Autodidacte - bienfaits & Limites

"A bas l'éducation, vive la liberté !"   ;)

Définir

Qu'est-ce qu'être autodidacte ? Comme pour beaucoup de mot, on accepte un peu vite une définition flottante sans la formuler. De ce fait, on se retrouve fréquemment avec des simplifications, des raccourcis qui ne représentent plus rien, et ne permettent pas de communiquer avec l'autre, ni de construire un raisonnement solide. Alors donc, autodidacte, qu'est-ce que ça veut dire ?

Apprendre par soi-même

Oui, d'accord, apprendre par soi-même. Mais quoi, pourquoi et comment ? Souvent l'autodidacte a eu d'abord le désir d'apprendre. Parfois sur un sujet spécifique, parfois sur plusieurs sujets divers. Comment ? En apprenant hors des institutions standardisées, telles les écoles et les universités. Les raisons peuvent être multiples. Incapacité à se conformer aux rythmes et exigences des institutions, ennui profond face à ce que propose de façon rigide ces institutions, besoin d'approfondir un sujet hors des savoirs établis, nourrir sa curiosité, désir d'indépendance, etc.

Quels supports ?

Apprendre par soi-même ? Ah ah la blague. Genre tu poses séant sur un tabouret et t'apprends, comme ça, sans rien faire ? Non, il faut un support. En dehors des institutions on peut trouver un maitre, ou un modèle, un mentor qui peut donner des informations, des connaissances, des exercices et un suivi. On a aussi la possibilité d'entretenir des discussions avec des gens divers, de points de vus différents. Ensuite, il y a les livres, les vidéos, les podcasts. Bref, en autodidactie ce n'est pas les supports qui manquent! Néanmoins, nous devons reconnaitre que nous avons besoin d'un support et donc de l'autre. Donc l'autodidactie ce n'est pas recevoir un enseignement par voie divine, ni en autarcie. Bon, ça incite quand même à réfléchir par soi-même avant tout, c'est à dire sur ses propres schémas mentaux.

Comment choisir ?

On a clairement trop de choix dans une telle démarche. Et on peut se retrouver un peu perdu. Par quoi commencer ? Quel objectif ? Quel délais ? Pas facile de s'orienter car le chemin n'est pas balisé. Aussi on adopte cette démarche autodidacte souvent par besoin de spontanéité. On veut déterminer sa propre éducation, sa propre instruction. L'autodidacte se distingue par ce choix permanent. Son approche est souvent transdisciplinaire, c'est à dire qu'il a tendance à moins compartimenter les savoirs et donc à avoir une pensée plus souple et plus ouverte, car il dispose d'une perspective plus large que l'institution standard.

Le coût d'une telle méthode ?

Cependant, il navigue à vue, il essai, fait des erreurs, apprend d'un mentor un temps pour peut être ensuite s'en défaire, pareil pour différents médias d'information. Cela constitue un coût financier, et temporel assez important comparé aux institutions, mais le plaisir est certainement plus élevé et les retombées potentielles peuvent aussi être élevées pour certains. Le coût de la recherche autodidacte est donc élevé, il faut le prendre en compte. C'est à dire que pour une société, ce genre de démarche ne semble pas rentable si la majorité s'y adonne. Il faudrait cependant plus de souplesse entre l'institution et l'autodidacte.

LEs limites

Étant donné que la démarche est basée sur une curiosité, un désir, on bondi d'un savoir/support à un autre avec délectation. On a plaisir à apprendre, à écouter, à converser, à lire. Et ce plaisir est un moteur, une récompense en soi. De ce fait, on peut intégrer plus vite certaines notions. Mais, revers de la médaille, on peut être frappé d'un excès de confiance envers ses savoirs et capacités assez rapidement. A ce niveau, cette confiance peut nous empêcher de continuer nos recherches, et affirmer des choses de façon hâtive avec trop d'aplomb injustifié. Être trop transdisciplinaire peut aussi poser problème à ne pas pouvoir se poser dans un domaine et bondissant d'une branche à une autre comme un cabri. De fait, on ne peut que difficilement communiquer parfois avec les autres qui sont plus institutionnels car ils ont leur jargon, leur méthode, etc. On peut être incompris, voire rejeté pour ne pas correspondre à ce qui accompagne leur démarche. Un excès de confiance envers son engagement autodidacte peut aussi conduire à sous-estimer la valeur des institutions.

Dialogue institution/autodidacte

Au plus je continue dans cette méthode autodidacte, au plus je respecte toutes les méthodes. Il y a des avantages aux deux, et les deux gagneraient à créer et entretenir des points de convergences, un dialogue permanent afin de servir le progrès et le bien général, d'avoir une dynamique à mutuel bénéfice. Les mooc remplissent déjà un peu ce rôle : on choisit un cours sans avoir besoin de forcément prétendre à un diplôme, ni être obligé de suivre tout un parcours sur des années. Mais les universités et écoles pourraient ouvrir leurs portes aux profils autodidactes, que ce ne soit pas forcément une information descendante université vers autodidacte, mais aussi autodidacte vers université. Chose du genre. Car oui, beaucoup d'institutionnels se croient supérieurs, car ils collent à ce qu'ils ont appris, cela leur donne mentalement une légitimité et une ascendance sur l'électron libre. "Hé les mecs, j'ai fait une grosse thèse alors taisez-vous", "Hé je suis juste prof en université hein hein oué". Pareil, moi je suis du genre à casser les icônes de la pensée et de la sagesse dès que j'en ai l'occasion, comme je vous en avais parlé ici. Du coup, si j'ose dire que Bourdieu a tort ou est à côté de la plaque sur tel sujet à une personne ayant étudiée la sociologie à l'école ou les écrits de ce type, oh misère quelle condescendance je me prends dans la frimousse.

Tous auto-didactes ?

Aujourd'hui nous sommes tous auto-didactes. Pourquoi ? Parce que nous apprenons sur le tas les relations avec les plateformes et les technologies. Parce que ces canaux nous exposent tous beaucoup plus largement à des informations que nous gérons à la bonne franquette lorsqu'elles nous parviennent. A force de répétition dans l'erreur ou dans le vrai on apprend ce qu'il convient de faire ou non, ce qu'il est bon de faire ou non, ce qui est une perte de temps, ce qu'est du bruit informationnel, etc. Que nous le voulions ou non nous sommes tous en grande panique face à toutes ces informations et nous agissons comme nous le pouvons sur le coup.

Rappelons aussi, sur un autre registre, qu'il n'y a pas d'école et de formation pour être parent ou ami (bien qu'on puisse trouver des aides ou des guides). Rappelons aussi que la plupart des plus grands penseurs et romanciers et poètes et chercheurs de l'histoire humaine sont autodidactes et pluridisciplinaires, non spécialisés et n'ont pas obéit à des commandes et des obligations institutionnelles mais ont créé et exploré spontanément. Ce n'est bien évidemment pas dire que les institutions ne servent à rien, loin de moi cette idée, au contraire, mais d'essayer de faire comprendre que des profils plus libres permettent probablement une plus grande productivité et de plus grandes avancées, surtout si ils pouvaient avoir l'appui des institutions plutôt que de galérer tout seul souvent. Ce n'est pas parce que nous sommes à dominante autodidacte que nous ne pouvons pas apprendre, que nous rejetons les autres, les institutions, que nous sommes tout fou et inconsistants. J'appelle donc par cet article, à mon petit niveau de blogueur à une souplesse autodidactes / institutionnels, à une collaboration, à une ouverture.

Futur : DIY + Makers

Pour aller plus loin, comme je commence à être rodé sur l'exercice de la prospective, je pense que nous pouvons envisager que la place du DIY grandira encore et encore. Pour l'instant, on en parle beaucoup sur le papier avec des yeux amoureux de ces tendances alors qu'elles restent minoritaires dans la réalité. Cependant, quand on regarde plusieurs éléments et que l'on met tout en perspective, cela prend vraiment tout son sens. On va devoir et pouvoir de plus en plus compter sur soi-même pour créer, élaborer, concevoir. Aussi bien nos objets-outils du quotidiens, pratiques et/ou de fonction décorative, que notre éducation, etc. Par exemple, dans un article, je vous avais parlé du futur de l'alimentation, et alors je pense que dans le court terme nous auront un rôle toujours plus actif dans le choix et la confection. Du moins ces tendances restent du domaine de la volonté individuelle, puis de structures qui les supportent et les encouragent : fablab, espaces de co-working, learning center, repair café, etc. Bien entendu, si vous ne faites rien on va vous refiler toujours plus de production industrielle, formatée, standardisée qui nous rendent passifs et nous font juste subir. Être dans une démarche autodidacte apparait donc, sous cet auspice, comme étant plus qu'une mode, mais un moyen de se réapproprier son environnement, son quotidien, son alimentation, son éducation, bref la chance et l'opportunité de s'auto-déterminer toujours davantage.

A nous d'incarner cela !

Octroyons-nous un rôle pro-actif :))

mon livre >> Le REFLEXE VIRTUEL

Racontez-moi votre parcours autodidacte !

Quels obstacles rencontrez-vous ?
Quelles relations avec les institutions ?
Comment mettez-vous à profit la démarche autodidacte ?