Chapitre 1 - épicène
Dessein Animé
D.A.
Le désert.
Un sable rougeoyant.
Pas de dunes. Plat à souhait.
Un horizon de part et d’autre donnant le gout de l’infini.
Un être au milieu.
Cet être porte le nom de Maé.
« Il » est un pronom personnel masculin, « elle » féminin. Et « all » un pronom personnel hors genre, ou du troisième genre. Maé attendait. Ce n’était pas cette posture d’attente agacée qu’on se figure sur une base habituelle. Plutôt une attente pleine et neutre, d’une fréquence émotionnelle basse, celle d’un sourire au cœur. Les traits de son visage respiraient la douceur, tout en étant stable comme une roue cosmique en action. Tout son corps communiquait la rigueur d’une présence dévouée et entière ; envers et dans cet instant présent s’écoulant continument vers un présent d’idem intensité non encore manifesté à ses sens et conscience.
Une voiture apparut au loin. Puis à 20m. Puis à 7m. Et s’arrêta. Toute l’attention de Maé, auparavant prenant corps diffusément autour d’all, fut requise par ce phénomène. All oreille tendit mais rien n’entendit. Le moteur vibrait pourtant - œil en témoin - sous la carrosserie, et quelques grains de sable bougeaient de part et autre du véhicule. Rien. Aucun son. Tout le désert, à vrai dire, donnait l’impression d’être figé, comme si aucun mouvement d’air n’était manifeste. Maé pouvait toutefois respiration et voix siennes entendre. Si-si. Mais le reste, nada, niet. Comme si tout était sur mute… sauf all. La voiture semblait vrombir – de visu - mais nada pour l’ouïe. !Qu’étrange, car nous sommes habitués à percevoir tous sens en chœur.
Maé était posé dans ce désert rouge depuis un temps indéfini. All ne ressentait aucune pénibilité, ni de l’attente, ni de la solitude, ni les variations extrêmes de températures. En effet, si thermomètre avions-nous eu, mesurer brusques bonds nous aurions pu ; toutes les vingt minutes, passant quasi sans transi de moins trente trois à +33°C. La lumière, elle, était invariable, toujours pleine, se propageant en pure constance dans le temps et l’espace alentour. Maé se mis en pas pour rejoindre l’auto. Filiforme, avançant, all se courba l’échine : il s’agissait d’observer la tête du présumé conducteur. Ses cheveux, relativement courts, en moyenne 4cm de longueur, se soulevaient comme électrisés lorsqu’all se baissait. Qu’importe la situation dans laquelle all se trouvait, Maé était toujours de la beauté de fleur du vent. Là où des capillaires hirsutes feraient passer beaucoup pour sommeillant, fou, ils ne faisaient qu’embellir Maé en faisant voir une nouvelle facette, pétale de sa légèreté vivace.
Il semblait n’y avoir personne dans la voiture >> une magnifique Lotus Esprit S3 turbo). Nouveau pas, nouvel œil-bat… personne. Puis, au seuil d’un seul clin d’un seul, Eden apparut - fin bien - au sein de l’habitacle. Penché vers l’autre siège. Affairé à ixéquoi[i]. Au clin suivant, Eden était au volant, concentré, focalisé droit-droit devant. Maé approchait toujours, et aux abords de la caisse surpris une fine rotation de nuque. Usant de ce geste, Eden communiquait à Maé une information qu’alles seuls pigeaient. Un regard périphérique, une micro-expression corporelle faisant office de langage. Alles se comprenaient béné, du moins cela semblait suffisant et nécessaire. Maé & Eden, tous deux, s’en allèrent sans mot dire dans la tire, roulant un peu, et sautant alternativement dans l’espace par bonds d’abondants mètres. Cada saut haussait de façon contiguë la distance parcourue. Tout ceci crescendo, de cahot en cahot, jusqu’à disparaitre du désert rougeoyant.
Horizon. Rien n’avait bougé dans l’étendu, dans l’infinie perception du cercle en écho qui crée le territoire, la topographie de ces lieux. Aucun son, aucun mouvement d’air, de sable. Le calme et la détente absolue, où tout désir importé s’évanouit, sa fréquence brisée par le charme des lieux, de l’espace.
Le désert. Maé. La voiture. Eden. Le bond. Le DzR.
[i] Déformation de « x-sait-quoi »