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Localisme

29/4/2019

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Ce qui est proche (humain)

Le local, qu’entend-on par là ? Ce qui est proche, ou plus proche de nous. Très très simple : si j’habite et suis dans une ville - disons Dunkerque - je suis par définition « proche » de Dunkerque. On peut parler selon diverses dénominations, quartier, ville, village, territoire, zone, etc. L’idée est qu’il s’agit d’un ensemble géographique bien concret. Le référentiel est aussi assez concret : nous, en tant qu’individu, ou groupes d’individus. Cela posé, il apparait donc tout à fait naturel que je me sente plus proche de Dunkerque que d’Albi. Oui, je vous entends déjà, on va me dire « non, je peux habiter une ville et la détester et adorer une autre ville très éloignée ». Oui, évidemment, mais ce n’est pas le propos ici, restez concentrés. Ce que je veux dire est qu’en habitant une ville X on a plus de chance d’aimer cette ville, mais surtout, en dehors de l’appréciation d’ordre esthétique ou verbal, d’y agir au quotidien. Le simple fait d’habiter une ville spécifique nous fait avoir un ancrage local bien concret, on y vit, on y mange, on y échange, on y produit, etc. Je me sens obligé de préciser ça, parce que beaucoup semblent considérer qu’on est sans ancrage. Non, non, tu habites un endroit tu fais vivre cet endroit, tu y participes d’une manière ou d’une autre, tu influes sur les lieux, même sans être une star, un haut représentant politique ou économique. Donc, même si mentalement tu penses être ou « appartenir » à Lisbonne, tu es bien concrètement dans la ville où tu habites physiquement. Faut pas confondre notre imagination avec la base du réel. J’insiste sur ce point, car il est important pour saisir toute la suite de cet article.

Dans l’ordre (si on doit mettre un ordre), le local c’est :
soi + les individus proches + son environnement direct > les idées/souvenirs/aspirations.

Le physique/géographique est plus « local » (tangible) que des idées et des abstractions.

Militer en actes du quotidien

En quoi consiste le localisme ? Principalement « militer » - en actes du quotidien - en participant et encourageant ce qui se fait et ce qui est dans la localité. Échanger, produire, consommer, acheter local plutôt que de tout importer. Et ce surtout pour les domaines essentiels, ou autrement dit les plus vitaux (alimentation, construction, transport, etc.). Politique, économique, culturel, et autres composantes de notre quotidien dont on endosse davantage les causes et effets, les décisions et les responsabilités.

Redescendre l'échelle

La notion d’échelle est centrale aussi dans ce localisme. Comme dit au début, le référentiel premier est l’humain, l’individu humain. Que peut retenir, ou percevoir, concevoir un individu ? Un nombre limité de gens, d’endroits, de concepts, etc. Ainsi, quand on se rapproche d’une petite échelle, la plus petite étant probablement l’individu, on se rapproche d’une échelle « humaine ». Un quartier est plus humain qu’une métropole. Une entité politique (pays par exemple) de 30K personnes est plus humaine qu’une entité politique de 80 millions de personnes. Je ne dis pas que tout ce qui s’y fait est plus « humain », mais que l’échelle se rapproche plus de ce qui est possible d’encaisser selon le référentiel humain de base. Au-delà d’un certain nombre (petit) de personnes, un individu ne peut que considérer les autres comme des abstractions, des dizaines de millions de personnes est impensable hormis sous forme de chiffre. Ainsi on réduit ces dizaines de millions à un chiffre ou deux, ce qui n’est plus humain. Ce qui déshumanise tous ces individus, et leur spécificité. Qu’une personne puisse décider pour autant de personne est de la science-fiction dystopique, et pourtant c’est ce qui semble se faire aujourd’hui. De même, décider d’une « solution » pour toutes les villes est une absurdité. S’il y a un problème en local, les locaux sont plus à même d’identifier vraiment les problèmes et les solutions. Quand on applique une solution là où il n’y a pas de problème, ou un problème différent que se passe-t-il ? Interférence, gâchis, vol légal organisé. Il faut revenir aux fondamentaux : la géographie, c’est-à-dire la localité et la spécificité de chaque endroit, quartier, territoire, etc. La géographie et l’individu. Tout dépend (découle) de ces conditions élémentaires.
Ce que le localisme n'est pas >>

Pas opposé aux grandes échelles

Non. Au contraire, au plus chaque constituant, ou chaque échelle plus petite est costaud, robuste, au plus les grands ensembles s’en retrouveront supérieurs. Ce qui se passe est qu’aujourd’hui l’adoption forcée aux grands ensembles de tous les individus et tous les « territoires » semble se faire au détriment de ces derniers. De la même façon que les métropoles et les capitales attirent énormément de monde au détriment des localités. Et pire que cela, non seulement la dissolution de soi dans des grands ensembles (toujours plus grands) cassent les spécificités locales mais elle empêche toute nouvelle création identitaire locale authentique. Je pense à ces folklores pseudo-anciens qui sonnent creux. D’une certaines façon ces gros ensembles prennent une place qui n’est plus disponible pour d’autres échelles plus petites. Substitution (criminelle). Qu’est-ce qui est plus humain et vital ? De faire partie d’un ensemble de 300 millions de personnes ou de donner une priorité à un ensemble de 10K personnes ? Encore une fois, sans opposer strictement les deux, car il s’agit de degré de priorité, d’importance. On parle de « résilience » par exemple, il ne s’agit d’un repli régional, d’un repli national, mais de simplement suivre l’ordre concret des choses. Promouvoir le localisme n’est pas promouvoir l’autarcie mais conserver ou accroitre un niveau suffisant de souveraineté.

Pas "parfait"

Revenir à une échelle plus locale n’est pas dire que tout y est plus parfait. Évidemment qu’il y a toujours des conflits, à toutes les échelles, mais encore une fois la portée de ces conflits est indexée sur l’échelle. Un conflit entre continents fera probablement plus de dégâts qu’un conflit entre deux quartiers. Ne restons pas sur la notion de conflit, qui n’est qu’un exemple de passage. Les coûts connexes et annexes ont beaucoup plus de chances d’être importants, profonds et long terme s’il s’agit d’une échelle de centaines de millions ou plus que de 300 personnes. Le localisme ce n’est pas dire tout est parfait à plus petite échelle, mais tout peut être plus limité en coûts et en imprévus.

PAs un programme clé-en-main

Non, le localisme est justement le contraire d’un programme universel, d’une recette à appliquer de manière identique partout. Déjà ça ne se décide pas vraiment, ça se fait surtout en actes au quotidien. Il s’agit de dynamique et pas d’une pensée magique. Ce n'est pas un package, ou un bouton "cliquez ici pour tout résoudre". Au contraire, chaque spécificité, chaque problème adapté, chaque chose négociée justement en fonction de tous les critères uniques.

Symbolique et intervention

Maintenant j’aimerais essayer de détailler un peu selon différents domaines. La politique par exemple est assez symbolique. La politique consiste à représenter autrui, ou à être représenté par autrui. Cette représentation est pratique, souvent utile, mais elle est déjà une dissolution de soi dans un « représentant ». On tombe souvent dans du purement... symbolique. Ce sont des intermédiaires et pas des « supérieurs ». De la même façon qu’en ce qu’on appelle « économie » il y a en réalité énormément de politique, chaque fois qu’un intermédiaire se glisse entre un produit et l’utilisateur final. La politique à grande échelle est un peu coincée, elle ne peut pas faire quoi que ce soit, elle peut juste intervenir. Et en intervenant souvent elle déplace des problèmes. C'est-à-dire qu’elle identifie un problème, fait tout le monde focaliser là-dessus, et fait disparaitre ou diminuer ce problème. Ainsi, les représentés peuvent se retrouver relativement satisfaits dans le court terme, et oublier la plus grande image, ne pas voir que cette intervention a créé d’autres problèmes ailleurs. Pire que cela, les interventions tendent à encourager des monopoles et oligopoles. Une autre forme d’intervention consiste à interdire, à réglementer, ce qui globalement tend aussi à renforcer la tendance au monopole/oligopole. En dressant ce constat, je ne cherche pas à blâmer qui que ce soit, plus l’effet d’échelle. Ne vous sentez pas visés par les descriptions ci-dessus, plutôt méditez sur l’état des choses et agissez en conséquence ensuite, en laissant ces idées faire leur chemin et qu’on retrouve une échelle humaine.

Garde la foi mec

J'ai essayé de présenter le localisme de la façon la plus générale possible, vous laissant - si vous le voulez - appliquer cela en fonction de différents domaines. Pour "conclure" cet article j'aimerais parler de religion et de foi. Les religions sont des organisations politiques qui parfois prennent le dessus sur une entité (pays-région), mais souvent se juxtaposent ou se surimposent aux pouvoirs séculiers. Il y a un côté "pratique" de ces organisations, celui de pouvoir s'appuyer sur une autorité non incarnée, non matérielle. Le climax de la perte de souveraineté de la foi se situe dans des incarnations verticales justement, du type Pape ou Dalaï Lama. Le pire de la malhonnêteté est de prendre en otage la foi ou des "luttes" véritables (les femmes, par exemple) pour assouvir le besoin de quelques faibles de rendre des gens toujours plus dépendants, donc esclaves. La religion organisée, comme le christianisme catholique par exemple (parce que j'ai été baptisé, donc j'en fais partie), a phagocyté quantité de traditions locales, de rituels, de symboles, de pensées, de croyances, pour donner lieu à un patchwork un peu monstre. Alors qu'à la base la foi en Dieu ne nécessite pas de briser/voler les spécificités de chacun. Au contraire. Et c'est ce qui a pu se faire jadis.

Aujourd'hui, ce qu'on appelle le féminisme prend en otage tout le monde, non pas pour le féminisme en lui-même mais pour briser des spécificités et agrandir l'échelle du pouvoir, nous noyer dans des abstractions. La végémania traduit encore plus ce délire, à la base diminuer la souffrance animale est une idée excellente, mais là il s'agit d'interdire la consommation de viande, de détruire l'élevage, de détruire la cuisine, c'est donc un niveau jamais atteint de perte de souveraineté qui se dessine par là. Produire et consommer local donc, le moins transformé possible, avec le moins d'intermédiaires possible. Faire attention à ceux qui agitent de vertus rapidement "sauver la planète", "le pouvoir aux femmes", parce que ce sont des outils au service de gens stupides qui veulent régenter notre vie et nous prennent pour des demeurés incapables de décider et de faire quoi que ce soit. Reprenons le contrôle bordel !
Cet article - comme d'autres, notamment sur l'hormèse - a été fortement inspiré par la lecture des livres de Nassim Nicholas Taleb, dont Anti-fragile et Jouer sa peau.
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