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Imagination

1/8/2019

 

Tu t'es vu quand t'as vu ?

Émile et Image. Je vous parlais du rôle étrange des références culturelles (ici). Illustration parfaite avec ce nom de groupe un tantinet ridicule, qui ne sert à rien, mais qui m'est venu en réfléchissant à une introduction à ce poste. Passons.

Imagination. Image. Image renvoyant à quelque chose de visuel. Importance de la vue, de la vision. On dit par exemple avoir une vision de pour désigner le fait d'avoir un fil conducteur, une stratégie d'ensemble, et aussi de percevoir ou recevoir des idées/images comme un prophète ou comme quand on hallucine. "Je vois ce que tu veux dire" : derrière l'idée de voir, il y a l'idée de comprendre aussi. Voir, ou comprendre, comprendre au delà. Voir loin. Il semble y avoir toujours cette corrélation entre une anticipation, une stratégie long terme, et la vue, donc l'image. Mais l'image semble avoir un statut particulier. C'est une vision, mais une vision pas de l’œil seulement, une vision de l'esprit. Par exemple, en rêvant nous ne voyons rien (d'extérieur) avec nos yeux, mais nous voyons pourtant pleins de formes, couleurs, etc. Pensons également aux hallucinations qui peuvent être induites par des produits spécifiques (champignon, ayahuasca, etc.). Quand nous regardons des photos, vidéos et autres sur écran, nous sommes face à des reconstitutions, c'est à dire que nous ne percevons pas les choses directement, mais l'image (un reflet ?) des choses. Ces images ne sont pas fausses, elles ne sont pas des illusions, elles sont des reconstitutions et plus loin des choses elles-mêmes. Vous vous dites peut-être que ces distinctions prennent la tête pour rien. Attendez la suite, c'est un point important.

La caramba des combos

L'imagination. Dans une conception courante, on se figure souvent que l'imagination concerne le fait de créer des choses qui n'existent pas. Les contes, les mythes, le fantastique, la science-fiction, par exemple, ou des projections de soi étant riche ou populaire ou vivant dans un endroit de ses rêves, etc. On tend donc à l'associer à ce qui n'existe pas, à l'irréel, mais aussi à la folie, à l'enfance et au mensonge. J'imagine que je vole, mais ça ne se passe que dans ma tête, mentalement, pas directement dans le manifesté. J'imagine que je suis président de la Terre, ou j'hallucine des étoiles sur mon corps et alors je suis fou.  J'imagine des scénarios, des histoires avec des jouets et alors je suis un enfant dans son terrain de jeu. J'imagine que je suis le plus beau, le plus intelligent et alors je me mens à moi-même. A priori donc, un ensemble divers d'associations ne semblent pas faire faveur à l'imagination.

Plusieurs points à relever. On se figure que l'imagination n'est pas réelle, ou en dehors du réel. Ce qui impliquerait une étrange conception où l'imagination serait avoir accès à un autre monde, un autre univers. Non, l'imagination, ce qu'on "invente" n'est pas en dehors du réel. Un rêve fait entièrement partie du réel, il est peut-être éloigné du réel manifeste, dans le sens le plus matériel possible. Mais tout ce qui se passe dans la tête n'est pas en dehors du réel, il en fait partie, entièrement. Il est possible néanmoins que l'imagination soit une perception au même titre que l'oreille reçoit des vibrations et traduit cela en sons audibles et "traitables". L'imagination consiste souvent à déplacer des éléments, créer de "nouvelles" (ou simplement différentes) combinaisons. Exemple, on prend un éléphant, on le place sur un toit de maison, on lui met des chaussures à paillettes aux pattes et on obtient quelque chose qu'on dirait imaginatif. Oui, on utilise aussi souvent le mot imagination pour dire - au moins de façon implicite - qu'on a affaire à quelque chose d'original, de jamais vu. Cet éléphant à chaussure sur un toit n'existe pas dans le réel, mais on peut parfaitement avoir l'image dans notre tête. Cette image n'est pas en dehors du réel, elle est dans notre tête, grâce à un procédé de transmission verbale entre autre. Et notre tête n'est pas en dehors du réel a priori. J'insiste sur ce point, car il faut mettre les choses dans l'ordre. On associe aussi l'imagination à la création, ou créativité. Je risque de tempérer un peu la magie mais je répète que la créativité ne consiste souvent qu'à déplacer des éléments, proposer des combos différents, parfois spécifiques. Bien sûr il ne suffit pas de déplacer n'importe comment ces éléments, pour faire... n'importe quoi. Non, il y a toujours des nouvelles étincelles à chaque nouveau combo, et parfois un combo magique qui émeut, transcende, démontre, etc.

coup de projo

Le concept d'imagination est mal interprété à cause de plusieurs distinctions ou absence de distinctions. Il faut (un peu) distinguer le réel manifeste du réel mental ou technologique. Mais il ne faut pas distinguer strictement corps et esprit, ni conscient et inconscient. Car corps et esprit sont des couches d'une même entité. Pareil pour le conscient et l'inconscient. De la même façon que l'imagination n'est pas en dehors du réel, l'esprit n'est pas en dehors du corps, et l'inconscient n'est pas en dehors du conscient. Il faut comprendre cet ordre des choses. C'est complexe, complexe dans le sens de "tissé ensemble". Comme on peut le voir avec notre biologie, composée en même temps de cellules, de gènes, d'organes, de fluides, de solides, d'hormones, d'électricité, d'atomes, etc. Décrire l'imagination comme une sorte de perception permet dès lors d'échapper un tant soit peu à ces travers. Cette imagination a pu être une caractéristique qui a évolué dans les perceptions culturelles/ sociales. Peut-être qu'une certaine forme d'imagination est une perception rare et alors on appelle une personne spéciale de prophète, ou de visionnaire. Encore une fois on essai de faire des distinctions, comme si être créatif serait faire preuve d'imagination mais que cultiver un terrain ou vendre des vêtements, des produits bancaires seraient des activités en dehors de toute projection, toute imagination. Ce sont des activités différentes certes, mais dire qu'une activité nécessite zéro imagination est faux. Il n'y a pas que dans le domaine de l'art, de la production artistique qu'on requiert l'imagination, mais dans tous les domaines de l'existence. Évidemment il y a des degrés qui divergent. Inventer Harry Potter (tient une autre référence culturelle dont je ne sais que faire) nécessite plus l'imagination que de planter un chou. Bien qu'il faille se projeter de diverses façons avant et pendant et après avoir planté le chou. Des activités très matérielles nécessitent toujours différentes projections entre-mêlées. La différence réside peut-être dans la proximité entre la projection/imagination et le réel manifeste.

La menace de L'ourson magique

Maintenant, oui, l'imagination, on peut s'y perdre. Rester dans des projections mentales, dans des mensonges, dans une sorte de réalité parallèle mentale. On retrouve souvent des mises en garde dans d'anciens textes fondamentaux, dont la Bible, et dans une "sagesse populaire" du rejet viscéral ponctuel de certaines formes et degrés d'imagination. Vous savez quand une personne est face à une œuvre d'art qu'elle trouve bizarre, elle va sourire en disant en elle-même "c'est chelou, l'artiste doit être un peu fou". Avoir peur de l'imagination me paraît stupide, mais je suis d'accord qu'il puisse y avoir un effet d'entrainement qui peut annoncer une perdition. Ne plus avoir les pieds sur terre comme on dit. Rester coincé dans une distorsion mentale qui nous est destructeur pour nous-mêmes et autrui. Et, en effet, nous avons tellement affaire à plein d'imagination de toute part aujourd'hui qu'il est très facile de se perdre, de s'accrocher à une narration mentale ou identitaire, d'imaginer une gloire passée ou à venir de soi ou d'une nation ou d'un peuple. Raison de plus d'être vigilant, toujours plus vigilant aujourd'hui. Oui, les avertissements contre l'imagination sont dans le vrai. Car nous sommes, par le verbal, mais aussi par les technologies, dans une surabondance de références culturelles, dont chacune peut nous emmener, nous emporter, parfois en surface ça nous plait et nous fait rire, mais dans les profondeurs elles impriment en nous des schémas, des narrations, des images qui nous nuisent. Il faut qu'on ait un niveau de vigilance à l'égard du culturel imaginatif égal ou supérieur à la vigilance qu'avaient nos ancêtres pour chasser ou s'échapper d'une menace bien physique, un ours disons ou un troupeau de buffle.

L'échelle du possible

L'imagination vient manifester, sous forme d'art, de projections commerciales, nationales, idéologiques divers des éléments qui ne sont pas encore manifestes. Il s'agit comme d'un programme d'implémentation dans le réel manifeste d'un ensemble d'idées ou images mentales. L'imagination peut exercer une pression sur le réel pour faire advenir des éléments et les mêler au déjà manifesté. L'imagination peut donc agir comme une boucle perceptive. On voit de nos yeux pour agir et naviguer dans le monde. Mais des êtres non-humains utilisent d'autres médias/organes que l’œil, la vision et s'en sortent très bien. L'imagination peut donc, en ce sens, être une perception particulière qui permet des boucles d'action et rétro-actions dans et entre le réel manifesté et le réel non manifesté ou mental. Et l'ensemble des deux entremêlés est forcément hybride, ce qui peut augmenter la confusion souvent. Par exemple, ce qu'on appelle "la culture" est composée de chose réelle, mais figurant des choses non-manifestes. A être trop dans le culturel, dont le culturel séculier, on peut se croire vivre dans un monde qui n'existe pas réellement, en dehors de nos têtes et nos supports technologiques (papiers, écrans, enceintes, discours, etc.). Mettons-nous d'accord que le réel manifesté est premier au mental. Le mental peut changer, les images dans nos têtes peuvent changer, mais le réel manifesté difficilement. Je peux m'imaginer voler dans les airs, mais le réel manifesté ne me le permet pas, cela n'existe que dans mon mental. Ah et l'imagination ça peut être en acte aussi d'une certaine façon. Pensons à une chorégraphie, à des rituels, mais aussi à toute activité manuelle, physique, bref tout ce qui peut solliciter quelque chose d'essentielle.





IMAGINATION : une forme de perception du possible, mais aussi de l'impossible (ou possible seulement de manière mentale et/ou par projection technologique). Cette perception peut aider à faire naitre dans le réel manifesté ce qui n'était alors qu'un possible. Il peut y avoir des boucles de retro-action, comme on se guide par boucles de retro-action visuelle, auditive, motrice, etc.

On peut imaginer des choses impossibles comme un humain volant (sans avion, juste avec son corps) et que cela ne se réalise jamais, mais cette image reste et provoque des conséquences et effets connexes/annexes. C'est-à-dire qu'en imaginant volant, on ne va pas voler, mais cela va peut-être nous donner des émotions qui vont nous conduire ailleurs, ou activer d'autres circuits d'imagination et nous faire créer autre chose dans un autre domaine, ou nous rendre prisonnier mental. On peut se méfier de l'écart entre l'imagination du possible et de l'impossible, ou faire attention au degré de possible. Aborder donc l'imagination comme une spéculation mentale. Une heuristique aussi. Soyons réalistes.
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art >>> critique + prospective

20/9/2018

 

ça pas art ?

Poser une critique de l'art au sens large. Souvent je suis exaspéré d'entendre des gens critiquer l'art, sous-entendant ou clamant clairement que l'art "ne sert a rien", est futile. Il est possible que beaucoup de ces détracteurs sans détour soient étrangers à l'art, ou en tout cas aux formes d'art qu'ils identifient comme étant de l'art. Question de perception. On va identifier uniquement certaines choses dans une catégorie et en exclure la majeure partie restante. Ainsi parler avec éloquence ne sera pas perçu comme un art hormis dans un contexte spécifique comme un seul-en-scène humoristique ou une émission de télé ou un intellectuel ou un politique. Mais si il s'agit de bien s'exprimer au quotidien alors ce ne sera pas perçu comme art. Perception est souvent comme un ensemble de labels. Il faut un ensemble de critères et parfois seulement un critère spécifique pour faire toute la différence. Une certaine blague raffinée sur scène devant un public déjà chaud et conditionné pour être réceptif sera peut être de l'art, mais la même blague même mieux racontée dans une conversation ordinaire sans contexte de spectacle ne sera vraisemblablement pas perçue comme art. Il y a quelque chose de démonstratif obligatoire, un emballage qui fait que x sera ou non classé dans nos têtes comme art. C'est-à-dire qu'avant même le contenu il y a un paquet de filtres qui élimine avant toute émission/perception la capacité d'attention qu'on peut accorder et donc qui dit attention dit valeur souvent (monétaire).

Partout ! et... nulle part ?

Aujourd'hui on n'a jamais autant créé d'art, avec une telle diversité, un tel volume et fréquence. Et ça n'a jamais été aussi abordable. A vrai dire notre communication quotidienne se pare d'art a notre insu a travers des formules poétiques ordinaires, des photos cadrées et retouchées, des musiques, des vidéos, etc. Mais si la communication est quasi instantanée la gratification par ses pairs est elle très inégale pour l'instant. Cela est due aux modalités des plateformes. Les plateformes sont des proto-routes très chaotiques encore à ce jour. Mais cela est aussi dû à nos capacités limitées d'attention et de traitement de l'information, puis avant ça aussi de notre cerveau. 

Source et véhicule

Maintenant après cette sorte de célébration de l'art actuel il convient de nuancer. C'est même le topo motivant cet article à la base. Il est vrai que beaucoup de notre production est le fruit de "désordres" physiques et psychiques et spirituels ("désordres" qui ne sont peut être qu'un ordre qu'on a du mal voire qu'on ne peut pas reconnaitre). Il est vrai aussi que beaucoup de notre production peut se faire par défaut d'autre chose, d'autres possibilités de production et d'interaction, d'échange, de travail, de don.

Mais dire cela n’équivaut pas à pathologiser tout l'art, car comme il a été dit l'art est partout. Et on pourrait avec cette logique pathologiser l'économie aussi et toute forme d'activité, y compris la parole. Donc attention à ne pas tomber dans ces erreurs de logique. Néanmoins il est évident qu'en créant ces productions on véhicule aussi des malaises, des pathologies. Ça peut être évident pour certains artistes où on identifie très facilement leur malaise. A vrai dire même chez beaucoup de grands maîtres peintres ou écrivains par exemple on peut voir un côté pervers de voyeur sur la souffrance des auteurs. Certains individus aiment peut être collectionner des œuvres pour contempler à quel point ils sont éloignés de ces états troubles. Il y a aussi une sorte d'exhibitionnisme dans l'art souvent, mais encore une fois ce n'est pas spécifique à l'art, mais à tous les domaines de notre existence, c'est probablement notre conditionnement biologique qui veut ça. J'insiste sur le fait que tout pathologiser n'est pas honnête non plus, mais a l'inverse dire que tout est normal n'est pas honnête non plus.

états internes à la loupe

Dans l'expérience de tout art il peut y avoir une sublimation interne, on est subjugué ou touché et ce rapidement. Mais tout ne se réduit pas à l'effet court terme immédiat. Peut être que cette sublimation véhicule ensuite en nous le malaise de l'auteur. Je perçois ça de façon évidente quand j'écoute certaines chansons pop. J'adore sur le coup écouter, parfois même en boucle, c'est entraînant, c'est stimulant, et plaisant. Mais s'en suit parfois/souvent un vide, et un malaise, une anxiété. C'est comme du sucre finalement. Il convient donc je pense en tant qu'artiste ou producteur de contenu de toute sorte d'être prudent, il nous faut analyser nos états internes, et essayer de ne pas véhiculer de mauvaises choses à notre insu. Une sorte d'éthique, de responsabilité. Ce qui me fait tiquer en écrivant cela est que souvent il y a production pour compenser, ou pour se défendre d'agression autres. Exemple de l'agression économique qui nous pousse à produire, et si on ne peut produire via des circuits identifiés comme étant du "travail" ou de l'économie alors on va plus produire des formes artistiques et ou sportives par exemple. Le problème est que ça se fait par défaut, ce qui déprécie d'une certaine façon les modalités et la pertinence de l'art vie une simple occupation de réserve. Il y a aussi cette idée où on ferait une thérapie par l'art. Oui peut être en partie parfois, mais encore une fois ce n'est pas spécifique à l'art. Travailler dans les conceptions actuelles du travail est aussi une thérapie à ce moment là, et même nos relations sociales sont des thérapies alors. 

éthique du don

Ce qu'il y a aussi avec nos outils de communication actuels est qu'on n'a pas le contexte du récepteur et donc on a peu de visibilité sur comment ça sera reçu perçu. A vrai dire, ces décalages d'ancrage de tous les éléments que l'on produit tous concerne tous les aspects de notre vie. Quantité d'innovations et d'apports intelligents, pertinents, concrets ne sont pas pris en compte dans l'immédiateté de l'émission/production, mais leurs effets se produiront qu'on le veuille ou non. Pour y voir plus clair, je vous encourage à lire différents article sur ce blog qui parlent du progrès surtout mais aussi de l'économie. Bref, pour en revenir à nos moutons, toute éthique qui censurerait la production et le partage pourrait finalement être très limitée dans ses effets. Bien que faire ce constat n'indique pas qu'il faille s'abstraire pour autant de toute éthique, juste peut être qu'on aurait tendance à surestimer les effets éthiques réels d'une l'éthique formelle. Ce n'est donc pas une éthique mais peut être que prendre plus de temps pour construire chaque œuvre serait une bonne option, si par exemple nous voyons une œuvre comme une construction pérenne et non comme seulement une expression passagère. Ce n'est pas être mégalo que de vouloir donner quelque chose de consistant, l'idée reçue souvent véhiculée à ce propos est qu'on produirait pour épater des générations, faire de l'ombre aux autres, mais non ! Déjà qu'importe le domaine où l'on œuvre, on ne peut pas ne rien produire. Ensuite on peut travailler beaucoup plus les fondations, les structures et chaque détail et bien intégrer le tout en une cohérence qui peut apporter quelque chose à soi et à autrui. 

En cours forest

J'attends donc avec impatience :)! des moyens pour mieux apprécier les productions actuelles et en cours, mais surtout des productions futures qui probablement j'imagine ne seront pas ou beaucoup moins issue de troubles physiques, psychiques et spirituels, et avec un raffinement beaucoup plus élevé qui nous permettra de communiquer et comprendre des choses beaucoup plus profondes et bouleversantes dans nos existences et sur l'univers en général. Car c'est cela le rôle de nos productions dont art, de nous donner des angles et des bases de communication pour demain, donc de compréhension. Le langage verbal même est une agrégation de procédés de style, artistique donc combiné à l'effet du temps et sculpté par les nécessités de précision, de concision etc. Il ne faut pas croire, on peut souvent tomber dans un jugement où les productions culturelles passées seraient meilleures que les présentes. Mais cela est incomparable en terme de qualité car ces productions sont relatives à des époques donc modalités de production et de perception différentes. Aujourd'hui on bénéficie d'une diversité et d'un niveau de précision/raffinement jamais atteint dans tous les domaines, mais on n'a pas les moyens d'apprécier à leur juste valeur car nos perceptions sont plus lentes à évoluer que nos productions. Aussi nous avons beaucoup d'informations, énormément au quotidien, et donc il y a un phénomène de saturation rapide qui nous met en mode évitement peut-être, qui nous blase. Aussi il y a tellement de domaines en expansion en simultané et accessibles qu'on se sent plus petit et perdu dans cette abondance croissante ! Mais l'éthique de la production implique une concentration, on doit se concentrer sur ce qu'on veut apporter et cibler donc. Et savourer ce que chacun apporte aussi et ce qui nous touche. Car l'art au sens large ne se limite pas aux stars et aux musées mais à des communications à travers le temps et les époques, qui passent au delà du support.
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Le WTF, aka dada

7/7/2018

 

un peu de sens, svp !

Aujourd'hui on semble voir de plus en plus de choses qui nous paraissent n'avoir aucun sens. Cela aussi bien dans les produits "culturels" dirons-nous tel les clips musicaux de Nicki Minaj par exemple, que dans les "informations" du monde et du voisinage ou proche. Ah pensons aux séries TV aussi comme Dirk Gently ou American Gods par exemple où plusieurs genres se mélangent allégrement. Et dans les "informations" ou les faits du monde humain contemporain on a par exemple les comportements de certains chefs d’États. Bref je vais pas donner une liste, il s'agit juste de pourvoir à une idée de ce qu'est cette tendance. En réaction au sentiment de manque ou absence de sens on peut parfois adopter une posture résignée de néo-nihilisme retro-conservateur, bref quelque chose de cet acabit. On peut parfois aussi adopter une posture opportune de se dire que puisque rien n'a de sens je fais des trucs sans me préoccuper du sens et des répercussions, ce qui est par exemple caractéristique aux rigidités du "travail" de je fais ce qu'on me demande et le reste basta. On peut aussi adopter une posture de créativité enthousiaste sans pareille, et une moultitude d'autres nuances de comportements changeants.
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Davantage d'informations

En fait, comment ça se passe ? On évolue dans un monde humain où tout se démultiplie à galopante allure. On a jamais eu autant d'informations à produire/digérer tous les jours. Et dans cette immensité en expansion forcément on est confronté à des éléments qui a une autre époque n'auraient pas été connues donc on aurait pas eu de réaction (forme de traitement de l'information) à cet égard, pas de quoi comparer avec notre connu qui parce qu'il nous paraît connu nous paraît aussi plus cohérent. En réalité, notre familier est déjà une suite cumulée et compactée de grand mix. Notre corps paraît quelque chose de naturel mais en réalité c'est un organisme multi-hybride. Nous sommes déjà dès la base de notre existence une chimère. Mais attention, chimère n'est pas négatif, c'est au contraire plutôt symbole d'union et de partage, de mise en commun. Donc, face à un assemblage d'informations diverses on a de plus en plus de chances de ne pas trouver de sens immédiat, ni de sens tout court.
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Cohérent, ça tient la route

On a aussi l'impression que tous ces amas d'éléments éparses ne sont pas cohérents. Par exemple au quotidien on boit un café qui a poussé en montagne dans des pays tels l’Éthiopie ou la Bolivie, avec du lait qui vient de Bretagne, des œufs qui viennent des Hauts-de-France. Plus tard dans la matinée on lira un texte écrit il y a 70 ans en Allemagne, puis deux phrases écrites sur une plateforme de micro-bloging depuis l'Inde en langue anglaise, on prendra son vélo dont l'aluminium du cadre et le caoutchouc des pneus proviennent de toute part du monde et acheminées et transformées ailleurs encore, on fera une transaction par un jeu administratif de monnaie passant par des terminaux internationaux, etc. On voit donc qu'au quotidien rares sont les éléments purement locaux, cela nous parait normal dans l'usage tant on ne se préoccupe peu de la provenance et que l'habitude fait la familiarité et donc cette fameuse impression de cohérence. On pourrait alors tout à fait se dire, dans un jugement esthétique que notre quotidien n'a pas de sens, ou n'a plus de sens. Mais comme je viens de l'écrire il s'agit d'un jugement esthétique dont les filtres proviennent de nos capacités de reconnaissances de phénomènes répétitifs. L'accélération des échanges augmente le décalage entre nos perceptions (et capacité de traitement, dont de reconnaissance) et les réalités.
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Tous à dada, c'est wouf !

Quelque part le libéralisme matériel mondial dépasse toutes les espérances des mouvements dadaïstes et surréalistes, de même que l'affranchissement des États par les grandes firmes par exemple dépasse les espérances de l'anarchisme politique. Il n'y a qu'à voir une brocante ou un magasin de type Action où des objets absurdes se côtoient de façon absurde. Exemple ordinaire de brocante : une pseudo statue d’Égypte antique super moche à côté d'un porte éponge métallique avec des oiseaux, à côté d'un album de Oui-oui, à côté d'un chapeau melon, etc.. Ah oui, donc le dada - petit topo - est un mouvement qui revendiquait l'affranchissement de tout souci de cohérence esthétique, surtout de cohérence dite intellectuelle, ou rationalisée. La posture est radicale, et si je comprends et partage une partie de cette pensée, elle me semble réactionnaire somme toute et donc je vous invite à lire mon article sur la critique du langage verbal par exemple. Dans la continuité, le surréalisme à l'heure du village planétaire est aussi partout, et sans être une posture de protestation ou de revendication de la part d'une minorité. Bien entendu, il y a toujours en parallèle un souci de cohérence esthétique/formelle qui nous amène ou nous ramène à une espèce d'uniformisation ou lissage. Avant de classer toute cette dynamique dans un jugement morale négatif, on peut aussi peindre celle-ci en nécessité d'équilibre pour maintient durable de la structure. Imaginez qu'à l'échelle du corps humain classique, un groupe qui pousse très loin une démarche mystique ou artistique ou financier pourrait être l'équivalent d'un agrandissement subite de la main qui triplerait de taille en une heure. Tandis que quand tout grandit en même temps ou presque cela ne pose pas (forcément) de problème car c'est relatif à la structure, à l'ensemble.
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Nouvelle donne, wéwé :p

En réaction à cet accroissement accélérant, on pourrait se dire qu'on n'a pas besoin de continuer à participer à cette dynamique. Mais ce serait une posture vaine et je jugerais même incohérente envers elle-même :). Mais c'est génial, c'est la créativité même que de croiser des éléments qui n'avaient jusqu'à l'heure pas de lien apparent. Cela se décline en tous les domaines, comme des couples multi-culturels, de la cuisine avec des combinaisons toutes fraiches, toutes nouvelles et ravissantes, des études parfaitement transdisciplinaires, des mélanges d'art de science, etc. Ce qu'il faut retenir c'est que la majorité du WTF d'aujourd'hui sera très vite le classique/normal de demain. Le WTF établit en fait de nouveaux codes, ou remixe des codes pour faire naitre une nouvelle donne. Regardez, même dans un domaine qu'on pense bizarrement souvent comme un peu conservateur telle une bibliothèque il y a des livres vieux de millénaires qui côtoient tranquille des livres contemporains, des livres qui présentent des propos en apparence opposés genre "la vie c'est la guerre" à côté de "la vie c'est la paix" lol mais en vrai c'est ça et ça ne pose pas de problème véritable. De façon aussi très concrète, pour ceux qui "bricolent" aka construisent ou réparent des trucs en tout genre, il y a un décalage entre ce qu'on pense faire, ce qu'on a déjà fait et ce qu'on fait sur le moment car chaque situation est unique et des aléas mineurs ou majeurs peuvent se glisser dans nos plans et prévisions, même quand il s'agit de poncer un plancher ou de changer de poignet de porte. On pourrait alors émettre aussi un jugement esthétique et se dire que c'est pas cohérent ou pas "normal", mais si tout est normal... et anormal en même temps.

Remixe tout ça

Ah et donc, évidemment, tout ce qui tient à l'idée de pureté formelle dans le sens de persistance et invariance est mise à mal dans cette perspective. On a en effet toujours cette tendance à considérer les formes comme éternelles et acquises alors qu'elles sont une étape, un instantané, une partie d'un mouvement ou dynamique d'ensemble qui dépasse ses extraits un à un. C'est comme de dire qu'un film de 1h32 n'est en fait qu'une image alors qu'il y a 24 images par seconde ou plus ou une continuité. Si on reste sur cet exemple du film, il est intéressant de noter la linéarité du développement de la narration en images et sons. Imaginons qu'on coupe cette linéarité et qu'on place une scène de fin au début, et une scène du milieu à la fin par exemple, on pourrait alors avoir une tout autre émanation de sens à partir des mêmes éléments, simplement la réorganisation change les effets, dont les effets de perception. C'est de souvenir ce qu'avait fait le réalisateur de Spring breakers, Harmony Korine, par exemple. La liberté du remix donc et de l'exploration de nouvelles combinaisons :) !!!
Ce qui n'est pas l'occasion de manquer de respect et de produire des choses malhonnêtes, évidemment. Il s'agit juste de faire et tester, expérimenter des choses qui peuvent parfois ne pas être comprises par la majorité voire par personne, pas même nous-mêmes, mais sans que ce soit l'objectif d'être hermétique de tout sens. Le but de toute production reste le partage, et un souci de "cohérence" peut être un passage, une partie nécessaire de tout échange. Respecter les spécificité de chacun, les sensibilités de chacun, sans non plus amputer outre mesure ses créations artistiques car ultimement on ne ferait plus rien si on devait en permanence ménager les patterns-recognition de Bébert et Kitty. Mais encore, sans "produire" il s'agit d'avoir une démarche qui questionne à quel point notre familier est déjà totalement composite et pas si parfaitement unitaire. Notre cerveau par exemple est composé selon notre grille de lecture actuelle de trois phases de développement évolutionnaires : reptilien, mammifère, humain (le néo-cortex). Nos légumes et nos jardins sont composés de plantes issues des quatre coins du mondes qui pourtant se côtoient parfaitement "naturellement" au quotidien. Cela peut s'avérer une démarche qui permet plus de compréhension et donc de respect de toutes les différences de l'existence.
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Art Naïf
Critique du langage verbal
Self-génératif
Réflexe Virtuel
De l'intelligence
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Spiritualité, magie & Occultisme

10/3/2018

 
Le but de cet article est que vous croyiez en n'importe quoi, que vous deveniez adepte de la première secte venue, que vous vous convertissiez à des religions, non pardon à une seule à la fois, et puis tralala tralala, a bras cada bras.
Photo valentin kyndt eau goutte pot reflet

Spiritualité

Hoy, le mot fait peur, ou fait sourire, au choix. Tel que je le vois on est dans le dogme du psychologisme >> voire un article qui tâte les différences et points communs entre psychologisme et spiritualité. On relègue rapidement la spiritualité à un domaine spécifique de l'existence, c'est à dire au lieu que ce soit un fait total, ça nous est peint à ce jour comme un résidu de vielles croyances obsolètes et folkloriques : tantôt mignon tantôt flippant.

Magie

La magie. Hum qu'est-ce qu'on invoque quand on parle de magie ? On a tout un imaginaire américanisé et lissé sur des sorcières, la magie noire, mélangé au voodoo, à la fantasy, aux jeux-vidéo, aux contes pour enfant, à l'enfer selon les monothéismes, etc. Bref, c'est tantôt un truc de gamins trop imaginatifs, tantôt une bien mauvaise blague.

Occultisme

Ah ah, alors celui-là est peut être, dans les trois termes de l'article, celui qui fera le plus hausser les sourcils. Ironie, l'occultisme qui serait le moins connu, le plus obscur à concevoir. Qu'est-ce qu'on entend par occultisme ? Un vaste ensemble de pratiques rituelles, ésotériques, magiques, spirituelles qui n'est pas "révélé", divulgué, partagé d'ordinaire au public mais reste généralement confiné à un groupe.

Photo plume ombre flamme valentin blog
Photo tronc arbre abstrait rouge
Photo tronc arbre noir et blanc abstrait

Partons des bases

Comment je vois la spiritualité aujourd'hui, dans le fonctionnement actuel de la société ? Alors, je ne suis pas forcément très fan du concept d'inconscient, et lui substituer le concept de subconscient ne me semble pas forcément mieux. Toujours est-il, je constate au quotidien que grosso modo on fait des choses et qu'ensuite on invente une histoire, et que cela prouve que notre conscience n'est pas si étendue qu'on pourrait le penser à premier coup. La conscience est d'ordre plutôt passive dans nos comportements propres mais peut être plus active dans la survenue de nos fameuses post-narrations. Le sujet ici n'est pas la conscience. Je pose ces éléments pour marquer le fait qu'on ne sait pas grand chose, si vraiment quelque chose sur l'existence. Savoir cuir un œuf ou construire une voiture ne nous renseigne pas forcément sur nous-mêmes, sur le monde. Ce sont des connaissances pratiques, presque automatiques et autonomes. Même par la démarche scientifique, on obtient/produit des informations sur un très large éventail de phénomènes "matériels".

Matérialisme

Ayé, le mot est lancé : matérialisme. Le matérialisme est un si ce n'est le fondement de la démarche scientifique. Je ne vais pas m'étendre sur le sujet isolément, je me contenterais de le citer au passage. Le matérialisme c'est donc poser le principe que tout ce qui existe est observable et donc mesurable, et donc connaissable (ce qui fait beaucoup de présupposés avant même de commencer, en plus en chaine : l'un dépendant de l'autre). Tous les phénomènes que l'on observe proviennent donc de ce qu'on appelle matière et qui est donc saisissable, tangible et existe "en dehors" de nous. La recherche d'éléments irréductibles comme l'atome par exemple est symbolique de ce procédé matérialiste. Quelque part le pendant hors science de ce matérialisme est de ne considérer comme ayant de la valeur que ce qui est fort "tangible", donc on arrive à la surconsommation de matériaux, d'objets, d'aliments, et on accorde moins ou plus beaucoup de valeur à l'imaginaire, aux perceptions. Il nous faut, selon la formule politique éculée, du "concret", jusqu'à écœurement rajouterais-je. Cependant, oui-oui, le matérialisme scientifique semble exclure (avec méthode) beaucoup d'hypothèses sur ce qu'est la matière. A vrai dire, c'est impensable d'appliquer tout de go par exemple les théories de physiques dimensionnelles à nos objets et notre langage par exemple.  Et donc on cloisonne pour conserver un tant soit peu de clarté intellectuelle domaine par domaine. D'évidence, chaque nouvelle connaissance s'intègre dans un ensemble gigantesque de connaissances et donc change en partie tout cet ensemble. Chaque étude scientifique et artistique, existentielle est donc une révolution dans la connaissance. Bref, revenons à notre sujet.

Invocations ordinaires

Pour aller plus loin dans une critique sur les fondements de la démarche scientifique dont surtout le matérialisme je vous renvoie vers un article non encore publié à propos de la critique du verbal. En attendant, on peut constater que beaucoup de scientifiques affirment et revendiquent le fait de ne pas "croire" en ce qui est appelé dieu par exemple. On oppose science et religion. Et il est vrai que la religion peut encore aujourd'hui être un "frein" énorme à la science. Mais tel que je le vois, les deux ne s'opposent pas. Certains scientifiques poussent vraiment loin la guerre anti-religion, allant jusqu'à dire qu'il est impossible de croire en dieu et être scientifique en même temps. Par extension, aujourd'hui beaucoup d'athées se considèrent plus rationnels que des "croyants". Je vous renvoie vers mes articles sur l'athéisme et sur dieu. Cependant, malgré cette soit-disant rationalité on a toujours si ce n'est plus de rituels, d'incantations, d'invocations, de croyances. Vous ne voyez pas en quoi vous participez à tout ça ? Oui normal, on a des "filtres" pour ne pas voir les choses telles qu'elles sont, et qu'en plus on utilise un vocabulaire qui permet de faire croire qu'on fait des choses très différentes de la spiritualité. Par exemple, des millions de gens qui se rendent au stade pour voir un match de foot, ou un concert d'une star ce sont ni plus ni moins des rituels où l'on invoque collectivement quantité d'éléments. Il s'agit de communions aussi. Dans la religion économique on invoque le cours de la bourse pour dire si la société et "le monde" vont bien ou non. Je ne ferais pas l'inventaire, vous verrez par vous-mêmes l'étendue du phénomène.

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Impossible non-spiritualité

Donc, derechef on n'est pas - ou si peu - conscient de ce qu'on fait au quotidien, on ne connait pas le futur, on ne peut pas non plus étendre la prédiction précise par une causalité pure et dure sur du long terme et quand bien même la science n'a pas vocation à la prédiction. Au quotidien on participe à des rituels qu'on n'appelle pas rituels mais "travail" ou "tradition", ou "loisir", ou "art", etc. On croit en l'économie, en la nation, en le basket-ball, en le Louvre, en la Culture, en Apple, etc. Donc, rationnellement on ne peut pas dire que nous sommes rationnels, carrément pas ! On est donc réduit, ou plutôt on ne peut pas ne pas être dans une posture spirituelle. Si je me sens bien quand je respecte le fait que tous les jours je joue à la même heure à tel jeu-vidéo, ou que je vais lire, ou que je vais prendre un café, ou me connecte à telle plateforme du net etc, c'est pas de l'ordre de la rationalité mais bien de l'invocation et de la spiritualité. En fait, on ne peut pas ne pas être spirituel. Car cela voudrait dire que l'on connait le déroulé et la destination de chacun et de chaque chose ce qui est humainement impossible. Ainsi on lance des idées, des paroles, des actes dans le monde et en soi sans savoir forcément si cela va prendre, se cela va avoir un impact, un effet ou non. Cela est l'équivalent de sorts, sortilèges et donc de la magie.

Les temples d'aujourd'hui

La magie donc n'est pas invoquer Satan, ou un Djinn mais invoquer le bien-être, la croissance économique, la tradition, le sacré, un sage, etc. On se moque gentiment des mythologies antiques parce que grosso modo tel qu'on le voit rétrospectivement du haut de notre présent, les individus personnifiaient le bien-être en un dieu, ou divinité et lui faisaient même des temples à leur effigie. Mais regardez les musées et les centres d'affaires sont aussi des temples relatifs à leur domaine respectif. On ne personnifie pas l'économie de manière aussi forte que dans l'antiquité - Ô Dionysos - mais le résultat est bien identique. Le sacré se manifeste non plus dans le rapport aux autorités monothéistes mais aussi au respect de la nation et de l'économie, à différentes formes de bien-pensances qui peuvent rétrospectivement être vus comme des dogmes, bien que dans la contemporanéité ce ne soit qu'un phénomène mouvant et pas bien unitaire selon nos perceptions limitées. Pendant que j'y pense, le concept de progrès serait à détailler, notamment parce qu'on le corrèle à la temporalité, au bien, dont bien commun acquis, etc. Mais donc, notre quotidien est entièrement tissé de sortilèges tous azimuts.

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Langage = formules magiques

Bien sur, rien n'est comme dans "ha riz, pot de fleur" avec des formules magiques forcément en latin et avec des éclairs couleur fluo-néon qui sort de bout de bois. Même, le langage qu'on utilise pour penser, ressentir, réfléchir, percevoir, communiquer, s'exprimer est bel et bien d'essence métaphorique, on associe un élément à un autre et hop on peut désigner des choses qui ne sont pas là ou qu'on ne peut pas voir, ou toucher directement. Quand je note le mot "éléphant", diverses choses et diverses qualités sont associées automatiquement en nous, ça peut être le concept "animal", ou "gros", ou "sagesse", ou "défense", ou "Afrique", ou "zoo", ou "écologie", ou "savane" ou bref. Le mot éléphant est un sort qu'on lance et qui va actionner un peu à l'aveugle un ensemble d'associations mentales qui n'est pas de l'ordre du précis. Peut être qu'il va actionner le concept de gros chez un individu et chez un autre individu le concept de gris. Et peut être qu'à un autre moment de la journée, le même mot invoquera de tout autres concepts encore. Regardez, de façon très concrète, il suffit parfois d'un mot-clé (lol voyez qu'en vrai un mot n'est pas une clé) pour illuminer le visage d'une personne, ou la faire parler, ou la faire danser. Dans le livre de la Bible il est écrit "au commencement était le verbe", et cela prend parfaitement son sens quand on sait combien le langage est basé sur la métaphore. Le propos sera peut être un peu de trop dans cet article mais même le découpage basique comme sujet verbe objet tient de la métaphore, donc d'une certaine vision du monde et de l'existence, et donc aussi par un vaste ensemble d'associations filées aka alchimie, aka magie.

Pragmatisme élémentaire

Non seulement voir toute chose comme spirituelle est plus rationnel que la posture pseudo-rationnelle ordinaire, mais en plus c'est notre unique façon d'être possible. Voir toute chose comme étant de la magie n'est pas une narration alambiquée mais bien la réalité, celle qui nous est accessible. Parce que souvent contre la spiritualité ou contre la magie on invoque le causalisme bien grossier et aussi accessoirement stupide comme : hypothèse, je prend une tasse en porcelaine, je décide de prendre cette tasse et je décide de la laisser tomber sur le sol carrelé, alors la tasse se cassera : cause et effet. Ironiquement ce type de discours est déjà faire appelle au langage donc aux métaphores, donc aussi à l'imagination, donc à quelque chose qui tient plus de la magie que du contrôle réel. Ensuite, on invoque le concept de cause et effet simple, ce qui est peut être valable sur une très courte séquence mais jamais sur l'ensemble. Parce qu'on ne peut pas remonter les chaines de la causalité, ni en édifier de sures et certaines et absolues. On en est réduit au pragmatisme le plus élémentaire, c'est à dire tenter et essayer de récupérer puis transmettre ce qui nous va, nous fait plaisir, nous fait bénéficier d'un plus, d'un bénéfice même minime.

Lancers aléatoires

Néanmoins, il ne s'agit pas ici d'enchanter, ou de réenchanter le monde, notre existence. Ouhou on n'est pas chez Disney, c'est pas notre boulot, pas le mien en tout cas. Et même si je le faisais, ça me ferait suer de lâcher des scénarios creux qui pourrissent et hantent le mental des gens. Donc, la spiritualité ne s'oppose aucunement aux démarches les plus rigoureuses comme la science, au contraire. Par cet article je ne vous invite pas à vous déguiser en Merlin, à croire à tous les contes de fées qui viennent à vous, je ne vous invite pas à construire un temple, ni à vous "convertir" à la bible, à la torah, au satanisme, au voodoo, etc. Je ne veux pas vous imposer un filtre, mais simplement mettre en évidence nos conditions d'existence bien "concrètes". Par là on s'ouvre probablement une flopée de possibles car on est moins dépendant au domaine, biais et phénomène que j'explore dans la triméta. On sait la part que l'on doit aux concours de circonstances, quand bien même la quantité de monnaie, d'efforts et de volonté (croyance), de temps, parfois nos projets ne donnent rien, et ne donnerons jamais rien de ce qu'on avait prévu. Par contre, invoquons la sérendipité, on peut trouver en chemin, d'autres choses tout aussi voire plus utiles même que nos visées préalables. Rappelons que la monnaie est un ensemble de chiffres sur des papiers ou des pixels et que pourtant cela a des effets très réels sur nos existences. Cela est un sort qui tient à de la croyance organisée, captée. Les prêcheurs de notre sainte religion économique n'en savent pas plus que le commun des mortels, ils sont surtout plus doués pour produire un discours qui évidemment les enchantent d'une aura de légitimité et d'autorité.

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Peser ce qu'on contrôle

Exemple de la méditation. Quand on médite on se rend vite compte que nous ne sommes pas nos pensées, qu'il y a des pensées qui viennent et reviennent sans arrêt comme nous hanter finalement si on change de vocabulaire pour décrire la même chose. Lors de séances de méditation donc, on est seul avec soi-même, mais en fait, pas tellement parce qu'une fois qu'on quitte le flot permanent des stimulis extérieurs (écrans, obligations, sport, déplacements, sociabilités, lectures, etc.) on pourrait penser qu'on serait vide, et bien non, tout tourne encore en nous, même des idées et des sensations dont on ne comprend pas comment ils nous parviennent. Même ceux qui méditent beaucoup, pendant des années, ne parviennent pas à un "vide", d'ailleurs ce n'est pas le "but" de cette pratique. Mais ce qui est intéressant à retenir c'est qu'on se fait le constat, qu'on ne peut absolument pas nier ou déguiser, que nos pensées ne nous définissent pas, ne nous appartiennent pas, ne sont pas souvent de notre ressort, de notre contrôle et pourtant à chaque instant on est bombardé d'idées, de sentiments, de projets, de rediffusions internes approximatives, etc. Alors attention cela ne signifie pas qu'on ne contrôle rien du tout et qu'on est donc déresponsabilisé (comme par magie) de tous nos actes, paroles et pensées. Au contraire on en est d'autant plus responsables. Pareil pour les démarches scientifiques, reconnaitre qu'on ne peut pas ne pas être spirituel permet de revenir à une démarche plus rationnelle et de bel et bien voir que la science comme l'art sont des entreprises exceptionnelles.

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Séparations & sacré

Beaucoup de séparations mentales, protocolaires peuvent en effet nous apparaitre comme de bêtes caprices d'individu ou groupes d'individus. Mais ces séparations permettent aux individus de créer un environnement leur permettant d'exister, de s'exprimer. Cela tient du sacré. Aujourd'hui la propriété privée est sacrée, parfois jusqu'à l'absurde. Hier pénétrer dans un bâtiment précis était quelque chose de sacré, aujourd'hui des millions de touristes déambulent comme des zombies dans ces vestiges, ruines, comme en Égypte ou en Grèce. Si je ramène ce propos ici c'est pour mentionner que voir la vie comme étant indubitablement spirituelle permet aussi de ramener non pas du sacré mais du respect.

Chaque élément est unique et singulier. Par exemple un arbre, oui effectivement c'est pour nous de façon très "pratique" et "utilitaire" une matière première appelée bois pour construire, chauffer. Mais cet arbre est aussi un être vivant avec ses particularités, avec un ensemble de propriétés uniques. En voyant cela tel que cela est en réalité on ne peut plus ou moins raser des forêts sans penser à rien, juste parce que "c'est à faire" ou "c'est mon métier". Et ce qui est valable pour cet arbre hypothétique est donc valable pour d'autres domaines. Si quelqu'un a besoin de repos il faut le lui permettre, du moins ne pas le lui empêcher.

La spiritualité est donc très responsabilisante et très lucide et très respectueuse quand on la fait/explore un peu plus consciemment, ou au moins sciemment. Car oui, des gens peuvent se dire non spirituels mais l'être quand même car, comme il a déjà été écrit, il est impossible de ne pas l'être. Même les protocoles scientifiques tiennent parfois plus du rituel esthétique que de la recherche véritable. Mais cette part de non productivité réelle finale n'est pas forcément à couper, éliminer non plus car non seulement c'est impossible de produire à chaque coup, et encore moins de produire parfaitement, mais pas souhaitable non plus humainement. Il n'y a pas de "perte", mais des combinaisons qui marchent en un temps et lieu donné et d'autres qui ne marchent pas.

exorcismes

Aujourd'hui on pratique plein d'exorcismes sans en avoir conscience aussi. Pour éviter de penser à ça et ci, on va faire du sport (brûler des calories, "santé"), aller au cinéma (narration fictionnelle grand public), prendre un cachet, etc. Pour éviter de penser à la réalité pure et dure on va tout rapporter à une doctrine pseudo rationnelle qui en fait n'est que du pipeau. Par exemple le psychologisme va me dire que si j'écris c'est pour compenser ceci cela, le sociologisme va me dire que je lutte contre des idéologies, l'économisme que je suis mon revenu monétaire + patrimoine, et un producteur consommateur de "richesses". En vrai ces doctrines contemporaines ne savent rien, ils proposent juste des ensembles de discours et recettes qui parfois marchent et donc qu'on reproduit. Je ne crois en aucun des trois dogmes, à vrai dire je trouve que c'est une très mauvaise narration collective ce triptyque aujourd'hui si sacralisé. Je ne suis pas un flux monétaire, je ne suis pas une boule de pathologies, je ne suis pas un acteur de lutte sociale idéologique. Peut être qu'en partie oui, je suis sur ce détail telle caractéristique, mais aucun de ces dogmes ne peut me dire qui je suis, ce que je peux faire, ce que je dois faire, ce que je dois percevoir, ce que je dois croire. Je ne crois pas au "normal". Ils sont au pire une vague image, ou plutôt un très lointain reflet.

Confiance

Bref, tout ça pour dire aussi qu'en fin de compte on est toujours tout seul dans ses propres conditions d'existence, de perception et que donc on peut/doit accorder de la confiance en cette belle et réelle singularité et ne pas chaque fois se dissoudre dans ces ensembles flous et fous de dictats/sortilèges/imaginations collectives très contemporains. Ce n'est pas s'enfermer dans soi-même ou rejeter "le monde" que de ce faire un minimum confiance et ne pas dire amen à toutes les théories et magies du moment. Hum, ça nécessiterait que je pave quelques chemins sur ce qu'est ce qu'on appelle l'imagination. Dans un autre article :) Si vous saviez comme la "confiance" tient en fait des masses à la "croyance". Dans l'esthétique rationalisante, parler de spiritualité est tendu, car on doit décortiquer tellement de nœuds conceptuels... là je sens que je suis passé à côté de pas mal de points primordiaux et que j'ai peut être mal amené certains autres et que donc je pourrais être pris à défaut dans un éventuel duel de discours. Je vous fait confiance en vous confiant ces réflexions et méditations. Mais ah oui, la croyance n'est pas non plus à confondre avec la spiritualité. La croyance est une partie de la spiritualité mais n'est pas toujours indispensable, et quand nécessaire elle n'est pas forcément surpuissante hein !

Binaire & prière

La ? qu'on pourrait se poser est : comment fonctionne cette fameuse "magie". Alors déjà il semble fortuit de réfléchir sur le binaire. On fonctionne sur une base très binaire souvent, par habitude. Vrai ou faux. Avec le "ou" exclusif, c'est à dire soit l'un soit l'autre. Tu es pour ou contre moi. On associe cela au concept de "caractère" de "volonté", de "savoir ce que l'on veut", de "confiance en soi", de "loyauté". Mais c'est vraiment beaucoup plus nuancé en vrai. Toutes ces associations sont des procédés de manipulation, des nœuds magiques qui restent très puissants. Cependant, de manière très concrète, quand je me tiens debout je me tiens sur mes deux pieds en même temps, et mon existence n'est ni vraie ni fausse, elle est, tout simplement. Le binaire, bien que potentiellement puissant, ne s'applique pas partout de tout temps, et donc le causalisme brut (qui en dérive) non plus. Toutes les démarches ouvertement décrites et consciemment exécutées comme "spirituelles" ne suivent pas ce causalisme brut, ils ne suivent pas non plus l'idée de l'économisme qu'est le productivisme. Donc, pour illustrer prenons la pratique dite de prière. Qu'on labellise ou non la pratique on fait tous des prières au quotidien, car ce sont des souhaits. Même celui qui veut gagner plus de monnaie est dans une démarche de prière, même si après il fait pleins de gestes et de choses aka "travail", il commence et renouvelle des souhaits sur sa situation. Maintenant est-ce que la prière est comme une requête (ou quête, tout court) qu'on rentre sur l'interface du moteur de recherche Qwant par exemple ? Non. La prière ne fonctionne pas de manière précise, ni forcément toujours productive. Il me parait d'ailleurs étrange de prier pour soi et non pour un ensemble plus conceptuel, moins localisé en des individus. En fait, la "magie" de la prière ne fonctionne pas ou très peu sous forme locale, contrairement à ce qu'on voudrait en concentrant de force et de façon vaine les lieux comme le Vatican ou la Mecque. Les monothéismes étant aujourd'hui comme un capitalisme spirituel. Ah et la silly conne valley. Bref, le binaire est un sortilège magique comme un autre qui donc ne fonctionne pas toujours de manière universelle.

conditionnement ou sort ?

Pour rejoindre un peu les schémas dégagés dans l'article sur la Triméta, si cela peut vous "rassurer", il y a donc des mots qui changent mais qui au fond désigne la même chose. Beaucoup de personnes critiquent le marketing qui labellise des choses simples et par là donne l'impression que c'est quelque chose de totalement différent. Et bien c'est un phénomène qui n'est pas cantonné au domaine appelé "marketing". Par exemple, avec notre triptyque socio-psycho-économisme on parle de "conditionnement" alors qu'on pourrait décrire cela comme un "charme", ou un "sort", ou un "envoutement". Élément de langage, certains mots ne conservent qu'une connotation folklorique quand ils ont été "remplacés" par un autre mot plus à la mode ou contemporain. Rétrospectivement, on rejette donc des phénomènes en les prenant pour ce qu'ils ne sont pas, et on croit à travers notre nouvel armada lexicale que nous avons évolué drastiquement par rapport à ce passé. Dans la même veine, on considère que nous avons une approche plus "rationnelle" et avons "progressé" parce qu'on est dans un esthétisme verbale imitant ou singeant le détachement et le scientifique. Ce qui engendre un surcroit de tension à vouloir cout que cout conserver ces apparences, ces postures. Par exemple il y a une superstition du rationnel à vouloir évacuer à tout prix tout ce qui serait du domaine de la croyance, parce qu'ironiquement on pense que si on croit à un élément on va finir par croire à toutes les hypothèses et narrations farfelues que produit le monde.

Miroir, mon beau miroir

Imaginons les cartes du tarot, si vous êtes mal à l'aise ou sceptique vis-à-vis de ça, vous pouvez changer de perspective et voir en ces supports des miroirs ou des outils d'aide. Si vous considérez que le miroir dans lequel vous vous regardez le matin est "normal" mais que le miroir sous forme d'un ensemble de cartes peintes n'est pas normal, il y a incohérence dans cette croyance. Le miroir reflète, mais ne produit rien directement, il produit peut être une modulation et une variation légère en tant qu'interaction avec la lumière et les objets et sujets alentour. Il est "normal" pour un "jeune" d'aller danser dans une "boite de nuit" (voyez l'expression mystique lol),  mais si vous dansez uniquement sous la pleine lune et seul là vous êtes bizarre et vous n'êtes pas "rationnel". Absurde, hein! Si vous avez besoin de faire des trucs bizarres, ces trucs ne sont plus bizarres. On fait beaucoup de choses spontanément et on réfrène beaucoup d'actions parce que socialement on est envouté pour aller dans telle ou telle direction, s'offrir à telle croyance, etc. Finalement, on pourrait voir en tous ces systèmes "techniques", sous notre fameux triptyque moderne, un abandon complet à la magie, une surexploitation même de la magie, jusqu'à perdre de son ancrage en nous. Vous savez c'est comme quand on s'engage dans un "combat" qu'on dirait maintenant de "société" mais qu'on pourrait aussi dire un combat contre des "forces", on va trouver un concept de vertu comme par exemple la liberté, et on va marteler liberté à toutes les sauces jusqu'à ce que le mot liberté n'ait plus aucun sens.

Un peu plus loin

Pour aller un peu plus loin dans cette optique, voyez la ferveur que peut susciter une star nationale ou internationale. Je n'aime pas citer des noms mais pour des raisons de compréhension ce sera mieux. Johnny Haliday et Madonna par exemple. Des gens, à travers le monde, sans aucune concertation se regroupent, admirent ces personnes avec une énergie débordante, allant jusqu'à pleurer à être en transe, à faire des tatouages sur eux à leur effigie, à réaliser et entretenir un autel dédié. Si ce n'est pas notre cas de figure on voit ces comportements comme étant drôles et faisant un peu pitié aussi parfois, on se dit bien hauts et confortables dans notre triptyque dont psychologisme qu'ils font un report d'attention, ou je ne sais quelle hypothèse narrative. En vérité ce sont des pratiques très répandues et ancestrales. Pas de vénérer Johnny qui n'existait pas au paléolithique lol, mais de vénérer des personnes ou entités. Par exemple cette star doit au quotidien être très chiante, mais elle est devenue un personnage par la force des fans et des médias.

Auparavant on pouvait avoir des vénérations et des autels chez soi pour des divinités comme pour la fertilité, la récolte, la chasse, les arts, la famille, etc. Certains aujourd'hui reprennent délibérément ces pratiques en appelant cela "chaos magic". Ils font des autels avec ce qui les inspirent, comme une figurine de Hulk ou Dark Vador, ou Yoda, ou la princesse des neiges, à côté d'une photo du Dalaï Lama et de Pontifex, par exemple. Que ce soit des gens existants ou des personnages de fiction, tout peut être source d'inspiration et donc aussi de dévotion. Même ce qu'on prend pour juste un "hobby" comme une collection de figurines, ou de livres, ou de vêtements tient de l'autel. Sans le savoir, sans le vouloir aussi forcément, on nourrit des entités extra-individuelles au quotidien. Certains le font avec des autels, des rituels tout ça, d'autres simplement en donnant de leur attention à un sujet, en donnant des émotions, etc. Il y a donc des "entités" qui ont un effet réel tant qu'on les nourrit. Quand cela prend de grandes proportions, et devient hors de contrôle on peut appeler ça égrégore. Certaines personnes voient en la "start-up" (licorne?) guerrière d'Hitler un égrégore nourrit à la peur, à la haine d'un peuple, aux symboles, etc.

Précaution

Donc, à travers tout cet article, sans doute un peu fourni, j'espère que vous avez saisi ce qu'est la spiritualité, la magie. Les religions monothéistes sont une entreprise, usine spirituelle, elles exploitent quelques percées faites jadis par des individus isolés. Et quand on nomme une chose, une entité on prend le risque de nourrir une entité autre que celle d'origine. Cela me semble possible que prier "dieu" soit aujourd'hui ne pas donner directement du "pouvoir" à dieu mais à une entité autre. En nommant et en donnant un nom, on crée une sorte de doublon qui de suite s'éloigne de l'origine. C'est quelque chose d'évident avec cet exemple : je porte le prénom Valentin, mais ce prénom, sous cette forme actuelle dérive du mot valens qui signifie courage. Mais aujourd'hui avec ce prénom je ne suis pas le courage à moi tout seul, je suis autre chose que le nom. Et ben c'est pareil avec tout. Dieu d'yeux (voir la catégorie BAM) est autre chose que ce qu'on désigne par ce nom, d'où peut être les mauvaises interprétations. Je rappelle le taoïsme : ce qu'on désigne par le tao n'est pas le tao. C'est d'une sagesse dans la précaution indispensable et indépassable.

Donc en donnant beaucoup d'énergie, de temps, d'émotion à une entité on risque de nourrir une entité toute autre. Car on pense à tort que ces phénomènes sont précis, comme un code de confidentialité sur un portable, ou une équation simple. Tu sors ça, tu obtiens ça. Non, on ne peut pas vraiment savoir où va s'accumuler ces énergies. Quand on concentre trop d'énergie dans un lieu ou une chose spécifique on prend le risque que ça se retourne rapidement contre nous, car même la notion de propriété privée qu'on a tellement bien en tête de nos jours est un sort, mais ne s'applique pas comme ça en vrai, dans la réalité. On veut être propriétaire d'une personne dans un couple par exemple, ou de ses enfants, ou de ses animaux de compagnie, mais en fait non ils ont leur propre vie et même si on les nourrit  pas seulement en alimentaire mais en émotion, en attention, en paroles, en affection, ils se peut parfaitement qu'ils partent et même nous repoussent, nous accusent, bref une énergie qui se retourne contre nous, malgré nos intentions (de surface,  ou on pourrait dire "automatiques"). Car encore une fois on ne sait rien et on ne maitrise pas grand chose ! Prudence donc. Bien sur, les problèmes potentiels ne se manifesteront quasiment jamais de façon aussi grotesque que dans des scénarios de fantasy, ou de contes fantastiques.

Histoire de cosmologie

Alors attention, j'emploie le mot cosmologie non pour sonner un rien mystique (mysticisme est en fait un pragmatisme en recherche et développement spirituel) mais parce que c'est un mot qui renvoi à la façon dont on interprète les choses nous à notre échelle humaine. Ces derniers temps on peut parler d'anthropocentrisme comme d'un "biais" ou une insulte rigolote presque. Espèce d'anthropocentrique ! Vlan. C'est donc la cosmologie qui veut tout interpréter selon ses uniques critères. C'est par exemple, les animaux sont à quatre pattes donc inférieures aux humaines. Ils ne parlent pas le français ou le néerlandais ? Ils sont inférieurs. C'est les arbres ne bougent pas, donc ils sont pas vivants. Le radis ne pleure pas quand on l'arrache ? D'accord c'est qu'il ne souffre pas. Voyez le topo. Dans les dérives religieuses on va jusqu'à pousser l'anthropocentrisme en pensant que la pomme a été faite spécialement pour nourrir l'humain, par exemple. Alors que non la pomme est en fait la maison et le garde manger des descendants du pommier et il n'a aucunement envie d'être mangé, donc encore moins a été fait pour être mangé. Un pommier n'est pas comme la conception et la fabrication d'une chaine, c'est un individu appartenant à ce qu'on appelle grossièrement une espèce, avec sa propre vie. Donc dans la spiritualité et la magie, on peut s'abstraire de ces anthropocentrismes stupides et superficiels. On sait que l'arbre est vivant et que ce n'est pas "du chêne", mais un arbre individu spécifique et unique qui a été catalogué par ressemblance à d'autres sur des critères contemporains en "chêne". On sait que des objets et des habitations peuvent être plus que du béton et des briques.

Imprégnés

Le fonctionnement d'une photographie est une résonance lumineuse, et on peut donc savoir que les murs sont aussi imprégnés des habitants, des évènements. Ce n'est pas quelque chose de fou à dire. Vous savez il y a des pièces où on se sent bien et d'autres qui nous foutent le frisson d'emblée. Certes on pourrait trouver des explications partielles concernant des paramètres observables et identifiables et mesurables, mais le phénomène peut tout aussi bien dépasser ces narrations qui visent uniquement à dire "c'est faux" (exorcisme), et à cataloguer, évacuer définitivement. Donc, spirituellement on ne peut pas exclure si rapidement la force et l'intérêt de chaque personne, élément, sujet, objet. Il y a des objets et même des savoirs imprégnés des auteurs, de leur contexte. Le langage par exemple apporte avec lui le sort de la séparation du genre, alors que donner un sexe humain à une chaise ou à un camion c'est plutôt inintéressant comme information. Vous savez ça n'a rien de sorcier, par exemple vous pouvez sentir quand une chose a été faite sans entrain, sans y croire, sans y mettre du sien. Si on vous apporte un café avec des manières de politesse usuelle mais aucune sincérité dans l'acte vous le sentez direct. Les produits industriels par exemple sont quelque part "vides", ils nous apportent plus un décor pour le caprice de consommateur fatigué mais pas de fond, pas d'âme. Ce qui ironiquement crée une boucle négative. Bref, j'espère que vous voyez le propos. Ce n'est pas facile d'expliquer cela sans tomber dans du complotisme ou du délire.

Hérétique ! hérétique !

C'est franchement amusant, une fois qu'on voit à quel point on est dans de la magie de partout. Par exemple, on moque des personnes qui récitent des psaumes ou versets de façon frénétique dans leur coin, ou ceux qui devant un symbole spécifique sont transcendés. Mais imaginons un peu que ce qu'on appelle les mathématiques n'est rien de plus que des suites de symboles sur du papier ou des pixels, et pourtant on accorde aux mathématiques une aura de rationnel et de "normal". Et effectivement ça peut être "puissant" dans les applications "réelles" comme pour la construction de satellite, de voiture, de portable, etc. Mais quand on n'est pas sous le charme de ce symbolisme, c'est la chose la plus stérile du monde. J'en ferais un long article/dossier prochainement, mais les nombres sont des symboles qualitatifs avant d'être restreint en superficie à leur qualité quantitative. Formule mathématique, formule magique. La spiritualité c'est donc simplement voir les choses comme non acquises, non "normales". Ce qui ne veut pas dire apposer une narration et du sens en chaque chose, mais respecter le pouvoir de certains à explorer leur propre spiritualité, que ce soit avec la poursuite d'équations, d'algorithmes, ou avec des lettres, des notes de musique, des pas de danses, des rituels, etc. La spiritualité ce n'est pas de la vague superstition. Ce qui peut être de la superstition est d'accorder beaucoup trop d'importance à une chose, un acte. Par exemple, ce n'est pas en écoutant de la musique jazz qu'on va appeler le démon sur la ville où on habite, ou ce n'est pas en ne fêtant pas Noël qu'on est sataniste et qu'on est contre la "société", ou ce n'est pas en ne croyant pas au Caca 40 qu'on va porter malheur à "l'économie" du pays. Etc.
Photo
Création de l'artiste Quentin Sagot >> https://quentinsagot.wordpress.com/
psy vs spi
triméta
Swastika
économie
Étoile
dieu
Pyramide
Athée

Résumé

  • Que ce soit conscient ou non, voulu/intentionnel ou non, on est tous dans une existence spirituelle.

  • Cette spiritualité n'est pas un package de fantaisies fictives, mais quelque chose de bien concret.

  • On ne doit pas confondre spiritualité et religion, car parfois voire souvent c'est même tout l'inverse, car nous sommes avant tout spirituel en nous-mêmes avec nos propres conditions et limites. La spiritualité ne s'oppose aucunement à la démarche de la science, au contraire.

  • Au quotidien on effectue pleins de rituels et on actualise plein de croyances sans y penser, sans se narrer la chose de la sorte.

  • Tout ce qu'on fait, parce que par définition on ne sait pas si tout va se passer comme prévu, ou comme avant, ou comme on l'espère, tient plus de l'acte magique que de quelque chose de technique et de rationnelle.

  • Ce qu'on nomme "confiance" aujourd'hui tient dans la plupart des cas d'un acte de foi, donc de croyance.

  • On ne peut attendre un causalisme brut dans tous les actes magiques.

  • Le binaire est un sort puissant mais n'est pas automatique ni toujours universel.
Don

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L'art Naïf

27/6/2017

 

Hello :)

Intéressons-nous aujourd'hui à l'ART NAÏF !

Mettons les définitions officielles de côté. Posons-nous la question directement. Qu'est-ce qu'un art naïf ? Déjà, rappelons le premier constat élémentaire : on ne commande pas une aspiration créative. On peut susciter, donner des conditions favorables à l'émergence créative, mais jamais de recette copier-coller universelle. On peut apprendre à mieux peindre, écrire, jouer, danser, mais jamais transmettre telle quelle les skills, compétences, qualités.

Photo

C'est quoi l'art ?

Non, non, non pas d'élitisme, pas de supériorité, tout-ça-tout-ça. Rappelons que tous les arts ont commencé spontanément et jamais dans une école, que tous les arts ont commencé sans outils calibrés mais par détournement hasardeux et heureux. Aucune institution n'a donc le monopole de la création. Il est vrai, cependant, que lorsque nous parlons d'art nous faisons d'abord référence aux stars, aux sommités reconnues comme autorité en la matière. Par là, sans forcément le vouloir, nous excluons tous ceux qui créent et n'ont pas obtenus cette reconnaissance et ce statut social. L'art, donc, c'est créer. Créer avec des médias, des outils, des supports.

On pense à tort souvent que tout art part d'une finalité, d'un but, et doit diffuser un message précis. L'acte créatif précède, l'explication suit. On peut avoir des idées au préalable parfois, respecter un thème, obéir à une commande, suivre un exercice, mais la volonté d'agir et l'acte sont dans la majorité des cas de l'ordre du spontané. Même en respectant le cadre d'un exercice imposé, les idées/gestes ne sont pas créées par nous, ils transitent et se manifestent par nous, mais nous n'en sommes pas les auteurs, nous sommes le canal, et nous laissons juste les actes survenir à travers nous, sans les empêcher.
Art Naïf Valentin Kyndt

Tous naïfs ?

Clair! L'art dit "naïf" n'est pas un art à part. C'est de l'art. Le truc c'est que le qualificatif naïf vient justement s'ajouter pour pondérer l'idée que l'art serait une haute activité, très recherchée. L'art, c'est produire. Et l'art naïf en fait, se fout de l'intention, de la réception, d'un message, d'un fond. Il s'agit de produire spontanément, sans redirections, sans objectifs finaux déjà fixés avant d'avoir lancé quoi que ce soit, qu'on voudrait impérativement, de force, faire advenir tels quels. Il s'agit donc de produire sans intervenir, se laisser guider entièrement par le moment, le geste, l'envie, l'inspiration, et peut être donc effacer le temps de la création sa fierté, ses prétentions, son narcisse. Ainsi, n'a-t-on pas besoin d'exacerber notre égo, notre importance en tant qu'individu le temps que les choses se fassent. L'avantage de cette modalité du faire est que nous pouvons tous créer, car le but n'est pas de faire du beau, de faire réfléchir, de choquer, de calmer, de rassurer, d'interloquer, mais juste de produire. Si tu prends un stylo qui traine et griffonnes des motifs quelconques sans penser, sans chercher un résultat, alors tu produits de l'art naïf. Voilà, c'est éphémère, jetable, et ça ne demande aucune narration publique ou mentale. On fait de l'art naïf en autodidacte, comme jadis les humains du paléolithique et encore avant, bien sur !

Exemple pratique

Puisque ce nous sommes chez moi ici, bien cosy dans mon blog, je me permet de vous donner l'exemple de ma démarche d'art naïf. Il y a quelques années j'ai pratiqué énormément ce qu'on appelle la méditation, et aussi les exercices de yoga. Et parfois en sortant de sessions je me mettais à prendre des crayons de pastel et à étaler de la couleur sur une feuille vierge. L'avantage de longue méditation est qu'on peut en sortir épuré de nos excès de mental. On peut donc parfois être plus perméable à certaines choses, et aussi parfois moins sensible aux obsessions de contrôle par défaut. Un jour j'ai donc eu l'envie furieuse de prendre les crayons et une fois fait, j'ai laissé ça tranquille. Ensuite, je me suis dis que ça pouvait être bien de continuer (car j'en avait envie !) et donc je me suis retrouvé à dessiner spontanément de façon régulière tout imprégné de mes pratiques méditatives. En variant, j'ai aussi essayé de produire ces dessins, en écoutant attentivement certaines musiques, comme Wagner par exemple.

Pour être honnête j'avais bien un but, mais pas celui de produire un résultat graphique, de la beauté ou du démonstratif à exposer. Mon but alors était d'observer l'évolution et les variations de ces dessins au fil du temps et des états méditatifs. D'une certaine manière, ces pratiques artistiques sont bel et bien une perception visuelle de certains flots mentaux. La différence étant que la méditation n'a pour support que l'esprit. Sans que ce soit ni mieux, ni moins bien ;)
Art naïf méditation Valentin Kyndt
Réalisé après méditation assise classique
Art Naïf Valentin Kyndt Wagner
Réalisé après écoute de la musique de R.Wagner

Partout, de tout temps !

L'art naïf est partout, de tout temps. Tous les continents et toutes les époques ont leur lot d'art naïf reconnu. En Amazonie, en Australie, en Afrique, en Europe, en Asie... Sur de la pierre, dans des grottes, etc. Mais on peut songer à toutes ces œuvres éphémères qui n'ont pas fait l'épreuve du temps. L'exemple du dessin d'un enfant sur le sable, emporté par les traces de pas des promeneurs, le vent, la mer. L'exemple de ces petits totems de pierres qui n'ont rien d'original mais qui sont spontanés, purs, partagés, refaits sans cesse sans la moindre concertation. Il n'y a aucune prétention, mais cela se fait, se perpétue. Un acte gratuit, en sorte, et sans conséquence :)
Photo amas totem de pierres Corse Callanches

à vous !

Parlez-moi de vous ! Que faites-vous ? Quels sont vos plaisirs, vos créations ? Quelles joies éphémères ?



Hésitez pas à me parler et à m'envoyer vos petites créations,
Je pourrais les publier ici, si ça vous chante :)

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http://xavierciconia.blogspot.fr/2011/05/lart-et-le-vivant.html
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https://munahome.wordpress.com/2012/10/01/patterns-decorating-walls-of-west-african-mud-village-houses/
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http://mimi40.centerblog.net/rub-peintures-rupestres.html

Petite série perso

Dessin art naif abstrait Valentin blog
Dessin art naif Valentin blog abstrait Kyndt
Dessin art naif abstrait Valentin blog
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Photo
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Dessin art naif Valentin blog coquillage
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2ième collection

art naif blog valentin
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3ième série

Héraldique
Don
écriture
Defixion Amatoriae
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L'art héraldique - M.Pastoureau

13/1/2017

 
hexagone blog art héraldique michel pastoureau cinema semiotique

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