Cela dérive notamment de l'insistance de la dite science sociale qu'est la sociologie qui insiste à voir des groupes partout sur des critères partiels. Selon la sociologie, nous sommes des groupes sociaux (à partir d'un critère en commun, même sans se connaitre).
Maintenant, il y a vraiment des victimes. Et ces victimes réelles peuvent aussi utiliser leur statut de victime pour dire tout et n'importe quoi par ailleurs, comme si ça leur donnait une autorité supérieure sur tous les domaines ou presque. Par exemple, dernièrement, quelques individus se sont baladés avec une référence à l'étoile jaune des juifs de la seconde guerre mondiale en Allemagne nazi. Evidemment, d'un fait d'une poignée on en a pondu une essentialisation de tous ceux qui expriment une inquiétude de ce qui se passe actuellement pour les délégitimer. Suite à cela, donc, un survivant de ces horreurs historiques utilisait son statut de victime (réelle pour le coup) pour dénoncer tous ceux qui ne voulaient pas se plier au délire du gouvernement. Si on peut respecter son statut de victime et être désolé de ce qui lui est arrivé, cela ne lui donne aucune légitimité pour parler de ce qu'il faudrait faire, sur la promotion de l'injection notamment pour rester dans l'actualité. Il y a donc être victime et utiliser le statut de victime, et les deux ne sont pas toujours corrélés.
Avoir vraiment été victime ne donne pas forcément une connaissance particulière de l'oppression. A vrai dire, la victime peut faire des victimes par ailleurs, c'est un classique, car nous voulons transmettre et parfois nous ne savons que transmettre le mal, car c'est tout ce que nous avons connu et/ou la seule chose à laquelle nous pouvons nous référer. La victime n'est pas victime que d'un fait mais de la perdurance de ce fait, l'état de choc, de sidération, le traumatisme. Ainsi, la victime peut se retrouver à reproduire en elle-même un fait, le trauma tourne en rond et se manifeste par différents troubles extérieurs, ou reproduire ce qu'elle a connu vers quelqu'un d'autre. Autrement dit, dans les deux cas, la victime n'est pas immunisée. La victime peut renseigner sur son "expérience" d'un fait et alors on peut dégager des points communs avec d'autres situations sur des dynamiques d'oppression. Mais la victime n'est pas une référence suprême pour juger de l'oppression, seulement pour voir comment cela est d'être opprimé personnellement. Qu'une personne soit réellement victime ou non, elle peut avoir un défaut majeur dans toute son intervention, celui de faire de son état de victime une identité (sous entendu, une identité centrale et forcément vertueuse ! ). D'accord, reconnaitre qu'on a été victime est souvent une étape importante de guérison. Mais cela n'aide pas d'en faire une identité absolue, ni soi-même ni les autres (qu'on voudrait protéger de l'oppression).