La médecine se caractèrise par un esprit de corps très important. Cela commence dès les études où elles sont connues pour accueillir les pires bizutages. Mais ça continue aussi par les études, car il s'agit de bourrer le crâne de manière inhumaine afin d'effectuer une sélection (initation), ou dit numerus closus (nombre limité dit en latin afin de donner l'impression de rigueur). Les jargons sont extrêmement nombreux en médecine. Le bizutage est une pratique très ancienne, c'est de l'ordre de l'initation. Par initation, il faut entendre reproduire une humiliation plus ou moins volontairement. L'initiation est une méthode ésotérique, c'est à dire qu'on limite l'accès à un groupe, à des savoirs, à des pratiques sciemment. Cette nature ésotérique contraste avec les idéaux d'universalité, d'égalité, de transparence, etc. Il s'agit même de l'inverse. Aussi, rappelons que la medecine, qui est sensé avoir le soin pour centre absolu est aussi un des corps de métier qui comporte le plus de violences conjugales. Cela devrait signifier un certains problème profond dans la pratique actuelle de la médecine. Je repense aussi à ces années lycée où l'on devait "s'orienter", décider de notre voie professionnelle. Ceux qui allaient vers médecine le faisaient surtout par pression familiale, par accès à un statut respectable, par promesse monétaire. Une minorité seulement défendait l'idée de mettre le soin au coeur de cette démarche. Cela aussi devrait signifier des problèmes profonds. Les motivations principales sont la reproduction sociale, la monnaie. Pas le soin. Ce n'est évidemment pas spécifique à la médecine. Mais ce que cela souligne est que la motivation principale ne corresond souvent déjà par au soin pour le soin. Ce sont des vices et des appats. Comment un corps de métier, constituant un ordre par validation interne, dont ses membres sont principalement mus par une motivation non charitable peut être lucide sur des questions de société et légimimement parler de morale ? Oui, car qui dit culpabilité, dit morale, ou moralisme. Est-ce le rôle d'un médecin de faire des condamnations morales ? Si il se revendique expert de santé, alors soit, il peut expertiser la santé. Mais dès qu'il y a jugement morale au centre, au préalable au soin, nous ne sommes plus dans le domaine de la médecine, il n'est alors plus légitime dans son discours, car nous ne sommes plus sur le terrain de la médecine, tout simplement. Le personnel médical fait partie d'un ordre par validation interne. Il y a de multiples initiations. Le but est comme toute dynamique de groupe fermé de savoir qui fait partie et qui peut en faire partie. Il y a donc une pression énorme interne, et donc un suivisme très important. Pas étonnant que ce soit l'ordre des médecins qui ait été le premier à encourager le nazisme par exemple. L'appel régulier au consensus médical est un sophisme déjà de base, mais en plus, il s'agit d'un non sens. Ceux qui ne sont pas d'accord ont été amenés à demissionner, et ceux qui posent des questions sont affichés comme étant contre la médecine et contre la médecine. Si on menace, on arrive vite à du quasi 100%. Perte de statut, perte d'accès, exclusion du groupe, dégradation sociale, perte financière. Ce n'est pas par liberté, mais par suivisme et menace.
La médecine se pense souvent comme une science, mais il s'agit d'un artisanat. Du moins, au début, car aujourd'hui, c'est industrialisé. Ce sont des ouvriers de la machine médicale. Ce sont des bureaucrates avant tout. A leur propre détriment. Ils passent plus de temps à traiter des papiers que des humains.
La médecine se pense comme maitre d'elle même, mais elle est assujettie à la chimie (pharmaceutique, génétique) et à la technologie. Elle n'est pas libre, elle doit de la monnaie est en dette et en dépendance à ces industries chimiques et technologiques. Cela peut donner des ressources folles, oui, mais est aussi un facteur de beaucoup de biais, et surtout une diminution croissante de sa souverainté, de sa liberté. On s'éloigne donc facilement du soin par ces contraintes. De même, que de plus en plus de protocoles sont guidés surtout par l'évitement de procès. Evidemment qu'être attaquable en justice est nécessaire, encore heureux. Mais il y a des protocoles qui sont guidés avant tout par la peur du procès, par évitement de responsabilités, d'exposition juridique. Cela met le juridique au dessus du soin.
Une tribune récente d'un journal grand public propose carrément de faire payer seulement certaines personnes sur un seul critère (injection ou non d'un produit). Cela ne semble pas choquer plus que cela aussi bien la majorité des patients/clients que le corps médical. Alors qu'il s'agit d'une honte inpensable, une infamie. Cela met l'aspect monétaire au premier plan, c'est à dire devant l'éthique du soin qui est rappelons-le le centre de la médecine normalement. Encore une fois, on s'éloigne de la médecine, on met le soin au second, voire troisième plan.
De même, la quantification est un phénomène global, mais elle est particulièrement pregnante dans la médecin actuelle. Ce qui fait que la plupart de la médecine actuelle consiste à regarder des chiffres, des graphiques, des statistiques. Sont-ils formés à la statistique ? Regardent-ils les personnes dans leur entiereté ? Non, ils sont pour la plupart du temps en train de déduire des présages sur un écran. Cela est une pratique ésotérique, spiritiste même, comme on regarde le ciel pour dégager un horoscope. C'est de la même nature. Avec cela de pire que la personne est souvent niée, c'est un facteur humain qui empêche de voir la réalité que sont les chiffres. Encore une fois, les chiffres peuvent être un outil intéressant. Mais le centre est l'humain. Le personnel médical est souvent tellement broyé dans des protocoles, des systèmes, qu'il relègue l'humain au secteur psychologie. Désolé, je suis inhumain, je ne suis pas poli, mais c'est pas mon métier, il y a des gens pour ça.
Dernier point, on aimerait tous que la médecine soit parfaitement orientée vers le soin, tout comme on aimerait que le fromage à prix cassé provienne de fermes pittoresques, mais dans la réalité, c'est autre chose. La médecine est soumise aux industries de la chimie et des technologies, et aussi de plus en plus financiarisée. Elle est donc toujours plus loin de l'artisanat, et toujours plus loin de la liberté. Ce qui n'est pas un bon signe, ni de bonnes conditions de pratique du soin. On pense parfois que le côté libéral de certaines sous-catégories de la médecine permet une indépendance. Non, toujours pour les raisons qu'ils sont assujettis aux nécessités de l'industrie chimique, technologique et de la finance, et qu'ils sont dépendant d'un ordre qui peut exclure rapidement. On constate d'ailleurs qu'il y a de plus en plus de regroupement de libéraux car ils ne réussissent plus à assumer les coûts. Ce n'est qu'une étape vers plus de rationalisations du secteur médical. Le pire est que la plupart du personnel soignant participe activement à sa liquidation, notamment en étant proactif dans le suivisme injectionniste, dans l'approbation de mesures liberticides sans raison, et autres. Comment des gens qui perdent leur prestige social progressivement, perde de leur indépendance, perde de leur humanité, de leur temps, qui sont surmenés, gavés d'informations pendant les études, pressés à rembourser des dettes qui augmentent, à suivre des rythmes d'usine, peuvent-ils décemment être disposés à y voir clair, et à soigner avec justesse ? Tragédie.
Résumé :
Dès que l'on met un autre sujet avant le soin, on sort du cadre du soin. Si l'économie est plus importante que le soin, alors nous ne sommes plus dans le soin. Si la morale est plus importante que le soin, alors nous ne sommes plus dans le soin. Si des chiffres sont plus importants que l'humain, alors nous ne sommes plus dans le soin. Il faut porter attention à ces décentrages. Nous sommes face à des personnes, pas des abstractions, pas des variables ou des contraintes. Ce sont des personnes, à part entière, unique. L'occasion de rappeler que l'hopital est une invention chrétienne, c'est à dire l'inverse de l'initiatique, l'inverse de l'ésotérisme, l'inverse de la sélection. Hopital, hospitalité ont la même origine. Si l'on réduit l'accès à l'hopital, on en fait un rite initiatique, pas une universalité du soin, sans conditions. Jésus est un humain, une incarnation divine, une personne à part entière, pas une abstraction. Le sabbat (loi, protocole, morale, économie, chiffres, etc) a été fait pour l'homme et pas l'homme pour le sabbat.