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Célérité en écologie

3/6/2019

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Trois concepts ici : CÉLÉRITÉ, ÉCHELLE et DÉCYCLER
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Célérité

La célérité me semble un trait important. Qu'entend-je pas là ? Telle que je la définis, ici, dans ce contexte écologique/agricole, la célérité est le fait qu'une espèce (exemple de la luzerne) se disperse, se reproduit et produit beaucoup, assez rapidement.

D'un point de vu productif/agricole, la célérité peut être un trait béni, car cela demande moins de travail pour plus de production, en gros. Quand l'espèce est une espèce "désirée", la célérité est vraiment une bénédiction. Mais il y  plus de chance qu'on comprenne la célérité lorsqu'une espèce est "indésirée" ou "invasive". Le lierre présente une belle célérité et peut rapidement couvrir un mur, voire une maison entière en quelques années seulement. Néanmoins, il est toxique pour les humains, et a priori aussi pour les ruminants et animaux de ferme. Dans une autre mesure, il y a pleins de fleurs dites messicoles (coquelicots, centaurées, etc.) qui poussent facilement et se ressèment spontanément sur les champs, mais qui ne sont pas comestibles (les pétales de certaines peut-être mais pas nourrissant) et qui en plus peuvent gêner la montée et la pousse des espèces semées "désirées". Si on sème du blé et qu'il y a un quart de coquelicots, l'esthète en isolé appréciera, moins le producteur et le consommateur de blé.

Il est possible que les espèces que l'on produit et consomme aujourd'hui eurent jadis, au début, une belle célérité. Mais avec la proximité de l'humain et le travail humain, cette célérité a disparue progressivement. Il y a perte d'autonomie de l'espèce pour préparer le terrain, et perte d'autonomie pour se reproduire. La domestication ne se traduit pas toujours par une perte de célérité. Certaines variétés d'herbes sont devenues très résistantes par exemple, se resemant seules aisément.

Néanmoins, les variétés de plantes que nous consommons semblent nécessiter des conditions spécifiques, comme un sol riche et l'externalisation de ses défenses par l'usage de "phytosanitaires" (car beaucoup d'espèces végétales se défendent chimiquement). Nous consommons des variétés riches qui ont besoin de sols riches, et qui donc nécessitent beaucoup de travail. Le travail de préparation des sols, de semis, etc. Mais aussi le travail d'éliminer les prédateurs et les concurrents. D'où l'usage de phytosanitaires qui remplacent le travail manuel harassant. De là à dire que les produits techniques permettent d'économiser du pétrole et du travail direct, certains franchissent le pas sans sourciller. Comme si produire ces phytosanitaires ne constituait pas aussi du travail par ailleurs et la nécessité de l'acheminer, de l'emballer, de les tester, etc. Mais bon, oui, si on focalise uniquement sur le travail de l'agriculteur, moins de travail directement manuel est requis. Néanmoins, ça pourrait être vrai si la surface était de taille équivalente, ce qui n'est pas le cas, car pour rembourser ces surcoûts externalisés il a besoin de plus de production et aussi pour que ce soit intéressant il a besoin de plus grosses parcelles. On voit donc que les situations ne sont pas comparables, car il y a des changements systémiques.


Il apparaît donc une DOSE où le processus agricole :

1. S'empare d'une espèce et la rend progressivement totalement dépendante.

2 Accentue la célérité d'une espèce sans la rendre totalement dépendante.

Semer des espèces à haute célérité comme la luzerne ou le trèfle permet d'obtenir un gain total plus important (rapport coûts /gains) que le tout semence à faible célérité. La faible célérité peut aussi s'expliquer par le "choix" de cultiver des espèces pas ou très peu adaptées aux climats locaux. Exemple de cultiver des tomates en Bretagne ou dans le Nord, et en hiver. La question importante sur laquelle nous arrivons donc maintenant est pourquoi nous avons les mêmes goûts partout ? Car c'est de cette fabrique du goût que vient la nécessité de produire des tomates. L'échelle agroalimentaire portée par les industries et la grande distribution ont progressivement standardisé les goûts et les attentes culinaires de part en part. Avant on consommait plus facilement des espèces qu'on cultivait et surtout reproduisait en local. Qui dit reproduction locale dit probablement bien meilleur adaptation au climat local. Dans le sens qu'une espèce locale n'aura pas ou moins besoin de "s'adapter" qu'une espèce importée. Petite suggestion donc.

Doit-on continuer la surenchère technique aussi massive et standardisée pour des espèces inadaptées ou alors œuvrer pour une échelle plus petite avec des espèces à plus haute célérité locale ?

Je pense par exemple à l'arroche rouge, au topinambour ou au pissenlit, ou à des arbustes fruitiers aux fruits saisonniers locaux plus acides/amers mais donnant probablement plus de certains nutriments. Une cuisine plus spécifique à chaque localité peut se faire sur la culture et les préparations d'espèces adaptées, qui peut comporter des "légumes anciens".
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échelle

La notion d'échelle ! Pensons-y pardi. On entend/lit régulièrement des gens évoquer l'idée de ré-ensauvager, de "laisser faire" la "nature". Curieusement on peut être partisan du laisser-faire dans la nature mais pas dans "l'économie", en même temps. On n'a pas idée de l'échelle écologique que ça prendrait de ré-ensauvager. Pour qu'une forêt prenne une vraie "maturité" il faudrait plusieurs générations, et entre temps il est possible que le milieu se ferme totalement, qu'il brûle, qu'il s'inonde, etc. On est quasiment obligé de créer des "interruptions" humaines de ces milieux. Il est fou de penser que ces interruptions n'interviennent pas sans l'humain. D'ailleurs, il est fort possible que ces interventions humaines de gestion de la forêt soient moins brutales que l'interruption "naturelle". La notion d'échelle va avec la notion de local. La grande distribution amène l'expansion de la grande industrie alimentaire.
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Décycler

Le mantra du recyclage. Oui, avec le progrès nous allons tout recycler disons-nous. Le problème est peut-être d'éviter en amont de trop "décycler". Ce que j'appelle décycler est le fait de sortir du cycle spontané local. Comme je l'avais déjà esquissé dans un article sur les ruines, la nature est composée d'élément qui chaque fois étaient une sorte de nouveau matériaux qui pouvait "polluer" dans un premier temps jusqu'à être remis en cycle. Exemple du bois tombé, ou arraché qui ne se décompose pas très rapidement. Quand on produit un ordinateur ou un portable et qu'il ne marche plus on le jette et il n'est que peu recyclé. Une grande partie de ces produits sont donc décyclés. Peut-être qu'à très grande échelle de temps le plastique et les composants électroniques seront naturellement recyclés. Mais dans l'échelle de temps qu'est le notre, notre existence limitée, cela ne fait que nous polluer durablement.
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Le sol, le travail des plantes et les orientations

Quelques précisions. En écologie, le SOL est primordial. Les sols riches et adaptés aux espèces riches que nous cultivons (pour les manger) ne sont pas majoritaires. Et parmi ces sols, beaucoup peuvent rapidement se dégrader, alors qu'il est possible que leur qualité ait mis des centaines d'années ou plus à s'améliorer progressivement.

On considère souvent que chaque espèce végétale puisent des ressources du sol et basta. Non, il y a une communication entre le sol et l'air, le soleil, les mycètes, les insectes et animaux, etc. Chaque plante travail le sol à sa façon. Il n'y a qu'à voir la diversité des racines, certaines sont fines et restent en surface presque tandis que d'autres peuvent être épaisses et aller très profond. Les insectes nourrissent le sol par leurs déjections, et aussi par leur mort. Les animaux aussi (d'où le fumier de cheval par exemple, véritable or pour le sol).

Le "choix" des plantes que nous consommons aujourd'hui est une combinaison de facteurs, mais il y a des facteurs décisifs qui font basculer les orientations globales. On a put choisir de cultiver massivement la tomate parce qu'elle a une esthétique qui plait beaucoup, ou parce qu'elle présente un avantage en cuisine, ou peut-être de façon spontanée (certains dirons "inconsciente") un certain intérêt nutritionnel. Mais il y a des raisons parfois purement économique, ou politique, et aussi des raisons purement esthétique, quelqu'un qui fait un caprice pour tel aliment, ou alors un cultivateur qui se passionne pour une variété et inonde une localité de sa production. Le fait qu'il y ait une standardisation globale traduit davantage un façonnement stratégique. Rien d'immuable !
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En résumé

Une espèce riche a besoin de sol riche.

Qui dit riche dit ressources pour d'autres espèces
(insectes, animaux, champignons, bactéries, etc.)

Ce qui amène donc une compétition entre notre consommation et la consommation d'autres.

Ce qui amène plus de travail humain (sous forme humaine, ou sous forme de pétrole) comprenant travail manuel, travail de traitement, travail de conception d'outils, de phytosanitaires, de protections, etc.

Les plantes à forte célérité semblent surtout utilisées dans les pâturages, dans l'élevage, mais pas ou alors très peu pour la consommation végétale humaine.

D'où l'intérêt de revoir peut-être le choix de nos consommations (via la cuisine, l'art culinaire) pour faire mouvoir les productions, aussi bien pour l'échelle, que pour la souveraineté, que pour l'écologie et la santé.

Choisir de manger des espèces à basse célérité est choisir d'augmenter le travail global (donc des ressources globales aussi par ailleurs), dans une course à la surenchère technique.

La surenchère technique amène des effets ciblés peut-être efficaces sur un point mais aussi amène des effets connexes (voire l'article sur l'hormèse) sur plusieurs domaines (écologie, santé, souveraineté, etc.).
Localisme
Ruines
hormèse
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