Étymologie
Signification
sélection et degré
Histoire(s) et planification
On pense facilement à la modification génétique, mais ça peut prendre des voies plus tortueuses comme le fait de congeler du sperme et de le vendre. Exemple d’une société danoise qui vend énormément de sperme de blond aux yeux bleus, surtout aux États-Unis et en Angleterre. Personne n’a planifié ce phénomène, mais il y a un ensemble de pressions sociales et d’imaginaires plus ou moins libres qui forcent les gens à s’orienter vers des décisions similaires sans consultation entre eux, ni planification par un organe politique centralisé. Il y a aussi un marché pour le sperme de haut QI ou prix Nobel, pensant que ça augmente significativement les chances d’avoir un enfant « intelligent » (pour ce que ça veut dire). En Chine et en Inde il y a un déficit en fille/femme car divers facteurs socio-économiques et politiques ont conduit à se débarrasser des filles. De l’eugénisme mi-organisé, mi spontané mais en quelque sorte involontaire et surtout stupide.
Ambigüité multiple
Aujourd’hui, on juge notre époque avoir fait des « progrès » - de façon bêtement linéaire - et on se pense loin de toute absurdité horrifique… ce qui cache justement l’état des choses. Si demain on regardait dans le retro notre époque, on serait interloqué : comment a-t-on pu individuellement et collectivement supporter de répandre des âneries et sélections aussi cruelles ? Aussi, il y a des formes d’eugénisme qui peuvent faire grincer, car très ambigües. Le recours à une PMA, par exemple, concernant un couple ayant des difficultés à enfanter s’avère impossible à condamner (moralement… pour ce que ça veut dire), mais la PMA est une technique qui n’est pas utilisée uniquement dans ce type de situation. Et alors, suivant l’accélération technologique classique, ces techniques seront vraisemblablement toujours plus accessibles et pointues, et donc les déviations potentiellement toujours plus nombreuses. De même, l’homosexualité peut être vue comme une forme d’eugénisme aussi, quand bien même ça sonne choquant d’écrire/lire ça. Les stérilisations diverses, y compris celles dites volontaires, pareils. L’intellectualisme aussi. Ce qui ne veut pas dire que ce soit « mal » ou qu’il faille interdire ceci cela, non, du tout. Mais il faut savoir être honnête et voir les choses en face. Répétons-le, l’eugénisme n’est pas un mal, ni un gros mot.
Pressions et normalité
Se reproduire : liberté
Pour terminer cet article sur une perspective historique, il fut de coutume de balancer des bébés non voulus ou difformes. Ce qui nous parait barbarie suprême aujourd’hui, mais qui pouvait être un comportement qu’on pourrait qualifier d’instinctivement « rationnel » en rapport aux conditions, sachant que de toute façon quantité d’enfant mourraient jeunes avant les vaccins et les améliorations hygiéniques de ces derniers siècles. Et enfin, pour souligner l’ambigüité de l’eugénisme, les vaccins et l’hygiène sont aussi un eugénisme car ils permettent de faire vivre des individus qui a priori seraient mort en conditions… « normales ». Ce qu’on « gagne » d’un côté semble se perdre d’un autre côté. Mais la question morale de l’eugénisme n’est pas le gain/perte rapport à un objectif précis. Il s’agit de savoir (et surtout assumer !) ce que nos choix et orientations diverses engendrent comme effets connexes à celui visé : souffrances inutiles, augmentations de coûts, cruautés gratuites, croyances stupides, etc.