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Paléo, c'est quoi ?

13/10/2016

 
Hexagone blog paléo alimentation

Paléo qésako ?

Paléo est le diminutif de paléolithique servant à désigner un type de diète particulier. Il s’agit de manger aujourd’hui comme le faisaient les humains d’il y a plus de 12.000 ans. Que s’est-il passé aux alentours de ces douze mille ans ? Un changement alimentaire assez important : l’accroissement de la portion des graines et laitages dans nos consommations courantes. Oui, il y avait probablement déjà ces aliments de façon occasionnelle avant le néolithique, mais leurs proportions se sont largement accrues à partir de cette époque. La diète dite paléo pourrait donc se résumer à éliminer de notre assiette ces deux groupes d’aliments que sont les graines (céréales et légumineuses) et les laitages. Bien entendu, le paléolithique est une très vaste période de temps, tellement que ça en est impensable pour nous. Cette vastitude doit nous donner aussi l’idée qu’il n’y a pas un type de diète paléo mais pléthore. Si en plus de ce critère temporel, on prend en compte les variations saisonnières, climatiques, sociales, techniques, géographiques, on arrive à une encore plus large gamme de diètes qui pourraient toutes rentrer dans le type paléo.
Frise évolution humaine

incomparables

Une erreur commune quand on attaque la légitimité des principes du paléo est de comparer l’état actuel avec l’état supposé de l’époque. Ils ne sont pas comparables car divergent sur énormément de plans. La diète paléo part d’une perspective historique, c'est-à-dire déjà le constat que les capacités individuelles des humains ainsi que de leur santé semblent s’être détériorées lors du passage au néolithique. Plus petits, plus gros, problèmes chroniques de santé, volume crânien diminué, dentition en décrépitude, etc. Il ne s’agit donc pas de comparer deux situations, mais de mettre ces données en perspective historique. Historique dans le sens de ce qui a fait l’épreuve du temps. On sait que nos gènes sont comme une mémoire ancestrale et que donc au plus longtemps quantité de nos ancêtres ont vécu certaines choses, au plus on semble en quelque sorte dépendant sur le long terme, nous et notre descendance de ces choses. Ainsi, au plus un aliment est « ancien » au plus il aura de chance d’être correctement accepté physiquement par une large frange de la population. Le sucre blanc par exemple est un des aliments les plus récents. Par contre, viandes et fruits/légumes sont probablement les plus anciens. Il est clair que ces aliments qu’on a aujourd’hui ne correspondent que très marginalement à ce que nos ancêtres du paléolithique disposaient et consommaient. Le brocoli est d’apparition très récente, de même que la tomate et le lait de vache de race Holstein, ainsi que les œufs de poules pondeuses. Mais l’idée n’est pas, encore une fois, de comparer le maintenant avec cet auparavant, ni d’imiter précisément quoi que ce soit, mais de s’inspirer de ce qui a vraisemblablement pu se faire en grande majorité à l’époque, compte tenu de ce qui nous est disponible aujourd’hui. Je sais, peu intuitif expliqué ainsi. Il s’agit d’éviter les écueils de raisonnements erronés.

a tous les niveaux

Néanmoins, une critique plus pertinente de cette diète paléo serait de souligner que les changements ne sont pas qu’alimentaires, il y a toutes les autres conditions de vie qui ont changé probablement en même temps ou proche. Focaliser sur l’alimentation seule est donc une erreur car une isolation, une réduction impossible. Dormir dans une chambre chauffée à 20°C en permanence avec une couette épaisse à longueur d’année n’est certainement pas paléo. Prendre le métro, le bus, se rendre dans des supermarchés, dans des bureaux avec des inconnus, travailler et se détendre devant des écrans n’est pas non plus paléo. Les structures sociales, les conditions de vie et de confort sont très différentes, et surtout très très récentes (donc dans une perspective historique, on pourrait y être moins bien adaptés). L’alimentation ne peut pas être isolée donc, il y a un tout. Un tout qu’on ne peut pas recréer mais dont on peut essayer de s’approcher avec nos moyens actuels. Un exemple tout bête est les légumineuses. Crues ces légumineuses sont toxiques et peuvent carrément tuer n’importe qui. Mais mises à tremper, cuitent, elles peuvent devenir comestibles et pas ou moins toxiques. Pour cela il faut avoir le savoir de repérer ces types d’aliments, savoir comment les cueillir, et puis les préparer, et puis comme il en faut beaucoup il faut savoir les cultiver, etc. Toutes ces étapes entrainent des modalités et des structures mentales et sociales spécifiques. Il y a probablement eu un effet d’emballement ou d’entrainement autour de la productivité de ces graines. Les efforts pour obtenir sa ration quotidienne se sont drastiquement réorientés : sédentarité, moins de diversité de paysages, de climats, de techniques, de sortes d’aliments. Contrairement à une idée qu’on pourrait avoir, la diète au paléo était vraiment omnivore, tandis qu’au néolithique, même si on a agrandit le comestible aux graines et laitages, on a aussi probablement diminué la diversité globale. Aujourd’hui, on est peu omnivore sur une base habituelle, même si on consomme une variété énorme de formes d’aliments (ainsi que d’additifs) ça reste souvent limité à de la farine et de l’huile avec du sucre. On peut cuisiner un chou de cent façons en fonction de la découpe, de la préparation, de la cuisson, du dressage, ça n’en reste pas moins le même aliment.

Omnivorisme

L’omnivorisme est une stratégie spontanée, pourrait-on dire. Le but est d’obtenir le plus avec le moins d’effort. Le plus de quoi ? En calorie, le plus est obtenue avec le trio actuel farine-sucre-huile. Mais en terme de nutriments, pas du tout. L’omnivorisme est une conquête de diversité, car nous ne sommes pas fait pour manger tel et tel aliment, on a juste été forcé ou on s’est forcé à manger ceci et cela. Il n’y a pas d’aliment « naturels » pour nous. Et l’optique du paléo est simplement de rappeler la perspective historique, dans le sens d’a priori meilleure adaptation à tel et tel aliment. Ce point est important, nous ne sommes pas omnivores par nature, par naissance. Il y a beaucoup de débats sur sommes-nous herbivore ou carnivore. Ce sont des catégories dans lesquelles on ne peut pas caser l’humanité entière, ni même un seul individu sur toute sa vie. Dans les conditions les plus rudes, il n’y a pas de doute que beaucoup de nos ancêtres étaient quasi exclusivement carnivore, tandis que dans les tropiques il est possible que l’abondance de fruits et racines était prioritaire. Si on considère les aliments qui ont le moins changé depuis le vaste paléolithique c’est probablement la viande pour des raisons très basiques qu’on modifie moins facilement une forme animale que végétale, qu’on ne peut pas cloner ni greffer des ovins, que le temps de reproduction des animaux est plus long que tous nos fruits et légumes. Il apparait donc clair que la diète paléo doit incorporer nécessairement de la viande. Ce qui a un écho aujourd’hui avec les diètes dites carnivores.
omelette aux légumes et brocoli

Remplacement optimal ?

Le problème de la diète paléo dite classique est le même que pour toute diète qui élimine des types d’aliments : par quoi on remplace le déficit calorique laissé par ces aliments supprimés ? Et la réponse est qu’on compense souvent mal, notamment en compensant sur des aliments dans des proportions jamais possibles à l’état spontané du temps du paléolithique, comme manger 60g d’amande tous les jours, ou des tas d’épinards. C’est là que les problèmes apparaissent avec cette diète, car la dose et la fréquence sont deux éléments important. Si manger 4-5 amandes une fois par an semble peu abusé, en manger 4-5 tous les jours toute l’année c’est déjà n’importe quoi. La saisonnalité concerne beaucoup plus les végétaux que les animaux, à part si on sait stocker certains végétaux comme avec les graines qui peuvent se conserver sous forme sèche, ou encore avec des méthodes de conservations de type fermentation, ou d’autres méthodes qu’on a aujourd’hui totalement oubliés et sommes même incapables d’y songer. Donc on supprime ceci cela, mais est-ce qu’on les remplace à bon escient ? Pas sûr. D’où le constat que beaucoup ne restent pas sur la diète paléo, ou la font évoluer vers des variantes. Le problème aussi est qu’une fois qu’on a enlevé le blé par exemple de son assiette, c’est souvent très difficile de le tolérer ensuite, nous mettant dans une situation de non-retour pas toujours bien vécu (surtout en social). D’ailleurs le choix de la diète paléo d’éliminer les céréales est peut être problématique car peut être que pleins d’autres plantes sont tout aussi irritantes voire plus que le blé par exemple. Je pense à la peau des tomates et des poivrons par exemple. Peut être que d'anciennes méthodes de préparation des graines permettent d'obtenir beaucoup plus de nutriments qu'avec le pain actuel.

Calculs ancestraux

Pour reprendre l’idée que le paléo était l’omnivore d’hier, oui, probablement. Mais il ne faut pas exagérer non plus, toutes les sources de nourriture n’étaient pas comestibles. On part avec cette idée que l’humain du paléo mangeait tout ce qui pouvait lui passer sous la main, mais non ce n’est pas si simple. Les plantes et les animaux n’étaient pas les mêmes que nos versions sélectionnées et lissées d’aujourd’hui. Ne serait-ce que l’inoffensif concombre était toxique dans sa forme originelle. Tous les animaux n’étaient pas comestibles non plus (et ne le sont toujours pas aujourd’hui). De ces points, il s’en suit qu’il devait y avoir une méthode, un apprentissage, une transmission et une sélection des aliments qui « marchent » pour les humains. La consommation de chevaux par exemple devait être importante car ils forment de grands troupeaux, facilement repérables donc et dont on peut être sur de leur innocuité, tandis que certains petits animaux pouvaient présenter une plus grande variabilité. De même, les baies, ces petits fruits dont on raffole aujourd’hui, et bien il peut y avoir des baies jaunes absolument très denses en nutriments et parfaitement comestibles, mais d’autres parfaitement toxiques bien que selon nos critères esthétiques du moment on se dirait qu’elles sont géniales et inoffensives. Contre la consommation importante supposée de viande par les humains du paléo, certains avancent l’hypothèse du charognage opportun. Manger des viandes avariées semblent plutôt une option douteuse, même avec une option de passage au feu. A vrai dire la charogne a pu concerner surtout les os, dont la moelle, sous forme de bouillon d’os donc, et les crânes contenant de la cervelle, et peut être des couches de graisse sous-cutanée. Mais la viande de muscle, ça me parait vraiment improbable compte tenu des pathogènes, ce serait trop de risque. Ces exemples pour nuancer l’idée que l’humain paléo pouvait manger de tout sans faire attention, sans calculer, était un omnivore parfait.

Un de mes dessins d'art naïf au pastel

(ça ressemble à un vélo, et le vélo c'est pas paléo)  :-p
Art naïf Valentin

INAPPLICABLE 

Maintenant, l’idée de la diète paléo n’est pas tout à fait pertinente et peut même créer des problèmes. Que des humains au paléo mangeaient ainsi sans laitages ni graines est une spéculation peu ou prou acceptable concernant l’époque, mais l’application pure et simple du régime à notre temps est maladroite. Par exemple, peut être que certaines céréales sont mieux assimilées aujourd’hui que quantité de nos légumes et fruits, par certaines personnes. Sur quoi se fonde la sélection éliminatoire du « paléo », sur le type d’aliment ? Si oui, alors quand a commencé ce classement des aliments ? Est-ce que les graines n’étaient pas considérées comme des légumes/fruit à l’époque, ou mieux la jonction entre l’animal et le végétal ? Si la sélection éliminatoire du « paléo » ne se fonde pas en priorité sur le type d’aliment mais sur la fréquence et la dose, alors à quelle fréquence et dose les aliments inclus étaient consommés ? Plus avant cela, le simple fait d’incorporer tel ou tel type d’aliment ou boisson change toute la donne. Pareil pour les suppléments alimentaires ou les traitements médicamenteux, et la thermorégulation permanente de nos espaces de vie. Enfin, comme toute diète, elle a le potentiel d’accentuer, pour certaines personnes, des troubles du comportement alimentaire (TCA). Si on inscrit dans la tête de quantité de personnes que tel aliment est « mauvais » il y a de fortes chances pour que beaucoup prennent ça pour argent comptant et intègrent profondément cette idée jusqu’à rejeter inconsciemment tel aliment, car en le consommant même de façon occasionnelle on se met en situation de stress. Or, il ne semble pas de bon aloi de manger du stress. Se nourrir soi.

Voilà. J’espère avoir fait un beau tour revisité du sujet. Vous voyez qu’il est difficile de tout balancer, mais qu’en simultané difficile aussi de tout accepter dans cette idée de diète paléo. Peut être que cette idéalisation du paléo est une sorte de résurgence de mémoire ancestrale concernant certaines parties du vaste paléolithique où un certain pic de la condition humaine fut atteint. Peut être aussi que cet atavisme d’un âge d’or passé vient nous signale qu’on sort du néolithique aujourd’hui.

Primal blue print - Mark Sisson

   Si malgré tout vous êtes intéressés par le paléo, je vous oriente plutôt vers l'approche Primal de Mark Sisson qui propose une démarche plus souple du paléo, orientée aussi mode de vie et pas uniquement alimentation. Livre très abordable, sans trop de jargon, parsemé de résumés synthétiques. Agréable à parcourir, un paléo énergique adapté à notre vie moderne.
Magdalénien
Quoi manger aujourd'hui ?
Clair et Lipide
Carnivore
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