Tentation
POSSESSION Posséder un outil puissant comme une voiture ou un smartphone nous donne l'impression d'être puissant. Avoir accès à tous les savoirs du monde, via un écran, nous donne l'impression d'être intelligent.
PROMESSE Via toutes les annonces fracassantes de nouvelles percées et découvertes, même si on s'en lasse progressivement, on garde en nous l'impression que tout nous sera donné clés en main demain : amour, connaissance, santé, pouvoir...
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On n'a ni choisit d'être présent sur les différentes plateformes (fb, twitter, insta, snapchat, etc.), ni choisit les filtres qui s'opèrent jusqu'à nous. Tout le monde va sur le net, toutes les formalités administratives et du boulot se font en ligne, comment alors puis-je refuser de m'y investir? Ce serait refuser l'autre, la communication, et nier le changement global, qui dépasse notre seule personne de loin. Ce n'est pas une obligation, et nous ne sommes pas forcés de nous inscrire à tout, et d'y interagir h24. Mais nous ne pouvons pas nous couper de ces nouvelles mutations sociales, non plus.
(Plus à venir, avec mon nouveau livre en collaboration :
REFLEXE VIRTUEL)
Les freins
Cela demande beaucoup d'effort, car il faut :
- Avoir du recul sur quelque chose qui vient à peine d'arriver dans nos vies, qui en plus est en pleine expansion.
- Savoir accepter de s'être fait avoir, de s'être trompé.
- Défaire une habitude, désapprendre.
- Reconstruire, reconfigurer ses actions et objectifs.
- Créer et maintenir ces "bonnes" habitudes.
Ce discours peut nous paraitre un peu alarmiste et ridicule au premier jet, mais de plus en plus de personnes témoignent avoir été au bout de cette logique captive. J'adapte ce témoignage et ce raisonnement à tout ce qui a trait aux technologies. Oui, on est doté de pouvoirs hallucinants par ces outils et extensions. Oui, on peut faire l'économie de certaines réflexions, de certaines mémorisations. Mais cela n'est pas pour y infiltrer du "vide égotique anxieux", au contraire : se recentrer sur ce qui nous tient vraiment à cœur, et nous pousser à fournir des idées neuves, fraiches, à avancer plus encore sur la voie de la connaissance (au sens large).
Détente ou cercle vicieux ?
Ce que je veux vs. ce que je peux
La connaissance
est un écosystème
Pour apprendre sur un domaine de la connaissance, nous devons méthodiquement partir des débuts, des fondamentaux, et cela est souvent loin de l'état actuel des recherches. Alors on sent ce décalage énorme entre l'individu lambda qui cherche humblement et joyeusement à apprendre sur un sujet et les gens qui savent déjà, sont experts et chercheurs et techniciens, et ingénieurs. En réponse à cela, on peut se sentir bête et inutile et donc reporter cette piètre estime de soi dans des dénonciations et des affirmations abracadabrantes qui détruisent sans construire quoi que ce soit, qui crée de la confusion et pas de la connaissance partageable. Exemple : je lis un ouvrage de référence écris il y a 70 ans et j'ai l'impression de faire des découvertes folles... jusqu'à ce qu'on vienne me dire que tout ça est dépassé. Alors je ne joui plus du plaisir de la découverte. Car j'étends cette réaction à toutes mes futures/possibles "découvertes" en anticipant cette déception avant même de m'être investi dans l'acquisition de new connaissances.
Le gain et la perception du gain
- La nécessité et l'obsession financière,
- La rigidité des institutions (dont celles des savoirs),
- Le manque de temps ordinaire,
- Le peu de prise de l'individu lambda sur l'état actuel des savoirs.
En effet, savoir en quelle année est né Darwin ne fournit aucun avantage pratique, car ne donne aucun pouvoir sur son prochain et ne donne aucune subsistance directe (à moins de replacer cette connaissance dans un livre payant parmi un ensemble de connaissances, et de bien le vendre !). Tandis que savoir comment planter des choux et des patates peut vous donner le pouvoir bien concret, compréhensible et visible sur l'obtention de subsistances. Savoir comment manipuler les gens (dont via des connaissances théoriques) pour obtenir un job ou des avantages est compris par tout le monde et permet d'obtenir de la monnaie qui ensuite permet d'obtenir des subsistances et probablement plus de contrôle sur son environnement essentiellement humain et social. Du coup, surtout inconsciemment, notre esprit fait le calcul - un peu court termiste - qu'il vaut mieux ne pas s'occuper de trop de connaissances car ce ne serait pas rentable pour l'individu.
Socialement, on ne peut parler de nos connaissances qu'en fonction des affinités communes d'autres gens de notre entourage pour un même domaine de connaissance, car il faut un raisonnement et une accumulation de données préalables pour construire un échange véritable. Ce qui est relativement rare. Donc, la connaissance peut isoler l'individu, et donc, le conduire à réduire ses chances d'obtenir des avantages et subsistances en retour. Exemple, si je m'intéresse depuis 4 ans à l'étude des sols alors que je suis dans un environnement urbain et que mon entourage travail dans des métiers de commerce et de service, je ne pourrais pas communiquer longtemps et correctement avec ces personnes sur ces sujets. Du coup, à moins de transformer ces connaissances en subsistances ou en contrepartie financière, ces savoirs ne me servent pas beaucoup, à part me procurer un plaisir par défaut très solitaire.
"La connaissance,
c'est pour les robots"
Prendre le temps = nous pacifier
Oui,lire un livre ça peut prendre du temps, oui, écouter un podcast ou passer un mooc aussi. Mais ce temps n'est pas perdu, au contraire. Par là, on ne s'empêche pas de profiter de la vie. La connaissance est une joie en soi. Et elle permet d'enrichir et de stabiliser notre société dans un monde qui va toujours plus vite. Chaque connaissance est un investissement dans le futur de l'espèce humaine.