivement.

Modulable ?

Si on continue l'analogie de l'iceberg, les processus fabriquant et stockant l'identité en sa composante numérique est un nouvel état de glace, peut être une glace émergée qu'on immerge délibérément, ou alors on agrandit la base immergée pour agrandir la partie émergée (Olala voyez qu'une analogie est pertinente sur une courte séquence et dès qu'on veut continuer plus loin sur cette analogie on rend la chose plus confuse qu'auparavant). Il en résulte que ces processus dont on s'occupe consciemment mais qu'on va de plus en plus déléguer aux fameux "algorithmes" peuvent nous donner des possibilités monstres. Tantôt on pourra rétrécir sa conscience en actionnant plus de processus automatiques qui s'auto-génèrent, mais aussi tantôt augmenter sa conscience à d'autres endroits, se redéfinir sur une tache précise, sur un pan de l'exploration spirituelle/existentielle. Il y a donc le péril de ne pas contrôler une part toujours plus importante de ses inconscients, donc plus loin de son conscient, d'être à la merci de malhonnêtetés, d'exploitations sournoises et politiques. Mais il y aussi la chance inouïe de pouvoir se concentrer sur des choses plus proches de nous, de nos réels intérêts existentiels. On peut donc à la fois s'en inquiéter et s'en réjouir, si on souhaite réfléchir aux conséquences de ce phénomène.

Vers une pré-méta-cognition

Si on peut choisir ses humeurs, ses capacités, ses souvenirs, ses connaissances, alors notre soi, notre acte d’existence se situe dans la gestion de ces choix. Ainsi, nous ne sommes plus dans l’action puis cognition rétrospective de cette action. Nous serons davantage dans la précognition, ce qui se traduit dans la prédiction, ou alors l’anticipation, ou la prospective. Mais, cet état est tributaire du mode action => récompense. Et la récompense peut être trop prenante, comme une souffrance d’ailleurs, et l’oubli survient. Ce qui retarde la revenue de la précognition suivante. A ce stade, le plus gros de notre travail consiste à se défaire des effets de la récompense. On confond usuellement notre identité, notre individualité avec ces effets de récompense en chaine. Dans cet état, il nous devient difficile d’appréhender une autre conception de l’identité et de l’individualité. La métacognition est grossièrement savoir ce qui est vrai et faux, bon ou mauvais même en faisant en acte autrement. Il y a dissociation, ou non association (totale ou partielle) entre l’acte et la métacognition, sur une base habituelle. Au plus on continu l’exercice de la précognition, sous un max de formes différentes, des plus rationnelles aux plus farfelues, puis au plus nous précisons nos moyens de choix de soi (humeurs, capacités, etc.) au plus nous nous dirigeons vers l’apparition d’une pré-métacognition où l’acte et la métacognition de cet acte correspondent (du moins, un peu plus). Que sont ces moyens de choix de soi ? Des raisonnements, des expositions aux émotions variées et prenantes (jusqu’à ruptures fréquentes), des améliorations physiques, des altérations par produits (supplémentation), par exemple. Cette pré-métacognition peut, de notre point de vu actuel ordinaire, passer paradoxalement pour une dissociation car à implication spontanée fortement diminuée par rapport à la norme. Bref.

L'état d'information

Pour moi, aujourd'hui, l'information n'est pas seulement une qualité qu'on met en avant, mais aussi une qualité qu'on expose donc agite, donc transforme. C'est donc un ajout. Le mot "information" peut d'ailleurs éclairer à ce sujet : in-formation. Qui peut vouloir dire en formation, ou dans la formation, ou en train de se former. Cela peut donc parfaitement désigner un processus actif (et en cours) de trans-formation. Notre identité se faisait beaucoup auparavant par l'environnement, donc les arbres, les minéraux, les animaux, les phénomènes météorologiques, etc. Puis on a eu un vaste ensemble d'objets et de constructions qui sont devenus nous en retour, par rétro-action. On a eu aussi des identités plus abstraites (rapport à la matière) : mythologies, chamanismes, etc. Et maintenant on a des identités qui sont de plus en plus à l'état informationnel. Alors les termes de "dématérialisation" sont souvent excessifs pour ne pas dire du grand n'importe quoi, mais il y a des mutations importantes en cours, du jamais vu. L'information n'est pas qu'une simple et bête simulation de l'esprit sur le réel matériel. C'est - attention retour à l'analogie - un nouveau territoire qui occupe du vide mais aussi chevauche le réel, le traverse et le modifie partiellement. On est donc nous même en train de muter partiellement dans un état d'information. Il est donc logique que nos identités mutent en ce sens elles aussi.

Quels impacts, concrètement ?

Concrètement, les interactions physiques directes vont changer radicalement et on le voit déjà aujourd'hui ce phénomène. La sociabilité, qui est une forme de communication établie récemment essentiellement sous forme verbale orale, va donc a priori en pâtir dans un premier temps, et possiblement à jamais. Je ne dirais pas qu'on ne sera plus du tout "social", juste que les modes de sociabilité seront tout a fait différents, sous d'autres formes que les conventions actuelles. Donc, comme toute mutation, on va focaliser sur ce qu'on pense perdre alors qu'on gagne énormément. On va pouvoir se réinventer fortement aussi, tant individuellement que collectivement. On le voit avec les identités sexuelles et de genre actuellement, mais aussi dans les "reconversions" professionnelles qui se multiplient jusqu'à dissoudre la convention de spécialisation au travail, et plus loin aussi la hiérarchie verticale stricte. Il est possible aussi que de plus en plus de gens passent le plus clair de leur temps à dialoguer avec leurs propres identités, comme je le fais avec mon blog par exemple, en proposant des liens entre articles, mais aussi en les modifiant/actualisant du mieux que je peux. Avec ce self-génératif, on va avoir de l'information "sur-mesure" (ce qui ne veut pas dire forcément tout comme on se l'imagine ou le voudrait), et donc on aura son propre univers, ses propres mythologies devenues plus interactives et rétroactives que l'inconscient à l'état de processus matériel biologique. On va naviguer dans son soi. Ce n'est pas à prendre pour un repli ou un déclin, je dirais même le contraire, sans non plus être béa et niais, car mon but n'est pas de vendre quoi que ce soit, mais simplement comme le dit le nom de ce blog : explorer et anticiper.

Comment voyez-vous ça ?
Don
0 Commentaires

Triméta - métaphysique en 3

19/9/2017

0 Commentaires

 
Hallo mein vriend :)

   Ayé ! On ouvre les festivités. Voilà quelques temps que j'en parlais. Et tindinnn ma Triméta est ouverte, comme la boite de Pan d'or (sorry). Trop la classe. Maracasses.

Bon, cet article sera complété au fur et à mesure et ne sera jamais vraiment fini. Le but ici est de repérer ce qu'on appellera des schémas dans l'existence. Des schémas fondamentaux, essentiels. Car je crois que, bien qu'il y ait une infinité de nuances, une infinité de manifestations et variations, cela ne nie aucunement l'existence de schémas primordiaux. C'est une entreprise qui ne se veut ni se prétend rationnelle (au sens conventionnel actuel). Aucun dogme non plus. Si je réduis à trois éléments toute cette complexité c'est pour donner une carte simple qui peut nous permettre par exemple de nous dégager du bruit, de changer nos perceptions et donc nos comportements. Rien n'est garantie, ni automatique. Je propose, je pose, je laisse. L'avantage possible de cette TRIMETA est de se défaire un peu de la dépendance au domaine, un biais qui est juste énorme.

   Ah, ce serait intéressant que vous participiez-plaisir, en donnant des exemples par écrit et/ou des illustrations concrètes et/ou abstraites. Il n'y a aucune propriété sur cette métaphysique si ce n'est collective, commune. Alors n'hésitez pas à apporter vos propositions, votre patte, votre griffe, votre sel.

Peace

​

Répétition

La répétition est essentielle. On la trouve partout. Celui qui souhaite jouer parfaitement un instrument de zic est en répétition constante. L'excitation sexuelle est un ensemble de gestes que l'on répète. Tous les jours on se lève, on dors, on mange, on se déplace. Marcher par exemple simplement est une répétition de mouvements. On cligne des yeux sans arrêt. La reproduction est une répétition d'un code génétique. Les exemples ne manquent pas, ils viendront se compléter avec le temps et vos contributions. Bien entendu, répétition ne veut pas dire de façon systématique copier-coller à l'identique. La répétition se fait souvent dans la variation, même infime. Avec peu de variations, la répétition d'un phénomène permet de l'identifier facilement. Par exemple si votre voisin part courir tous les matins à 5h vous identifiez bien le phénomène. De cette identification on peut en faire une accroche dans le flot chaotique d'événements. Les rituels religieux ont bien compris cela en ayant standardisé des idées, des mots, des gestes. L'écriture, mais aussi la parole sont des ensembles composés de répétitions. Sans cela, la transmission serait difficile voire impossible. La répétition ouvre ainsi à la fois une possibilité de s'ancrer (rassurant) mais aussi de se dépasser (espoir) via la variation.
​
Photo

Association

L'association est essentielle. Ce sont deux éléments qui dans certaines conditions sont distincts et qui s'associent. L'association d'un crayon et d'une feuille de papier permet l'écriture. Deux personnes forment un couple, elles s'associent pour former une entité ensemble, même provisoire. Il s'agit d'une combinaison de deux éléments au moins. L'association de deux yeux permet d'avoir une plus grande profondeur dans la vision. L'association de tous les sens permet d'avoir une impression d'ensemble de l'environnement. Par exemple, manger un vieux fromage qui ne goûte rien serait étrange car il y a une association fromage = forte odeur, fort goût. Une bonne combinaison, de deux éléments ou plus, peut produire un dépassement et aussi faire un bon socle, un bon repère. Une association est plus que la somme des éléments la composant. Toute combinaison peut potentiellement aboutir à une néo-créativité décisive. Magique :)
​
Photo

Traduction

La traduction est essentielle. Le plus évident est la traduction d'une langue à une autre, mais cela se trouve partout. Le cerveau traduit des ondes en couleurs, en sons. De même, quand on échange n'importe quoi avec n'importe qui on traduit des éléments en et avec d'autres éléments. L'échange d'une botte de carottes contre une somme de monnaie. Quand on parle aussi, même avec un langage commun, on doit toujours interpréter ce que dit l'autre, et traduire nos pensées en mots et concepts compréhensibles. Il y a beaucoup d'éléments qui n'ont pas de pont pour notre compréhension. La traduction c'est aussi passer d'un état limité à une transcendance. On passe à travers les différences premières. Beaucoup de choses qui sont dites et faites sont mal interprétées. Par exemple, une personne peut exprimer une belle vérité mais avoir des mots que nous comprenons de travers parce que ça ne correspond pas à nos habitudes et nos attentes. Pour traduire, il faut dépasser son référentiel de base. Peut être que ce qu'exprime un religieux passéiste n'est pas opposé à la science mais ne correspond tout simplement pas au même code d'échange (pas les même outils ni mêmes définitions).

   Ainsi pleins de vérités ont déjà été mise à jour, mais dans des domaines spécifiques, qui n'ont pas été traduite dans les autres domaines. Peut être que le danseur untel a trouvé un geste montrant une vérité exceptionnelle mais ce qu'il fait est prédéterminé à être rangé dans l'art. Il ne se traduit donc pas dans des percées scientifiques ou sociales par exemple. D'où la nécessité de dépasser nos catégories mentales. On pense d'ailleurs que l'inspiration est magique mais c'est peut être tout simplement qu'une pomme tombée sur l'herbe exprime une vérité sur nous-mêmes ou une percée scientifique. On trouve cela magique mais il s'agit juste d'une traduction d'une manifestation à une autre. Du fait que nous compartimentons beaucoup ou tout, on oublie que deux personnes parlant deux langages différents peuvent arriver à se comprendre. Dire que la peinture ne peut rien apporter à la science et inversement c'est comme de dire que le Coréen ne pourra jamais comprendre une personne d'une autre langue. C'est absurde, mais c'est pourtant - d'une forte déception - ce que nous nous figurons d'ordinaire.

Photo

Qu'en retenir ?

Hmm.... tellement ! Aller, par exemple, le phénomène de star est le même phénomène que le totalitarisme, malgré qu'on sépare ces deux d'ordinaire. La masturbation peut ne pas qu’être sexuelle, elle peut être sociale comme lorsqu'on se fait voir et applaudir à la télé ou sur snapchat, quand on retrouve des situations valorisantes régulièrement, quand on réfléchit sur un même sujet, etc. Ce sont des répétitions, avec bcp ou peu de variations, qui peuvent ou non aboutir à un certain dépassement, à se traduire par un plaisir, un renouveau, un changement, une création, une récréation, etc.


exclusions automatiques injustifiées

Par exemple aussi, l'universitaire qui explique une chose avec beaucoup de mots compliqués pendant 800 pages peut finalement ne rien apporter de plus sur le fond que le poivrot du coin après 3 litres de jus de houblon. Mais ce que dit ce poivrot est dans un contexte que l'on ne valorise pas. Ainsi, même si il dit des choses vraies, profondes, rien ne sera pris au sérieux. Tandis que l'universitaire nous en a foutu plein la gueule avec des milliards de mots, dans un contexte valorisé socialement, institutionnel, que l'on prend pour sérieux systématiquement. Bien entendu, ce n'est pas dire que tous les poivrots sont des philosophes de génie (ouf!), mais qu'on exclu des percées et des personnes sur des critères plutôt superficiels. Peut être est-ce plutôt nous qui ne savons guère traduire et interpréter certaines manifestations. Parfois on utilise mal des outils de communication ou ne savons tout bêtement pas nous en servir, alors que nous avons cette idée, ce concept en tête, aucun moyen de le sortir facilement avec les conventions et les attentes de chacun. Nous pouvons être plus attentifs à chaque chose et non exclure systématiquement quantité de propos et gestes et créations et paroles et personnes. Bien sûr, tout ne nous intéresse pas à chaque instant. Si on me parle de modèles de camion, alors que je suis dans l'étude des fleurs, je risque de ne pas être attentif, ni sensible aux propos. Mais la passion qu'il y a derrière peut m'inspirer et se traduire par de nouvelles associations d'idées et de perceptions qui m'aideront dans mes études du moment, ou plus tard. Et d'abord, pourquoi les camions ne m’intéressent pas ? (ah ah)


Inconscient = traduction transcatégories

​L'inconscient, ça parait abstrait, mais en fait une grande part de ce qu'on désigne à travers le mot-concept "inconscient" est simplement un ensemble de traductions qui échappe à et dépasse nos catégories mentales. On est souvent trop centré sur notre petite culture humaine à penser qu'une peinture n'est qu'esthétique et ne peut pas se traduire par une équation mathématique ou une technique sportive, ou une nouvelle préparation de cuisine. Mais le réel n'a rien à faire de nos séparations arbitraires. Des suites de chiffres ou des couches de pigments, on peut passer de l'un à l'autre. L'esprit, lui, sait qu'il n'y a pas de grande différence. Par là je rejoints un peu S.Freud qui voyait dans tous nos comportements des pulsions sexuelles. Quand on astique un évier on peut y voir une pulsion sexuelle, par allégorie, par métaphore. Et peut être est-ce vraiment le cas. Cependant, tout rapporter au sexe dans sa définition humaine corporelle est limité. Soit on élargit le sexe à tout et alors le sexe relationnel n'a plus rien de spécifique et d'unique. Soit on y voit quantité de choses profondes différentes des simples pulsions sexuelles. On peut nettoyer un évier juste parce qu'il est sale ou qu'on nous l'a demandé, ou que c'est le moment programmé, ou qu'on a rien d'autre à faire, ou qu'on va recevoir quelqu'un chez nous. Bref, il peut y avoir mille explications et pas uniquement tout centralisé au rapport sexuel purement humain. L'inconscient n'est pas que peuplé de désirs de Q. A ce moment là, le chercheur cherche à pénétrer la vérité, à accoucher d'un mémoire. Le commercial chercherait alors à nous foutre un objet, un meuble, chez nous alors qu'on n'en avait pas besoin, et qu'on a rien demandé. Bref, vous voyez, la métaphore est intéressante et reflète une part de vérité mais n'est pas suffisante, évidemment.


Tout communique, par delà nos perceptions

Comme je l'amorce dans certains articles ici, et également dans mon livre Réflexe Virtuel, tout est rapport au langage, c.a.d. comment on communique, mais globalement comment TOUT communique. Car on a longtemps pensé par exemple que les êtres rangés dans la catégorie "végétale" étaient quasiment pas vivants, donc encore moins capables d'échanger. Or, nous voyons aujourd'hui que ces êtres sont bel et bien vivants, en plus très sensibles et par dessus communiquent sans arrêt. Seulement voilà, nous ne sommes pas équipés avec nos sens et notre esprit pour saisir facilement l'existence de ces échanges et encore moins les comprendre et encore encore moins les ressentir. Ne pas savoir voir la répétition, l'association, et surtout la traduction c'est exclure et donc dans l'exclusion on entretien un déterminisme. Situation fausse donc, mais qui donne l'impression d'être au pouvoir à quelques uns. Bien entendu, il y a des limites, par exemple je n'exclue pas délibérément les personnes qui parlent néerlandais, mais je ne connais pas la langue, et je peux donc plus facilement traiter avec des gens dont je connais la langue, le français notamment. Mais peut être que je pourrais communiquer par le corps, par de l'art, par une danse, par de la musique. Ce qui ne serait pas dépasser les mots, mais plutôt décomposer l'unité langagière en ses divers composantes, une sorte de musculation composée de gestes travaillés en isolation un à un. Cependant si on veut des percées sociales, spirituelles, artistiques, scientifiques, etc, on ne peut pas contourner cette nécessité de traduire, de faire des ponts par des associations divers (analogie, métaphore) et des répétitions dans la variation.

traduction et désacralisation

Bien entendu, la traduction implique une désacralisation de l'état d'origine. Certains ne veulent et même interdisent la traduction. Le raisonnement qui tient ici : si une chose s'est manifestée dans tel état c'est que cela a une raison, un sens. Et qu'il faut donc respecter et conserver cet ensemble tel quel. Toute modification serait un sacrilège, une érosion, une atteinte à l'intégrité et à la richesse, la valeur de cet ensemble. Mais ce n'est pas en tenant à ce raisonnement qu'on aurait pu avoir une évolution, ni même tenir un échange en mot ici. Si on voit une peau de bête que l'on a tué comme ensemble intègre en ce lieu, alors on ne l'aurait jamais transformé en vêtement. Pareil pour les fibres de chanvres, pareil pour tous nos fruits et légumes. On a tout changé, c'est à dire traduit, par associations et répétitions des choses apparues spontanément en choses utilisables, valorisables et valorisées. Ce raisonnement est bancal, car il justifierait de rester malade parce que cela est spontané et doit donc avoir un sens. Si une personne est tombée sévèrement, ce serait que cela devait arriver et qu'il ne faut pas l'aider à se relever, ni tenter de la soigner. Pesons l'absurde de tel propos.

Méthodologie scientifique

Oui, on a vaguement évoqué la religion, à travers ma triméta. Mais n'oblitérons guère la science dans ce fatras. La science a besoin de répétition pour identifier et isoler un phénomène, sans cela rien ne peut être étudié sous la coupe de sa méthode. Ensuite, cela doit être analysé, qui dit analyse dit analogies, donc associations diverses. Ensuite, tout cela - ces observations - doit être traduit en un langage relativement clair, avec des schémas clairs, des process clairs. Pour que ce soit clair, il faut des standards, et sur quoi se fondent les standards ? La répétition. Un standard de forme permet d'identifier rapidement une signification, et donc de transmettre le nécessaire. Ainsi la science est un processus qui observe en boucle des répétitions, pour ensuite répéter des associations et les traduire pour qu'on puisse répéter tout le processus, ailleurs, ensuite.

Au final, même chose

Combien il y a des choses, comportements, évènements que l'on pense différents mais qui en réalité sont vraiment similaires. Par exemple, un objectif d'avoir un salaire à la fin du moi n'est pas différent de l'os du chien qu'on lance, qu'il court, ramasse et vient rapporter. L'échelle de temps est différent, mais c'est au fond la même chose. Pareil, on distingue être payé pour son corps d'être payé pour son cerveau, mais c'est la même chose. La prostitution physique ou cérébrale n'est pas différente l'une de l'autre, seulement dans nos têtes où l'on glorifie l'une et honnie l'autre, de façon totalement arbitraire et illogique. Pareil pour la xénophobie ou le sexisme qui ne sont que des manifestations d'une même chose, les limites de notre attention et de nos pattern recognition. Le rejet de l'autre est une manifestation de nos limites, pas d'une responsabilité uniquement individuelle. Quand tu rejettes quelqu'un parce qu'il s'habille "mal" c'est la même chose. Tu ne peux pas partager les mêmes codes alors tu rejettes, c'est pour faire des économies d'attention et de réflexion. Rien de forcément délibéré, et surtout rien à revendiquer (ça c'est l'histoire qu'on se raconte après coup). Ce sont juste des limites inhérentes à notre vieux fonctionnement ancestral. Et celui qui se targue de ne pas être xénophobe ne fait que reporter ces limites sur d'autres critères superficiels, par exemple. Ce n'est pas à l'encontre de, mais plutôt un réflexe de "préservation".

Apprendre

On va en des mêmes lieux régulièrement : école, lycée, université, bibliothèque, musée, etc. On y  va souvent, on répète tous ces petits déplacements. Sur place, on écoute sur des unités de temps standards, on prend des notes qui se succèdent sur le papier ou l'écran. On traduit des paroles en écrits, des écrits en d'autres écrits, on fait des associations de lieux et d'études particulières, peut être des codes couleurs pour chaque fiche que l'on rédige dans la ré-vision. Tu rends une copie, et on traduit ta production en chiffre sur une échelle donnée. Ce chiffre est censé traduire ta capacité à apprendre et comprendre, d'adaptation aux règles de l'institution. Pour apprendre tu dois souvent répéter, lire plusieurs fois les mêmes passages, tu dois aussi utiliser des moyens de mémoriser ces savoirs probablement en utilisant le pouvoir des associations, un élément familier associé à l'élément voulu permet de traduire ton environnement mental courant en l'environnement mental voulu. Tu peux alors répéter ce qu'on te demande de répéter. Un jeu de cache cache qui équivaut au jeu coucoubeuh des enfants. Si je cache quelque chose saura tu le retrouver ?

Religion

La religion est un phénomène formidable pour illustrer cette triméta. Par exemple il y a souvent le rejet de croyances… pour en amener une autre. Le sacré n’est qu’un déplacement de l’objet de notre respect absolu. Si beaucoup de religions ont un problème avec le sexe c’est que ce qu’elles proposent est une sexualité spirituelle. La dévotion est une prostitution. Pour se faire accepter, cette dévotion doit changer de nom et rejeter fortement la prostitution. On se forme une identité dans le rejet souvent. De même, la croyance est là où on s’investit. Dès que je suis présent quelque part, je crois, c’est l’essence de croyance la plus fondamentale. D’ailleurs les religions ont beau mis l’abstraction reine, elles organisent des rendez-vous dans des lieux spécifiques avec des gestes spécifiques. Si les religions sont des usines spirituelles, je préfère le DIY. Bref, elles ne peuvent pas se passer d’orchestrer cet esclavagisme spirituel dans l’espace. La prière est une tentative de séduction d’une abstraction ; les rituels, des parades amoureuses, comme le paon fait la roue. La récitation est comme ce va et vient de toute stimulation sensuelle, sexuelle. Dieu a la même vénération que la prostituée qui peut donner autant de plaisir. La religion accuse d’idolâtrie les pratiques divergentes, tout en idolâtrant un livre et des personnes abstraites, mortes, éloignées, inconnues, et des lieux, et des objets/symboles divers. Remarquons le comique de cette hypocrisie. Mais c’est le cas de beaucoup de nos comportements. Ah certains ne veulent pas la traduction d’un texte, pour soi-disant garder la pureté de celui-ci. Mais ils ne veulent pas d’association libre non plus. Le contrôle des uns sur les autres par la répétition voilà tout ce qu’ils cherchent. Ils veulent bien te convertir (traduire) dans leur dogme, et te marier (associer) dans leur dogme. A sens unique.

La pureté

C’est un concept qu’on voit dans pas mal de contextes différents. Comme dit juste avant, les religieux prétendent à la pureté de leur dogme. Les scientifiques aussi de leur méthode. Les individus aussi de leur morale qui serait forcément supérieure et plus pure que celle des autres. Évidemment, le sexe aussi, avec la pureté de l’enfance, surtout féminine. De même, la peur de l’anal peut être chez des dits hommes hétéros qui reviendrait dans leur tête à briser leur pureté hétéro. Il y a des éléments qu’on ne peut guère faire passer d’un contexte à l’autre sans briser une unité de passage importante car c’est sur elle qu’on a construit notre identité. Ainsi, là par exemple j’écris des analogies sexuelles et par là peut être réduit le plaisir de certains qui pensaient que le sexe est justement ne pas penser, et échappe à la pensée. Chacun donc exclu certaines possibilités de traduction, parfois parce que c’est nécessaire pour conserver une pseudo intégrité, souvent par pure peur et superstition. Certains disent la musique par exemple ça se pense pas ça se sent. Mais c’est quoi la différence ah ah ? Ironiquement, c’est surpensé de dire ça. Il s’agit juste de perspectives différentes, chacune relative à sa propre subjectivité. On ne peut pas être partout, tout le temps, notre existence obéit à des règles sur plusieurs niveaux. C’est ces rigidités (cf. Réflexe Virtuel) qui font ce que nous sommes, qui peut être sont la source même de notre vie. Donc, dès que nous faisons quelque chose nous excluons temporairement le reste, ce n’est pas intentionnel, c’est systémique va-t-on dire. Pas la peine de juger cela en terme de bien ou mal, lol. La pureté donc est une intégrité temporaire. Peut être que cette fixation permet une base à partir de laquelle nouer des associations et entretenir des répétitions, jusqu’à l’inévitable traduction.

Mort

On s’explique la mort par une conversion dans un au-delà souvent. La science l’explique par un intra-ici. Notre corps organique serait traduit par un tas de poussière à la fin. Notre âme ou esprit serait traduit par un retour charnel ou une évolution/élévation sous d’autres formats d’existence. Donc, je ne saurais statuer sur ce que c’est exactement et définitivement là au moment où j’écris ces lignes. Ce n’est pas un exercice que je souhaite ici pour l’heure. Par contre, on peut vouloir éviter la mort, car la mort c’est la fin des interactions sous une forme à peu près stable. C’est donc l’intégrité comme il était question au dessus. C’est quelque chose de dit vital. Chacun a ses habitudes, ses préférences, et les retirer toutes, ou du moins les faire migrer trop brutalement sous d’autres formes d’expression peut signer une perdition temporaire ou quasi définitive. Si la musique, qui se pensait spéciale et « à part » parce que juste des successions de basses sans « message », peut demain être traduit en mots, ou en peinture, peut être que l’auteur de la musique et des fans de cette musique vont se sentir moins spéciaux car ils considéraient leur média comme leur prés-carré, bien distinct des autres. Traduire peut donc sonner la perte de la spécificité, aussi une hybridation qu’on ne maitrise pas/plus comme lorsque certains parents pensent leurs enfants en terme d’extension d’eux-mêmes et se trouvent déconfits devant leur impuissance tôt ou tard. De même, l’artiste qui fait son œuvre se traduit en partie pour ensuite s’en séparer. Plus tard, si il est reconnu comme « artiste », on l’associera avec ces œuvres alors qu’il n’est plus celui qui a produit ces œuvres, ni ces œuvres. Vous voyez qu’on peut tourner en rond, avec ces concepts, mais c’est justement cela qui permet de dire que c’est proche de la « réalité », que ce n’est pas linéaire, que beaucoup de choses s’auto-engendrent, s’hybrident en permanence.


Accumulation

Le capitalisme. Quand on invoque le capitalisme, illico on imagine seulement la monnaie et sa manifestation en finance excessive, en concentration, en monopole. Mais, une personne "érudite" est aussi en situation d'excès de concentration. Jamais elle ne pourra "dépenser" tous ces savoirs, car  le but n'est pas la possession mais l'usage, les possibilités. Or avec la concentration vient la peur de perdre cette concentration. Il en est de même avec la pratique de la méditation que j'avais critiqué sur ce blog aussi. La méditation c'est concentrer son attention. Pareil pour les villes que je critique aussi allégrement, tant elles sont des concentrations épouvantables. Dans la nature aussi on trouve des formes de capitalisme, c'est à dire des accumulations localisées et donc mal réparties. Ce n'est pas dire un bête "c'est mal", mais qu'il y a des niveaux et échelles qui peuvent devenir très problématiques, en concentration.

Légitimité de la triméta

Je pars du constat, à force de chasser jusqu’à l’obsession les idées, que les productions idéelles sont trop complexifiées sur une base habituelle. Ce n’est pas dire que tout est simple, mais que selon une base commune humaine, on ne peut appréhender trop de complexité en même temps, et ce qu’on ne peut appréhender peut juste nous encombrer, sans rien nous amener, au contraire nous emporter. Pour faire des ponts entre humains et domaines on doit nécessairement réduire ou plutôt revenir sur du simple. Alors trois éléments, concepts, schémas c’est super facile.

Le but est de pointer du doigt que beaucoup de choses sont au fond très simples, mais que naturellement nous complexifions, parfois avec raison, par pratique, mais souvent que par convention vaine, par souci d’exclure, de rendre opaque, de garder son autorité dans telle ou telle domaine. On a apriori besoin d’élaborer des narrations, des complexes. Mais il est un degré où cela est juste du vent, des clôtures invisibles permettant de mettre l’autre à distance et de rester entre-soi. Au plus on pose des concepts compliqués au plus on va passer de temps à essayer de les assembler sans que ce soit nécessairement possible ni souhaitable, et qu’en souhaitant communiquer ou vaniteusement « vulgariser » on ne fait au final que dénuder ces vêtements pleins de fantaisies, et détricoter les boules de complexes qu’on a passé du temps à créer. Au final, on fait des pâtés de sables super moches en faisant beaucoup de gestes invocatoires en ayant l’impression d’avoir tout compris de la construction.

Toi tu lances des volumes de sables que tu travailles et déposes de telle et telle façon que tu imagines raffinée, avec l’impression d’avoir vraiment apporté quelque chose au monde. Mais ça ressemble en fait juste à une petite dune difforme. Donc lorsqu’il y a un problème de communication entre deux domaines, deux approches, deux individus, il peut être intéressant de revenir à la base commune des 3 schémas fondamentaux de la Triméta : Répétition, Association, Traduction. La Triméta a donc pour potentiel de détruire beaucoup d’autorité sociale injustifiée, illégitime, de permettre toujours plus de communication entre divergences et narrations et méthodologies différentes. Parce que derrière les vêtements conceptuels le fond reste la nudité existentielle de chaque et de tous absolument tous les individus.

Autres articles

Mort
Athée
Rêve
Virtuel
Art
0 Commentaires

De la mort

11/9/2017

0 Commentaires

 
hexagone article blog mort philosophie meditation

Lire la suite
0 Commentaires

Désillusion égoïste - starter pack

21/7/2017

0 Commentaires

 
Bonjour et bienvenu ! L'us en matière de lecture est de s'orienter vers des styles et contenus qui nous plaisent. Une confirmation de nos opinions, un exemple de vécu tragique ou comique ou extra-ordinaire, etc. Souvent cela nous met en valeur, tout en nous apprenant quelques éléments, parfois... quand même :) !!

On parle notamment de "bulle" algorithmique à propos des réseaux sociaux et autres plateformes. Mais notre personnalité, nos réseaux IRL, nos sources de savoirs et divertissement sont autant biaisés. Du coup, je me posais la question de quels livres ai-je lu qui ne m'ont pas fait plaisir par leur message, leur contenu. J'en retiens trois essentiellement, car les plus marqués dans leur effet déplaisant sur moi. Du coup, je généralise et me dis que peut être cela aura un effet similaire sur d'autres lecteurs. ^^


   Alors, ça vous dit ? ;)
Photo
Photo

Jiddu Krishnamurti

Jiddu... On ouvre ce livre dans les rangées spirit', presque bouddhistes, alors on s'attend à lire cette veine. Quelque chose de doux et de rassurant, comme cette tradition le fait dans le courant. Et ben, nop. Rien de rassurant. En fait, il passe son temps à décrire nos comportements de façon bien lucide et concise, donc gênante. Il casse quantité de préjugés, et automatismes, et croyances, nous enjoint à nous séparer le plus possible des institutions et des systèmes de pensées qu'ils soient religieux, ou économiques, ou sociaux.

Chaque mot est pesé, quasiment aucune digression de forme. Des écrits et un esprit touchants. Comme je l'ai saisi aussi le langage façonne notre pensée et nos comportements en chaines. Il entame cette réflexion en proposant notamment de remplacer JE par ON, afin de déclarer au quotidien des éléments sans la restriction du sujet définit. Aujourd'hui on pourrait par exemple remplacer les expressions rapides "les gens" et "les cons" par ON. Il développe vraiment une pensée adogmatique, singulière, juste, tranchante, et un peu libératrice bien que cette libération d'illusions soit souvent perçue comme une lourdeur. Et si on pensait avant tout sans support, par nous-mêmes ?


Robert Wright

Robert Wright a écrit l'Animal Moral. Le sous-titre est Psychologie évolutionniste et vie quotidienne. Il s'agit d'un essai regroupant une grande quantité d'études du comportement humain. Ici, l'auteur a essayé de vulgariser en appliquant les résultats d'études à des exemples de préoccupations "normales" du quotidien : amour, amitié, pathologie, connaissance, société, etc.

Dans la perspective qu'il expose, on se voit décentré. Nous ne sommes plus aussi maitres qu'on le pensait. On saisit aussi à quel point nous romançons énormément, jusqu'à l'excès, notre existence et nos choix. Alors que nous restons extrêmement conditionnés, et ce depuis des millénaires, sous des schémas ancestraux qui sont en décalage avec nos modes de vie actuels. Il nous enjoint donc dans le paradoxe de nous détacher des valeurs morales coutumières afin de commencer à être dans l'honnêteté de ces mêmes valeurs. Oui, les grandes valeurs peuvent servir des intérêts inconscients bien peu reluisants. Et si on arrêtait de se croire plus morale que son prochain ?

Marguerite Porete

Marguerite est une mystique de tradition chrétienne, elle a écrit Le Miroir des Âmes Simples et Anéantis. Il s'agit d'une quasi pièce de théâtre avec moult intervenants. Figure de style intéressante : des abstractions sont personnifiées. On se retrouve alors avec Amour qui parle à Raison, et d'autres... Ce qui en soi est fascinant et très dynamique. Ce qui m'a désillusionné dans cette œuvre est la place de la raison qui est dépeinte comme limitée dans sa compréhension de l'existence, qui en devient même bête parfois. Il est courant chez des mystiques de critiquer la raison. Si il faut reconnaitre que la raison peut n'être qu'un mercenaire, et aboutir parfois à créer des destructions et à tourner en rond, la critiquer de bout en bout est exagéré. C'est qu'on a pas de support pour la développer souvent pour ceux qui s'engagent dans la démarche de méditation-réfléxion. Et alors, la rationalité peut être dans ces cas, en effet, une perte de temps totale. Marguerite critique aussi les valeurs et vertus, elle les transcende.

Autre chose intéressante dans ce livre, les valeurs et vertus ne servent pas à grand chose dans notre cheminement spirituel. Elles ne sont très souvent qu'un substitut de basse facture. De plus, on peut se servir de valeurs et vertus comme d'étendards pour justifier les pires atrocités, et rien que pour cela il faut de la mesure quant à leur emploi. Bien entendu, cela est aussi courant chez le mystique, qui souvent évolue au sein d'une tradition et qui s'adresse donc aux institutionnels qui se perdent en discours sur les vertus sans les incarner pour un sous en vrai. On doit effectivement se rallier méthodiquement à des hautes valeurs, non par croyance aveugle en gros paquet dogmatique mais en pure rationalité, pour assurer notre cohésion sociale.

Ce livre est donc intéressant pour la personne qui croirait trop en la raison, ou trop en des valeurs et vertus. Cela tempérerait cet élan de pensée en clan et moralisatrice usuelle. Petit bémol, ce livre est de tradition chrétienne, et donc il est souvent fait référence à des anges, à dieu, et autres figures de cette cosmologie. Passant outre ces éléments de style, le livre reste parfaitement pertinent, et absolument fascinant, bien que difficile psychologiquement par ce qu'il nous enseigne. Et si on arrêtait tout suivi de recette existentielle pour nous "élever-anéantir", vraiment, nous-mêmes ?

Et vous !

Des suggestions ? Des ouvrages qui vous ont marqué en vous contrariant ? Vous avez déjà lu ces 3 livres cités ?
Photo
Photo
0 Commentaires
<<Page précédente
    Flèche carré noir
    carré noir barre
    carré noir signe
    Carré noir flèche
    Flèche carré noir
    Flèche carré noir

    Catégories

    Tous
    Alimentation
    Appli
    Architecture
    Art
    Auto-publication
    BAM
    Champignon
    Cinéma
    Courir
    CQFD
    Cuisine
    Ecologie
    Economie
    Ecrire
    Emotion
    Fiction
    Industrie
    Infusion
    Internet
    Langage
    Livres
    Loco Motion
    Loco-motion
    Logique
    Maintenant
    Meditation
    Mode
    Narration Symbolique
    Nature
    Plante
    Poesie
    Posture
    Présence
    Present
    Question
    Rêver
    Sagesse
    Science
    Social
    Spiritualite
    Technique
    Transhumanisme
    Twitter
    Ville
    Yoga

    Réflex Virtuel Chronique d'un langage émergent Livre
    Améliorer le blog ?

    Archives

    Janvier 2022
    Décembre 2021
    Novembre 2021
    Septembre 2021
    Août 2021
    Juillet 2021
    Juin 2021
    Mai 2021
    Décembre 2020
    Novembre 2020
    Juillet 2020
    Juin 2020
    Mai 2020
    Avril 2020
    Mars 2020
    Février 2020
    Janvier 2020
    Octobre 2019
    Août 2019
    Juillet 2019
    Juin 2019
    Mai 2019
    Avril 2019
    Mars 2019
    Février 2019
    Septembre 2018
    Juillet 2018
    Juin 2018
    Mai 2018
    Avril 2018
    Mars 2018
    Janvier 2018
    Décembre 2017
    Novembre 2017
    Septembre 2017
    Août 2017
    Juillet 2017
    Juin 2017
    Mai 2017
    Avril 2017
    Mars 2017
    Février 2017
    Janvier 2017
    Décembre 2016
    Novembre 2016
    Octobre 2016
    Août 2016
    Juillet 2016
    Juin 2016
    Mai 2016
    Avril 2016
    Mars 2016
    Février 2016
    Janvier 2016
    Décembre 2015
    Novembre 2015
    Octobre 2015
    Septembre 2015
    Août 2015
    Juillet 2014

    Photo
    Don
Propulsé par Créez votre propre site Web à l'aide de modèles personnalisables.