Le terme intelligence me semble mauvais car souvent employé à mauvais escient, et ce depuis longtemps et dans quasiment tous les domaines de la connaissance humaine. La distinction par les capacités À intelligence donc je propose dans cet article le terme de capacité. D'un côté il y a les capacités en acte qui alors caractérisent tout le vivant et même le non-vivant. C'est le côté purement mécanique de toute chose, mécanique donc au premier degré. C'est à dire que dans cette perspective le vivant de type biologique n'a pas le monopole des capacités, loin de là. La capacité est un ensemble de réactions à des processus. Donc même une grosse pierre qui dégringole du sommet de la montagne à des capacités en roulant et écrasant, emportant et modifiant d'autres éléments avec elle le temps de son parcours. Donc des éléments qu'on place dans les catégories/qualificatifs de minéral et d'inerte peuvent présenter des capacités. Cela paraît absurde à priori dans notre contexte de pensée actuel mais on pourrait admirer que cette grosse pierre emprunte un creux de vallée plutôt que de faire l'effort de passer à travers tout. En suivant un creux, la pierre manifesterait une certaine capacité à réagir avec efficience dans son intérêt/objectif de descente de montage. Mais si la pierre passe à travers tout, ne suit aucun creux, aucun chemin mais en creuse un nouveau, on pourrait aussi admirer ses capacités de création, d'effort, d'initiative. D'autres pierres pourront suivre ce chemin. Donc dans cet exemple qui paraît absurde on voit qu'on peut aboutir à trouver "intelligent" un élément solide isolé non-vivant et appartenant aux minéraux. Ce qui nous paraît plutôt contre-intuitif voire insensé, mais qu'on ne peut pas vraiment réfuter à priori. Tout ce raisonnement nous renvoie à des jugements ordinaires qui nous surviennent alors comme inconsistants, comme le classement intra-humain de l'intelligence ; mais aussi le classement d'intelligence en plaçant l'humain au dessus des autres formes du vivant dont animaux, végétaux et mycètes parmi les macro-organismes ; mais aussi le classement du biologique organique en plus intelligent que le non-biologique. T'as un beau potentiel, tu sais Maintenant si on prend le terme "capacité" non pas en acte mais en tant que potentiel. Le potentiel c'est, pour reprendre l'exemple, la grosse pierre qui peut dégringoler, c'est à dire elle en a le pouvoir avant même de le réaliser en acte. En potentiel donc. Il s'agit d'un terme qu'on utilise souvent notamment dans l'éducation et l'économie : "tu as un potentiel énorme, exploite-le!". Mais non la grosse pierre de granit préfère laisser des capacités en potentiel. L'exemple est plutôt amusant parce qu'un éboulement serait vu comme la manifestation d'une intelligence, plus précisément l'intelligence de la grosse pierre de granit. Or il est rare qu'on puisse se dire en voyant du granit qu'il est intelligent, au mieux c'est beau et dense. Donc tout ce qui existe actuellement selon nos perceptions actuelles est une ressource, et toute ressource est un ensemble de capacités, càd une forme d'intelligence. Le bois travail Arrivé ici se pose beaucoup de questions. Un bout de bois en plein soleil peut produire un son en craquant, se dilatant, ce qui pourrait être attribué à une parole. Lol d'ailleurs l'expression veut que le bois "travail" (alors que l'arbre est sensé ne pas être intelligent et qu'en plus sa partie récupérée pour faire un plancher est supposée morte). Nous même nous parlons souvent sans savoir ce qu'est la parole, sans savoir pourquoi, mais nous parlons. Qu'est-ce qui distingue l'un de l'autre ? Cette question n'est pas pertinente en fait, surtout pour traiter l'intelligence, et tient plus de la défense d'une singularité spécifiquement humaine, ce qu'on appellerait ego parfois. On peut trouver des yeux plus performants que ceux de l'humain dans tout le vivant actuel, mais cela ne veut pas dire que les yeux des humains ne valent rien. Bien sûr les yeux humains sont quelque part uniques et spécifiques, mais ils ne sont pas les seuls formes de vie à bénéficier de ces organes de perception, et encore moins les plus performants. Ah profitons ici de ce concept de performance. La performance, par exemple d'un organe/membre, ne fait pas systématiquement son utilité. On se demande par exemple si les yeux des huitres qui peuvent voir très loin dans le ciel leur servent à comprendre ou expérimenter quelque chose de fondamentale dans leur existence. On se demande aussi à quel point ça ne leur sert à rien si elles voulaient éventuellement échapper aux papilles des humains et autres formes de vie qui pourrait s'en nourrir. À travers donc les exemples de la grosse pierre de granit et des yeux de l'huître on voit que l'intelligence est extrêmement relative, et que nos conceptions actuelles à cet égard semblent soudainement très étriquées, pour ne pas dire totalement ridicules. Ces raisonnements peuvent paraître un brin vains mais ils ont des implications extrêmement profondes... que je laisse macérer à votre goût. Ia ou ia pas ? Il s'agit ici d'une démarche venant en réaction à tous ces débats sur la fameuse "IA". Ce qui me fait sourire c'est qu'on attend d'une machine/algorithme/programme qu'elle reproduise juste des représentations purement humaines pour qu'on puisse décider qu'elle est intelligente. C'est à dire qu'on corrèle reproduction formelle avec intelligence, représentations et intelligence et enfin comble du pompon que la machine se calque sur les critères uniquement humains. L'intelligence humaine n'est ni unique, ni un modèle ultime. Admettons qu'on isole l'intelligence humaine de tout son environnement (dont l'humain est une partie de l'environnement), il apparaît une grande différence d'intelligence entre le mathématicien et le sprinter. Ici dans notre paradigme on opterait pour dire que le mathématicien correspond plus à l'intelligence que le sprinter, ce qui est faux, car chacun est intelligent dans son domaine, et si on persiste à dire que le mathématicien est plus intelligent alors cela implique de faire un classement vertical des domaines de l'existant/existence. Verbe en course à pied Est-ce que les maths sont supérieurs aux déplacements rapides à pied ? La comparaison est absurde. Cependant dans notre paradigme même le sprinter pourrait être tenté de reconnaître que le mathématicien est plus intelligent car notre paradigme corrèle les capacités logico-mathématiques avec l'intelligence. Les capacités verbales aussi sont très prisées dans notre conception ordinaire de l'intelligence. En fait on est dans une phase sociale où encore ces domaines de l'intelligence sont dominants, les mesures de QI par exemple mesurent des instantanés de ces deux domaines en priorité sur toutes les autres formes d'intelligence. À titre personnel j'ai une approche spéciale de ce sujet. Pour moi, les nombres font partie du verbal. Et ce média verbal est extrêmement côté encore. Or le verbal pourrait tout à fait être vu comme une simulation, un espace de simulation. Mais attention ici marcher dans la rue implique aussi des simulations abstraites, donc ce côté simulation n'est pas uniquement relatif au média verbal. Bref, donc on attend pour reconnaître officiellement et par la majorité qu'une machine soit "intelligente" qu'elle soit purement individuelle, qu'elle soit parfaitement isolée en local, qu'elle reproduise des mécanismes représentatifs des critères du paradigme actuel de l'intelligence selon l'humanité, qu'elle fasse la démonstration perceptible par l'humain qu'elle a des capacités et qu'elle les use à but démonstratif. Hum, je pourrais certainement ajouter des critères sur ce qu'on attend mais je trouve que ça fait suffisamment de remises en cause vertigineuses déjà ainsi. Manutention Une belle part de ce qu'on appelle intelligence correspond donc à une manutention mentale/informationnelle. C'est à dire que ce phénomène s'inscrit dans une migration globale de l'existence en état d'information, c'est à dire une existence dépendant moins d'un déterminisme uniquement biologique initial. Certains experts dans l'intelligence, la cognition tout ça disent que l'intelligence provient directement de notre locomotion. Et je suis parfaitement d'accord avec cela, j'en avais fait un article d'ailleurs. Cependant je place dans "intelligence" aussi toute forme d'émotion, que je n'oppose aucunement avec les gros bras des matheux, des verbeux de la scène politique. Alors oui, l'intelligence semble de plus en plus migrer vers de l'information pure, mais cela ne veut pas dire que le physique ne tient plus guère de l'intelligence, et que le purement informationnel concernerait uniquement la gestion d'abstractions "rationnelles". Car aujourd'hui quand on parle d'intelligence on exhibe souvent ces capacités logico-matho-verbales comme des gros muscles dont on est fier mais qui ne servent pas forcément à une application pratique hors identitaire/psy. Et l'erreur commune est de penser que ce qu'on classe dans l'émotion est opposé à l'objectivité ou la rationalité. Je dirais plutôt que l'émotion pourrait être une forme de rationalité qu'on n'a pas réussit à bien intégrer dans notre paradigme formel de la rigueur méthodologique et existentielle. tête à tête sage Enfin, on corrèle intelligence et une sorte de sagesse, c'est à dire une utilisation/application mesurée des capacités. La question est : "mesurée" à partir de quoi, qui, quels critères ? Je vous renvoie à un article sur la sagesse disponible sur ce blog. Et bien sur, on a toujours cet encéphalocentrisme qui corrèle quasi uniquement l'intelligence à un organe isolé. On veut identifier telle zone avec telle capacité, et autre en négation de l'intégrité du corps tout entier, notamment avec les études sur le "deuxième cerveau", en négation aussi de l'interactivité c'est à dire que nous ne sommes pas qu'un cerveau, ni même que les limites de notre corps par la peau, nous avons une identité intégrée à notre environnement et dynamique, composée de personnes, d'objets, de rythmes.
0 Commentaires
Laisser un réponse. |
Catégories
Tous
Archives
Janvier 2022
|