J'ai évoqué la préparation au mariage. Disons deux mots là-dessus. Dans notre société française actuelle, il n'y a quasiment aucune préparation au mariage proposée. Seule l'Eglise, et au sein de l'Eglise des personnes à part entière, nous le propose. Nous sommes déjà mariés civilement. Il y a un petit rituel pas désagréable lors de la signature du contrat, mais aucune préparation en amont, à part de la paperasse, et de l'organisation de fête. Cela me semble assez choquant qu'on ne nous propose même pas un accompagnement. Je n'aimerais pas que ce soit comme un permis obligatoire à passer, mais qu'on propose au moins un accompagnement au préalable me semble indispensable. C'est comme si l'état et la société comptait sur la rationalité de chacun soudainement sur ce sujet (quelle surprise !), et/ou voulait préserver une sorte de spontanéité qui serait presque sacrée. Toujours est-il, seule l'Eglise nous a proposé un accompagnement. Evidemment, un accompagnement en vu du mariage devant Dieu par l'Eglise. Quelque part, nous sommes déjà mariés sous la bénédiction de Dieu, mais aller sous l'Eglise est un indispensable malgré cela. Point intéressant, le mariage est un sacrement que les époux se donnent, pas que l'Eglise nous donne. Mariés, nous sommes en mission à notre façon, comme peut l'être un prêtre au sein de l'Eglise et d'une paroisse, d'une communauté.
De même qu'il n'y a aucune préparation au mariage, à être un couple, il n'y a aucune préparation à être parent. Il s'agit là d'une continuité de l'impréparation. On doit se tourner, faisant un choix, vers des gens qui proposent un accompagnement. Quelque part, cette liberté est intéressante, mais une liberté peut aussi se trouver dans la proposition, la suggestion d'un accompagnement, sans que l'alternative soit une mainmise complète sur le mariage et la parentalité. Et en fait, tant mieux, car au moins l'Eglise nous propose l'essentiel là ou l'état est un simple contrat. Pour la parentalité, qui commence par la grossesse, on constate aussi qu'on est vachement entouré par le médical, mais un peu comme un contrat aussi, ça ne nous nourrit pas comme un accompagnant à part entière, une institution religieuse aussi. La grossesse, comme le mariage, est jonchée de paperasses et de protocoles peu unifiés. Le nombre d'examens que ma femme a du passer est hallucinant. Je veux dire, être enceinte n'est pas une condition anodine pour la femme, qui est souvent fatiguée, a moins de capacités diverses, ce qui est normal, et pourtant on nous bombarde d'examens et de rendez-vous. Le maïeuticien qui fait les échographies nous avait exposé sa vision d'une surmédicalisation et d'une surattention sociale sur la femme enceinte dans nos sociétés actuelles, mais cela ne l'a pas empêché de nous prescrire des surplus de rendez-vous. On passe plus de temps à prendre des mesures qu'à discuter, qu'à entourer, qu'à préparer, aider à bien vivre. Liberté dirons-nous, d'accord, mais erreur de focale à mon avis.
En discutant avec la famille et des amis, on constate beaucoup de visions différentes de la grossesse et de la parentalité. Sur la grossesse, ce qui surprend les générations de nos parents est de considérer autant la vie intra-utérine du bébé. Pour eux, c'est bien que cela se développe ainsi, mais ce n'était pas du tout le cas à leur époque. Ma femme et moi avons en plus choisit une approche appuyant cette relation intra-utérine : l'haptonomie. Mais ce qui est curieux est que ce soit nouveau et marginal aujourd'hui, alors qu'on peut facilement constater que le fœtus réagit à des voix, des musiques, des activités, des gestes, et ce très tôt. Par défaut, on a plus une vie intra-utérine en relation avec les mesures médicales qu'avec les parents et l'entourage aujourd'hui. Entre ce constat et le constat que la grossesse est surmédicalisée, comment ne pas devenir hypocondriaque plus tard ? C'est dément. Je sais que chaque personne du corps médical est supposément bien attentionné, mais cela n'empêche pas l'état des choses globales qui est une saturation quantitativiste de l'être avant même de prendre son premier souffle. Je pense qu'on peut faire mieux, aspirer à mieux.
A vrai dire, et je pense que l'article va se terminer sur ces paroles, notre société n'a aucune perspective autre que quantitative aujourd'hui. Il n'y a quasiment aucune perspective pour l'existence entière de chacun. Seule l'Eglise nous donne une perspective, un élan, même si cela vient avec des responsabilités dirons-nous morales qui ne sont pas toujours apaisantes et légères, à une Union mariale et un enfantement. Or, ce sont bien là deux piliers de l'existence, ce ne sont pas des périphéries, des à-côtés, mais le cœur même de l'existence. Ce déplacement de l'essentiel est-il nouveau ? Pourquoi cela n'interpelle pas davantage au quotidien ?
Merci de votre lecture. Portez-vous bien.