6/7/2019 parcours général
Néanmoins, j'ai toujours été attiré par la spiritualité, au sens large. Lors de mes moments anti-théistes, j'ai forcément été attiré par le bouddhisme parce que tel que ça nous est dépeint souvent, le bouddhisme est sans dieu, il est donc "rationnel" (sic). J'ai suivi les pratiques à ma façon de la méditation et du yoga. J'ai lu la Bhagavad-Gîtâ, le Livre des Morts tibétain, divers textes sur la méditation, le bouddhisme, etc. Ah, le taoïsme est probablement ce qui m'a le plus marqué. Aujourd'hui encore je trouve que les textes taoïstes sont précieux et de grande valeur.
Par la suite, j'ai été tenté plusieurs fois plus ou moins de devenir moine. Parce que je trouve leur mode de vie très pertinent en général, même si il y a probablement trop d'abstinence de culture contemporaine et de sexualité à mon goût. Mais ça n'a jamais été une déchirure que de ne pas céder à ces "appels", c'était ponctuel et pondéré. Cela fait plusieurs années que je lis des textes davantage monothéistes. Ceux qui m'ont marqué proviennent du soufisme, une branche dite mystique de l'Islam. Il y a aussi eu un livre orthodoxe assez puissant qui m'a fait effet bœuf : La Quête de l'Esprit de Eugraph Kovalevski. Mais, somme toute, jusqu'à lors, je n'avais jamais lu la Bible en entier, ni été à la messe, ni fait de retraite spirituelle en des lieux chrétiens. Même dans mes moments athéistes ou anti-théistes (on a tendance à confondre les deux...), je n'ai jamais vraiment cru au fond à la posture d'envoyer bouler toute idée de divin. Vous savez, à certaines périodes où dans la question "crois-tu en Dieu ?" on entend la question "te soumets-tu à l'autorité ?", et alors on dit "nan!" plus par défiance et pour faire son intelligent de manière enfantine. ça passe.
6/7/2019 Lecture Bible
Ce qui me frappe en premier est cette liste de rituels précis, composé de recommandations très spécifiques, dont les raisons paraissent pour le moins peu intuitives : offrir un agneau de telle façon, bruler la graisse, le sang et autre à part, hors du temple, pour laver une offense... Sinon, le lecteur séculier que je suis est un peu perdu entre voir ces textes comme de la littérature ou un manuel, un mode d'emploi. Mon esprit, comme je pense beaucoup d'autres, a besoin de se brancher sur une fréquence, un genre d'écrit pour dérouler le contenu. Et il reconnait, ici dans la Bible, des éléments de différents genres, d'où léger bug. Je veux dire, quand on achète un essai, on sait à quoi s'attendre en gros, et on se branche sur ces attentes. C'est peut-être aussi dans le fait que la Bible échappe à nos cases, nos catégories faciles que réside une part de son intérêt et de sa puissance littérale.
Ce lévitique, dans le contenu, me semble dégager une vision très orientée magie, ésotérique, comme un ensemble de sorts et contre-sorts. Ce qui m'étonne sur le coup. S'en dégage aussi une discipline intransigeante, très droite, extrêmement rigoureuse, et surtout un tribalisme plein et entier. Ce tribalisme m'interloque. Pas pour le tribalisme en soi, qui est difficilement dépassable, et pas forcément mauvais en soi. Mais, parce qu'en tant que catholique, j'ai été amené à voir d'abord le côté universel. Et qu'en tant qu'individu, je pars d'abord de la foi en Dieu et le reste satellite autour, est secondaire.
Du Lévitique se dégage aussi une certaine idée de progrès, mais pas un progrès par accumulation comme on est amené à le concevoir de nos jours, par défaut. Non, un progrès par évitement, par non-dégradation. Une via negativa comme le rappelle Nassim Nicholas Taleb d'ailleurs, et qui n'est pas étranger à ce regain d'intérêt pour le fait religieux chez moi. Éviter la dégénérescence individuelle et collective est ce progrès. Un progrès par prévention, usant de tribalisme exacerbé, d'incitation à exercer une pression et des punitions sociales, mais protecteur et visant la durabilité la plus grande, l'éternité.
Parmi ces règles de vie, on trouve des règles sur la sexualité évidemment. Pas d'homosexualité, pas d'adultère, même penser à l'adultère est le commettre selon ces textes, ce qui va au delà des revendications sociologistes d'aujourd'hui, donc. La prostitution est une disgrâce, pour le dire de façon modérée, pour les deux personnes. Et la prostitution accepte aussi une définition plus large. Au delà de la sexualité, se prostituer pour des idées, du travail, des richesses, équivaut presque la prostitution sexuelle. Concernant le corps, il y a un ensemble de règles de pudeur sociale élémentaire, y compris à l'intérieur de la famille, un enfant ne doit pas voir nu ses parents ni les parents s'exposer nus à leurs enfants, ni à la famille élargie. Une grande importance à l'hygiène physique quotidienne est préconisée ardemment. Pas de tatouage, pas de scarification, pas se raser les cheveux, pas les couper de façon excentrique pour plaire et attirer l'attention. Et les défauts corporels ne sont pas sains, condamnant les individus concernés et même en partie leur entourage à des repentances ou sanctions ritualisées, et les exclus des sacralités. Concernant l'alimentation, je ne suis pas sans surprise. Je connaissais déjà un peu les règles du cacherout comme ne pas manger de crevette, de porc, etc. Mais il y a des choses plus étonnantes comme l'interdiction de manger du lièvre, des rats, des corbeaux, du sang d'animal, et d'autres choses que mon cerveau a mis de côté au moment où je rédige ces lignes. J'avais lu un essai d'un type qui avait voulu vivre selon les règles exactes de l'ancien testament à New York. Pittoresque.
Règles sociales maintenant. On peut, et même doit faire des choses, faire fructifier ce qui nous a été donné, prêté, mais curieusement la notion de travaille semble comme exclue. Travailler c'est "se rendre servile", et c'est comme de la prostitution, c'est vile. Et il y a des jours où l'on ne doit absolument pas travailler, ni faire travailler autrui. Concernant l'agriculture, il y a des nécessités de mise en jachère à intervalle régulier. Jachère et/ou non-moisson, pour le repos de la terre et aussi comme forme de charité pour les pauvres et les étrangers. C'est débile, mais ça surprend de voir des raisonnements écologiques aussi vieux dans le contexte de la Bible, tellement on est amené à penser aujourd'hui que l'écologie est une chose contemporaine, qu'on a tout inventé récemment. Ah n'oublions pas le fameux "œil pour œil, dent pour dent", ou la règle miroir, qui nous parait brutale et curieusement pas chrétienne, car on a cette vision aujourd'hui qu'être chrétien devrait être se laisser se marcher sur les pieds par tous au nom de la tolérance ou du Christ. Mais il y a aussi le fait que toutes ces règles soient applicables de la même façon pour tous : "la même loi pour l'étranger comme pour l'indigène".
Toute idole est proscrite, et pas de représentation figurative non plus. Chose qui parait en contraste avec l'abondance chrétienne des églises, des livres, des lieux dédiés et sacrés. Mais rappelons que nous sommes dans l'ancien testament.
Dans l'ensemble, je retiens qu'il y a une idée claire de contrat entre humains et Dieu. Un contrat où Dieu donne et où l'humain doit suivre ses directives, sans quoi il y aurait annulation de contrat, et de tous les privilèges que Dieu accorde aux humains. A titre personnel, j'ai une vision de Dieu plus large, beaucoup beaucoup plus large sur plusieurs niveaux. Et ça me fait tiquer cette relation de privilégié entre un peuple "choisi" et le reste. Bon, peut-être que justement la conception de Dieu développée ici est comme la mienne, très très large mais qu'il y a la possibilité d'accentuer une relation spéciale entre un groupe, un peuple spécifique rapport aux autres. C'est à dire, tel que je le vois, Dieu est là pour tous d'évidence, mais il peut donner plus à certains sous des conditions. Une relation privilégiée certes, mais pas "gratuite".
7/72019 commentaires sur la foi
Mes premières impressions en allant à la messe est de ressentir ce décalage. C'est pour ainsi dire la première fois que j'assiste à une messe n'étant poussé par aucune obligation sociale. Je me sentais étranger, pas vraiment en phase avec les gens présents et tout le rituel de la messe. Mais cela s'est vite dissipé, en y retournant. Pleins de sentiments contradictoires naissent en moi autour du fait d'être et d'aller à la messe. Au début, je trouvais ça triste et lancinant, mais bien sur, on n'est pas là comme on est devant un Marvel. Des chants. De bout en bout. Je ne suis pas très musique en général, donc me retrouver à chanter, comme au milieu d'une chorale, ne m'enchante pas des masses. Mais on s'y fait. Et je commence même à y trouver un certains intérêt, non pas pour chanter, mais pour l'idée que le chant puisse s'avérer un média intelligent et pertinent somme toute pour l'expression de la foi, dont foi collective. Je me rappelle les CDs de chants grégoriens et templiers qui m'ont toujours émus et transportés (le mot est peut être fort). Ah et j'ai toujours adoré l'orgue par contre, donc bingo. La première fois, le prêtre faisait des petites blagues, mais sur le coup, tel que j'étais conditionné, je percevais cela comme la preuve que même le prêtre n'y croit pas, ou à moitié, et se permet d'en rire. Ce qui n'est pas le cas, au contraire. Mais j'avais ce réflexe de voir la messe et la foi comme quelque chose de solennel à 100%, et tout humour dans ce contexte comme irrespect ou déviation, alors que non. Cela soutient mon idée qu'on se fait beaucoup d'idées sur l'église, la foi, la messe.
Il y a plein de chants et quelques prières que je ne connais pas et que les trois quart entonnent pleinement sans hésitation. Je m'en retrouve bêta. Mais osef, je suis là déjà, j'apporte du sang neuf (pour filer la métaphore cannibale spirituelle). Ah, je ne mange pas l’hostie, parce que, si vous ne le saviez pas, je ne peux manger quasiment que des viandes et des laitages, quelques légumes. Donc, je ne participe pas au fait d'ingérer un disque comestible de je ne sais pas quoi. Ça m'embête parce que la symbolique me parle, mais bon, on fait comme on peut. Un chips de bœuf me conviendrait bien. Je digresse. Donc, la messe.
J'ai pris cette habitude de bien m'habiller aussi, je trouve que ça s'aligne sur ma volonté et ma foi que je veux manifester d'une certaine façon. Même quand il faisait chaud l'autre jour, j'ai été en pantalon, parce que les shorts ça fait touriste et je trouve que ça ne correspond pas à l'évènement. Bien sûr on peut prier en chaussette claquette et speedo rouge si on veut, mais à part pour démontrer qu'on a le droit de faire ça, je trouve ça sans intérêt et inapproprié. Je ne sais pas, on ne va pas en réunion, au restaurant, ou autres, en chemisette à fleur flashy. Question de cohérence minimum. Bien sûr ça ne reste que du vêtement, et la foi est plus importante. malgré tout, on ressent ce besoin de cohérence en fonction des circonstances. Donc, je tente de mettre un beau pantalon et une chemise pas flashy pour aller à la messe, et ça me plait ainsi.
Une chose aussi m'a interloquée. Il y a un chant final consacré à Notre Dame de Dunes. On lui demande de nous protéger. Ce qui me fait revenir dans mes considérations sur le côté occulte ou magie, ésotérisme, où l'on peut s'adresser et prier des entités comme intermédiaires de Dieu, des entités locales, spécifiquement locales. Honnêtement, je trouve ça bien, mais c'est en même temps surprenant. Joindre l'universalité de Dieu avec la localité très locale. Spontanément je penserais que les deux sont exclusifs, mais non, on peut conjuguer les deux. Tant mieux. En fait, j'avais une vision beaucoup plus monothéiste, un monothéisme strict. Peut être que ça a été influencé par mes lectures du soufisme. Le christianisme est un monothéisme qui incorpore sans problème (aujourd'hui du moins) une forme de polythéisme, et cette inclusivité, cette complexité fractale me ravie, intellectuellement pour sûr, mais probablement plus aussi.
15/07/2019 commentaires sur la foi
21/07/2019 Commentaires lecture Bible
Une chose qui me choque (au premier abord) est ces incitations assez régulières de prendre par la force des terres, une ville. On y trouve un ensemble d'invectives guerrières, comprenant destruction et tueries de masse. Cette violence est choquante aujourd'hui où tout est lissé dans nos sociétés actuelles. Mais à y songer, ce n'est pas dénué de sens non plus. Être chrétien n'est pas forcément être un béat qui attend d'être un martyr et de souffrir. C'est aussi savoir et même devoir prendre sa place dans le monde, avec méthode, et viser la durée, la durabilité de ces entreprises.
L’Éternel punit régulièrement, se met en colère tout autant. Encore un élément qui contraste avec une vision de Dieu amour. On peut noter des punitions sur plusieurs générations même, ce qui parait sévère au delà du raisonnable et étrange car nous ne pensons quasiment plus en terme de générations en continuité aujourd'hui. Mais si on le prend par exemple dans un autre sens, alors cela nous incite à la vigilance permanente, car nous pouvons payer des erreurs et faire payer des erreurs en effet sur des générations et des générations sans que ça en soit volontaire. On voudrait diminuer la peine, la sanction, parce qu'on se figure que L’Éternel est comme une personne, et que donc elle doit être clémente en tout point, mais la réalité n'est pas ainsi. Je veux dire c'est par le procédé comme de personnification qu'on s'imagine être en pouvoir d'amadouer les conséquences de nos actes. Il est vrai que cela est prétention.
Les textes de la Bible sont remplis d'apparents paradoxes ou contradictions. Par exemple, suite à ces incitations de guerre, où le peuple peut/doit piller, tuer par milliers, tout brûler puis revenir tranquillement à des rituels, on trouve l'idée que porter la peine d'autrui est bon. Cette idée est réjouissante au premier instant, et se rapproche bien plus de l'idée du Dieu amour du christianisme, notamment du christianisme catholique.
Parfois je tombe sur des phrases intrigantes : "Il se plaça entre les morts et les vivants, et la plaie fut arrêtée.". Des phrases qui me parlent sans que j'en comprenne nécessairement le sens. J'ai retenu une autre phrase, qui, elle, me parle davantage : "vous humilierez vos âmes, vous ne ferez aucun ouvrage". Une thématique que j'interprète autour du travail, notion qu'on a vu être une prostitution auparavant dans la lecture. Il y a un aspect donc où on travaillerait juste pour se mettre en avant, et on se met en avant pour travailler. Une forme de narcissisme à double entrée, qui s'entretient lui-même. Ne pas travailler ce serait humilier notre âme. Parler d'âme rappelle toujours Marguerite Porete, Le miroir des âmes simples et anéanties.
21/07/2019 Commentaire sur la foi, la pratique
Dans les lectures de la Bible, mais aussi dans la pratique parfois, je suis souvent interloqué d'une conception si tribale, si possessive de Dieu. Aussi que l'Eternel juge les autres dieux (de l'Egypte), ce qui implique de reconnaitre leur existence, ce qui pour moi ramène donc Dieu à un statut non pas de Toute puissance, de totalité, mais de simple divinité un peu spécial tout au mieux. Ma conception de Dieu est bien plus vaste et exclue d'autres divinités, bien que prier Marie, Jésus, et divers saints équivaut à une sorte de simili-polythéisme comme je l'ai déjà noté plus avant dans ce journal. C'est un aspect que je devrais méditer.
Maintenant, oui, je retourne ou plutôt je vais vers une pratique de la foi. Je suis chrétien catholique selon les rituels observés. Mais évidemment je me questionne sur l'affiliation. Est-ce que d'autres formes de pratiques ne me conviendraient pas mieux ? Oui, fort probablement. J'ai songé au protestantisme, mais j'ai comme une aversion pour cette branche, rien que le nom me semble stupide. L'orthodoxie m'intrigue beaucoup, car, d'après ce que j'ai pu lire, ces gens peuvent être très sérieux, très rigoureux, et chercher. Étant plutôt intellectuel, j'ai besoin de faire marcher mon cerveau et critiquer, analyser, méditer par la pensée active. Le catholicisme ne me parait pas mauvais en soi bien évidemment, il est assez lumineux, mais peut-être que la pratique me paraît trop superficielle parfois, voire même cul-cul sur certains points, sans parler de la méthode couet. Je cherche donc quelque chose de plus ancré, plus cherchant. A l'avenir, je lirais certainement des livres orthodoxes. Il faudrait aussi que je rencontre des prêtres catholiques déjà, comme c'est la dominante locale.
Pour revenir sur l'idée de symbole, traité vaguement plus avant, j'ai réalisé qu'en fait toute la religion chrétienne offrait comme un squelette du réel, une structure apparente et non cachée, une ossature sortie presque de la chair du réel, à l'image de ces églises et cathédrales d'ailleurs. Ce qui est choquant, perturbant. Avant je pouvais prendre ça comme un dogme, mais c'est mal comprendre ce dont on parle, ce qu'on vit en foi par là. Pour faire une analogie, ce serait comme si on faisait jaillir une fontaine dans une fontaine, le corps du réel est donné à l'esprit plutôt qu'il ne vogue et le rencontre que ci et là, tout est sortie, le moteur est à l'extérieur. Bref, j'espère ne pas compliquer la chose avec ces métaphores surajoutées. Un réel viscéral, si on veut. Toujours quelque chose de fractal qui me fascine et m'enthousiasme. Ce qui donne l'impression que le réel est plein, ou empli, et pas une zone vide à arpenter comme un animal errant, un zombi.
Ah oui, encore un truc. On pense souvent qu'être chrétien c'est tendre l'autre joue. Oui d'accord, on peut le faire, mais ça ne veut pas dire qu'on doive le faire systématiquement en toute circonstance, ni qu'on doive se laisser marcher sur les pieds par le premier tyran venu ! On confond parfois ce "tend l'autre joue" avec la passivité, avec la complaisance dans la souffrance. Ainsi, une personne en colère ou qui attaque en mot ou en geste une autre personne ne serait pas chrétienne sur cela ? Non, il y a des règles, des règles qu'on peut briser de manière opportune et intelligente (comme chasser les marchands du temple) mais des règles quand même. C'est là aussi où certains catholiques empruntent une naïveté existentielle, tout en se permettant pour certains bien des détours pour se sentir la conscience tranquille (un gros billet à la messe, trois je-vous-salut-Marie et c'est bon). Ce n'est pas propre au christianisme, ni au catholicisme ces travers, évidemment. Et on nous invite à pardonner nos péchés. Seul Dieu est juge, en dernier recours. Ce qui ne nous empêche pas de vouloir survivre, vivre et même prospérer, ce qui ne peut se faire en se laissant taper dessus tous les jours, d'une manière physique, ou verbal,e ou mentale, etc. De ce que j'ai lu jusqu'à présent dans l'Ancien Testament, on est parfaitement dans ce sens, de chercher à être souverain, chercher un pays, faire chemin vers ce pays, avec ce pays (famille, groupe, peuple). Cela rejoint, ce que j'ai du écrire auparavant, les enseignements du nouveaux testaments s'appuient sur le contexte de l'ancien, ils ont un sens à partir de l'Ancien Testament, pas au milieu de nulle part.
24/07/2019 Lecture Bible Deutéronome
"Je ne puis, à moi seul, vous porter" Dieu donne. Mais il faut aussi donner, plus que donner par l'observation des rituels et de ses commandements, j'interprète cela comme oui on peut s'abandonner à Dieu, Dieu peut nous porter, mais il faut aussi être responsable et se porter soi-même. Quelque part, il répond à cette allusion plus loin : "prenez dans vos tribus des hommes sages, intelligents et connus et je les mettrais à votre tête.". On marquera le "connus", c'est à dire qu'Il ne compte pas prendre simplement des gens sages, ou intelligents, mais des gens et sages, et intelligents et connus. Si tu n'es pas connu c'est peut-être que tu n'as pas une reconnaissance suffisante auprès de ton groupe, tribu, peuple. Il faut comme un ancrage social, semble-t-il. Trois critères réunis, ou rien.
"vous n'aurez point égard à l'appartenance des personnes dans votre jugement ; vous écouterez le petit comme le grand" Ici cela contraste un peu avec l'intolérance pour la moindre difformité physique, ou des tribus/peuples qui peuvent être exterminés sans discussion, sans chercher à comprendre leurs mœurs. On est donc face ici à ce qu'on appellerait une ouverture d'esprit au delà de l'apparence, une non-discrimination en tant que norme/base sociale.
"vous ne craindrez aucun homme, car c'est Dieu qui rend la justice." Tel que je le comprends, si on craint un homme en particulier d'une certaine façon on le révère, on peut même l'idolâtrer, c'est à dire remplacer Dieu par un homme. Ne craindre que Dieu c'est donc ne craindre aucun homme, ne pas se faire l'esclave de croyances séculaires, et tout ce qui en découle.
Encore un apparent "paradoxe" avec le "je ne puis, à moi seul, vous porter" : "L’Éternel, votre Dieu, qui marche devant vous, combattra lui-même pour vous". Il y a bien l'idée que Dieu est précurseur de tout, qu'il planifie tout pour son peuple, qu'il combat pour son peuple. Il y a aussi le fait que Dieu combat, empoigne la situation de guerre, pas vraiment à la place de l'homme, mais à travers lui et à travers les ennemis, à travers toute la situation d'opposition.
24/07/2019 commentaires foi
Le catholicisme est sensé être le plus universel possible. Sur le principe cela parait clair et bon. Dans la pratique, il y a ce côté "sois universel" sous entendu comme moi, ou de telle façon. Cet universalisme parait toujours bonne idée, oui, on fait partie d'un même ensemble, d'un même tout, oui, nous avons des conditions d'existence similaires, ainsi de suite. Mais nous sommes aussi tous singuliers, dans des régions singulières, dans des conditions comprenant des singularités. L'universel est souvent synonyme d'écrasement et d'uniformisation. Et donc d'empire, d'impérialisme, de verticalité du pouvoir humain. ça se traduit par le système catholique très vertical, dominé/chapeauté par une personne-symbole : le pape. Je ne dis pas, il peut y avoir une bel esprit dans le catholicisme, quelque chose de lumineux et grandiose, mais il y a aussi cette verticalité extrême qui à mon avis est plus décadence qu'élévation. Surtout, ça n'est plus à l'échelle humaine. Je préfère des cellules locales relativement autonomes et indépendantes.
Dans l'ancien testament on lit plusieurs fois l'interdiction de toute idolâtrie, dont représentation. Cela me parait étrange tant le christianisme aujourd'hui est connu justement pour son abondance esthétique, aussi bien dans l'architecture, que dans la peinture, que dans la sculpture, l'architecture, la musique, etc. Cette abondance n'est pas toujours pour le mieux, mais elle enchante, rayonne et diffuse le message. Pour moi l'idolâtrie est plus dans le fait de s'arrêter, de faire une obsession sur une image, plutôt que l'image elle-même. Bien qu'en effet je dois reconnaitre que chaque objet puisse être porteur de charges pas toujours propices à la clarté spirituelle. Cela rejoint un article de blog sur une prospective de l'art. Pareil, il est fait souvent une différence entre figuratif et abstrait. Alors oui, l'abstrait et le figuratif sont différents, mais ils sont tous deux des représentations, des ornements, de l'esthétique sur lequel on peut se fixer (en bon ou mauvais sens).
04/08/2019 journal foi
Sinon, dans la lecture de l'ancien testament, toujours surpris du niveau de violence. Difficile de faire abstraction de la violence des textes, mais justement, il y a ce côté intéressant où la Bible est à la fois métaphysique et "réelle", un mélange, une alternance qui nécessite une vigilance et en fait plus qu'un livre, plus qu'un simple livre parmi les autres qu'on classerait dans telle catégorie, tel genre, etc. Cette violence met en valeur le nouveau testament qui lui s'axe sur le pardon, l'ouverture, l'abandon. On y voit le chemin, la différence. Mais cela n'est pas nier la violence, le monde de violence, qui est nécessaire sur un plan ou un autre de toute façon. Je comprends l'idée de décharger l'inutile, d'accepter de prendre sur soi la charge d'autrui, afin de laisser place à la vérité, à l'amour, etc. Mais se désarmer totalement peut conduire à manquer de respect, à la destruction. Ne pas participer à l'escalade des armes mais ne pas non plus être totalement à la merci des autres qui sont redevenus sauvages presque à invoquer moult dieux par exemple. En tout cas je ne me vois pas me mettre à la disposition de la connerie, même si j’essaierais de plus en plus de "tendre l'autre joue".
06/08/2019 journal foi
Sinon, "symbolique", je suis assez porté par le "sacré-cœur", ce cœur d'où sort flamme (et/ou croix), parfois le cœur blessé de barbelées. Je préfère sans les barbelées. Je ne sais pas pourquoi ce symbole et l'idée, ou la chose, qu'il représente me porte. Le sacré-cœur serait assez récent dans l'histoire. Genre, très récent. Peut être est-ce venu de ce que le mot esprit, d'où Saint Esprit, ait aujourd'hui une connotation intellectuel et en même temps parfois trop spiritualiste. Le Cœur était un mot pour désigner l'esprit auparavant, pas le cœur physique, et aujourd'hui parler de cœur c'est parler d'une chose qui n'est pas intellectuelle, ou pas que intellectuelle, mais issu d'une couche plus profonde de chaque personne et donc du Christ aussi. A méditer.
J'ai repéré que parfois, une partie de moi se sent supérieur du fait de "croire". Supérieur pas par rapport aux autres, enfin, pour être honnête pas forcément, surtout supérieur tout court, supérieur par rapport à mon moi qui se voulait "libre" de divinité. Cette supériorité est une dignité humaine, existentielle qui manquait cruellement, et qui manque cruellement à beaucoup, sans qu'ils ne s'en rende compte. Je me méfie du sentiment de supériorité lié à un élément identitaire superficiel, ces choses là sont des mensonges, il faut couper court à ces mécaniques. On peut bien entendu s'identifier à une communauté, se sentir dans un groupe spécial, mais pas en faire un drapeau de vanité. Pour autant, il faut savoir accepter cette supériorité, car c'est bien le but, d'être en mouvement, de s'améliorer. Utiliser cela pour une dynamique qui motive et pas une dynamique qui rabaisse autrui. Autrui peut choisir des voies différentes, ces différences ne sont pas des infériorités, se sont des différences. On peut mettre à distance ces différences, respecter l'intégrité de chaque voie. Ce n'est pas toujours facile, car on se laisse emporter par des vanités. Comme je le disais au prêtre que j'ai rencontré : m'affirmer chrétien, lire la Bible, aller à la messe locale le dimanche, toute cette dimension spirituelle me donne une consistance que je ne trouve pas ailleurs, et qui n'est aucunement comparable à quoi que ce soit.
L'expression "croire" m'embête. Pour moi, je ne crois pas en Dieu, ou alors je crois dans le sens de croitre et pas croire. Car Dieu n'est pas dépendant de ma croyance en Lui. Dieu est Dieu, inconcevable pour nous, en nos conditions. Oui, si je vois la chose que d'un point de vu intellectuel alors je pourrais dire que "je crois" en Dieu. Mais d'un point de vu total, je ne crois pas, je ne pourrais même pas dire que "je sais". Dieu est hors croyance. On ne peut que être à l'entrée de l'entrée de l'entrée (etc.) de Dieu. Sa "croyance", ou savoir, ou laisser ce feu en soi qu'est la foi, peut aider à se maintenir sur le bord du bord du bord, mais qu'est-ce pour Dieu lui-même ? On peut espérer qu'on lui rende hommage, hommage non, qu'on lui obéisse, lui laisse place en nous, l'allège et l'appuie en même temps. Je ne sais pas, ces conceptions sont trop hautes pour que je puisse en vrai les manier avec mes mots présentement. Humilité suprême.
07/08/2019 journal foi
Je réalise que j'aurais une petite tendance à être radical dans ma vision des choses via la foi. Tout vouloir rendre sacré presque. En fait, non, le monothéisme consiste surtout à réduire le sacré, en faisant la distinction en le sacré absolu et le sacré ordinaire (dit profane). Bien sûr, on cherche à organiser et vivre sa vie à l'image de sa foi, sinon ce serait de l'hypocrisie, du décor, du factice pire que l'insulte. "Être à l'image de" tient du fractal. Une fractale où Dieu serait le mouvement de base, l'essentiel d'où tout découle, se décompose, se fragmente, devient éventail, se multiplie, se ramifie, s'entrecroise, s'entremêle, etc. Donc, tout ne peut être aussi sacré, aussi haut, mais tout peut tendre vers cette hauteur, profondeur, direction. L'inclusion chrétienne ne signifie pas accueillir toute la violence, toute la merde du monde. Il faut savoir faire des distinction, ne pas être naïf, et séparer le bon grain de l'ivraie. Comme je le ressens, c'est être digne en toute (ou dans un max de) circonstance, et être "propre" au fond de soi, se sentir propre, léger, libre et moteur en simultané. Nous ne sommes pas non plus immaculés, nous ne sommes pas que des esprits désincarnés, au contraire. Ne tombons pas dans un spiritualisme bêta, restons sur terre comme on dit. Si nous cherchons à tout parfaitement aligner sur une même ligne, on risque de tout perdre en chemin et en fin. Or, le but n'est pas de détruire, de tout annihiler, ce n'est pas un pari mais la réalité, il nous faut donc une séparation entre le sacré et le profane. Sachant que le profane n'a pas non plus à être exempt de toute visée sacrée. Il y a une séparation d'ordre pratique, mais le moteur et l'objectif est le sacré. Le pire étant que le dit "sacré" ne devienne qu'un profane bis, un appareil politique qui prend excuse de Dieu pour faire n'importe quoi. Le profane est un sauve-conduit du sacré, un moyen de conserver le sacré. Sans profane pas de sacré.
La tension entre le local et l'absolu. Je suis aujourd'hui à fond localiste. A partir de là on pourrait trouver étrange de soutenir en même temps une religion globale. Déjà, se revendiquer chrétien aujourd'hui en Europe devient un devoir de défense contre cet athéisme ambiant et d'autres religions. Le monothéisme est parti d'Egypte a priori. Et aujourd'hui, le christianisme est une identité profonde de l'Europe, quand bien même on cherche à le détruire. Réduire la religion à une identité est stupide, mais la religion est bien en partie une identité. Si on veut être localiste faisons avec ce que nous avons, pas en important un fantasme d'une religion non monothéiste plus ancienne. A vrai dire, être localiste c'est faire avec ce qu'on a en priorité. C'est donc ici tout à fait cohérent. Ensuite, il y a une différence entre l'absolu sacré, et le particulier profane. Le localisme n'empêche aucunement des vérités supérieures, elle en est même une des conditions nécessaires les plus solides. Dieu pourrait être, selon nos mots et nos petits esprits ridicules, le plus non-local qui soit, et en même temps le plus local. On peut retomber sur ce problème de l'universalisme pervers, le "tu seras universel... comme moi". Le local c'est toutes les distinctions qui font de nous ce que nous sommes. L'ensemble des localités forment plus que leur somme. Tout cela peut être touché par Dieu. On peut être différent mais uni vers une même direction, issu d'une même origine. Une maison n'est pas en concurrence avec le quartier, le quartier n'est pas en concurrence avec la ville, la ville avec la région, la région avec le pays, etc. Il peut y avoir des tensions, mais chaque chose est sur un plan différent, et dans un même ensemble, dans un même tout qui les dépasse, et ce qui dépasse tout : Dieu.
Pourquoi avoir une église là où notre corps qu'importe où il se trouve peut aller vers Dieu ? Pourquoi un symbole ici et là, alors que notre esprit peut pourvoir à tout ? C'est que ces ancrages locales, matériels, sont des entrées, et soulignent la nécessité de réaliser que nous sommes incarnés, faits de chairs et pas que des esprits, nous habitons quelque part, nous avons un corps, un esprit, et une âme spécifique (local), et le but n'est pas le nihilisme spiritualiste. Par la foi, nous pouvons nous passer de ces entrées, ces portes que nous posons nous-mêmes. Mais cela ne veut pas dire que nous ne devons rien construire, rien faire. Au contraire, il s'agit de comment bien s'incarner, et la preuve est que beaucoup d'églises et cathédrales sont d'une beauté qui nous touche profondément. Tout est vanité, mais tout n'est pas vain, la beauté n'est pas vaine, notre existence n'a pas à être vaine. D'où l'incarnation locale.
Conception de Dieu. Comment concevoir Dieu ? Est-ce la totalité la plus totale, ou est-ce une entité supérieur sans être tout, en tout, partout ? Je pense à ça, parce que dans les conceptions actuelles, où certains parlent d'espèce-isme, Dieu ne serait pas que le Dieu des humains mais de toutes les espèces. Il n'a a priori pas "élu" les haricots verts ou les musaraignes, mais bien les humains. Dieu n'exclut probablement pas toutes les autres formes de vie, mais d'une certaine façon, notre forme humaine est supérieure, nous amène ou nous encourage à une élévation. Même dans d'autres traditions, hindouisme et bouddhisme, il est question que l'homme soit la forme la plus aboutie et que tout le reste soit inférieur sur le plan divin, sur l'échelle spirituelle. Les réincarnations sont une sorte de punition. Dans une conception monothéiste, on ne peut a priori pas se réincarner en animal, en végétal, etc. Mais dans une conception non monothéiste cela semble parfois possible. D'un point de vu intellectuel donc, je me demande si par Dieu la plupart des gens comprennent une entité spécifique au delà de nos conditions humaines ou alors la totalité la plus totale, la profondeur la plus profonde, l'ultime, le suprême, le plus haut, etc. Pour moi, ce n'est pas exclusif, ces deux conceptions ne sont pas exclusives. Car si l'on part sur la conception la plus large, globale, alors la conception d'entité spécifique supérieure est une part, une entrée de l'entrée de l'entrée, et n'est pas en dehors de Dieu. Il n'y a que si on limite Dieu à une entité spécifique qu'alors on exclue. A titre personnel, à ce jour, je considère Dieu étant plus proche d'une totalité la plus totale que d'une simple entité aussi supérieure soit-elle. Mais tout cela est d'ordre intellectuel, ne confondons pas la carte et le territoire, en gros, comme il est dit. Sachant toujours qu'aussi loin nous avons l'impression d'aller par l'intellect nous sommes loin loin loin. Peut-être un peu moins loin par le cœur.
08/08/2019 journal foi
Craindre Dieu. Si par principe je trouve cette posture étrange à première vue, je ne peux que en reconnaitre la profondeur. Craindre Dieu. Oui, Il est toute puissance suprême, au delà de toute ce que nous pouvons concevoir, percevoir et imaginer. Oui nous sommes de la poussière insignifiante. Mais je préfère accueillir ou me rendre disponible pour Dieu au sein de Dieu que d'être dans la peur. Craindre Dieu permet néanmoins de ne craindre rien d'autre, ou de façon marginale rapport à cette crainte ultime. Pas de maitre, pas de servitude, car Dieu est le seul seigneur. Mot qui me fait penser à saigneur. Celui qui fait saigner, le maitre du sang. Sang, force de vie par excellence. Rappel des sacrifices d'animaux, mais aussi de toute la filiation jusqu'à nous et nous jusqu'au prochain, ainsi d'infini, d'un seul mouvement. Encore une fois, cette violence revient, mais elle est la nature même que nous devons mourir pour vivre. Il n'y a que l’Éternel qui est éternel. Nous sommes dans la transmission et vivre est un sacrifice en soi. Il ne s'agit pas de se sacrifier pour un maitre, mais seulement pour Dieu. On ne se sacrifie pas pour un principe, ni un pour un prince. On se sacrifie pour Dieu et en Dieu. Ce qui ne veut pas dire négligence, ou auto-destruction. Il faut comprendre la filiation.
09/08/2019 Journal foi
Dans un article récent de ce site, je parlais d'ascèse. L'idée n'est pas forcément d'aller vers le toujours moins, mais d'aller vers ce qui est le plus solide, voir anti-fragile. Choisir ses dépendances, les cibler au mieux, comme des paris, mais plus que ça. Établir un ordre de priorité aussi. On peut se sentir bien sur le moment à boire du vin, mais moins bien après, et nous sommes alors dépendant de cette substance à recommencer donc. Nous pouvons être dépendant d'une personne, de son affection, et alors si elle nous rejette ou meurt, nous sommes descendus brutalement. Dieu est par contre à jamais là, même si il ne nous parle pas directement avec des mots, ni des signes divers. Dieu, "il est le rocher !". Ce qui ne veut pas dire que nous pouvons, ni devons forcément tout abandonner, car nous avons des attaches diverses qui sont bien réelles et qu'il ne faudrait pas négliger. Là n'est pas l'idée. L'idée est que partout nous pouvons aller ver Dieu, être en Dieu. Il n'y a aucune variation. C'est, pour le côté intellectuel, ce qui est de plus durable, par définition éternel, de plus stable. Certains dirons que c'est la possibilité de l'obsession, la mono-obsession même, ce qui est en partie vraie, mais une obsession qui ne va pas à sens unique pour soi seul, c'est-à-dire une obsession bel et bien transcendée et qui transcende. Cela est une dynamique pour nous que d'aller vers Dieu, on n'y est jamais arrivé, on ne s'arrête pas à un élément, ça continu même sans nous. C'est l’Éternel, mais rien de définitif pour nous.
Le concept de péché est souvent galvaudé. Moi-même avant de me réinvestir dans la foi, ou que la foi me réinvestisse, je voyais la notion de péché comme quelque chose de culpabilisant, une espèce de torture vicieuse cherchant à faire de nous des viles créatures par défaut, voire par nature. Dans l'histoire, il y a certainement eu cette notion sous cette acceptation stupide. Mais la vraie notion de péché est de réaliser qu'il y a des effets d'entrainement. Être gourmand c'est simplement se faire plaisir, manger ce qui nous est donné. Mais il y a cet effet où on peut se laisser entrainer par la gourmandise et alors on perd de vu tout le reste souvent, au profit unique de la gourmandise. Vice, péché. Le concept de péché prévient plus de l'effet d'entrainement que de culpabiliser du moindre plaisir. Prendre le péché pour taper sur des gens est stupide et passe à côté du principe même d'avertir, ou prévenir, prémunir contre les effets d'entrainement. Il est évident qu'en plus de l'effet d'entrainement d'une personne en elle-même, il y a l'effet d'entrainement par le groupe. Ainsi si je suis totalement et ouvertement dans tel vice, que je suis possédé par ce vice, alors je peux contaminer d'autres autour de moi, et zapper toute une société à terme. Encore une fois ce n'est pas le péché pour le péché mais le péché pour l'effet pervers d'entrainement.
10/08/2019 journal foi
On parle d’œcuménisme. Finalement, oui, ça se tient, on peut être "chrétien" sans le savoir, et sans le vouloir, pas besoin d'appartenir à une chapelle, à une religion. Besoin d'aucune attache. Sur le fond, c'est vrai. Mais dans la réalité, il faut bien un ancrage. Est-ce que l’œcuménisme chrétien c'est dire que les juifs et les musulmans, et les athées et les bouddhistes sont tous chrétiens ? Tend l'autre joue, jusqu'au bout de la logique ? L'ouverture totale ? On baptise des morts et on baptise sans "consentement" (filiale) toute l'humanité ? En effet, on pourrait voir toute l'entreprise religieuse comme une vanité suprême, et même une prétention ultime, celle d'être aussi important que ça pour Dieu. On a peut-être un contrat avec lui en tant qu'espèce. C'est ce qu'attestent les textes bibliques anciens. Une alliance qui a aussi été brisée moult fois. Que Dieu souhaite ne protéger d'une espèce en priorité sur toutes les autres, sur même toutes les planètes de l'univers connu, parait fou. Pas impossible, mais fou. De là, on pourrait se dire : la chance ! Bénédiction ! Ce sont des questions extrêmement complexes, comme toujours avec la foi et le christianisme. C'est d'ailleurs en partie cela qui m'active tant. Et c'est cela qui peut donner à des populations entières l'accès même extrêmement partiel à une créativité et appréhension de la complexité plus grande. L'écologie a une complexité très grande aussi, pas l'écologisme, mais l'écologie même, pas les études, mais l'écologie même. N'oublions pas que tout ce journal est un ensemble pêle-mêle de ressentis et d'intellectualisation spontanée (je n'ai pas de plan, je déroule comme ça me vient). Dans les faits, les traditions continuent.
Je voudrais revenir aussi sur l'aspect "magie". Il est clair dans notre contexte culturel actuel qu'égorger un agneau ne sera a priori pas un beau geste pour Dieu, ou pour nous purifier en tant que tribu ou autre. Plus personne ne porte de vêtement à franges, ou presque. Ni ne suit l'ensemble des recommandations bibliques à la lettre. D'où la question de qu'est-ce qu'on garde et qu'est-ce qu'on enlève ? Quels critères orientent ces choix ? Tuer autant d'animaux que les rituels de l'AT recommandent est pour le moins totalement inadmissible aujourd'hui. Ça parait évident. Mais j'ai déjà entendu des chrétiens revendiquer un régime végétal là où je n'ai jamais vu une telle chose dans la Bible. D'où ça sort ? J'ai déjà entendu le fait de remplacer les perfusions de sang par de l'eau salé en cas de problème à l'hopital. A part pour l'importance du sang, tout à fait sacré et divin même presque, je ne vois pas où une telle chose est inscrite ou légitime. Il y a un ensemble de superstitions qui sont au seins des religions qui ne sont pas simplement une prévention qu'on ne pourrait pas intellectualiser sous nos filtres séculiers, mais des superstitions qui prennent excuse de la religion pour se perpétrer.
Je reviens sur l'histoire de l’œcuménisme. D'une certaine façon, on n'a quasiment jamais été chrétien dans les faits. On en a été proche peut-être à des époques spécifiques, dans des endroits spécifiques très restreints, mais jamais à grande échelle durablement. Alors on devrait peut-être enfin essayer de l'être. Ou on nous forcera à l'être. Par le mondialisme et le technologisme. La croisée du plan religieux et du développement de la technologie. Transhumanisme chrétien. Comme on a déjà vu des figures chrétiennes encourager la souffrance d'une certaine façon. Peut-être que certains voient dans la souffrance une purification de l'espèce. Je ne sais quelle vision tous peuvent avoir. Un athée peut s’avérer dans les faits plus chrétien qu'un chrétien pratiquant. Cela est indéniable. Est-ce une raison pour supprimer toute religion, ou toute organisation religieuse ? Être chrétien jusqu'à ne plus être chrétien ? Être chrétien implique de ne plus être chrétien ? Drôle de façon de voir, mais je pense que certains puissent voir cela ainsi. Perso, je suis curieux de discuter et d'échanger avec d'autres religions que "la mienne". Cette défiance tribale qui reste marqué dans chaque religion, dont le christianisme est pénible. Mais il y a une différence entre vouloir échanger sur un terrain commun, la foi en Dieu, et supprimer toutes les méthodes différentes, les considérer comme interchangeables ou sans importance. S'unir ponctuellement n'est pas s'écraser de bout en bout. Bien évidemment, on peut imaginer une religion unique pour toute la planète, c'est en partie le rêve du christianisme et de l'islam probablement. On peut considérer le monothéisme comme une religion commune déjà. Et annexer l'athéisme même, et plus. Bref.
12/08/2019 journal foi
J'en viens aux symboles. On a l'impression que la croix a toujours été un signe chrétien. Non. Pareil, faire le signe de croix est tardif somme toute. A priori, le signe Ichtus du poisson a été le premier grand symbole utilisé comme ralliement. Un poisson. Signe de l'ère du poisson comme certains disent. Ère qui aujourd'hui et/ou prochainement est révolue au profit de l'ère du verseau. Honnêtement, je ne sais pas ce que cela veut dire aujourd'hui, peut être plus tard, je ne sais pas. Toujours est-il que de nos jours il parait inconcevable d'être chrétien sans faire le signe de croix et sans se référer à la croix. Il parait aussi inconcevable d'être chrétien sans se référer à la Bible, qui pourtant pendant des siècles n'avait pas été écrite. Imaginons donc un chrétien qui n'utilise pas le terme chrétien, qui n'utilise pas la croix ni la Bible. Que reste-t-il ? On devrait être capable de se défaire de tout cet apparat, cette galaxie d'objets symboliques. Défaire, non pas forcément en les supprimant, mais en les remettant à leur place dirons-nous. En parlant symbole, ont point les "narrations symboliques", notamment rapport à la croix. Cela me donne envie de poursuivre ces narrations symboliques, ou d'expérimenter des "computations symboliques" même. Un truc bien perché qui m'amuse rien que de m'y projeter. Pour revenir au minimalisme, se rappelle à moi des écrits sur le bouddhisme où certains moines zen regrettaient presque la vie sans monastère, où ils méditaient nuit et jour sous un arbre, qu'il pleuve, vente ou fasse grand Râ. Puis-je dire "Râ" pour désigner le soleil sans le diviniser ? Oui. Ce retour minimaliste au sein du monothéisme, à partir du christianisme a été bien mis en pratique systémique par l'Islam. Comme souvent, j'ai l'impression que tout l'Islam est une entreprise de correction du christianisme. Ils ont voulu corriger le christianisme, et en ont formé une religion voulue distincte. Rien que de vouloir corriger, en général, implique une prétention que je méprise. Le christianisme a voulu corriger, mais plus que ça, ouvrir. L'Islam est une correction et une fermeture dans l'ensemble, rapport au christianisme. Autant je suis d'accord avec pas mal de leurs corrections, qui ont tous leur sens, et leur pertinence, autant je trouve vraiment dommage cette restriction, cette fermeture de l'expansion chrétienne. Bref, je ne veux pas tomber dans une querelle stérile, peut-être veux-je simplement marquer une différence et donc conserver une spécificité. L'idée est de revenir au christianisme primitif, surtout là où c'est le plus pertinent. Cela implique de mettre en périphérie ou carrément de côté tel et tel élément. Se recentrer. Viser l'honnêteté la plus entière.
La magie est proscrite selon la Bible. Cela comprend la divination, la sorcellerie, l'invocation des morts, des esprits, etc. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de négation de ces choses, mais proscription seulement. Le but, comme déjà dit au dessus, est certainement de permettre de se recentrer. L'ensemble des forces de chaos sont conservées pour aller dans une seule direction. Pourtant, je pense qu'il y a des traditions anciennes qu'il serait intéressant d'étudier un peu, étudier n'est pas forcément adhérer 100%, ni participer. Ça peut l'être, comme ici j'étudie le christianisme et le monothéisme en l'étudiant. La "force" qu'on utilise ici n'est pas la force qui sera utilisable là. On ne peut pas servir deux maitres en même temps. Mais étudier ce qui nous est opposé, ou notre ennemi même, n'est pas y succomber, ni changer de maitre. D'une certaine façon, on se ferme aux esprits, au chaos, pour s'ouvrir autrement, sur d'autres dimensions/plans. Mais on ne peut pas prétendre que rien n'existe. Une ouverture qui ne soit pas un nihilisme. Cela me rappelle les visions bouddhistes où tout est un reflet et n'existe pas. Derrière cela il y a une vérité, celle de la fractalité de l'existence. Ce fractal n'est pour moi pas un moyen de nier le tout et chaque chose, mais simplement observer l'existence d'une vérité supérieure, d'un principe supérieur. Magie. D'un autre côté, Jésus est comme un guérisseur, il utilisait une sorte de magie donc lui aussi. Mais, oui, il y a une différence, comme les prophètes ne sont pas des devins, ils sont des médiums non pas d'eux-mêmes, mais de Dieu. Peut-être la différence réside là, que tout ce que nous faisons est sous le référentiel divin, et pas seulement notre référentiel personnel, très local (uniquement local). Dieu est le plus extrême, le plus total. Si on se fie de la même façon à Dieu qu'à un esprit ou dieu inférieur, nous sommes sous le joug de l'esprit ou du dieu inférieur en priorité. Même si Dieu est l'ultime, les intermédiaires peuvent brouiller ici et là.
A l'instant, en relisant ce que je viens de poser par écrit, je songeais à ce qui pourrait faire plier la foi en Dieu. Parce que certains tendent à voir cela comme une simple hypothèse parmi les hypothèses, ou un "pari", ou encore une excuse rassurante. Certains imaginent peut-être que si une espèce extra-terrestre super-évoluée venait sur terre nous expliquer la vie selon leur niveau supérieur de compréhension, alors Dieu serait "mort", comme on invalide une hypothèse scientifique concernant le comportement social des cloportes. Ce n'est pas comparable. Certains pensent donc que Dieu est fragile. C'est qu'ils imaginent Dieu pour ce qu'il n'est pas. Dieu est le plus extrême, le plus haut, l'ultime, le suprême. Tout ce qui est intermédiaire entre nous et Dieu ne constitue aucunement une réfutation, ou l'ombre d'un doute concernant Dieu. Si une personne exprime un génie particulier, ou si un être supérieur, extraterrestre ou non, se manifeste, cela ne réfute aucunement Dieu. Cela peut éventuellement partiellement seulement réfuter Dieu en tant que simple pari mou, icône mentale inférieure. Dire qu'il n'y a aucune dimension supérieure à la notre est même, de façon scientifique, absurde. D'ailleurs, d'une certaine manière l'athéisme peut s'avérer anti-scientifique dans l'idée de réductionnisme : tout est ici dans ces dimensions qui sont les nôtres, et rien de plus. On en revient à l'idée que le dit athéisme n'est pas un athéisme. Il est souvent un anti-théisme dans le discours et un omni-théisme ou polythéisme éclaté dans les actes et même les pensées. Bref. Donc Dieu n'est pas un pari, et n'est pas fragile. La croyance humaine en Dieu n'est pas aussi fragile qu'on se le figure non plus. Et penser que "la science", qu'on invoque désormais comme un dieu, est une entreprise contre Dieu est totalement absurde et infantile.
16/08/2019 journal foi
18/08/2019 journal foi
L'autre jour, je songeais au fait que Dieu puisse être Dieu aussi pour les animaux, les végétaux et globalement toute la vie terrestre non-humaine. Bien entendu, il semble y avoir un pacte spécial entre l'humain et Dieu (selon notre propre référentiel). Je suis tombé sur un rappel cosmique aussi ce matin. Cosmique au sens littéral si je puis dire. Il s'agissait d'une courte vidéo montrant la différence de taille hallucinante entre la terre, les autres planètes du système solaire, puis le soleil, puis d'autres soleils. Les proportions donnent le tournis. Et de façon naïve, je me disais "quelle immensité", nous ne sommes rien. Oui, nous ne sommes rien si nous comparons à la taille. La différence : est-ce que tout se résume à la taille ? La taille n'est pas sans incidence, évidemment, et les grandeurs d'échelle sont indéniables ici. Alors, d'abord, je me disais quelle beauté que Dieu choisisse une espèce dans cette immensité, quelle infinie subtilité et finesse. Je me disais aussi ensuite qu'effectivement tout ne s'explique peut-être pas à la taille physique. Résumer tout à l'immensité physique constitue peut-être pire qu'une simple erreur, cela pourrait être carrément un physico-centrisme, c'est à dire se placer uniquement sous un référentiel qui est le notre, le plus sensible et "matériel" (pour ce que ça veut dire). Et si cette "réalité" physique n'était qu'une périphérie d'une réalité "supérieure", ou d'une réalité englobant bien des dimensions/aspects différents. Quelque part, résumer tout au plus "matériel" est une auto-référence doublée d'une auto-justification qui ne me parait pas très rigoureuse en somme. Malgré le choix de l'hypothèse la plus simple comme étant la plus plausible. "La plus simple" pouvant être simplement la plus simple pour nous, dans un contexte culturel spécifique. Mais, d'évidence, Dieu n'est qu'une hypothèse selon le référentiel scientifisant. Voire même pas une hypothèse. Ce qui d'ailleurs est louche et incohérent envers la méthode même. La foi n'est pas un pari. Peut-être qu'il y a une partie du phénomène complexe qu'est la foi qui s'avère quelque chose d'assimilable à un pari. Moi-même j'ai des doutes parfois sur ce qu'on entend par Dieu, et sur certaines "méthodes", ou composantes liturgiques. Pas sur Dieu lui-même. Car j'essaie de ne pas en faire une icône mentale, ou du moins de ne pas figer, de ne pas m'arrêter sur cette icône, ne faire que la traverser.
22/08/2019 journal foi
Trouver un universalisme peut s'avérer un problème néanmoins, car cela pourrait aboutir à écraser les différences locales. Le "sois universel comme moi". Se diluer dans une méthode monde, ou plutôt être annexé dans un bain monde. C'est une dynamique qui semble incontournable, mais dans quelles mesures, quelles proportions, et à quelle vitesse ? L'ironie de ces réflexions est qu'elles sont probablement fort chrétiennes ! Pour ce que "chrétiennes" veut dire. Mais il est clair que de différentes méthodes peuvent naitre des conflits basés sur ces méthodes. Une méthode qui assimile les autres ? Délicat. Le plus délicat est d'augmenter les problèmes liés à l'échelle concernant les pouvoirs politiques qui se servent des méthodes. C'est d'ailleurs un point sur lequel je voudrais insister un peu ici, l'honnêteté envers Dieu. Ne pas prendre Dieu pour excuse, car c'est pire que de ne pas croire, tel que je le conçois. Voilà un côté délicat du divin encore. Le divin c'est reconnaitre une globalité dans laquelle nous sommes, ainsi ne pas se focaliser uniquement sur sa petite personne et rester spontané du cœur au moins. Une question difficile est alors quand j'agis est-ce moi et moi seul ou quelque chose de plus grand ? La sociologie va dire que c'est le groupe, mais c'est un peu bête, et réducteur. Imagine un peu l'égo du représentant religieux pour lequel Dieu ne parle pas, il va se sentir abandonné, humilié, peut-être pas par Dieu lui-même mais par ses pairs et alors ses privilèges peuvent se retrouver sur la sellette. Alors il peut parler à la place de Dieu pour lui, et pas parler de Dieu pour conduire vers Dieu. Un gros problème des représentants de chaque "méthode" religieuse d'ailleurs.
Ne pas charger. Spirituellement, ne pas charger trop un endroit. Rester léger donc. Il y a des lieux de pèlerinage, des reliques, etc. On peut je pense en accepter un peu, mais pas les multiplier outre mesure, ou alors seulement dans l'optique d'en faire des "portes" vers Dieu, à l'instar de chaque église qui n'est pas une dilution mais au contraire un ancrage local pour l'universel. C'est aussi par cela que je pose la question de l'universel. L'universel n'est pas opposé au local, même en spiritualité. Si on charge trop, on risque en retour beaucoup. Cela est proche de la "résilience" écologique. Si on prend de l'humus de forêt pour faire des cultures on concentre des éléments, mais on risque d’appauvrir de grandes surfaces. De là, on ne peut pas forcer le monde à entrer rapidement, du jour au lendemain en une identité spirituelle monde. L'évangélisation a déjà été une stratégie forte dans l'histoire, qui n'a pas toujours été une bonne chose d'ailleurs. Si on concentre trop, on charge trop à un endroit, on risque de s'attirer des voleurs, des envies, de la jalousie et bref un ensemble de processus visant certainement à rétablir cette trop grande concentration ponctuelle. Encore un point où il est difficile de déterminer la dose. Croire, se vouer, en local tout en restant léger et ouvert à l'universel, et l'univers. On retrouve un côté fractal. Ne pas charger ses actes, ses paroles et ses pensées est finalement une voie tellement pertinente, que j'en suis baba. Trop concentrer pourrait briser la fractalité, peut-être. Ce n'est pas le no-mind, c'est reconnaitre que nous sommes traversés et composés d'éléments divers de manière naturelle et nous pouvons surtout ne pas nous focaliser dessus plutôt que de vouloir tout supprimer. Cela éclaire aussi la notion de péché. Se considérer pécheur par défaut permet de reconnaitre qu'il est difficile de ne jamais péché. On a quasiment forcément au cours des dizaines d'années d'existence des pensées pas catholiques comme on dit. On peut éviter d'encourager leur survenue fréquente, pas vraiment les empêcher de bout en bout de se manifester en nous. Une sorte de prévention embarquée. Pas pour culpabiliser, mais pour la vigilance globale.
Le passage de "œil pour œil, dent pour dent" à "tendre l'autre joue". On parle facilement de cette mutation, transition ou évolution. On dépeint le truc comme un progrès. Progrès morale certainement et spirituel plus globalement. Cette présentation, cette façon dont on pense cela me dérange. Déjà d'opposer les deux. Puis de les opposer si strictement. Et ensuite, encore, en déterminer une dynamique. Puis, encore par dessus cela, une dynamique de progression qui juge cela est supérieur à cela. Voyez que cela fait beaucoup de couches axiomatiques dirons-nous. Déjà, est-ce que le œil pour œil s'applique partout pour tout dans tous les sens ? Probablement que non. Et on peut se poser la même question pour tendre l'autre joue. Doit-on tendre l'autre joue systématiquement ? Je ne pense pas que ce soit le propos de ce message. Pareil, le tendre l'autre joue peut s'avérer une arme en fait, contrairement à ce qu'on pense de manière unilatérale souvent. Le don peut servir d'arme, alors le tendre l'autre joue aussi. Bien entendu, le tendre l'autre joue, au final vise à désarmer justement. Face à un loup qui nous bouffe une jambe, doit-on tendre l'autre jambe ? Cela serait peut-être un acte serein beau et profond, dans l'abnégation de soi dans le tout. Doit-on être sans défense ? Ne pas entrer dans la course à l'armement est différent que d'être absolument sans défense. Il existe des niveaux intermédiaires à priori. Tendre l'autre joue peut se faire un contexte d'armement justement, comme dit au dessus. Bien sur, si on est honnête du cœur, on applique ce principe, mieux on l'incarne sans calculer à un profit, petit profit personnel et ponctuel. La spiritualité est penser pour le bien, le profit le plus large possible. Comment conjuguer alors le tendre l'autre joue avec "je ne suis pas venu apporter la paix mais l'épée" ? L'objectif serait de diviser des groupes ? Diviser la famille, diviser les tribus spontanées pour rediriger ces dynamiques et forces vers une autre direction. Dieu en priorité, évidemment. Mais aussi rendre le tout plus flexible, ouvrir.
25/08/2019 journal foi
L'idée de l'introspection de nos "péchés" n'est donc toujours pas un bête moralisme qui s'arrêterait à lui-même, mais une mise au jour de tous nos petits larcins, même dans nos pensées, pas seulement nos paroles et nos actes, dans le but d'être soi le plus léger possible. Bien évidemment, sur ce chemin on risque de se sentir lourd car avec l'attention on réalise à quel point nos méfaits peuvent remonter loin et envahir qu'on le veuille ou non notre quotidien, notre cœur. La confession à autrui permet de renforcer cette lente prise de conscience, mais cela ne se fait plus vraiment aujourd'hui. Et si on a une introspection profonde, peut-être que cela suffit, et que la "confession" ne regarde personne à part soi-même (et Dieu). Voilà, si il fallait traduire en partie l'idée de péché ça pourrait être en partie péché = introspection. Et évidemment, pas une introspection qui nous enferme sur nous-mêmes, un narcissisme, mais qui ouvre vers Dieu. Je parle de cœur léger, et m'est venu plus tard l'image de la pesée des âmes dans l'iconographie égyptienne antique. Plus léger qu'une plume ! Aller, c'est décidé je prendrais les plumes que j'ai ramassées sur la plage et en ville comme porte au rappel de la légèreté du cœur.
On entend beaucoup parler de la "complexité" aujourd'hui, ou de "transdisciplinarité". Tant mieux ! Je suis le premier à trouver ça excellent, ou plutôt le fait de ne plus être totalement cloisonné. Mais attention à ne pas croire que cela est une nouveauté. C'est juste qu'on a quitté ce modèle récemment et qu'on se rend compte que cela ne mène nulle part a priori. Ce qui me fait sourire est que si on conjugue différents domaines on risque justement de retrouver une façon de nous exprimer qu'on appellerait aujourd'hui mystique. Bien entendu, ce ne serait pas "un retour en arrière", ou le retour du moyen-âge (devenu une insulte a priori...). Mais si on réfléchit juste deux secondes on se rendrait vite compte que passer d'un domaine à un autre dans une même phrase peut sonner selon nos perceptions actuelles comme quelque chose d'allumé, de fou. Il faut que ça ait l'allure rassurante (selon nos petites perceptions très strictes du moment). On ne peut pas avoir du transdisciplinaire sans nous exprimer d'une façon qui sonnerait mystique, ou abstraite. Or, il ne me semble pas qu'on soit prêt à entendre cela. Certains sont prêts à suivre des gourous, des idéologies stupides comme la végémania ou l'écologisme, à croire en la cartomancie et les néo-druides, mais attention pas du mystique, qui, pourtant, par définition, est complexe et transdisciplinaire.
Souvent surpris de ces moments où je me souviens que je ne pensais plus à Dieu jusqu'à... y penser. Je me dis : mais comment je peux ne plus y penser ? Et comment je peux ne plus y penser d'y penser x). Non, ça me fait sourire là, mais je me pose vraiment la question, et je suis authentiquement surpris sur le moment. Et alors j'ai l'impression d'être passé à côté de ma vie, que j'étais en mode automatique, zombie. Par "penser à Dieu", il y a bien sûr y penser dans sa tête, de façon mentale, via le nom qu'on lui donne aujourd'hui dans ma langue : Dieu. Mais il y a surtout penser à Dieu d'une façon profonde, dans l'âme, être disponible le plus possible à Dieu, en soi, dans ses propres profondeurs, s'aligner sur Dieu. Le mental est alors souvent comme l'écume d'une vague partie elle-même d'un mouvement plus originel et lointain. Retenir l'écume ou être l'océan en soi (et en plus retenir l'écume). Tout aligner sur Dieu, vers Dieu. Et ne pas penser être Dieu, ou agir pour Dieu ce qui serait vanité suprême !
A la messe, ce matin, j'étais surpris de constater tout à trac à quel point tout le monde s'orientait tranquillement et sans heurt. Une vraie anarchie ponctuelle où chacun respecte la place de l'autre, tout en étant en communion. Un idéal factuel. Vouloir que toute la vie soit ainsi est une tentation courante dans toutes les religions. Mais nous avons la séparation du sacré et du profane justement, sans quoi il n'y aurait plus de distinction et donc plus la force des rituels. Bref, du coup je pensais à la notion de synarchie. Une hiérarchie basé sur le sacré (l'ironie est que hiero signifie déjà sacré). Pas un sacré ordinaire, un sacré symbiotique pour utiliser une analogie biologisante. Syn pour synthèse, synchrone, ou aussi "saint" qui sonne pareil que syn. Cette idée de hiérarchie est intéressante. Qu'y a-t-il de sacré à obéir à une structure et une personne humaine ? Rien. Seul Dieu est maître. Pour revenir vitef sur la réflexion a propos du "ni dieu ni maitre", où "croire" en Dieu équivaudrait justement à n'avoir aucun maître terrestre. Syn comme s'aligner. S'aligner donc sur ce qui en local a du sens, est porteur de beauté, de consistance, de bonté, de légèreté. Et garder en soi que le local s'aligne lui aussi sur de plus grands ensembles, jusqu'à arriver à l'ultime : Dieu.
Le joueur de casino attend d'une certaine façon le sort, bien que ce sort soit réduit à des jeux et de la monnaie, il a une attente du sort. Sera-t-il en sa faveur aujourd'hui ? Et si oui, sur combien de temps ? Et demain ? Et jusqu'où ? Ainsi de suite. Bref, il est dans une sorte de cosmologie miniature qu'il prend comme reflet d'un sort plus grand. Bien que ce soit de peu d'intérêt pour lui profondément, ni pour la communauté humaine en générale. Mais j'utilise ce fait pour illustrer qu'on cherche tous à s'aligner sur un ensemble qui nous dépasse, même si on reste bloqué à des niveaux très bas comme prendre trop au sérieux le jeu.
26/08/2019 journal foi
29/08/2019 journal foi
J'ai regardé la série documentaire "The Family" et cela me chagrine un peu. Je ne sais vraiment quoi en penser. Qu'il y ait une organisation "invisible" qui prend Jésus pour modèle absolu, en se défaisant de la structure rigide de la religion organisée. Quelque part ça reprend l'idée que j'avais évoquée plus haut à propos de l'anarchie, ou synarchie. D'un côté cette organisation ouvre ses portes les plus larges possibles vers le "haut", en visant donc ceux qui sont au pouvoir, qui peuvent être au pouvoir ou qui en sont proche, qu'importe la confession d'ailleurs, car Jésus est sensé être selon cette cosmologie ce qui unit l'ensemble. Même les dictateurs, ceux qui ont massacré et qui massacrent des milliers de gens chez eux peuvent être invités, approchés par cette organisation.
08/09/2019 Journal foi
13/09/2019 Journal foi
21/09/2019 journal foi
Cette semaine, plus fatigante que l'accoutumée m'a fortement éloignée et alors je me suis rendu compte de cet éloignement le soir avant d'aller me coucher. Ces moments où on réalise comme l'éclair qu'on n'a été nulle part même en s'étant activé sans cesse. Cela aussi rejoint la disponibilité de l'esprit qu'on voit à travers la pratique de la méditation de type bouddhiste notamment. Je pense au tao aussi où l'on cherche le flux, c'est proche d'une notion chrétienne sans la dénomination Dieu et les concepts, notions, la figuration qui constelle le ciel chrétien. Le monothéisme va plus loin et englobe cela évidemment, jusqu'à parfois oublier cet état de flux et se perdre dans des abstractions trop intellectualisantes. La tao n'est pas le tao, comme on pourrait dire que Dieu n'est pas le nom par lequel on le désigne, mais il faut bien par le langage et autre se fixer quelque part, même si on sait que cette petite porte technique pourrait-on dire n'est pas Dieu en lui-même. De même qu'on pourrait trouver l’Église en chacun, dans le peuple, et pas dans un lieu spécifique, mais nous fixons par défaut, presque par logistique, et parce que cela reflète notre état parcellaire, locale sur plusieurs plans. Je me rappelle de ces écrits qui relataient un moine zen qui du haut de son temple regrettait presque avant le temple, où il était exposé aux éléments sans cesse, et s'abritait sous un simple pin, à méditer toute la nuit sans relâche notamment. Tout cela pour revenir au fait que j'ai ressenti dans cet éloignement hebdomadaire le profond décalage, et j'ai semble-t-il compris pourquoi on craint tant Dieu dans les textes et dans les rituels et les cœurs. Avant, je voyais la crainte comme limitante, mais maintenant je pense comprendre que cette crainte est vraiment justifiée. Je me suis senti si misérable dans la foi, un être presque méprisable tant ma condition d'existence est basse, vile. Attention, ce n'est pas un dénigrement personnel, je ne fais pas une dépression ni n'entretient une misanthropie subite. C'est du ressenti dans la foi, pas dans mes conditions matérielles séculières. Je ne sais pas si vous vous figurez ce dont je veux parler ici. Oui, peut-être que c'est cette notion temporelle qui m'empêche d'être plus précis ici. J'ai d'ailleurs un peu plus compris à quel point ces enseignements de la Bible et des rituels échappent en partie à une temporalité ordinaire justement. Attention, ce n'est évidemment pas dire que "le temps n'existe pas". Comprenez ou passez. Bref, ce moment de réalisation est assez intense, je me suis senti humilié à une profondeur jamais atteinte, mon cœur pleurait de repentir et de réaliser en simultané la chance énorme d'être là, ce qu'on appelle la miséricorde parfois. C'est comme en route, on oublie qu'on a oublié et alors on se rappelle la destination, joie.
Dernier petit commentaire. Tout à l'heure je comprenais à nouveau que la Bible et tous les rituels, les traditions affiliées échappent au mode de pensée séculier qui se veut "cohérent" et "rationnel". Il y a plein de propos qui ne sont pas "compatibles" entre eux en isolé, mais qui ont tout leur sens si on dépasse cette isolation justement. Est-ce que œil pour œil dent pour dent est compatible avec tend l'autre joue ? Si on les considère de manière isolée du reste, oui, peut-être, mais pas si on voit au delà de cette isolation d’interprétation. Je prend cet exemple parce que c'est le plus connu et flagrant, mais il y en a partout des apparentes contradictions. Savoir voir au-delà. La métaphore, la parabole, etc.
Journal foi 02/10/2019
Un effet que j'observe avec la foi : j'ai tendance à bénéficier d'un recul sur mon époque et mes conditions encore plus fort. Vous savez, cela peut se traduire par l'usage du mot "séculier". Une Église qui existe depuis plus d'un millénaire c'est quand même plus solide qu'une nation seule ou la croyance en un système économique, culturel et autre. Ce n'est pas pour se séparer totalement de mon époque et vivre dans une fantaisie mentale, au contraire, il s'agit d'avoir une perspective beaucoup plus large, et cibler ce qui importe de ce qui déporte.
La foi. Mettre la foi à l'épreuve. Est-ce qu'au plus on souffre au plus on a la foi ? Je me pose cette question parce qu'on présente l'image des martyrs. Moi, je suis dans le confort, je n'ai aujourd'hui aucune menace, surtout dans ma foi. Personne ne me menace de me tuer parce que je suis "chrétien", ou parce que je "crois" en Dieu. Je veux dire, effectivement, il faut avoir une persévérance pour ne pas céder devant la menace de mort ou autres formes de menace d'ailleurs. Mais je me demande si il n'y a pas un risque de comprendre cela comme une nécessité de la souffrance, une nécessité d'être un martyr, même un petit martyr on va dire. Est-ce que souffrir c'est souffrir pour que d'autres ne souffrent plus, ou moins ? Cette question n'est pas encore très claire pour moi à ce jour. Toujours est-il, réaliser la vanité et l'insignifiance de notre vie rapport à Dieu est suffisamment écrasant en mon cœur, d'une gravité sans nul pareil. J'ai essayé de sonder cet infini et j'ai senti à quel point cela n'était pas léger, qu'on ne pouvait pas en faire une habitude superficielle, qu'il fallait aller chercher l'honnêteté de l'honnêteté, le cœur du cœur du cœur. Avoir sondé en périphérie m'a terrassé de frayeur, je ne suis pas prêt, j'ai alors rejoins une légèreté dans la pratique affirmant ma confiance, ancrant ma foi dans le solide sans chercher à percer pour percer, car je ne suis pas digne, je ne suis pas assez propre, pas assez droit, je ne peux qu'offrir le chemin, le cheminement, tendre vers. L'honnêteté la plus complète est effrayante comme rien d'autre, je n'arrive pas à l'exprimer à la mesure de l'effroi.
Journal foi 7/10/2019
Je me défini comme chrétien, et chrétien catholique. Mais évidemment, j'ai ma propre pratique. Je vais à la messe catholique car c'est l'Eglise qui m'a baptisé, celle qui m'est la plus proche de manière culturelle. Je reste sur un monothéisme strict, presque comme l'islam le dessine un peu, bien que je ne connaisse l'islam que surtout via les écrits soufis. Je reconnais certains propos du protestantisme, mais je reste suspicieux à l'encontre de cette branche. Je suis curieux de l'orthodoxie mais je n'ai aucun ancrage local sauf scriptural à cette branche. Oui, le catholicisme peut conférer à première vue à des pratiques idolâtres parfois. Mais vider toute manifestation sous prétexte d'éviter toute idolâtrie est stupide, est mal comprendre ce qu'est l'idolâtrie, et même paradoxalement créer une idolâtrie de l'anti-idolâtrie. Chaque élément est une potentielle voie, entrée vers Dieu. Comme dit auparavant, il y eu des chrétiens sans Bible, sans signe/symbole de croix, sans pape, sans organisation, sans rien presque. Est-ce pour autant que chaque chose est idolâtrie ? Absurde. C'est mal comprendre ce qu'est l'idolâtrie. L'idolâtrie réside non pas dans la chose mais dans la charge ou la finitude qu'on y accorde. Le minimalisme peut être plus idolâtre que la surabondance. L'idée même de Dieu, via le nom "Dieu" peut aussi s'avérer une idolâtrie, car mettre un mot/nom sur quelque chose nous donne l'impression de le comprendre, de le restreindre. Non. Le nom Dieu est une entrée. Quelque part des athéistes et des bouddhistes peuvent aussi tendre vers Dieu en refusant simplement l'idée de Dieu sans refuser Dieu. A vrai dire est-il seulement possible d'être en dehors de Dieu ? On peut seulement s'en éloigner, peut-être. Je pourrais me définir autrement que chrétien, mais j'aime la liturgie chrétienne en général mais surtout l'esprit chrétien, les valeurs chrétiennes, le cœur chrétien. Il n'y a pas mieux, malgré les dérives religieuses toujours possibles et les faiblesses individuelles. Il n'y a pas d'idolâtrie quand on sait en permanence que tous les intermédiaires entre Dieu et nous existent pour eux et peuvent être Dieu, amener vers Dieu. Tout vider, tout casser ne rapprochera pas de Dieu. Le plus important est de rester honnête, d'écouter et faire battre son cœur chaud.
Aussi, suis-je amoureux. Amoureux en tant qu'état. J'aime et je crains en même temps cet état. L'étonnant est que je suis en partie amoureux de Dieu, des écritures, d'un ensemble de foi, et aussi j'aspire à être amoureux d'une personne de chair. On m'a dit plusieurs fois que je ressemblais à quelqu'un d'amoureux. N'est-ce pas le meilleur des compliments ? Peut-être, je ne saurais dire. Suis-je amoureux ? Je tremble en bien et en mal à cette idée. En tant que chrétien et humain j'aspire à être un à deux, et à être un à plus que deux ensuite via l'essence même de l'existence biologique qu'est la reproduction/transmission. Je ne sais pas si cela sera possible pour moi, cela reste un profond souhait. Et cela a un sens énorme en tant que chrétien, bien que je puisse aussi être tenté parfois par la réclusion volontaire afin d'explorer intensément en moi la foi. Mais aimer l'autre c'est aimer Dieu aussi. Certains diront qu'il n'y a que l'amour. Donnons le nom que nous voulons, si ça vous chante. Et même le mot amour peut servir d'idolâtrie, de mot valise pour tout et n'importe quoi. Voyez que la foi et l'honnêteté, ce n'est pas une voie aisée. Est-ce qu'au nom de l'amour on devrait supprimer toutes les personnes pour lesquelles on serait susceptible de tomber amoureux ? Cela n'a aucun sens, évidemment.
Journal foi 11/10/2019
Je songeais à nouveau au localisme rapport à la religion. Eugraph Kovalesvski voulait que la France revienne dans une espèce d'orthodoxie, une orthodoxie catholique ou catholisante, c'est à dire une religion localiste, régionaliste ou à échelle plus petite encore sans forcément reconnaitre une échelle plus grande, mais où l'autonomie est surtout locale. Dans le contexte actuel, où un islam bizzaroïde gangrène le pays, et où il y a beaucoup de dits "non-croyants", je ne vois que cette voie qui puisse faire revenir la sanité ici. Est-ce que ça pourra advenir ? Comment ? Quand ?
Sinon, dans une démarche de description de ce que cela me fait d'être dans la foi, j’essayai de trouver une description imagée. Cela donne quelque chose comme de suit : au sein d'une apparente froideur de la matière, je suis dans une pluie chaude permanente, tout en étant inondé de soleil par le cœur projeté face à soi.
J'ai remarqué qu'on peut se laisser entrainer dans une forme de duplicité par la foi. Comment ? Il y a quelques billets de cela, peut-être un ou deux au dessus de celui-ci, je parlais du fait que la foi donnait une perspective unique, oserais-je dire supérieure. Et de cela nous obtenons un recul sur certains faits du monde incarné, séculier, temporel. Ce recul peut effectivement être une chance inouïe si l'on raisonne de manière très basique. Mais il peut aussi nous entrainer dans la négation de la dite "matière" (il n'y a pas d'autre mot pour signifier ce que je voudrais, alors par défaut...). D'une certaine façon, si l'on tombe dans ce biais, nous tombons plus dans un biais simplement psychologique et nous sortons du spirituel en pensant y entrer. Se rappeler de la petite porte. Le détachement comme l'on dit n'est pas être vraiment détaché, il peut juste s'agir de négligence déguisée en vertu. Encore une fois, si nous tombons en ces travers, c'est que nous faisons de l'idolâtrie en remplaçant Dieu par un concept isolé. Si l'on prend un message, contenu dans les saintes écritures, de manière isolée, on ne pourra que se planter. Dieu est l'Unification Suprême, l'Un, le Suprême, l'Unique. Toujours se rapporter à Dieu, à l'Unité. Si le suprême est un concept isolé du tout, alors nous sommes dans l'idolâtrie, dans des sortes d'effets psychologiques et plus guère dans le spirituel. Dans la foi, on peut parfois se sentir supérieur car nous avons compris quelque chose que beaucoup semblent ignorer manifestement. Alors nous manquons d'humilité. Nous pouvons être meilleur sur un point à autrui, cela on peut l'admettre, jamais en tout. Vanité. Vous voyez que chaque élément est mesuré et tempéré par un autre, et nous voilà dans l'unité qui englobe.
Journal foi 12/10/2019
On pourrait penser que si l'on est croyant, et, à plus forte raison presque, pratiquant, nous sommes exempte de fautes envers le contrat divin. Le problème est qu'avoir signé le contrat n'est qu'un début, il faut l'honorer chaque jour, à chaque instant, toute sa vie. Dans la foi, on serait tenté d'accorder une confiance entière envers quelqu'un de foi, et surtout de sa propre branche. Mais, nous devons être suspicieux envers nos propres errances, y compris et surtout dans la foi, car l'excuse de la foi peut servir d'amplificateur du meilleur comme du pire. On n'a pas à juger l'autre, car seul Dieu est juge dit-on, mais cela ne nous octroie pas le droit d'être ostensiblement indifférent, d'être complaisant à la connerie, au vice. Ce n'est pas juger l'autre, c'est simplement dire ce qui est, comme on dit que le ciel est bleu en description, nous disons "tu agis comme un enfant", "tu te comportes comme un animal".
J'en profite pour parler un peu des relations entre différentes confessions. On lit parfois sur les réseaux des gens qui se convertissent d'une branche à une autre et se voient félicités par des centaines voire des milliers de gens. Le côté identitaire et tribal peut être flatté ou dérangé par cela en fonction de sa branche, mais cela est identitaire et tribal. Accueillir correctement le nouveau est une chose, le transformer en victoire et doigt d'honneur à l'autre confession est stupide et malsain. J'ai lu aussi des gens se réjouir du massacre de chrétiens, mais aussi de l'emprisonnement de millions de musulmans en Chine par exemple. Cela m'attriste profondément. Je dois tout de même reconnaitre que l'islamisme tel que pratiqué aujourd'hui pose un sérieux problème car cette branche est devenue une conquête aveugle du pouvoir par des voies détournées perverses. Je regrette vraiment ce tournant car cette voie porte des éléments essentiels en ses fondements qui sont devenus très superficiels. Où est le vrai islam ? On peut probablement en avoir un aperçu dans les écrits soufis. Le reste semble s'être perdu dans l'objectif militaire de conquête séculière. Le christianisme est remplie d'hypocrisies. Il faut toujours revenir au cœur, à l'honnêteté. Comment se comporter face au tribalisme ?
L'athéisme est vraiment comique et désespérant parfois. Par exemple, beaucoup d'anti-théistes sont partis du postulat ou plutôt hypothèse que la foi était synonyme de croire que tout a un sens, ou plutôt que tout a une signification. Ils sont donc partis sur l'hypothèse totalement inverse : rien n'a de sens, et tout est hasard, aléatoire. Le pire est qu'ils ont même oublié l'aspect hypothétique de ce propos et en font un fondement scientifique, rationnel. Juste pour faire exactement l'inverse de ce qu'ils imaginaient être la posture de la foi, alors que non. C'est assez pathétique parce que, selon ce que je vois, la foi n'est pas bêta-croire que tout a nécessairement une signification. Que tout ait un sens, ça oui, c'est à dire que tout va vers Dieu tôt ou tard. Mais qu'il faille interpréter une mauvaise cuissons de courgette, ou une douleur dans la phalange de petit doigt au vu de Dieu ça non, encore heureux. Je le répète, la foi est plus rationnelle que l'anti-foi primaire, pour ce que rationnelle veut dire.
Il y a quelques billets de cela, je parlais de vertu et de vice. A priori, quand on écoute ce qui se faisait, le catholicisme était surtout du bourrage de mou culpabilisant. Sans nier de bout en bout cet aspect, cela me semble exagéré de réduire toute l'histoire de cette tradition à du dolorisme dirons-nous. Donc, pour revenir au centre du sujet, le vice est pour moi un indicateur fort qui permet d'éviter des effets d'entrainement en chaine. Vous savez, le phénomène de retournement, ou de spin, où tout peut à partir d'un point se voir se retourner. Ces effets de vice sont très concrets, observables et même testables encore et encore. Évidemment, on peut vite faire une obsession du vice et croire que tout est vice, et alors on tombe dans l'idolâtrie, idolâtrie qui n'est pas un vice mais carrément remplacer Dieu par autre chose. J'en parle souvent, car pour moi l'idolâtrie est un concept important, c'est la limite où l'on croit en Dieu ou une statuette, une célébrité, une abstraction, une méthode, etc. Le vice. Toute la foi nécessite une rigueur de l'âme, cette rigueur peut s'avérer fragile. A trop se retenir pour éviter le vice, il est possible qu'il y ait dégringolade à la suite. Une question de mesure, mais toujours avec une exigence qui par essence sera ridicule face à l'étendue du Très Haut.
Journal foi 13/10/2019
Journal foi 16/10/2019
J'ai eu du mal à l'accepter, mais oui, dire je suis chrétien par exemple peut vouloir dire par la négatif. C'est à dire je ne suis pas juif, ni musulman, je n'ai aucune interdiction alimentaire, je ne suis pas homosexualiste, je ne suis pas athée, je ne suis pas existentiellement stupide, etc.
Dans la matérialisme, on part souvent de ce qui est le plus solide. Le problème étant que, justement, ce qui est le plus solide est Dieu et pas une définition transitoire de "la matière". Entre croire la vérité suprême que lâcher une tasse sur du béton va la casser et Dieu, il n'y a pas photo, ce qui est de plus solide est Dieu. Le matérialisme ne s'oppose donc aucunement à la spiritualité, contrairement à ce qu'on est amené à "penser" par répétition souvent. D'ailleurs, je pense au bouddhisme qui séduit souvent des "rationalistes" parce qu'il n'y a pas Dieu, c'est à dire, selon leur point de vu, une hypothèse d'un supérieur (sauf de soi-même et de la "nature"). On retrouve une notion de chaîne, de karma dans le christianisme, c'est indéniable, mais celle-ci a été justement tordue, au moins en partie, par le Christ. Dieu n'est pas une hypothèse. Quand on parle de Dieu, comme je le disais au billet au dessus, on parle de l'étude des relations entre Dieu et les hommes, pas de Dieu lui-même ce qui est hypocrisie (coucou les zinzins de la religion). Le bouddhisme donc, je pense au concept de permanente impermanence. La matière est évanescente. On meurt, nos proches meurent, nos maisons se délabrent, nos savoirs tombent dans l'oubli, etc. La foi est solide, Dieu est éternel, infini, ultime. Est-ce une direction que de croire au délabrement ?
journal foi 18/10/2019
Ce qui m'amène à parler de la nécessité de l'introspection en interne à chaque religion, à chaque branche, à chaque église. D'abord soi, évidement, mais ne pas oublier le groupe qui peut toujours et rapidement dévier. Sans se faire juge, évidemment. La frontière est mince mais elle existe entre juger et remarquer. Si on est moche, accuser le miroir ne changera rien. Dans la religion, comme dans toute organisation, groupe, il y a toujours des moments où l'ennui nous force à aller dans des jeux de pouvoir transformant alors le but initial en conquête de pouvoir. Aujourd'hui on peut voir cela facilement, l'ennui conduit au pouvoir, y compris de façon perverse dans la religion. Toute organisation est forcément politique, d'une façon ou d'une autre, mais il y a des niveaux où tout devient à visée politique. Retournant à l'idolâtrie, insultant tous les honnêtes et Dieu. Prendre excuse Dieu pour faire n'importe quoi est être anti-théiste, et malgré la vitrine où l'on dit qu'on parle pour Dieu, on ne fait qu'affirmer son mépris pour le divin, et l'humain.
Une chose qui semble difficile à comprendre pour les athéistes est que la foi nous procure une dimension supplémentaire, autre. On ne peut pas réduire cela à un effet psychologique ou sociologique, comme on serait tenté de le faire sous notre filtre séculier ambiant. Cette "dimension" peut être en partie cette introspection et ce recul de ce fait qu'on a sur le séculier. C'est une pente dangereuse. Voilà pourquoi il faut toujours se recentrer, retrouver l'honnêteté la plus entière pour s'ancrer et pas pour s'échapper. Cette dimension peut ne pas être comprise par celui qui emprunte un chemin de foi, et alors il peut en résulter une forme de duplicité. Cette duplicité sont des calculs politiques nous éloignant tous de l'honnêteté pour servir un principe et pas Dieu.
Journal foi 21/10/2019
J'ai du mal à croire tout ce qu'on dit sur Jésus. Comme j'ai aussi du mal à me sentir impliqué dans toute la nébuleuse des saints. Je ne peux pas balayer cela, mais simplement relever que je ne me sens pas impliqué dans cet aspect du christianisme. Pareil donc, et cela pourrait paraitre choquant, je ne crois pas en tout ce qu'on dit sur Jésus. Je crois que c'était une personne décisive, et je crois qu'il y a eu un changement profond via sa personne. Je crois au côté christique, en tant que nous avons tous en nous une part christique, nous faisons partie du même corps, comme nous disons parfois. Je ne peux pas rejeter Jésus, et encore moins Jésus Christ. Mais je suis prudent, dans mon état d'avancement spirituel. Je garde Dieu pour ultime. Jésus a amené, par lui-même mais aussi par tout ce qui l'a suivi, un changement déterminant. Jésus c'est plus que la personne biologique, et l'histoire autour de lui. Encore une fois, j'insiste sur le fait que je ne rejette pas les saints et tout ce qu'on dit sur Jésus. Je suis prudent, je pense qu'il est tout a fait possible que tous les saints et les anges puissent exister sur un autre plan. Mais je ne me sens pas impliqué à ce jour. Dieu est l'ultime. Étrangement je crois fortement au sacré-cœur. Je n'ai, à vrai dire, aucun doute là-dessus, parce que ça correspond à mon "ressenti". La pesée des âmes, le cœur. Maintenant que j'y pense, je serais peut-être tenté de me rapprocher, de chercher les saints et les anges, ne serait-ce que pour éviter d'être dans un monothéisme trop strict, pour ne pas tomber dans l'idée potentiellement destructrice où "c'est Dieu et moi" sous entendu, tout le reste est négligeable. Je vais au moins me renseigner dans mon possible à cet égard.
Sinon, je suis toujours atterré par les critiques anti-théistes anti-religion. Tout à l'heure j'écoutais un ancien "fondamentaliste" chrétien américain critiquer la religion chrétienne. Il le faisait avec moins de stupidité que les anti-théistes classiques, mais ça restait plutôt atterrant. Après, je suis d'accord que certains chrétiens et branches de la chrétienté sont un peu superficiels, j'ai mis "un peu" par respect, mais ça me démange. Certes, on n'a pas besoin de présenter un minimum d'intellect pour être dans la foi, mais bordel, ça ne veut pas dire qu'on doit agrandir sa stupidité et tomber dans le spectacle. Certains anti-théistes partent du principe qu'avoir la foi c'est manquer d'intellect ou d'esprit critique, et ils peuvent facilement avoir confirmation de cela. Ils font en réalité un jugement de valeur à placer sur une échelle de la "raison" ou plutôt du "raisonnable" (selon une vision particulière) des individus. Vous allez me dire que je fais un jugement esthétique sur la façon d'être chrétien. Oui, peut-être, j'ai simplement beaucoup de mal avec l'hystérie démonstrative. J'assume.
Journal foi 22/10/2019
Je pense aussi à ce qu'on cré des "stars" et des "icônes" et des totems en tout genre aujourd'hui, cela ne s'oppose pas à Dieu, mais peut le masquer en quelque sorte. Certains voudraient créer un paganisme, mais cela est voué à l'échec car l'idée de Dieu est une réalité qu'on ne peut oublier une fois là. Il n'y a pas de retour possible, il y a juste des abandons temporaires de certaines méthodes, ou des changements de méthodes. Tout ça pour dire que, oui, Dieu est vraiment ce qu'il y a de plus ultime, au delà de tout pensable, mais tellement au delà ! Des gens qui pensent acquérir une liberté en refusant la réalité se libèrent en fait eux-mêmes d'eux-mêmes mais pas de Dieu, ça n'a aucun sens de penser ça. Cela a encore moins de sens que de dire que je m'extrais de la planète Terre, ou de la biologie, pour être libre. C'est impossible.
Journal foi 23/10/2019
Journal foi 28/10/2019
Il y a une vision linéaire, presque progressiste du monothéisme souvent. Non, il n'y a que la chrétienté qui s'est vraiment émancipée et a proposé quelque chose de nouveau et de plus grand. La "soumission" a été une critique de la chrétienté, comme le protestantisme l'a été du catholicisme. Au final, ces deux critiques majeures avaient raison sur des points importants, mais ça ne méritait aucunement de créer quelque chose à part, ça a été une erreur. Et d'ailleurs, je pense qu'il n'y a qu'une voie possible, c'est que ces critiques soient réincorporées dans la chrétienté catholique et orthodoxe. Certains pensent que la "soumission" aurait comme plus de portée car elle est plus récente. Raisonnement typique du progressisme, qui est pourtant une erreur. Il n'y a que la chrétienté qui ait un sens à l'échelle locale comme globale. Certains pourraient dire que la chrétienté est une critique du judaïsme, et quelque part oui, c'est vrai. Il y a quand même une différence de taille, celle que l'ancien testament parle d'un peuple élu, d'un pays élu, d'une ville élue. Le christianisme a posé des bases contre le tribalisme des textes initiaux, et a relevé que l'élection est pour tous en potentiel et pas seulement de manière extrêmement restrictive comme on le décrit dans l'AT. La chrétienté peut apporter des réponses aux problèmes d'ailleurs. Elle a bâti une tradition très solide, des œuvres splendides, et les plus florissantes réflexions. Donc, pour revenir au propos initial, cette conception pétée du progressisme verrait l'athéisme ou l'anti-théisme et le soumissionisme comme des choses plus modernes que la chrétienté qui elle serait un truc ancien. Curieusement, on ne va pas dire que le judaïsme est poussiéreux parce que ce serait "anti-sémite". Mais sur la chrétienté, on peut y aller. Non, cette façon de voir ne marche pas. Pour moi, il y a beaucoup de gens qui sont des chrétiens qui n'ont pas réussit à comprendre des choses importantes, et se disent par là autre chose que chrétiens.
On peut en revenir à : qu'est-ce qu'être chrétien ? Est-ce appartenir à une chapelle ? Non. Être chrétien est simplement l'humain qui tend vers le divin, fait parti d'un corps divin. Certains parlent de chrétiens dits primitifs. Primitif pas dans le sens d'inférieur, évidemment, il faut le préciser, mais dans le sens d'originel. J'en ai déjà parlé ici, il y a eu des siècles de chrétiens sans croix, sans Bible, sans toute la liturgie, sans... en fait avec pas grand chose, pour ne pas dire rien. Bref, on y reviendra.
Sur la conception de Dieu, on m'a opposé récemment que le Dieu vieux barbu il n'y croyait pas. Moi j'y crois en tant que possible manifestation de Dieu, pas en tant que Dieu lui-même bien évidemment ! Ce genre de réflexion me fait plaisir, parce qu'elle soulève le fait que le nom même "Dieu" est un raccourci pour dire "études des relations entre Dieu et les hommes" (grosso modo). Voilà pourquoi c'est une erreur que de trop politiser une religion. La foi qui s'organise devient une religion, une religion qui prend de l'ampleur devient de facto politique. L'essentiel est de ne pas se confondre avec Dieu. La séparation du pouvoir politique du religieux-spirituel est absolument nécessaire. La séparation ne peut être totale, évidemment, et supprimer toute religion sous prétexte qu'elle peut être politique est stupide. Comme il y a une séparation du sacré du profane, il y a une séparation du politique du religieux. Sans cela, tout est sacré donc rien ne l'est. C'est la séparation qui permet au sacré d'être. Voilà une erreur fondamentale de la dernière branche en date du monothéisme notamment, foncièrement incapable de faire une distinction toujours aujourd'hui. Quand on est dans la conquête, on sort de la foi. Proposer quelque chose, ou du moins parler de quelque chose est différent que de l'imposer, de forcer. Si on dit parler pour Dieu, on est un menteur, on se prend pour Dieu ou prophète. On peut parler d'étude de la foi.
Une autre remarque m'a été faite, et semble être récurrente. Pourquoi Dieu n'empêche pas la souffrance, les calamités, etc. Cette remarque m'apparait un peu étrange. En quoi Dieu serait responsable déjà ? Et en quoi, même si il était responsable, cela serait une preuve qu'il n'existe pas, ou alors qu'il serait pervers ? Pour arriver à de telles suppositions, il faut ne pas comprendre de quoi on parle quand on dit Dieu. On en revient à cette incompréhension initiale. Peut-être que ma notion de Dieu est hérétique pour certains dans la chrétienté, je ne sais pas, mais pour moi Dieu va bien au delà d'une figure, d'un grand esprit. C'est l'ultime. Confondre Dieu avec un grand vieux barbu est la même chose que de penser qu'être chrétien est appartenir à une religion parmi d'autres. Appartenir à une forme organisée du christianisme peut faire partie de la chrétienté, mais on peut aussi ne pas s'affilier à tel christianisme spécifique tout en étant chrétien. Un catholicisme hybridé avec l'orthodoxie, c'est à dire une religion locale, ou localiste peut s'avérer une bonne, si ce n'est la seule belle voie possible pour la chrétienté. Comme en parlait Eugraph Kovalevsky par exemple.
Journal foi 11/11/2019
Avoir la foi conduit aussi tôt ou tard à adhérer à une certaine esthétique. Esthétique dans le sens de totalité mais aussi esthétique dans le sens de cohérence du beau ou du beau cohérent. Rentrer dans une église magnifique, peu sont insensibles à cette beauté. Une cohérence chromatique, figurative, etc. Faire la beauté, la transmettre.
En lisant Joseph Ratzinger, une remarque m'a interpellé. J'avais déjà parlé du fait que le nom même de Dieu pouvait être trompeur parfois, ou du moins qu'on pouvait l'interpréter de manière un brin trompeuse. Ratzinger souligne que Dieu est justement devenu comme personnel, et ce par opposition au local. Si avant on pouvait vénérer un dieu en un endroit précis, maintenant on sait que Dieu n'a pas de lieu spécifique, il est dans le peuple, dans chacun. C'est une sortie de la nature pour nous, humains. Pas une sortie totale, évidemment, faut-il le préciser. Pour autant on n'a pas annuler le local, et chaque localité a son église, et il peut y avoir des pèlerinages balisés, fixes. Mais Dieu est surtout dans le peuple. De la même façon, on a des centaines voire des milliers de figures de saints, ce qui n'oblitère aucunement Dieu. Dieu personnel au lieu d'un dieu local. Le fait que Dieu ait un nom et pas une abstraction abstraite est extrêmement important. Ce qui a été encore plus renforcé par Jésus, le rendant non seulement encore plus personnel, mais aussi de chair et d'os.
17/11/2019 journal de foi
La foi semble être souvent vue comme se prendre pour supérieur. Pas avec la foi chrétienne authentique. Elle me permet de développer une entièreté de mon être que je n'avais pas, et notamment de continuer le développement de ma pensée sans tomber dans l'idolâtrie et les travers orgueilleux habituels de la raison seule. Évidemment, la foi est jonchée d'errances, et même invoquer l'humilité ou la vanité peut nous permettre de justifier tout et n'importe quoi. Oui, parce que si je ne suis rien, alors je n'ai rien à perdre et je peux me dédouaner de tous mes torts. Si tout est vain alors tout ce qui se fait et se dit n'a aucune importance et je peux accepter toutes les bêtises et abominations du monde, voire même les perpétrer moi-même. C'est aussi la philosophie du pardon qui peut aboutir si on la rend extrême de pardonner toutes les atrocités et les non sens du monde, encore et encore. Voyez qu'il y a toujours un équilibre à trouver. On ne peut pas se contenter d'appliquer un "conseil" en dehors des autres. Il y a tout un contexte. Et la chrétienté présente le plus beau et le plus complet des contextes. Tel que je le vois aujourd'hui, on ne peut pas réduire la chrétienté à une religion, comme on ne peut pas réduire la Bible à un livre. C'est bien plus que cela. Est-ce que la foi est se prendre pour supérieur ? Non. Mais on peut reconnaitre que la chrétienté est le summum de toutes les "croyances". Le message de la chrétienté est suprême. Même si on peut toujours critiquer les institutions et les individus et les groupes s'en réclamant, la chrétienté va bien au delà. Mon esprit en la matière est néophyte de chez néophyte, mais mon cœur ne ment pas.
J'ai discuté de mon "coming out" chrétien avec des gens qui se disent par défaut "athées". Il y a toujours les mêmes éléments qui reviennent. Ils admirent d'une certaine façon les gens qui ont la foi (oui, pour le coup ce n'est pas des anti-théistes). Ils sont aussi très sceptiques sur l'historicité et la véracité. Tout est vu comme une construction et donc qui dit construction dit entourloupe. Ainsi, c'est comme si on disait : je n'ai pas la foi, je voudrais bien avoir la foi, mais je ne veux pas suivre quoi que ce soit. Ce qui s'entend, la liberté. Mais aussi la peur de l'engagement peut-être, car on présuppose, on surestime voire fantasme totalement ce que signifie que d'être chrétien aujourd'hui. Il n'y a personne qui va vous obliger à vous engager dans les ordres religieux ! Et personne ne va vous réprimander si vous n'allez pas à la messe. Moi j'apprécie énormément la messe. Aussi bizarre que ça puisse paraitre à dire de la sorte. Et je vais même vous dire que j'apprécie que la religion organisée chrétienne (catholique dans ma région) soit si minoritaire dans la liturgie du quotidien. Cela donne de l'espace, plus d'authenticité, et plus de possibilité d'action et de renouveau. Je parle beaucoup de la foi, et j'adore en parler, mais je verrais presque comme un échec que mes paroles convainque quiconque de se "convertir". Évidemment, je ne serais pas mécontent que plus de gens s'intéresse à la chrétienté, c'est la destinée. Mais pas par des conversions. Il faut que ce soit authentique, il faut pour cela que la foi frappe, pas que l'individu fasse son marketing pour recruter et forcer à suivre. Et la foi est un mystère. Il y a un an de cela, j'aurais été dubitatif voire moqueur qu'on m'annonce que j'allais aller à la messe toutes les semaines.
Ah, parmi les critiques, on m'a à chaque fois sorti les prêtres pédophiles, le scandale que Dieu puisse permettre les massacres, les tempêtes et autres atrocités terrestres. La pédophilie des prêtres est vraiment immonde, ça me désole tellement. Pour les enfants, en premier, et aussi pour les prêtres en question qui ont été indignes et que je n'ai pas de mal à juger moralement à mon niveau. Pour Dieu qui "permettrait" toutes les atrocités comme preuve soit qu'il n'existe pas, soit de sa perversion, ce n'est pas facile à répondre, à part que rendre responsable Dieu de tout et se dédouaner de tout me paraît quand même étrange. Du reste, je ne peux pas parler des plans de Dieu, je ne peux pas parler à sa place, faut-il le préciser !
Une dernière remarque du jour. Le solennel de la liturgie, ponctué quand même de traits d'humour de la part du prêtre souvent, n'est pas pour impressionner les gens, ou les rendre soumis. Pour moi, le solennel représente l'amour dans la reconnaissance de la vanité. L'élan et l'enthousiasme de l'amour, quand on est porté par la foi, mesuré par et rapporté à la reconnaissance que nous sommes vanité. Cela n'a donc rien de triste non plus. Sauter au plafond à la messe traduit plus une hystérie qu'un amour, et si on veut du spectacle qui en mettre plein les yeux autant aller voir un film de super-héro, ou un concert qui pètent les tympans. Le solennel c'est le partage contenu, le respect de l'autre, la politesse, la mesure et la profondeur, la consistance. Ponctué d'un peu d'humour si on veut, si ça nous fait peur. Donc, le solennel est l'amour dans la reconnaissance de la vanité.
25/11/2019 journal foi
Aller, on remet une couche sur l'athéisme. Quand des gens disent "je ne crois pas", en fait cela signifie "je crois que je ne crois pas", et je crois que je suis plus malin, je crois que je ne suis pas dupe, pas naïf. Le mot même croire signifie aujourd'hui l'à peu près, le probablement faux, une posture inverse du scepticisme, du doute, et donc presque, rapidement, de toute intelligence. Quand on entend "je crois", on entend aujourd'hui "j'ai abandonné la réflexion, la recherche" et presque mon cerveau même. Cela donne l'impression de dilution et d'abandon. Alors que ce n'est pas le cas. Du moins, ça peut l'être pour certains, chacun est unique et libre. Mais ce n'est pas un abandon de ses capacités. Il peut y avoir plusieurs abandons nécessaires avant de dire "je crois". On parle de renoncements, mais ce ne sont pas des renoncements à l'esprit critique, ce sont des renoncements à se dévouer, ou à vénérer des abstractions inférieures, ou plutôt de ne pas remplacer Dieu par d'autres dieux, ce qu'on appelle l’idolâtrie. Je remarque donc que beaucoup de gens mettent une distance avec la foi partagée par peur d'être pris pour naïf, ce qui est justement naïf comme peur. Être méfiant peut toujours être justifié d'une certaine façon. Mais on surestime aujourd'hui l'effet d'embrigadement dans la foi, surtout dans la foi chrétienne.
Au sein même des "croyants", on retrouve une méfiance rationaliste. Hier encore j'entendais des croyants souligner que le fait que les écrits du nouveau testament aient été écrit après, et par différentes personnes à différentes époques fait que cela ne serait pas crédible. Pour moi, cet argument peut au contraire souligner la pertinence et le réalisme de ces écrits. Puisqu'on avançait l'excuse de l'esprit scientifique, j'ai répondu que la science était justement un processus et pas un truc qui tombe dans les mains tel quel, et qu'ainsi les écrits correspondent plus à la science qu'à une révélation toute cuite. Totalement contradictoire, on voudrait pour que ce soit "scientifique" que ça ne le soit pas du tout. Mais c'est assez courant avec le scientisme. Ce qui est fascinant aussi avec cette histoire de doute rapport aux écrits, est qu'on a l'impression que personne, pendant des siècles n'aurait eu l'idée de vérifier l'authenticité et la pertinence de ces textes. Lors de cette soirée, le père a justement pointé du doigt, à un moment, que c'était très fort probablement les textes les plus disséqués de l'histoire.
Cela illustre qu'on s'imagine souvent les croyants, et notamment les représentants religieux, comme un peu benêts à n'avoir jamais rien remis en question, à n'avoir jamais douté de quoi que ce soit. Il est vrai qu'on a des associations mentales aujourd'hui qui nous disent que si quelqu'un est gentil, parle avec le cœur léger, avec des mots doux, il est forcément un peu bête. Pareil avec le côté récitation. Si tu récites ou copies tel chant et tel geste c'est que tu es un peu niais. On pense ces choses là, sans s'imaginer que ça puisse être l'inverse. La messe par exemple n'est pas un lieu pour vraiment étudier comme on étudie un texte à l'école, chez soi. On "étudie" par la communion, par le partage d'un moment, de quelques mots, gestes, etc. Ce qui n'empêche absolument pas de lire et de réfléchir. La messe n'est pas un lieu d'étude littéraire ou philosophique. On peut aborder certains points, évidemment, on peut échanger un peu aussi parfois, mais ce n'est pas le but. Et la foi ne se résume pas à la messe. On a cette idée qu'aller à la messe serait le seul moyen de manifester sa foi, de l'approfondir, d'être chrétien, alors que non. Moi, je trouve ça important aujourd'hui, d'y aller régulièrement. Mais ce n'est pas ce qui fait que je me dise chrétien.
Sinon, j'imaginais qu'être chrétien aujourd'hui serait aussi faire attention à son corps. Pas idolâtrer son corps, évidemment. Mais tout de même le rendre plus en santé, plus vigoureux. Je vois beaucoup de gens plutôt sveltes chez les chrétiens, et cela est bon, mais on voit peu de gens costauds, musclés, qui en imposent physiquement autant qu'intellectuellement. Aucun doute que beaucoup de chrétiens puissent être très performants dans l'intellect. Mais parfois tellement, qu'on devient chétif. On gagnerait à se muscler physiquement. Afin d'être plus complet, d'une certaine façon. D'ailleurs, je songeais à ce que pourrait nous dire Jésus à notre époque, nous inciterait-il pas, en voyant nos états physiques, à faire plus d'exercice ? Que dirait-il des technologies aussi ? Mais cela est un autre sujet, pour plus tard.
Toute religion peut porter une engeance totalitaire. Mais il faut reconnaitre que le monothéisme donne des suppléments à cela. Le judaïsme se définit comme une tribu, et donc même si par là on considère tout le reste comme inférieur, ce qui peut facilement être perçu comme une provocation, cette limite tribale permet de ne pas tomber dans le totalitarisme, a priori. Le christianisme a ouvert cette tribalité et donc aussi la porte à l'universalisme qui vire facilement vers le totalitarisme. L'islamisme combine le retour à la tribalité avec l'universalisme le plus total. Sinon, le simple fait d'avoir la foi peut être perçu comme une supériorité sur autrui, peut importe la confession sur ce point. Et moi-même en tant que chrétien, je me dois d'être honnête, et je me considère d'une certaine façon supérieur à d'autres. Mais attention, je ne me considère pas supérieur parce que je suis chrétien, mais parce que je suis sur la voie de la compréhension du message christique, et que je sais que beaucoup de gens peuvent l'être honnêtement. J'en ai vraiment rien à faire de la conversion. Moi, je vais vous dire, j'apprécie que les églises là où je vais ne soient pas bondées. J'apprécie que la religion chrétienne ne soit pas une obligation, je trouverais cela même stupide et antinomique. Ce que j'aime est de voir, sentir et partager la foi, et les valeurs inhérentes à la chrétienté. Ainsi, je ne me considère pas supérieur, mais je sais que je suis supérieur parce que, sur ce point, j'assume ma foi. Je ne suis pas supérieur en mathématiques, en art, et autres. Mais avoir la foi est un plus dans l'existence, et ce plus est à la portée de beaucoup. Supérieur donc dans le sens d'aller vers le mieux, pas dans le sens d'acquisition de statut absolu. Si vous saisissez cette nuance importante.
Ce qui m'amène dans ce chapitre est donc de surveiller, d'être vigilant quant à cette tendance au totalitarisme inhérent à la religion. D'ailleurs, j'y pense, je n'aimerais pas aller à la messe avec ma famille par exemple. Pour moi, c'est un moyen d'être une personne à part de ma famille, car c'est une affaire personnelle avant tout la foi. J'aime partager des valeurs communes avec ma famille, mais je n'aimerais pas retrouver ma famille à l'église régulièrement en même temps que moi. Ce serait une distraction. J'ai de la chance, ils n'y vont jamais. Je comprends que des gens qui ont été forcé d'aller à la messe tous les dimanches en famille peuvent arriver à en être saturés. Par exemple, on m'a en quelque sorte forcé au baptême parce que j'étais bébé. Mais je n'ai absolument aucun regret de cela, je le referais aujourd'hui sans hésiter. On ne m'a par contre jamais forcé à aller à la messe, même lors des fêtes importantes, Noël et autres. Au contraire, on m'a toujours induit une distance. J'ai souvenir que la communion était une belle chose que j'ai beaucoup apprécié sur le moment, mais j'ai vite retrouvé le rythme et les préoccupations d'un enfant puis d'un adolescent, jusqu'à me croire supérieur à justement ne pas croire, à rejeter en bloc. Voyez que finalement, se sentir supérieur par la foi peut être aussi un argument inverse, le "je me sens supérieur parce que je ne crois pas". Cette longue errance en dehors de la foi me permet d'être plus tolérant, parce que j'imagine que si mon moi d'aujourd'hui parlait avec mon moi d'il y a 2 ans, ou d'il y a 12 ans, je serais en désaccord profond. Ce qui me fait revenir sur l'idée que le cheminement est ce qu'il y a parmi les plus importants dans la chrétienté.
Revenons à cette idée de totalitarisme. Quand on y pense, d'une multitude de dieux, on s'est retrouvé avec un seul et unique Dieu. D'une multitude de livre on s'est retrouvé avec surtout un seul livre. Cette dynamique me parait absolument génial, mais on peut y voir un aspect totalitaire. Devant la masse grandissante de savoirs, dont savoirs écrits, qu'elle n'est pas si idiote l'idée de vouloir condenser, proposer une synthèse multiforme au delà de tous les genres et usages. Attention, je ne réduis pas la Bible à une entreprise de la sorte. Je propose une façon de voir un peu bébête mais qui me semble peut éclairer le propos. Pourquoi ne puis-je pas prier le dieu de l'océan si je vais en bateau quelque part ? Avec le christianisme catholique on peut prier Dieu directement et/ou via un saint ou une sainte. Ces saints et saintes sont des représentants divins pourrait-on dire. Désolé je caricature pour suivre l'idée. Il n'y a plus vraiment de restriction. Le catholicisme peut paraitre encore plus totalitaire car il propose une verticalité humaine représentative du divin sur terre, avec le pape au sommet. Je ne sais exactement ce qu'il en a été dans le passé, mais aujourd'hui je ne vois pas de problème majeur à cette organisation, au contraire.
Journal foi 01/12/2019
Hier je discutais un peu des pensées de Krishnamurti. A l'époque où j'ai commencé à lire ses livres et écouté ses entretiens, j'avais été assez sidéré de ses propos. Il est extrêmement radical. D'un côté je suis d'accord avec lui dans sa recherche de l'honnêteté, de se défaire de ses illusions, tout ça. Mais il a une approche très bouddhiste zen en réalité. Zéro mental, no mental. Aucun rituel, aucune attache, etc. Le détachement. Aujourd'hui je trouve cette posture assez vaine. Rejeter toute construction de rituel est se condamner à en recréer de nouvelles spontanément, tôt ou tard, ce qui constitue une perte de temps justement. Krishnamurti peut dire par exemple que prier Dieu est aussi vain et virtuel que de prendre une drogue, ou d'acheter en bon consommateur. Évidemment, certains vont probablement à la messe, ou se disent chrétiens et s'en servent comme d'une fuite de la réalité comme il dit. Si on veut jouer à ces jeux, alors qu'est-ce que la réalité ? Qu'est-ce qu'une fuite ? A bientôt. Il transparait de cette posture un moralisme plus fort que ce qu'il cherche à dénoncer. En quoi la déconstruction ne serait pas une construction elle aussi ? Quel intérêt alors ? Se mettre en valeur, imaginer qu'on est plus libre en suivant cette idée de devenir libre ? Cela fait longtemps que je n'ai pas relu cet auteur, mais ces postures m’insupportent. Il est probablement plus nuancé sur certains points, mais comme il relègue ma foi à la louche à un divertissement je lui renvoi la finesse de sa sagesse en broyant ses présupposés. Faire la démonstration qu'on peut ne plus penser, ou être libre au point où on n'a plus d'attache me semble absurde au possible. Oui, le mental peut poser problème parfois. Et alors ? Oui, on a des attaches à notre famille, nos amis, notre ville, nos paysages, nos cultures, etc. Et alors ? Pour moi cette réflexion de la pertinence de chaque chose est effectivement importante, mais rester sur ce plancher est vraiment plan plan et infantile. Mon dos pose problème parfois, alors je ne vais plus l'utiliser. Aussi absurde que ça.
C'est pareil avec le détachement du verbal. Bien sûr je peux comprendre qu'on veuille se détacher du verbal, et alors tu deviens tout sens, ou aucun sens en même temps. Pour moi c'est une forme d'esthétisme aussi, pas supérieure, ou pas plus dans le vrai que la chrétienté qui embrasse le verbal. On a la vie monastique qui peut dans certaines branches explorer ces idées de dénuement matériel et verbal et sexuel, et tout ce qu'on veut sauf Dieu. Dire que Dieu est une fuite du réel est quand même pousser l'insulte et l'absurde un peu loin. Voire les propos sur l'athéisme ou l'anti-théisme.
Comment j'en suis venu à la foi ? En fait je répondrais que je sens la foi quand je lis la Bible, c'est vraiment surprenant. Et je suis toujours que dans la lecture de l'ancien testament. J'attends avec impatience d'arriver au nouveau testament. Mais déjà à l'ancien, même devant des passages qui ne présentent aucun vrai intérêt en soi, je ressens quelque chose de supérieur. J'ai beau m'éloigner et revenir des textes, à chaque fois c'est les mêmes effets. La liturgie et les églises ont un effet similaire, bien que moins fort, sauf devant la beauté parfois. Et bien sûr je peux toujours interroger mon cœur vis à vis de Dieu et alors je suis à chaque fois terrassé. Ce pour quoi j'évite de le faire trop souvent, ou alors seulement en entrouvrant la porte et sentant la température (pour l'analogie). Dans la radicalité je pourrais dire que je n'ai besoin que de ma conscience. Ce qui n'est pas faux, d'une certaine manière. Et même ce que j'appelle ma conscience pourrait s'avérer une illusion. Ce qui n'est pas faux d'une certaine manière. Mais est-ce que reconnaître cela signifie qu'il faut tout envoyer bouler ? Tout supprimer ? Ridicule. Absurde. Je peux admirer certaines personnes qui sont radicales dans leurs voies, leurs méthodes, mais jamais quand il y a systématisation, et bien évidemment quand ça porte préjudice à autrui faut-il le préciser.
Pour la plaisanterie. Je pensais à ce que si j'étais seul, pas d'obligation sociale du tout, je ne me raserais pas la barbe, même si la mienne est moche, et je ne me couperais pas les cheveux. Je serais alors comme le prescrit l'ancien testament. Bon, pour les invectives vestimentaires de l'AT, je repasserais. Je songeais alors à ce que ne pas se raser les dessous de bras pour les femmes serait aussi probablement biblique. Ce qui m'amuse un peu au passage parce que le féminisme se construit parfois en opposition à la chrétienté qu'il jugerait misogyne de fond en comble. Et le féminisme dit parfois qu'être féministe c'est ne pas se raser les dessous de bras. Alors que c'est "biblique" de ne pas se couper le cheveux et de ne pas se raser. Le choc. Je me sens obligé de préciser que je ne réduis pas le féminisme au fait de se raser ou non les bras, évidemment, merci de m'éviter cet écueil d'interprétation, c'est juste une réflexion de passage qui m'amuse vaguement, rien de plus.
Journal foi 6/12/2019
Comme je l'ai déjà noté quelques fois, l'inspection de son cœur est probablement ce qui est le plus puissant dans la foi. Mesurer l'honnêteté. Alors, parfois cela me prend d'observer mon cœur, d'être heureux dans les tréfonds de mon âme, jusqu'à vouloir crier et alors ne même pas crier en dehors ni crier en son cœur, mais laisser le cœur en chaleur irradier progressivement, éternellement. Cela paraît de la poésie, mais c'est ainsi que je le vis, et je ne vois pas d'autre façon plus directe de le dire. En fait, je réalise pleinement, par la foi, à quel point il y a plein de plans différents et pas un seul monobloc.
Journal foi 10/01/2020
On peut toujours se demander si tout ce que l'on fait dans la foi n'est pas une vanité. Pourquoi le signe de croix, pourquoi une église, pourquoi des livres, pourquoi des rituels, pourquoi des gestes, pourquoi des symboles, pourquoi des interprétations, etc. Si Jésus ou un prophète ou un signe puissant et indéniable venait aujourd'hui, on se sentirait peut-être encombré de nos traditions. Est-ce que le vide est mieux ? Peut-on vraiment n'avoir aucun rituel, aucun lieu, aucune croyance ? Non. Certes, la foi implique d'être capable de tout laisser en plan au cas. Cela ne veut pas dire que tout ce que nous faisons et construisons par foi n'a aucune valeur, ne devrait pas être. Il y a même probablement une plus grande vanité à prétendre échapper à toute vanité. Le nihilisme n'est pas nihiliste sur lui-même a priori. Bref, on s'emmêle facilement les pinceaux sur ces jugements et contre-jugements. On confond plusieurs plans en un seul. La question délicate maintenant est d'être conscient du caractère superfétatoire presque de toutes nos traditions tout en sachant pourtant s'investir dedans. On comprend souvent la prise de conscience comme un abandon total et définitif. Mais ne pas faire le signe de croix ne signifie rien. Faire dans le réductionnisme et dire que Jésus était un fin politicien légèrement anarchiste est absurde tout autant. Pourquoi quelque chose alors qu'il pourrait rien n'y avoir ? Pourquoi X alors qu'on pourrait réduire X à une de ses composantes ? Il y a ce schéma qui se répète. Oui, il faut dire non à un certains nombres de choses pour la foi. Cela ne veut pas dire qu'il faille dire non à tout, foi comprise. Dire non est une partie du processus. Il faut tôt ou tard affirmer quelque chose. On peut spéculer sur quel type de maison il faudrait, si on se limite à cela, ça ne nous donnera pas de maison. Contrairement à ce qu'on se figure souvent quand on est en posture de critique, les constructions de la foi sont ce qu'il y a de plus "rationnel". Même si on peut toujours trouver du n'importe quoi dans ces constructions. Mais cela est un autre sujet.
J'écoutais une chanson qui parlait d'amour. Beaucoup de chanson parlent d'amour. De l'amour tout le temps. Ce qui me rappelle l'eurovision. Je repense alors aussi au romantisme. Tout cela peut aussi être une forme d'idolâtrie à un certain point. Jésus-Christ est amour. Mais l'amour de tout est l'amour de rien. La foi en Dieu permet de ne pas tomber dans des excès d'amourisme qui peuvent être délétères. D'ailleurs, le message de Jésus va en ce sens. Cela est un peu bête peut-être, mais je pense que je vais me rappeler que seul Jésus compte au final pour éviter de me laisser emporter par mes émotions.
Ah, j'y pense. J'hésitais juste avant entre utiliser le nom Dieu et le nom Jésus. Ou alors utiliser les deux. Je me rends compte qu'on peut parler bien souvent de Jésus seul, car Jésus est Dieu incarné, de la même façon qu'on utilise le nom "Dieu" au lieu d'un enchainement de périphrases pour désigner l'ultime, le plus grand, le très haut, etc. Dieu est déjà une personnification. Jésus est la continuité. Ainsi peut-on parler de Jésus seul, car en disant Jésus on dit Dieu.
Autre sujet. Je songeais au reproche fait souvent au catholicisme : le célibat et vœux de chasteté des prêtres, et sœurs. Cette critique revient vraiment très souvent. Surtout en rapport aux affaires ô combien honteuses au delà de l'imaginable et criminelles de pédophilie dans le clergé. Certes l'abstinence est par définition se mettre en situation de frustration sexuelle. C'est bien le but de provoquer une frustration pour replacer les "énergies" dans la foi, dans la transmission de la foi. Ce n'est pas un critère choisi de manière arbitraire, ou fantaisiste, pour torturer les individus engagés dans la voie spirituelle catholique. On peut tous le remarquer au quotidien, quand on est plongé dans un état précis, il est difficile de passer à un autre état de suite, il y a un effet d'entrainement. Si on fait du sport et qu'on y prend plaisir, même plaisir dans la douleur, alors il y a de fortes chances qu'on soit pris dans un besoin de sport. Et pendant qu'on fait du sport, on ne peut pas lire (on va me dire si en posant un livre et en courant sur un tapis roulant : ok). La sexualité amène la sexualité, et avec cela un ensemble de phénomènes liés. Dans un couple, il faut faire attention à l'autre sans cesse, à tous les projets, à toutes les possessions communes, etc. Autant de temps et d'énergie, et d'attention qui ne va pas vers la foi et les fonctions au sein des ordres. Certains se demanderaient alors pourquoi ne pas se stériliser et se castrer. C'est à moitié ce qui est proposé dans le judaïsme et le croissantisme. Excision féminine et masculine. On va se rendre compte que cette voie catholique est finalement plus éthique que les autres à l'avenir. Ce qui n'excuse guère ces affaires, j'insiste. On retrouve aujourd'hui des excisions volontaires dans le mouvement dit trans par exemple. La pénectomie étant pour les hommes le stade le plus radical de la circoncision. L'église catholique refuse les mutilations, volontaires ou non. Castrer radicalement tous ses membres investis dans le corps de l'église ne ferait que déplacer le problème de la sexualité en tant que phénomène de distraction du spirituelle. On peut trouver plein d'autres zones érogènes, et même de l'érotisme sans toucher, etc. Si on raisonne comme un protestant radical on aboutirait à la conclusion qu'il faudrait éliminer tout le corps et l'esprit pour les reconfigurer sans distraction. Je rappelle que vœux de chasteté et de célibat sont obligatoires dans les ordres mais qu'il n'est pas obligatoire de rentrer dans les ordres en premier lieu. Ah et ces affaires d'eunuque ne concernent pas que le monothéisme, on trouve a priori selon ce que j'ai lu vite fait à l'instant des considérations similaires en Asie dans l'histoire. Sujet à creuser au niveau mondial tient.
31/01/2020 Journal foi
Sinon, je comprends de plus en plus ce qu'est le catholicisme. Avant, comme on peut le lire au début de ce journal, j'avais tendance à le dénigrer, comme auparavant je dénigrais aussi la chrétienté dans son ensemble. Je pensais que l'orthodoxie était forcément mieux, certainement influencé que j'étais par quelques personnes et par l'anti-catholicisme basique ambiant. Dorénavant, sur plusieurs niveaux, je considère qu'il s'agit de la meilleure voix aujourd'hui. Je suis juste très sceptique sur la tendance au protestantisme parfois. Retrancher jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien. Si catholique veut dire universel, alors oui, nous pouvons voir des débuts de foi dans toutes les autres traditions religieuses du monde, même à travers des adorations primitives de la nature. Le pape actuel dénigre quasi systématiquement les catholiques traditionnels, ou les catholiques "déjà acquis". Cela peut être en rapport avec un des messages du Christ, certes. Mais je ne comprends pas pourquoi il insiste tant là-dessus. Et la vénération de l'invasion africaine orchestrée est un point sur lequel je suis en total désaccord. On le traite d'hérétique sur bien des points. Bon, j'avoue que le voir entouré d'une troupe de cirque et lancer un anneau produit une drôle d'impression. Bref.
Visionnage de plusieurs fictions en rapport à la papauté. New Pope et Les deux papes par exemple. C'est bête mais ces fictions m'ont fait beaucoup réfléchir. La papauté n'est pas une prétention d'être plus près de Dieu, mais une charge énorme. On focalise sur les privilèges d'un tel "poste", sans mesurer l'ampleur de la "tâche", le poids immense de participer à guider plus d'un milliard de personnes, voire, avec le catholicisme II, les 7 milliards. Toutes les traditions sont des étapes vers l'universel de la foi catholique. Cet élan catholique est magnifique, et me ravi de bien des façons. Il y a une poétique, c'est certain, tant d'art aussi, sans se réduire à cela. Bien que l'art m'ait en belle partie amené à la foi. Être catholique, c'est beau, tout simplement. Une beauté qui n'est pas qu'une esthétique, mais est un élan, un dynamisme porteur qui nous amène bien au delà de nos près carrés. On peut certes, comme dans toute chose, s'enfermer dans des cases étroites et stupides. Je ressens plutôt cela comme une légèreté ou allègement. Allègement, pas dans le sens de retranchement, mais dans le sens de suppression de beaucoup de lourdeurs. Bon, sinon, pour en revenir aux fictions, je suis bien conscient que ça reste des fictions, que c'est d'évidence romancé. Cela n'empêche guère d'être porteur de certaines vérités, d'être un support pour l'esprit et pas juste une distraction vaine.
Pour revenir sur l'orthodoxie. Ce qui est un peu pénible parfois dans le comportement de certains orthodoxes sur le net est de jouer les gros durs presque, genre nous on est les vrais et traiter d'hérétique facilement les autres. Cela dénote une vision plus tribale, pas autant que le croissant et l'étoile de David, mais quand même. Cela rejoint l'idée de via negativa qu'on pourrait voir en la papauté. L'existence d'un "chef" ultime permet d'éviter ou de diminuer les guéguerres à d'autres échelles. Ce n'est pas magique, ni systématique, mais quand même. Cela vaut le coup de s'y attarder deux minutes. J'ai envie de revenir sur la notion de support. Le minimalisme c'est soit-disant le calme par l'épure. Allez dans une pièce blanche vide. Tous les jours. Je ne suis pas sûr que cela soit particulièrement reposant. Une pièce décorée, très décorée, mais avec une unité, une cohérence, le beau inhérent, propose une sublimation esthétique qui ensuite "annule" l'attachement au sensoriel sans l'anéantir. On donne un support à l’œil pour que l'esprit puisse voir au-delà, le dépasser. On donne un support à l'oreille pour aller au delà. Certes, on peut rester séduit par l'esthétique seule, comme bloqué à un niveau, au seuil. On se dépasse pour produire des œuvres magnifiques qui ensuite nous servent à dépasser nos sens. Le magnifique fractal.
02/02/2020 Journal foi
Il est vrai que face à cette ouverture générale, mondiale, toutes les traditions trop strictes paraissent devenir vraiment ringardes, et c'est ce qu'elles sont. Bien entendu, il faudrait se méfier de la dilution totale, et accepter une grande variété de voies en son sein. Par exemple, ne pas empêcher des chrétiens voulant suivre une voie plus stricte, de le faire. Ceux qui veulent des règles, pas forcément des règles pour des règles mais aussi qui ont un sens adapté au réel d'aujourd'hui encore, peuvent le faire et se dire chrétien aussi sans par là dire que ceux qui ne suivent pas ces voies sont inférieurs ou "le diable". Le jeu des excommunications est fatiguant rien qu'à y penser. Cette nouvelle définition du catholicisme n'est pas évidente à cerner pour beaucoup de chrétiens à mon avis. Car le dogme a des frontières fluctuantes désormais. Est-ce encore un dogme ? Si cela ne l'est plus vraiment, alors qu'est-ce ? Est-ce plus proche de la vérité ? Plus proche du message du Christ ? Est-ce qu'il ne s'agit pas d'un pari fou, un peu excessif ? Est-ce que ce n'est pas une anticipation trop prématurée ? Est-ce que ce n'est pas une vision issue d'une élite qui est peut être dans le vrai mais en même temps en décalage avec les gens et son temps ? A méditer. A titre personnel, si j'apprécie grandement l'élan, je suis dubitatif sur beaucoup de points. On verra.
Journal foi 15/02/2020
Je remarque que je change beaucoup ces derniers temps. Et que ça me plait, et que je pense que c'est vers le bien et pas seulement la futilité narcissique. Tendre vers plus de dignité intérieure.
Ah, fait comique, le prêtre ayant remarqué que je ne prenais pas l'hostie pensait que peut-être c'était un geste de contrition ou d'humilité de ma part. J'ai quasi explosé de rire en lui avouant que ce n'était que parce que j'ai des stupides intolérances alimentaires. Ce qui l'a fait rire aussi tant on est porté parfois à aller chercher des interprétations trop alambiquées.
Toujours surpris de la posture d'humilité des gens d'église, des deux prêtres que je fréquente. Surtout de celui avec qui je discute le plus. Ils ne se placent plus du tout en autorité. Je leur ai déjà posé la question d'ailleurs, comment ils font avec leur autorité par défaut. Cela semble les encombrer ou les gêner la plupart du temps. Ils veulent se concentrer sur autre chose, sur d'autres modes d'échange et de foi que cela. Évidemment qu'ils sont écoutés et observés. Mais ils s'en défont à moitié. Ce qui est admirable et juste.
J'espère trouver l'amour via l'église pour affirmer mes valeurs et croyances chrétiennes. Je n'aspire qu'à cette simplicité, avec force. Je suis confiant mais pourtant je traverse le désert presque. Ou j'exagère ici mais c'est mon ressenti.
Journal foi 16/02/2020
J'admire les prêtres et tous ceux qui s'engagent dans les ordres. Ils doivent se sentir seuls tellement souvent malgré la communauté et les célébrations. Évidemment, on pourrait leur reprocher de rigidifier la foi, et c'est en effet ce qu'ils font. Certains peuvent parfois se confondre avec l'autorité divine. Et alors il y a perdition. En tout cas, jusqu'à présent je n'ai rien vu de tel autour de moi.
Journal foi 18/02/2020
Sinon, oui, c'est le retour à une conception de soi qui transcende sans nier. Il n'y plus de soi, il n'y a qu'un reflet. Faire parti d'un même corps. Le mental, même dans ses prouesses acrobatiques, revient à s'accrocher, à ne pas faire confiance, à douter. Le doute peut s'avérer utile, il ne faut pas être naïf, mais il s'agit d'un jeu, et ce jeu comme chaque péché peut nous entraîner loin du simple écart initial. On se dit qu'on va se baigner, et on se retrouve dans les courants. Il ne s'agit pas de crainte à avoir, ni de paranoïa, il s'agit juste de relever les processus, les risques potentiels. Nous passons comme des contrats sans le vouloir/savoir tout au long de notre vie. C'est une image, mais une image utile dirons-nous. Comme on doit se méfier du levain de certains, de ces forces motrices qui nous donnes l'impression d'être plus, d'être puissant, de posséder quelque chose, alors que non, rien du tout. Au sentiment (image) d'être fatigué d'être soi, on se rappelle à Dieu, et alors la vanité nous saute au yeux et cela nous sauve à Dieu. Pendant que je suis là à parler de réflexionisme, ce qui me choque aussi est la brutalité dont peut faire preuve ce mode de fonctionnement. Je vois un bourgeon de fleur et je me sens débile de m'emporter dans le faux solennel d'une réflexion. Heureux les ignorants, comme on dit. Je pense surtout à la légèreté, une beauté légère et éternelle. Je suis aussi capable d'être très porté sur l'art, l'imagination et cette voie aussi peut nous perdre. D'une autre façon que le faux intellect, mais quand même. De là, on pourrait aussi être tenté d'être radical et de faire du minimalisme. Pas d'art, pas de réflexion. Puis on peut encore trouver d'autres choses à retrancher. Jusqu'à où ? Pourquoi ? Pour servir quelle idée, principe, image ?
Journal foi 19/02/2020
Une autre façon de faire est de considérer que Jésus est un produit marketing par exemple, et que la religion est un jeu de rôle. Il y en a d'autres comme cela, dont des anachronismes, toujours partiels en plus, qui donnent immédiatement l'impression d'être plus brillant. Avec toujours cet implicite d'un état initial, ou état normal ou moyen, à retrouver. C'est toujours très ironique, tant les détracteurs tombent dans ce qu'ils dénoncent sans jamais égratigner ce qu'ils cherchaient à dénoncer. Une rationalité primordiale, qu'on aurait perdue à cause de la croyance en Dieu, et Jésus, etc. En quoi ce ne serait pas un bête pari que de dire que peut-être, mais l'on dit il faut, ça l'est, il n'y aurait rien. Je propose de croire au néant. L'embêtant est qu'il y a un nom et que cette religion est armée (Descartes à jouer). Un nom pour un rien, c'est embêtant. Mais comme c'est sûr et certains, ce n'est pas une croyance, et je me refuse d'identifier cela ni un quelconque pan de ce monolithe rationnel à une vulgaire croyance, car je me suis défait du bas, du mal qu'est la croyance. Voyez comme c'est pathétique. La voiture a besoin de carburant et donc l'homme aussi a un carburant. On en est là. Vraiment. Pomme ou foie de morue, qu'importe c'est un carburant. Tada. Magie. Implacable. Logique.
Je lisais tout à l'heure aussi quelqu'un qui s'étonnait que ceux qui veulent recréer des religions (paganisme cela est-il appelé a priori) tombent dans des rituels de sacrifice. Mais en quoi on peut penser faire autrement ? Les gens veulent réinventer la religion. D'un côté en instaurant une religion de la non-religion, ou alors une religion bêta qui empruntera tous les travers des prémices, sans les portées bénéfiques acquise sur le terme. On a un esprit religieux. Vouloir qu'il en soit autrement revient à vouloir un humain qui n'aurait pas de nez. A vrai dire, l'humain ne devrait pas avoir de nez, son état initial et normal est sans nez. Pourquoi voulez-vous qu'il ait un nez ? Vous croyez au nez, c'est bête. J'ai la vérité nue qui est que l'humain n'a pas de nez, et que le nez est la source de tous les problèmes. En voulant un retour à un état supposé plus simple, plus honnête, plus direct (l'absence de croyance) ils tombent ainsi dans une scission entre ce qui est naturel (la non croyance) et ce qui n'est pas naturel (la croyance). Jeu de chassé croisé qui se contredit, et idolâtrie de la somme nulle.
Journal foi 28/02/2020
En lisant le nouveau testament, j'ai eu l'impression de lire parfois des récits un peu hystériques comme on dit. Cela passerait aujourd'hui pour de la folie. C'est aussi bien complexe, beaucoup plus complexe qu'on ne le pense. Il y a une image lissée qu'on présente parfois dans les rituels, alors que les textes sont beaucoup plus profonds et perturbants. De ce fait, au plus mon exploration continue, au plus je réalise que tout ce message écrit s'adresse à une élite intellectuelle, bien que le message, le contenu si l'on puis dire, concerne tout le monde. C'est complètement fou que tant de gens puissent suivre cela. La foi ne passe pas que par l'intellect, certes, mais de là à ne pas se questionner parfois, c'est surprenant. En fait, il faut l'humilité de ne pas juger les gens qui sont sur un cheminement. Dire qu'ils sont X ne dit pas qu'ils sont X, mais qu'ils sont sur le chemin de X. Et chacun est comme il est. Ah ah. Difficile d'accepter ce fait essentiel. Bref, ce qui m'intéresse est que cette complexité puisse être un test d'intelligence, puisse servir d'aide à l'esprit critique, à l'action, et bien sur au bon, au bien. Si les écrits sont une "occasion de chute", s'en défaire, ou alors plutôt se défaire de notre mono-interprétation.
Journal foi 06/04/2020
Sinon, cette coupure forcée me permet de mesurer ou tâter les effets de mon "immersion" dans la foi catholique depuis des mois, voire un an maintenant. Car, depuis le confinement je n'ai quasiment pas lu la Bible non plus alors que je la lisais tous les jours ou presque. Grosse coupure donc, du moins à l'extérieur, pourrait-on dire. Au début, je me suis senti comme plus libre, mais ça a vite décampé comme sentiment superficiel. Je suis retombé, à lire aussi des livres qui n'ont aucun rapport direct avec la foi, dans ce sentiment d'inconsistance. Évidemment, il y a des choses fascinantes et extrêmement intéressantes en dehors de la foi, mais c'est tellement creux rapport à la complexité synthétisée qu'est la Bible et la liturgie. La tentation de réduire tout cela à une simple narration est toujours présente, ce doit être un réflexe, un mécanisme réflexe. Sain d'ailleurs, car cela entraine le doute, la réflexion, la méditation. Mais je suis incapable de croire à cette réduction. Bien évidemment que c'est en partie une narration, qu'est-ce qui ne l'est pas ? Toujours est-il je suis à la fois heureux de tester cette coupure dans la foi et amer de celle-ci. Cela ne nie aucunement ma foi, au contraire même sur certains points. J'ai cependant observé que mon esprit, ou mon âme, je ne sais pas exactement, semble moins stable sur certains critères. La liturgie et la discipline de la lecture (oui ce n'est pas une lecture de roman) me restreignent peut-être à quelques endroits, mais globalement j'en ressors grandit et plus solide. Je reste dans les impressions les plus brutes quitte à ce que ce soit un peu grossier.
Ce qui est vrai pour tout livre me semble l'être encore plus pour la Bible. Au plus on la lit au plus elle nous échappe tout en apprenant quand même des choses au passage. On pourrait y voir alors un effet de style à cela, dans le sens que ce serait un procédé littéraire, psycho-littéraire dirait-on peut-être aujourd'hui. Auparavant on aurait probablement juste dit spirituel. Le terme "spirituel" a probablement pris une teinte très éthérée depuis. Sinon, je me sens obligé de préciser que si je met en avant comment je vis la lecture de la Bible, je ne vénère pas le livre et les textes en soi. Pour trouver une équivalence, ce serait simplement de dire que je trouve que le truc le plus brillant pour les yeux que je connaisse, en temps normal, est le soleil. En fait, je sais simplement que je peux toujours revenir vers ce livre et trouver des éléments profonds, nourrissants. Une nourriture qui n'est pas spécialisée dirons-nous. Une nourriture qui nourrit le plus entièrement possible et pas seulement une partie, ou en complément. On pourrait dire que le côté pervers est qu'une fois que nous y avons gouté tout peut paraitre un peu inconsistant parfois en terme de lecture. Mais bon.
Journal foi 12/04/2020
Journal foi 02/05/2020
Sinon, on voudrait tout aligner parfois sur la foi. Que tout ait un sens conscient et délibéré. Pourquoi pas. Mais ça peut aussi virer à l'obsession et nous éloigner de la foi justement. Si, par exemple, on avait repéré que le chiffre 40 revenait souvent dans la Bible et que l'on décidait d'en faire un nombre fétiche. Oui, bon, pourquoi pas. Mais attention à l'idolâtrie. Moi, j'aime bien le 3, entre autres. Au moins changer de nombre de temps en temps ah ah. Surtout portez des vêtements à franges. Blague à part, je pense qu'il y a bien l'idée d'union finale, en partie au moins, derrière l'idée de Dieu. Un alignement général. Donc, oui, on s'ajuste à Dieu, progressivement, presque passivement parfois à certains égards. Je pense notamment à l'exercice physique, que je pratique pas mal ces temps-ci, pour moins ressembler à une crevette, et pour le plaisir aussi, et la santé, bref. On fait parfois des gestes ridicules, répétitifs, et qui n'ont aucun sens. Et je me dis que si l'on dirige ses gestes vers une dynamique plus grande que le geste seul, ou l'esthétique finale visée (gros biceps), on pourrait donner une autre dimension à ces éléments. Ce n'est pas les sacraliser, attention, juste ne plus les isoler dans un carcan superficiel. Cela pourrait être applicable partout. Je pense aux gens qui se revendiquent féministes tout ça. Elles se sentent réduites à, selon leur propre expression, "un utérus sur pattes". Évidemment, dans une société où l'on a évacué une très grande part de tout divin, on navigue à vue, rien n'a de sens, vraiment. Je pense qu'on peut trouver une mesure entre l’Église toute puissante qui régit tout de notre vie ou presque, et les veaux d'or de la société stérilisée contemporaine. à creuser.
Journal foi 07/05/2020
Une idée s'est posée il y a peu. Je me rappelle mes premières messes, où j'étais un étranger en ces contrées spirituelles. Un élément me paraissait assez choquant, celle de célébrer la mort de Jésus. Baigné dans une culture où l'on évacue la mort dans ses moindre recoins, je trouvais un peu malvenu voire malsain de porter la mort ainsi, en plus à voix haute. Célébrer la mort est digne de rituels sataniques, occultes. Mais, ce n'était pas la mort en tant que telle vraiment, mais la mort précise de Jésus. Je ne le comprenais pas au début, et j'ai le reste de ma vie pour décanter cela. Mais, quand bien même, à travers la mort de Jésus, on se rappelle aussi à notre propre mort, à notre condition de mortel, que l'on oublie si facilement dans notre confort matériel actuel. Dire Jésus, c'est dire Dieu, mais aussi dire "memento mori". Evidemment, en tant que chrétien catholique romain, je crois à une conception de la vie plus "élargie" que la seule vie qu'on dira biologique. Souvent, les anti-théistes font cette remarque un peu puérile, mais toute remarque peut comporter une part de vérité, que ce genre de croyance méta-biologique serait une fuite en avant, un confort illusoire. Avec Jésus, on se souvient de notre mort, on se souvient de la mort de tous. Jésus incarne Dieu, et à travers cela sa figure nous rappelle aussi le memento mori. Qu'on croit ou non en Jésus, nous ne pouvons que reconnaître le sublime raffinement de la figure de Jésus. Quand je songe à cela, j'en reviens presque à ce que je partageais au début de cette entrée, à savoir l'anéantissement face au Plus-Haut. Tiens, le terme "Plus-Haut" me rappelle les superlatifs harder better faster stronger dans la chanson éponyme. Bon, je ne pense pas que c'était destiné a divin, mais on peut le voir ainsi. Ce sera mieux que de s'auto-célébrer, se porter soi-même comme un dieu. A la limite, aspirant dieu pourrait être acceptable, non ?
Journal foi 16/05/2020
Un point qui me revient en tête souvent est la portée de chaque chose. En temps ordinaire, dans la croyance en la contingence, appuyée notamment par le matérialisme, jusqu'à l'athéisme, on croit que tout est plat, mono-bloc. Les termes ne sont pas très justes, mais j'espère transmettre l'idée derrière cela. Si l'on dépasse cette croyance, dite méthodologique, nos associations ordinaires concernant l'ordre de choses pourrait s'avérer plus étrange qu'on ne le penserait au premier abord. Peut-être que nos malheurs n'ont aucune portée pour l'après, ou pour d'autres dimensions. Peut-être qu'un geste vraiment anodin nous procure un avantage significatif par ailleurs. Bref, on perd soudain la visibilité. Beaucoup moins intuitif. Et donc je dirais assez probable justement. Encore une fois, on tombe ici dans un aveu d'ignorance plus que dans l'affirmation. Certes, d'un point de vu très basique, on peut limiter notre heuristique au plus urgent en nos conditions de l'ici et maintenant. Mais ça ne me parait pas très pertinent pour la recherche et pour les aspirations à la vérité. Un des problèmes de cette ordre des choses est que certaines règles nous échappent irrémédiablement. Des gens que l'on jugerait nous pervers, peuvent peut-être se révéler bénis, et inversement, des gens que nous jugeons d'une sagesse admirable sont maudis par ailleurs. J'aimerais évoquer les effets non-linéaires. Si vous voyez ce que je veux dire.
journal foi 18/05/2020
Donc, l’Église Catholique a fait le pari d'une remise en question assez radicale de son existence. Jusqu'à aujourd'hui déclarer qu'elle ne détient pas La vérité. Je suis content de l'intimité de la foi chrétienne actuelle, et en même temps je regrette cette désertion et ce désamour. Le plus gros problème n'étant pas ce désamour mais bien l'absence de direction... qui peut être récupérée. Pas pour le meilleur. En fait, je ne sais pas qu'est-ce que le catholicisme aujourd'hui, ce n'est plus vraiment une religion au sens où on l'entend aujourd'hui. Il s'agit d'une mutation d'une entité très ancienne, avec beaucoup d'histoire, dont on ne mesure pas les implications. Ceux qui se battent contre cette Église ne réalisent pas ce à quoi ils ont affaire. Ils tapent à côté, avec peut-être des siècles de retard. Moi aussi, je sais profondément que j'appartiens à cette Église, sans comprendre vraiment ce que c'est. Et pourtant, je ne suis pas avare de réflexions. L’Église semble être devenue un mystère, en partie à l'image du divin. Cela ne me fait que de me réjouir dans mes combles. Évidemment, je ne suis pas en train de diviniser l’Église, loin de là. J'observe juste les mutations qui sont là. Il s'agit bien d'une institution humaine. Sa direction semble juste admirable et d'une poétique rare, assez folle.
Journal foi 22/05/2020
Sinon, je me demande ce qu'est vraiment la spiritualité, comment peut-on la définir. Est-ce obéir à des règles ? Est-ce dire Dieu, Jésus, Marie, Bouddha, Gaïa ? Est-ce une étude, une recherche ? Est-ce un ensemble de présupposés cosmologiques ou paradigmatiques, comme ce qui dépasse la croyance en le matérialisme ? Parce que certaines personnes se disent spirituelles à toutes les sauces. Très variable.
Journal foi 29/05/2020
Ma partie analytique revient. Peut-être que se fier à l'ancienneté d'une institution ainsi qu'un ressenti est superficiel. Difficile de renier l'ancienneté rationnellement quand même. Bon, on peut toujours dire que c'est un sophisme. L'idée n'est pas que l'ancienneté soit une valeur en soi, mais bien qu'elle ait survécu aussi longtemps, et que donc il est probable que cette institution, même si elle a fait des erreurs de parcours, si on peut en juger, ai une certaine valeur pour l'humanité, et une sagesse par l'expérience inestimable. Pour contrebalancer ça, nous pouvons toujours rappeler qu'il ne s'agit que d'hommes. Concernant le ressenti, cette légèreté que je perçois, certes un ressenti peut toujours s'avérer douteux. Mais il s'agit d'un élément brut, et profond. On pourrait essayer de valider cela par un ensemble de discours, ce que quelque part je tente de faire ici. Dans le fond, il y a toujours un élément simple, un guide simple, peut-être est-ce le Saint-Esprit même. Ce ressenti n'est peut-être pas universel, mais il est mien aujourd'hui. Rappelons qu'il s'agit d'un journal sur mon parcours de foi, pas d'un traité absolu.
Journal foi 02/06/2020
Autre sujet. Tout ce qu'on peut reprocher à l’Église Catholique. La liste est longue. Aujourd'hui on nous rabâche surtout la pédophilie. Mais il y a aussi d'autres évènements fâcheux historiques, dont je devrais me renseigner d'ailleurs. Il faut que je m'expose à toutes les horreurs qui ont été commises au nom de l’Église. Parce que si je donne l'impression de voir l’Église comme quelque chose de fantastique, cela ne me fait pas l'idéaliser pour autant. Pas de naïveté. Évidemment, je sais qu'elle est souillée, corrompue. J'espère moins aujourd'hui qu'hier, et moins encore pour demain. Mais il s'agit de pouvoir malgré tout. Est-ce suffisant pour balayer toute la tradition véhiculée jusqu'à nous ? Non. L'eau courante du robinet provient en partie de l'eau des toilettes. Imaginons partir du principe que la monnaie que l'on utilise serve aussi à commettre des meurtres, à acheter des la drogue, la prostitution et autre. Pourtant c'est la même monnaie que celle qu'on utilise pour acheter des carottes et une entrecôte. On pourrait attendre une pureté absolue plus qu'ailleurs dans l’Église, mais même elle est pécheresse. En fait, ce serait étrange qu'elle soit parfaite, ce serait faux. Donc, j'ai envie de connaitre le plus possible ses méfaits pour savoir avec quoi je m'affilie indirectement. Tout ceci n'enlevant rien de sa valeur actuelle, surtout actuelle j'ai envie de dire.
Journal foi 06/06/2020
Je voudrais essayer de dégager ce que je peux voir de plus négatif dans les "philosophies" fondant la chrétienté. Alors, je vais raisonner en analytique déconstructeur là. J'insiste que c'est via une réduction intellectuelle. Dieu peut être vu comme une idée de dépassement, l'ultime dépassement, et l'inconnu, ce qu'on ne connait pas. Cela enjoint à une distanciation avec nos attachements séculiers, ne pas trop nous engouffrer dans des croyances basses, des mauvaises hypothèses. C'est le raisonnement distancié, la tempérance. Jésus vient presque contredire cela, car il incarne cela. Une idée n'est donc plus une hypothèse seulement inaccessible mais une idée qu'on peut incarner. Au final cette incarnation est à nouveau refroidie par l'idée que le salut n'est pas de ce monde et que l'incarnation la plus haute finit même ici par trépasser. On peut donc voir dans Jésus, et donc dans le christianisme, cette idée d'athéisme déjà, en tout cas, tous les prémices sont là. Mais ce n'est pas un vrai athéisme dans le sens d'abolir Dieu en tant qu'idée. Il s'agit surtout à mon sens d'avoir conscience du côté éphémère. Presque comme un avertissement de ne pas faire de Dieu une idole avec le pratique de l'éloignement. Il s'agit ici d'un point qui me semble peu soulevé. Jésus invite à incarner ses idées pleinement, mais aussi de prendre du recul vis-à-vis de cela. Car cette incarnation ne se fait pas si on attend les fruits ici au moment de l'incarnation. Cela a pu être vu comme une inversion de Dieu. Dieu était loin, et Jésus est proche. On attendait de Dieu qu'il fasse notre puissance ici, Jésus nous dit que ce n'est pas ici. On voit donc une radicalité qui contredit et en même temps réaffirme. Choquant et déroutant pour d'autres formes de croyance, dont d'autres monothéismes. Je comprends un peu mieux le rejet qu'a pu provoquer la chrétienté aux débuts.
Ce que je veux dire est que la christianisme contient déjà dans ses lignes fondatrices tout ce qu'on peut voir se dérouler au long de l'histoire. Déconstruire les idées de Dieu, Jésus. C'est une forme de cirque de la raison, mais pourquoi se l'interdire ? Il y a bien l'effet de péché, ou effet de tendance, où l'on commence avec une simple question et l'on finit par dix mille questions, mais pourquoi se sentir menacé dans sa foi par cela ? Sa foi est-elle si fragile qu'elle ne supporte aucune question ? D'une certaines façon, même s'engouffre dans ce processus de questionnement pourrait être vu comme une fragilité, car on chercherait à renforcer sa foi en la grattant, l'égratignant. Personnellement, il y a bien des aspects de la foi qui s'en retrouvent renforcés. Dois-je me juger sur cette voie ? Je veux dire on peut toujours se juger pour tout et rien. Ici j'ai l'impression d'écrire un roman de foi finalement, même si ce n'est pas mon intention, à travers l'écriture et la continuité se profile une cohérence narrative qui peut faire roman. Mais bon, ce jugement serait un peu stérile, je pense, en plus de prendre mon jugement pour supérieur au jugement divin par la même occasion. Je voulais critiquer la foi, mais finalement, je me rends compte qu'il s'agit plus d'un problème d'angle, de perspective que de choses en soi. L'autre jour, je lisais sur une plateforme du net un orthodoxe citer un orthodoxe a propos d'une critique du papisme. Les arguments avancés pouvaient paraitre pertinents à première vue, l'effet de conviction, mais ces arguments pourraient aussi servir à contredire tout le christianisme et au delà. Il en résulte au final quelque chose d'assez pathétique qui ne fait que légitimer ce qu'on cherchait pourtant à égratigner.
journal foi 17/07/2020
Est-ce qu'aller à la messe suffit à nous donner une morale ? Non. Même se dire chrétien, chrétien pratiquant s'il faut préciser, n'est pas suffisant. Il s'agit peut-être d'une erreur récurrente concernant les religions en général. On lit un livre, on fait un rituel et hop. C'est parfois nécessaire, mais jamais suffisant. Qu'est-ce qui permet de sceller une éthique supérieure dans la foi ? Peut-être la crainte de Dieu. Je n'ai pas de crainte de Dieu, je lui fais confiance, je crains seulement de potentiels mauvais agissements de ma part, même des agissements qui me paraissent sur le coup bien mais qui ne correspondraient pas aux attentes/standards du divin. Mais cette crainte me semble la chape nécessaire à l'entreprise de la foi organisée. Se sentir écrasé par la toute puissance de Dieu, qui se trouve aussi dans notre insignifiance. La pression sociale comme on l'appelle aujourd'hui peut aussi jouer dans l'éthique religieuse, mais elle peut se croire Dieu à la place de Dieu aussi. A titre personnel, c'est que Dieu soit si grand, si impensable, qui me terrasse. Tout ce que je pourrais faire ne sera jamais à la hauteur de ce que Dieu a fait pour moi. Je lui suis redevable au delà du pensable. Et encore, la notion de redevable est inadéquate. C'est au delà de cela encore. Mais nous devons bien nous arrêter sur des mots au passage.
Autre point, j'ai certainement déjà fait des parallèles entre le tao et la foi chrétienne. Le non-agir correspond à mon sens à se retirer dans son désir d'intervenir. Il ne s'agit évidemment pas de ne rien faire, de ne jamais rien faire. Car à travers l'idée de Dieu, on peut voir la destinée, ce vers quoi on converge, tout converge. Nous voulons parfois des choses qui ne font qu'interférer avec "le plan". Le délicat est que selon "le plan" il faut aussi vouloir se dresser contre ci et ça, des injustices, des bêtises et autres. Il n'y a pas vraiment de recette.
Dernier point pour aujourd'hui. L'esprit rationnel est une modalité particulière de l'esprit humain mais n'est pas rationnel en soi. On en a besoin, mais il est clairement insuffisant. Surtout, il a une tendance à être total, ou plutôt à s'imaginer total. "je suis rationnel". Ou son pendant "je suis pragmatique". Cette modalité peut agir comme une sorte d'exorcisme d'ailleurs, utilisée pour contrer ou évacuer la peur, créer un effet de contingence virtuelle. Car oui, on se coupe de quantité de choses en adoptant cette posture, et forcément on ne s'en rend pas compte. La foi organisée est d'ailleurs souvent le fruit d'une rationalité poussée jusqu'au bout. La réflexion accepte son dépassement par endroit, c'est on ne peut plus honnête.
Journal foi 26/07/2020
J'écris sur ce point pour deux choses. D'abord cette vague mode, surtout féminine de "retour" à du spiritisme primitif. Et ensuite mon propre parcours, car j'ai eu une messe où je ne me sentais pas vraiment là. Je ne me sens pas avancer d'une certaine façon. Il faut dire que je ne me suis toujours pas remis à lire régulièrement la Bible. Et puis on n'a plus eu l'occasion d'échanger sur la compréhension de la Bible avec un groupe. C'est peut-être pour satisfaire ma soif de connaissance, la machine intellectuelle, mais peut-être que ce n'est pas que ça. Peut-être que ce sont mes préoccupations personnelles/matérielles qui viennent interférer. Toujours est-il, je peux comprendre que le chaos, le polythéisme, faire joujou avec des forces de la nature soit tentant parfois. Je peux comprendre que certaines personnes aient besoin de refaire l'histoire à leur échelle personnelle. Mais il s'agit malgré tout d'une pente. Et pas des moindres. On peut rationaliser cela sur le coup afin de lisser le danger, les conséquences, mais sur le fond, c'est le chaos. Comment peut-on servir Dieu et le chaos en même temps ? C'est impossible. Dans l'ancien testament il est plusieurs fois mentionné des grandes réticences à toute magie, sorcellerie, voire jusqu'à traiter cela d'abomination. Je suis plutôt pour suivre ces anciens conseils. Non par moralisme, mais par prudence, par obéissance aussi à Dieu.
Cela pose une question intéressante, car j'estime que la foi est finalement la chose la plus rationnelle que je fais de toute ma vie. Je veux dire, oui, point par point, il est rationnel de manger rapport à la faim et la santé, tout ça, mais rapport à toute son existence, la foi est ce qui est le plus rationnel. Tellement rationnel qu'on en arriverait à vouloir se divertir, ce que font certains avec des puérilités magiques et chaotique. Mais tout ce que nous faisons n'est pas aligné sur la foi. Cela peut l'être dans notre cœur, au fond, mais quand on cherche à avoir de la monnaie, ou que l'on reconnaisse une de nos qualités, on est dans des actes magiques, pris dans des narrations étranges. Où nous devons ici nous rappeler qu'il y a une séparation entre le sacré et le profane. Séparation qui peut s'estomper quand on va vers le chaos. La distinction est l'ordre sont du côté divin. Le flou, la soupe sont du côté chaotique. Peut-être qu'il y a un intérêt de retrouver le chaos pour se dynamiser comme certains le disent, fausse impression d'être en pouvoir, mais c'est tout de même partir de la prétention qu'on soit sorti du chaos. Imaginez quand même qu'il s'agit de dire que lassé d'être si divin, on se laisse aller à un peu de chaos pour changer. Cette question a pourtant déjà été répondue par la reconnaissance que nous sommes tous des pécheurs, et que nous péchons tous. Dans ces conditions, pourquoi forcer le péché ? ça n'a aucun sens.
Journal foi 23/08/2020
Journal de foi 30/08/2020
Les rituels, les symboles, les paroles, les lieux. Bien sûr, tout cela est faux d'une certaine façon si l'on s'attache au matérialisme pur et dur. Mais si l'on comprend la métaphore, alors le faux peut se muer en vrai. Sortir du faux, retour à l'honnêteté. Sortir du faux que sont les apparences, ces apparences qui peuvent être une part du dit matériel. Savoir faire la distinction, le bon grain de l'ivraie, le bien du mal, etc. Il est saint et rationnel de considérer avant tout ce qu'il y a ici et maintenant de perceptible pour la majorité de notre vie quotidienne. Mais pas pour la vérité. Cela est perceptible, quand on se rend dans une église fréquentée, où l'on prie et communie. Il y a quelque chose de plus que les murs et la décoration. De même que "croire en Dieu" dépasse la diction du credo et aller à la messe.
Journal foi 20/09/2020
Alors, ce matin, je n'étais pas concentré en arrivant à la messe, et j'avais trop d'énergie pour rester calme, mais au final, avec le déroulé de la messe, le rythme spécial de la messe, et les contenus qui m'ont interpellés, je m'y suis baigné et j'ai eu quelques moments d'éclaircie délicieux, notamment un rayon m'inondant le visage au moment parfait. Ce sont des petites choses et des hasards, mais quand on est disposé à les recevoir, ils sont tout. De même qu'aller à la messe devient parfois aussi la possibilité de l'amour, la possibilité aussi de discussions avec le prêtre de la petite chapelle, etc.
Je suis revenu à la foi notamment par la lecture de textes soufis. Cette branche du monothéisme est un bon début pour comprendre Dieu unique. Les protestantismes et l'orthodoxie sont l'étape suivante pour comprendre la trinité, et l'étape ultime est le catholicisme. Toutes les traditions spirituelles du monde devraient s'affilier au catholicisme qui est l'aboutissement nécessaire et ultime. Ainsi, ces traditions pourraient prendre plus de sens. Car le catholicisme n'est pas en concurrence avec les religions, elle est nécessairement au dessus. Le catholicisme n'est pas une religion parmi d'autres, c'est LA religion sous sa forme la plus aboutie, la plus totale. Tout le reste sont des étapes intermédiaires. Et je dis cela de manière tout a fait posée. Ce n'est pas du prosélytisme, c'est logique, rationnel, irrationnel en même temps, bref c'est l'aboutissement, nécessairement. Je ne comprends pas comment j'ai pu ne pas voir cela de suite, c'est pourtant d'une évidence. Vous savez, le catholicisme est la forme la plus fractale qui soit. Elle a déjà l'histoire des tous les saints à travers les régions. Elle pourrait parfaitement intégrer les religions à sa stature.
journal de foi 26/09/2020
Je le répète, le catholicisme est la forme la plus aboutie aussi. Cela a un intérêt spirituel secondaire rapport au choc du christianisme, mais indispensable aussi, car il s'agit de la forme humaine d'organisation. On peut difficilement faire sans organisation n'importe quoi. Alors comment transmettre ce choc chrétien sans organisation ? On vise le témoignage, la continuité, le partage, la réflexion. Autant de choses qui nécessitent un support, un cadre. Et nous fonctionnons sur le mode du chef qu'on le veuille ou non. Bien sur, ce n'est pas tout, et ce n'est pas suffisant, loin de là. Il ne s'agit pas de sacraliser, car rien de ce qui est ici est sacré, on peut seulement tenter d'imiter le sacré en des lieux spécifiques, comme les églises, la famille, etc. Sans circonscrire cette tentative de vie chrétienne à ces lieux. De manière basique, il faut bien commencer quelque part, et on ne peut pas être partout, on doit agir à la mesure de nos capacités limitées, même si on cherche à se dépasser. "Dieu existe, j'existe. Je ne suis pas rien, même si je suis insignifiant par rapport à Dieu.". Cela suffit à résumer le pourquoi des structures. Ce qu'il y a d'absolument décontenançant aujourd'hui est le catholicisme. La structure est toujours aussi bien... structurée. Tout en permettant une liberté excessive. Cette liberté qui égare certains d'ailleurs car nous avons besoin de règles parfois, même si elles sont bêtes. Mais je suis heureux de ne pas appartenir à une forme de monothéisme qui se focalise et systématise ces bêtises.
Aussi, le catholicisme qui reconnait ne pas détenir La vérité constitue aussi une évolution de l'organisation inouïe. De ce fait, le catholicisme se place en avant de toutes les autres religions, et de toutes les autres formes de christianisme. On va sur un engagement plus subtil et plus profond, moins systémique, moins basé sur "c'est la tradition" (version suivisme ou fatalisme), ou l'obligation de groupe, de famille, etc. Je pense aussi que le catholicisme peut développer une culture intellectuelle très généreuse. Sans renier l'émotion de la foi.
D'ailleurs, en parlant d'émotion, je réfléchis parfois à cette description qu'on avait fait de toute croyance en Dieu. Selon certains, donc, croire en Dieu serait une émotion. Toujours ces tentatives de définir. Il n'empêche, oui, je me reconnecte à cette émotion divine en regardant la croix que j'ai suspendu dans ma voiture en allant au travail le matin. Ce sont différents conditionnements qui animent et perpétuent une émotion. Mais cette explication psychologisante est aussi un peu désespérante de naïveté. Dans la foi, je peux aussi bien me sentir rassuré que terrassé, aussi bien enthousiasmé que ridiculisé, etc. Oui, il y a aussi quelque chose que l'on dira poétique dans la foi, dont celle de tradition catholique. Mais cela aussi est insuffisant a expliqué ce que c'est. Vous savez, je m'interdis de confondre élan poétique et foi, car on a vite fait de tomber dans de l'effet poétique, dénaturant ou faisant basculer toute la foi dans une mascarade, ou une entreprise de démonstration. L'art m'a amené à la foi, entre autre. Sans m'y être attaché plus que ça. La beauté m'a amené à la foi. Mais aussi la souffrance, la solitude, l'intellect et aussi mon désir de ne pas être intellectuel, etc. Il y a plein de choses contradictoires dans la foi. Et pourtant je suis là.
Le catholicisme n'est donc plus en "compétition" avec les autres religions, l'Eglise est bien devant, elle est la forme ultime aussi bien par la croyance chrétienne que dans son organisation. Elle pourrait accueillir d'autres religions en elle, comme elle a accueilli différents saints pour satisfaire les croyances locales notamment. C'est la religion au dessus des religions, la religion des religions. Et je dis ça de façon posée. Regardez les choses comme elles sont. Le concept de religion change, tout comme celui de spiritualité. Je pense que la catholicisme a une mission d'accueil des autres religions, y compris des polythéismes. Car tout a une certaine valeur, mais l'union au supérieur donnerait une perspective au tout, surtout aux formes de croyances inférieures. Le mot inférieur peut sonner brutal, mais c'est juste. Evidement, il y a toujours la crainte quelque part de déviance de toute institution. Trop de pouvoir. De même que la crainte de prendre trop au sérieux des règles inhérentes à des organisations. Maitre du sabbat... On pourrait voir en l'idée d'universalité, catholicisme, une prétention, comme je l'ai déjà exposé ici. On pourrait aussi voir la reconnaissance de ne pas avoir La vérité comme une prétention aussi, un faux-semblant. Chacun est juge de l'honnêteté de cela. Je terminerai cette entrée du journal en insistant sur le fait que je développer ces observations dans un fil rationnel dirons-nous. Limite, je ne considère pas la foi, car on parle d'organisation, pour la société, le monde. C'est la rationalité nécessaire pour la foi, les conditions.
Journal De foi 29/09/2020
journal foi 2/10/2020
Nous avons choisi, si nous pouvons dire cela de cette façon, Dieu comme référentiel qui nous décentre de nous-mêmes, de notre localité individuelle et collective, et même matérielle et immatérielle. Mais si Dieu est personnel, comment faire la distinction ? Nous n'avons alors plus vraiment le choix que de nous référer à ce qui a été transmis jusqu'à nous, en espérant que ces propos relatent bien Dieu et pas des délires égoïstes de certains. La durée de transmission, plusieurs milliers d'années, est un gage de sécurité, mais pas suffisant malheureusement. Le fait que des milliards d'individus suivent et ont suivi par le passé et vont suivre ces on-dit sur Dieu personnel est aussi un gage de sécurité, mais pas suffisant non plus. Finalement on peut se dire que la situation de suivisme correspond justement à Dieu, à sa volonté d'une certaine façon. Mais ce n'est pas sûr non plus, surtout quand on lit les évangiles. L'intéressant de cette situation d'incertitude est justement cet inconfort, à l'image de Dieu. Un référentiel qu'on ne sait pas circonscrire comme l'étude de la lumière en physique par exemple. Ce qu'on appelle la science aujourd'hui est peut-être née de ce besoin de se recentrer sur du connu, un référentiel plus accessible. Croire en Dieu aujourd'hui implique de faire confiance à la chaine de transmission humaine à cet égard, et c'est Dieu comme destinée de l'humanité qui s'y révèle. Le Dieu personnel implique un effort de croyance là où le Dieu abstrait n'en avait pas besoin. Alors le Dieu incarné, Jésus Christ, requiert encore plus un acte de foi. Le personnel et l'incarnation sont deux facteurs confondants pour nous, car ils se rapprochent de nous dans la forme tout en étant abstrait, inconnaissable, insondable. On pourrait dire que le personnel et l'incarnation sont deux étapes d'illustration du principe abstrait, que des gens ont voulu démocratiser cet abstrait par ce procédé, et qu'on ait ensuite oublié qu'il s'agissait d'un procédé. Ce rapprochement de Dieu de notre condition peut susciter des adhésions de manières différentes par rapport au Dieu principe absolu. Cela ne passe plus seulement par l'intellect seul, mais par quelque chose de plus entier, plus humain aussi. L'intellect finalement est un garde fou aussi, car cette entièreté de l'adhésion peut ne pas être si entière que ça, et n'être qu'émotionnel par exemple, d'où les hystéries à travers l'histoire et encore l'actualité des religions. L'intellect est souvent désespérant de nullité, mais il est un garde fou, ou du moins peut l'être. Si Jacques a dit "Dieu a dit de sauter du pont", alors pas besoin de réfléchir pour savoir que Jacques est fou et ne parle pas de Dieu. Il ne suffit pas d'invoquer Dieu ou de se réclamer de Dieu pour que ça en soit le cas. Ce serait trop facile. Niveau maternel pour comprendre ça. Et pourtant, on tend à l'oublier facilement. Et puis, on doit faire confiance, c'est un peu ça aussi Dieu, la confiance en la vie, en toute la vie, pas que la sienne.
Journal foi 05/10/2020
Journal foi 4/11/2020
Journal foi 7/11/2020
Matthieu 23:2-4 "Les scribes et les pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse. Faites donc et observez tout ce qu'ils vous disent ; mais n'agissez pas selon leurs œuvres. Car ils disent et ne font pas. Ils lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt."
Dans cet extrait, on peut voir que les préceptes que disent les pharisiens doivent être suivis, ou au moins être pris pour guides. Ce qui n'invalide donc pas tout ce qui vient des pharisiens. Il ne s'agit donc pas d'envoyer valser ce qui vient par la tradition, la transmission d'homme à homme. Il s'agit plus de séparer ce fond honnête de tout ce qui y a été attaché en plus, que de tout supprimer d'un seul bloc. Jésus relève l'incohérence autrement appelée la malhonnêteté. Un autre point que je trouve marquant ici est "ils lient des fardeaux pesants". Je l'entends ici comme cette action de magie par laquelle nous sommes tentée souvent, faire des actes magiques, c'est à dire charger nos actes. Dans la Bible, de l'ancien au nouveau testament, il semble y avoir une constance à rejeter cette posture ou imposture magique. Depuis que la foi m'a touché, j'ai l'impression d'être beaucoup moins dans l'acte et la pensée magique. C'est peut-être quelque chose de bien, cette évolution, mais je n'en fais pas une fierté car c'est juste normal, et pas assez.
Autre passage, un peu plus loin. Matthieu 23:13 "Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ; vous n'y entrez pas vous-mêmes, et vous n'y laissez pas entrer ceux qui veulent entrer."
En écho au passage précédent, j'y lis un avertissement à ce que les gens de la tradition, on pourrait y comprendre les prêtres et les sages réclamés, n'ont aucun privilège divin, et qu'en plus ils peuvent empêcher tous les autres de la bonne voie, malgré leurs savoirs et leur rigueur.
Pour finir, pour aujourd'hui, je continue sur l'extrait suivant. Matthieu 23:15 "Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous courrez la mer et la terre pour faire un prosélyte ; et quand il l'est devenu, vous en faites un fils de la géhenne deux fois plus que vous."
Ici, on avertit sévèrement sur le prosélytisme. Ce que se défend particulièrement de faire L’Église aujourd'hui. Convaincre c'est vendre, les marchands du temple. C'est se tromper soi, tromper les autres et les faire être possédés. On y voit le chemin du fanatisme. Et ça c'est quelque chose que je saisis bien. Ici, je fais un journal, je partage, donc oui, je suis dans une forme d'échange, enfin je donne surtout, à prendre ou à laisser. J'espère que vous ne vous sentez pas obligé de lire, ou d'adhérer à tout ce que je dépose ici. Je sens que parfois il peut y avoir une tentation de vendre la foi, quand le sujet est abordé dans une conversation. On peut alors rationaliser et se dire que nous le faisons pour que autrui ressente les mêmes choses que moi, comme on recommande un film qu'on a adoré et où l'enthousiasme nous conduit à forcer presque autrui, ou séduire autrui vers la finalité qu'est qu'il regarde ce film, que je lui impose finalement. En fait, il n'y a pas de foi forcée, il y a une foi ou un simulacre, une coquille vide. Une simili-foi n'a aucune base, aucun fondement, à part le mal, la tromperie, la duperie, la politique spirituelle, le commerce spirituel. On transforme donc autrui en démon en lui forçant la fausse foi.
Il y a encore une remarque. "Je vous le dis en vérité, tout cela retombera sur cette génération." 23:36. Cette histoire où un péché retombe sur telle et telle génération est vue à de multiples reprises aussi bien dans l'ancien que le nouveau testament. On y voit un comportement de Dieu qu'on voudrait juger comme un humain, alors qu'il s'agit, à mon avis, de quelque chose de très basique, comme j'en avais déjà parlé à propos du péché. Des problèmes noués chez un individu peuvent n'avoir aucune conséquences chez cet individu durant sa vie, mais se manifester et s'ancrer dans les générations qui suivent ou simplement ailleurs dans l'humanité. Dieu n'est pas responsable de l'écho de nos actes mauvais. Il peut nous pardonner, éventuellement. Le péché comme la prière ne se situent pas sur une échelle uniquement individuelle, ils concernent aussi toute la filiation, du petit groupe jusqu'à l'humanité entière. Ce sont des lois. Pas modifiables comme une loi humaine. Ce ne sont pas comme des lois naturelles non plus. Peut-être que ce sont un mélange, ou un entre-deux, ou une loi au dessus de ces deux types de lois, ou tout ça en même temps. Je n'aime pas dire "surnaturel" car ça pourrait impliquer que ces lois ne s'exprimeraient en rien dans la nature, ce qui me semble erroné. Mais je pense qu'on est proche par ce mot, s'il faut tenter de préciser ici. Toujours dans le fait qu'il s'agit de mécanismes, ou causalités très basiques, juste à des échelles et selon des modalités auxquelles nous ne sommes pas forcément habitués.