Pensée Hiérarchique & Ecologie

Établir des priorités

   Voilà une définition résumée de la pensée hiérarchique. Développant un peu, la hiérarchie consiste à canaliser son attention et ses capacités dans le respect d'un ordre, d'un filtre, d'une structure qui vise un objectif.

Quelles conditions préalables nécessaires ?

Pour que ce type de pensée augure il faut deux principaux facteurs :

1. LA CAPACITÉ DE SE DÉTACHER momentanément des événements en action. Par exemple, un humain saute d'une émotion à une autre, saute d'une pensée à une autre, saute d'une urgence à une autre. La pensée hiérarchique ne peut être que sous la condition de disposer d'un esprit capable de se détacher du mouvement du monde spontané. On pourrait appeler ça détachement, déconnexion, non-attachement, abstraction, rêverie lucide et dirigée, être dans son monde, et tout un lot d'expressions de ce style appartenant à la religion et ou à la psychologie et ou au langage populaire.                                                                                                
   
2. DES CONDITIONS STABLES. Les besoins principaux sont si ce n'est tout le temps du moins partiellement, et momentanément remplies. Un accès à l'eau, à la nourriture de qualité et en quantité, un abris solide, un entourage qui veille sur soi à plusieurs niveaux de l'existence humaine : émotion, santé, dialogue, échange, etc.

Les conditions, la mesure

   Les deux sont liés et on ne peut déterminer si l'un précède l'autre ou l'inverse. Tous deux fonctionnent de concert vers l'émancipation d'une intelligence supérieure. Si je me détache trop fortement des événements, il est possible que mes conditions de vie deviennent instables. Si mes conditions de vie sont trop abondantes,  j'ai besoin de trouver le détachement car mon corps et mon esprit ne peuvent endurer un excès de protection trop longtemps. Par exemple, si je mange 80 pommes dans la journée parce que j'y ai accès facilement cela risque de me nuire rapidement. La pensée hiérarchique est donc une pensée qui a toujours besoin d'elle-même.

L'épure de se faire violence

​   Les deux facteurs préalables nécessitent chacune une violence. Violence de plusieurs sortes. Celle qui induit de se défaire soi-même de l'engagement spontané et automatique dans le cours des événements (événement qui peut être une émotion, une révélation, une urgence physique, un changement d'environnement, etc.). Mais aussi la violence qui induit de réaliser les conditions matérielles, sociales et spirituelles. Il faut transformer tout ce qui nous entoure et petit à petit ce qui nous constitue (les deux reviennent au même).

Hiérarchie entre émancipation et infini

   La pensée hiérarchique est donc un processus d'émancipation. Cette émancipation est progressive, et nécessite chaque fois une réorganisation. Aujourd'hui, l'intelligence de beaucoup d'humains réalise que nous avons un esprit limité, un corps limité. Et donc par là, la force d'émancipation est partiellement bloquée, ou freinée. Cela crée de nouvelles nécessités et une nouvelle hiérarchie adéquate. La pensée hiérarchique est auto-justificatrice. On pourrait aussi en conclure qu'elle est infinie car il s'agit de repousser les limites sans cesse. Mais ce serait peut être mal comprendre sa nature.

Enfermement de la pensée - dogme

   Il est des fois où la pensée hiérarchique, au lieu d'émanciper cloisonne et diminue. Par exemple, je mets en place la priorité de trouver du bois pour me chauffer l'hiver. Alors je commence à chercher le bois, peut être à le couper. Si j'obéis à cet objectif jusqu'au bout je vais couper toute la forêt et alors peut être que d'autres problèmes vont en découler. Il faut donc de la mesure. Mesurer combien j'ai besoin, si j'en ai vraiment besoin et quelles seront les conséquences à court et long terme de cette action sous objectif. La pensée hiérarchique n'induit pas de nier la réalité mais de vouloir en faire une autre, par delà, au-delà. Il ne faut pas confondre donc négation de la réalité avec l'émancipation par l'amélioration de la réalité. Ainsi, l'écologie actuelle remet cela en place. La pensée hiérarchique qui vise à produire des conditions stables aux humains à été suivi jusqu'à son point critique où actuellement l'environnement est clairement menacé. C'est que cette pensée hiérarchique n'en était pas une, mais un objectif unique et bancale donc.

   La domination de l'environnement n'incluait pas sa destruction, mais sa profonde compréhension, sa fructification, sa multiplication, sa préservation par tout cela. Les religions monothéistes ont fortement influencé cette intégration mentale globalisée de la pensée hiérarchique. La religion chrétienne contient aussi l'émancipation de cette même pensée hiérarchique, ainsi que diverses compensations extrêmement bien prévues. Celle-ci est tout de même moins prudente que la religion bouddhiste, moins méthodique que la religion juive, plus éparpillée que la religion musulmane. C'est aussi une religion dans ses fondements plus universelle, plus créatrice, plus émancipatrice, et donc une religion d'excès aussi potentiellement. L'erreur a peut être été de prendre ces enseignements comme une religion, car il s'agissait de désorganiser, de séparer, de se défaire de ses rôles. Or, la religion est tout le contraire. Il était dit de se défaire de la hiérarchie, or il en a été créé une nouvelle.

Et aujourd'hui, le climat tout ça, que faire ?

   A l'épreuve du changement climatique, des retombées environnementales en terme de diversité, de santé, de qualité de l'air, des aliments, la pensée hiérarchique doit se réorganiser. Certains réorganisent leur priorité en se disant que l'humain est mauvais et qu'il doit disparaître : l'environnement avant tout. Le problème étant identifié à l'humain, il faut supprimer l'humain. Bien entendu, ce n'est pas mon avis car c'est aller très vite en conclusion, faire des associations rapides, et retomber dans une pensée hiérarchique qui a abouti justement à ce résultat. D'autres disent que c'est en continuant et en accélérant même cette démarche de destruction environnementale que nous allons trouver un moyen de réparer, ou que cela n'ai plus d'effet sur l'humain. On fait un peu de dégât mais on aura tellement de savoir et de puissance après que ces inquiétudes du moment seront perçues vaines après-coup.

   Pour moi, cela résulte d'un seul mode de pensée. Cette pensée hiérarchique est libératrice en bien des points. Mais ce concept doit s'appliquer à lui-même pour se dissoudre. Ce qui est appelée la science notamment est biaisée par cette pensée hiérarchique. L'exclusion systématique (de la pensée hiérarchique) de tout ce qui n'est pas directement nécessaire à l’exécution de l'objectif est utile et justifiée lorsqu'il y a urgence et un manque de satisfaction première. Or, ce qui est d'abord exclu peut s'avérer central ensuite. La pensée hiérarchique est un outil, un véhicule extra-ordinaire, mais elle a besoin d'un méta-objectif qui transcende tout besoin et tout objectif y compris la pensée hiérarchique elle-même.

________________

La nécessité opérative d'exclure est basée sur une limite intrinsèque de l'esprit humain. Sans cette limite, l'exclusion semble juste une erreur bien construite. 

quelle finalité à la pensée hiérarchique ?

   Nous avons développé considérablement les techniques et les productions notamment alimentaires. Le but était d'améliorer nos conditions pour non pas être heureux de notre vie, mais pour faire apparaître le support à une intelligence ou esprit supérieur. Or, si par ces améliorations de conditions humaines, on abouti à détruire tout ce qui supporte la vie, on agit en contradiction avec l'objectif visé. Le résultat est que nous ne sommes ni forcément heureux, ni nous ne connaissons encore actuellement d'esprit supérieur capable de s'émanciper et d'émanciper avec lui tous les humains et toute la vie. La question est donc de savoir si la pensée hiérarchique est aujourd'hui un mode de pensée juste.

   ???