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Virtualisation

22/1/2020

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De quelle vertu parle-t-on ? Virtu, vertu. Racine commune, dit-on. Ce qui dégage des significations intriguantes, de ce fait. Faisons ce constat que le virtuel, loin d'être cantonné aux écrans et plateformes ou jeux-vidéos, s'est immiscé partout, jusque dans nos inconscients. Avec un ami, j'ai beaucoup développé cette transition sous l'angle du langage. Vous pouvez trouver ce livre sur l'Amazonie du net sous le titre Réflexe Virtuel.

Le virtuel est-il une vertu ?

Toujours est-il, Il nous faut vraiment mesurer à quel point nous sommes virtualisés aujourd'hui. Je veux dire, même en dehors du conditionnement par écrans, boutons et lumières. Le virtuel commence avec le langage. Je veux dire, le langage verbal. Des scénarios qui tournent dans nos têtes, on se parle dans nos têtes, avec souvent des éléments qui ne sont pas de nous vraiment, qui viennent d'on ne sait où, comme par exemple de manière radicale, dans les rêves.

Le virtuel remonte à loin donc. Le virtuel permet de spéculer sur des choses, d'imaginer, de se projeter, d’émettre des hypocampes. L'utilité n'est plus à démontrer, ses dangers, plus. On parle d'idéologie par exemple. On va utiliser une analogie informatique, mais oui, c'est comme un programme virtuel appliqué dans le monde, parfois un fait réel qu'on voudrait réduire à un programme aussi. Bref, la frontière est floue et on ne sait plus ce qui est réellement réel de ce qui est réellement virtuel. Sachant qu'en plus le réel n'est pas l'opposé du virtuel. Malokrane ? Ce qui est formidable est qu'en écrivant cela, mais surtout vous en lisant cela, vous pourriez vous dire que ce sont des réflexions perchées, alors que c'est ce qu'il y a de plus basique. En vérité, le simple fait de penser que le réel serait plus simple que la description que je viens de vous faire traduit à quel point nous sommes virtualisé dans nos modes de penser. Pas étonnant, car le verbal est une métaphysique embarquée. On pense n'utiliser que des outils verbaux, alors qu'ils nous transcendent quasi entièrement et profondément. On ne peut pas sortir de cela. Il faut comprendre cela, et jusqu'où ça va. Remontez en vous ce fil. Ce n'est pas un exercice mystique ou intello, c'est la chose la plus basique que l'on puisse faire.

On ne va pas dans le virtuel comme on se rend dans une pièce à part, isolée du reste. On compte souvent sur la contingence de chaque chose, et surtout des spéculations. J'aime beaucoup le terme spéculation car il illustre très bien le virtuel. La spéculation est un investissement qui ne se fait pas dans le vide. Il y a des ressources allouées et escomptées. Puis toute une dynamique, pourrait-on dire écologique. Ce n'est pas "faux", ou "pas réel". Il s'agirait plutôt d'un état particulier, un entre-deux peut-être, ou quelque chose d'approchant. D'ailleurs, le virtuel peut se définir comme une multiplication des intermédiaires. Plus d'écrans par exemple, de manière très matérielle. Mais où ces intermédiaires ne sont pas faux, et ne sont pas isolés, où ces intermédiaires peuvent même devenir entre temps la finalité d'autre chose alors qu'il s'agissait d'un moyen au début. C'est à double sens, à tous les sens, car nous sommes en écologie, tout est intégré, tôt ou tard. Il n'y a pas de "pour du faux". C'est en cela que le divertissement proposant de la violence par exemple n'est pas à encourager, car si voir de la violence ne rend pas violent comme dans l'image, la violence reste là, nous imprègne malgré nous, surtout si on considère que "c'est pour de faux", ou "c'est une fiction". Vous savez, la publicité présente des choses exagérées, on se dit qu'on n'est pas bête et qu'on ne va pas obéir à ce qui nous incite. Mais ce n'est pas comme ça que fonctionne la pub. Ce n'est pas comme ça que fonctionne le virtuel. Le mot qu'on a utilisé dans le livre Réflexe Virtuel est : porosité. L'immersion est progressive, mais extrêmement profonde. Et par essence, la grenouille dans l'eau froide d'une marmite ne se rend pas compte que l'eau devient chaude, ou trop tard.

De la même manière que ce qu'on pense n'est pas contingent à notre mental, à notre petite personne, malgré qu'on ne dise ni n'écrive rien ; ce qu'on regarde, fait, pour nous divertir (romans, BD, séries, JV, cinéma, essais, etc.) n'est pas contingent à son support et à nous. Le virtuel a beau être virtuel, il peut devenir le contexte de base si on ne fait pas gaffe, si on ne saisit pas à quel point la spéculation n'est pas sans conséquence. On ne peut pas faire sans virtuel, mais on peut saisir les limites et les effets du virtuel, pour garder les pieds sur terre. C'est connaitre la différence entre le mot "arbre" et l'arbre individu réel qu'on peut regarder directement avec les yeux. Mais il est clair que nous nous pensons comme des esprits la quasi totalité du temps. On critique parfois l'imagination, ses effets pervers. Le problème étant que l'imagination c'est tout notre mental, tout notre langage, nos perceptions aussi. Dans ce contexte, avec en plus la croissance technologique dite exponentielle, on éprouve toujours davantage de difficulté à distinguer le réel le plus élémentaire, du virtuel. Pas étonnant que nous pensions pour certains pouvoir changer de sexe, puis changer de sexe facilement, puis changer de sexe régulièrement. Certains sont aussi à s'identifier à une espèce différente de l'humain, ce qu'on appelle les "otherkin" (il fallait forcément un anglicisme).

Qui dit spéculation, dit volatilité. Ainsi nos identités et nos modes peuvent varier de plus en plus facilement, et rapidement. On peut passer d'une idéologie à une autre de manière radicale. On peut changer d'identité, de foi, et autre comme de chemise ou presque. Il faut "déconstruire" pas pour plus de vertu, plus de vérité, d'égalité ou autres excuses, mais afin d'être plastique, fluide, flexible. On dit parfois que l'on devient sauvage. En vérité, oui, on devient sauvage parce qu'on "déconstruit", parce qu'on considère toutes nos hypothèses comme des réalités les plus dures, parce qu'on ne comprends pas à quel point nous sommes virtualisés depuis longtemps et à quel point nous le sommes. On pense aussi que le virtuel est un espace isolé, mais on voit de plus en plus le virtuel envahir le réel, il n'y a pas de compartimentation ici. On n'est pas à l'abri du virtuel parce qu'on ne joue à aucun jeu-vidéo, ou ne regarde aucun feuilleton. On a beau savoir qu'une fiction est une fiction, elle nous imprègne et imprègne tout l'environnement tôt ou tard (la seule façon d'être moins atteint est probablement d'étudier au lieu de consommer). Ici nous voyons que la Bible nous enseigne des choses vitales sur le langage verbal, sur notre condition, sur le virtuel, sur la non-contingence de nos pensées, paroles, actions, et même de toute notre existence. Certains pourraient se demander en quoi une pensée pourrait faire du mal à autrui (et à soi aussi donc). Comme si un pensée venait de nulle part, et n'allait nulle part. La croyance en la contingence résiste à tout a priori. Bref, il ne serait pas étonnant qu'on assiste à toujours plus de changement d'identité, de fluidité, dans des proportions et formes que nous avons du mal à imaginer aujourd'hui. Plasticité. Jusqu'au gaz. Même dans l'économie, une grande part de nos activités économiques est totalement virtuelle, voire totalement spéculative dans le sens négatif. Mais nous ne pouvons pas faire autrement que de continuer. Le virtuel n'est pas sans conséquence. On a bien pu voir des épidémies dans un jeu vidéo. Il faut se préparer à probablement vivre de plus en plus en ces entre deux troubles.
Réflexe Virtuel
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Le WTF, aka dada

7/7/2018

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un peu de sens, svp !

Aujourd'hui on semble voir de plus en plus de choses qui nous paraissent n'avoir aucun sens. Cela aussi bien dans les produits "culturels" dirons-nous tel les clips musicaux de Nicki Minaj par exemple, que dans les "informations" du monde et du voisinage ou proche. Ah pensons aux séries TV aussi comme Dirk Gently ou American Gods par exemple où plusieurs genres se mélangent allégrement. Et dans les "informations" ou les faits du monde humain contemporain on a par exemple les comportements de certains chefs d’États. Bref je vais pas donner une liste, il s'agit juste de pourvoir à une idée de ce qu'est cette tendance. En réaction au sentiment de manque ou absence de sens on peut parfois adopter une posture résignée de néo-nihilisme retro-conservateur, bref quelque chose de cet acabit. On peut parfois aussi adopter une posture opportune de se dire que puisque rien n'a de sens je fais des trucs sans me préoccuper du sens et des répercussions, ce qui est par exemple caractéristique aux rigidités du "travail" de je fais ce qu'on me demande et le reste basta. On peut aussi adopter une posture de créativité enthousiaste sans pareille, et une moultitude d'autres nuances de comportements changeants.
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Davantage d'informations

En fait, comment ça se passe ? On évolue dans un monde humain où tout se démultiplie à galopante allure. On a jamais eu autant d'informations à produire/digérer tous les jours. Et dans cette immensité en expansion forcément on est confronté à des éléments qui a une autre époque n'auraient pas été connues donc on aurait pas eu de réaction (forme de traitement de l'information) à cet égard, pas de quoi comparer avec notre connu qui parce qu'il nous paraît connu nous paraît aussi plus cohérent. En réalité, notre familier est déjà une suite cumulée et compactée de grand mix. Notre corps paraît quelque chose de naturel mais en réalité c'est un organisme multi-hybride. Nous sommes déjà dès la base de notre existence une chimère. Mais attention, chimère n'est pas négatif, c'est au contraire plutôt symbole d'union et de partage, de mise en commun. Donc, face à un assemblage d'informations diverses on a de plus en plus de chances de ne pas trouver de sens immédiat, ni de sens tout court.
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Cohérent, ça tient la route

On a aussi l'impression que tous ces amas d'éléments éparses ne sont pas cohérents. Par exemple au quotidien on boit un café qui a poussé en montagne dans des pays tels l’Éthiopie ou la Bolivie, avec du lait qui vient de Bretagne, des œufs qui viennent des Hauts-de-France. Plus tard dans la matinée on lira un texte écrit il y a 70 ans en Allemagne, puis deux phrases écrites sur une plateforme de micro-bloging depuis l'Inde en langue anglaise, on prendra son vélo dont l'aluminium du cadre et le caoutchouc des pneus proviennent de toute part du monde et acheminées et transformées ailleurs encore, on fera une transaction par un jeu administratif de monnaie passant par des terminaux internationaux, etc. On voit donc qu'au quotidien rares sont les éléments purement locaux, cela nous parait normal dans l'usage tant on ne se préoccupe peu de la provenance et que l'habitude fait la familiarité et donc cette fameuse impression de cohérence. On pourrait alors tout à fait se dire, dans un jugement esthétique que notre quotidien n'a pas de sens, ou n'a plus de sens. Mais comme je viens de l'écrire il s'agit d'un jugement esthétique dont les filtres proviennent de nos capacités de reconnaissances de phénomènes répétitifs. L'accélération des échanges augmente le décalage entre nos perceptions (et capacité de traitement, dont de reconnaissance) et les réalités.
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Tous à dada, c'est wouf !

Quelque part le libéralisme matériel mondial dépasse toutes les espérances des mouvements dadaïstes et surréalistes, de même que l'affranchissement des États par les grandes firmes par exemple dépasse les espérances de l'anarchisme politique. Il n'y a qu'à voir une brocante ou un magasin de type Action où des objets absurdes se côtoient de façon absurde. Exemple ordinaire de brocante : une pseudo statue d’Égypte antique super moche à côté d'un porte éponge métallique avec des oiseaux, à côté d'un album de Oui-oui, à côté d'un chapeau melon, etc.. Ah oui, donc le dada - petit topo - est un mouvement qui revendiquait l'affranchissement de tout souci de cohérence esthétique, surtout de cohérence dite intellectuelle, ou rationalisée. La posture est radicale, et si je comprends et partage une partie de cette pensée, elle me semble réactionnaire somme toute et donc je vous invite à lire mon article sur la critique du langage verbal par exemple. Dans la continuité, le surréalisme à l'heure du village planétaire est aussi partout, et sans être une posture de protestation ou de revendication de la part d'une minorité. Bien entendu, il y a toujours en parallèle un souci de cohérence esthétique/formelle qui nous amène ou nous ramène à une espèce d'uniformisation ou lissage. Avant de classer toute cette dynamique dans un jugement morale négatif, on peut aussi peindre celle-ci en nécessité d'équilibre pour maintient durable de la structure. Imaginez qu'à l'échelle du corps humain classique, un groupe qui pousse très loin une démarche mystique ou artistique ou financier pourrait être l'équivalent d'un agrandissement subite de la main qui triplerait de taille en une heure. Tandis que quand tout grandit en même temps ou presque cela ne pose pas (forcément) de problème car c'est relatif à la structure, à l'ensemble.
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Nouvelle donne, wéwé :p

En réaction à cet accroissement accélérant, on pourrait se dire qu'on n'a pas besoin de continuer à participer à cette dynamique. Mais ce serait une posture vaine et je jugerais même incohérente envers elle-même :). Mais c'est génial, c'est la créativité même que de croiser des éléments qui n'avaient jusqu'à l'heure pas de lien apparent. Cela se décline en tous les domaines, comme des couples multi-culturels, de la cuisine avec des combinaisons toutes fraiches, toutes nouvelles et ravissantes, des études parfaitement transdisciplinaires, des mélanges d'art de science, etc. Ce qu'il faut retenir c'est que la majorité du WTF d'aujourd'hui sera très vite le classique/normal de demain. Le WTF établit en fait de nouveaux codes, ou remixe des codes pour faire naitre une nouvelle donne. Regardez, même dans un domaine qu'on pense bizarrement souvent comme un peu conservateur telle une bibliothèque il y a des livres vieux de millénaires qui côtoient tranquille des livres contemporains, des livres qui présentent des propos en apparence opposés genre "la vie c'est la guerre" à côté de "la vie c'est la paix" lol mais en vrai c'est ça et ça ne pose pas de problème véritable. De façon aussi très concrète, pour ceux qui "bricolent" aka construisent ou réparent des trucs en tout genre, il y a un décalage entre ce qu'on pense faire, ce qu'on a déjà fait et ce qu'on fait sur le moment car chaque situation est unique et des aléas mineurs ou majeurs peuvent se glisser dans nos plans et prévisions, même quand il s'agit de poncer un plancher ou de changer de poignet de porte. On pourrait alors émettre aussi un jugement esthétique et se dire que c'est pas cohérent ou pas "normal", mais si tout est normal... et anormal en même temps.

Remixe tout ça

Ah et donc, évidemment, tout ce qui tient à l'idée de pureté formelle dans le sens de persistance et invariance est mise à mal dans cette perspective. On a en effet toujours cette tendance à considérer les formes comme éternelles et acquises alors qu'elles sont une étape, un instantané, une partie d'un mouvement ou dynamique d'ensemble qui dépasse ses extraits un à un. C'est comme de dire qu'un film de 1h32 n'est en fait qu'une image alors qu'il y a 24 images par seconde ou plus ou une continuité. Si on reste sur cet exemple du film, il est intéressant de noter la linéarité du développement de la narration en images et sons. Imaginons qu'on coupe cette linéarité et qu'on place une scène de fin au début, et une scène du milieu à la fin par exemple, on pourrait alors avoir une tout autre émanation de sens à partir des mêmes éléments, simplement la réorganisation change les effets, dont les effets de perception. C'est de souvenir ce qu'avait fait le réalisateur de Spring breakers, Harmony Korine, par exemple. La liberté du remix donc et de l'exploration de nouvelles combinaisons :) !!!
Ce qui n'est pas l'occasion de manquer de respect et de produire des choses malhonnêtes, évidemment. Il s'agit juste de faire et tester, expérimenter des choses qui peuvent parfois ne pas être comprises par la majorité voire par personne, pas même nous-mêmes, mais sans que ce soit l'objectif d'être hermétique de tout sens. Le but de toute production reste le partage, et un souci de "cohérence" peut être un passage, une partie nécessaire de tout échange. Respecter les spécificité de chacun, les sensibilités de chacun, sans non plus amputer outre mesure ses créations artistiques car ultimement on ne ferait plus rien si on devait en permanence ménager les patterns-recognition de Bébert et Kitty. Mais encore, sans "produire" il s'agit d'avoir une démarche qui questionne à quel point notre familier est déjà totalement composite et pas si parfaitement unitaire. Notre cerveau par exemple est composé selon notre grille de lecture actuelle de trois phases de développement évolutionnaires : reptilien, mammifère, humain (le néo-cortex). Nos légumes et nos jardins sont composés de plantes issues des quatre coins du mondes qui pourtant se côtoient parfaitement "naturellement" au quotidien. Cela peut s'avérer une démarche qui permet plus de compréhension et donc de respect de toutes les différences de l'existence.
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Critique du langage verbal

1/4/2018

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Les origines

La nécessité d’approfondir cette question m'est venue lors du bouclage du livre Réflexe Virtuel. Ce livre, je le rappelle bref, a pour objectif d'explorer l'émergence d'un nouveau langage composite basé notamment sur le futur de la VR (virtual reality). Cette critique du verbal me vient aussi de ce que je m'interroge beaucoup sur le langage sous toutes ses formes. Il y aurait d'autres sources d'intérêt qui m'ont conduit et me conduisent vers la rédaction de ce propos, mais je considère cette intro/précision déjà trop protocolaire.

Précisions d'intro

Paradoxe il est de critiquer le verbal par le verbal. Mais passé outre ce prime apriori on se rend compte qu'il s'agit d'une autocritique, que le verbal est l'outil souvent le plus à même de révéler ses propres limites. Comme nous sommes souvent nous-mêmes nos plus bons fervents critiques (bande de sado!). L'article se nomme "critique", mais il ne s'agit pas de faire un procès au verbal, ni de dire qu'il est nul, ou mauvais, ni non plus d'encenser en contre-coup un autre média de communication humain, de faire un report, en sorte.
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Tu comprends ma langue ?

On pourrait aborder la question sous bien des angles, mais je vais me concentrer sur quelques perspectives qui me semblent les plus probantes ici. Tout d'abord, langage est un mot utilisé pour désigner couramment le verbal. Déjà, on a une restriction, alors que le langage au sens plus large serait un ensemble relativement fermé d'éléments formant par l'habitude une reconnaissance facile. Un peu obscure comme présentation hein :) pourtant c'est simple, le langage oral verbal consiste à émettre (et recevoir) des sons qui se répètent et sont identifiables rapidement (=standardiser). Mais si on émet des sons non standards on ne sais plus les reconnaitre et alors il n'ont aucun sens direct. afuyrtajajjjfretupyb... voyez, ce que ça donne à l'écrit, et bien à l'oral c'est pareil. Si je parle russe à un français (il est peu probable de tomber sur un russophone au coin de la rue) ce que je dis aurait un sens, mais les sons que j'émets ne seraient par reconnus par mon poto fr. Voilà, déjà on est dans le vif du sujet. Quelqu'un qui parle une langue "étrangère" n'est pas incapable de comprendre quoi que ce soit, ni stupide, ni sans âme, ni barbare, ni inférieure, elle ne sait juste pas reconnaitre les standards de sons. Si un avocat parle de son domaine avec des termes propres à son domaine, je ne vais rien comprendre non plus, et pourtant on parle la même langue. Si un poète me décrit une fleur, il est possible que je vois la fleur différemment ensuite alors que pour nous c'est juste "une fleur", "quatre pétales rouge", "pollen". Le poète ne ment pas, et ce qu'il dit n'est pas faux, c'est ainsi qu'il traduit son expérience de la fleur, tout comme l'avocat va nous parler de trucs qui vont nous paraitre total abstraits et imaginaires alors que pour lui c'est très réaliste et sérieux. Juste, on n'a pas les reconnaissances des standards.
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Toutes les autres langues !

Nous voyons donc, qu'en restant dans le langage verbal même il y a quantité de nuances qui fait que nous pouvons ne pas nous comprendre entre nous, et donc parfois rejeter l'autre, dévaluer sa personne, ce qu'il fait, ce qu'il partage. Et ce, sans raison valable au fond. Donc, je veux étendre ici ces principes à l'ensemble des langages que nous avons nous, humains. En fait, oui, voilà, on a tendance à focaliser sur le verbal, en corrélant intelligence et verbal par exemple. Maydee maydee je ne suis qu'un cerveau sur pâte selon les neuro-machin prêtres. Le paroxysme est à l'école où on est évalué et "noté" sur du verbal écrit. Posons-nous deux minutes, le langage est donc toute forme de communication entre individus, donc il n'y a pas que les mots qui "comptent", il y a aussi l'allure corporelle, le visage, les vêtements, les déplacements, les possessions, les productions, les créations, etc. Bien sur nous on se dit qu'on choisit les vêtements parce qu'ils nous plaisent, mais qu'on le veuille ou non ces mêmes vêtements sont porteurs de messages à soi et aux autres. Donc, ceux qui fabriquent et surtout ceux qui  savent assembler/combiner les vêtements entre eux sont dans un langage avec des codes de formes, de contextes, de couleurs, etc. Vous voyez donc ce principe, n'est-ce pas ? Le langage n'est pas que verbal. Et alors voilà qu'on s'ouvre foule de perspectives, le travail non verbo-centré comme la danse par exemple est un langage avec toutes les significations propres à la danse.

Valeur en soi

Aller, on y est, la danse est une langue à part, et les créations n'ont pas systématiquement à être traduites en verbal pour avoir de la valeur. Le verbal peut parfois éventuellement être une porte d'entrée pour comprendre le langage de la danse en VO, mais il n'est pas indispensable, ni toujours absolument nécessaire. On tombe donc dans l'éternelle question de la traduction. La traduction est faire un pont, et rendre accessible plus facilement à des groupes entiers des productions/créations d'un groupe spécifique. Par exemple, les textes anciens de la Bhagavad Gita, ont été traduits moult fois, et parfois même traduits dans la langue même : les propos sont encore accompagnés d'explications donc on à quelque chose de fractal avec de la traduction dans la traduction. Et, une fois lues les traductions de traductions, il faut encore que cela soit interprété par nous, notre identité, que cela s'intègre dans l'ensemble de nos savoirs, expériences, et bref, tout ce qui nous constitue. Et puis, notre esprit nous ressort parfois des interprétations quand on n'y pense pas, et alors on réinterprète des éléments en rétroaction. Et puis quand on relit le même et exact texte on voit les choses encore une fois différemment. Alors il en est de même pour tous les langages non-verbaux.

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Traduire... ou ne pas traduire ?

La traduction, la traduction. J'avais déjà un peu exploré ce point, en lieu de l'article Triméta. Comment traduire un geste en mot ? Mais comment traduire un mot en geste ? Oui, parce que ce n'est pas un phénomène à sens unique. On voit comment on "perd", ou plutôt passe à côté de la richesse d'origine en traduisant. Le plus évident à comprendre (via le verbal) est la poésie en rimes. D'une langue à une autre les rimes se perdent, on a encore quelques sens originaux mais on a quelque chose de tout autre encore. En traduisant on tronque, mais en même temps on ajoute. Si on pense en terme de pureté, alors on ne voudra jamais traduire quoi que ce soit. Mais cela est impossible. Même manger et respirer est traduire de bien des façons. Quand on y songe, passer d'une corrélation à une causalité est une tentative de traduction. Dans quelle mesure cette causalité est en quelque sorte surimposée aux phénomènes. A ce propos je pourrais critiquer la démarche scientifique qui se base parfois que trop sur le verbal, le traduisible. Les chiffres et les mathématiques étant en fait une sous-catégorie ou une branche très spécialisée formellement du verbal. Selon cette démarche une chose est "vraie" si elle est observable (selon ses propres critères). Or, l'observation est perception, or la perception est limitée, or nous sommes limités par nos conditions d'existence, or tout ceci traduit la traduction de chaque démarche. Peut être qu'il y a des éléments qui ne sont compréhensibles que suivant certains médias. Peut être donc, qu'en voulant traduire le "réel" on lui insuffle un surplus et le tronque en même temps.

Changer d'angle, oui :)

Certains traduisent par exemple ce qu'on appelle "amour" en un lot d'équations. Mais est-ce suffisant à expliquer le phénomène ? On peut le réduire en partie à ça oui, mais la réduction est... une réduction. Voyez qu'on essai de voir un phénomène que sous un angle, et qu'il n'y a qu'en passant par cet angle que tout devient explicable. Mais retournons le problème, est-ce que ce qu'on appelle amour n'est pas lui aussi une recherche, une équation non en lettres, en chiffres, en systèmes, mais une équation avec ses propres éléments dans son propre domaine/langage. Alors, selon l'angle de l'amour, on va essayer de tout interpréter selon cet angle unique. Ainsi les maths sont de l'amour, la cuisine c'est de l'amour, marcher c'est de l'amour. Bref, on peut changer d'angle et de média, mais ça ne veut pas dire que ce qui est non verbal est inférieur. Imaginons une science qui perçoit et s'exprime non sur une base essentiellement verbale, mais sous forme de gestes et de danses. Un des langages des abeilles par exemple consiste à faire ce qu'on appelle une danse pour informer ses pairs de ses recherches et de ses résultats. Bien sur, l'abeille ne parle pas le français, mais elle a certainement un langage sonore aussi, même avec des standards, touçatouça. Nous, selon nos codes sociaux actuels, on rigole ou prend pour du "divertissement" ou une vague "culture" artistique ceux qui veulent exprimer les choses en non verbal. Donc, on peut exprimer des choses très profondes et très complexes en dehors du verbal, et sans besoin de faire la traduction verbal en simultané. "Oui c'est jolie, mais qu'avez-vous voulu exprimer ?" NONNN! Ça me fait penser aux enfants qui posent des questions du type : "c'est quoi de l'eau ? Et pourquoi ? Et pourquoi ?" alors que toi tu as saisi parce que le langage se fait par métaphores successives et intriquées et que donc tu saisi le sens sans rester bloquer sur l'élément de média qui sert à désigner.
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Vous avez dit "supérieur" ?

Ce que je voudrais pointer du doigt aussi est la hiérarchisation actuelle des médias/langages prioritaires. Le langage verbal est à coup sûr ancien, mais sous sa forme "raffinée", c'est assez récent probablement. Donc il est possible que pendant des millénaires on communiquait vraiment davantage par l’entièreté du corps, les postures, les déplacements, et seulement quelques fois par le verbal. Et puis, la situation a du s'inverser et le verbal a pris son essor pour devenir l'objet principal de notre attention (sans bouter/supprimer les autres canaux de communication hein). On a tendance à corréler le verbal avec l'intellect (et l'intellect avec l'intelligence), mais ce n'est pas si vrai que ça. Aujourd'hui on a jamais autant écrit de toute l'histoire de l'humanité, et tous nos écrits ne se révèlent pas des interrogations profondes, loin de là. Ou du moins, si, mais pas selon l'angle unique de l'intellect. Vous savez, ça me fait sourire quand je lis des gens considérer comme forcément supérieur ce qu'on appelle la littérature comparée à d'autres formes comme la peinture, ou le jardinage, ou le cinéma. Bien sur on peut exprimer (traduire/créer) des choses folles avec le verbal écrit, et sa puissance peut être sur nous-mêmes très forte, mais ce n'est pas l'unique média, ça ne le sera jamais, et ce média n'est pas supérieur. Il est supérieur sur certaines caractéristiques, oui, mais pas sur toutes les caractéristiques. De ce fait, pareil pour chacun des médias.

Identités hybrides

Prenons un exemple. Je suis Valentin et l'ensemble de ce que je fais communique quelque chose, mais je reste moi, en moi-même. Yep, je sais ça sonne très philousophie :p. Donc si je veux traduire mon expérience d'être moi, je peux tenter de faire des ponts via différents canaux. Ici, c'est le verbal, mais vous avez aussi des dessins, des photos. Est-ce suffisant à traduire mon expérience de vie ? Non. Donc on voit bien qu'il y a un rapport qui reste en soi, qu'on peut tenter de transmettre, de décrire, donc traduire, mais qui ne sera jamais exhaustif, ni parfois/souvent proche. Parce qu'en nos conditions ordinaires on ne peut pas être l'autre en même temps que soi. On peut considérer l'autre comme une extension de soi pour percevoir et recevoir et produire certaines choses, mais on ne peut pas être l'autre. Oui, c'est complexe car on s'hybride de plusieurs façons avec la proximité. Question identité, comme je l'abordais dans l'article sur le self-génératif, on s'hybride avec les outils et les technologies diverses, même si dans la matière à l'état solide telle qu'on la perçoit, on est séparé. La proximité dans un couple ou des amis, des collocs, peut aboutir aussi à des échanges verbaux, sensoriels certes, mais aussi d'un bel et vaste ensemble de ce qu'on appelle micro-organismes (cf. halobionte). Bref. On voit que le simple fait de vivre, d'exister nous fait entrer dans des cycles perpétuels d'échanges, que ce soit conscient ou non, intentionnel ou non, et que ces fameux échanges ne se produisent que de manière marginales dans le verbal, bien qu'on ait augmenté énormément son usage (sa proportion) dernièrement.
dessin schéma identité hybride

Facilités d'usage

Le verbal oral a ceci de puissant qu'il ne nécessite pas d'outil pour commencer à l'utiliser. On peut parler partout et de tout temps si on veut, je veux dire en direct, en visu, in situ. Mais pour affiner cet outil on a nécessairement besoin de support écrit. C'est à dire d'implanter ces vibrations d'organes vocaux et auditifs en de la matière solide et séparées physiquement de nous (ce qui ne doit pas être corrélé systématiquement avec une notion d'objectivité pour autant). Sans écrit on ne peut pas affiner notre langage verbal, pas l'enrichir, parce que des mots se perdraient à la mort de chaque individu, ou groupe, voire même tout simplement par l'oubli, le peu d'usage à un moment donné de certains mots. L'écrit permet la diffusion du langage verbal et d'augmenter les possibilités que cela donne ensuite en terme de perceptions et de communications, et donc évidemment de partage et accumulation d'informations et donc de rétro-actions sur notre environnement et nous-mêmes. C'est un propos que j'ai un peu développé dans le livre Réflexe Virtuel. Aujourd'hui je vais plus loin en disant que les pensées/idées ne sont pas que des productions propres à nous individus, mais qu'elles sont aussi en partie de l'ordre de la perception. Les mots agissants alors comme des outils étendant nos perceptions et nos usages, nos échanges. Dans une optique dirons-nous plus "spirituelle", je considère même les pensées comme étant des formes de vie à part entière. Si on considère tout comme étant uniquement une production de nous-mêmes c'est bien qu'on est encore dans cette perspective productiviste et mécaniste dans laquelle est née beaucoup de nos modèles d'études. Le "je pense, je suis" (Descartes représente!) traduit bien cela d'être producteur de pensée. Or, je pense qu'on est aussi producteur de pensées qu'on est producteur des plantes que l'on cultive, ou qui existent tout simplement (mutualisme, tout ça).

Le standard vous écoute

Mais le verbal, même "augmenté" par l'écrit, et aussi tout ce qu'on y insuffle (poésie, créations de mots, littérature, mots techniques, scientifiques, etc.) reste une certaine traduction de notre existence. Elle est donc partielle - ce qui est "normal". Les principes du type : "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement" participent de cette croyance absolue envers le verbal. Je les appelle les verbalo-centrés. Alors, non, non et non, on peut parfaitement bien concevoir une chose, mais être incapable ou très maladroit à l'exprimer en verbal. Par contre on peut en probable l'xprimer en danse, ou en peinture, musique, calligraphie, gestes, schémas, etc. La question est alors est-ce que l'autre sera dans la mesure de saisir une belle portion de ce que je souhaite exprimer via ces canaux ! Donc, on en revient au standard. Le standard permet une sorte d'économie pratique pour l'échange surtout sur le court terme de l'échange. Donc quand on décide que le verbal sera le standard, ce qui se fait à l'école et partout dans l'administratif, l'affectif, etc. Alors, bien évidemment, il y a quelque chose qui s'apparente à de la prophétie auto-réalisatrice, au plus on force massivement les gens à apprendre la langue sous une forme précise et "officielle", au plus on va effectivement avoir du mal à communiquer autrement. Ce standard pratique est donc effectivement "pratique" mais nous "handicape" aussi sur tous les autres domaines à trop centraliser autour d'un seul média. Mais ça pourrait être le même cas de figure avec un standard graphique et non verbal hein.

Ce n'est pas du divertissement !

On dit parfois "une image vaut mieux que mille mots". Hm, je serais prudent sur cette affirmation tonitruante. Oui, en certains contextes c'est vrai, mais d'abord ça ne concerne pas tous les contextes, et même dans les contextes où ça "marche" une fois, on ne peut pas être sur que ça puisse marcher tout le temps de la même et exacte façon. Oui, le "fais-moi un dessin" peut marcher, mais mais mais... Par contre quand on est verbalo-centré on peut se sentir offusqué quand on fait un dessin à la place d'expliquer par des mots. C'était la vindicative éruction "tu veux que je te fasse un dessin !?" sous entendu t'es trop bête pour comprendre avec des mots donc je reviens à du primitif dessin. Lol. Sans commentaire. J'espère que vous voyez comment cette logique est absurde et condescendante illégitime. Parce que l'écrit c'est du dessin standardisé et répétitif, et l'oral c'est du dessin sonore. Voyez, c'est une question de perspective, et c'est bien mon but dans cet article de pointer du doigt toutes les ouvertures possibles dans les différents médias, et qu'on n'a pas/plus à se faire un devoir de se concentrer sur le verbal. Ceux qui s'expriment dans des médias différents ont autant de valeur et peuvent pousser la "réflexion" aussi loin que dans le verbal. Juste, on a pas appris (ou désappris!) à reconnaitre leur valeur en dehors de contextes mondains ou snobs qu'on relègue à de l'inutile ou du "divertissement". Oh oui, tous les gens qu'on désigne sous le terme "artiste" ne sont que dans de l'errance de divertissement et un délire égotique toute leur vie, c'est bien connu. Ah ah de quoi s'arracher les cheufeux.

De la diversité du réel

Alors, dans ce paragraphe je vais aller à la charge furax contre les thérapeutes en tout genre. Encore à ce jour beaucoup de thérapies se font uniquement sur du verbal. Alors ça peut être "utile" ou "fonctionner" un temps, sur certaines personnes. Mais si on ne veut pas parler, si on n'est pas doué pour ça, toutes ces thérapies sont là simplement pour nous rendre encore plus dépendant du verbal érigé en totem ou veau d'or. C'est le : parce que tu vas réussir à bien exprimer tes émotions, tes pensées, tu vas vers la guérison. Mais ne pas savoir s'exprimer en verbal n'est pas une maladie. Et même avant ça ne pas vouloir "s'exprimer" tout le temps n'est pas une maladie non plus. Tout ceci rentre dans une logique démonstrative, plutôt fort symptomatique d'où et quand est né notamment le psychologisme. Et c'est pareil dans le milieu dit du "travail", avec les entretiens d'embauche qui se basent énormément sur du verbal (posture et vêtements aussi). Si quelqu'un "s'exprime" très bien selon les critères attendus des juges, il a peut être plus de chances d'être embauché alors que ça ne garanti en rien de façon certaine son aptitude au "travail" concret ensuite. Et avoir recours à des tests écrits standards ne change rien à cela, ça déplace à peine l'aptitude, pour au final se retrouver dans la même impasse. Donc toutes ces thérapies sont beaucoup de l'ordre de la prophétie auto-réalisatrice. Par leur simple existence elle nous mettent en tête l'idée qu'on puisse avoir un problème, donc si on est attentif à d'éventuels problèmes, on augmente les chances de focaliser dessus et d'ensuite donc d'aller vers ces thérapies qui souvent ne font que renforcer l'idée de problème là où il y a une particularité et une divergence de la "norme" (qui n'existe pas).

Parlons un peu, pour voir

On ressent un besoin fort de mettre des mots sur pleins de situations, choses, personnes, même dans l'évidence la plus totale on rajoute son mot. Et lorsqu'on se fait cette remarque on pourrait être frappé d'une impression qu'on ne peut pas parler, que parler est inutile, qu'on ferait mieux de se taire. Alors on se sentirait diminué car oui parler occupe l'espace, le temps, l'esprit, la langue, les oreilles, etc. Alors quoi faire de tout cet espace soudainement libéré ? Le vertige, tant de temps ! Cela me fait penser à la pratique du jeûne alimentaire que j'ai un peu essayé, ce qui est frappant n'est pas l'ampleur de la faim mais surtout le temps que cela dégage soudainement. Alors un jeûne verbal, c'est un peu la même chose. Au travail, entre amis on attend de se parler, alors se voir sans se parler nous parait difficile. Bien sûr on va penser que la relation physique sexuelle par exemple c'est ne pas parler verbalement et oui, mais à ce moment là toutes les autres formes de relations sont exclues de la communication, du lien. Sans vouloir contrarier Freud, tout n'est pas sexuel.

Souffler parfois

Bref. Donc le langage verbal est aujourd'hui important. Mais on a tendance à se reposer sur des formes de langage très basiques à être très conservateur avec les mots. On a aussi une sacralisation du verbal. On prend les mots beaucoup trop au sérieux parfois (prescripteurs moraux : politiques, philosophes, stars, religieux, psychologistes, sociologistes, économistes, patrons, etc.). Je veux dire, oui le verbal est primordial et super intéressant pour pleins de raisons, mais on a tendance à trop écouter ceux qui parlent, à prendre au mot chaque mot, même dans des circonstances dérisoires. C'est comme ça que l'on arrive à des quiproquos, des querelles stupides pour des broutilles. Bien entendu, n'allez pas comprendre que toute entreprise verbale est vaine par essence. La littérature, le parler, la poésie sont des piliers pour le verbal. Bien sûr, toute histoire racontée n'est pas de la littérature intéressante. Comme je l'expliquais dans un article sur la lecture, l'acte de lecture prime sur le contenu, de même l'acte de parler prime sur le contenu. Donc les "banalités" ne sont pas tant que ça des "banalités", parce que le langage permet aussi de souligner les évidences, qui ne sont pas de tout temps évidentes pour tous. Ce qui ne veut pas dire que le contenu n'a aucun intérêt, au contraire ! Ah ah ça fait beaucoup de nuances à prendre en compte :)

Troubles corrélations

Ce qui est marrant aussi est qu'on corrèle le verbal souvent à ce qu'on appelle intelligence et surtout un comportement d'intellect. Un mot d'un registre un peu plus élevé ou inhabituel dans un contexte différent nous fait vite passer pour "chelou", et "intello", "tu réfléchis trop", "snob", "littéraire"... Alors que non ce n'est pas le verbal qui nous rend intelligent, ni nous fait nous comporter comme des intellos parfois pour certains. C'est encore une fois le fait qu'on a voulu créer cette corrélation par le parcours scolaire tout ça. Parce que le verbal était perçu comme la maitrise de soi, de ses ardeurs : "bien cordialement". Et en effet, le verbal nous permet de mettre en distance aussi bien physique que mentale quantité de personnes et de choses. En distance et en même temps rapproche, crée une connexion au potentiel plus profond, plus intime, d'esprit à esprit. En fait, il y a une plus grande gamme d'interaction possible, une plus grande volatilité aussi pouvant améliorer grandement comme fort détériorer les relations. Quelque part, comme tout média ça nous rend "captif" et dépendant. Parfois on a une folle envie de parler ou d'écrire (mais aussi de dessiner, de composer, de jouer, etc.) et les mots parlent pour nous, on ne les retient pas ou plus. C'est quelque part le constat de la rétention que faisait Freud (désolé de le citer, mais il est une star du domaine de la réflexion sur le verbal), bien qu'il se soit restreint au média verbal lui aussi. Mais lui il faisait la causalité : dans une société on est obligé de se retenir, donc le langage verbal dans un contexte de "thérapie" permet de ne plus se retenir, ou moins, mais dans le média verbal seulement, et dans ce contexte seulement. Cela implique l'idée que nous serions des "sauvages" par nature et que malgré les apparats on reste des sauvages qui devons être domestiqués. Je ne crois pas au sauvage. Je ne crois pas qu'avant forcément, tous on cédait à toutes les pulsions les plus tabous. Par contre, je crois qu'il est possible que le langage verbal nous a rendu plus conscient de ces pulsions et donc cela crée un "stress".

Faites du bruiiit !

Ce qui est génial aussi est à quel point on peut croire ce qu'on se raconte, et ce qu'on raconte aux autres. Bon, la perspective est biaisée par la structure syntaxique, mais en fait on ne se parle pas vraiment à soi-même car les pensées ne sont pas nous, ou plutôt pas de notre production. Vous savez, en vérité on ne peut quasi pas ne pas se parler en permanence. Quand on lit un texte, on lit dans sa tête, donc on met sa propre voix sur le texte venant d'une autre personne. Et, qu'on en soit conscient ou non, on se juge et se parle très très souvent. Le verbal peut concentrer, focaliser notre attention de manière remarquable. Vous allez me dire oui, mais la télé aussi. C'est surtout vrai quand il s'agit de gens qui parlent. Autant on peut fermer les yeux, autant on ne peut pas fermer ses oreilles. En fait, le verbal peut être parfois si puissant qu'on tourne à vide. On passe d'une réflexion et d'un sujet à un autre, mais rien n'en ressort pour nous d'utile et de concret. C'est comme faire gronder le moteur d'une voiture alors qu'on fait du surplace, on écoute à fond les lobes, on à l'impression qu'il se passe quelque chose, on s'approprie le bruit à notre puissance mais au final rien. Ce qui est marrant donc est ces gens qui critiquent ce qui est appelé "technologie" ou "virtuel" alors que le verbal correspond totalement aux deux domaines, ce sont des extensions du langage.

Question de perspective, pardi !

Après ceux qui écoutent de la musique pour soit-disant échapper au verbal, ceux qui encensent la danse comme quelque chose de plus "concret" que les mots, il y a encore la philosophie de l'action, où l'on assène : "agir ou parler". Le ou version exclusif, soit on agit, soit on parle. Mais pas les deux en même temps. D'abord, parler est agir, donc d'emblée on nuance un peu ce principe rigide visant à dévaloriser sans concession tout un pan de communication, de compréhension et d'expression. Ensuite, oui, il est vrai que parfois on peut rester dans du verbal sur une chose qu'on voudrait faire dans un autre média. Exemple : je veux écrire une fiction très spirituelle, très marquante... mais je ne fais qu'en parler, aussi bien dans ma tête comme une rengaine permanente qu'aux autres dont on affiche ses ambitions. Parfois cela est nécessaire en préalable à la production, mais parfois non et on reste donc bloqué dans ce verbal mental et externe. On n'arrive pas à traduire ça dans le média qu'on voudrait. Donc oui, dans certaines circonstances on ne peut pas parler et agir en même temps, "agir" étant à comprendre comme parler dans un autre média que le verbal. Néanmoins, insistons sur le fait que l'action (le non-verbale) ne prime pas systématiquement sur le verbal. C'est juste une autre forme d'action, dans un autre média.

Mouvement rapide & effet lent

 Maintenant je voudrais pointer du pied une espèce de décalage qui nous concerne. On a des perceptions qui peuvent s'avérer ultra performantes greffées sur une structure faible et une durabilité faible. Hum ya-ya ça sonne abstrait dit comme ça pas vrai ? Bon, c'est pourtant simple, on peut réfléchir très vite, imaginer mille choses en un rien de temps et ce sans bouger, même sans stimuli extérieur. On peut réfléchir sur le sens de la vie, sur les potentiels de tout et n'importe quoi, mais pourtant, dans cette dimension matérielle qu'est la notre, en nos conditions, ces capacités folles n'ont pas d'effet, ou de manière extrêmement marginale. S'en suit souvent différentes versions de déception, de fatalisme, de renoncement à la réflexion, à l'imagination, à la recherche. Parce que de façon binaire on voudrait une corrélation, voire une causalité entre ce qu'on imagine et ce qui se produit ensuite. C'est une thématique qui flirt avec la notion de progrès qui sera développée dans un futur proche. Donc, il y a aussi le fait que nous ayons un physique plutôt fragile rapport à nos capacités. Et d'ailleurs, c'est ce décalage qui crée le mouvement/dynamique, car on voudrait rapprocher ces fameuses capacités informationnelles de nos capacités réelles, c'est ce que font ce qu'on appelle vite fait les technologies (dont langage verbal). Si on veut apprendre sur un domaine mais meurt avant d'arriver à un niveau/étape voulu alors il faut passer du temps à transcrire ça pour que ce soit fort bien compréhensible pour les chercheurs suivants. Donc retour au standard en tant que nécessité pratique (lié à nos conditions bio).

Métaphysique intégrée

Un point qu'on occulte régulièrement est que le langage verbal reflète des conceptions métaphysiques étranges et pas toujours raccords à notre actualité. Par exemple le découpage SVO, pour Sujet Verbe Objet. Ce découpage de l'existence place au cœur l'action et donc le verbe (que ce soit imagé ou non). Mais aussi on découpe la réalité en d'un côté le sujet et de l'autre l'objet. "Je Suis Humain" : le je sujet, le verbe être et l'objet humain. Le sujet se sépare de l'objet, se distingue. Et donc il y a création d'un sens unidirectionnel. Le sujet est agissant et l'objet s'intègre, reçoit l'action du sujet. Bien sur, ensuite on peut moduler ce découpage, mais il y a l'absence de la simultanéité sujet/objet, où l'objet est tout autant agissant que le sujet, la réciprocité et l'interactivité en quelque sorte. Et peut être même que le verbe est agissant en lui-même. Toutes ces nuances réelles que le langage occulte en découpant quasiment toujours de la même manière, suivant le même schéma la réalité. Ceci pour des raisons pratiques certainement en partie. Mais ce ne me semble pas sans incidence sur notre façon de penser et de percevoir le monde. L'existence du sujet bien marqué est ce qui peut faire naitre notre sentiment d'individualité elle aussi bien marquée. A force de dire JE, je finis par croire en moi, en mon existence, en ma valeur, en ce que je fais, ce que je dis, ce que je vois, etc. A croire de façon verbale et un brin excessif parfois en soi. C'est de nouveau un peu la prophétie auto-réalisatrice de j'existe j'existe j'existe, comme je l'avais suggéré dans l'article sur ce que j'appelle la triple localité.

Progressif & disruptif

Un côté "disruptif" dans la lecture et les échanges, qui se fait un peu au hasard (selon nos perceptions). Combien de fois ça m'est arrivé de comprendre consciemment une idée des années après l'avoir lue, et de redécouvrir encore une autre facette de cette idée après et après. Le lecture et toute forme d'apprentissage contredisent la linéarité des effets. Dans les institutions scolaires on veut faire un parcours progressif avec des étapes standards et un à un, une chose après l'autre, alors que dans les faits c'est très différents. Ce qui ne revient pas à dire que rien n'est progressif, juste que ce n'est pas linéaire dans les effets. D'ailleurs, on le voit bien aussi dans l'écriture, on passe d'une lettre à une autre, et de mot en mot, de concept en concept. La présentation d'ensemble a beau se faire sous forme linéaire dans un seul sens, les yeux sautent et ne sont pas en contact permanent et linéaire avec le texte. Les effets suivent ce même processus, mais en plus amplifié. Les mots ne sont pas des choses figées mais fonctionnent comme des écrans, ou des toiles, en dynamique, en évolution.

Déterminismes physiques

Le verbal a une composante écrite qui a refaçonné et augmenté toute la structure langagière (auparavant surtout orale et posturale). Donc oui, la base de ce que nous appelons grossièrement langage est indexée avant tout sur le DÉPLACEMENT SPATIAL. Ce déplacement spatial, qui consiste surtout pour nous bipèdes à aller de l’avant, est lui aussi indexé sur notre MORPHOLOGIE. Nos jambes se tiennent et se plient d’une certaine façon. "Aller vers l’avant" est donc simplement obéir à cet ordonnancement formel. Le sens de la vue est lui aussi majoritairement dirigé vers un CHAMP RESTREINT. L’alliance de la locomotion-moteur et du sens de la vue renforce les deux et forme un ensemble donnant une impression unitaire : la DIRECTION. La mesure primordiale est le pas, l’enjambée. Le début en statique, et la fin lorsqu’on pose le pied vers l’avant. Il y a un début et une fin à ce processus. C’est le déplacement. Comme lorsqu’on pose la première lettre d’une phrase, pour terminer sur un point. De même, on utilise le langage pour dire qu’une chose est supérieure à une autre. Même si c’est une chose totalement abstraite, on base cette valeur-jugement de « supérieur » sur les sens. Si je suis grand, je vois que tu es plus petit, plus bas, tout comme les enfants sont plus petits. De là on en déduit des choses supérieures à d’autres. Pareil, dans le langage on a un sujet un verbe et un objet. Le sujet est agissant, il est par conséquent, par défaut, supérieur à l’action et à l’objet. De cette chaine d’éléments primordiaux (articulation-syntaxe) on voit qu’on se considère comme unique, comme une entité bien délimitée, comme supérieur et comme ayant une direction, ou destination existentielle. Le simple fait de terminer une phrase formellement, renforce l’idée qu’il y a une fin. De même que lorsqu’on ne parle pas, cela induit que nous n’existons pas encore, que nous n’avons pas commencé. Le langage est donc linéaire tout comme le pas que nous faisons. Mais cette linéarité est indexée sur notre morphologie moyenne et les lois sensibles/perceptibles de la physique terrestre à sa surface air-terre. Ah ah rien que ça ! Quel barbare je fais avec ces flopées descriptives... Par tous les vents !

Question topologie mentale

La notion de hiérarchie est très parlante. La hiérarchie est, dans la majorité des cas, comprise comme une stratification verticale, avec ce mouvement linéaire toujours. Le plus bas serait inférieur… selon le référentiel haut, et donc très visuel. On a donc ces expressions de « s’élever » qu’on retrouve dans la hiérarchie sociale, dans la hiérarchie religieuse aussi. L’expression « au-delà » est très terre-à-terre ironiquement à ce qu’elle sert à faire comprendre. Désigner le « ciel » pour exprimer l’idée d’une supériorité existentielle. Les tours « gratte-ciel » pour exprimer l’élévation humaine. La notion de « sous-terrain », ou de « bas-fonds », est aussi intrigante tant elle reflète que ce qu’on ne voit pas serait forcément « inférieur » en valeur, et donc vil, sale, etc.

De même, notre notion de « vie » ou de « biologique » de « vivant » est indexé sur notre vision de ce qui se meut. Le mouvement visuel, sensible, fait la qualité « vivant ». Car nous voyons que nous nous déplaçons dans l’air, ou plutôt dans les airs, un élément que nous prenons pour « léger » donc, donc nous nous déplaçons dans la légèreté. La terre est lourde, l’eau de la mer aussi. L’enfant est léger et il a tendance a beaucoup bouger, ainsi sont indexées les notions de mouvement = vie, et légèreté = élévation. Ce qui est léger est ce qu’on peut facilement appréhender, faire bouger, manipuler, changer, d’une manière physique. C’est une qualité « supérieure » car si on balance un objet en l’air, l’objet s’élève et on s’élève aussi par extension.
De même, la vitesse fait, selon nous, souvent la qualité « vivant ». Mais, bien entendu, il faut qu’on ait l’impression de vitesse, car si une chose va trop vite pour nos capacités on ne la percevra pas. Il faut qu’on fasse partie, qu’on soit intégré ou qu’on ait l’impression d’être les acteurs de ces éléments rapides. D’où nous rejoignons l’idée de sujet agissant. Le sujet agit physiquement donc le sujet existe, donc l’action existe, donc le sujet agit. Une tautologie, une autoréférence permanente.

Pour revenir à l’idée de hiérarchie, on est, notamment avec le langage, dans une idée toujours très linéaire. C’est donc la géométrie simple de la ligne qui dirige en grande partie comment nous percevons consciemment-culturellement nos pensées et nos actions. Nous écrivons en ligne aussi, nous lisons donc en ligne, nous nous alignons sur certaines personnes, certains éléments, comme les points lumineux du ciel nocturne (étoiles) deviennent des lignes dans nos esprits car nous les relions, comme les oiseaux qui volent/migrent parfois en lignes tels les cormorans et les canards. Des lignes. La ligne.
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Parler volume

Mais on ne pense que très peu en volume, en réseau, en cycle. Car le volume s’appréhende surtout par le tactile et le déplacement-effort physique et peu par le visuel (du moins que partiellement). La pensée est fortement corrélée avec le linéaire des lettres et des phrases-lignes. Quelle est la hiérarchie d’un nuage ? Il n’y a pas de supérieur et inférieur. Le linéaire reste du linéaire, mais nous distinguons le linéaire horizontal qui est l’égalité, la quantité, du linéaire vertical qui est l’asymétrie, la qualité. On reprend souvent cette linéarité verticale pour une idée de hiérarchie verticale, de supériorité. Ainsi s’élever en foi sous la religion dominante, et s’élever en « réussite » sous l’économisme. Mais ce sont des images, des calques de notre réalité physique vue avec et sous notre petit référentiel formel. De même qu’il y a discontinuité de la vue par les clignements permanents d’œil, il y a discontinuité par les pas lors de la locomotion pédestre. Il y a discontinuité entre les étoiles du ciel la nuit. Discontinuité entre les lettres et les mots et les paragraphes. Mais nous voyons un mouvement entre ces points et états différents. Et par mouvement nous y voyons une qualité de « vie » et donc une supériorité, et donc rapidement aussi une intentionnalité locale, et donc un sujet agissant.
 
Un moyen simple d’observer ces biais est d’inverser des images, ne serait-ce que lire en oblique, ou à l’envers, quelques mots, peut s’avérer compliqué, désagréable. Alors imaginez voir tout un film à l’envers. Avant on écrivait en boustrophédon, c'est-à-dire des deux sens gauche-droite et droite-gauche. Mais cette façon de faire a disparu. On est toujours fort obsédé par la lisibilité universelle, en corrélant mentalement le caractère de lisibilité avec l’uniformisation conventionnelle. Le concept de causalité est linéaire (en ultra-local).

L'éthique dans tout ça ?

Qu’est-ce qu’un langage ? On part souvent du principe, dans nos sagesses populaires, que tout se résout par la communication. Affirmer cela sans nuance est plutôt dangereux. La guerre, frapper et tuer une personne est une forme de communication. Alors est-ce qu’il faut dans ces cas là privilégier la communication ? On peut légitimement avoir quelques réserves à ce sujet. Plutôt que de dire qu’il faut communiquer, mieux vaudrait dire qu’il faut savoir parfois ne pas vouloir communiquer et/ou alors changer de média. On peut alors se dire que changer de média est forcément la « solution » au problème de ces types de communications. Ce serait aller un peu vite. Est-ce qu’un mot ne fait pas aussi mal qu’une blessure physique parfois ? Certes il n’y a pas atteinte à l’intégrité physique, mais alors l’intégrité morale, émotionnelle et intellectuelle de la personne n’aurait aucune importance ? Cela parait étrange. Si on traduit un coup de poing en insulte, d’accord il n’y a pas de blessure physique, mais est-ce pour autant mieux que de recevoir un coup on va dire spirituel ? Les insultes c’est comme les coups physiques, si on est habitué ça peut passer un temps, mais si on est relativement protégé pendant une longue période, ça fait d’autant plus mal. Bien entendu il y a le cas particulier où l’insulte est une sorte d’amabilité. Certains s’appellent mutuellement "gros sac" ou "ma petite merde" par exemple et c’est une façon humoristique d’être familier et de communiquer. L’intention reste dans un jeu de langage où les deux sont complices et connaissent (souvent implicitement) les règles. Mais un même mot peut faire mal ou ne rien faire en fonction de qui le prononce, quand, dans quelles circonstances, avec quel ton, etc. L’intention n’est pas tout non plus car imaginons avoir l’intention d’être sympa lorsqu’on est face à une personne venant de perdre un proche et qu’en fait nous sommes maladroits et disons des choses qui font pires que mieux. Donc, brièvement nous avons vu que la communication n’est pas la solution à tout, ni l’intention.

communiquer en permanence ?

Mentionnons aussi la hiérarchie mentale par défaut que nous avons des différents médias et supports de communication. Nous mettons la com physique souvent en dessous de la com verbale, et la com orale en dessous de la com écrite (rapport à un jugement sur la profondeur ou l'intelligence ou la précision du propos émis). Au sein de l’écrit nous accordons aussi une hiérarchie. Un sms n’a pas autant de valeur qu’une phrase lue dans un livre. Une information écrite dans un journal national vaut plus que la même information dite par une personne lambda. Vous voyez ce dont il est question, n’est-ce pas ? Bien entendu ces échelles de valeurs ne sont pas forcément intentionnelles, nous les perpétuons par défaut sans y penser. Bien entendu, aussi, ces hiérarchies sont la règle générale et on peut toujours trouver des situations qui prouveraient l’inverse. Mais quelle est la proportion et la fréquence de cette échelle de valeur rigide ? Sans faire de calcul, on peut vite se rendre compte de nos biais à cet égard.

Dans la communication il faut donc se méfier de nos attributions de valeur par défaut. Car en accordant plus de valeur à une information en fonction de qui et quoi le dit, on peut rejeter injustement des informations pertinentes et avec une vraie valeur, aussi et surtout rejeter des individus sur des critères très arbitraires. Vouloir communiquer en rejetant un individu et un support avant même d’avoir commencé c’est plutôt ambigu. Si on veut vraiment communiquer avec l’autre il faut donc accepter de perturber ces échelles de valeurs par défaut qu’on a tous dans nos têtes et sur le bout de la langue. Si une personne ne sait communiquer avec l’autre que par le corps, peut-on refuser de communiquer avec cette personne ? Alors, oui si nous ne savons pas communiquer par ce biais et que donc on s’expose à des incompréhensions, de mauvaises interprétations de maladresses, mieux vaut être prudent ou rejeter la communication. On donnera alors l’impression de rejeter un individu en particulier alors qu’il s’agit au contraire d’un respect mutuel, de se préserver chacun d’un échange stérile et/ou conflictuel. Donc si on cherche la communication en tant que vertu d’échange et d’ouverture il faut avoir les moyens de cette prétention. Sait-on parler corps ? Sait-on parler art ? Sait-on parler jargon ? Sait-on parler émotion ? Sait-on parler concept ? Ce sont des questions préalables nécessaires à la vraie communication en tant que vertu d’échange et d’ouverture. Sinon, mieux vaut s’abstenir d’agiter de grandes vertus et idéaux si ensuite nous les contredisons dès la prochaine rencontre.
 
Nous venons de voir donc que la communication n’est pas toujours souhaitable, qu’elle peut être même « mauvaise ». Nous avons vu que ni une intention, ni un idéal, ni une vertu ne sont des excuses valables au mal causé par une communication ayant échouée. Et enfin que nous avons des filtres mentaux qui nous conditionnent et peuvent facilement nous empêcher de communiquer librement, nous poussent à rejeter des individus sur des critères superficiels et injustes.

(re)tour d'horizons

Nous y sommes ! Après tous ces entrelacs critiques à propos de ce cher verbal, nous avons vu donc que le verbal est un média parmi un vaste panel de médias, qu'il n'est pas central mais s'inscrit dans un écosystème de médias dont tous varient en permanence. Nous avons vu l'intérêt du standard de forme, mais aussi ses limites. Nous avons vu qu'il y a une certaine dépendance au domaine du média, et que donc tout n'est pas traduisible, ni que la traduction ait toujours une valeur ajoutée, et qu'on peut donc resté captif d'un média sans qu'il y ait valeur ajoutée. Nous avons vu encore que le verbal est fortement structuré sur la base de nos conditions physiques de perception, mais qu'il reflète aussi des conceptions métaphysiques dans ses plus fondamentales bases.

Redistribuer les cartes

Pour bien insister : faire des gestes ce n'est pas juste exprimer son corps, c'est aussi penser par le corps (muscles, tendons, os). Dessiner ce n'est pas juste s'exprimer, c'est penser par le geste, par les formes. Jouer/composer de la musique ce n'est pas juste s'exprimer, c'est penser dans le rythme, dans le geste. Tout ceci se suffit en soi, et on n'a pas à traduire ça en verbal pour donner de la valeur de profondeur, d'intelligence à ce qui est partagé. On peut donc parfaitement penser des choses très complexes sans le support verbal. Il y a même quantité de pensées qui expriment des choses plus complexes et profondes par des gestes, des sons, des déplacements, que le tout mot.

+ loin >>>

Arrivé jusqu'ici - bravo! et merci :) - on pourrait se questionner sur la pertinence de cette critique du verbal. Oui, en fait, on le voit déjà à l'œuvre, on produit de plus en plus de communication en geste par le sport, les arts, des néo-rituels, mais aussi en visuel par les clips, les "stories", les films, mais aussi en sonore par la démultiplication des productions et des styles, etc. Bref, voyez qu'on communique de plus en plus par d'autres médias que le verbal, ce qui va dans le sens du diagnostic de mon livre Réflexe Virtuel. Néanmoins, on les voit encore trop comme moins profonds, moins intelligents, moins précis que le verbal. Ce qui est injuste. Je veux dire, bien sûr qu'on valorise des stars de médias non-verbaux, mais on les valorise comme du beau divertissement et pas comme quelque chose ayant une valeur vraiment "concrète", absolument "utile" (hors distraction). Je vous encourage donc - si vous le voulez bien - à cultiver une attention à l'ensemble des médias, du moins à ne pas les classer systématiquement inférieures à votre média de prédilection. Même de temps en temps, cela suffirait à avoir un effet long terme et global m'est avis !
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Créer un système d'écriture ?

23/1/2018

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Créer un "alphabet"...   Pourquoi ? Comment ?

Déjà "alphabet" est un terme qui ne correspond pas vraiment, parce qu'il est le nom d'un système d'écriture en particulier et non générique. On va donc utiliser une expression : système d'écriture, ou système scriptural. Oui, bon. Ok on va utiliser un mot plus simple, ou du moins plus court pour en parler : syscript.
calligraphie rugyp poème
court poème calligraphie en rugyp

Pourquoi créer un syscript ?

Pour le fun, juste le fun. Déjà une raison suffisante, non ? :) Sinon, il y a la curiosité. Quelque part créer un syscript c'est remonter ou survoler le fleuve de notre alphabet. Avant d'être dans sa forme actuelle, il a subit moult modifications à travers le temps et l'espace. À vrai dire il est lui même un dérivé d'anciens syscripts.
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Comment créer un syscript ?

Et bien il y a forcement plusieurs options. Quelles bases choisir ? Ici, dans la créa, j'ai choisi de suivre l'origine de l'alphabet, le latin était a priori un syscript phonétique. Aujourd'hui il y a des lettres qui se prononcent différemment en fonction des langues et des agencements de lettres au sein même de chaque langue. Exemple en français, le ph  se prononce comme un f, alors que le p sans h se prononce comme "paix". Donc, j'ai choisi de dériver mon syscript du phonétique latin version fr. J'ai découpé en sons simples les voyelles et les consonnes usuelles, mais ai aussi proposé des signes pour des sons fréquents en français, comme "on", "in", "ion", etc. Parfois cela est pratique parce qu'au lieu de deux ou trois lettres on n'a qu'un signe. Il fallait donc répertorier ces sons et tenter un peu aussi de les ranger en groupes. Parallèlement, j'ai commencé à définir quels étaient les codes esthétiques primordiaux. Je voulais quelque chose de beau, de courbe, de plus souple que le rectiligne alphabet. Pourquoi pas aussi un ensemble/combo de signes calligraphiables. C'est cette étape qui a été la plus longue, parce qu'il faut ajuster les signes entre eux en permanence, aussi bien envers les sons auxquels ils doivent renvoyer qu'entre eux lorsqu'ils forment des mots. Un triangle qui suit un carré n'est pas un joli mot à écrire si par exemple le triangle signifie "f" et le carré "e/eu", pour dire "feu". Ah oui, mon but était de pouvoir attacher les signes à l'écrit et non comme en numérique tout séparer signe par signe. Mon but n'était pas forcement non plus la rapidité d'écriture manuscrite mais avant tout sa forme esthétique. Il y a des personnes qui ont créer des syscripts avec pour objectif de pourvoir lire énormément de choses sur peu d'espace (ce qui pourrait être intéressant en terme d'économie de papier au passage en plus de temps), exemple : dotsies
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Source image >> http://dotsies.org/


Qu'est-ce qu'on y apprend ?

On apprend que ce n'est pas facile de créer une cohérence avec tous les signes, qu'il faut du temps pour développer des ajustements, des formes, des articulations. Il faut aussi de la pratique parce qu'au début on ne sait pas toujours trop comment enchaîner par écrit certains signes entre eux, surtout dans mon syscript qui se veut écrit attaché. On se rend compte de tellement de choses rapport au langage, aux signes, aux systèmes. Je ne dirais pas tout ici. Vous trouverez des éléments dans mon livre Réflexe Virtuel - chronique d'un langage émergent, ainsi que dans quelques uns de mes articles ici sur ce blog. Bien sûr, ma créa en question n'est pas "sérieuse" mais bien récréative et d'étude. Je ne prétend donc pas à ce que tout le monde utilise ce nouveau syscript demain, ni le souhaite, ni le veut (lol ouf!). Je dis ça parce que ça peut impressionner parfois quand on dit qu'on a créé un "nouvel alphabet" et qu'on nous colle alors une intention sérieuse d'application pratique. Lol, doucement mes amis. Juste pour le fun. Bon, je vous rassure la plupart du temps c'est plutôt des réactions du style "mais genre pourquoi tu fais ça mec ? ça sert à rien, t'es un peu trop artiste et zinzin dans ta tête en fait." Oui tout un beau bouquet fleuri.

Bref, j'ai appris qu'un syscript est un ensemble de compromis et d'ajustements à travers les individus, les populations, le temps, les pratiques, les besoins, les erreurs, les errances, les essais, les prétentions, les révisions, etc. Le langage, notamment ici écrit, n'est pas figé contrairement à ce qu'on est amené à penser souvent, surtout avec le français qui est très conservateur dans son orthographe et sa grammaire malgré la création/ajout de mots toujours très active. Bon, je m'arrête là sur cet aparté, pour le moment. Hésitez pas à utiliser ce syscript et à m'envoyer vos avis, vos créas.

___Je vous met en image le codex/index de base >>>


Ah et je vais nommer ce syscript peut être. Disons : RUGYP
Ah et bien entendu j'utilise ce syscript sans les excès de lettres du français ordinaire. C'est donc plus phonétique, sans l'être total. Par exemple, un des premiers mots en rugyp au dessus est langage mais je l'écris langaj. Voyez l'truc ? Ah, au passage, convertir en phonétique tout un ensemble de langues se fait par l'intermédiaire de l'API pour Alphabet de Phonétique International. Cependant ma démarche n'est pas d'être universel, et aussi il me semble plus facile de retenir 30 lettres que 120 par exemple. La force de l'alphabet latin réside notamment dans son nombre réduit de signes. Il faut aussi une cohérence esthétique d'ensemble qui n'est pas un critère pris en compte dans l'API.
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Ramification des langages

Pour aller plus loin, je rajouterais que je comprends pourquoi et comment on est arrivé à différents systèmes d'écriture et de langue à travers la géographie et l'histoire. A titre perso, j'ai bien envie d'emprunter de plus en plus ce RUGYP pour penser et écrire. Récemment j'ai vu la calligraphie, parce que je voulais donner vie à ces formes/traits. La calligraphie donc et à côté forcément, la typo. J'en suis venu ou revenu à admirer l'écriture gothique par exemple, mais je suis aussi baba devant l'écriture hébraïque et arabique version calligraphie. Je n'ai pas encore assez étudié/observé les idéogrammes chinois et japonais par exemple, donc pour l'instant je ne juge qu'à l'aspect très chargé esthétiquement, mais les principes de concepts imbriqués me semblent une formidable idée, j'ai d'ailleurs essayé d'exprimer des concepts en signes via mes #iNéogram.

huit en calligraphie rugyp
huit en calligraphie rugyp
huit en calligraphie rugyp
huit en calligraphie rugyp
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Source image >> http://www.sciencesacree.com/carnet/articles-divers/les-deux-fetes-muhammad-valsan.html
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Non linéaire et calligraphie

Pour en revenir à mon syscript rugyp, je dois vous avouer qu'au début de cette aventure je voulais créer une voie non linéaire de l'écriture. Parce que je trouve que tout est trop linéaire en terme général et que par ricochet on a du mal à bien concevoir certaines choses à cause de cette habitude. Mais, on est quasi obligé de donner un sens de lecture que ce soit horizontal ou vertical. Seul les idéogrammes se lisent un à un en une impression d'ensemble bien qu'ensuite ils se lisent côte à côte dans un sens précis. Finalement on pourrait voir les regroupements de lettres pour former des mots comme des sortes d'idéogrammes étalés, ce qui à mon avis perd en efficience. Donc, mon rugyp au début se voulait non linéaire, mais j'ai cédé face à la pression de l'habitude (conditionnement) du côté pratique. Cependant, lorsque j'écris un ou deux mots en calligraphie je respecte chaque signe et chaque enchainement pour former une continuité singulière, vous savez ce sentiment qu'il y a un truc qui ne va pas quand on écrit une "faute" d'orthographe ou une syntaxe non standard. Parfois un signe s'enchaine mieux avec un autre en les formant de haut en bas ou parfois de gauche à droite. Bref, je laisse chaque mot/concept s'exprimer selon cet esprit esthétique mais aussi je le crois poétique. Chaque mot seul en rugyp peut se calligraphier de bien des façons. Par exemple, ici le mot-concept "huit" a été décliné de trois façons différentes.

Recherche outre le sens commun

La calligraphie ce n'est pas que de l'esthétique, c'est une véritable recherche jamais achevée. Il faut un trait sur, une grande concentration, souvent retenir son souffle par exemple. Il y a beaucoup de points communs dans toutes les calligraphies, qu'importe la langue. Et je vois que les calligraphes du monde entier cherchent aussi comme moi à faire du non linéaire. Admirons les écritures kufiques géométriques ou les formes rondes, d'étoiles, nuageuses, ancrées des calligraphies hébraïques, japonaises, chinoises, coréennes, arabes. C'est d'une richesse folle. On insuffle quelque chose par ces recherches. Perso, je ressens du sacré lorsque je pose des tracés. Ce n'est plus des traits mais vraiment son esprit ou son âme qu'on laisse transparaitre, qui nous guide. Je n'exagère pas, c'est vraiment ainsi que je le ressens. Parce que je considère que le langage nous traverse et que les formes (et sons) qu'on utilise sont des filtres que l'on impose ou qui sont le résultat d'un échange entre l'humain et quelque chose au delà (à définir...). Bien évident, sur le moment, on ne se perd guère dans ces considérations, on doit assurer le geste, on doit calmer son mental, animer son âme (que vous aillez du mal avec cette terminologie ou non). Parce que le tracer pour le tracer c'est offrir un vide, les lettres, les signes ne s'animent pas elles résonnent creux en nous, voire ne résonnent pas du tout. Je ne peux pas écrire n'importe quoi n'importe quand. Je ne veux pas "polluer" ce rugyp, du moins éviter le plus possible. Bon, il est certain que je pourrais calligraphier le mot "prout", mais à part pour la blague je ne vois pas bien l'intérêt.

calligraphie rugyp fleur
calligraphie rugyp amour

Les bases graphiques

Les écritures, comme les langues évoluent en permanence. Ainsi, par exemple, l'hébraïque d'aujourd'hui est très différent de ses origines phéniciennes. Aujourd'hui la base graphique s'apparente au carré. Chaque lettre peut rentrer seule dans un carré qui est l'unité de forme commune. L'écriture latine, celle que j'utilise ici même, a plus pour base le rectangle vertical aujourd'hui. L'écriture arabe, je ne suis pas sur, elle m'apparait très marqué sur la ligne libre et on ne peut pas inclure strictement chacune des lettres dans une forme standard comme le cercle ou le carré, ou le triangle. L'écriture cyrillique est assez fascinante parce qu'elle reprend en majuscule l'écriture latine tout en introduisant d'autres lettres. Le cyrillique est alors plus basé sur la forme carrée, comme l'hébraïque. Mais le cyrillique s'écrit aussi en attaché/manuscrit et alors elle obéit plus à la ligne libre comme l'écriture arabe. Il y a donc une espèce de d'union, de syncrétisme dans le cyrillique. Avec mon rugyp, je suis partie du phonétique français très simplifié et des formes latines tout en partant sur la forme de base cercle. Le cercle est la base, mais il se ramifie et varie de plusieurs manières. Il s'agrémente de lignes droites simples aussi.

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Connotations esthétiques

Parfois les lettres, je dis ça pour les latines, se tracent par transparence d'une forme et n'affirment pas une forme en elle-même. L'explication parait compliquée mais c'est très simple. Bon, invoquons la sémiotique, on va prendre l'exemple du logo carrefour, c'est juste un c par transparence dans une forme de carré ou losange. Bref, dans mon rugyp, je me félicite que je puisse trouver des connotations esthétiques latines forcément, mais aussi arabes, chinoises et hébraïques. Parfois ça fait un peu "égyptien" (antique) tout en ayant une vague connotation futuriste, d'après quelques impressions qu'on m'a confié. En fait, je peux appuyer une connotation en fonction de l'agencement que je choisi. Il y a bien évidemment beaucoup plus de nuances et de liberté dans la calligraphie, car la calligraphie est la formation non-standard, de sortie du standard et dont le but n'est pas la lecture rapide d'informations à ingurgiter comme un goinfre mais bien d'exprimer bien bien plus... Je travaillerais la calligraphie du rugyp pour vous montrer ça en brut.

calligraphie rugyp langage
calligraphie en rugyp du mot "langage" en arabisant l'esthétisme
calligraphie rugyp langage
Ici première tentative en détaché où cela peut rappeler le cyrillique avec des lettres qui paraissent "inversées", je ferais des caractères réguliers d'impression pour que ce soit plus évident à l'oeil
calligraphie rugyp langage
calligraphie rugyp langage
calligraphie en rugyp en mandarinisant le mot "langage"
ecriture rugyp blog
Ici, l'objectif était de mettre en avant certaines caractéristiques du cyrillique en variant un peu la typo d'origine. Curieusement, cela rappelle un peu aussi les kanjis et aussi le syscript berbère. Un bonne typo pour l'impression avec lettrage uniforme standard.

Espèce de boustrophédon !

La non-linéarité c'est par exemple qu'au début on lisait/écrivait dans les deux sens et pas seulement de droite à gauche ou de gauche à droite. Cela s'appelle le boustrophédon. Chaque idéogramme chinois par exemple a une signification en soi, car il s'agit de concepts imbriqués traduits graphiquement. Et le sens de lecture peut donc être puissant et fort et non linéaire dans chaque idéogramme. A ce propos, je pense qu'on prend un peu vite les lettres latines comme n'ayant aucune signification en elles-mêmes, comme de simples transcriptions phoniques. On peut le constater dans le fait que le français en les lettres latines n'a plus grand chose de phonétique. Mais même auparavant, les lettres ont des raisons autres que purement pratiques. Comme les nombres d'ailleurs. Eh eh ne soyez pas en reste, je compte bien écrire un pavé sur le symbolisme des nombres et des lettres latines ! Suis sur que ça vous fait peur. Donc, mon idée de base d'un syscript non linéaire n'est pas si idiot que ça, et je vais travailler ce point.


Ci dessous, différents agencements de signes standards rugyp avec flèches indiquant le sens de lecture possible.
calligraphie rugyp et sens de lecture
calligraphie rugyp et sens de lecture
calligraphie rugyp et sens de lecture
calligraphie rugyp et sens de lecture

Bref, c'est une belle aventure que je continuerais de commenter ici. Repassez de temps en temps sur cet article zieuter les nouvelles créations :) !
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